Que signifie d’être différent ? - Jim Sinclair
Posté : lundi 14 décembre 2009 à 22:19
What Does Being Different Mean?
Jim Sinclair
[From "Our Voice," the newsletter of Autism Network International, 1992, Issue 1]
Que signifie d’être différent ?
Jim Sinclair
[De «Our Voice», le bulletin d’ Autism Network International, 1992, n° 1]
Les personnes autistes sont différentes des autres. Nous entendons cela tout le temps, mais qu’est-ce que cela signifie vraiment? Pour les personnes non autistes, y compris la plupart de nos parents et enseignants, d'être différent est l'une des choses les plus inquiétantes sur l'autisme. Un traitement est considéré comme réussi dans la mesure où il entraîne la personne autiste à agir plus comme une personne non-autiste. Une personne autiste est considérée ayant réussi lorsqu’il ou elle a appris à «agir normalement». Mais qu'est-ce que signifie pour nous d’être différent et normal?
Karen et Arnold Reznek demandent quand j'ai développé une prise de conscience d'être différent. Ma réponse est que je ne l'ai pas encore fait, du moins pas dans le sens dont ils parlent. Je ne commence pas avec l’attente que je devrais être comme les autres. J'ai grandi entouré d'un tas de choses qui ne sont pas comme moi - les parents et les autres adultes, les chiens, hamsters, arbres, fleurs, meubles - et il n'a jamais eu lieu pour moi d'être surpris qu'ils ne sont pas comme moi. Les autres enfants étaient seulement une catégorie de plus dans le monde. Il ne me revient pas que j'étais supposé être l'un d'eux.
Ce qui m’est arrivé comme une sorte de révélation (et cela ne m'est survenu qu'après avoir obtenu un diplôme de l'université) est que les autres s’attendent à ce que je sois l'un d'eux. Cela fut tout à fait surprenant pour moi, et semblait plus qu’un peu ridicule quand je l’ai réalisé, et je ne comprends pas vraiment encore.
Il y avait certaines choses que je connaissais dès un âge beaucoup plus précoce. J'avais remarqué que d'autres enfants m’avaient « sélectionné ». Ce n'était qu'une partie de ma vie: je ne l'ai pas aimée, et parfois je me demandais ce qu'il y avait chez eux qui a les faisait si méchants, mais je ne pensais certainement pas que je devais être comme ces méchants.
Je me souviens que ma mère me poussait à "être gentil avec eux et puis ils seront amis avec toi. "Je ne sais pas ce de quoi elle parlait. Etre gentil ? Je ne faisais rien pour les blesser. Je n’interférais avec eux en aucune façon. Je m'occupais seulement de mes affaires. Que voulait-elle de moi? Et je ne voulais certainement pas qu'ils soient amis avec moi. Je n'aimais pas les gens qui me traitaient de cette façon, pourquoi diable devrais-je les vouloir comme amis? (Je dois ajouter qu'il y avait quelques enfants qui étaient gentils avec moi, et je ne saurais valoriser leur amitié. Il ne me vient pas non plus à l’idée de les regrouper avec les enfants qui m’ont « sélectionné ».)
J'ai entendu d'autres personnes autistes dire qu'elles souhaitent n'être pas si différents des autres pour cette raison : qu'elles n'aiment pas être maltraitées, et elles savent que la raison de cette maltraitance est qu'elles sont différentes et ne sont pas en harmonie. Je ne suis jamais parvenu à cette conclusion moi-même (pourquoi devrais-je être malheureux avec la manière que je suis, simplement parce que celle d’autres est odieuse?), mais je peux comprendre le raisonnement. Ils veulent être plus comme les autres pour la perception de certains avantages qui vont avec le statut d'adaptation, et non pas parce que celle-ci est particulièrement souhaitable en soi.
L'idée de vouloir s’adapter comme une fin en soi, d'être différent comme un malheur en soi, n'est pas une idée que j'ai entendu exprimer par des personnes autistes. Si une personne autiste est malheureuse d'être différente, c'est parce que les personnes non autistes ont appris aux autistes que de mauvaises choses vous arriveront si vous êtes différents.
J'ai parlé des mauvais traitements infligés par les pairs, mais de ce que j'ai observé, certaines des plus dévastatrices conséquences d'être différent sont infligées par les parents et les autres qui croient agir par amour. Quel message est véhiculé par les parents qui expriment en permanence leur tristesse sur les différences de leur enfant avec les autres enfants? Qu’est-ce qui transmis par les parents qui exhortent constamment leur enfant à «agir normalement», et dont la plus grande louange et approbation est gagnée par "le fait de ne pas agir comme un autiste"? Les messages sont sans aucun doute: «Mes parents ne veulent pas de la manière dont je suis. Ils sont tristes de m’avoir eu au lieu d'un enfant normal. Le seul moyen pour qu’ils m’aiment est que j’agisse comme quelqu'un d'autre. "
à suivre
Jim Sinclair
[From "Our Voice," the newsletter of Autism Network International, 1992, Issue 1]
Que signifie d’être différent ?
Jim Sinclair
[De «Our Voice», le bulletin d’ Autism Network International, 1992, n° 1]
Les personnes autistes sont différentes des autres. Nous entendons cela tout le temps, mais qu’est-ce que cela signifie vraiment? Pour les personnes non autistes, y compris la plupart de nos parents et enseignants, d'être différent est l'une des choses les plus inquiétantes sur l'autisme. Un traitement est considéré comme réussi dans la mesure où il entraîne la personne autiste à agir plus comme une personne non-autiste. Une personne autiste est considérée ayant réussi lorsqu’il ou elle a appris à «agir normalement». Mais qu'est-ce que signifie pour nous d’être différent et normal?
Karen et Arnold Reznek demandent quand j'ai développé une prise de conscience d'être différent. Ma réponse est que je ne l'ai pas encore fait, du moins pas dans le sens dont ils parlent. Je ne commence pas avec l’attente que je devrais être comme les autres. J'ai grandi entouré d'un tas de choses qui ne sont pas comme moi - les parents et les autres adultes, les chiens, hamsters, arbres, fleurs, meubles - et il n'a jamais eu lieu pour moi d'être surpris qu'ils ne sont pas comme moi. Les autres enfants étaient seulement une catégorie de plus dans le monde. Il ne me revient pas que j'étais supposé être l'un d'eux.
Ce qui m’est arrivé comme une sorte de révélation (et cela ne m'est survenu qu'après avoir obtenu un diplôme de l'université) est que les autres s’attendent à ce que je sois l'un d'eux. Cela fut tout à fait surprenant pour moi, et semblait plus qu’un peu ridicule quand je l’ai réalisé, et je ne comprends pas vraiment encore.
Il y avait certaines choses que je connaissais dès un âge beaucoup plus précoce. J'avais remarqué que d'autres enfants m’avaient « sélectionné ». Ce n'était qu'une partie de ma vie: je ne l'ai pas aimée, et parfois je me demandais ce qu'il y avait chez eux qui a les faisait si méchants, mais je ne pensais certainement pas que je devais être comme ces méchants.
Je me souviens que ma mère me poussait à "être gentil avec eux et puis ils seront amis avec toi. "Je ne sais pas ce de quoi elle parlait. Etre gentil ? Je ne faisais rien pour les blesser. Je n’interférais avec eux en aucune façon. Je m'occupais seulement de mes affaires. Que voulait-elle de moi? Et je ne voulais certainement pas qu'ils soient amis avec moi. Je n'aimais pas les gens qui me traitaient de cette façon, pourquoi diable devrais-je les vouloir comme amis? (Je dois ajouter qu'il y avait quelques enfants qui étaient gentils avec moi, et je ne saurais valoriser leur amitié. Il ne me vient pas non plus à l’idée de les regrouper avec les enfants qui m’ont « sélectionné ».)
J'ai entendu d'autres personnes autistes dire qu'elles souhaitent n'être pas si différents des autres pour cette raison : qu'elles n'aiment pas être maltraitées, et elles savent que la raison de cette maltraitance est qu'elles sont différentes et ne sont pas en harmonie. Je ne suis jamais parvenu à cette conclusion moi-même (pourquoi devrais-je être malheureux avec la manière que je suis, simplement parce que celle d’autres est odieuse?), mais je peux comprendre le raisonnement. Ils veulent être plus comme les autres pour la perception de certains avantages qui vont avec le statut d'adaptation, et non pas parce que celle-ci est particulièrement souhaitable en soi.
L'idée de vouloir s’adapter comme une fin en soi, d'être différent comme un malheur en soi, n'est pas une idée que j'ai entendu exprimer par des personnes autistes. Si une personne autiste est malheureuse d'être différente, c'est parce que les personnes non autistes ont appris aux autistes que de mauvaises choses vous arriveront si vous êtes différents.
J'ai parlé des mauvais traitements infligés par les pairs, mais de ce que j'ai observé, certaines des plus dévastatrices conséquences d'être différent sont infligées par les parents et les autres qui croient agir par amour. Quel message est véhiculé par les parents qui expriment en permanence leur tristesse sur les différences de leur enfant avec les autres enfants? Qu’est-ce qui transmis par les parents qui exhortent constamment leur enfant à «agir normalement», et dont la plus grande louange et approbation est gagnée par "le fait de ne pas agir comme un autiste"? Les messages sont sans aucun doute: «Mes parents ne veulent pas de la manière dont je suis. Ils sont tristes de m’avoir eu au lieu d'un enfant normal. Le seul moyen pour qu’ils m’aiment est que j’agisse comme quelqu'un d'autre. "
à suivre