J'en ai marre... qu'est-ce que c'est ?

[Cartwright]

Bien que je me reconnaisse dans la majorité des symptômes du SA, il y a un élément que je n'arrive toujours pas à expliquer et j'aimerais savoir si des personnes ici vivent quelque chose de similaire.

Pour moi, la partie la plus handicapante du SA se situe au niveau de ce flux continu de pensées : je me pose sans arrêt des questions, je remets tout en cause, je me demande tout le temps si j'ai fait le bon choix ou pas, si j'ai réalisé les choses de la bonne manière, ... c'est épuisant.
Le court-métrage Je suis Juste là illustre très bien mon calvaire au quotidien.

Pour tenter de limiter tout ça, je me crée un personnage avec une routine... cela peut vous paraître bizarre de parler de "se créer un personnage" mais c'est vraiment l'impression que j'ai, je m'aperçois en train de vivre mais ce n'est pas moi. Lorsque je suis dans cet état, je me sens bien : tout est calculé, je visualise le chemin que je vais emprunter (à quel moment je dois changer de trottoir, ...), j'ai imaginé plusieurs scénarios dans le cas où je serais amené à parler à quelqu'un, j'ai visualisé la salle dans laquelle j'allais avoir cours avec une place bien précise, ...

Le problème est que cela me demande beaucoup d'énergie pour "tenir" ce personnage, s'il y a trop d'imprévus dans la journée ou que la journée est trop longue, je craque et le masque tombe. J'entre alors dans un état où je suis à l'opposé de mon personnage, je perds le contrôle : je bouscule ma routine, je fais des choses qui n'ont aucun sens, je me mets à beaucoup parler mais je dis des choses que je ne pense pas, c'est comme si je me foutais de mon image.
Lorsque je suis dans cet état, je ne pense qu'à une seule chose : m'isoler pour reprendre le contrôle car je ne peux rien faire qui demande un minimum d'effort d'organisation et de structuration intellectuelle. Par exemple, si j'étais dans cet état, j'aurais été incapable d'écrire ce message.

J'ai l'impression d'avoir une double personnalité mais je ne me reconnais dans aucune d'entre elles. Je n'arrive pas à trouver ce juste milieu qui me permettrait d'être "naturellement" moi-même.

[Alexia.D]

Bien que je me reconnaisse dans la majorité des symptômes du SA, il y a un élément que je n'arrive toujours pas à expliquer et j'aimerais savoir si des personnes ici vivent quelque chose de similaire.

Pour moi, la partie la plus handicapante du SA se situe au niveau de ce flux continu de pensées : je me pose sans arrêt des questions, je remets tout en cause, je me demande tout le temps si j'ai fait le bon choix ou pas, si j'ai réalisé les choses de la bonne manière, ... c'est épuisant.
Le court-métrage Je suis Juste là illustre très bien mon calvaire au quotidien.

Pour tenter de limiter tout ça, je me crée un personnage avec une routine... cela peut vous paraître bizarre de parler de "se créer un personnage" mais c'est vraiment l'impression que j'ai, je m'aperçois en train de vivre mais ce n'est pas moi. Lorsque je suis dans cet état, je me sens bien : tout est calculé, je visualise le chemin que je vais emprunter (à quel moment je dois changer de trottoir, ...), j'ai imaginé plusieurs scénarios dans le cas où je serais amené à parler à quelqu'un, j'ai visualisé la salle dans laquelle j'allais avoir cours avec une place bien précise, ...

Le problème est que cela me demande beaucoup d'énergie pour "tenir" ce personnage, s'il y a trop d'imprévus dans la journée ou que la journée est trop longue, je craque et le masque tombe. J'entre alors dans un état où je suis à l'opposé de mon personnage, je perds le contrôle : je bouscule ma routine, je fais des choses qui n'ont aucun sens, je me mets à beaucoup parler mais je dis des choses que je ne pense pas, c'est comme si je me foutais de mon image.
Lorsque je suis dans cet état, je ne pense qu'à une seule chose : m'isoler pour reprendre le contrôle car je ne peux rien faire qui demande un minimum d'effort d'organisation et de structuration intellectuelle. Par exemple, si j'étais dans cet état, j'aurais été incapable d'écrire ce message.

J'ai l'impression d'avoir une double personnalité mais je ne me reconnais dans aucune d'entre elles. Je n'arrive pas à trouver ce juste milieu qui me permettrait d'être "naturellement" moi-même.

Aloha !

Je trouve ton message important. Et révélateur !

J'ai été percuté par ce que tu as écrit, sur ta remise en question : je crois que ça arrive à énormément de personnes ici. Moi aussi donc, sinon je ne pourrais pas répondre, à force par exemple de toujours penser, on ne se sent plus là, ni soi-même, on se remet en question si nous sommes bien présent, on s’inquiète, j'ai fais comme-ça, mais est-ce que j'aurai pu faire comme ca? est ce que c'est moi qui ai fait ça? Quand ? Pourquoi etc Ca enveloppe toute notre pensé, et il faut à tout pris s'isoler pour ne plus se sentir à côté de soi-même. A croire qu'on est vide et plein de chose en même temps.

On dirait un moment de dépersonnalisation, lorsque notre pensé est tellement loin, lorsque ta tête tourne et retourne des questionnements, que l'on se sent coincé, et spectateur dans notre tête, sans pouvoir briser le mur, sans pouvoir se sentir humain, ou personnalisé. Quand tout suis ton cours, ça va bien, mais il y a quelque chose qui va te remettre en question.

Après ca peu dépendre de ton état d'esprit, et apparemment ca te travaille. Pour vraiment confirmer, je te dirais bien de te renseigner auprès de ton médecin pour envisager un diagnostique du TSA, et un suivi psychologique pour avoir un entendement, un autre avis, et partager ce qui t'arrive (en plus d'avoir les avis des personnes sur se forum.).

La panique peut justement te faire dire n'importe quoi, parce que tu ne te sens pas en contrôle avec toi-même, et je pense que l'on éssai tous de s'accrocher, d'avoir un petit bout de nous-même qui est décroché de notre ''Aspergerité", pour arrondir,
comme un autre nous-même qui nous épaulerait au cas ou ca n'aille pas. J'ai lu aussi le cas d'un Asperger, qui, lorsqu'il est en contact avec les gens, s'était mis das la peau d'un autre, faisait en sorte de se retirer de sa ''propre'' tête, pour éssayé de devenir quelqu'un avec qui il n'aurait pas de difficulté, pareil, si quelqu'un le touchait, il fallait qu'il se force, qu'il se mettre en tête qu'il n'était pas celui qu'il croyait être, pour accepter le contact, jusqu'à ce que ca devienne un réflexe. Après ca peut aller plus loin et être un trouble dissociatif de l'identité, ca n'arrive pas toujours (à ce point là), mais il peu y avoir, je crois, des comorbidités. La meilleur chose à faire, c'est d'envisager un diagnostique de TSA (c'est personnel, je suis Autiste Asperger, mais avec un TDA, et le TDA apparemment fait que tu penses beaucoup, remet en question, et auquel cas c'et un cercle vicieux parce que ca rend anxieux, et l’anxiété peu jouer sur se type de comportement, c'est ambigu) , car du moment que tu as des doutes, c'est qu'il y a des points communs, et s'il y en, c'est important de savoir : si tu apprends que tu es Asperger, tu aura déjà un point d'identité sur toi, que tu n'aurais pas eu avant à force de te poser la question, suis-je Asperger ? Si oui, est ce que c'est de la dépersonnalisation, quand tu as la sensation de n'être plus qu'un atome, ou qu'un cerveau qui se pose des questions, tu agis, mais tu ne sens pas que c'est de ''toi'' dont ca vient, que c'est une forme de moteur ou de réflexe au fond de toi, un autre petit toi, ou au contraire, lorsque tu es dans un autre personnage, un autre toi, sans savoir qui s'est. Ca m'arrive dans des petits moments du quotidien, en parlant, ou en marchant, ou j'ai l'impression d'être là, mais juste là, pas matérialisé dans le décors. J'avais onze ans quand je demandais à un adulte si un jour j'arrêterais de réfléchir. C'est dans la vie de tout les jours qu'en exécutant des gestes du quotidien, je vais me répéter, ou faire quelque chose de décalé, parce que je pense, énormément, c'est une routine, et c'est inévitable.

Aussi, le moindre moment, il me faut une représentation mentale du lieu, même si'l s'agit d'un événement positif. Par exemple, comme toi tu as cité (et c'est dingue combien ca concorde !) dans l'esprit, admettons dans une salle d'attente, il me faut la représentation en détail, une personne à veste rouge à gauche, une autre à tel endroit, tel heures. Evidemment quand ca ne se passe pas comme prévu... C'est le cataclysme, c'est décalé et je ne me sens pas là. Il y a comme la sensation d'avoir été trahi par soi-même.

Ca peut ne pas être un trouble dissociatif de l’identité du tout (ou auquel cas le cas est plus poussé et pointu), et ca peu aussi venir du fait que tu doutes sur toi-même, que tu te pose tellement de question, tu ne sais pas, ca doit surement te faire peur, tu dois surement te sentir complètement à côté de chose importante, et je pense qu'il faudrait que tu t'éclaires sur toi-même, en envisageant un diagnostique bien comme il le faut, ne pas avoir pur de ce que tu fais, n'ait pas peur de te ''créer'' une personnalité, parce que beaucoup le font pour essayé de se soutenir dans un milieu qu'ils savent compliqué, parce qu'ils pensent trop. C'est un moyen de défense pour eux, et je pense que si tu ne sais pas pourquoi tu fais ça, que tu te sens seul... Il y a de quoi se sentir pas bien, et à côté de ''la plaque''.

Je ne sais pas si je pourrais éclairer ta lanterne, mais ne te laisse pas de côté comme-ca, et n'hésite pas à démarcher, à te faire épauler par un proche, un membre de la famille (je l’espère).

En tout cas ce que je veux dire c'est que ton message est clair à 100%, il y a de la vérité, et je trouve que le sujet du ''flux de pensé interminable" n'est pas beaucoup soulevé. C'est quelque chose que je me demandais, si par exemple à trois heures du matin, on ne pense pas à des théories de la vie qui ne semble pas avoir de sens pour les autres.

Je crois qu'avoir un avis médical semblerait correct (c'était mon médecin traitant qui nous a dirigé après les symptômes énoncé, dont celui de toujours, toujours, toujours réfléchir, toujours à penser, non-stop), pour te retrouver sur un diagnostique franc, que tu sois plus clarifiée sur ce que tu ressens, au CRA ce serait plus centré, de plus qu'ils peuvent nous redirigé vers divers professionnels ou endroit pour approfondir, et avoir un suivi (psy, ou autre) pour comprendre comment tu peux fonctionner, pour pouvoir communiquer ce que tu penses.

[Manichéenne]

Pour moi, la partie la plus handicapante du SA se situe au niveau de ce flux continu de pensées : je me pose sans arrêt des questions, je remets tout en cause, je me demande tout le temps si j'ai fait le bon choix ou pas, si j'ai réalisé les choses de la bonne manière, ... c'est épuisant.

Ca ne me semble pas directement symptomatique du SA.
Comme possibilités de causes, il y aurait, selon moi et dans l'ordre de probabilité :
-TDA/H
-conséquence de l'anxiété (donc possiblement lié aux TSA indirectement)
-HPI.
Plusieurs étant cumulables.
Je pense à plein de choses en même temps, je n'ai pas le temps de finir un raisonnement qu'il m'échappe : c'est le TDA, ça disparait avec un traitement adapté.
J'analyse un maximum de paramètres, je me demande si j'ai bien agit, ce qu'il fallait faire, ce qui va se passer, j'accumule des hypothèses, des informations, des probabilités : c'est l'anxiété qui me pousse à contrôler au maximum tout ce qui pourrait me poser problème (donc les imprévus et les interactions sociales, du fait du TSA).

[Cartwright]

Alexia.D > Merci pour ton message, je me sens moins seul.

Effectivement, la piste du TDA est envisageable, j'en parlerai lors de mon RDV.

[freeshost]

Le problème est que cela me demande beaucoup d'énergie pour "tenir" ce personnage,

Laisse à ce personnage (le masque en rade) comme au vrai personnage (celui sans masque) de la liberté, le droit de ne pas être le pantin de normes sociales et autres attentes extérieures, le droit de se reposer.

C'est aux êtres de décider du décor (et des machines), pas au décor de dicter ses lois aux êtres.

À force de laisser trop longtemps parler sa marionnette, un ventriloque ne s'autorise plus le temps de parler "de sa propre voix".

À mon avis, une des pistes est d'essayer de rapprocher ces deux personnages. Mime un dialogue régulier entre les deux. Pour éviter le risque de prendre un jour le théâtre pour la réalité, d'oublier que tu joues un personnage, de te prendre vraiment pour ce personnage que tu as créé.

Quant aux forts flux de pensées, je pensais aussi à la piste HPI (non incompatible avec la piste TSA).

[Cartwright]

Laisse à ce personnage (le masque en rade) comme au vrai personnage (celui sans masque) de la liberté, le droit de ne pas être le pantin de normes sociales et autres attentes extérieures, le droit de se reposer.

Ce n'est pas seulement à cause de "normes sociales et autres attentes extérieures" que ce personnage existe.
Je joue ce personnage aussi lorsque je suis chez moi, tout seul. J'en ai besoin pour avancer, il me faut une routine, il faut que je m'imagine ce que je vais faire avant de le jouer. Sans ça, je suis envahi par toutes ces pensées et ces questionnements qui m'empêchent d'agir.

À force de laisser trop longtemps parler sa marionnette, un ventriloque ne s'autorise plus le temps de parler "de sa propre voix".

Qui est ce ventriloque ? Existe-t-il vraiment ?

[freeshost]

C'était une métaphore.

En bref, sans métaphore, je suggérais de laisser plus de place à toi qu'à ton masque, pas qu'il n'occupe tout l'espace de manière despotique et que tu n'aies alors plus aucun espace public libre d'expression.

Le masque, une forme d'auto-censure ? Ou une figure rassurante ?

Qu'est-ce que ça donne si, pour une petite activité, tu essaies d'exercer celle-ci sans le personnage ?

[Cartwright]

C'était une métaphore.

J'ai bien compris que c'était une métaphore mais celle-ci suppose que je connaisse mon "vrai moi", celui qui tire les ficelles... est-ce la première ou la deuxième personnalité que je décris ? Ou aucune des deux ?

Le masque, une forme d'auto-censure ? Ou une figure rassurante ?

Je ne sais pas... les deux ? En tout cas, c'est une figure nécessaire, j'en ai besoin pour avancer.

Qu'est-ce que ça donne si, pour une petite activité, tu essaies d'exercer celle-ci sans le personnage ?

Sans ce personnage (je suppose que tu parles de celui où je visualise tout à l'avance), je ne prendrai aucun plaisir à faire cette activité, je n'aurais aucune conviction dans tous les gestes qui me permettraient d'effectuer cette tâche : je le fais car je dois le faire pour une raison x, par exemple, parce que tu me le demandes pour les besoins de l'expérience : j'écris ce message en sortant de mon personnage et c'est un calvaire... j'ai l'impression d'être une marionnette et tout se bouscule dans ma tête. Je me sens tellement vide dans cet état là... et je ne pense qu'à une chose : m'allonger, me calmer et reprendre le contrôle.

Aurais-je une personnalité obsessionnelle compulsive ?

[freeshost]

Faut voir si tu aimes être une marionnette ou pas.

Il m'arrive d'improviser, d'avoir des coups de tête. Par exemple, quand je voyage seul, je ne planifie pas tout à l'avance. Je repère juste les hôtels où je dors, parfois les restaurants et les lieux de rendez-vous. Mais je peux me laisser improviser une visite dans une librairie ou au travers de mon appareil photographique.

[Cartwright]

Ma théorie est que j'ai probablement le SA avec un TDA/H et que la personnalité obsessionnelle compulsive est ma stratégie permettant de maîtriser ce déficit d'attention, cela pourrait expliquer cet impression de double personnalité...

Pfiou, j'en ai marre de cogiter.

[Oxymore]

Salut Cartwright,

Je trouve ton témoignage très intéressant, as-tu eu des retours de diagnostics ?

Alexia.D : as-tu les références de l'histoire de l'Asperger qui dépersonnalise pour s'adapter au contact ?