Flot de pensées incessant

[Faraday]

Je ne suis pas diagnostiquée, donc je ne sais pas s'il s'agit du phénomène que vous évoquez. Mais je rencontre de très grosses difficultés dans mon travail. Je suis de moins en moins capable de me concentrer : je commence quelque chose (un compte-rendu par exemple), en le tapant cela me fait penser à autre chose (envoyer un mail à une personne qui était présente en tapant sont nom dans les personnes présentes) et puis dans ce mail je voudrai citer un texte de lois pour appuyer mon propos, donc je vais chercher sur internet la référence exacte (sur la réglementation de la présence d'animaux en institution), et puis en cherchant cela, je tombe sur la réglementation en matière d'hygiène de collectivité, puis sur les normes HACCP pour les cuisines de collectivité, puis je cherche la définition d'un mot que je ne connais, et puis, et puis... Et 4 heures se sont écoulées, je n'ai rien fait de tout ce que je devais, je n'ai même pas terminé mon compte-rendu.
Récemment et à plusieurs reprises, mes collègues m'ont fait remarquer que je ne m'intéressais pas du tout à ce qu'ils me disaient. Quand les gens me parlent, je surfe de pensée en pensée et au bout de 30 secondes, je ne suis plus capable du tout de suivre la conversation. Mon problème c'est que je le cachais très bien, mais là ca fait quelques mois que ca ne fonctionne plus. Les gens remarquent que je suis incapable de me concentrer sur ce qu'ils disent et ils en sont très mécontent.
Je ne sais pas si c'est cela dont vous parlez. Je me demande si cela arrive à tout le monde. Je n'ai pas trouvé de solution.

[cbb44]

- Tous les TSA (non HPI) ont-ils un flot de pensées incessant? D'ailleurs, est-ce vraiment systématique chez les HPI?

- Ces pensées vous gênent elles parfois dans votre vie, au delà de la fatigue qu'elle engendre?

- Avez-vous trouvé un moyen d'arrêter (ou d'atténuer) vos pensées pour reposer votre cerveau?

-Non, je ne crois pas. Non.
-Oui, beaucoup.
-Oui, prendre un traitement contre le déficit d'attention.

c'est quoi comme traitement ? je parle souvent du déficit d'attention à mon médecin traitant et je l'ai évoqué aussi récemment avec un psy mais aucun ne m'a proposé un quelconque traitement

c'est très handicapant, quand j'étais enfant ça ne me dérangeait pas, ça m'amusait même beaucoup de laisser filer mes pensées pour ensuite repartir en arrière et retrouver le lien qui m'avait fait passer de l'une à l'autre, mais aujourd'hui ces pensées m'envahissent sans que je puisse les contrôler, la seule exception c'est quand je suis vraiment concentrée sur quelque chose qui m'intéresse, dans ce cas 100 % de mon cerveau est mobilisé et ça m'apaise

[Manichéenne]

Le seul traitement reconnu contre le TDA/H et autorisé en France est le métylphénidate. Il existe sous plusieurs formes et noms (ritaline, quasim, concerta...).
Il est difficile de s'en faire prescrire puisqu'il faut passer par un médecin hospitalier, qui délivre alors une ordonnance sécurisée avec de nombreuses restrictions. Les autres pays occidentaux ne sont pas aussi stricts.

[piedsboueux]

Le seul traitement reconnu contre le TDA/H et autorisé en France est le métylphénidate. Il existe sous plusieurs formes et noms (ritaline, quasim, concerta...).
Il est difficile de s'en faire prescrire puisqu'il faut passer par un médecin hospitalier, qui délivre alors une ordonnance sécurisée avec de nombreuses restrictions. Les autres pays occidentaux ne sont pas aussi stricts.

ces médicaments provoquent une tendance à la décompensation sans expérience positive pour faire de cette décompensation une avancée, ce qui rend tout simplement un peu plus... fou et psychopathe (sens du terme, fondamental).
On a vu les dégâts en direct sur un autre forum (aspergeraide)... cela a tué d'ailleurs le forum.

[Manichéenne]

Il y a des effets secondaires plus ou moins importants chez certaines personnes, mais je trouve ça dangereux de le dire ainsi. Et surtout ça ne rend ni fou ni psychopathe !
Ce traitement est parfois très efficace sans désagréments, et il est parfois absolument essentiel.
Ca fait 50 ans qu'il est utilisé outre-atlantique et on a des retours largement suffisant sur l'efficacité et la dangerosité potentielle.
Personnellement, je trouve pénible qu'en France on refuse autant ce qui fonctionne ailleurs, qu'on réfute le TDAH, qu'on refuse à ceux qui en ont besoin leurs médicaments, qu'on continue de croire qu'avec une bonne éducation/hygiène de vie/autre en fait ça passe, ou que c'est seulement un trait de caractère, des gens qui ont plus besoin de bouger.
Le TDAH peut avoir différent niveaux de sévérité et peut être un handicap important.
Je ne sais pas ce qui s'est passé sur AspergerAide, et je me fous de savoir ce qui est arrivé à un unique cas : ça ne représente pas une raison valable de faire une généralité. Marre de cette facilité aussi quand une personne agit "mal" de dire que c'est parce qu'elle a tel trouble psy ou prend tel traitement.

Qu'appelles-tu décompensation ? S'il y a un effet indésirable important, le traitement s'arrête sans accoutumance immédiatement. Parfois il peut y avoir un effet fin de dose, ou effet rebond : lorsque l'effet du métylphénidate s'estompe il y a une baisse de l'humeur. Dans ce cas on peut tenter d'autres présentations de la molécule qui seront efficace différemment dans le temps pour limiter cet effet. Ou arrêter le traitement pour ceux qui ne le supportent vraiment pas ou n'en sentent pas les effets positifs.
Le seul effet secondaire très fréquent est une baisse de l'appétit, et par conséquence un retard de croissance pour les enfants.

Pour rappel : mon fils ainé à un TDAH sévère. Il a 7 ans. Sans traitement, il se met en danger plusieurs fois par jour. Il fait mal aux autres plusieurs fois par jour. Il ne peut pas se concentrer suffisamment pour se laver ou se brosser les dents. Il perd le focus visuel pendant 30 secondes de suite, n'arrive à voir qu'une lettre à la fois quand il lit. Il casse ou perd toutes ses affaires, personne ne le supporte, il ne peut pas rester assis sur une chaise plus de 5 minutes, etc.
On a d'abord essayé d'autres solutions, mais au final son médicament est essentiel.

En résumé : oui il y a de rares cas où le métylphénidate n'est pas adapté, mais dans ces cas on ne persévère pas et ça n'a d'impact majeur pour personne, c'est passé en quelques heures au plus.
Attention, le TDAH n'est pas toujours uniquement un trop-plein de pensées et des difficultés modérées à se concentrer. Passer à la médication peut radicalement changer en bien la vie des personnes concernées.

Je prends également de la ritaline depuis peu, avec un effet très positif et aucun effet négatif. J'ai un "simple" TDA, sans H, qui me gène au quotidien sans être vraiment majeur pour autant.

[Nanar02]

Mon fils à eu de la Ritaline pendant 2 ans, sans effet secondaire sauf à la fin car il avait de l'humeur noire

[axurit66]

Je m'excuse d'interrompre le dialogue à propos des traitements, mais une question me turlupine.

Je m'adresse à lepton en particulier, mais aussi à tous celles et ceux qui semblent avoir ce flot de pensées intense et incessant.
J'ai l'impression d'avoir cela aussi, mais c'est tellement difficile de se mettre dans la tête d'une personne "normo pensante", qu'il est finalement compliqué de dire, si ce que l'on vit est "normal" ou effectivement des pensées trop intenses et incessantes.

En ce qui me concerne, mon cerveau semble fonctionner comme un ordinateur en surchauffe permanente, y compris la nuit.
Dans la journée, même si je suis sur une tâche qui exige de la concentration, au travail par exemple, je peux partir très loin dans des pensées complètement étrangères à la taches que je réalise. Par exemple, je suis en train de rédiger un rapport scientifique sur la reproduction de la Sole sénégalaise dans l'estuaire de la Loire....
mais le temps de 10 minutes, j'ai comme un deuxième disque dur qui va se mettre en route et travailler sur la recette de la fabrication du savon de Castille...
puis, ça va bosser sur l'organisation des régiments de tercios espagnols au 17ème siècle....
Ensuite, il va réfléchir sur la variole, comment se déclare la maladie, sa létalité, pourquoi elle a disparue aujourd’hui ? ....
Existe-t-il une cartographie interactive des grottes, gouffres et autres avens dans ma région ? ....
Est-ce que les puces du chat pondent-elles leur œufs directement sur le chat ? sur sa litière ? dans la terre ? ....
Tiens, il faut absolument que je me mettes à collectionner les maquettes de navires de guerre à l'échelle 1:350....

A la fin de la journée, on se rends compte que 50 % du temps a été consacré à des réflexions étrangères au travail donné.

Malgré tout, ce flot de pensées ne cesse pas en dehors du travail ! Ce qui entraine un comportement impulsif / compulsif. Pensée = action, pensée = action, pensée = action.

J'ai un deuxième type de pensée intense / incessante :
Me repasser une infinité de fois les films des évènements vécus ou à venir. Que cela soit du passé ou de l'avenir, l'objectif de ces pensées est le même :
J'essaye de rejouer l'histoire, en modifiant quelques paramètres, afin que tout soit parfait.
Pour le passé : et si j'avais agis comme ça, comment ça se serait passé ? Et si j'avais fait comme ça ? ;..... etc.... etc...
pour l'avenir : et si je fait comme ça ? et si je fait ça ? et si finalement je fait ça ? ..... etc..... etc....
Pour les évènements à venir, c'est assez rigolo, car j'arrive à me faire un film assez réaliste de ce qu'il va se passer. Cela me permet d'aborder les choses sans trop d'anxiété ni de stress.
Le revers de la médaille : Arrivé à l'instant T, je m'efforce de faire tout exactement comme je l'ai imaginé. Au moindre imprévu ou incident.... gare à la montée de pression dans la tête

Le soir avant de m'endormir, impossible de trouver le sommeil tant que le cerveau fonctionne comme ça.
Et le SEUL moyen que j'ai trouvé pour m'endormir, c'est toujours le même depuis que j'ai 5 ans :
Je m'invente une histoire fantastique dans la quelle je suis un héros ou un protagoniste. Chaque histoire, peut durer plusieurs années en vrai (donc plusieurs centaines de soirs).
Par exemple, en ce moment (depuis environ 5 ans ...) j'ai imaginé un moyen d'explorer le passé sous forme d'une simulation informatique parfaite. Sous forme d'un jeu vidéo de type MMORPG en quelque sorte, qui simulerait une époque de l'humanité à l'échelle d'un pays ou un contient. Voire de la planète entière.
Les évènements de chaque époque (explorations, guerres, découvertes, etc...) se dérouleraient comme dans la réalité, et les joueurs devraient incarner un personnage de son choix. Les millions d'autres personnages non joueurs seraient des BOTs contrôlés par une unité centrale géante. Ensuite, ça serait aux joueurs humains de rejouer l'histoire, former des alliances, etc....


J'ai toujours pensé que tout le monde pense comme ça, et aujourd'hui, j'ai du mal à m'en dé-convaincre !

[Nanar02]

Pour moi j'ai une pensée principale et en fonds comme une passe d"information à traiter difficilement identifiable sauf en plein milieu de la nuit ou je me réveille 3 ou 4 fois.

[Pupuce]

...............

[lepton]

Axurit66, j'aurais pu écrire tout ce que tu as écrit.
En ce moment, je rentre la nomenclature d'une carte (et j'écris sur ce forum !).
Mais depuis ce matin, mon cerveau est connecté alternativement sur :
- Un oscillateur de Franklin à deux triodes à cathode commune
- La concurrence entre l'acide clavulanique et l'amoxicilline
- La répartition des forces dans les fermes Polonceau.
- La théorie des mondes multiples d'Everett

C'est la première fois que quelqu'un décrit parfaitement ce que je ressens, c'est bizarre !
Je me repasse aussi des évènements, mais c'es plus rare. Pas en ce moment en tout cas.
Par contre, ça ne m'empêche pas de m'endormir, je suis trop fatigué le soir. Mais si je me réveille, c'est mort, le cerveau se remet en route, je ne redors pas.

[axurit66]

Ah tiens, c'est cool ça ! ça me rappelle effectivement mon mode de pensée

Oui, j'ai oublié de mentionner que comme toi, si je me réveilles en pleine nuit. Quelle que soit l'heure, c'est mort pour un bon moment avant de me rendormir.
En général, je suis en mode, repasser des films sans cesse.
Et avec un bébé, je te promets que ça n'arrange pas les choses ! Heureusement que mon p'tit kiwi (ouais, la tête d'un bébé chauve, vu de dessus ça ressemble à un kiwi ) fait ses nuits calmement le plus souvent !

Quant à l'impression que le commun des mortels pense de la même manière ?
Qu'en penses-tu lepton ?

[Aby]

Quant à l'impression que le commun des mortels pense de la même manière ?

Clairement non, je ne pense pas que le commun des mortels pense de la même manière.
Et je crois que pour "le commun des mortels" ce mode de fonctionnement est assez fascinant mais j'imagine, enfin j'essaie d'imaginer, la fatigue que cela peut représenter.
Plus jeune, mon fils me disait souvent au moment du coucher qu'il n'arrivait pas à mettre son cerveau sur "off" mais cela semble moins vrai maintenant ; il est tellement fatigué après une journée de collège qu'il s'endort plutôt assez rapidement.

[axurit66]

Quant à l'impression que le commun des mortels pense de la même manière ?

Clairement non, je ne pense pas que le commun des mortels pense de la même manière.
Et je crois que pour "le commun des mortels" ce mode de fonctionnement est assez fascinant mais j'imagine, enfin j'essaie d'imaginer, la fatigue que cela peut représenter.
Plus jeune, mon fils me disait souvent au moment du coucher qu'il n'arrivait pas à mettre son cerveau sur "off" mais cela semble moins vrai maintenant ; il est tellement fatigué après une journée de collège qu'il s'endort plutôt assez rapidement.

Finalement, c'est comme la pensée en images, sujet auquel une discussion a été faite il y a peu sur le forum.
Pour celui qui pense en images, c'est extrêmement compliqué de se mettre à la place d'une personne qui ne pense pas en images.

[Manichéenne]

As-tu essayé (en réduisant la toxicité environnementale au maximum) l'huile de poisson gras pour ton fils? C'est équilibré en acide gras et très facilement assimilable par l'organisme.

Oui, aussi. Et d'autres choses en phytothérapie aussi.
Et à un moment, quand on me parle de principe de précaution, qu'on me dit de ne pas faire confiance aux études scientifiques, je me demande si c'est spécifique à la santé psychique/neurologique/mentale ou si les mêmes arguments sont avancés pour les traitements des cancers, du diabète, des troubles cardiaques, de l'asthme, etc.
Je parle de la seule solution à un handicap important, et on me répond que ce serait bien de faire sans, que la cousine du beau-frère connait quelqu'un qui en a pris et il a eu un problème après même si rien ne prouve que c'est en rapport...
Peut-être que mon fils aura des problèmes, qu'il y a un risque réel. Mais sans son traitement le risque est infiniment plus grand, parce qu'il court toujours sans regarder pour traverser la route et qu'à son âge les autres adultes ne le surveillent pas. Sans son traitement, il sera déscolarisé, et moi en burnout parce que je ne supporte pas sensoriellement son hyperactivité, son frère autiste va multiplier les crises, on devra être sur le qui-vive en continu, les gens nous fuient et nous jugent en croyant qu'il est mal élevé, il sera presque incapable de lire, etc.

Qu'on puisse me dire à moi de ne pas prendre de ritaline, éventuellement. La balance risque/bénéfice est moins flagrante. Mais pour mon fils, vous n'avez pas la moindre idée de ce que c'est que de le vivre au quotidien. Même s'il y avait un risque de 1/1.000.000 que ça le tue, son espérance de vie sera toujours plus longue que sans.

Maintenant, pour ne pas faire peur aux gens qui ont un TDA/H plus raisonnable : on a vraiment un bon retour sur le métylphénidate par les études scientifiques, des dizaines d'années de recul, des millions de personnes dans le monde entier qui en ont bénéficié. Ce n'est pas un traitement aussi dangereux que ce qu'on peut lire.

[piedsboueux]

un autre chat!