Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

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Lilette
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#31 Message par Lilette » mardi 21 mars 2017 à 11:45

Je suis d'accord avec la personne qui disait plus haut qu'elle se demandait si cela n'était pas lié à une question d'intensité des troubles et du "handicap" vécu par chacun, ainsi que de l'objectif personnel de la démarche diagnostique.
J'imagine que pour ceux dont les troubles créent un "gros" handicap, le fait d'être diagnostiqué permet d'obtenir des aides qui leur facilitent le quotidien (par exemple un suivi psy qui aidera à élaborer des stratégies pour améliorer le vécu quotidien, des aides via la MDPH ...).
Je suis.apparemment invisible pour des non pros, pour des pros moins évidemment, mais je ne me considère pas comme un cas "lourd" bien évidemment, comme le dit Manichéenne ça z été simple, mais je ne l'ai pas bien vécu pour autant.
Eh je n'ai droit qu'à une RQTH.
Mon suivi psy c'est moi qui le rémunère.
Faut pas croire, le fait d'être diagnostiqué ce n'est pas la fête, pour des adultes ça n'ouvre pas droit à grand-chose.
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#32 Message par Aeryn » mardi 21 mars 2017 à 12:26

Lilette a écrit : Je suis.apparemment invisible pour des non pros, pour des pros moins évidemment, mais je ne me considère pas comme un cas "lourd" bien évidemment, comme le dit Manichéenne ça z été simple, mais je ne l'ai pas bien vécu pour autant.
Eh je n'ai droit qu'à une RQTH.
Mon suivi psy c'est moi qui le rémunère.
Faut pas croire, le fait d'être diagnostiqué ce n'est pas la fête, pour des adultes ça n'ouvre pas droit à grand-chose.
Mon propos était carricatural mais l'idée était de marquer la différence dans ce qu'apporte le diagnostic pour quelqu'un qui cherche juste à comprendre ses difficultés d'une part, et quelqu'un qui aura besoin ou en tout cas à qui on proposera au décours du diagnostic un suivi, des aides ... Ce n'est pas tant le côté "obtention de choses" à l'issue du diagnostic dont je voulait parler mais de l'objectif de la démarche diagnostique pour la personne (simplement comprendre donc sans vouloir forcément de suivi derrière par exemple, ou comprendre mais pour aller plus loin et donc avoir un suivi, des aides à l'insertion professionnelle, des conseils pour différé tes choses de la vie quotidienne ...). Je ne sais pas si je suis très claire ...

Je suis consciente que le diagnostic en soi n'ouvre pas droit à plein d'aides ou de prises en charges (que ce soit financières ou autre).
C'était plus en réponse à ce que disait Manichéenne lorsqu'elle exprime avoir du mal à comprendre le sentiment "positif" (notamment de soulagement) qu'éprouvent certaines personnes diagnostiquées à l'annonce de leur diagnostic.
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#33 Message par Flower » mardi 21 mars 2017 à 12:28

Pour les résultats des tests en ligne, en fait j'avais trouvé des tests qui sont apparemment utilisés dans les diagnostics, notamment le test de Simon Baron-Cohen. Le médecin en tout cas a trouvé ça assez utile.

Pour ce qui est de ne pas forcément voir ses difficultés, je suis d'accord que c'est un risque, mais après tout, c'est aussi pour ça qu'on va voir un professionnel, plutôt que de s'auto-diagnostiquer, non? Perso, si j'ai essayé de préparer des éléments sur ce qui me faisait m'interroger, c'était aussi parce que je ne croyais pas vraiment que je pouvais être concernée, mais que le doute était trop insinuant pour le laisser de côté. Du coup je me suis dit que le plus simple était de présenter ce que j'avais remarqué à un professionnel pour qu'il fasse le tri là-dedans. Les stéréotypies, c'est typiquement quelque chose qui a été plus remarqué par le médecin pendant l'entretien que par moi-même - pas tellement parce que je n'étais pas consciente de me tordre les mains pendant que je parle, mais parce que je ne pensais pas que ça entrait dans cette case.

Sinon, dans mes réflexions préparatoires, je me suis aussi pas mal concentré sur ce que d'autres me disaient. Ça allait de souvenirs d'enfance (ma mère qui me reprenait beaucoup sur les règles de politesse ou qui me disait "incapable de gérer les choses de la vie courante") à des réflexions faites plus récemment par des collègues par exemple (entre celle qui m'expliquait que telle phrase pourrait être comprise comme méchante et celui qui me demandait régulièrement si je n'étais pas un peu autiste, il y avait de quoi). Ce sont des choses auxquelles je n'aurais pas forcément pensé spontanément.
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.

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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#34 Message par Lilette » mardi 21 mars 2017 à 13:29

Je ne comprends pas comment on peut vouloir un diagnostic d'autisme sans ressentir le besoin de se faire aider s'il est positif.
Si tu en viens à te faire diagnostiquer autiste, c'est que tu as des difficultés, pour plein de choses, ce n'est pas quelque chose que tu fais "just for fun", juste pour savoir, si tu as juste besoin d'une réponse et rien autre, tu vas faire une prise de sang, ou quelque chose du genre.
L'autisme c'est un trouble handicapant, ça n'est pas quelque chose que l'on prend à la légère " juste pour avoir une réponse et merci au revoir".
Si tu n'as pas de difficultés, tu n'es pas autiste, c'est tout.
C'est peut-être brut, mais à force je ne comprends vraiment pas cette nouvelle mode de "Je veux un diag d'autisme, mais je veux juste la réponse rien de + rassurez vous" .
Je me.demande sérieusement si les gens savent de quoi il parlent en parlant d'autisme.
Il y'a de quoi se poser la question parfois.
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#35 Message par Aeryn » mardi 21 mars 2017 à 14:27

Lilette a écrit :Je ne comprends pas comment on peut vouloir un diagnostic d'autisme sans ressentir le besoin de se faire aider s'il est positif.
Si tu en viens à te faire diagnostiquer autiste, c'est que tu as des difficultés, pour plein de choses, ce n'est pas quelque chose que tu fais "just for fun", juste pour savoir, si tu as juste besoin d'une réponse et rien autre, tu vas faire une prise de sang, ou quelque chose du genre.
L'autisme c'est un trouble handicapant, ça n'est pas quelque chose que l'on prend à la légère " juste pour avoir une réponse et merci au revoir".
Si tu n'as pas de difficultés, tu n'es pas autiste, c'est tout.
C'est peut-être brut, mais à force je ne comprends vraiment pas cette nouvelle mode de "Je veux un diag d'autisme, mais je veux juste la réponse rien de + rassurez vous" .
Je me.demande sérieusement si les gens savent de quoi il parlent en parlant d'autisme.
Il y'a de quoi se poser la question parfois.
Je trouve ton message assez agressif.
Je sais que j'ai tendance à souvent percevoir les choses de cette manière alors qu'elles ne sont pas émises dans ce sens par la personne donc je vais essayer de ne pas le prendre pour moi.

Tout d'abord, je ne "veux" pas un diagnostic d'autisme. Je veux un diagnostic de ce qui explique mes difficultés. Je cherche du côté du SA car parmi l'ensemble des hypothèses, elle me semble être celle qui explique de manière unitaire ce que je vis. S'il existe une autre hypothèse qui explique tout aussi bien mes problèmes, je serai ravie de l'entendre.

Je pense que si tu ne parviens pas à "imaginer" cette situation (de vouloir une explication même si elle ne mène pas à un suivi), c'est que tu ne l'as pas vécue.
J'ai des difficultés certaines. J'ai développés des stratégies suffisamment "efficaces" pour palier à ces difficultés et parvenir à une adaptation notamment dans le monde du travail qui peut être considérée comme satisfaisante à l'heure actuelle. J'ai un entourage suffisamment soutenant envers moi pour palier à ma place aux difficultés dans ma vie personnelle lorsque je n'en suis pas capable moi-même (par exemple, réaliser les démarches administratives, bancaires ...). Toutes ces stratégies ont été mises en place à coup d'essais/erreurs et sont difficiles à maintenir sur le long terme car épuisantes. Et ça l'est d'autant plus du fait de ne pas en comprendre l'origine. Mais finalement, grâce à elles et à mon entourage, j'estime ne pas avoir besoin d'aide extérieure pour m'en sortir.

Je sais que je ne suis pas plus bête que la moyenne, et en essayant de voir les choses de manière objective, je sais que je fais mon possible pour m'améliorer. Je ne pense pas avoir les difficultés que j'ai parce que je ne fais aucun effort ou par manque de volonté.
Le sentiment qui résulte de mes difficultés en elles-mêmes et du ressenti que j'en ai engendrent un besoin de comprendre pourquoi je fonctionne "comme ça" et pas "comme la majorité des gens".
Je pense qu'une fois la réponse obtenue, j'accepterai mieux ce mode de fonctionnement, j'arrêterai de me battre constamment contre toutes ces choses qui me posent problèmes et je pense que cela me permettra de me sentir mieux.

La seconde raison au fait de ne pas vouloir me "faire aider" au décours est probablement une question "d’orgueil". Je travaille dans le milieu médical, il m'est très difficile de me retrouver dans la position de patiente et d'aller consulter des gens que je considère comme des collègues (même si nous ne travaillons pas dans les mêmes domaines). Des médecins, des psychologues ..., j'en côtoie au quotidien, comme des "égaux". Je pense qu'il est difficile pour tout médecin de demander de l'aide à un collègue, et je ne suis clairement pas une exception.
Par ailleurs, j'ai été "menacée" dans mon enfance d'être "envoyée chez une psychologue" si je continuais à présenter certains comportements, et cela par ma mère. J'ai depuis un sentiment plutôt négatif à l'égard des psychologues (alors que j'ai travaillé avec des psychiatres et psychologues absolument formidables dans un cadre professionnel). Je ne parviens pas à me détacher de cette image.

Bien sur qu'avec une explication à mes difficultés, elles seront toujours présentes, bien sur que cela ne changera pas mon quotidien. Mais cela changera le ressenti que j'en aurai. Peut être ne comprends-tu pas le bénéfice que cela peut m'apporter, mais pour moi ce bénéfice est "plus important" que ce que m’apporterait le fait d'avoir un suivi psy pour discuter de mes difficultés et avoir une aide pour y trouver des solutions par exemple.

Il n'existe aucun marqueur biologique disponible en routine pour contribuer au diagnostic d'autisme, ni d'élément d'imagerie, ou "autre chose du genre", même s'il y a des recherches dans ces domaines ...

J'ai du mal à comprendre pourquoi le fait d'avoir "besoin d'un diagnostic" t’énerve autant en fait. Je pense qu'à la base, toutes les personnes qui ont entamé des démarches diagnostiques cherchaient à comprendre d'où venaient leurs difficultés. Si on t'avait-dit "okay, on vous fait un bilan, mais que vous soyez autiste ou non, on ne vous propose rien derrière", tu aurais renoncé en te disant que savoir ce qui était à l'origine de tes difficultés ne t'apporterait rien ?
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#36 Message par Manichéenne » mardi 21 mars 2017 à 14:40

Aeryn a écrit :Pour ma part, j'ai besoin d'un "diagnostic" pour comprendre l'origine et accepter mes difficultés, pour réussir à continuer à vivre avec. C'est principalement de cela dont il s'agit (je trouve de plus en plus difficile de vivre comme cela sans comprendre pourquoi les choses sont "si difficiles" alors qu'il n'y a pas de raison apparente à cela, j'ai des réactions / comportements / changements d'humeur qui me sont incompréhensibles à moi-même). Je ne cherche pas d'aide pour m'aider à faire face aux difficultés au quotidien, ni a obtenir d'aides de la MDPH (RQTH, AAH, carte d'invalidité ou autre). L'objectif et l'enjeu sont donc différents.
C'est le discours que je tenais avant...
Quand on a un TSA :
-on n'est souvent pas pleinement conscient de nos difficultés
-tout peut très vite basculer, et se dire qu'on vit normalement à un moment donné ne présage rien du futur
-si on est arrivé à vivre des dizaines d'années en étant relativement intégré, c'est parfois en se convainquant qu'on peut faire comme tout le monde, en refusant de regarder la réalité en face. On fini par justifier toutes nos difficultés autrement ou par les minimiser, parce qu'il fallait bien avancer...

Mais je suppose qu'il est aussi possible d'avoir mis en place un environnement et des stratégies suffisantes pour ne pas s'imposer en plus un suivi anxiogène.
Dans mon cas ce serait un "soulagement" de recevoir un diagnostic de SA (comme ça en serait un de recevoir n'importe quel diagnostic, tant que cela explique mes difficultés et que je m'y reconnais, tant qu'on m'explique pourquoi ces difficultés sont bien liés à ce diagnostic reçu).
Je crois qu'il est difficile de vraiment prévoir sa réaction.
Pas seulement parce que le processus de diagnostic implique d'entendre et lire ses difficultés sans ménagement, y compris celles qu'on ignore.
Mais aussi parce qu'anticiper des émotions sur quelque chose d'aussi complexe n'est pas évident.
Je n'aurais pas pensé que ce serait le cas, mais le "soulagement" n'a duré que quelques secondes, et c'était plutôt le soulagement de ne pas m'être ridiculisée avec cette hypothèse de TSA. Le sentiment qui est arrivé quasi-immédiatement et pour plusieurs semaines à été la colère. Colère contre mes anciens psy, contre le gâchis de temps, de thérapies, de psychotropes divers, contre mes proches, etc.

Lilette a écrit :Je ne comprends pas comment on peut vouloir un diagnostic d'autisme sans ressentir le besoin de se faire aider s'il est positif.
Si tu en viens à te faire diagnostiquer autiste, c'est que tu as des difficultés, pour plein de choses, ce n'est pas quelque chose que tu fais "just for fun", juste pour savoir, si tu as juste besoin d'une réponse et rien autre, tu vas faire une prise de sang, ou quelque chose du genre.
L'autisme c'est un trouble handicapant, ça n'est pas quelque chose que l'on prend à la légère " juste pour avoir une réponse et merci au revoir".
Si tu n'as pas de difficultés, tu n'es pas autiste, c'est tout.
C'est peut-être brut, mais à force je ne comprends vraiment pas cette nouvelle mode de "Je veux un diag d'autisme, mais je veux juste la réponse rien de + rassurez vous" .
J'ai déjà partiellement répondu.
J'ajoute tout de même que puisqu'il n'y a pas d'aides, tu le dis toi-même, chercher un diagnostic en pensant qu'on peut continuer à s'en sortir plus ou moins sans rien changer n'est pas forcément idiot.
En étant sans emploi, avec un conjoint qui s'occupe du quotidien, il m'arrivait de trouver ma situation acceptable. Je pensais même sincèrement que la réponse me suffirait, que savoir la cause de mes difficultés éviterait les dépressions, l'anxiété et les burnouts. J'avais aussi tendance à oublier que je ne peux pas indéfiniment rester enfermée chez moi sans voir personne, ni passer 12 heures par jour sur mes intérêts plusieurs fois par semaine.
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#37 Message par Aeryn » mardi 21 mars 2017 à 15:33

Manichéenne a écrit : C'est le discours que je tenais avant...
Quand on a un TSA :
-on n'est souvent pas pleinement conscient de nos difficultés
-tout peut très vite basculer, et se dire qu'on vit normalement à un moment donné ne présage rien du futur
-si on est arrivé à vivre des dizaines d'années en étant relativement intégré, c'est parfois en se convainquant qu'on peut faire comme tout le monde, en refusant de regarder la réalité en face. On fini par justifier toutes nos difficultés autrement ou par les minimiser, parce qu'il fallait bien avancer...
Je suis d'accord avec ça.
Le point de vue change probablement aussi entre la période avant et après diagnostic, surtout avec le recul (à distance du diagnostic).
J'ai exprimé ce que je pense maintenant. Je ne dis pas que si je suis diagnostiquée (SA ou autre chose), mon opinion (notamment sur l'intérêt d'un suivi) soit le même après le diagnostic. Peut être que finalement le fait de comprendre ne serait pas suffisant, où que ça apporterait d'autres questionnements qui feraient qu'à ce moment là je ressentirai le besoin d'un suivi ou d'aides extérieures.
Manichéenne a écrit : Mais je suppose qu'il est aussi possible d'avoir mis en place un environnement et des stratégies suffisantes pour ne pas s'imposer en plus un suivi anxiogène.
C'est précisément ça. A l'heure actuelle, je verrai la mise en place d'un suivi comme quelque chose d'anxiogène, et donc qui potentiellement me ferait me sentir moins bien que sans suivi (au moins initialement).
Au delà du fait que je n'aurai pas la possibilité de me libérer régulièrement pour avoir un suivi ...
Manichéenne a écrit :Je crois qu'il est difficile de vraiment prévoir sa réaction.
Pas seulement parce que le processus de diagnostic implique d'entendre et lire ses difficultés sans ménagement, y compris celles qu'on ignore.
Mais aussi parce qu'anticiper des émotions sur quelque chose d'aussi complexe n'est pas évident.
Je n'aurais pas pensé que ce serait le cas, mais le "soulagement" n'a duré que quelques secondes, et c'était plutôt le soulagement de ne pas m'être ridiculisée avec cette hypothèse de TSA. Le sentiment qui est arrivé quasi-immédiatement et pour plusieurs semaines à été la colère. Colère contre mes anciens psy, contre le gâchis de temps, de thérapies, de psychotropes divers, contre mes proches, etc.
A priori tu avais un passé chargé d'errance diagnostique et de prises en charges inadaptées. On peut comprendre le sentiment de colère en comprenant la réalité des choses.
Pour ma part, je n'ai pas ce passé. Je pourrai éventuellement en vouloir à mes proches de ne "rien avoir vu", ou plutôt de ne rien avoir fait lorsqu'ils auraient pu comprendre que quelque chose n'allait pas. En même temps, j'ai toujours essayé de leur cacher ce qui n'allait pas, donc difficile de le leur reprocher. La seule fois où ils ont eu un "indice" flagrant, c'est en découvrant des marques récentes de blessures volontaires (que je prenais pourtant grand soins de dissimuler) lorsque j'avais 13-14 ans. Mon père a accepté mon "ce n'est rien" comme explication, sa réaction peut paraître inadaptée mais je l'ai beaucoup mieux vécue que celle de ma mère qui m'a littéralement "engueulée" et menacée de me faire voir une psy ...
Au final, je crois qu'il n'y a qu'à moi même que je pourrai en vouloir (de ne rien avoir fait pour m'aider, en ne demandant pas d'aide justement). C'est précisément ce que je fais aujourd'hui ...
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#38 Message par Manichéenne » mardi 21 mars 2017 à 16:27

Aeryn a écrit :Je pourrai éventuellement en vouloir à mes proches de ne "rien avoir vu", ou plutôt de ne rien avoir fait lorsqu'ils auraient pu comprendre que quelque chose n'allait pas. En même temps, j'ai toujours essayé de leur cacher ce qui n'allait pas, donc difficile de le leur reprocher.
Les TSA commencent dès la petite enfance... S'il y a un TSA, les parents peuvent normalement remarquer très tôt des fonctionnements inquiétants ou atypiques.
Je ne parle pas de cacher sa souffrance à partir de l'adolescence, mais d'avoir des particularités notables depuis toujours.
Il y a une différence entre le parent qui ne remarque pas l'automutilation de son enfant (fréquent) et celui qui trouve normal qu'il ne se soit jamais fait d'amis...
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#39 Message par Aeryn » mardi 21 mars 2017 à 17:12

Manichéenne a écrit :Les TSA commencent dès la petite enfance... S'il y a un TSA, les parents peuvent normalement remarquer très tôt des fonctionnements inquiétants ou atypiques.
Je ne parle pas de cacher sa souffrance à partir de l'adolescence, mais d'avoir des particularités notables depuis toujours.
Il y a une différence entre le parent qui ne remarque pas l'automutilation de son enfant (fréquent) et celui qui trouve normal qu'il ne se soit jamais fait d'amis...
Sauf si ce parent lui même n'est pas la personne la plus sociable qui soit. Je ne pense pas que ça ait jamais choqué ma mère que je ne cotoies pas d'autres enfants en dehors de l'école. En même temps nous habitions loin de notre école (demande de dérogation par mes parents pour que nous n'allions pas à l'école du quartier), et ma mère était probablement ravie de ne pas avoir à nous emmener chez d'autres enfants (et leurs parents ...) et encore plus de ne pas en recevoir. Quant à mon père, il ne nous a pas vraiment vu grandir du fait de son travail.

Honnêtement je ne me souviens pas bien de mon enfance. Je ne sais pas si mes parents ont été alerté par les enseignants sur ce genre de choses (mauvaise intégration avec les autres enfants ...). Cela aurait pu en plus s'expliquer par le saut de classe dont j'ai bénéficié en fin de maternelle (passage en CP en cours d'année donc nouveaux camarades dans une classe où les groupes d'amis étaient déjà formés, puis différence d'âge constante avec les autres enfants qui était en soit un motif de rejet). Je pense que leur principal problème était plutôt ma difficulté globale à accepter d'aller à l'école (matinées passées isolée à pleurer dans un coin de la classe en moyenne section par exemple) plutôt que les interactions avec mes camarades.

Je sais que les troubles dans les TSA sont présents dès l'enfance. On voit pourtant des personnes diagnostiquées adultes. C'est donc que les troubles peuvent passer inaperçus pendant l'enfance, ou ne pas avoir été identifiés ou compris à l'époque du fait du manque de connaissances.
C'est bien pour cette raison que l'entretien avec les parents est important pour le diagnostic et que certains professionnels refusent de se positionner en l'absence d'informations obtenues de la part des parents.
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#40 Message par Lilette » mardi 21 mars 2017 à 17:24

Ou qu'il yabeu des signes pendant l'enfance, dès la maternelle, mais qu'à l'époque, l'autisme n'était pas ou mal connu.
C'est mon cas.
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#41 Message par misty » mardi 21 mars 2017 à 17:54

La participation de l'entourage au diagnostic me paraît vraiment importante aussi. Non seulement le témoignage des parents peut être éclairant (même si confus, les pros ont l'habitude) mais un conjoint ou ami peut apporter beaucoup aussi.

Concernant la prise de conscience des difficultés dont parlait Manichéenne, ça peut grandement y contribuer aussi. Pour moi, ça a été extrêmement difficile sur le moment, d'entendre parler de moi sous cet angle là, de voir qu'ils notaient perpétuellement des choses dont je n'ai pas conscience... Mais en même temps, concernant mon conjoint (c'est lui qui m'a mise sur la piste au départ), passé le gros sentiment de honte et d'insécurité; je suis parvenue à la conclusion que malgré le fait qu'il voie tout ça depuis le début, il est toujours auprès de moi. C'est donc à la fois insécurisant et sécurisant, je trouve...

Préparer le premier rdv avec son conjoint, un frère, une soeur, un ami ou un parent me semble une bonne idée (quand c'est possible, bien sûr), car la personne n'apporte alors pas uniquement ses propres ressentis mais une vision un peu plus large. :)
*Diag TSA*

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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#42 Message par Salicorne » mardi 21 mars 2017 à 19:11

J'ai apporté mes livrets scolaires pour mon premier rendez-vous.

Le spécialiste que je suis allée voir a eu la même approche que la neuropsychologue : il m'a invitée à prendre place puis a attendu que je commence à parler. Effectivement, c'était un abord intimidant. Malgré tout il a rapidement pris le relais en me posant de nombreuses questions biographiques et en se servant des livrets comme support. Le temps qu'il a pris pour les consulter m'a permis de reprendre mes esprits et d'observer la pièce. Je me souviens d'un Vidal posé sur une table, et je me suis remémorée les longues heures que j'avais déjà passé à le consulter.

Ce premier rendez-vous a été très éprouvant pour moi. Je n'ai pas eu de réponse immédiate. Sans m'y être véritablement préparée, et en ayant des doutes sur de nombreuses questions auxquelles j'ai préféré répondre "non" en pensant que mes traits n'étaient probablement pas significatifs, je l'ai tout de même trouvé très constructif.

Objectivement je ne comprends pas pourquoi un spécialiste ne devrait pas serrer la main sous prétexte que son patient aurait un TSA. :?
Cet exercice me mettait souvent très mal à l'aise auparavant, mais avec l'entrainement (le mot me semble approprié) j'ai appris à dompter l'anxiété que je pouvais éprouver à ce moment là.
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#43 Message par Aeryn » mardi 21 mars 2017 à 19:45

Salicorne a écrit :J'ai apporté mes livrets scolaires pour mon premier rendez-vous.

Objectivement je ne comprends pas pourquoi un spécialiste ne devrait pas serrer la main sous prétexte que son patient aurait un TSA. :?
Cet exercice me mettait souvent très mal à l'aise auparavant, mais avec l'entrainement (le mot me semble approprié) j'ai appris à dompter l'anxiété que je pouvais éprouver à ce moment là.
La consultation des livrets scolaires semble utile, j'en avais déjà entendu parler. Ça peut apporter des éléments de l'enfance sans demander directement à ses parents ...

Je ne dis pas qu'il ne doit pas, il fait comme il veut après tout.
Je dis juste que pour moi, le fait de devoir serrer la main de la première neuropsychiatre à accentué le fait d'être mal à l'aise, et le fait de ne pas avoir à le faire avec la seconde médecin m'a plutôt mise à l'aise. Ce sont des ressentis personnels.
Après il faut dire qu'il y a beaucoup de choses que je n'aime pas toucher et ce n'est probablement pas uniquement lié au fait de serrer la main en soi, mais aussi au fait de toucher quelque chose que je n'ai "pas envie de toucher" (de la même manière que je ne touche avec les mains quasiment aucun aliment parce que je n'aime pas ça par exemple).
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#44 Message par Manichéenne » mardi 21 mars 2017 à 20:12

Salicorne a écrit :Objectivement je ne comprends pas pourquoi un spécialiste ne devrait pas serrer la main sous prétexte que son patient aurait un TSA. :?
Cet exercice me mettait souvent très mal à l'aise auparavant, mais avec l'entrainement (le mot me semble approprié) j'ai appris à dompter l'anxiété que je pouvais éprouver à ce moment là.
Nous n'avons pas tous les mêmes difficultés... Tu as appris, mais d'autres non et apprécient de ne pas y être obligés. Certains sont très anxieux, certains ont vraiment beaucoup de mal à supporter le contact physique. Chacun ses raisons.
Il ne s'agit pas de ne pas serrer la main parce que le patient à un TSA, mais de demander puisque le patient a un TSA si ça le dérange et de respecter son avis.
Personnellement, je ne comprends pas que de nombreux (la majorité ?) professionnels en autisme ne respectent pas les sensibilités des personnes avec TSA. Principalement en évitant les éclairages forts et/ou aux néons, les parfums, les lieux bruyants, etc.
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Re: Premier rendez-vous pour une démarche diagnostique

#45 Message par Salicorne » mardi 21 mars 2017 à 20:56

Manichéenne a écrit :Nous n'avons pas tous les mêmes difficultés... Tu as appris, mais d'autres non et apprécient de ne pas y être obligés. Certains sont très anxieux, certains ont vraiment beaucoup de mal à supporter le contact physique. Chacun ses raisons.
Il ne s'agit pas de ne pas serrer la main parce que le patient à un TSA, mais de demander puisque le patient a un TSA si ça le dérange et de respecter son avis.
Bien sûr, je comprends que tout le monde n'a pas les mêmes difficultés (je ne le nie pas, je l'illustre) et je pense que les professionnels qui demandent l'avis des patients devraient être plus nombreux. Ce que je veux dire essentiellement est qu'une poignée de main donnée par un professionnel de l'autisme n'est pas une pratique qui me surprend de manière particulière.

De plus, je pense qu'en dehors des TSA, de nombreuses autres personnes pourraient avoir des raisons de ne pas apprécier ce type de contact physique. Dans l'idéal, il faudrait que les professionnels demandent à tous leurs patients s'ils souhaitent ou pas serrer la main.
Diagnostic TSA confirmé par le CRA

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