Mort en direct du streameur Jean Pormanove : le parquet de Nice ouvre une enquête, la ministre chargée du numérique saisit l’Arcom
Raphaël Graven, 46 ans, connu sous les pseudonymes de Jean Pormanove ou JP, a succombé lundi à Contes, dans les Alpes-Maritimes, lors d’un « live streaming ». Il était connu pour avoir participé à des vidéos le montrant subissant des violences et des humiliations.
Le Monde avec AFP
Publié le 19.08.2025
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Après la mort lors d’un « live streaming » sur une plateforme vidéo d’un homme de 46 ans, protagoniste de vidéos controversées, le parquet de Nice a annoncé, mardi 19 août, avoir ouvert une enquête en « recherche des causes de la mort » et ordonné une autopsie.
Raphaël Graven, connu sous les pseudonymes de Jean Pormanove ou JP, est mort lundi à Contes, un village au nord de Nice, a précisé le parquet, confirmant une information de Nice-Matin. Suivi par des centaines de milliers d’abonnés, il était connu pour avoir participé à des vidéos le montrant subissant des violences et des humiliations, notamment de deux partenaires connus sous les pseudonymes de Narutovie et Safine.
Les investigations ont été confiées à la police judiciaire de Nice, déjà saisie depuis décembre 2024, après un article de Mediapart révélant l’existence de ces vidéos, d’une enquête pour « violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables (…) et diffusion d’enregistrement d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne ». Des faits « parfois encouragés par des versements d’argent des spectateurs », soulignait alors le procureur de Nice, Damien Martinelli.
Rôle de souffre-douleur
Une vidéo diffusée en direct lundi sur la plateforme australienne Kick, et largement partagée depuis, montrerait, selon des internautes, les moments précédant la mort de Raphaël Graven ou la découverte de celle-ci, il est vu inanimé sous une couette dans un lit, dans lequel se trouvent également deux hommes, dont l’un, apparemment Narutovie, jette une petite bouteille d’eau en plastique dans sa direction.
« Mon client n’a aucune responsabilité dans ce décès » et « se tient à la disposition » des enquêteurs, a dit à l’Agence France-Presse l’avocat de Narutovie, Yassin Sadouni. Il a aussi annoncé dans un communiqué son intention de déposer plainte après une « campagne de cyberharcèlement » dont son client ferait l’objet à la suite de cette affaire.
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Deux hommes nés en 1998 et 2002, tout comme Narutovie et Safine selon des documents d’enregistrement de sociétés sous leurs véritables identités, avaient été placés en garde à vue début janvier. Mais « tant les personnes susceptibles d’être mises en cause que celles d’être victimes contestaient la commission d’infractions », avait à l’époque souligné le parquet.
Sur certaines vidéos, encore visibles sur divers réseaux, on peut voir Jean Pormanove se faire tirer dessus avec des projectiles de paintball sans porter de protection, être frappé par ses partenaires lors de séances de « gaming », ou se retrouver systématiquement dans le rôle de souffre-douleur en privé ou en public, tout en semblant consentir à ce rôle.
« Une horreur absolue »
Clara Chappaz, ministre déléguée chargée du numérique, a dénoncé sur X « une horreur absolue » et précisé avoir « saisi l’Arcom et effectué un signalement sur Pharos », le service de lutte contre la violence en ligne. « J’ai également contacté les responsables de la plateforme pour obtenir des explications. La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n’est pas une option : c’est la loi », a-t-elle souligné.
« Nous sommes profondément attristés par la perte de Jean Pormanove », a dit par mail à l’Agence France-Presse un porte-parole de Kick. « Nous examinons de toute urgence les circonstances et collaborons avec les parties prenantes concernées (…). Les règles de la communauté Kick visent à protéger les créateurs, et nous sommes déterminés à les faire respecter sur l’ensemble de notre plateforme. »
La plateforme Kick est la grande concurrente du leader mondial du live streaming Twitch et aux règles de modération plus relâchées. Créée en 2022, elle offre une politique de rémunération bien plus avantageuse que ses concurrents, reversant 95 % des revenus générés aux créateurs de contenus, contre 50 % pour la plupart des autres plateformes. Les streameurs peuvent ainsi engranger de fortes sommes grâce à leurs abonnés payants et aux dons des internautes versés lors d’un direct dont ils aiment le contenu.
Sur la vidéo qui montrerait les derniers instants de Raphaël Graven, un compteur de temps indique plus de 298 heures et un compteur d’argent la somme de 36 411 euros.