minicil a écrit :Une professionnelle de l'autisme m'a évoqué ce sujet (personnes qui se font passer pour autistes).
Pour ma part, je me demande comment cela est possible. Il faudrait des exemples concrets pour que je comprenne mieux.
Je suis d'accord avec Benoit pour dire qu'il est difficile de donner des exemples concrets, et même pour les pros la déontologie empêche de fournir certains éléments (= ils ne peuvent pas au milieu d'un couloir te toper et te dire "ah tenez/regardez, ce Mr, c'est l'exemple parfait du
faux-autiste"
)
Je pense qu'il est erroné de dire que ces personnes se "font passer pour autistes" parce qu'à mon avis la majorité d'entre elles est vraiment persuadée d'être autiste (et c'est bien le souci).
Pour finir avec ça, Josef a aussi exprimé sa perplexité devant le concept d'"autisme invisible", pour lui cette désignation fait partie du problème (je suis d'accord+++++++).
Benoit a écrit :La question de la "quête identitaire" comme éloignée de l'autisme me semble disputable, étant donné que le principe même de neurodiversité est une sorte d'affirmation de l'identité du fonctionnement autistique (en réponse à la volonté, là encore erronée, de vouloir "extirper, soigner" l'autisme d'une personne plutôt que d'agir sur les conséquences).
Je ne suis pas certaine de te suivre mais au cas où j'aurais compris, je voudrais exprimer qu'à titre perso je me suis lancée dans un projet en lien avec l'idée de neurodiversité pour une autre raison: l'épée de Damoclès de l'identification du marqueur génétique. Les questions de "quête identitaire" me passent au dessus de la tête, je comprends un peu plus l'opposition au "soigner l'autisme", mais mon moteur premier est la crainte de l'éradication pure et simple de l'autisme (via les IMG quand ce sera techniquement possible, ce qui ne devrait plus trop tarder). C'est un peu HS mais je trouvais important de le notifier parce que dans le mouvement pour la neurodiversité ce n'est pas ce qu'on entend le plus, pourtant ça motive certaines personnes (dont moi, si vous avez suivi
).
Sinon, pour tenter un compte rendu rapide (et sans doute un peu bordélique):
1/
Patricia Dy: -petit film musical puis témoignage sur sa condition de femme Asperger diagnostiquée tardivement. Elle a abordé de façon parfois humoristique (je n'ai pas toujours compris ce qui était drôle mais les gens riaient donc je précise) les aléas des soucis de repérage, de tri d'informations, d'hypersensibilités notamment au bruit. Elle a pris l'exemple des paquets de chips, en disant qu'un jour elle avait demandé (dans un bus ou train je crois) à quelqu'un de ranger ses chips qui lui faisaient mal aux oreilles. Lorsqu'elle a dit qu'elle avait le SA, cette personne a été très compréhensive et a rangé ses chips. A ce que j'ai compris c'était au Canada.
-elle a passé un moment a expliquer qu'elle avait besoin de beaucoup se regarder dans des miroirs à cause de sa vision fragmentée. Elle dit que ça l'aide à se situer et à visualiser son corps dans l'espace. Pour la même raison elle se prend souvent en photo.
-elle a mentionné des difficultés récurrentes dans ses relations affectives, que le diagnostic a permis d'apaiser un peu. Elle dit que la personne avec qui elle est actuellement est très ouverte et attentionnée rapport à son SA et que ça fait une grande différence.
-elle intervient dans des écoles, a un peu témoigné à ce sujet (sur les différentes manifestations de l'autisme) et a aussi mentionné l'importance qu'elle accorde à son intuition. Elle a dit avoir senti des erreurs médicales chez des proches et a donné des exemples.
2/
Kristian Schott: -a évoqué son parcours d'autiste non-verbal diagnostiqué tard à cause de comorbidités importantes (hémiplégie cérébrale notamment si j'ai bien compris et retenu).
- il a pu avoir accès au langage en écoutant beaucoup de musique (opéras) et en faisant une sorte d'apprentissage autodidacte pour arriver à distinguer la voix humaine des instruments. Il lisait aussi le dictionnaire pour l'aider à identifier des mots et recouper avec les phonèmes perçus.
-à ce jour il considère ne pas vraiment savoir lire, mais a en revanche atteint un niveau exceptionnel dans le domaine musical (violon et composition) en faisant à l'oreille.
-il fait beaucoup de sport, et considère cela important pour réussir à vivre avec ses différentes problématiques psycho-corporelles.
-il accompagne des jeunes concernés par les TED en institution, et a exprimé la nécessité de chercher d'abord l'origine d'un comportement plutôt que de vouloir systématiquement agir dessus. Il a pris l'exemple de plusieurs troubles somatiques décelés chez des autistes non ou peu verbaux grâce à un raisonnement logique qui n'est pas inné chez les encadrants classiques.
-il a insisté sur l'importance des IR dans la vie des autistes, il est lui-même passionné de moto (entre autres) mais a évoqué aussi le fait qu'il n'est pas autonome et ne le sera sans doute jamais.
-il aime bien se moquer (gentiment) des Asperger et le fait très bien, notamment les postures corporelles.
3/
Natalia Pedemonte: - a défini les grandes lignes de ce qu'elle nomme "pensée autistique" et qui pour elle est le marqueur principal de l'autisme.
-a mentionné la différence entre plusieurs types d'autisme (génétique/prototypique, conséquent à des lésions cérébrales et le dernier je ne sais plus et ne veux pas dire de bêtise
)
-a évoqué un tableau crée par
Aut'créatifs, qui présente les types de terminologies qu'elle souhaiterait voir utilisées. Le voici:
-a témoigné sur les difficultés liées à l'hyperactivité en milieu professionnel, et aussi de l'importance pour elle de faire des actions qui ont du sens et font avancer ses projets. Là encore il a été question des IR et du levier qu'ils peuvent représenter pour que la personne se crée des conditions adaptées à son fonctionnement.
-a présenté le thème de sa prochaine conférence qui concernera l'anorexie dans le contexte d'un TSA.
-a exprimé un fort désir de voir la question autistique se clarifier, afin de mieux cibler les besoins des personnes concernées; et aussi de leur permettre d'exprimer un potentiel qui serait utile à la société.
4/
Josef Schovanec:- a expliqué le titre de son intervention, une référence aux gladiateurs dont le pouvoir romain avait besoin, mais qui les traitait comme de la viande (c'est peut-être un peu raccourci, mais c'est que c'est long à rédiger
).
-a présenté des cas du règne animal où l'intelligence est vécue différemment (ex. l'oiseau complètement idiot qui ne sert à rien mais vit très vieux dans un endroit paradisiaque)
-a évoqué les universitaires allemands des années 20, dont de nombreux scientifiques et intellectuels, qui considéraient ce qu'on peut rapprocher de caractéristiques autistiques comme des facteurs de réussite (isolement, recherches en mode monomaniaque, peu de considération pour les honneurs...) Le modèle culturel a changé, laissant place à d'autres valeurs, mais cette forme d'intelligence qui a fait ses preuves a encore beaucoup à donner.
-a critiqué la mondialisation, en diffusant un extrait de "dialecte corrézien" d'une époque révolue, en disant que maintenant tout le monde parle pareil, pense pareil, et que partout on trouve des McDo.
-a parlé du lien qui pouvait être fait entre la pensée autistique et une certaine forme de judaïsme (plutôt hermétique/érudit, à ce que j'ai compris) car les valeurs se rejoignent.
-a mentionné la sortie prochaine en français d'un ouvrage sur Asperger et le contexte nazi, et a parlé des conséquences potentielles qu'a pu avoir cette configuration très particulière sur la terminologie et les 1ères données concernant l'autisme.
-a parlé de la possibilité pour les autistes de se trouver un petit coin de terre tranquille où ils pourraient (enfin) avoir la paix (genre le Liechtenstein, qu'Hitler aurait zappé dans ses velléités d'invasions tellement ils sont discrets
). Avec humour, il a fait un parallèle avec Monaco et l'état d'esprit contraire.
-a passé un extrait de vidéo de la chanteuse Ladyhawke, en analysant ce qui pouvait sembler de nature autistique, mais a émis une réserve sur ce que pouvait apporter ce genre de "porte-drapeau" en termes concrets.
En fin de colloque il y a eu la fameuse discussion sur les "faux autistes", et aussi des réflexions sur l'accompagnement en termes concrets (quelques futures psychomotriciennes et autres dans la salle ont posé des questions).
Voilà, si ceux qui étaient là ont des corrections à faire et/ou précisions à donner n'hésitez pas. Je n'ai pu prendre aucune note, il y avait pas mal de bruit+agitation et j'étais complètement aux fraises pour diverses raisons, donc j'ai très bien pu comprendre certaines choses de travers. Il est de plus quasiment certain que je ne restitue pas tout exactement pareil car j'ai parfois du mal à verbaliser correctement les idées enregistrées (dans le cas où j'aurais tout bien compris).