Agressivité à l'école - cherche solution.

Discussions portant plutôt sur le point de vue des parents d'enfants autistes ou Asperger, par exemple : j'ai un problème avec mon enfant, que puis-je faire ?
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Artelise
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Agressivité à l'école - cherche solution.

#1 Message par Artelise » mercredi 23 mai 2018 à 17:22

Bien le bonjour à tous (ou le bonsoir :wink:)

Mon enfant de 12 ans a été diagnostiqué il y a peu.
Il est actuellement sur une liste d'attente pour pouvoir bénéficier de l'aide d'un thérapeute.
J'ai également complété un dossier pour demander la présence d'un assistant lors de ses heures de cours, il me reste à déposer le dossier (ce qui n'est pas évident car mon interlocuteur n'est que difficilement joignable - jamais dispo en tout cas lorsque j'appelle pour demander un rdv :? )

Il est actuellement scolarisé dans un établissement "normal". Le personnel enseignant, le directeur de l'école et les encadrants se montrent très compréhensifs envers lui. Ils s'efforcent tous de s'adapter à ses particularités et les difficultés auxquelles il fait face au quotidien. Il reste toutefois un soucis que nous ne savons pas trop comment aborder.
Il arrive en effet à mon fils de perdre le contrôle : une situation stressante ; l'accumulation de petits soucis ; un mot, un geste, un sourire, un rire mal interprété et il bascule dans une attitude agressive. Il ne peut alors s'empêcher d'attaquer le / la camarade de classe "responsable" ou la / le professeur qui tente de s'interposer ou qu'il juge responsable du problème.

A noter que ce n'est pas sa seule façon de réagir en cas de "crise", il lui arrive notamment de fuir littéralement et physiquement le problème à la recherche d'un lieu où il pourra retrouver son calme. Mais contre cette façon de réagir, nous avons commencé à mettre des stratégie en place tant à l'école qu'à la maison et nous commençons à comprendre quelle est la meilleure attitude à adopter pour l'aider à gérer ces moments difficiles.

Non, le problème, c'est de gérer les moments où il devient agressif. Surtout à l'école.
Le directeur préconise une méthode dont le but serait de lui faire comprendre que ses actions ne peuvent pas rester sans conséquence. Ainsi, puisqu'il n'est pas permis d'agresser un autre élève à l'école (et ailleurs d'ailleurs :wink:), le directeur a fortement suggéré d'agir ainsi : d'abord, je viens récupérer mon fils à l'école (youpi ! une heure de trajet à pied, bus et tram - rien que pour l'aller et la même chose au retour)* et ensuite, une fois de retour à la maison, je suis censé le priver d'utiliser sa tablette et l'ordi familial pour le "punir".

Outre le fait qu'il s'agit là de viser son "activité restreinte" - il pourrait passer des heures sur l'ordi et sa tablette - et j'ai déjà du mal à le raisonner et à limiter le temps qu'il passe sur ces écrans, j'avoue avoir du mal à concevoir comment une telle méthode pourrait donner de réels résultats durables. Et vous qu'en pensez vous ?

Personnellement, plutôt que de "punir", j'aimerais l'aider à mettre en place une ou des stratégies pour l'aider à ne plus avoir ce réflexe agressif lorsqu'il perd le contrôle. J'aimerais l'orienter vers un réflexe refuge non agressif. Mais j'ignore comment faire.

Avez vous été confronté à une telle situation ? avez vous réussi à aider votre / vos enfant(s) ? Si oui, comment avez vous fait ? Avez vous des conseils ? Une astuce, une stratégie que je pourrais essayer ou adapter à mon fils ?

merci d'avance pour votre attention.


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* la partie entre parenthèse est ironique - je ne me réjouis pas vraiment de la situation, bien au contraire.
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Manichéenne
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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#2 Message par Manichéenne » mercredi 23 mai 2018 à 17:41

La punition me semble contre-productive. C'est lui ajouter encore des raisons d'être en colère. Il me semble qu'il vaut mieux utiliser des renforçateurs positifs autant que possible. Par exemple, pour chaque journée sans problème il gagne x minutes de tablette le weekend.
Et puis surtout, punir pour une crise, c'est prendre le problème à l'envers : il ne choisit pas d'être agressif, il a trop subi une situation de handicap.

Est-ce que les causes ont vraiment été identifiées ? Réagir pour un mot ou un geste, ça peut être parce qu'il est déjà trop fatigué, parce qu'avant que l'enseignant ne regarde il y a eu bien pire (les harceleurs savent très bien faire croire que c'est l'autiste qui réagit pour un rien), ou parce qu'il a mal compris.
Est-ce qu'il est conscient que ça ne va pas avant d'en arriver là ?
Ensuite, il peut être possible de trouver des aménagements. Par exemple, qu'il obtienne le droit de s'isoler au CDI au lieu d'aller en récréation, qu'il puisse se mettre à l'écart pour avoir une activité relaxante ou un isolement sensoriel quand il en a besoin, prendre le temps de lui ré-expliquer ce qui s'est passé et comment il aurait pu agir autrement, expliquer aux autres comment rendre claires leurs intentions...
Artelise a écrit :A noter que ce n'est pas sa seule façon de réagir en cas de "crise", il lui arrive notamment de fuir littéralement et physiquement le problème à la recherche d'un lieu où il pourra retrouver son calme. Mais contre cette façon de réagir, nous avons commencé à mettre des stratégie en place tant à l'école qu'à la maison et nous commençons à comprendre quelle est la meilleure attitude à adopter pour l'aider à gérer ces moments difficiles.
Ca me semblait une bonne façon de réagir, je ne comprends pas trop pourquoi vous allez contre.
Je ne sais pas si je fais bien de réagir sur ce point, je risque de devoir apprendre à changer de comportement aussi. :mryellow:
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hazufel
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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#3 Message par hazufel » mercredi 23 mai 2018 à 17:43

Tu peux te référer à ce poste, car souvent les réactions d’agressivité sont liées à des situations de harcèlement par les autres, avant que l’enfant ne réponde.
harcelement à l'école ainsi que le fil des meltdown / shutdown.

Ensuite, la méthode de punition, euh... non.
D’abord toujours chercher à comprendre ce qui s’est réellement passé. Qu’est-ce qui a déclenché la réaction de ton fils. Ce n’est jamais pour rien. Si c’est parce qu’il n’a pas compris l’intention d’un autre, lui expliquer et si nécessaire avec des schémas si ça peut l’aider. Si c’est parce qu’il est fatigué à cause de surstimulations sensorielles, demander à ce qu’il puisse être isolé quand il le souhaite. A la bibliothèque ou dans une classe prévue pour les élèves qui souhaitent être au calme.
Les professeurs peuvent aussi expliquer les TSA à la classe, pour que les autres comprennent le mode de fonctionnement de ton fils. Par rapport à l’humour, l’implicite, le second degré, les surcharges sensorielles. Certains le font et des pairs viennent alors soudain prendre l’autre sous leurs ailes. Souvent des filles. Parfois ça n’aide pas.

Bien lui expliquer qu’on ne peut répondre par la violence mais lui donner les possibilités de faire autrement dans ce cas. Qu’il ait un référent pour lui parler de ce qui ne va pas, quelqu’un à son écoute. Qu’il ait un endroit pour hurler s’il en a envie, courir en sécurité, se mettre à l’écart, selon ses besoins.
Mais le punir ça ne servirait à rien, franchement...

Quelles stratégies avez vous mis en place quand il cherche le calme à l’école ?

Édit, j’ai écrit en même temps que Manichéenne, c’est donc redondant mais ma dernière question va dans le même sens que celle de Manichéenne. Pourquoi aller contre ?
Modifié en dernier par hazufel le mercredi 23 mai 2018 à 17:58, modifié 1 fois.
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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#4 Message par Meddio » mercredi 23 mai 2018 à 17:51

Bonjour,

Alors du point de vue de la classe ce que j'imagine :
1) mettre en place une espèce de signe, code, pour faire comprendre à l'enseignant qu'il ne va plus se contenir et qu'il faut qu'il sorte (ça implique que ton enfant puisse identifier les situations où c'est sur le point de déborder)
2) mettre en place une sorte de partenariat avec un camarade apaisant (est-ce qu'il a quelques camarades ?) qui pourrait l'accompagner à ce moment là et essayer de parler avec lui (une fois que c'est redescendu, j'entends), ou l'aider à se sortir de ces situations ou à ne pas s'y mettre.

Pour la cour de récréation, ça devient plus compliqué. Peut-être peut-il aller au CDI où c'est calme et où il encourt le moins de risques de vivre une situation "à risque".

Il faudrait systématiquement revenir sur les situations qui l'ont poussé à la crise pour essayer aussi une approche plus "chirurgicale" du problème avec un questionnement type :
- Qu'est-ce qui a provoqué ça ?
- Quel est la cause de cette situation (pourquoi elle s'est produite) ?
- Comment l'anticiper ?
- Si pas anticipable, comment réagir ?
- Comment éviter de rencontrer de nouveau la situation ?

Pour mettre en place une solution à l'échelle de la classe, le mieux est de contacter le professeur principal.
Pour l'échelle de l'établissement, il vaut mieux contacter la CPE (type, que faire pendant la récréation)
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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#5 Message par Milinou » jeudi 24 mai 2018 à 4:14

Bonjour, je suis d'accord avec ce qu'il y a au-dessus: pas de punition. L'agressivite est souvent une reaction immediate a une impression de blessure, il est blesse par une situation, les autres qui l'envahissent ou le surplus de stimulus..etc... Il faut trouver le declencheur. Ensuite, il faut qu'il apprenne a rediriger sa colere explosive vers un autre canal: lequel ??? ce serait a discuter avec le professeur principal, il faut quelque chose de simple et de puissant, pour remplacer la violence. Bonne chance!
Milinou, maman d'un petit chou trop chou, TSA, diagnostique en juin 2016 a 3 ans et demi, vivant a Valparaiso. Probable Asperger mais retard de langage mais bilingue.

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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#6 Message par mamangato » jeudi 24 mai 2018 à 21:03

la punition ne fonctionne pas. Car votre enfant ne peut pas controler son agressivité lorqu'il est en surcharge. Le punir, c'est lui dire "je n'accepte pas qui tu es".
C'est au collège que ma fille a dévellopé des réponses agressives, car trop de bruit, de gens, de messages diverses incompréhensibles pour elle, trop de social....d'ou une déscolarisation car à l'époque son autisme n'avait pas été détecté, d'autant plus qu'elle était rentré au collège à 9 ans.
Il va falloir aménager son temps de travail, lui permettre de récupérer au calme. Le fait qu'il cherche de lui meme le calme est une bonne chose. Il a compris comment reprendre le contrôle.
Il faut parler avec lui, tranquillement pour comprendre le déclenchement de la crise. Il aura peut etre du mal a l'expliquer, donc ne pas le bousculer, mais etre compréhensif.
Après , il faut voir si son emploi du temps n'est pas trop chargé, certains enfants autistes ont besoin d'un aménagement d'horaires car une journée complète à l'école, c'est trop long.
Maman d'une ado de 16 ans diagnostiquée TSA, dyspraxique, TOCs en février 2018 (CRA de Cabestany).

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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#7 Message par Siobhan » jeudi 24 mai 2018 à 21:48

Quelque chose de relativement facile à vérifier et d'éventuellement améliorable (désolé si ça a déjà été dit dans le fil de discussion, je n'ai pas tout lu) : dans la mesure du possible, je pense que c'est vraiment mieux que ton fils soit systématiquement positionné juste devant le prof, à chaque cours.
Parce que gérer les pitreries des copains de classe qui se trouveraient entre lui et le prof c'est probablement très ereintant pour lui.
homme, diagnostic TSA.

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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#8 Message par bidouille » vendredi 25 mai 2018 à 10:54

Artelise a écrit :Bien le bonjour à tous (ou le bonsoir :wink:)

Mon enfant de 12 ans a été diagnostiqué il y a peu.
Il est actuellement sur une liste d'attente pour pouvoir bénéficier de l'aide d'un thérapeute.
J'ai également complété un dossier pour demander la présence d'un assistant lors de ses heures de cours, il me reste à déposer le dossier (ce qui n'est pas évident car mon interlocuteur n'est que difficilement joignable - jamais dispo en tout cas lorsque j'appelle pour demander un rdv :? )

Il est actuellement scolarisé dans un établissement "normal". Le personnel enseignant, le directeur de l'école et les encadrants se montrent très compréhensifs envers lui. Ils s'efforcent tous de s'adapter à ses particularités et les difficultés auxquelles il fait face au quotidien. Il reste toutefois un soucis que nous ne savons pas trop comment aborder.
Il arrive en effet à mon fils de perdre le contrôle : une situation stressante ; l'accumulation de petits soucis ; un mot, un geste, un sourire, un rire mal interprété et il bascule dans une attitude agressive. Il ne peut alors s'empêcher d'attaquer le / la camarade de classe "responsable" ou la / le professeur qui tente de s'interposer ou qu'il juge responsable du problème.

A noter que ce n'est pas sa seule façon de réagir en cas de "crise", il lui arrive notamment de fuir littéralement et physiquement le problème à la recherche d'un lieu où il pourra retrouver son calme. Mais contre cette façon de réagir, nous avons commencé à mettre des stratégie en place tant à l'école qu'à la maison et nous commençons à comprendre quelle est la meilleure attitude à adopter pour l'aider à gérer ces moments difficiles.

Non, le problème, c'est de gérer les moments où il devient agressif. Surtout à l'école.
Le directeur préconise une méthode dont le but serait de lui faire comprendre que ses actions ne peuvent pas rester sans conséquence. Ainsi, puisqu'il n'est pas permis d'agresser un autre élève à l'école (et ailleurs d'ailleurs :wink:), le directeur a fortement suggéré d'agir ainsi : d'abord, je viens récupérer mon fils à l'école (youpi ! une heure de trajet à pied, bus et tram - rien que pour l'aller et la même chose au retour)* et ensuite, une fois de retour à la maison, je suis censé le priver d'utiliser sa tablette et l'ordi familial pour le "punir".

Outre le fait qu'il s'agit là de viser son "activité restreinte" - il pourrait passer des heures sur l'ordi et sa tablette - et j'ai déjà du mal à le raisonner et à limiter le temps qu'il passe sur ces écrans, j'avoue avoir du mal à concevoir comment une telle méthode pourrait donner de réels résultats durables. Et vous qu'en pensez vous ?

Personnellement, plutôt que de "punir", j'aimerais l'aider à mettre en place une ou des stratégies pour l'aider à ne plus avoir ce réflexe agressif lorsqu'il perd le contrôle. J'aimerais l'orienter vers un réflexe refuge non agressif. Mais j'ignore comment faire.

Avez vous été confronté à une telle situation ? avez vous réussi à aider votre / vos enfant(s) ? Si oui, comment avez vous fait ? Avez vous des conseils ? Une astuce, une stratégie que je pourrais essayer ou adapter à mon fils ?

merci d'avance pour votre attention.


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* la partie entre parenthèse est ironique - je ne me réjouis pas vraiment de la situation, bien au contraire.
Mon ptit gars plus jeune a aussi ce type de probleme, on a bien fait baissé. Lui dire c'est pas bien et le punir, pour moi ca ne l'aide pas, dans le sens ou on ne l'aide pas a savoir quelle attitude il sera adapté qu'il ai. Ca lui fait eventuellement comprendre que son comportement ne conviens pas, mais quel est le comportement qui convient?

Ca necessite d'analyser la situation avec lui et de voir ce qu'il aurait pu faire d'autre pour se sortir de la situation plutôt que de devenir agressif. De lui apprendre a communiquer aussi ce qu'il ressent, voir a analyser les reactions des autres.

Ici nous faisons des scenarion sociaux, sous forme de ptites BD, ou je dessine la situation puis je met une vignette avec ce qu'il a fait, en precisant que c'est le mauvais comportement, puis je dessine ensuite une vignette avec le bon comportement.

Ensuite la punition qui est que maman viens le chercher, sachant que l'école peux etre très anxiogene et qu'il peux donc trouver un interet a rentrer chez lui , et a retrouver sa maman, ca peux renforcer positivement un mauvais comportement.

Berf la solution proposée me semble contreproductive aussi, dans l'ensemble punir un enfant autiste est le plus souvent contreproductif. Car leurs réactions ne sont pas du a une mauvaise volonté, mais a une incomprehension d'une situation, ou une difficulté a savoir quoi faire, quoi dire. et punir l'enfant ne l'aidera pas a mieux comprendre, ni a savoir ce qu'il aurait pu faire...
Maman bizarroïde d'un grand ado de 16 ans (EIP TDA) et d'un ado de 14 ans Asperger TDAH.

Tous différents , tous humains!

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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#9 Message par Artelise » vendredi 25 mai 2018 à 18:22

Merci à toutes et à tous pour vos interventions.

Vous semblez tous penser que la punition n'est pas la solution, ce qui me conforte dans ma première impression.

Pour ce qui est des différents conseils que vous m'avez fourni, il faut savoir qu'il y a déjà eu des efforts d'aménagements qui vont dans le sens que vous indiquez.
On a déjà essayé de raccourcir ses journées (sachant que, en Autriche, les enfants font des "demi-journées" - à savoir qu'ils ont entre 4 et 6 heures de cours par jour, concentrées le matin et en début d'après midi). On lui a proposé des lieux où il peut venir se reposer ou décompresser lorsqu'il parvient à anticiper une crise. Pour les récréations, malheureusement, même s'il sait qu'il lui est possible de s'isoler (en cherchant refuge dans le bureau du directeur, par ex), il est encore trop partagé entre l'envie d'être avec ses camarades de classes et son besoin de repos - qu'il n'identifie pas toujours clairement. Il a donc tendance à vouloir rester avec ses camarades autant que possible et lorsqu'il sature, il perd le contrôle à une vitesse telle que, le temps qu'il réalise qu'il a un problème, il est déjà trop tard.

Concernant les cas où il réagit par un réflexe de fuite, le soucis, c'est qu'il ne fuit pas toujours de manière suffisamment raisonnée pour se diriger vers les zones refuges qu'on a pourtant défini avec lui. Il lui arrive de fuir dans la rue sans tenir compte du danger. D'où la nécessité de mettre en place des stratégies "protectrices" pour intervenir et l'amener à se réfugier dans un endroit vraiment sécurisé et non pas de manière chaotique et dangereuse. Ce qui implique parfois, à mon grand désespoir, de l'attraper à bras le corps pour le transporter - littéralement - dans un endroit où on pourra de nouveau le lacher et où il pourra enfin retrouver son calme.

Je prends note de la suggestion de Bidouille concernant la petite bd. Je ne sais pas très bien dessiner, mais avec des petits personnages stylisés, ça pourrait lui permettre effectivement de visualiser les choses et mettre en scène de manière plus concrète la bonne manière de réagir. Une alternative serait de rédiger des minis scenarii ensemble avec petits dialogues et tout ça. Ou alors de mettre en scène des petits playmobiles (mais on en a pas beaucoup à la maison^^).

Je vais essayer de faire une liste des déclencheurs pour voir s'il y a une tendance qui en ressort. Si on parvient à lister les points sensibles, on saura mieux à quelles situations potentiellement explosives le préparer.

Je crois déjà avoir remarqué que la notion de propriété / territoire semble intervenir souvent dans ses explications. Ainsi, ce matin encore, il a perdu le contrôle après que ses camarades de classe se soient imposés dans un jeu (beyblade) auquel il voulait jouer uniquement avec un camarade de classe qu'il considère comme un ami. Son ami n'y a pas vu d'objection et il a laissé ses autres camarades de jeu s'incruster dans leur partie, mais Arthur y a vu une intrusion et lorsque finalement il y a eu débat pour savoir à qui appartenait une toupie (qui appartenait à mon fils), il a perdu le contrôle. Son ami a essayé de le défendre et de lui faire rendre sa toupie. Mais il était trop tard. Mon fils avait déjà l'impression d'avoir été trahi par son ami (en rapport avec l'incrustation des autres) et "volé" par l'autre élève qui semblait vouloir s'attribuer la propriété d'une toupie qui était pourtant bel et bien à lui. Il a fuit. Dans la rue...

@MudBloodKnowItAll : en effet, gérer le bruit et l'agitation dans sa salle de classe est éreintant pour lui. Et il n'est déjà pas très éloigné du bureau de son professeur (du moins dans la salle principale attribuée à sa classe. J'ignore ce qu'il en est dans les autres salles lorsqu'un changement de salle s'impose (activités manuelles par ex.) Mais de ce que j'ai pu constater, j'ai l'impression que la méthode éducative qui est prôné dans ce collège laisse de la marge au niveau du bruit et des déplacements dans la classe. Le silence absolu n'est pas exigé, il me semble. Des règles concernant la prise de paroles ont bien été mise en place, mais la salle de classe n'est pas vraiment silencieuse non plus.

Enfin pour conclure cette réponse, je partagerais avec vous ma récente nouvelle compréhension de la situation : suite à la lecture du premier chapitre du livre de Tony Attwood (le syndrome d'Asperger - le guide), je pense que mon fils a développé une type de compensation qui pourrait rentrer dans la catégorie du déni et de l'arrogance (en adjonction avec une compensation de type "dépression réactive").
La description que fait Attwood de ce mode de compensation correspond en effet beaucoup à ce que j'ai pu constater chez mon fils.
Spoiler :  : 
Lorsqu'ils ne savent que penser des intentions des autres ou que faire dans une situation sociale [...] l'émotion "négative" résultante peut aboutir au sentiment erroné que les actions de l'autre personne étaient délibérément malvaillantes. La réaction est d'infliger une douleur équivalente, parfois par le biais d'une vengeance physique.
Le truc étant que parfois, lorsqu'il réalise qu'il perd pied et qu'il craint de s'en prendre à ses camarades de classe ou la personne "responsable", il fuit. Car il ne veut pas "être violent ou méchant" - je le cite. Aucune des solutions n'étant réellement satisfaisante, évidemment. Surtout lorsque cela le conduit dans la rue..^^
Pensez vous qu'il soit possible de "l'orienter" vers un autre mode de compensation ? La compensation par l'imitation ou la fuite dans l'imaginaire me semblerait plus gérable et moins dangereuse :?
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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#10 Message par Siobhan » vendredi 25 mai 2018 à 19:56

Artelise a écrit :
Spoiler :  : 
(...)Car il ne veut pas "être violent ou méchant" - je le cite.(...)
Je te trouve ça extrèmement mature de la part de ton fils d'analyser ça et d'avoir le courage de le partager avec toi.
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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#11 Message par freeshost » vendredi 25 mai 2018 à 21:47

Artelise a écrit :un mot, un geste, un sourire, un rire mal interprété et il bascule dans une attitude agressive
Encourager toutes les personnes (vous, enseignants, psychologues, psychiatres, pédagogues, logopédistes, AVS, ergothérapeutes, autres élèves, etc.) à communiquer avec des mots, de manière directe, explicite (sans les implicites : sous-entendus, second degré, charriages, tropes, codes sociaux que n'ont pas acquis spontanément les personnes autistes, etc.), sans amalgames (et autres ambiguïtés, double-sens). Ne pas se baser sur le langage non verbal et les implicites.

Discuter avec lui pour mieux comprendre comment il veut que les personnes communiquent avec lui.

Expliquer le spectre autistique, expliquer votre fils spécifiquement, aux autres élèves, pour que ceux-ci comprennent. Les autres élèves sont capables de compréhension et d'adaptation. Certes jeunes, ils sont déjà des acteurs. Et puis ça leur donnera déjà une certaine connaissance et une certaine expérience de l'autisme, d'une personne autiste. C'est l'occasion de leur expliquer le spectre autistique, étant donné que celui-ci n'est pas compris dans le programme de l'école obligatoire.

Petit rappel (à partager à tous les acteurs) : beaucoup de personnes autistes vont moins souvent obéir aveuglément (par conformité ; effet Asch). Elles ont besoin de comprendre le pourquoi des codes sociaux, lesquels ne sont pas automatiquement inconsciemment intégrés, acquis.

Tant qu'à faire, tant qu'on y est, autant copier-coller un message privé que j'ai récemment envoyé à une autre personne à laquelle je répondais (je me dis que ça peut être utile pour beaucoup de personnes) :
freeshost a écrit :1. Les fausses idées sur l'autisme :

Il y a diverses fausses idées qui circulent sur le spectre autistique (et sur bien d'autres choses : le préjugé est enfant de l'ignorance, la sacralisation et la diabolisation le sont aussi), comme celles du type "Tu es capable de ... donc tu ne peux pas être autiste."

Il y a aussi le biais de représentativité qui peut biaiser les représentations du spectre autistique que peuvent avoir les personnes. En ce qui concerne la représentation des personnes autistes, beaucoup de personnes s'imaginent soit l'idiot du village (retardé, avec déficience intellectuel) soit le singe savant ou aux superpouvoirs (Rain Man). Or, on sait que, dans la réalité, les extrêmes sont moins probables (courbe de Gauss). Il faut donc faire l'effort de considérer toutes les nuances, tous les continuums (d'où le fait qu'on parle de spectre, et non de population de clones qui auraient tous le même comportement).

Ou encore : les autistes bavent, les autistes se tapent la tête contre les murs, etc.

2. Les spécificités alimentaires :

Concernant les spécificités alimentaires possibles et variables d'une personne autiste à l'autre, tu peux lire cette discussion.

3. Le harcèlement :

Le harcèlement et autres formes d'attaques sont malheureusement légion dans tous les pays, et les personnes autistes, les personnes hp, les femmes, etc. constituent parmi les cibles de choix. Il y a encore beaucoup à faire, et ce dès l'école obligatoire :
- sensibiliser les élèves aux conséquences du harcèlement,
- trouver d'autres occupations que le harcèlement,
- accepter le non-consentement, car le harcèlement n'est pas ma tasse de thé,
- sensibiliser les élèves au spectre autistique (entre autres ; je mettrais bien plus de psychologie cognitive et sociale, d'éthique humaniste dans le programme),
- apprendre à vivre sans bouc émissaire,
- apprendre à vivre sans réponse, à accepter le "je ne sais pas", le "nous ne savons pas", le "personne n'a encore trouvé la réponse à cette question",
- etc.

Être une personne harceleuse n'est pas une fatalité ou un passage obligé de la vie. Voilà un message à faire passer à bien des personnes "adultes".

4. Être le chef :

Là, je dirais qu'il faudrait discuter de lui pour essayer de comprendre pourquoi il veut être le chef.

Parfois, A veut être le chef parce qu'un autre chef B lui impose ad nauseam, par la force ou par la menace, des choses dont il ne veut pas. "Mieux vaut être chef qu'esclave." Est-ce que B n'essaie pas de lui imposer des normes sociales, comme "être/faire comme les autres" ? Ou d'autres impositions dont A ne veut pas ? Probablement que A et B ont des représentations très différentes sur l'objet de leur conflit. [Ça peut être la notion d'ordre dans la chambre, la notion (et la gestion) du temps, les notions de socialisation et de solitude, les intérêts spécifiques, entrer dans le moule, utiliser le langage verbale, utiliser les formes de politesse, etc.]

Une personne autiste va rarement accepter des ordres sans comprendre le pourquoi, encore moins si ce qu'on lui demande lui semble contraire à son éthique. Elle a besoin de comprendre, pas d'obéir machinalement, aveuglément, comme un esclave à quelque autorité.

Les autoritarismes réveillent les rebellions. Lire aussi La ferme des animaux (le livre ne parle pas du spectre autistique, mais de qui devient calife à la place du calife). Or, souvent, chez les personnes autistes, l'autorité n'est pas un "argument" (mais un sophisme). Je connais peu de personnes autistes qui ont fait le service militaire. :lol: Chez les personnes autistes, les curseurs de la violence symbolique sont différemment placés. Lire aussi Pierre Bourdieu et La Reproduction.

5. La neurodiversité, un combat politique :

D'ailleurs, il y a tout un mouvement, celui de la neurodiversité, qui promeut (1) l'acceptation des personnes autistes telles qu'elles sont ainsi que (2) la participation des personnes autistes aux processus de décision.

(1) Ce mouvement remet en question l'imposition aux personnes autistes d'acquérir les mêmes comportements que les personnes non autistes (ainsi que les diverses méthodes ad hoc) : regarder dans les yeux, éliminer les stéréotypies, faire la conversation (le small talk), etc. Ce mouvement critique donc les volontés d'éradiquer l'autisme, l'association "Vaincre l'autisme". Dans une perspective plus large, ce mouvement critique toutes les neurodiscriminations : discriminations envers les personnes LGBTAQI, envers les personnes schizophrènes, envers les personnes sourdes, etc. En bref, il critique l'homogénéisme, ces idées selon lesquelles la société devrait être homogène, ou selon lesquelles l'ensemble des individus a une essence commune (les tentations essentialistes). Il vaut mieux faire connaître que l'existentialisme est un humanisme. Les tentations eugénistes dérivent souvent (toujours ? "par essence" ? :lol: ) de tentations essentialistes.

(2) Ce mouvement critique aussi le fait que, dans beaucoup d'associations qui veulent aider et aident les personnes autistes, il n'y ait pas de personnes autistes dans les "hautes sphères" (les comités, la présidence, par exemple). Nothing about us without us, rien sur nous sans nous. Il est aussi fortement lié au mouvement qui critique le capacitisme, la discrimination sociale envers les personnes qui ont des handicaps.

Il se peut aussi qu'il n'aime pas, comme pas mal de personne autistes, qu'on déplace, enlève ou ajoute des objets dans sa chambre. Un moindre changement imprévu peut parfois déboussoler la personne autiste.

Des discussions ouvertes et à l'écoute s'imposent, pour comprendre et aider à comprendre.

6. Les discussions juste interactives (le small talk) :

La plupart des personnes non autistes aiment le small talk, parler juste pour faire la conversation (parler de soi, s'intéresser à ce qu'a fait l'autre, faire des commentaires sur la nouvelle coiffure, discuter autour de la machine à café). À l'inverse, elles n'aiment pas les silences autour d'une table. Ceux-ci sont interprétés négativement (mauvaise ambiance, il fait la gueule, elle nous snobe, on l'a vexé ?, etc.).

Au contraire, les personnes autistes aiment plutôt parler de quelque chose qui a un fond, qui a de la matière (les intérêts spécifiques). Et s'il n'y a plus rien à rajouter sur le sujet, la conversation est souvent terminée. Et les silences autour d'une table ne les gênent pas. Des personnes autistes autour d'un restaurant ne seront pas gênées par des moments où personne ne parle pas.

En bref, les interactions sociales sont beaucoup plus fatigantes pour les personnes autistes car :

- chez les personnes non autistes en général, il y a une sélection et hiérarchisation automatique des informations (stimulus sensorielles, informations véhiculées par le langage), laquelle n'est pas automatique mais consciente chez les personnes autistes,
- dans une communication entre personnes non autistes, le langage non verbal (faciale, ton, gestuelle, posture, mouvements, etc.) occupe un bon 80 % de la communication, face à un petit 20 % de langage verbal (les mots) ; chez les personnes autistes, le langage non verbal n'est pas automatiquement appris en général, d'où le fait que les personnes autistes comprennent peu/pas celui-ci, donc, par conséquent, l'utilisent moins ; c'est un des facteurs qui favorise l'impression, chez les personnes non autistes, qu'une personne autiste lui paraît bizarre,
- pas mal de personnes autistes ont de la peine avec les implicites (l'ironie, les sous-entendus, les blagues pour charrier, le second degré, les règles tacites, les codes sociaux) et avec certaines figures de style, dont notamment les tropes (métaphore, métonymie, etc.).
- pas mal de personnes autistes ont, en sus, des hypersensorialités (hyperacousie, forte sensibilité à la lumière, aux odeurs, tactile, vestibulaire, etc.),
- pas mal de personnes autistes ont des hypersensibilités (notamment émotionnelle ou face aux injustices, aux abus, aux souffrances, à l'instar de pas mal de personnes haut potentiel),
- si d'autres troubles (TDA/H, troubles dys, etc.) viennent s'ajouter à la compilation de handicaps, ça peut rendre encore plus difficile la communication.

(...)
Je chercherais aussi à rechercher et observer les différents facteurs qui le poussent à devenir agressif. L'adaptation va dans les deux sens. Si une personne (autiste ou non) doit s'adapter aux autres élèves, les autres élèves doivent aussi s'adapter à cette personne. D'où la nécessité de faire connaître le spectre autistique, la personne autiste, aux personnes (même s'ils elles n'ont "que" douze ans [elles ont déjà beaucoup d'expérience, sociale, psychique, philosophique, etc.]). Une personne, même autiste, sera peu motivée à s'adapter aux autres personnes si celles-ci ne font pas d'efforts pour s'adapter à elle, à l'accepter telle qu'elle est. Il est question d'humanisme, de neurodiversité, d'éviter le "tu dois être comme nous", "notre groupe est homogène".

Il a beaucoup été dit, sur ce forum, hors de ce forum, dans diverses conférences, qu'il est contre-productif de priver une personne (autiste ou non !) de ses intérêts spécifiques. Nous n'avons pas toutes les mêmes sources de motivation. Et l'interaction sociale, le small talk, n'est pas la source de motivation suprême chez les personnes autistes.

Si vous êtes prêts à faire rentrer les personnes autistes dans le moule à tout prix, vous êtes prêts à utiliser toute personne comme de la marchandise commerciale, électorale, etc.
J'ai l'étrange sentiments de n'être que du bétail
Mais s'job (si la job, le travail, l'emploi) là même si c'est pas l'paradis
J'peut pas m'permettre de la perdre
Et c'est bien ça l'erronie (l'ironie)
Les Cowboys Fringants - Par chez nous

L'ironie... ben, c'est que l'autisme, ça ne se perd pas, ça ne se vainc pas.

Sinon, on connaît déjà le peu d'efficacité du "renforcement négatif". Déjà, les personnes non autistes ne sont pas de purs chiens de Pavlo. Ben, les personnes autistes le sont encore moins. Elles ne vont que moins souvent obéir à l'autorité aveuglément, à la violence symbolique (lire ma citation).

Le bâton ne fait que souffrir ; la carotte, elle allèche, éveille la curiosité. Et il y a plusieurs sortes de carottes ! Les bâtons, il y en a peut-être plusieurs, mais ils font tous mal. Ouch ! Le système nerveux en prend un coup. C'est pas ça qui va laisser place à la sérénité.

Vous avez bien compris que je préconise la carotte, laquelle est comestible, contrairement au bâton. L'affaire ne peut pas rouler (marcher comme sur des roulettes) si on lui met des bâtons dans les roues. Faut pas s'étonner que ça ne tourne pas rond. Ce n'est pas ainsi qu'on va résoudre la quadrature du cercle. On ne peut pas être à la fois algébrique et non algébrique. :mrgreen: Bien sûr, nous ne sommes pas que des nombres dans une matrice "productiviste" (ou aveuglée par ce qu'elle idéalise comme un "productivisme"). :lol:

On dit souvent aux personnes adultes de ne pas oublier qu'elles ont été enfants. Ben...

- ce n'est pas évident pour des personnes non autistes d'imaginer la vie d'enfants autistes, donnons-leurs outils, les témoignages d'enfants autistes, les conférences (sur YouTube, entre autres),
- c'est encore moins évident pour une personne adulte autiste d'imaginer la vie d'enfants non autistes (même si elle en a vu beaucoup).

Partageons les connaissances, ne les marchandisons pas ! Mettons directement dans le domaine public, sur l'internet. Cela réduire le nombre d'obstacles au libre partage des connaissances, à la prise de connaissance des autres, du livre-ensemble, de l'humanisme.

C'est quand même pas croyable... il faut recommencer le même combat à chaque nouvelle différence (visible ou invisible, invisible en l'occurrence). La communauté ne peut-elle pas apprendre d'un coup l'humanisme, développer des attitudes d'écoute et d'adaptation peu importe les personnes nouvelles-nées, peu importent les différences (peur de l'inconnu), peu importent les similitudes (jalousies) ?

On préconise plutôt la piste : partir des sources de motivation (les intérêts spécifiques notamment chez les personnes autistes) puis développer l'arborescence des sources de motivation (comme chez moi :mrgreen: ; la pensée arborescente a des avantages, pour peu que l'on aide la personne avec cette pensée arborescente à la contrôler un tant soit peu). Bizarrement, avec les personnes autistes, on n'applique pourtant plus cette auguste maxime... aurait-on peur que la personne oublie tout le reste ? Certes, on peut comprendre cette peur. Mais c'est souvent cet intérêt spécifique laissé à son libre épanouissement qui va encourager la personne (autiste ou non autiste) à faire pousser l'arbre vers d'autres branches. Une personne passionnée de mathématique peut, de fil en aiguille, se diriger vers la physique, l'informatique, la chimie, la biologie, la géographie, la psychologie, la sociologie, la philosophie, l'éthique, le droit, l'économie, l'ethnologie, la culture, les arts, l'histoire, etc.

Puisque j'aime écouter de la musique en même temps que j'écris ce message, je n'aimerais pas être privé de musique, d'accès à l'internet.
Puisque j'aime me détendre, je n'aimerais pas me détendre avec de la musique, avec des moments à moi (le droit à l'indisponibilité, comme je l'appelle), avec des moments de silence, avec des moments à rire (fût-ce juste dans ma tête, même si ça ne se voit pas).
Puisque je bois un bon vin rouge en même temps que j'écoute cette musique et que j'écris ce message et que j'élabore mes réflexions, mon pied tapant au tempo de la musique, ma tête faisant de même, je n'aimerais pas être privé du droit d'acheter une bouteille de vin au magasin, de taper de la main ou du pied au tempo ou au rythme sur ma table, sur la table dans la classe, sur le fauteuil du train, du bus ou du métro, parfois en sirotant un bon vin. :mrgreen:

Sinon, concernant le contexte scolaire, il y a le phénomène "anti-intello" (une histoire de jalousie parfois, mais souvent une méconnaissance, les personnes autistes apparaissant souvent comme pédante, ou leur comportement peu social étant parfois interprété comme condescendant, suffisant, alors qu'il ne l'est pas). À mon avis, le phénomène anti-intello me semble lié à la croyance en un monde juste, "équilibré". "S'il est très bon dans certains domaines, il a forcément des domaines moins bons." [Il ne peut pas être bon partout. Jalousie... comparaison n'est pas raison.] ou "S'il est très mauvais dans certains domaines (la communication sociale par exemple), c'est qu'il doit être très bon dans d'autres domaines ("Rain Man" et autres biais)."

Revenons sur l'agressivité. Il faut aussi regarder l'agressivité (parfois symbolique, implicite, non verbale, etc. tout ce que la personne autiste maîtrise beaucoup moins, et qui est d'autant mieux caché par la personne non autiste) venant des autres élèves. Quelles raisons d'être agressifs envers les personnes différentes ? Ne faudrait-il pas partager la neurodiversité dès le plus jeune âge ? Faire connaître le spectre autistique, le spectre schizophrénique, le spectre genres-orientations-sexuelles, etc. ?

[On peut bien continuer d'enseigner que l'embryon vient de la rencontre d'un spermatozoïde et d'un ovule, rien ne devrait empêcher de rajouter que des hommes ne se sentent pas hommes, que des femmes ne se sentent pas femmes, que des hommes qui se sentent hommes sont attirés par des hommes, que des femmes qui se sentent femmes sont attirées par des femmes, que des personnes ne se sentent ni totalement hommes ni totalement femmes (on en revient au biais de représentativité, lequel favorise des stéréotypes, des stéréotypes de genre en l'occurrence), que des personnes (bisexuelles) sont attirées à la fois par les hommes et par les femmes, que des personnes (pansexuelles) se sentent attirées par les hommes, par les femmes et autres), que des personnes (asexuelles) n'ont pas d'attirance sexuelle, etc. Surtout : que la catégorisation n'est jamais définitive, qu'elle est sans cesse évoluante. On découvrira probablement dans la suite de nouvelles catégories, de nouveaux "profils", de nouvelles personnes. Développer l'humanisme, c'est se préparer à toutes les différences, non seulement celles déjà connues, mais aussi celles à venir, qu'on ne connaît pas encore.]

Bref, je me suis encore un brin étalé (un brin, parfois c'est encore pire, plus long...). :mrgreen:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Artelise
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Re: Agressivité à l'école - cherche solution.

#12 Message par Artelise » lundi 28 mai 2018 à 11:14

oups, un peu trop long à lire pour le moment.. je repasserai !
merci, toutefois pour avoir prit le temps de formuler une telle réponse ! :D
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Maman "Asperger" d'un petit garçon et d'une petite fille tout deux diagnostiqués "Asperger".
:roll:

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