Jolteon a écrit : ↑lundi 1 novembre 2021 à 12:09
Je vois pas trop ce qu'il y a de drôle... Je trouve ça plutôt triste au contraire de constater que nous sommes beaucoup de personnes autistes diagnostiquées tardivement à l'âge adulte malgré des difficultés présentes depuis toujours.
En fait en début de scolarité si les notes sont bonnes mais qu'il y a des difficultés on les reproches à l'élève car personne n'imagine qu'un élève qui a des bonnes notes puisse être en situation de handicap, et dans la suite de la scolarité quand les difficultés continuent et s'accentuent on n'envisage pas non plus qu'il puisse y avoir quelque chose car ça aurait été détecté avant. Quand je repense à tout les signes qui étaient là et dès le primaire...
Après pareil lorsque j'avais passé certains tests qui montraient mes difficultés la personne qui m'avait fait passer les tests m'avait dit que c'était étonnant et déjà bien d'en être arrivé là, que j'avais du mérite. Mais si j'avais eu connaissance de mon autisme plus tôt et ma famille aussi je ne suis pas sûre que j'aurais fait autant d'efforts au détriment de ma santé et de mon bien être.
J'ai pas vraiment compris non plus pourquoi ça amène à rire, j'imagine que c'était surtout dans un ton "Arrête de dire des conneries, c'est pas vrai, sinon t'aurais pas pu t'en sortir jusqu'aux études sup sans problème".
Pour justifier ça, quand on m'a demandé comment j'ai fait pour en arriver jusque là sans rien, j'ai juste expliqué que j'avais eu certains diagnostics que très tardivement par le fait que j'ai pu énormément compenser mes difficultés pendant longtemps et que personne n'avait pris au sérieux mon quotidien. Je n'ai même pas évoqué le fait que ce qui m'a permis de compenser, c'était le fait que j'avais des atouts.
J'en ai marre de cette question d'intelligence et d'intellect qui revient tout le temps.
Quand j'ai parlé de mes différents troubles (qui sont multiples en plus) à la personne en question, elle a pourtant été ultra compréhensive et je lui ai expliqué que de toutes façons, peu importe les atouts à coté ou la façon dont ça impacte notre vie, l'autisme ça reste l'autisme et c'est présent tout le temps.
Cardamome a écrit : ↑lundi 1 novembre 2021 à 14:17
Oh comme je comprends tellement ces phrases...
Combien de fois les instits ont puni mon fils en en rajoutant car "tu n'es pas bête" d'un air de dire toi encore moins qu'un autre tu n'as pas la droit de faire telle chose.
Ou l'humilier car il écrivait mal, lui qui savait si bien lire, c'est qu'il le faisait exprès...
Et j'ajoute même le paradoxe terrible du bon élève pertinent, moteur de la classe mais avec une AESH ("pourtant, il percute bien... Il n'a pas besoin d'AESH") qui ne pourra pas poursuivre ses études à cause de tout (=ce qui découle de son handicap le TSA) sauf ses capacités intellectuelles
rares sont les personnes capables d'envisager, de comprendre et de croire cet apparent paradoxe...
Ça peut arriver aussi en dehors du cadre scolaire. Depuis que je suis diagnostiquée, il m'arrive souvent, dans la famille, qu'on me reproche de ne pas parvenir à faire quelque chose ou de ne pas supporter sous prétexte que "Je ne suis pas débile non plus, faut pas exagérer !", comme si l'intellect avait quelque chose à voir de manière directe dans l'autisme. C'est en ça que pendant un temps, même si ça ne fait qu'à peine plus de 4 mois que j'ai été diagnostiquée, je me suis résignée à me convaincre que mon entourage ne comprendra jamais ce que c'est.
Sinon, souvenirs des livrets scolaires et bulletins de maternelle et primaire que ma mère avait ramené au C.R.A. pour l'ADI, où en maternelle, il était écrit dans les appréciations que j'étais "têtue" et que je "refusais" de parler... Au début primaire, je me faisais régulièrement engueuler parce que je ne parlais pas et que souvent, je ne répondais pas quand on s'adressait à moi.
Sauf que c'était encore quelque chose de bien plus profond qu'un simple "mutisme"...
Après ce qui figurait sur les bulletins, comme déjà dit ailleurs, c'était les excellents résultats à l'écrit, la lenteur excessive voir extrême qui revenait souvent, l'absence d'expression verbale de manière spontanée, qui a d'ailleurs, failli nuire à mes résultats car impossible de m'évaluer à l'oral, l'absence d'échanges et d'interactions avec les camarades, les crises d'angoisses violentes et paralysantes lors des changements de programmes, de certaines activités ou des sorties...
Bref, idem, avec du recul, je me demande comment personne ne s'est rendu compte plus tôt. Après, malheureusement, malgré une recommandation de bilan CMPP début primaire, je n'avais pas un contexte socio-familial qui a permis ces bilans et j'avais même un contexte très très complexe à l'époque. Idem, ça en a rajouté une couche pour dire que mes difficultés étaient liées à ça alors que bien prouvé qu'elles étaient présentes depuis toujours.
Bref, tout ça pour dire que c'est vraiment horrible, le jour où ça pète. J'ai encore le souvenir de ma première année d'études sup, seule, lâchée dans la société, l'indépendance, l'autonomie à quasi 700km de la maison, dans un endroit où je ne m'adapte pas... Voir toutes les difficultés qui remontent à la surface sur le plan scolaire, qui ont fait l'objet d'humiliation envers moi de la part de certains enseignants de l'établissement où j'étais... Je me suis retrouvée mutique++ encore plus profond et j'avais l'impression de revivre la maternelle quand je me faisais engueuler parce que je n'arrivais pas à faire quelque chose ou que je ne pouvais pas parler.
Cette intolérance, ce "non-droit" dans le fait de ne pas réussir, de ne pas comprendre, de ne pas savoir. Je comprendrai jamais.
Je crois qu'aujourd'hui, une des angoisses les plus pesantes dans mes études, c'est ce souvenir de ce sentiment de "Ne pas avoir le droit à l'erreur"...
Et je pense aussi, en creusant un peu plus, que ce qui m'incite à stagner encore dans mes études, de manière inconsciente, parce que soyons clairs, que ça ne me plaît pas, c'est aussi cette peur, je pense. J'ai beau avoir excellé tout le long avant, l'humiliation de ma 1ere année de sup, elle est encore présente, même si depuis, j'ai changé de cursus, d'établissement, de ville... Ça reste ancré et ça m'a brisé tout le peu de confiance qu'il me restait.
Je ne vais pas contacter tous mes profs de la fac pour leur expliquer mon parcours comme si en quelques sortes, ça justifiait le fait que depuis, je prends presque du plaisir ou je suis indifférente au fait de m'enfoncer et de ne plus avancer parce que c'est faux, ça ne me plaît pas mais je crois qu'on avait placé tellement d'espoirs en moi, sans me laisser penser que l'échec était possible pour moi avant que je me mange la gu*ule bien comme il faut que... J'ai eu besoin pendant un temps d'enfoncer le clou pour dédramatiser cet échec "inattendu".
Sauf que maintenant, il faut que je me relève... Et cette année, je l'ai surtout remarqué ces deux dernières semaines où ça a été très dur pour moi, beaucoup de mes profs de fac sont derrière moi et se permettent de m'assister un peu plus que les autres étudiants.
Je le vis pas super bien dans un sens, déjà par le fait que ça me rappelle de mauvais souvenirs notamment de la 1ere année de sup mais aussi parce que ça annonce une sorte d'engagement : si je me fais aider, alors, il faut que je fournisse aussi ma part d'efforts de mon coté et que je laisse de côté ma procrastination et que je fasse tout pour que la coopération se passe bien et que ça fonctionne, m'obliger à fournir des efforts pour bosser.
Et d'un autre côté, ça me touche parce que je me dis que s'ils font ça, au-delà du fait que j'ai rempli un contrat pédagogique de réussite en début d'année, c'est qu'ils pensent que ça en vaut la peine, sinon ils tenteraient pas. Je suis assidue, j'ai une présence positive et agréable en cours, je participe toujours, je suis correctement la plupart du temps, je suis motivée, passionnée par ce que j'étudie, j'ai des projets pour la suite... Ils ont bien du voir que le problème venait d'ailleurs.
Brefouille, voilà voilà.