vous dites souvent des trucs vexants?

[Aby]

Au delà de l'inacceptation de la mort en elle-même, je vois plutôt cela comme la souffrance d'accepter d'imaginer qu'on ne verra plus jamais cet être cher, qu'on ne l'entendra plus, qu'on ne partagera plus rien avec lui. Bien sûr ça ne sert à rien d'être triste mais c'est de faire autrement qui est difficile pour la plupart d'entre nous.
Il peut y avoir de la colère aussi ; je suis allée une fois à la sépulture d'une petite fille de 9 ans que je connaissais juste un peu mais j'ai été inconsolable pendant plusieurs semaines avec un gros sentiment de colère que la médecine n'ait rien pu faire pour la sauver et puis évidemment parce que c'est vraiment trop injuste de mourir à 9 ans.

[Autiste ou surdoué ?]

Ah oui, sur la mort des enfants, (ou toute mort à un age inattendu), cela peut être plus difficile à vivre. Le manque et le sentiment d'injustice.
Vis à vis des enfants, je me place instinctivement en protecteur et éducateur, donc c'est très dur à supporter de ne pas avoir pu empêcher qu'il continue de découvrir la vie. Même si on sait que l'on y est pour rien...

[Bastion]

La seule mort qui me rende vraiment triste, c'est la mienne, car je pense que je n'aurais jamais fini d'avoir quelque nouvelle passion, chose à faire, projet à terminer : c'est horrible à imaginer pour moi. Mais quand ce sera arrivé, à quoi ça servira à l'entourage d'être triste ?... Au contraire, que les vivants profitent de leur vie au lieu de pleurer sur les morts !...

Pardon de la question mais si un membre de ta famille immédiate mourrait, l'absence, le changement ne te causerait pas de détresse? Aucune critique dans ma question, j'avoue que ça m'étonne mais justement je me demande!

[Autiste ou surdoué ?]

Détresse ?
Mon père est mort quand j'avais 20 ans, et j'ai été très surpris. Cela m'a un peu choqué car je ne m'y attendais pas (il avait 53 ans). Je n'ai eu de chagrin, même si j'aurais aimé faire comme les autres (c'est à dire être triste et pleurer). Il était très intéressant mais vivait "dans son monde", nous ne partagions pas grand chose. Je suis plutôt triste qu'il n'ai pas connu ses petits enfants car je suis sûr qu'il aurait été un bon grand-père.
Mais ce genre de regrets, on l'a toujours un jour où l'autre. Moi aussi je serais super triste de mourir sans connaitre mes petits enfants si je dois en avoir. Et puis les voir grandir. Etc. en fait, je le répète, je n'ai pas envie de mourir, c'est une trop belle aventure...
Pour ma mère, c'est récent, il y a 2 ou 3 ans (ma femme est en voyage, je ne peux pas lui demander la date et moi je suis perdu dans le temps), mais elle était relativement âgée et elle se plaignait tout le temps de sa vie. Alors... J'ai surtout ressenti un soulagement à ne plus être "obligé" (devoir de bon fils), d'aller la voir quand je veux aller au bord de la mer où elle habitait.
Finalement, la mort d'une de mes tantes m'a plus touchée, car c'était une femme généreuse, géniale, courageuse, qui a eu "bien des malheurs" et a toujours été là pour aider ses petits enfants, famille et belle famille quand il y avait besoin. En fait j'ai été triste que tous ces jeunes de la famille pour qui elle était un point d'appui la perdent.
C'est plus la situation qui me rends triste.
D'ailleurs ça me rappelle que j'ai "perdu" deux cousins jeunes (deux de ses enfants). Je trouve ça injuste mais bon... c'est vrai que j'ai été été moins triste que quand leur mère est morte, alors qu'elle était "en age de mourir".
C'est comme ça que je ressens les choses.

La mort d'un de mes enfants serait un drame pour moi car mes enfants sont une sorte de prolongement de moi, même si c'est un prolongement dont je ne connaitrai pas la suite. J'espère, et je pense, être une sorte de prolongement de mon père.
De ma femme, je préfère ne rien dire, la vie de couple demande de gros efforts pour nous... (je rêve quand je vois des gens qui, sans se séparer, vivent à distance - mais c'est un autre sujet).

[Billyon]

Ce qui est perturbant avec la mort des enfants, ou bien des personnes dont la mort est inattendue, c'est que ça renvoie directement à la fragilité de la vie en général, je sais que lorsque j'apprends ce genre de décès, je suis surtout très angoissée parce que ça me plonge dans des réflexions sur le néant et le vide. Mais j'éprouve surtout de la peur pour moi même, et non de la compassion/colère parce que la personne est partie "trop tôt"... J'arrive pas du tout à trouver ça "injuste", je ne considère pas le décès d'un enfant plus injuste que la mort d'un quinquagénaire ou trentenaire en plein épanouissement dans sa vie active... Enfin j'avoue avoir du mal à relier la mort à un concept de justice. (je comprends le mécanisme et les fondements du rapport entre les deux notions, mais n'arrive pas à le ressentir concrètement, en d'autres termes). Du coup je culpabilise beaucoup, j'ai l'impression d'être égoïste et insensible, alors que je ne pense pas que ce soit le cas...

Pour ce qui est du manque, je ne vois pas en quoi il différerait du manque du à un éloignement définitif ? Mettons qu'un être cher coupe définitivement les ponts avec moi, en quoi cela est-il plus dur à surmonter que sa mort ? La mort a cela de singulier qu'elle est anxiogène (pour les questionnements existentiels qu'elle entraîne), mais au-delà, le manque qu'elle engendre est-il différent des autres ? (je me pose vraiment la question.)

[Bastion]

Pour ce qui est du manque, je ne vois pas en quoi il différerait du manque du à un éloignement définitif ? Mettons qu'un être cher coupe définitivement les ponts avec moi, en quoi cela est-il plus dur à surmonter que sa mort ? La mort a cela de singulier qu'elle est anxiogène (pour les questionnements existentiels qu'elle entraîne), mais au-delà, le manque qu'elle engendre est-il différent des autres ? (je me pose vraiment la question.)

Je ne pense pas forcément non, c'est kif kif, sauf que l'esprit peut croire à un éventuel rapprochement tant qu'il y a la vie peut être?

[Nanar02]

Ce n'est pas sur ma propre mort que je pleurerait, plutôt une inquiétude de laisser ma famille.

C'est la brutalité de la mort qui parfois arrive qui me choque pas la mort en soit, il faut laisser la place aux jeunes.

Le fait que la mort choque plus est qu'on a éloigné celle ci des vivants, les cimetières éloignés, les hôpitaux de plus en plus loin, les personnes en fin de vie finissaient celle ci souvent chez eux. Maintenant on la cache, on en à honte.

[filfoo]

en fait apres il me demontre par a+b qu il a raison puisque c est de notorieté publique que TOUT le monde pense ça

je reviens au sujet de base:
pareil: des mots vexants, ensuite il dit que tout le monde est d'accord
j'ai compris qu'il ne veut pas être blessant, il dit juste ce qui lui passe par la tête, suite à un un cheminement de pensées.
en général ce n'est pas "nimporte quoi" il me reproche quelque chose que lui ne maitrise pas non plus, par exemple que tout ne soit pas rangé chez moi
alors je me dis que c'est un effet miroir... il me reproche ce qu'il sent qu'on pourrait lui reprocher
Manichéenne : en te lisant, j'ai compris à quel point en effet les "normes sociales" sont compliquées, illogiques et franchement hypocrites. J'ai la chance de les avoir intégrées, mais je me sens très blessée quand quelqu'un les outrepasse, comme si on ne se donnait pas la peine de les respecter envers moi.
Ce qui me fait penser que je les ai intégrées intellectuellement, pas "naturellement, sinon je me dirais juste "quel goujat"
Et parfois je dois un peu les oublier car mes rapports aux autres sont compliqués. Je dis ce qu'on ne doit pas dire, mais pas par inadvertance: parce que je trouve que ça apporte quelque chose de le dire
Violetta: pour en revenir à ton homme, ou au mien: je crois qu'en fait c'est un signe de confiance: ils parlent sans filtre avec nous parce qu'on est proches. Mais parfois je me dis que je lui trouve trop d'excuses...
Le "tout le monde est d'accord" c'est à mon sens d'une part la volonté de dire "je suis normal" et d'autre part: de la mauvaise foi, hein !!!!

[violetta]

Oui je connais le coup du :"tout n'est pas range chez toi" '. Il me parle encore le la poussiere qu'il y avait soit disant sous mon lit la premiere nuit qu'il a passee chez moi. Filfoo: oui les repas, au restaurant par exemple, il est la pour manger mais il integre doucement qu'il peut sortir de sa solitude pour moi. Et on parle (je l'oriente sur ses sujets ou je lui parle de lui)
Et mes besoins emotionnels? Oui pas facile
J'ai la chance d'etre entouree de femmes, ma fille , mes amies avec qui je peux echanger emotionnellement sans arret donc je n'ai pas vraiment demanque a ce niveau.
Oui filfoo son weekend aussi est consacre a des "il faut que je" (fasse le menage) (apprennes ci ou ca) (travailles) .
Parfois j'oscille entre trouver un autre homme emotionnellement proche ou en fait me dire qu'il y a des avantages a garder un tel espace libre pour moi.

[Manfromnowhere]

Bonjour à toutes et à tous.

il m'est arrivé bien des aventures à cause de mes gaffes verbales et de mon comportement en général.
En fait, avant évidemment j'étais au lycée donc, bah je prenais mes notes dans mon coin, j'avais un ami, j'allais aux tournois d'échecs le dimanche et je vivais ma vie.
J'ai eu mon BAC avec mention.

Après cela s'est fortement dégradé. Quand j'suis entré en études supérieures, il fallait faire des stages dans des entreprises. Mon 1er jour, j'étais très nerveux, j'avais mal au ventre. On était 6 de ma classe aussi. Mais le matin j'étais seul avec la patronne. L'après-midi j'étais avec le groupe.
La semaine d'après, on était partis distribué des flyers de l'entreprise sur des parkings pour leur faire de la pub.

Un matin, la prof me convoque en fin de cours et me fait, voilà ca se passe pas bien avec l'entreprise. Là je dit "ah bon ?" (très surpris, réellement très surpris). Elle me dit "bah oui, faites pas le surpris". Et elle m'a énoncé des trucs que j'avais dit qui évidemment sortis de leur contexte faisait vraiment passer le gentil garçon que j'étais pour une racaille qu'en avait rien à foutre.
J'ai dit pendant ce stage "ce que je fais ça sert à rien". Sur le coup je ne me souvenais plus du tout avoir dit cette phrase. Ce n'est que bien des jours plus tard que j'ai compris les circonstances dans lesquelles j'avais dit ca. En fait, on m'avait fait faire un travail dont je ne comprenais pas l'intérêt et je pensais qu'on pouvait faire autrement et plus vite c'est pour ça que j'avais dit ça mais c'était sans méchanceté.
Ensuite, j'ai un TIC, je regarde très souvent ma montre (raison pour laquelle aujourd'hui j'ai une montre à gousset) et ca a été pris pour de l'insolence.
L'histoire s'est passé en 2006 donc je ne me souviens plus de tous les détails, mais elle m'a dit , mot pour mot, "donc c'est fini vous êtes exclu de l'équipe à compter de maintenant et vous vous trouvez un autre stage à partir de la semaine prochaine et tu te débrouilles".
Il faut que je précise bien que pour moi ca a été un coup de massue incroyable. Après elle me dit dans un sourire "Vous deviez vous en douter un peu". Je lui dit que non que je suis sidéré. Elle me fait "Bah en tout cas c'est fini".

Bien des années plus tard, j'ai eu un emploi où j'ai cherché à m'intégrer avec mes collègues. Et à chaque fin de journée je me suis dit "meeeeerde j'ai dit ca j'espère que ca a pas été mal interprété, aaaah zut, j'aurais peut-être du dire autre chose à ce moment là" , sans parler de ma collègue en face de moi qui me parlait comme si j'étais un débile.
Suite a un pétage de plomb contre cette pét**** j'ai été convoqué, et ils m'ont dit, "t'as dit -ci t'as demandé ça , c'est très mal passé" et en fait : tout ce pour quoi je m'étais inquiété ils ne me l'ont pas dit et ce qu'ils m'ont reproché c'est d'avoir dit des trucs que j'avais lancer entre la poire et le fromage, là non plus je n'en avais aucun souvenir.
J'ai fini par démissionner de cet endroit.

Et mon dernier boulot, je disais RIEN. Bonjour - Merci - Au revoir - Bon WE - et mon dernier jour j'ai dit Adieu
Pis quad on me parlais comme de la merde je disais rien pour ne pas m'attirer les foudres de mes supérieurs.

Disons pour résumer que je ne sais pas quoi dire en situation de travail, a stratégie majeure va rester l'évitement je pense.

Désolé pour le paver, mais je voulais vraiment apporter mon témoignages.

Merci

[Cardamome]

Fiston lors de l'entretien en tête à tête avec la psychiatre du CRA lui a dit, très calmement que son bureau était très mal rangé.
Quand elle m'en a parlé j'étais un peu mal mais elle m'a rassurée de suite. Elle savait que ce n'était pas par impolitesse (!). Elle a l'habitude vu son boulot, elle arrive à faire la distinction.
Il est vrai qu'il y avait beaucoup de vrac sur son bureau, je pense fiston a du trouver ça bizarre pour un docteur.
Ça a contribué à se faire une idée de lui, des le début!

Déjà quand elle est venue le chercher dans la salle d'attente, il lui a serré la main tout en regardant un petit asticot (!) qui se baladait par terre. Je ne suis pas intervenue pour le laisser au naturel, pourtant ce n'est pas faute d'essayer de lui apprendre. S'il connait un peu la personne il arrive à la regarder furtivement en serrant la main, sinon

[Aby]

Ah bon, c'est pas bien de dire ce qu'on pense ?
Dans le fond, si c'est bien mais ça ne se fait pas, paraît-il... pas toujours, pas avec n'importe qui, pas n'importe comment...ne cherchez pas la logique, il n'y en a pas. (mode ironie).
C'est difficile d'expliquer et de faire comprendre ça à un enfant autiste, que, si c'est bien d'être franc mais que en même temps il ne faut pas dire tout le temps, ni avec tout le monde ce qu'on pense, que toute vérité n'est pas toujours bonne à dire, que ce n'était pas le bon moment, etc...

Je ne compte plus le nombre de fois où j'aurais voulu disparaître dans un petit trou de souris après les vérités dites toutes crues de mon fils ; le plus compliqué c'est de rattraper le coup en douceur et avec diplomatie sans que l'enfant passe pour un mal élevé ou que ses parents soient mal jugés.

Dans les perles : à peine rentrés dans la maison de gens connus ou inconnus,on a souvent eu Tom qui disait "mais, ça pue ici !" ; maintenant, il dit "ça sent bizarre chez vous !". Noter la progression.
Maintenant, j'explique son hypersensibilté aux odeurs, ça passe mieux.
A une psy, à propos de questions personnelles qui le gênaient pendant son diagnostic, il a dit "allez, on passe à autre chose, on n'est pas là pour raconter nos vies !".
Une fois, pendant que je faisais mon chèque à un psychologue, il m'a dit "t'avais raison, il était sympa le mec" ! mais s'il n'avait pas été sympa, il l'aurait dit aussi.
De la part d'un enfant, qui plus est, est autiste, cela passe encore assez bien.
Souvent maintenant, j'en ris intérieurement mais bien évidemment notre devoir est d'expliquer ce qui se dit, ce qui ne se dit pas, à qui, pourquoi, comment, vaste tâche !

[freeshost]

Une fois, dans un restaurant, j'ai dit à une serveuse qu'il y avait une faute d'orthographe sur le tableau noir orné de craie.

C'est vrai, ça. On n'est pas là pour faire du small talk.

L'autisme, une vérité qui dérange ?

[Aby]

Une fois, dans un restaurant, j'ai dit à une serveuse qu'il y avait une faute d'orthographe sur le tableau noir orné de craie.

ça, c'est la routine pour moi puisque mon mari ne manque jamais de signaler les fautes aux autres, qui que ce soit ; la dernière fois, il a fait remarquer une faute sur un écriteau à une dame qui tenait un manège à la fête foraine mais visiblement elle n'en avait rien à cirer.
Si un prof fait une faute sur le carnet de liaison ou les notes aux parents, il la corrige au crayon rouge.
(je lui ai pourtant conseillé de le faire au crayon vert, ou noir ou bleu puisque j'avoue que j'ai aussi du mal avec les fautes).

[olivierfh]

Une fois, dans un restaurant, j'ai dit à une serveuse qu'il y avait une faute d'orthographe sur le tableau noir orné de craie.

Ça m'est arrivé plusieurs fois et l'étonnant c'est qu'il n'y a pas une fois où un resto s'est donné le mal de corriger, comme s'ils ne se rendaient pas compte qu'on signale ça pour les aider.