vous dites souvent des trucs vexants?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Message
Auteur
Avatar du membre
Anahata
Prolifique
Messages : 1386
Enregistré le : mercredi 26 juillet 2017 à 17:51

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#166 Message par Anahata » samedi 12 août 2017 à 11:34

C'est ouf. Certains semblent trouver les autres bizarres quand d'autres, se trouvent 'bizarres' la seconde est plus douloureuse je pense mais au moins, à mon avis, elle permet une meilleure intégration (recherche d'outils pour la communication etc)
:arrow: Diagnostiquée sur le Spectre de l'Autisme :shock: :D :? :cry: :innocent: :wink: :geek: :arrow:

Avatar du membre
TimeLady
Passionné
Messages : 383
Enregistré le : mercredi 12 juillet 2017 à 11:20

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#167 Message par TimeLady » samedi 12 août 2017 à 11:45

J'avoue que personnellement j'ai toujours eu tendance à trouver que j'étais "normale" et que les bizarres, c'était les autres. Ce qui est assez curieux car je sais bien que je collectionne les particularités, pour ne pas dire les bizarreries, mais n'empêche... Comme je ne comprends pas "les autres", leurs préoccupations, leurs envies, leurs discussions...bah pour moi, les bizarres, ce sont eux, pas moi. C'est difficile à mettre en mots mais c'est pour ça qu'après une douzaine de séances tout au plus j'ai décidé de ne plus consulter de psy. Au final je n'y voyais pas l'intérêt car je n'avais pas du tout envie de basculer dans la "norme" si j'ose dire...

@ Violetta : malgré tout et en dépit de mon absence totale d'expérience en ce domaine, je continue à penser que tu devrais prendre tes distances pour te protéger car cette relation pourrait quand même se révéler nocive pour toi sur le long terme. Après, vu ce que tu en dis, je pense que les explications à son comportement sont peut-être davantage à chercher dans le passé (voire le passif) familial que du côté Asperger... Ou plutôt, je pense que le cumul des deux doit être à l'origine de son comportement plus qu'ambigu... Je maintiens qu'il faudrait le mettre devant le fait accompli, mettre des mots sur ce que tu te sens apte à supporter et sur ce qui te fait souffrir, et lui demander de choisir. Il ne faut pas que tous les efforts viennent de toi, tu vas y laisser ta santé et ton énergie, et lui va continuer à vivre de la façon qui l'arrange, sans faire de concession et en trouvant normal que ce soit toi qui en fasses... :?
pré-diagnostic établi en 2012 (à 30 ans passés) par une psychologue comportementaliste - pas de démarche d'officialisation auprès du CRA prévue dans l'immédiat

Avatar du membre
Itaya
Assidu
Messages : 249
Enregistré le : dimanche 11 juin 2017 à 19:29

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#168 Message par Itaya » samedi 12 août 2017 à 12:39

TimeLady a écrit :J'avoue que personnellement j'ai toujours eu tendance à trouver que j'étais "normale" et que les bizarres, c'était les autres. Ce qui est assez curieux car je sais bien que je collectionne les particularités, pour ne pas dire les bizarreries, mais n'empêche... Comme je ne comprends pas "les autres", leurs préoccupations, leurs envies, leurs discussions...bah pour moi, les bizarres, ce sont eux, pas moi. C'est difficile à mettre en mots mais c'est pour ça qu'après une douzaine de séances tout au plus j'ai décidé de ne plus consulter de psy. Au final je n'y voyais pas l'intérêt car je n'avais pas du tout envie de basculer dans la "norme" si j'ose dire...
Si si , carrément !
J'ai toujours pensé que j'étais normale, que les "autres" étaient bêtes (pour rester poli)
C'est sûrement logique, puisque à aucun moment, je n'ai pensé à être "différente", même si j'ai des bizarrie, et comme tu dis tout le monde est bizarre.
Pourquoi les gens ont besoin de raconter toute leur vie à qui veut l'entendre, style : "demain je pars 1 semaine en vacances sur la Côte d'Azur ! J'ai trop hâte, bla-bla-bla..."
En plus j'aurais tendance à répondre : " qu'elle intérêt la Côte d'Azur ? C'est tellement surfait, tellement m'as tu vu, soit tu payes une blinde sur un plage privée soit tu te bouscules sur les micros plages envahi de milliers de touristes..."
J'ai également vu un psychiatre, je ne me rappelle plus combien de fois, pas très longtemps, vu qu'il m'a sorti que mon problème venait de mon poids !? (Quel rapport avec un enfant décédé ??) Je ne l'ai plus jamais vu. Et pourquoi en allait voir un autre qui va me sortir une autre ineptie !?
J'ai pensé fortement à ça quand j'ai voulu discuter avec mon ex-généraliste de la possibilité d'avoir une TSA. Il m'a dit que j'avais surtout besoin d'une psychanalyse ! Il m'a proposé de me mettre en contact avec un psychiatre (c'était lui qui m'avait envoyé vers le précédent). J'ai eu envie de lui dire : "quoi vous voulez que j'aille voir un autre con, comme le précédent qui a dit que mon problème était lié à mon poids, alors que je venais le voir pour le décè de mon bébé ?"
Probablement HP sans tests officiels.
Non diagnostiquée, je pense être aspie et les differents tests internet tendent de ce côté. (En attente CRA pour ~2020)
Ps : dyslexique fâchée avec l'orthogrape et la grammaire (les efforts me demandent beaucoup)

violetta
Assidu
Messages : 222
Enregistré le : samedi 11 mars 2017 à 22:07

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#169 Message par violetta » samedi 12 août 2017 à 13:05

Itaya ma pauvre, e suis tellement desolee pour toi. C'est tellement triste.
Diag THQI . En couple avec homme asperger diagnostiqué juillet 2017.

Avatar du membre
Itaya
Assidu
Messages : 249
Enregistré le : dimanche 11 juin 2017 à 19:29

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#170 Message par Itaya » samedi 12 août 2017 à 13:55

violetta a écrit :Itaya ma pauvre, e suis tellement desolee pour toi. C'est tellement triste.
J'ai pas compris sous le coup ton commentaire.
Tu me parles de mon enfant ?
Si c'est le cas, je suis desolé, ce n'était pas mon intention de gêner.

Ne soyez pas triste pour moi, je vis très bien son décè, je connais le responsable, sa maladie.
Je ne cherche pas à me faire apitoyer, ni me faire plaindre.
Probablement HP sans tests officiels.
Non diagnostiquée, je pense être aspie et les differents tests internet tendent de ce côté. (En attente CRA pour ~2020)
Ps : dyslexique fâchée avec l'orthogrape et la grammaire (les efforts me demandent beaucoup)

Avatar du membre
Alceste
Passionné
Messages : 369
Enregistré le : mercredi 20 septembre 2017 à 22:11
Localisation : Savoie

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#171 Message par Alceste » vendredi 6 octobre 2017 à 9:06

Manichéenne a écrit : Oui, d'abord parce que la vérité est plus importante,
...
Je ne dis pas "un avis désagréable", j'énonce une vérité. J'en ai l'impression en tout cas. Je n'y mets pas d'émotionnel, et je ne pense même pas que ça puisse avoir un impact émotionnel au moment où je l'énonce. Ce n'est pas pour moi un avis, ce n'est pas dirigé vers l'autre, je n'attends pas de réaction.
...
Par contre me dire que j'ai tort, c'est remettre en cause ma capacité de réflexion et mon jugement, c'est une critique qui se doit d'être argumentée pour que je l'accepte
...
C'est toute l'histoire de ma vie que tu exposes là.
Y a-t-il un post sur la manière de gérer ça au travail ?
Mes 25 ans de frustrations professionnelles se résument en grande partie à ça.
...
Et je ne m'en sors pas, bord*l de mer*e !!!
Pourtant je suis "juste" honnête, impliqué, et "à mon sens" bienveillant : et on me dit que je suis un sale con.
C'est pitoyable.
Il faut se résigner à être heureux de ce que la vie nous offre, sans paresse ni complaisance.

* Diagnostic Aspie 01/2018. Bilan réalisé par un psychiatre spécialiste * RQTH valide *

Avatar du membre
Alceste
Passionné
Messages : 369
Enregistré le : mercredi 20 septembre 2017 à 22:11
Localisation : Savoie

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#172 Message par Alceste » vendredi 6 octobre 2017 à 9:21

Ah oui : en plus, comme tu sens bien qu'à chaque fois que tu veux dire un truc marrant ça tombe à plat, et bien tu gardes tes blagues pour toi, et quand tu as un truc à dire, tu le gardes pour toi aussi parce que tu ne sais pas si ça ne va pas être mal pris.
Donc quand tu dis quelque chose, c'est toujours un truc important et perçu comme désagréable ...
Le type chiant qui ne pose que des problèmes.
Pourtant sous la surface il y a plein de farces, de compliments ... Mais ils ne sortent jamais.
Ils sont enterrés bien profond.
Comme des graines qui voudraient germer mais qu'on évite d'arroser de peur que les autres les arrachent comme de la mauvaise herbe.
Il faut se résigner à être heureux de ce que la vie nous offre, sans paresse ni complaisance.

* Diagnostic Aspie 01/2018. Bilan réalisé par un psychiatre spécialiste * RQTH valide *

Avatar du membre
Alceste
Passionné
Messages : 369
Enregistré le : mercredi 20 septembre 2017 à 22:11
Localisation : Savoie

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#173 Message par Alceste » vendredi 6 octobre 2017 à 9:33

Alors tu restes seul.
Ça fait moins mal.
...
Et puis un jour tu ouvres les yeux.
Et 48 ans de souffrance enfouie te submerge.

Et là tu te dis que tu en as marre de vivre dans le désert.
La solution n'est pas celle-là.

Mais alors quoi ?
Il faut se résigner à être heureux de ce que la vie nous offre, sans paresse ni complaisance.

* Diagnostic Aspie 01/2018. Bilan réalisé par un psychiatre spécialiste * RQTH valide *

Avatar du membre
Manichéenne
Modératrice
Messages : 5032
Enregistré le : jeudi 24 octobre 2013 à 9:54

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#174 Message par Manichéenne » vendredi 6 octobre 2017 à 10:30

Alors tu cherches des gens qui ont le même humour que toi, une communication similaire, pour des moments où tu es toi-même.
Et pour les gens que tu côtoies mais que tu ne choisis pas, tu apprends quelques règles de base que personne n'a jamais pris le temps de t'expliquer. Ne pas corriger les gens, ne pas leur faire remarquer leurs erreurs, ne pas chercher à leur apprendre ce qu'on sait s'ils ne l'ont pas explicitement demandé, etc.
Peu importe si tu es moins impliqué vis à vis du travail fourni, si tu ne t'occupe que de tes tâches sans regarder le résultat global. C'est ce qu'ils préfèrent.
Fais les choses pour toi. Si tu veux que ton boulot soit parfait, ok. Par contre le boulot des autres, ou la manière dont le tien est perçu, tu ne dois pas t'en préoccuper.
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA, cadet TSA de type Asperger.

budakesi
Prolifique
Messages : 563
Enregistré le : samedi 7 décembre 2013 à 11:35

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#175 Message par budakesi » vendredi 6 octobre 2017 à 11:11

Alceste a écrit :Alors tu restes seul.
Ça fait moins mal.
...
Et puis un jour tu ouvres les yeux.
Et 48 ans de souffrance enfouie te submerge.

Et là tu te dis que tu en as marre de vivre dans le désert.
La solution n'est pas celle-là.

Mais alors quoi ?
Il y a peu de lieux où la rencontre avec l'autre est simplement.....simple ! Le langage verbal à lui tout seul a différentes fonctions et les gens "typiques" naviguent entre ces différentes fonctions comme de poissons dans l'eau parce qu'ils ont toujours trouvé du "plaisir" à être avec "les autres": ils éprouvent une certaine sécurité de groupe qui leur fait échapper à l'insécurité, à la vulnérabilité fondamentale de l'être humain (du moins c'est leur croyance). Il s'ensuit que la fréquentation assidue de leurs pairs depuis leur plus tendre enfance leur donne un sentiment d'appartenance, né de la familiarité des comportements et des jeux de langage. Assez peu de ce qui est dit a une réelle fonction de transmission d'information et d'ouverture à l'autre: il s'agit souvent de s'assurer de sa propre image, de vérifier que l'autre me confirme un minimum dans l'image que je voudrais qu'il ait de moi . Un seul mot peut ébranler, faire douter, en un mot: vexer !

Le psychiatre Ronald Laing a bien étudié ces mécanismes. J'aime bien comprendre comment se développe un être humain, dans son immense majorité:
"Ils jouent un jeu. Ils jouent à ne pas jouer un jeu. Si je leur montre que je le vois, je briserai les règles, et ils me puniront.
Je dois jouer leur jeu, qui consiste à ne pas voir que je vois le jeu."
Laing dit clairement ce qui se passe quand tu n'es pas intéressé par ces jeux. Il donne les règles. Et la question essentielle demeure pour moi: "Ai-je envie de jouer ?"
Il y a longtemps que j'ai répondu non à cette question. Est-ce une solution à ma difficulté de vivre ? Bien sûr que non. Je sais ce dont j'ai besoin, mais je ne l'obtiens pas dans les groupes, je ne l'obtiens pas dans l'isolement, je l'obtiens , partiellement, ponctuellement, dans des échanges sincères et authentiques.

Ce besoin dont je parle, il me semble que c'est celui auquel tu fais allusion quand tu écris: "Mais alors quoi ?"
Martin Buber l'a exprimé ainsi:
"Les homme sont besoin, et cela leur est donné, de se confirmer l'un l'autre dans leur être individuel"
Pour autant, une confirmation totale est une possibilité idéale qui se confirme rarement. Nos existences se déploient quelque part entre l'infirmation qui rend fou et la confirmation totale qui est rarement obtenue.

Mais je constate que plus je parviens à mettre des mots sur tout cela, puis je clarifie ce dont j'ai besoin, ce dont je souffre dans mes rapports avec les autres, puis je clarifie comment les autres fonctionnent, en quoi ils ont des besoins, souvent nés de peurs qui ne sont pas les mêmes que les miennes, plus je prends le risque de m'exposer, plus vite je repère les personnes avec lesquelles je suis susceptible d'entrer dans le type de relation qui me convient et d'écarter le reste.

Certes cela comporte d'immenses plages de solitude, mais c'est une solitude nécessaire, reposante, ce n'est pas une solitude vécue comme un rejet, ce n'est pas un isolement.
"I am, plus my circumstances." José Ortega y Gasset
HPI, diagnostiquée Asperger en janvier 2016

Avatar du membre
Alceste
Passionné
Messages : 369
Enregistré le : mercredi 20 septembre 2017 à 22:11
Localisation : Savoie

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#176 Message par Alceste » vendredi 6 octobre 2017 à 12:54

budakesi a écrit : Je dois jouer leur jeu, qui consiste à ne pas voir que je vois le jeu."
...

Mais je constate que plus je parviens à mettre des mots sur tout cela, puis je clarifie ce dont j'ai besoin, ce dont je souffre dans mes rapports avec les autres, puis je clarifie comment les autres fonctionnent, en quoi ils ont des besoins, souvent nés de peurs qui ne sont pas les mêmes que les miennes, plus je prends le risque de m'exposer, plus vite je repère les personnes avec lesquelles je suis susceptible d'entrer dans le type de relation qui me convient et d'écarter le reste.

Certes cela comporte d'immenses plages de solitude, mais c'est une solitude nécessaire, reposante, ce n'est pas une solitude vécue comme un rejet, ce n'est pas un isolement.
J'ai eu très tôt ce sentiment de devoir "jouer un jeu".
Souvent je dis que je dois "faire semblant" ou "faire comme si" ; et là je lis l'incompréhension dans le regard de mon interlocuteur.
Je crois que parfois les gens ressentent que je ne suis pas convaincu par la posture sociale que je crois devoir adopter. Ça passe pour du dilettantisme, du j'menfoutisme, voire peut-être même suis-je perçu comme un truqueur.
En fait je suis juste un mauvais acteur.
Acteur malgré moi, dans une pièce que je n'ai pas choisie.
Sauf que pour "les autres" il n'y a pas de pièce. Ce théâtre absurde : c'est leur vie !

Je commence à accepter tout cela, parce que je constate que nous sommes nombreux à ressentir ce décalage.
Ce qui m'est difficile c'est de comprendre les peurs "des autres". Je ne ressens pas de peur. J'ai des problèmes, certains que je peux résoudre, d'autres pas. Je fais ce que je peux pour éviter la survenance de ceux qui sont les plus graves. Si je ne peux rien faire ... C'est le destin. Point. (Pas peur ; déçu, triste, ennuyé, préoccupé ... Mais pas peur).
Je crois que c'est insoutenable pour la majorité des gens. Mais c'est vrai. Quand quelque chose de potentiellement très grave s'annonce, il y a un fusible qui saute : je passe en mode Robocop. Pas peur. Analyse, recherche d'informations, identification du risque, classification des solutions, choix le moins risqué, préparation des alternatives ... Désimplication émotionnelle. Rationalisation (pas au sens psychanalytique !). Ça me vaut parfois d'être accueilli comme le sauveur ... Avant d'être perçu comme un type vraiment trop bizarre, "louche".

Jusqu'alors je n'avais pas trouvé de personne avec laquelle je ressente une affinité profonde sur ce type de fonctionnement (comment je pense, qu'est-ce que je ressens).
Depuis que je suis sur ce forum je ressens qu'il y a des gens qui me ressemblent.
Mais j'ai tellement construit de remparts pour me protéger, que c'est difficile d'accueillir ce que j'entrevois.
As-tu mis longtemps pour parvenir à " ... entrer dans le type de relation qui me convient ... " ?
Il faut se résigner à être heureux de ce que la vie nous offre, sans paresse ni complaisance.

* Diagnostic Aspie 01/2018. Bilan réalisé par un psychiatre spécialiste * RQTH valide *

Avatar du membre
Alceste
Passionné
Messages : 369
Enregistré le : mercredi 20 septembre 2017 à 22:11
Localisation : Savoie

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#177 Message par Alceste » vendredi 6 octobre 2017 à 13:10

Manichéenne a écrit : Peu importe si tu es moins impliqué vis à vis du travail fourni, si tu ne t'occupe que de tes tâches sans regarder le résultat global. C'est ce qu'ils préfèrent.
Donc je dois renoncer à prendre des responsabilités.
Ou bien je dois devenir cynique.
Mais dans les deux cas je me renie.

Ou bien je trouve un moyen de bosser seul ?
Ça me relaxe.
Et en même temps ça me frustre.

Peut-être dois-je juste apprendre à accepter ma différence. Avec ce que cela implique : que tu as exprimé, et que je ne me résous pas encore à ne pas pouvoir dépasser.
Il faut se résigner à être heureux de ce que la vie nous offre, sans paresse ni complaisance.

* Diagnostic Aspie 01/2018. Bilan réalisé par un psychiatre spécialiste * RQTH valide *

Pupuce
Intarissable
Messages : 5331
Enregistré le : vendredi 3 janvier 2014 à 3:44

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#178 Message par Pupuce » vendredi 6 octobre 2017 à 13:34

...............................
Modifié en dernier par Pupuce le dimanche 12 novembre 2017 à 11:18, modifié 1 fois.
Officiellement non-autiste

"J'aurais pas été besoin" Nikos Aliagas, philosophe grec des Lumières

Avatar du membre
hazufel
Intarissable
Messages : 5764
Enregistré le : vendredi 17 mars 2017 à 15:06

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#179 Message par hazufel » vendredi 6 octobre 2017 à 13:45

Budakesi tu résumes parfaitement tout le dilemme qui nous consume quant à notre relation à l'autre. Reste à savoir jusqu'à quand on arrive à poursuivre la quête des échanges avec qui nous correspond. On peut être amenés à en douter parfois. J'imagine qu'il ne faut pas...

Pour les trucs vexants, j'en ai tellement dits que je ne pourrais en faire la liste. Au moins depuis mon diagnostic, je me tais...
TSA & SAMA
3 fils dont jumeaux TSA (et dysgraphiques / praxiques / exécutifs)

budakesi
Prolifique
Messages : 563
Enregistré le : samedi 7 décembre 2013 à 11:35

Re: vous dites souvent des trucs vexants?

#180 Message par budakesi » vendredi 6 octobre 2017 à 14:52

Alceste a écrit :J'ai eu très tôt ce sentiment de devoir "jouer un jeu".
La question du devoir, devoir se comporter d'une certaine façon sinon... sinon quoi ?, traverse toute l'existence humaine.
Encore une fois, l'étude du développement du petit humain apporte des éclaircissements.
Très tôt, l'enfant apprend qu'il doit être comme ci et pas comme ça, faire ceci et pas cela....sous peine de perdre l'amour de ses parents. Une confusion s'établit très tôt entre l'éducation d'un enfant qui consiste à lui faire progressivement adopter les comportements qui permettent à chacun de co-exister dans une société donnée, et l'acceptation inconditionnelle d'un être humain tel qu'il est dans son unicité.
Souvent, trop souvent, le discours des parents, tel qu'il est intériorisé par l'enfant, peut se résumer ainsi: "si tu ne te conformes pas à ce que j'attends de toi (pour plein de mauvaises raisons), alors tu n'es pas digne d'être aimé".
J'ai une tendance à remplacer le mot "devoir" par le mot "responsabilité".
Celui qui a un devoir le fait pour échapper à une sanction: il se sent en faute s'il n'accomplit pas son devoir, son action n'est pas libre, elle est conditionnée par la peur de la sanction.
Celui qui est responsable répond de la façon dont il choisit de vivre: il agit librement, dans le cadre des contraintes inévitables qu'impose une vie en société. La responsabilité croit avec l'âge puisque l'enfant n'a pas encore les moyens de la responsabilité.
Alceste a écrit :Ce qui m'est difficile c'est de comprendre les peurs "des autres". Je ne ressens pas de peur. J'ai des problèmes, certains que je peux résoudre, d'autres pas. Je fais ce que je peux pour éviter la survenance de ceux qui sont les plus graves. Si je ne peux rien faire ... C'est le destin. Point. (Pas peur ; déçu, triste, ennuyé, préoccupé ... Mais pas peur).
La peur est la non-acceptation de ce qui est. Quand on te rabâche depuis toujours que ce qui est n'est jamais suffisant, et qu'il faut toujours viser autre chose (la perfection par exemple, c'est-à-dire une idée), alors tu passes ton temps à comparer ce qui avec ce qui devrait être et tu as peur de ne pas devenir /avoir ce que tu devrais être/avoir.

Je partage avec toi cette attitude de ne pas avoir de peur devant ce qui est: ou je peux agir ou je ne peux pas et si je ne peux pas agir je peux ressentir de la tristesse, de la souffrance, mais ce n'est pas de la peur.
La peur est une certaine représentation de la réalité, qui naît d'une comparaison avec ce qu'on aimerait qu'elle soit, ou qu'elle ne soit pas, pour se sentir en sécurité. Mais on n'est jamais en sécurité qu'elle soit physique ou psychologique. Et en pratique, face à un danger réel, face à une situation qui appelle une action immédiate, on n'a pas le temps d'avoir peur, on agit !

Mai encore une fois, la plupart des gens sont conditionnés par la peur, et je crois que lorsqu'on a ça en tête, on comprend mieux certains comportements.
Alceste a écrit :Jusqu'alors je n'avais pas trouvé de personne avec laquelle je ressente une affinité profonde sur ce type de fonctionnement (comment je pense, qu'est-ce que je ressens).
Depuis que je suis sur ce forum je ressens qu'il y a des gens qui me ressemblent.
Mais j'ai tellement construit de remparts pour me protéger, que c'est difficile d'accueillir ce que j'entrevois
Des remparts pour te protéger de quoi, si tu n'éprouves pas de peur ?
Alceste a écrit :As-tu mis longtemps pour parvenir à " ... entrer dans le type de relation qui me convient ... " ?
budakesi a écrit :plus vite je repère les personnes avec lesquelles je suis susceptible d'entrer dans le type de relation qui me convient et d'écarter le reste.
Ce n'est pas tout à fait la même chose: "susceptible d'entrer", parce que les gens devant lesquels tu prends le risque de t'exposer tendent à le faire aussi, du coup je vois plus vite "au fond". C'est nettement plus riche. Mais jusqu'à présent, ce que j'ai vu au fond, c'est beaucoup de peurs, dissimulées derrière des mots, des croyances dans le pouvoir des mots.
Pupuce a écrit :Une question :
Citation:
"Ils jouent un jeu. Ils jouent à ne pas jouer un jeu. Si je leur montre que je le vois, je briserai les règles, et ils me puniront.
Je dois jouer leur jeu, qui consiste à ne pas voir que je vois le jeu."
Sont-ils conscients de leur jeu? Je devine la réponse, sans doute que non, sinon, pourquoi se vexeraient-ils?
Ils ont appris les règles, et ne veulent pas se retrouver à jouer tous seuls, ou à remettre les règles en cause..... alors ils punissent autant celui qui joue mal que celui qui ne veut pas jouer.
Pupuce a écrit :Ronald Laing, voilà quelqu'un dont la lecture promet d'être intéressante!
Oui. D'autres phrases pour aiguiser ton appétit:

"
Spoiler :  : 
L'identité est ce qui fait qu'on se sent le même, en ce lieu et en ce moment, qu'en cet autre moment et en cet autre lieu, passé ou futur; c'est ce par quoi l'on est identifié. J'ai l'impression que la plupart des gens ont tendance à se dire qu'ils sont les mêmes êtres continus du berceau à la tombe. Et que cette "identité ", plus elle appartient au fantasme, plus on la défend avec acharnement. Parfois une "identité" devient un "objet" qu'une personne a perdu ou a l'impression d'avoir perdu, et qu'elle se met à chercher."

"Ce sont les autres qui vous disent qui vous êtes. Plus tard on endosse leurs définitions ou l'on essaie de s'en débarrasser. Il est difficile de ne pas accepter leur version de l'histoire. Il arrive qu'on s'efforce de n'être pas ce qu'on "sait" qu'on est tout au fond de soi-même. Il arrive qu'on s'efforce d'extirper cette identité "étrangère" dont on a été doté ou à laquelle on a été condamné, et de créer par ses propres actes une identité pour soi-même qu'on s'acharne à faire confirmer par les autres. Toutefois, quelles qu'en soient par la suite les vicissitudes, notre première identité sociale nous est conférée. Nous apprenons à être ce qu'on nous dit que nous sommes."
"I am, plus my circumstances." José Ortega y Gasset
HPI, diagnostiquée Asperger en janvier 2016

Répondre