Scopophobie.. ou la peur du regard des autres

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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LePoulpeRandom
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Re: Scopophobie.. ou la peur du regard des autres

#16 Message par LePoulpeRandom » samedi 20 janvier 2018 à 22:20

Phobie, je ne sais pas, mais lorsque dans mon école, les professeurs passaient regarder le travail ( que ça soit en informatique ou en dessin ) impossible de bouger à ce moment ou de parler, je freeze totalement, mais je me remet en entier dans l'activité dès qu'ils sont passés

Lorsqu'il n'y a que moi et la personne dans la pièce par contre ça va mieux, j'ai quand même des sueurs et du mal à parler ou agir ( tremblements ) mais pas au point de ne plus bouger
Non diag, lettre au CRA envoyée

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freeshost
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Re: Scopophobie.. ou la peur du regard des autres

#17 Message par freeshost » dimanche 21 janvier 2018 à 1:34

En tout cas, ça doit être encore moins facile pour une personne qui cumule scopophobie et troubles de déficit de l'attention.

À force de jouer aux échecs en public des parties lentes et notées, j'ai pris l'habitude de faire avec le regard des autres personnes qui regardent l'échiquier (on a le droit de se lever pendant la partie). [Exercice moins stressant dans le sens où "ce n'est qu'un jeu", même si on peut penser que les autres évaluent la position et peuvent porter un jugement sur celle-ci et, par transfert métonymique, sur les deux joueurs (malgré les biais éventuels). En général, les joueurs, quand ils sont peu sûrs de leurs coups, vont éviter de jouer pendant qu'ils se savent observés.]

Ça, c'était le facteur "peur d'être jugé, de ne pas être à la hauteur (perfectionnismes), puis de culpabiliser".

On peut même s'amuser à catégoriser les types d'observateurs : ceux qui regardent un bref instant, ceux qui regardent plus longtemps et de manière appuyée, etc. Et aussi catégoriser nos types de réactions, selon la relation qu'on a avec la personne qui observe, selon les signes non verbaux de celle-ci et les interprétations qu'on en fait, etc.

Il y a encore tout le jeu non verbal de l'adversaire, notre relation avec celui-ci. Dans la partie, il peut arriver :

- des moments où je regarde l'autre personne qui est concentrée,
- des moments où l'autre personne me regarde qui suis concentré(e),
- des moments où l'autre personne et moi nous observons mutuellement (un bref instant le plus souvent, contrairement au poker, où les observations mutuelles durent plus longtemps),
- des moments où l'autre personne et moi sommes concentré(e)s sur le jeu, dans lequel cas il n'y a pas d'observation de l'autre sur le moment.

Je parle du regard car le regard peut regarder le regard, mais il peut aussi observer tout le reste du langage non verbal et qui n'observe pas (les mouvements des jambes, la position des bras, des épaules, les bruits intempestifs, la manière de noter, les toussotements, les respirations, les raclements de gorge, etc.).

Le regard est mutualisable (pour le meilleur et pour le pire). :mrgreen:

Il peut alors y avoir un jeu de confrontation à chercher à se montrer le moins scopophobe, à moins montrer ses faiblesses, ses émotions, à se montrer le plus impassible ou détendu, le but (à côté du but de gagner techniquement la partie échiquéenne) étant de prendre un ascendant psychologique, lequel pouvant biaiser la réflexion échiquéenne et la prise de décision du coup de l'autre personne.

Voyez ! Même au jeu d'échecs, il y a une part de psychologie. :lol:

Cela dit, celle-ci a une part bien moindre qu'au poker, étant donné que, aux échecs, on a théoriquement toutes les informations (connues des deux joueurs) dans la mesure de nos connaissances, alors que, au poker, chaque joueur n'a qu'une partie des informations (et chaque joueur a un ensemble propre d'informations), et va alors essayer d'en chercher dans le langage non verbal des autres (les signes non verbaux habituels [gestuelle, voix, position, respiration, etc.] mais aussi ceux propre au jeu [manière de miser, montant des mises, qui s'est couché, a suivi, position dans le tour, etc.]. Aux échecs, il y a moins de hasard : la position de chaque pièce est connue des deux joueurs ; chaque coup est contrôlé par un joueur (alors que, au poker, on ne choisit pas ses cartes ni les cartes communes).

Maintenant que j'habite au troisième étage, je suis moins facilement observable. :lol:

Il peut aussi m'arriver de ne pas aimer être observé pour d'autres raisons (stratégiques, par exemple la volonté de ne pas révéler mes cartes (au poker), mes raisonnements (face aux tricheurs), etc. ; par volonté de discrétion (secret professionnel et autres confidentialités au cahier des charges et au code déontologique)). Ce n'est pas de la scopophobie mais ça peut s'ajouter à l'aversion au fait d'être observé.

Pour beaucoup de personnes, il y a aussi le fait de ne pas aimer être observé dans son intimité, dans sa vie privée. Mais où est donc la "limite" entre discrétion quant à sa vie privée, aversion à être observé et scopophobie (puis délire paranoïaque "On a installé des caméras chez moi. Chus sûr !") ? Un spectre scopophobique ?

Essayons donc de faire la part des choses, même si ce n'est pas forcément aisé.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

Aline26
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Re: Scopophobie.. ou la peur du regard des autres

#18 Message par Aline26 » mercredi 24 janvier 2018 à 1:16

Quand j'étais jeune ado, je subissais des moqueries dans mon collège et à un moment je suis devenue complètement parano. Dès qu'on me regardait, je me paralysais. J'étais pétrifiée à l'idée d'avoir à faire un trajet dans la rue, je ne pouvais pas aller dans les magasins, etc...
parfois je fondais en larme devant tous le monde tellement ça me pesait.

Mais aujourd'hui, ça m'est passé. Il y a encore des moments où j'ai l'impression que les gens me regardent et où je me sens mal à l'aise (comme au supermarché par exemple) mais ça n'a rien à voir avec avant.
Les personnes les plus difficiles à aimer sont celles qui en ont le plus besoin

neigeetlumières
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Re: Scopophobie.. ou la peur du regard des autres

#19 Message par neigeetlumières » jeudi 25 janvier 2018 à 19:09

Aline26 a écrit :Quand j'étais jeune ado, je subissais des moqueries dans mon collège et à un moment je suis devenue complètement parano. Dès qu'on me regardait, je me paralysais. J'étais pétrifiée à l'idée d'avoir à faire un trajet dans la rue, je ne pouvais pas aller dans les magasins, etc...
parfois je fondais en larme devant tous le monde tellement ça me pesait.

Mais aujourd'hui, ça m'est passé. Il y a encore des moments où j'ai l'impression que les gens me regardent et où je me sens mal à l'aise (comme au supermarché par exemple) mais ça n'a rien à voir avec avant.
Copié-collé pour moi :wink:
Mariée, TSA de type Asperger avec trouble anxio-dépressif chronique diagnostiqué en septembre 2017.
Maman d'un garçon avec TSA sans déficit cognitif diagnostiqué en juillet 2016.

Azeann
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Re: Scopophobie.. ou la peur du regard des autres

#20 Message par Azeann » mardi 30 janvier 2018 à 10:16

Je me retrouve dans beaucoup de vos témoignages : j'ai longtemps été moquée également pour mon physique et devenue parano quand alors je vois des gens qui me regardent dans la rue.
De la même façon, lorsque je prends la parole en groupe pour donner mon avis ou autre et que tout le monde me regarde (même 3/4 personnes), j'ai tendance à bafouiller, perdre le fil de ma pensée et à abréger ce que je voulais dire... Par contre, si c'est une présentation orale que j'ai préparé tout va bien !
Pas vraiment une phobie mais plutôt un manque de confiance en soi et un réflexe compulsif de tout analyser...

Pour ce qui est des "smalltalks" ou discussion autour de la machine à café, en fait voir les différents témoignages sur le forum m'a montré que je ne suis pas seule à avoir ces difficultés et que c'est ok si je veux les assumer. Je me restreint encore sur certains points mais sur d'autres comme mes hobbies ça va beaucoup mieux ! Oui j'aime faire des puzzles à presque 30 ans et alors ?! :lol:
Demande de rendez-vous au CRA de Tours en cours, Test WAIS IV avec une neuro en cours. TSA et/ou HPI ?

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Lilly
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Re: Scopophobie.. ou la peur du regard des autres

#21 Message par Lilly » mardi 30 janvier 2018 à 17:05

Idem que Aline26, on s'est moqué de moi, plusieurs années, de suite à l'école et j'en suis devenue parano et hyper anxieuse. J'en ai même des crises d'angoisse et de larmes.

Quand je dois prendre la parole au sein d'un groupe...j'ai peur et donc j'oublie une partie de ce que je dois dire !

Les "smalltaks", pour moi, c'est comme traverser un immense brouillard.
Pré-diagnostic d'asperger posé en décembre 2017.

[color=#000080]"Un chemin de mille lieues commence toujours par un premier pas." Lao Tseu.[/color]


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