Renaissance

[Azur]

Bonjour à tous et à toutes,

Grâce en partie à vous et au forum, je me suis aperçu qu'il y avait dans ma vie des​ cycles d'environ 3 ans,3 ans 1/2. Pendant cette durée, j'essaie d'être dans l'observation, d'être un autre. Je calque mon attitude sur les autres. J'essaie de décrypter leurs paroles, leurs gestes. Cela me bouffe mon énergie psychique et cela m'éloigne de moi.
Je m'aperçois que je suis dans la retenue. Passé sce délai de 3 ans 1/2 j'implose et je pars. CA SUFFIT. Pourquoi je cherche tellement à me conformer, à être un autre, à rechercher la compagnie des gens "ordinaires" alors que j'aime la solitude et le silence.
J'ai commencé à me faire des amis - vous imaginez bien que ça n'a pas durer-fin CM1, CM2. Cela peinait mes parents de me voir seul. Depuis par phase, ça me reprends comme si je devais satisfaire les désirs de mes parents.
Je veux redevenir moi: quelqu'un d'honnête, de droit, de gentil, de Franc. J'ai mes défauts :je suis têtu, borné, incapable de gérer mes émotions,...
J'ai donc décidé non pas de changer mais de redevenir moi. J'espère évoluer mais indépendamment de ce que pense les autres. Si j'en fais un sujet, c'est que je voudrais que vous partagiez votre expérience. Avez-vous connu ces périodes. Comment les avez-vous vécu ? Et tout ce que vous pensez sur ce sujet.
Je suis bien sûr ouvert aux critiques tant qu'elles sont justifiées mais je me contrarie vite surtout quand je ne comprends pas les arguments.
Merci d'avance.

[Ome Etzli]

Je te rejoins sur le vécu de périodes “d'effort” où je n’étais plus vraiment moi-même, suivies par des moments où ça implosait.
(Étrangement, la période où j’ai essayé d’être le plus “normal”, en la fermant plus que d’habitude et en côtoyant des gens avec qui je n’avais pas de points communs, et la seule qui n’a pas fini par un clash pur et dur. Peut-être parce qu’au fond, je me sentais tellement éloigné d’eux que ça ne pouvait aboutir qu’à du mépris à de l’indifférence.)

J’ai aussi connu ce questionnement incessant, cette balance sans équilibre, de savoir quels efforts sociaux m’étaient nécessaires (ou tout au moins utiles) et à partir de quand leur coût était plus élevé que le gain potentiel. Je parle au passé parce que je cerne mieux mes envies et mes besoins, aujourd'hui, mais je continue de me poser énormément de questions. Quoi qu’il en soit, personnellement, je n’ai réussi à tendre vers moins de chaos qu’à force d’expérience et d’analyse de mes échecs. C’est long, douloureux, et ça ne répond jamais à tout. Et c’est difficilement transposable au cas de quelqu’un d’autre, malheureusement.

Enfin, comme toi, je me veux quelqu’un d’honnête et de droit. Or je considère qu’il n’y a rien d’honnête ni de droit (je précise que je ne parle que pour moi) à ne jamais sortir de sa solitude et à laisser les injustices du monde se poursuivre en jugeant que c’est aux autres de faire quelque chose. C’est la raison pour laquelle je poursuis mes efforts sociaux. Ils me sont parfois très coûteux (ils me coûtent indirectement un syndrome de stress post-traumatique complexe), mais sans ça, seul avec mes handicaps, je ne risque pas d’aller bien loin. Il a fallu en passer par-là pour finalement rencontrer les bonnes personnes et saisir les bonnes occasions d’agir. Je peux me regarder dans une glace en me disant que j’ai pris des risques, fait des sacrifices, pour agir en adéquation avec mes opinions. Que j’ai concilié mon éthique et mes actes, sans me cacher derrière mes troubles.

Par contre, ne me demandez pas de faire un effort de sociabilité avec des gens avec je n’ai rien à partager. Je suis par exemple incapable d’agir “correctement” lors d’un enterrement où une naissance. Suis aussi totalement inapte au travail, incapable de la moindre crédibilité face à un employeur ou même devant un agent de Pôle Emploi. Il n’y a pas de secret : ces efforts-là, parce qu’ils ne m’apportent rien selon mon échelle de valeurs, je les ressens comme inutilement coûteux.

J’ai essayé de faire court, mais c’est là un sujet que je comptais aborder de manière plus personnelle et j’ai failli faire bien plus long encore. Je vais voir à expliciter mon cas sur ma propre page de présentation pour ne pas polluer davantage celle-ci. Quand ce sera fait, n’hésite pas à y intervenir.

[Azur]

Je ne renonce pas aux autres. Je renonce à me "cacher". Mes efforts m'empêchent d'avancer. J' aiderais toujours les gens mais je saurais dire non, stop, ça ne m'intéresse pas. Une connaissance m'appelle "frère" dans ses textos. Je n'ai qu'un frère et ce n'est pas lui.
J'ai une capacité d'écoute assez importante et je suis gentil. Certaines personnes se pensent les amis et pourtant je le dis et redis:"ce ne sont pas mes amis."
Je parle plus avec lui car il vient plus le voir que certains pas parce que je ressens quelque chose de particulier.

[Ome Etzli]

mais je saurais dire non, stop, ça ne m'intéresse pas.

Oui, ça, ça me semble essentiel (c'est plus facile à dire qu'à appliquer, évidemment). Sinon tes efforts t'épuisent, mais en plus ils sont inutiles.

[Anahata]

Bonjour je me reconnais dans cette volonté de me REressembler
En fait je crois qu'on est toujours soi. Dans l'adaptation qu'on met en place etc. C'est notre création, notre mode d'adaptation à l'extérieur. Ça prend beaucoup d'énergie alors on fatigue.
La meilleure manière de se déconnecter c'est de réecouter nos besoins. Parfois je réalise à quel point je m'en demande trop. Si je m'écoute, j'ai un autre rythme, très personnel, mais qui a besoin d'être organisé malgré tout. C'est dans tout ça que je suis perdue. C'est du sur régime sinon. Pour moi en tout cas. En ce moment, j'ai l'impression de redescendre les marches de mes exigences pour pouvoir vivre la vie qui me ressemble. Aussi simple soit elle.

[Azur]

Bonjour je me reconnais dans cette volonté de me REressembler
En fait je crois qu'on est toujours soi. Dans l'adaptation qu'on met en place etc. C'est notre création, notre mode d'adaptation à l'extérieur. Ça prend beaucoup d'énergie alors on fatigue.
La meilleure manière de se déconnecter c'est de réecouter nos besoins. Parfois je réalise à quel point je m'en demande trop. Si je m'écoute, j'ai un autre rythme, très personnel, mais qui a besoin d'être organisé malgré tout. C'est dans tout ça que je suis perdue. C'est du sur régime sinon. Pour moi en tout cas. En ce moment, j'ai l'impression de redescendre les marches de mes exigences pour pouvoir vivre la vie qui me ressemble. Aussi simple soit elle.

Bonjour Seva,
Je suis aussi en surrégime. Du coup, quand je me pose la fatigue tombe sur moi et m'ecrase.
Je me connais. Je suis en dépression. Ce qui me heurte, c'est que je parle de mes difficultés. Je suis dans une structure sociale type foyer. J'en ai parlé à l'équipe pédagogique. J'ai parlé de ma dyspraxie à mes collègues, mes voisins. Ça ne change rien.
J'ai envie de lacher prise, de ne plus me fatiguer à les comprendre, de répondre à côté si je n'ai pas compris.
Je me dis que peut-être en ne faisant aucun effort, il ne comprendront pas. Ils seront autant dans le brouillard que moi. C'est méchant de vouloir que l'autre vive vos difficultés au moins un peu, histoire qu'ils comprenne?

[axurit66]

Oui, c'est une bonne idée ce sujet.

Je suis en pleine renaissance et un peu dans la même situation que toi, Azur.
Actuellement, et particulièrement suite aux derniers examens ayant révélé qui j’étais vraiment, j'essaye de tout faire pour être moi-même et non plus copier une ou plusieurs personnes pour calquer mon comportement.
Bizarrement, ça se passe très bien. Peut-être le fait que je sois maintenant un adulte mature et plein d'expérience, y est pour beaucoup aussi.


Avant cela, c'est bien simple :
J'analysais, je copiais puis je reproduisais strictement le comportement d'une personne. J'en faisait un idéal et ça me donnait un comportement particulièrement stupide. Car ça se voyait trop que je copiais.
Depuis que j'ai 5 ans, j'ai toujours fait ça. Jusqu'à il y a quelques mois, ou il y a eu la grande prise de conscience !

Par contre je n'aie pas tellement connu de phases d'implosion. Bien que je me soit toujours rendu compte que le fait de copier les autres était stupide. Mais je ne savais pas comment faire autrement pour me socialiser, donc .....

[Pupuce]

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[Azur]

Le truc c'est que lorsque je suis en contact avec les autres je stresse tellement que je ne ressens pas la fatigue. Du coup ( je m'aperçois que j'écris "du coup" partout) je recherche des situations sociales qui me coûtent pour ne pas être seul et tombé. C'est un cercle vicieux.

Je copie aussi souvent les autres mais jamais une seule personne à la fois, ce qui m'amène à avoir des attitudes incohérentes.

Souvent, je camouflé mes émotions et même​ la fatigue. Mais là, tout le monde le voit.

[Pupuce]

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[Azur]

La solitude....un paradis quand elle est choisie, une souffrance quand elle est subie. Il faut faire avec ce paradoxe. L'idéal, c'est d'être entouré, mais de loin peut-être, avec des possibilités d'isolement à volonté sans que ça pose question à qui que ce soit. Mais je m'éloigne du sujet, là.

Je confirme que c'est la solution. Je suis en hospitalisation de jour pour me mettre à l'abri. Je ne peux pas éviter le monde. Je vais être moi-même, baisser mes défenses et demander à l'équipe soignante ce qu'elle pense. C'est du moins mon souhait. J'ai tellement pris des habitudes que je ne sais pas si j'y arriverai. Je vous ferais part du résultat.

Quoiqu'il en soit, merci à tous. Le forum devient mon intérêt restreint.

[Anahata]

Au début je croyais que c'était un sujet sur lhistoire. Il y a un programme télé que j'aime beaucoup ' sous les jupons de l'histoire' ils me font m'intéresser à la vie des fois et reines !
Merci aussi !

[Azur]

Bonjour,
Je vais vous raconter mes "exploits" d'hier. J'ai discuté avec l'équipe soignante au début de mon hospitalisation. Elle m'avait dit que si une chose me gênait de le lui signaler. J'avais répond par un "oui" poli et gêné. Mais je ne sais pas pour vous, mais j'ai du mal à formuler certaines choses, notamment lorsqu'elles me gênent. Par exemple, si on me rend pas la monnaie,.soit je ne vais rien dire, soit je vais bafouiller, soit je vais m'énerver au-delà du raisonnable.
Dans mon optique "je vais redevenir" moi-même", une activité jeu de société était prévu hier. Comme à mon habitude dès la veille, j'essaye de me projeter, de voir ce qui pourrait aller ou pas et le jour j, on va au jardin au lieu de l'activité jeu de société.
Il me faut bien 30 minutes pour trouver le bon moment de placer que ça m'a un peu gêné car ils parlaient d'autres choses mais miracle je le dis.
J'ai d'ailleurs remarquer que ces derniers temps, j'arrivais à formuler des demandes styles:"je ne veux qu'un sucre,svp.","pourrais-avoir un couvercle pour mon gobelet, svp?", ce genre de truc. Grosse fierté​ qu'on n'éprouve que quand on reçoit la médaille Field ou le Prix Nobel de la Paix.
Mais ce qui me tue, notamment quand j'exprime que j'ai du mal avec ce changement-la c'est qu'on m'a répondu : "avec moi, vous êtes mal tombé","on ne peut pas faire autrement ".
Du coup mon acte "héroïque" (:) ne se trouve pas récompensé. Adieu la médaille et le Prix Nobel.

[Pupuce]

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[Azur]

[quote="Pupuce"]Oui, demander est un exercice coûteux qui, en plus de ça, expose au refus.

Je trouve super d'avoir réussi cet exercice, même s'il n'a pas apporté la réponse espérée.
Je pense qu'il faut persévérer dans cette voie. On s'habitue(ou pas)à ne pas avoir la réponse espérée.

Peut-être focaliser sur l'exercice? C'est à dire prendre comme objectif la formulation de la demande et non son résultat pour progresser? Il faudrait alors le faire sur un truc qui ne te tienne pas du tout à coeur pour ne pas focaliser sur la réponse(?)

Savoir demander est crucial, c'est super que tu en aies conscience et que tu t'attèles à cet exercice.

J'ai mis pour ma part du temps à comprendre la nécessité mais formuler une demande évite une frustration énorme. S'exposer à un refus n'est pas facile non plus, j'ai encore du mal avec mais de moins en moins.

Je n'ai plus aucun mal maintenant à demander à un serveur par exemple du sel ou tout autre chose dont j'ai besoin. Par contre, j'ai encore du mal à demander de l'aide. J'estime toujours que je peux faire moi-même. Mais ça, c'est encore autre chose [/quote

Bonjour Pupuce et merci pour tes encouragements​,
C'est marrant que tu parles de ne pas se focaliser sur les résultats parce que lorsque je travaille avec des personnes adultes avec déficiences mentales, c'est exactement ce que je fais. Peut-être qu'inconsciemment, j'avais la réponse.

Vouloir faire les choses tout seul est une attitude que j'adopte depuis petit. Au delà de la gêne occasionnée par la présence de l'autre, je me sens "incomplet" lorsque je n'accomplit pas une tâche d'un bout à l'autre.
Il y a un slogan dans une pub pour un magasin de bricolage qui dit quelque chose comme ça :
"Ne le faites pas tout seul, faites le vous-même​" (à corriger).
C'est ce vers quoi je dois rendre.

Par ex, je voudrais savoir comment ne citer qu'une partie de vos posts car je ne sais pas faire.