A propos des idées noires...

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Manichéenne
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Re: A propos des idées noires...

#16 Message par Manichéenne » lundi 9 octobre 2017 à 16:29

@axurit66 : c'est plus clair, merci.

Je n'ai que rarement ce genre de pensées. Peut-être par manque d'imagination...
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA, cadet TSA de type Asperger.

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misty
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Re: A propos des idées noires...

#17 Message par misty » lundi 9 octobre 2017 à 17:40

Benoit a écrit :
axurit66 a écrit : D'ailleurs, en passant, les personnes autistes ne sont-elles pas confrontées à des symptômes dépressifs, des troubles anxieux ? On peut donc très bien en avoir plusieurs à la fois.
Il n'y a qu'une chose à faire dans ce cas, qu'on soit autiste ou pas : consulter.
Ca fait partie des comorbidités = Ca se soigne.

Peut être même plus quand on est autiste, vu la capacité des autistes à encaisser des trucs qui enverraient certains neurotypiques aux urgences.

La dépression (ou les troubles anxieux) c'est du sérieux et ça se traite (très) bien. Il n'y a aucune de raison de vouloir continuer à "vivre" avec parce qu'on est autiste ou quoi.
Entièrement d'accord avec ça. Ne tarde pas.
axurit66 a écrit :Je ne sais pas si c'est du aux TSA, ou si c'est accentué par la pseudo-dépression que je subis depuis mes démarches diagnostiques, ou si c'est du à mon stress post-traumatique (qui en passant n'est toujours pas diagnostiqué avec certitude), ou à des troubles anxieux.
Je pense que cette question n'est pas la priorité car quelque soit la raison il faut agir (vite).
Un lien qui me vient cependant serait le décalage et les problèmes de reconnaissance des émotions. Je ne suis pas dépressive mais très anxieuse et le "décalage émotionnel" est quelque chose qu'on m'a conseillé de surveiller car c'est à la fois surprenant et très violent. Il m'arrive de regarder un film avec des images très violentes et de rester complètement stoïque alors que mon copain est obligé de sortir de la pièce. Je ne ressens rien. Par contre, plusieurs heures après je vais faire une crise très violente où je me sens prise à la gorge à en étouffer et où rien ne peut m'apaiser. Pareil quand il est question de certaines choses dans une conversation: j'entends, je ne dis rien, j'observe la discussion et le malaise des gens mais je ne perçois rien chez moi. Longtemps après, quand les autres sont passés à autre chose voire plus là, tout va revenir me "percuter".
C'est valable aussi lorsque quelqu'un me fait du mal, ou que je vis une situation très anxiogène: une sorte "d'écran blanc" pendant, et la sensation d'être comme avalée par un trou noir bien après. Et c'est souvent comme un puzzle pour comprendre ce qui a déclenché quoi. :?

Ca me le fait depuis que je suis petite mais je ne sais toujours pas le gérer. Le danger selon ma psychiatre c'est que j'emmagasine beaucoup plus que je peux supporter et que je ne m'en rends compte que quand ça m'explose à la figure.

Il me semble que ça pourrait éventuellement amplifier ce qui t'arrive... Ressens-tu l'angoisse très vite ou met-elle longtemps à venir?
Regardes-tu beaucoup les infos, les séries policières, hospitalières, lis-tu beaucoup de polars noirs? (perso j'ai parfois été très choquée par des images ou lectures, et ce dont je parlais avant m'empêche d'interrompre, de "couper le robinet" quand ça devient nécessaire).
*Diag TSA*

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axurit66
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Re: A propos des idées noires...

#18 Message par axurit66 » lundi 9 octobre 2017 à 18:30

Oh purée :shock: , misty, c'est exactement cela que je ressens ! Le décalage émotionnel. Je le vis très mal, et très particulièrement dans le monde professionnel. En particulier, ça me fait sombrer dans des colères noires contre certaines personnes mal intentionnée a qui j'ai eu affaire plusieurs mois voire années avant. En fait je me rend compte de leur mauvais coup avec du retard, c'est cela qui déclenche la colère disproportionnée.
Mais c'est pareil avec certaines scènes dures, choquantes ou violentes que j'ai pu voir.
Je n'avais encore jamais posé un nom là dessus, mais maintenant que tu le décris, c'est très clair !

Et évidemment, ce "décalage émotionnel" contribue à déclencher le mécanisme des idées noires.

Du coup, tu dis que tu ne sais pas le gérer, donc j'imagine que tu n'as pas d'astuces à proposer pour chasser ces idées noires...

Mais au moins, tu auras donné une réponse très pertinente et j'aurais appris quelque chose ! Merci misty ! :D
2016 - Prédiag TSA / 2017 - Profil Asperger + Traumatisme précoce validé.
2018 - Burnout / 2019 - Guérison burnout. TSA remis en cause. Suspicion trouble schizoïde
Profil INTJ au test MBTI (passé dans le cadre d'un bilan de compétences).

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misty
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Re: A propos des idées noires...

#19 Message par misty » lundi 9 octobre 2017 à 21:38

Du coup, tu dis que tu ne sais pas le gérer, donc j'imagine que tu n'as pas d'astuces à proposer pour chasser ces idées noires...
Je ne le gère pas, c'est clair, mais je pense qu'il y a des choses qui m'ont permis de survivre sans être pulvérisée par ça: l'étude poussée des philosophies orientales (ça m'a pris très jeune, je ne sais plus trop comment mais ça a changé des choses), le recours quasi systématique à l'isolement et la musique quand tout est "trop", le dessin et la peinture...

Sinon, ma prise en charge psy m'a fait bien progresser: sans vraiment régler le souci mais plus en m'apprenant à être vigilante sur les potentiels déclencheurs. On fait surtout de l'analyse de situations vécues et on parle des retentissements émotionnels que je ne perçois pas. J'essaie d'anticiper et de mieux me protéger, même si c'est parfois amplificateur niveau isolement.
Mes thérapeutes m'enseignent aussi à "choisir mes batailles", j'ai dû renoncer temporairement à chercher un emploi (ça a été très dur) à cause des difficultés que je vis à la maison. Il faut parfois reconnaître ses limites et l'idée qu'on ne pourra pas tout encaisser sans y laisser beaucoup de plumes. :?

J'essaie aussi de lire des ouvrages sur le sujet (dernièrement "hypersensibles" d'Elaine Aron) mais c'est compliqué pour moi parce que, un peu comme pour la mémoire, les difficultés ou autres; il faudrait que j'arrive à me situer sur ces échelles pour pouvoir y situer les autres. Je n'ai jamais eu l'impression d'être particulièrement sensible au niveau émotionnel alors que tout prouve le contraire et que tout le monde autour de moi me voit comme une écorchée vive.

Pour ce qui est de la violence et de l'angoisse dans les lectures et films, j'essaie désormais de les éviter autant que possible. J'avais un gros penchant pour les histoires d'horreur au début de l'adolescence, j'écrivais de petites choses qui plaisaient beaucoup (ma prof de français de 6ème m'avait même conseillée de devenir écrivain) mais j'ai dû arrêter parce que ce que j'écrivais me faisait trop peur (sur le coup j'étais surexcitée et hyper contente de moi mais après mes propres histoires me rendaient malade d'angoisse) :mrgreen:
Tout ça me manque mais je me sens mieux depuis (même s'il m'arrive de replonger dans l'univers d'Edgar Poe qui a longtemps été mon héros).

Une chose que je ne conseillerais pas forcément mais qui m'avait rendu service ça a été une sorte de "plongée dans la noirceur", je me demande si ce n'était pas un IR à une période: je lisais beaucoup des gens comme A.Crowley, A.Osman Spare, Lovecraft... En peinture c'était par exemple Zdzislaw Beksinski, en musique du black et death metal...
Pour beaucoup de gens c'est connoté très négativement mais je crois que ça m'a équilibrée dans le sens où la noirceur que je ressentais était exprimée par des artistes qui y donnaient un sens au lieu de vouloir tout occulter (chose que je reproche vraiment à notre société).

J'y reviens de temps à autre, car je considère que l'obscurité fait partie de l'existence et qu'il faut savoir vivre avec.

Pas de recettes, juste des pistes (chacun a probablement ses facteurs apaisants, je ne crois pas à la formule miracle pour ça) :wink:
*Diag TSA*

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