L'empathie

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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chawacee
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Re: Question d'empathie

#46 Message par chawacee » mercredi 4 décembre 2013 à 17:27

:bravo: pour ta réponse qui m'a faite sourire.

Intérieurement, l'empathie est énorme chez moi, mais.. comment dire ça.. pas "claire". Je ressens des émotions fortes, face à des personnes, sans qu'elles n'aient besoin d'utiliser de mot. Surtout ce qui concerne des colères, des tensions, ça me bouffe littéralement.

Extérieurement, je ne donne pas "les bonnes réponses", celles attendues. J'ai déjà été taxée d'insensible pour mon absence de réaction face à des situations ou il aurait fallu être triste, ou pleurer, et que je ne dévoilais rien de rien.


Sinon.. la même discussion a déjà été lancée il y a un moment http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?f=8&t=4136
Maman d'un enfant TED diagnostiqué au CRA de Reims.
Je ne suis pas très typique, sans avoir pourtant creusé la question d'une façon ou d'une autre.

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Manichéenne
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Re: Question d'empathie

#47 Message par Manichéenne » mercredi 4 décembre 2013 à 18:32

Je manque de sympathie, pas d'empathie.
Sympathie pris dans son premier sens, pas dans le sens courant actuel. Donc la capacité à ressentir soi même les émotions des autres.
Par contre, je les comprends assez bien.
Et je ressens très bien mes propres émotions.

Je sais que quand quelqu'un pleure il est triste. De là à l'être moi-même... je suis généralement plutôt gênée.
Et je parais avoir encore moins d'empathie que ce que je ressens, parce que je ne sais pas bien exprimer mes sentiments, et encore moins consoler ou soutenir, ou même féliciter.


Modération (Tugdual) : Fusion de sujets (fin).
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA, cadet TSA de type Asperger.

nathan
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#48 Message par nathan » vendredi 10 janvier 2014 à 21:37

Modération (Tugdual) : Fusion de sujet depuis "De tout et de rien" (début).


J'ai eu hier mon premier RV pour le diagnostic.
A la fin le psychiatre me dit qu'il ne pense pas que j'ai le syndrome d'Asperger mais plutôt une phobie sociale.
Deux arguments :
1. Je lui ai dit que j'avais de l'empathie
2. Je l'ai regardé et je saisissai l'implicite dans la conversation

Quand il me dit ça je trouve que ses arguments sont corrects vu la caractérologie du syndrome. Mais je pense en même temps que son jugement est précipité. Mais bon, vu ce que j'ai dit c'est normal d'un point de vue professionnel qu'il ne valide pas mon intuition d'être Asperger.
Je lui dit au-revoir et part. Je pense qu'il s'est trompé mais je n'ai pas envie non plus de me battre pour faire reconnaître le syndrome. Quand je lui avait dit que j'avais de l'empathie, j'ai voulu rompre le fil de ses questions pour faire un commentaire car je savais que c'était contradictoire avec le syndrome. Je voulais lui préciser comment était mon empathie, assez différente de l'empathie normale. Mais il m'a dit, ou plutôt signifié par un geste que j'ai interprété comme : ce n'est pas la peine, mais peut-être ai-je mal interprété son geste ? Peut être n'étais-je pas aussi bien dans l'implicite qu'il ne l'a cru ? Toujours est-il qu'à la fin de l'entretien il motive son premier jugement par cette empathie et là je trouve cela un peu injuste car je voulais lui dire comment était mon empathie, il a repoussé cela et une fois qu'il me donne son jugement j'avais plus le courage de préciser mon empathie.
Donc je m'en vais et, dans le couloir je trouve que ça cloche trop et décide de revenir. Je lui demande si il accepte un autre entretien avec ma compagne ce qu'il accepte. Car je pense qu'elle saura mieux que moi décrire certains aspects du syndrome que j'ai, en particulier l'absence d'empathie...


Voilà : je dis que j'ai de l'empathie et je demande de l'aide pour que quelqu'un qui me connaisse bien dise que je n'ai pas d'empathie... Je vais vous expliquer cette contradiction apparente (j'ai un peu pris conscience de tout ça depuis hier).
J'ai plus de 40 ans je suis inséré dans la société (j'ai un travail un salaire un enfant) et je me suis adapté à ce monde étrange de la neurotypie depuis toujours. Je n'aime pas être mal considéré, moqué (svp, dites moi, si vous êtes Asperger diagnostiqué, si vous pouvez également NE PAS AIMER etre mal considéré ? car pour moi ça c'est de l'empathie). Donc je me suis adapté pour paraitre normal (pour que certaines de mes anormalités n'apparaissent pas trop) et cette adaptation a pris la forme d'une déformation du langage. Sans doute qu'enfant, devant les réactions négatives face à ce que je pouvais dire et la difficulté que j'avais à lutter (car je ressentais cela comme une lutte) pour maintenir ma parole, j'ai repris les mots qu'il fallait.
Ainsi j'arrive à voir si une personne est triste ou joyeuse. Donc j'ai de l'empathie.
Je peux aussi ressentir l'émotion chez quelqu'un (une personne triste peut me rendre triste, joyeuse joyeux).
Donc j'ai de l'empathie.
Mais en réalité pas vraiment. Je veux pas entrer dans des détails personnels mais ma compagne dit que, sur une échelle de 1 à 10, j'ai 1 ou 2 en empathie et je suis d'accord, elle est très fine et objective dans ses analyses. Parfois je ne vois pas ce que la plupart des gens voient, et surtout mon émotion est froide, proche de l'indifférence.

Si j'ai déformé le langage c'était pour me protéger. En même temps quand je parle je dois être dans la vérité (ou l'authenticité) : je mens mal et je n'aime pas, ça ne me traverse même pas l'esprit la plupart du temps. Si j'ai dis au psy que j'avais de l'empathie, alors que j'adhère à ce que dit ma compagne sur mon absence d'empathie, c'est parce que j'ai pris, dans la conversation, le mot empathie en un sens léger. En plus (c'est ma philosophie de vie) je suis dans la pensée positive : je préfère dire les choses en beau qu'en triste car la parole a un impact, elle aide à idéaliser et à donner de l'énergie pour transformer les choses.
C'est pour ça que je suis un peu écoeuré maintenant.

Mais j'ai bon espoir que, lors de ce second rendez-vous, l'analyse soit plus fine.
Je dis rien du regard car là j'en ai suffisamment dit, je suis trop écoeuré par ce jugement qu'en même temps je comprend. Je suis écoeuré car j'essaye d'être bien en travaillant sur le langage, d'être positif, et je me fais piéger là-dessus.
J'ai toute ma vie dû me tordre pour donner une bonne apparence (ou tordre le langage). J'essaierai de faire un effort de clarification la prochaine fois, et j'espère que le psy (que j'ai trouvé assez doux et à l'écoute - empathie !) saura écouter ce qu'est mon expérience intérieure plus que les mots que j'utilise pour l'habiller.

Maintenant je pleure. Ca fait de nombreuses années que je n'avais pas pleuré.


Dites moi, si vous êtes Asperger diagnostiqué, si vous pouvez être joyeux ou triste quand vous voyez une personne joyeuse ou triste ?

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#49 Message par Luna » vendredi 10 janvier 2014 à 22:02

Si ça peut te rassûrer, j'ai très très souvent autant d'empathie qu'un arbre à chat :mrgreen: , c'est à dire très peu. Quand j'étais ado, je pensais que j'étais une psychopathe sans coeur ou un truc bien craignos dans le genre. L'une des premières choses sur laquelle j'ai interpellée mes différents thérapeutes, c'est cette impression de "n'aimer qu'en surface". Je pense que c'est une question de "connection avec les gens". Je dois même maintenant à bientôt 42 ans, faire de sacrés efforts pour rester connectée aux personnes. J'ai appris l'amitié sur le tard, je vois les qualités des gens qui m'entourent, je sais éprouver de la reconnaissance, c'est déjà ça. Par contre, il y a des fois où ça foire largement :
Exemple : le décès du père d'une collègue à la crèche, tout le monde se lamentait, semblait triste (même si je pense que pour certaines, elles jouaient une sorte de rôle) et moi au milieu qui me demandait ce que je devais ressentir (ben, que dalle, en fait) et qui étais plutôt contrariée parce que ça allait retarder l'heure des goûter des petits.

Je ne sais pas ce que je dois ressentir, ça m'a turlupiné très longtemps (et ça m'angoisse toujours un peu).
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#50 Message par nathan » vendredi 10 janvier 2014 à 22:24

T'as jamais été amoureuse ?

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#51 Message par Luna » vendredi 10 janvier 2014 à 22:30

C'est perso comme question. Je suppose que si, mais en y repensant, c'est avant tout tout un type de réactions chimiques & neuronales, l'"amour", non ? :mrgreen:

Ca me rappelle une scène de Sherlock, 2nde saison, cette histoire d'empathie :





"Sherlock Holmes: Look at them. They all care so much. Do you ever wonder if there's something wrong with us?
Mycroft Holmes: All lives end. All hearts are broken. Caring is not an advantage, Sherlock. "
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#52 Message par WinstonWolfe » vendredi 10 janvier 2014 à 22:34

Bonsoir,

ce sujet de l'empathie... Je m'y suis intéressé, pour comprendre que personne ne savait vraiment la définir. En fait, tout le monde la définit, mais personne de la même façon. Le sujet est évidemment complexe. A la question "avez-vous de l'empathie" il faudrait être naïf pour s'attendre à un oui ou à un non. J'irai même jusqu'à dire qu'il faut être naïf pour poser la question comme ça, en fait (mais peut-être poursuivait-il un autre but par cette question ?).

J'arrive à comprendre les émotions d'une personne, pour autant que je comprenne sa situation et que j'en aie vécu une plus ou moins similaire. Parfois, sans que ça ne se commande, je peux me mettre à ressentir des choses très fortes en réaction de l'émotion (ou de la situation) d'un autre. Ca peut me le faire aussi en regardant un film.

J'ai du mal par contre à avoir une réaction appropriée, et, de toutes façons, ce n'est jamais immédiat. En fait, tout se passe comme si ce n'était pas spontané mais réfléchi. Pendant mon diagnostic, le psychiatre a noté que je n'étais pas dénué d'empathie, mais qu'elle était spécifique (dans certains domaines, plus ou moins normale, et dans d'autres, moins prononcée voire absente).

Bref, l'empathie, c'est compliqué, et l'équation "autiste = sans empathie" est fausse pour moi (beaucoup trop simpliste) ; qui plus est, si on en est dénué, c'est difficile de savoir ce que c'est précisément. Comment peut-on donc juger de son propre niveau d'empathie quand précisément on est en plein doute sur son propre fonctionnement ?

Quant à ta question concernant le fait de ne pas aimer être mal considéré : évidemment je n'aime pas ça. Mais pour moi ce n'est pas lié directement à l'empathie (ou alors j'ai mal compris ta question). En revanche, j'ai parfois du mal à savoir si on me moque ou si on est sincère.

Sinon, comment s'est passé ton entretien ? Etais-tu à l'aise ? Est-ce qu'il y a eu d'autres discussions avec ton psychiatre qui t'ont appris des choses, ou fait avancer ?

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#53 Message par nathan » vendredi 10 janvier 2014 à 22:57

Durant l'entretien il y avait aussi des questions personnelle, par exemple si j'avais des amis. Elles sont personnelles car si on y répond la personne va mieux nous connaître sur des points qu'on a pas forcément envie de dire. Là aussi sur la question de l'amitié je me suis fait griller car j'ai dit que j'avais des amis et ca a été aussi un argument pour douter de mon syndrome. Mais (c'est encore lié à ma 'pensée positive') j'ai embelli la réalité.
J'essaye de comprendre ce qu'on entend par empathie, comment chacun comprend ce mot. Si par exemple être amoureux relève de l'empathie ou si on peut l'être sans empathie.

Après ce que m'a dit le psy je me suis dit : peut être que je fais fausse route, peut-être qu'un Asperger n'en a aucune. J'ai effectivement croisé des Asperger qui en semblait dénué et sur ce point je ne me reconnaissais pas. Je veux donc sonder comment vous êtes relativement à l'émotion.

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#54 Message par charles » vendredi 10 janvier 2014 à 22:58

La semaine dernière ma compagne s'est mise à pleurer en racontant l'histoire de notre fille à une amie. Celle-ci lui dit : "Tu vas me faire pleurer", et elle avait les larmes elle aussi.
Moi j'observais, mais pas de larmes mais juste mon manque d'empathie qui me sautait à la figure. Et que faut-il faire dans ce cas ? Serrer ma compagne ? Changer de conversation ...

Mais je ne me souviens de l'enterrement de ma grand-mère où là j'ai senti de la tristesse et j'ai du lutter pour ne pas pleurer. C'est idiot mais je ne peux pas me lâcher.
Mais ce n'est pas de l'empathie, ça, juste de la tristesse.

Comme j'arrive à ressentir, j'essaye de me mettre à la place de la personne en imaginant mon propre ressenti. Mais tout cela est tellement intellectualisé que je ne sais pas si c'est juste.
Je prend un exemple dur : un père qui perd son enfant. Il me faut m'imaginer perdre le mien pour ressentir. Alors que cela devrait être naturel, comme le bâillement communicatif.

J'ai parfois l'impression d'être un gros égoïste : je ne me soucis que de ma propre douleur. Mais l'empathie peut aussi être dans la joie, enfin, je crois. Peut-on être joyeux en voyant quelqu'un de joyeux ? Le fou rire peut-être ? Et ça, ça m'arrive. C'est discret mais j'ai les yeux mouillés. Donc je ne suis pas totalement dénué d'empathie. :bravo:

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#55 Message par charles » vendredi 10 janvier 2014 à 23:01

nathan a écrit :Durant l'entretien il y avait aussi des questions personnelle, par exemple si j'avais des amis. Elles sont personnelles car si on y répond la personne va mieux nous connaître sur des points qu'on a pas forcément envie de dire. Là aussi sur la question de l'amitié je me suis fait griller car j'ai dit que j'avais des amis et ca a été aussi un argument pour douter de mon syndrome. Mais (c'est encore lié à ma 'pensée positive') j'ai embelli la réalité.
J'essaye de comprendre ce qu'on entend par empathie, comment chacun comprend ce mot. Si par exemple être amoureux relève de l'empathie ou si on peut l'être sans empathie.

Après ce que m'a dit le psy je me suis dit : peut être que je fais fausse route, peut-être qu'un Asperger n'en a aucune. J'ai effectivement croisé des Asperger qui en semblait dénué et sur ce point je ne me reconnaissais pas. Je veux donc sonder comment vous êtes relativement à l'émotion.
N'est ce pas une habitude prise pour paraitre normal ? Car pour ne pas paraître associable, il peut arriver de mentir. Moi j'ai peur de l'inverse pendant le test. Tout faire pour être comme le psy le souhaite. J'ai peur de ne pas être moi-même, mais Est-ce que je l'ai déjà été ?
Alors peut-être que tu as joué aussi, autrement.

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#56 Message par nathan » vendredi 10 janvier 2014 à 23:20

J'ai dit au psy que j'avais trois amis, alors que je n'en ai plus que deux.
Mais c'était pas un mensonge car sur le moment je pensai avoir trois amis. Mais une de mes amie, je n'ai plus de nouvelle d'elle depuis un an. Mais je parlai avec en moi l'idéal (auquel je crois) que l'amitié avec elle avait quelque chose d'éternel.

Mon empathie est en décalage. Je peux être triste / joyeux quand les gens le sont, mais aussi l'être en avance ou en retard. Quand quelqu'un raconte des choses droles, souvent tout le monde rigole en même temps, moi parfois ca ne me fait pas rire et je m'étonne que tous soient entrainés dans le rire, parfois je saisi le trait d'humour avant tout le monde et je ris avant.
Et puis ça flatte mon ego que de voir que j'ai été touché par le rire avant eux.
Ou que je ne suis pas un bourrin qui suit le groupe.
Bref j'empathise pas comme tout le monde.

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Re: Empathie

#57 Message par Astragale » vendredi 10 janvier 2014 à 23:47

L'empathie c'est vraiment la capacité à ressentir une émotion vécue par l'autre.
Le fait d'être amoureux n'a rien à voir avec l'empathie, ni le fait de ne pas aimer être rejeté d'ailleurs.
Le rire est un comportement communicatif comme le bâillement, je ne crois pas que les Asperger soient dispensés de bailler devant quelqu'un qui se décroche la mâchoire.

Mais il est vrai que ces concepts se mélangent souvent dans l'esprit des gens. Ma mère me reprochait mon "manque de sensibilité". Ce n'était pas un manque de sensibilité, chose dont je ne manque pas bien au contraire, je le suis trop. C'était un manque d'empathie. Du coup je ne comprenais pas.

@Luna : C'est marrant je n'ai jamais trouvé les mots pour décrire cette sensation de ne pas être réellement touchée par l'affectif : "aimer en surface", c'est exactement ça ! Moi aussi je me croyais psychopathe ! :lol:

Cela-dit, je comprends très bien ce que tu exprimes Nathan quand tu dis que tu réponds ce que tu penses que ton interlocuteur veut entendre. Ceci est à mon sens un vrai symptôme. Comment faire autrement quand on a passé sa vie à étudier les autres pour tenter d'avoir le comportement le plus normal possible ?

Avant de découvrir le SA j'aurais répondu de la même façon que toi. Non seulement je voulais éviter d'avoir l'air d'une folle mais en plus je n'étais pas du tout consciente de la réalité. Lors des innombrables malentendus qui se sont produits dans ma vie j'ai pensé que les autres se trompaient. Mes attitudes enfantines complètement déplacées étaient qualifiées de "jeunesse d'esprit", mes problèmes sensoriels de "problème d'enfant gâté qui s'écoute trop", le manque d'intérêt des autres pour mes passions pour de la superficialité, etc. Il faut du temps pour retirer les lunettes de l'adaptation et pour enfin accepter de voir/dire les choses telles qu'elles sont.

Aujourd'hui je suis capable de parler de mes handicaps mais ça n'a pas toujours été le cas.

Je pense qu'un psy digne de ce nom devrait avoir la capacité à voir à travers ce genre de comportement et je suis étonnée de ce verdict un peu rapide et sans appel...
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Re: Empathie

#58 Message par nathan » samedi 11 janvier 2014 à 7:46

Bonjour Astragale
Le verdict était pas sans appel, il a accepté de me revoir.
Je reviens sur cette définition de base de l'empathie : capacité à ressentir ce que ressentent les autres. Je crois que je le ressens donc ai de l'empathie, mais ce ressenti ne transparait pas. C'est pour ca que j'aimerai mieux comprendre ce que l'on entend par ressentir les émotions des autres. Comment on utilise les mots. Car clairement j'utilise les mots à ma manière.
Je sais comment j'utilise le langage, j'en ai dit quelques mots sur ce post, mais je ne sais pas en détail l'écart entre ma manière de parler et celle commune. Je ne sais pas quel est l'écart entre mon empathie et l'empathie telle que l'entendait le psy.
En plus des questions sur ce forum, faudrait que j'aille sur un forum neurotypique pour poser les mêmes questions.

Au niveau du comportement, là c'est plus objectif : j'ai peu d'empathie. Intellectuellement je comprend souvent les émotions des autres, et cette émotion résonne aussi un peu en moi, mais mon corps exprime peu ce ressenti.
Parfois les émotions que je ressens sont peut-être une traduction intérieure de mon intellect vers mon émotion ? en ce sens l'émotion ne surgirait pas de la même manière que les neurotypiques ?

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Re: Empathie

#59 Message par LaKapsule » samedi 11 janvier 2014 à 8:19

Bonjour Nathan et bonjour à tous,

Nathan, je voudrais te rassurer mais sans trop savoir comment faire. En tout cas ici tu trouveras, j'en suis sûr, du soutien. :)

WinstonWolfe, j'ai bien aimé ton commentaire juste et sensé. Comme toi, j'ai un peu étudié la question et j'ai constaté que ce que l'on nomme l'empathie n'est pas toujours ce qui serait vraiment l'empathie, après je peux me tromper et d'ailleurs je le fais souvent.
Parfois, l'on nomme l'empathie ce que je nommerais plutôt projection personnelle c'est-à-dire qu'une situation vient nous en rappeler une autre que l'on aura vécue, ainsi, l'on ne ressent pas ce que l'autre ressent, mais ce que nous avons ressenti dans le passé face à une situation qui y ressemble.

Il peut arriver que l'empathie soit confondue avec la réaction empathique, or, cette dernière peut être simulée et je crois qu'elle l'est souvent. Ne pas avoir de réaction empathique, ne pas en avoir à un moment pour, peut-être, en avoir une plus tard, ne pas avoir de réaction empathique appropriée ne signifie pas que nous n'avons pas d'empathie, la forme est différente, c'est tout. L'empathie ce n'est pas, à mon sens, la réaction mais le ressenti, ce que l'on ressent mais pas forcément la réaction que l'on a suite à ce que l'on ressent ou à ce que l'on est supposé ressentir.

Aussi, je dirais que l'empathie serait d'être lié avec la substance émotionnelle ambiante. La façon dont on réagit ne me semble pas être lié directement à l'empathie même si souvent ça y est directement lié.

Ce que décris Charles au début de son premier message me fait penser à une chose. La douleur d'autrui peut provoquer chez tout le monde comme elle peut le provoquer chez les Aspergers une forte émotion, voire très forte. Suite à cette émotion la réaction pourra dépendre de notre gestion de l'émotion. Je crois que les Aspergers ont plus de difficultés liées à la gestion de l'empathie qu'à l'empathie-même. Vous n'imaginez peut-être pas à quel point sont nombreuses les personnes, de tout type, qui ne savent pas gérer leurs émotions. Cela s'apprend, dès le plus jeune âge. Maintenant, imaginons une personne Asperger qui ressentira de fortes émotions aussi bien personnelles, liées à elle-même, qu'empathiques, liées aux autres mais qu'elles soient dans un cadre familial qui gère très mal l'émotion. Elle sera sans doute décontenancée face à tout ce qu'elle ressent et, comme une chose gênante qui perturbe le quotidien, aura choisi, consciemment ou inconsciemment de se contenir voire de refouler. Les années passant, elle aura oublié cet épisode de la première enfance, d'autant qu'il se sera passé inconsciemment bien souvent, et, vu qu'elle n'aura pas de réaction ni de ressenti particulier, elle pensera ne pas avoir d'empathie.
Ceci est hypothétique mais c'est ce qui m'est arrivé. J'ai aussi constaté que dire que les Aspergers ont un manque d'empathie c'est faire un gros raccourci qui sera souvent faux, pour ne pas dire tout le temps. On pourra confondre processus mis en place face à un manque de gestion émotionnelle dans un contexte particulier au simple manque d'empathie. Même un enfant non-autiste dans une famille qui n'assume pas ses émotions voire les refoulent pourra devenir un adulte froid car il sera coupé de ses émotions. Alors, si l'on pense qu'un Asperger peut avoir une émotivité démultipliée, on imagine bien que les conséquences peuvent être, elles aussi, démultipliées.
Je me lance...
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Re: Empathie

#60 Message par WinstonWolfe » samedi 11 janvier 2014 à 11:13

J'abonde dans ton sens, LaKapsule ! La vision habituelle de l'empathie ne peut être séparée de la réaction empathique, qui en est la partie visible. Dans le monde neurotypique, la réaction empathique semble être d'une part une réaction de défense à un ressenti fort, issu de l'empathie (je suis triste parce que je te sais triste, alors je montre moi-même ma tristesse pour qu'elle soit également prise en compte et pour ainsi résoudre ce conflit interne que je ressens). Ca semble également être un code de bonne compréhension des émotions : si je suis triste, j'attends de voir sur toi des signes que tu l'es aussi.

En tant qu'autiste, on ressent (ou on comprend) les émotions des autres, pas systématiquement, mais occasionnellement, assez fort. Cependant on n'a pas cette possibilité de le faire savoir ; on n'a pas cette réaction de défense. Et la personne en face croit être face à un mur de glace, ce qui, suivant les situations, rend la position de l'autiste encore plus intenable. Envie de dire, envie de soutenir, ressenti terriblement désagréable, mais aucun moyen de résoudre ce conflit.

Tout ça peut s'imiter, se travailler de manière inconsciente ou volontaire, mais sera essentiellement artificiel. Toutefois, et c'est là la difficulté, cette adaptation peut faire croire (non pas aux autres, mais à nous même) à de l'empathie authentique. C'est donc extrêmement difficile, surtout quand on vient de se suspecter autiste, de savoir si on a de l'empathie authentique (et neurotypique) ou acquise. Ca m'a demandé – et me demande encore – beaucoup d'observation et de réflexion pour essayer de toucher du doigt ce que c'est réellement, et ce qui me manque.

En tous cas, merci LaKapsule de ton commentaire, ça embellit ma journée, et tout comme toi, j'aimerais soutenir Nathan et ne suis pas sûr d'y arriver vraiment.

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