Page 2 sur 2

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : samedi 30 décembre 2017 à 9:38
par freeshost
Disons que... admettre certains faits peut entrer en dissonance cognitive avec un ensemble de cognitions (dont des croyances, parfois ne correspondant pas à la réalité mais tellement plus simples à appréhender*) déjà établies dans leurs représentations.

Et, souvent, une nouvelle cognition face à une armée de cognitions déjà établies ne fait pas le poids ; elle va être minimisée ou rejetée.

* Exemples de croyances ne correspondant pas à la réalité :

- une personne autiste ne regarde pas dans les yeux, [Tu regardes dans les yeux, donc tu ne peux pas être autiste.]
- une personne autiste n'a pas de théorie de l'esprit, [Tu a la théorie de l'esprit, donc tu ne peux pas être autiste.]
- une personne autiste n'est pas capable de communiquer, [Tu communiques, donc tu ne peux pas être autiste.]
- une femme blonde est stupide, [Tu es intelligente et blonde, donc tu es une fausse blonde.]
- ...

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : samedi 30 décembre 2017 à 10:21
par hazufel
Ce que tu cites est clair et connu mais en l’occurence il s’agit de l’inverse dans la demande de FidjiKiwi.
Partir d’un groupe « les Aspergers » et dire « n’ont pas de problèmes sociaux » (qui est un critère diagnostique) est à l’inverse de ce que tu cites. Ou c’est un biais inversé, en les imaginant sans difficultés.

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : samedi 30 décembre 2017 à 18:30
par Controleur
hazufel a écrit :Quelles croyances par exemple ?
Pour moi, ça rejoint « ils ne veulent pas l'admettre » mais je n’ai peut-être pas compris ta formulation.
et bien par exemple la croyance "tout le monde est différent". Avec tous les absolus de pensées inimaginables quand ce type de personne nie l'existence de l'autisme. Ca devient pire quand c'est enrobé de bons sentiments " je veux t'aider", "c'est pour ton bien".

On en revient au fameux mécanisme du dénit de la réalité. :arrow: :idea:

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : dimanche 31 décembre 2017 à 8:50
par hazufel
Du genre « c’est pour ton bien » et je sais mieux que toi ce dont tu as besoin, j’imagine.
Nier la vérité c’est aussi très mal nous connaître pensant que puisque « je ne vois rien, il n’y a rien ».
Ou imaginer que la compensation lors des moments sociaux est naturelle, facile et sans efforts...

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : dimanche 31 décembre 2017 à 9:12
par philigram
Je pense qu'il y a aussi une impossibilité à imaginer qu'il puisse y avoir de vrai difficultés sociales quand tout semble si naturel et instinctif pour la plupart.
Quand je dis que je ne ressens pas le plaisir, quasiment personne ne peut y croire, pas même les psys. Soit, je refoule, soit, je ne veux pas le vivre ... Alors quelque part, je pense qu'on peut tous faire un déni de la souffrance de l'autre tellement ça semble inconcevable.
Sur de simple choses, comme l'alcool. Je dois lutter à chaque repas en société pour expliquer que je déteste le gout du vin, le gout même de l'alcool dans une région en plus viticole. "On" ne peut imaginer cela quand on vit pour et par l'alcool ! Et tous les clichés ressortent : bois ça va te faire du bien, bois et tu vas te décontracter, bois pour être un homme ... Et tout le monde trouve normal de picoler.

Autre exemple : l'emprise sectaire. C'est sans cesse les même mots qui reviennent : "moi ce n'est pas possible que je ma fasse avoir", "il faut être faible", "faut être idiot" .... et pourtant tout ça est faux, et bien faux.

Alors concernant les difficultés sociales, il en est de même. Peu peuvent imaginer que rester seul soit possible, que ne pas aimer le sexe soit possible, que vivre sans aller au travail soit possible, que ne pas se faire d'amis soit possible. Et pour eux alors ils ne leur viennent à l'esprit que : "sors un peu", "fais un effort", "prends toi en main". Car à part le faire exprès, être dépressif ou débile, ce n'est pas possible autrement.

Faut-il les blâmer ? Je suis certains que l'on a tous ce genre de réaction face à l'inconnu, l'inconcevable, l'inimaginable. Reste à éduquer, marteler, trouver les bons mots, chercher chez l'autre ce qui nous semble inconcevable et lui jeter cela à la figure pour qu'il comprenne.

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : dimanche 31 décembre 2017 à 9:58
par neigeetlumières
philigram a écrit :Je pense qu'il y a aussi une impossibilité à imaginer qu'il puisse y avoir de vrai difficultés sociales quand tout semble si naturel et instinctif pour la plupart.

Sur de simple choses, comme l'alcool. Je dois lutter à chaque repas en société pour expliquer que je déteste le gout du vin, le gout même de l'alcool dans une région en plus viticole. "On" ne peut imaginer cela quand on vit pour et par l'alcool ! Et tous les clichés ressortent : bois ça va te faire du bien, bois et tu vas te décontracter, bois pour être un homme ... Et tout le monde trouve normal de picoler.

Autre exemple : l'emprise sectaire. C'est sans cesse les même mots qui reviennent : "moi ce n'est pas possible que je ma fasse avoir", "il faut être faible", "faut être idiot" .... et pourtant tout ça est faux, et bien faux.

Alors concernant les difficultés sociales, il en est de même. Peu peuvent imaginer que rester seul soit possible, que ne pas aimer le sexe soit possible, que vivre sans aller au travail soit possible, que ne pas se faire d'amis soit possible. Et pour eux alors ils ne leur viennent à l'esprit que : "sors un peu", "fais un effort", "prends toi en main". Car à part le faire exprès, être dépressif ou débile, ce n'est pas possible autrement.

Je confirme.

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : dimanche 31 décembre 2017 à 16:54
par Controleur
hazufel a écrit :Du genre « c’est pour ton bien » et je sais mieux que toi ce dont tu as besoin, j’imagine.
Nier la vérité c’est aussi très mal nous connaître pensant que puisque « je ne vois rien, il n’y a rien ».
Ou imaginer que la compensation lors des moments sociaux est naturelle, facile et sans efforts...
:arrow: Oui et pourtant aujourd'hui, beaucoup de films ont largement démoli le cliché de autisme =rayn man mais c'est bien tenace.

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : dimanche 31 décembre 2017 à 17:33
par hazufel
Il y a aussi un nouveau cliché apparu grâce ou à cause de ces films / séries : l’Asperger est un génie bizarre. Avec des bizarreries rigolotes mais en aucun cas handicapantes. Ça c’est aussi difficile à démolir...

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : samedi 3 février 2018 à 8:42
par pommedaspi
J'ai très peu évoqué cette possibilité, mais j'en ai déjà marre des "ouais, enfin moi aussi j'ai souvent l'impression de jouer un rôle" "tu sais, tout le monde est mal à l'aise dans un endroit nouveau" "ben oui, les codes sociaux, ça s'apprend, c'est pas inné"... :evil:[/quote]

je compatie :kiss: !
je leur répond :
"ah bon ....t'est diagnostiqué aussi toi ?!"

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : samedi 3 février 2018 à 10:59
par Nanouille
Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi les gens se sentent obligés de ramener nos difficultés à leur petite personne en disant "moi aussi je supporte mal le bruit", "moi aussi... blah blah". Est-ce que c'est pour minimiser ce que l'ont ressent? Pour se mettre en valeur? Pour montrer qu'ils compatissent?
WinstonWolfe a écrit :il y a des aspies qui compensent bien, et dont les difficultés n'apparaissent pas au premier abord. Pour les gens qui aiment ne connaître que superficiellement les gens, ça peut faire illusion.
Je pense être de ceux-là. On sait que les filles arrivent davantage à faire semblant avec la fameuse stratégie du caméléon, mais c'est d'autant plus difficile de faire entendre nos différences alors même qu'on fait de gros efforts pour paraitre "normales".

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : samedi 3 février 2018 à 12:38
par FidjiTiwi
J'ai aussi eu droit à "l'autisme c'est classe et à la mode"...

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : samedi 3 février 2018 à 13:31
par olivierfh
Nanouille a écrit :"moi aussi je supporte mal le bruit", "moi aussi... blah blah". Est-ce que c'est pour minimiser ce que l'ont ressent?
Oui c'est ça je crois, sous-entendu "tu vas guérir si tu fais quelques efforts". :?

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : samedi 3 février 2018 à 16:33
par pimpoline
philigram a écrit : Faut-il les blâmer ? Je suis certains que l'on a tous ce genre de réaction face à l'inconnu, l'inconcevable, l'inimaginable. Reste à éduquer, marteler, trouver les bons mots, chercher chez l'autre ce qui nous semble inconcevable et lui jeter cela à la figure pour qu'il comprenne.
Hé bien je confirme aussi... au final dès qu'on dépasse un peu, ça embête les gens.
Et je suis d'accord avec ta conclusion, qui a le mérite de dépasser le stade du clivage et propose une ouverture intelligente. Bon, de là à jeter à la figure, je ne sais pas, mais certainement qu'il y a un travail de communication bilatérale à faire.
L'ignorance est la source de beaucoup de maux!

C'est certain que les gens ne se rendent pas compte. Ca ne veut pas dire qu'ils ne veulent pas, mais parfois c'est juste inconcevable, ou très difficile de réaliser que des broutilles pour eux peuvent nous gâcher la vie.
Je ne sais pas si c'est prouvé de chez prouvé que c'est plus dur pour les filles, tout est relatif et si on se met à comparer les souffrances on n'a pas fini, mais toujours est-il que comme beaucoup d'autres ici, je fais moi aussi pas mal illusion. Justement tant que les relations sont superficielles oui, ça va, je gère.

Les généralités faut toujours s'en méfier de toute façon. Ca ferme la porte à la connaissance de l'autre tout simplement.

Re: Les aspies n'ont pas de problèmes sociaux

Posté : samedi 3 février 2018 à 20:40
par Salicorne
Nanouille a écrit :Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi les gens se sentent obligés de ramener nos difficultés à leur petite personne en disant "moi aussi je supporte mal le bruit", "moi aussi... blah blah". Est-ce que c'est pour minimiser ce que l'ont ressent? Pour se mettre en valeur? Pour montrer qu'ils compatissent?
Pourquoi présupposer que ces personnes sont forcément égocentriques ou hypocrites ? Peut-être ne comprennent-elles effectivement pas ce qu'est un TSA et cherchent-elles à mieux le comprendre ?
Personnellement, la première fois que j'ai rencontré une personne autiste je me suis pareillement dit "moi aussi !".

Si quelqu'un vous dit "moi aussi", essayez de lui expliquer en quoi ce que vous vivez impacte votre vie quotidienne. Effectivement, comme la majorité des gens n'aiment pas le bruit, il faudrait éviter de leur dire des généralités telles que "je supporte mal le bruit", mais plutôt : "Il m'est impossible de suivre une conversation ou de me concentrer dans un milieu bruyant." ou "Les environnements bruyants m’angoissent et me font perdre mes moyens."

C'est un peu pareil pour les difficultés sociales : tous les non-autistes ne sont pas nécessairement des professionnels de la communication, ils peuvent aussi avoir des difficultés considérables. Peut-être que A connaît une personne non-autiste B qui a de grandes difficultés en société et une personne "Asperger" C, qui, en comparaison, peut lui paraître plus habile que B. De telles situations me semblent très plausibles.