Secrets de famille (et mémoire inter générationelle)

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Répondre
Message
Auteur
NewAsperger
Occasionnel
Messages : 14
Enregistré le : jeudi 14 septembre 2017 à 16:28

Secrets de famille (et mémoire inter générationelle)

#1 Message par NewAsperger » mardi 2 janvier 2018 à 16:07

Bonjour,

Je sais que ce sujet n'aura très peu voire pas du tout de rapport avec le syndrome d'Asperger, mais il me semble très pertinent d'en parler, et il pourrait peut-être aider ou ne serait-ce qu'aiguiller une bonne poignée de personnes. J'ai toujours eu l'impression de vivre dans une famille où l'on me cachait des choses. A fortiori j'ai toujours ressenti un certain "malaise", en présence de mes parents. Je n'ai jamais su l'expliquer, mais j'ai quelques pistes en tête. Certaines personnes dans ma famille m'ont déjà parlé de certaines choses (toutes ne me concernant pas), mais je n'ai jamais su les approfondir complètement. Et une partie de ma souffrance vient forcément, à mon sens, de certains non-dits familiaux. Mais bien sûr, je ne m'appelle pas Sherlock et à moins de faire appel à un détective privé (ce qui ne serait pas nécessairement fructueux non plus), je resterai toujours ignorant de tout.
Que me préconisez-vous ? Comment, au fond, être sûr de ce qui se passe vraiment au sein de ma famille ? J'ai l'impression de souffrir, toujours en raison de problèmes n'ayant aucun rapport avec moi. C'est une forme d'injustice vécue de mon côté au quotidien et il m'est très difficile d'y répondre, surtout que lorsque je fais savoir que je pense qu'on me cache certains trucs, les comportements de mes parents changent du tout au tout et sombrent dans la bizarrerie et l'incompréhension. Et c'est ce changement brutal d'attitudes, qui à mes yeux, les rend très suspects. Mais ce n'est pas suffisant, et je sais que même si l'on me cachait certaines choses, ils ne décideraient jamais d'en parler, en tout cas de leur propre initiative. Comment, donc, les pousser à bout ? Comment arrêter ce cercle infernal ?

Merci

Avatar du membre
Controleur
Prolifique
Messages : 641
Enregistré le : samedi 27 août 2016 à 18:09
Localisation : France(mobile)

Re: Découvrir des secrets de famille

#2 Message par Controleur » mardi 2 janvier 2018 à 20:06

NewAsperger a écrit :Bonjour,

Je sais que ce sujet n'aura très peu voire pas du tout de rapport avec le syndrome d'Asperger, mais il me semble très pertinent d'en parler, et il pourrait peut-être aider ou ne serait-ce qu'aiguiller une bonne poignée de personnes. J'ai toujours eu l'impression de vivre dans une famille où l'on me cachait des choses. A fortiori j'ai toujours ressenti un certain "malaise", en présence de mes parents. Je n'ai jamais su l'expliquer, mais j'ai quelques pistes en tête. Certaines personnes dans ma famille m'ont déjà parlé de certaines choses (toutes ne me concernant pas), mais je n'ai jamais su les approfondir complètement. Et une partie de ma souffrance vient forcément, à mon sens, de certains non-dits familiaux. Mais bien sûr, je ne m'appelle pas Sherlock et à moins de faire appel à un détective privé (ce qui ne serait pas nécessairement fructueux non plus), je resterai toujours ignorant de tout.
Que me préconisez-vous ? Comment, au fond, être sûr de ce qui se passe vraiment au sein de ma famille ? J'ai l'impression de souffrir, toujours en raison de problèmes n'ayant aucun rapport avec moi. C'est une forme d'injustice vécue de mon côté au quotidien et il m'est très difficile d'y répondre, surtout que lorsque je fais savoir que je pense qu'on me cache certains trucs, les comportements de mes parents changent du tout au tout et sombrent dans la bizarrerie et l'incompréhension. Et c'est ce changement brutal d'attitudes, qui à mes yeux, les rend très suspects. Mais ce n'est pas suffisant, et je sais que même si l'on me cachait certaines choses, ils ne décideraient jamais d'en parler, en tout cas de leur propre initiative. Comment, donc, les pousser à bout ? Comment arrêter ce cercle infernal ?

Merci
Les non-dits familiaux ont ce désagréable inconvénient qu'ils se transmettent par mémoires inter générationelles. Et d'autant plus que selon les schémas familiaux, et bien on décide de taire le secret.

Par exemple j'ai attendu d'être majeur pour apprendre qu'un de mes arrières grands parents était mort pour la france durant la grande guerre. Même chose pour un bébé mort après une semaine de vie, la mort d'une soeur handicapée de ma grand mère, l'existence du côté paternel de plusieurs membres autistes dans la branche paternel.

De chercher à comprendre permet d'une certaine façon de faire en sorte que tes enfants quand tu sera papa ne souffriront pas de ses non dits.

D'une autre façon, la révélation des non dits peux pousser à changer la dynamique de ta famille en bien comme un mal. Je ne peux que te renvoyer vers un livre écrit par serge hefez "quand la famille s'en mêle".
Diagnostique autiste par le CRA en mars 2009

Si vi pacem, para bellum

Traduction Latine: Si tu veux la paix, prépare la guerre

Contrôleur des finances publiques 2ème classe en trésorerie municipale.

Adepte de la course à pied.

Avatar du membre
Lilette
Intarissable
Messages : 10966
Enregistré le : mardi 29 juillet 2014 à 11:15

Re: Découvrir des secrets de famille

#3 Message par Lilette » mardi 2 janvier 2018 à 20:55

mouais, j'ai également appris des choses comme ça et bon, bah oui ok, les gens tués pendant la guerre c'est moche & triste, mais bon, c'est la guerre quoi, désolée mais ça ne me perturbe pas psychologiquement plus que ça, je ne vois pas en quoi ça devrait m'atteindre, ce n'est pas forcément un membre proche, quelqu’un que je ne connais pas, né à un tout autre siècle que moi, avec qui je n'ai clairement aucun lien (à part un trèèèès vague lien familial), bof ...
Ou d'autres choses du même genre ..;
Des contacts sur FB parlent souvent de ces mémoires qui se transemttent entre générations, qui causent des soucis/troubles etc, je n'ai jamais compris où se situait le souci.

A l'inverse, dans le genre beaucoup plus proche, un membre, pas de ma famille mais très porche de mes cousins a été accusé d'attouchements sur mineurs etc, en fait c'était leur oncle, là clairement oui évidemment, ça pose PB et ça mine toute la famille, là je comprends oui, mais quelqu'un qui est né à un autre siècle, ou dont l'histoire est très ancienne, je ne sais pas, jsusi peut-être insensible, mais je ne comprends pas comment ça peut traumatiser.
Je ne comprends pas le concept de "traverser l'ADN et marquer les gens à vie", en résumé (oui j'ai lu ça sur FB, juré)/
Que me préconisez-vous ?
Arrêter d'être parano ?
Quelle preuve as-tu que l'on te cache des choses ?
Ce n'est pas parce que tu en as l'impression que c'est réel.

Peux-tu stp indiquer dans ta signature si tu es diagnostiqué ou pas ?
Merci.
TSA.

Avatar du membre
Tugdual
Modérateur
Messages : 40122
Enregistré le : jeudi 15 novembre 2012 à 0:13
Localisation : Nord-44
Contact :

Re: Découvrir des secrets de famille

#4 Message par Tugdual » mardi 2 janvier 2018 à 21:06

NewAsperger a écrit :Que me préconisez-vous ? Comment, au fond, être sûr de ce qui se passe vraiment au sein de ma famille ?
Mon conseil est de parler de ton ressenti familial à un psy
(non psychanalyste), qui t'aidera à faire la part des choses ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).

Avatar du membre
Tugdual
Modérateur
Messages : 40122
Enregistré le : jeudi 15 novembre 2012 à 0:13
Localisation : Nord-44
Contact :

Re: Découvrir des secrets de famille

#5 Message par Tugdual » mardi 2 janvier 2018 à 21:06

Controleur a écrit :Les non-dits familiaux ont ce désagréable inconvénient qu'ils se transmettent par mémoires inter générationelles.
Les non-dits familiaux sont une chose.

Par contre, la mémoire intergénérationnelle, pivot de
la psychogénéalogie, n'a pas le moindre fondement.

Voir (entre autre) la conférence sur cette page,
ou encore l'article de Nicolas Gauvrit sur l'AFIS ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).

Avatar du membre
Jean
Modérateur
Messages : 22444
Enregistré le : lundi 24 octobre 2005 à 22:39
Localisation : Finistère

Re: Découvrir des secrets de famille

#6 Message par Jean » mardi 2 janvier 2018 à 21:43

Françoise Dolto a attribué l'autisme à un non-dit familial.

Elle prétendait le guérir en dévoilant ce non-dit à un bébé.

Un secret de famille peut avoir de l'importance, mais le rapport avec l'autisme ?
père d'une fille autiste "Asperger" de 40 ans

sorsh
Occasionnel
Messages : 17
Enregistré le : samedi 30 décembre 2017 à 16:31

Re: Découvrir des secrets de famille

#7 Message par sorsh » mercredi 3 janvier 2018 à 0:02

Bonjour,
Je ne sais pas quel est le "secret" que tu soupçonnes dans ta famille. Je ne peux parler que de celui qui m' a été révélé (par hasard!) dans la mienne, lorsque j'avais 18 ans. Pour résumer: une fille de ma classe m'a dit très naturellement, "ton père a marié mes parents", et moi qui avais un père "sociologue" je suis rentrée à la maison et ai taquiné mon père "qui ne nous avait jamais dit ( j'ai un frère plus jeune, qui avait 16 ans) qu'il avait été maire". Notre père n'avait jamais été maire. Le secret appris ce soir-là (et lourd, crois-moi!) c'est qu'il avait été curé, et rien vraiment ne nous le laissait deviner.
Oui, c'est mieux de savoir. On sait où se poser. Mais ça ne règle pas tout
Par contre, tous les psychiatres que j'ai pu rencontrer depuis (plusieurs entre 25 et 34 ans, pour simplifier) se sont grandement intéressés à mon père, et peu à moi et à mes difficultés...
Je ne suis pas pour le secret, du tout. Mais j'ai trouvé vraiment douloureux d'être réduite à ça par plusieurs psychiatres (et d'ailleurs je ne suis plus suivie): la "fille du défroqué qui l'a pas dit", et tout le reste disparaissait (mon père était intéressant, mon cas ne l'était probablement pas, d'où l'impasse dans laquelle je me trouve maintenant...)
Pas de conseil à donner, mais essaie de te rapprocher d'autres personnes que de tes parents si tu veux absolument "savoir" ...
Largement adulte, non diagnostiquée mais avec des difficultés permanentes et douloureuses de communication, d'interaction (j'ai l'impression de devoir "traduire" depuis toujours ce qu'on me dit...). En questionnement...

Avatar du membre
Controleur
Prolifique
Messages : 641
Enregistré le : samedi 27 août 2016 à 18:09
Localisation : France(mobile)

Re: Découvrir des secrets de famille

#8 Message par Controleur » mercredi 3 janvier 2018 à 8:05

Jean a écrit :Françoise Dolto a attribué l'autisme à un non-dit familial.

Elle prétendait le guérir en dévoilant ce non-dit à un bébé.

Un secret de famille peut avoir de l'importance, mais le rapport avec l'autisme ?
Ca n'as pas de rapport avec l'autisme mais de parler des non dit permet au patient même autiste de comprendre ce qui se passe dans la famille.
Lilette a écrit :mouais, j'ai également appris des choses comme ça et bon, bah oui ok, les gens tués pendant la guerre c'est moche & triste, mais bon, c'est la guerre quoi, désolée mais ça ne me perturbe pas psychologiquement plus que ça, je ne vois pas en quoi ça devrait m'atteindre, ce n'est pas forcément un membre proche, quelqu’un que je ne connais pas, né à un tout autre siècle que moi, avec qui je n'ai clairement aucun lien (à part un trèèèès vague lien familial), bof ...
Ou d'autres choses du même genre ..;
Des contacts sur FB parlent souvent de ces mémoires qui se transemttent entre générations, qui causent des soucis/troubles etc, je n'ai jamais compris où se situait le souci.

A l'inverse, dans le genre beaucoup plus proche, un membre, pas de ma famille mais très porche de mes cousins a été accusé d'attouchements sur mineurs etc, en fait c'était leur oncle, là clairement oui évidemment, ça pose PB et ça mine toute la famille, là je comprends oui, mais quelqu'un qui est né à un autre siècle, ou dont l'histoire est très ancienne, je ne sais pas, jsusi peut-être insensible, mais je ne comprends pas comment ça peut traumatiser.
Je ne comprends pas le concept de "traverser l'ADN et marquer les gens à vie", en résumé (oui j'ai lu ça sur FB, juré)/
Que me préconisez-vous ?
Arrêter d'être parano ?
Quelle preuve as-tu que l'on te cache des choses ?
Ce n'est pas parce que tu en as l'impression que c'est réel.

Peux-tu stp indiquer dans ta signature si tu es diagnostiqué ou pas ?
Merci.
Des membres de la famille tué pendant la grande guerre c'est vraie que c'est quelque chose que toutes les familles ont connu. Par contre des histoires d'enfants morts peu après la naissance, des divorces ou des histoires de deuil non dit de façon explicite, le handicap de membres de la famille tues ça par contre c'est plus gênant.
Tugdual a écrit :
NewAsperger a écrit :Que me préconisez-vous ? Comment, au fond, être sûr de ce qui se passe vraiment au sein de ma famille ?
Mon conseil est de parler de ton ressenti familial à un psy
(non psychanalyste), qui t'aidera à faire la part des choses ...
Oui un thérapeuthe familial.
Diagnostique autiste par le CRA en mars 2009

Si vi pacem, para bellum

Traduction Latine: Si tu veux la paix, prépare la guerre

Contrôleur des finances publiques 2ème classe en trésorerie municipale.

Adepte de la course à pied.

Avatar du membre
Lilette
Intarissable
Messages : 10966
Enregistré le : mardi 29 juillet 2014 à 11:15

Re: Découvrir des secrets de famille

#9 Message par Lilette » mercredi 3 janvier 2018 à 22:46

Il y'a des histoires d'enfants morts nés etc dans ma famille.
Je le vis bien, merci.
TSA.

Avatar du membre
philigram
Prolifique
Messages : 1863
Enregistré le : mercredi 14 septembre 2016 à 9:14
Localisation : Gironde

Re: Découvrir des secrets de famille

#10 Message par philigram » jeudi 4 janvier 2018 à 9:09

J'ai deux histoires de famille assez marquantes.
1- un cousin garde son fils caché pendant 20 ans. Personne ne soupçonnait l'existence de ce fils, pas même ses grands-parents. Il venait aux repas de famille sans ce fils. A 40 ans ce cousin a une bactérie au niveau du coeur. Il doit se faire opérer à coeur ouvert. Avant de découvrir que c'était une bactérie, son frère s'inquiété fortement d'avoir la même chose. Et la vérité est sortie : il n'était que son demi-frère. Le cousin ne savait pas que le père qui l'a élevé n'était pas son géniteur. Son géniteur a abusé de sa mère, mineure. Celui-ci a fait croire à sa mort en brûlant sa voiture. C'est paru dans les journaux.
Alors étrange que ce cousin, sans raison apparente, ait caché son fils à ses propres parents. En plus une démarche assez singulière : quelle énergie donnée pour berner toute une famille qui habite à coté !

Une autre histoire plus proche de moi, mais sans secret. Une femme perd deux filles en bas-âge : 1 mois et 9 mois 'erreur médicale et infection). Elle a une autre fille qui reste. Celle-ci subit le deuil de sa mère, son père. Sa mère devient hyper-protectrice et souffre d'angoisses de mort et voit sa file morte à la première égratignure.
Le père fuit les problème et se réfugie dans le boulot. Aucun ne cherche a se soigner et enterre cette histoire, sans pour autant la cacher.
Leur fille traine cette histoire avec elle.
La fille restante a ensuite un enfant, une fille, 25 ans plus tard. Elle-même angoissée à l'extrême par la mort subite du nourrisson, les maladies. Peur de perdre son enfant. La grand-mère se sent incapable de garder la petite-fille et dès les premiers jours, à la clinique lors de la naissance de sa petite-fille, elle fait un scandale dans la nurserie car elle croyait voir sa petite-fille s'étouffer.
Cette petite-fille aujourd'hui souffre d'attaques de panique, de crise de tétanie, d'angoisses permanentes, d’hypocondrie quasi invalidante, et va de psy en psy.
Et le seul espoir est qu'elle connait l'origine de ces angoisses : la mort des soeurs de sa mère. Malgré cela, il a fallu des années pour que sa mère aussi se soigne. Quand à sa grand-mère, 75 ans, est bouffée pr ses angoisses et les a transmises aussi à une autre fille qu'elle a eu 15 ans après.
Cette autre fille ayant deux enfants, avec des phobies (microbes), marquée à 10 ans et 5 ans.
J'imagine si cela avait été caché. Elles auraient toutes soufferts sans jamais comprendre. Car ces petites-filles n'ont pas vécu les deuils, la souffrance mais en ont hérité indirectement.

Rien de génétique, je suppose, mais culturel. Il faut à un moment donné pouvoir soigner ces blessures. Et il est préférable d'en connaitre les origines. Si elles restent cachées, à la quatrième génération, on a des enfants souffrants d'angoisses, de phobies, et aucun moyen de remonter à l'origine quand la source est décédée.
Bien-sur il est impossible de prouver qu'il y a relation de cause à effet : 3 enfants atteints de phobies et angoisses sévères ne suffit pas scientifiquement à faire un lien de causalité. Mais c'est tout de même assez évident car il s'agit pas d'angoisses invalidantes et de phobies qui sans être expert sont hors-normes dans leurs conséquences dans la vie courante.

Et si on considère les dernières recherches qui montrent une signature de la peur dans les gènes (expérience sur les rats), on peut aussi se demander si ces angoisses ne sont pas inscrites plus profondément. Mais si la peur peut s'inscrire génétiquement, il est aussi possible de la vaincre.

Voilà deux anecdotes bien réelles et vécues de l'intérieures.
Diagnostiqué asperger avec anxiété sociale marquée par le CRA.

Répondre