Et bien moi j'y ai pensé, plusieurs fois alors tes interrogations me paraissent normales. Il se trouve que je suis en reconversion (pas du tout enseignante par vocation) donc je m'étais dit autant enseigner à l'étranger puisque le système scolaire français ne m'emballe pas plus que ça et en plus la flemme de passer le concours...Et puis la France est un des pays où les enseignants sont les plus mal payés (je n'ai pas toujours de très noble motivations
)
Bon.
Alors 1 : j'ai cherché comment on devenait enseignant à l'étranger. Mon père (ex prof de maths en lycée) à un collègue qui a essayé (parce qu'il avait épousé une canadienne) de trouver un poste au Canada : même en étant marié avec une native, résident dans le pays avec visa et tout le toutim, avec 15 ans d'expérience en france et enseignant dans une matière scientifique... ila mis 4 ans à avoir un contrat. Et aujourd'hui il doit continuer de bosser alors qu'il devrait être en retraite comme mon père.
J'ai regardé les conditions pour devenir prof (j'étais prête à enseigner en anglais au besoin) et en fait ils en veulent pas tant que ça d'expatriés, ni au canada ni ailleurs. (après la lecture de céline alvarez je me suis dit la belgique ça a l'air cool...mais les belges ont eux aussi ce qu'il faut niveau candidats)
2 : je me suis dit, je passe le concours et j'essaie par voie de détachement. ma tante l'a fait : une année détachée à la Réunion. je ne pense pas qu'elle le regrette mais c'était incroyablement lourd et compliqué pour une seule année finalement. Et pareil, beaucoup de candidats dans les différents pays, peu d'élus... Mon frère vient de s'installer en Suisse en tant qu'enseignant chercheur et pareil, c'est hyper compliqué (et très cher).
3 : là c'est le point perso, et spécifique au TSA : je ne pense pas que j'aurai bien vécu un changement de pays. Comme je vois combien j'ai souffert la première année d'enseignement alors que je n'étais "Que à 250 bornes" de chez mes parents, et de mon point de repère (leur maison, leurs chats)... je n'aurai pas réussi seule dans un pays étranger. c'est un métier extrêmement exigeant, qui t'oblige à te remettre sans cesse en question, il est difficile de créer des routines et des habitudes. Je ne me vois pas associer ça à un changement de pays, et de mode de vie (même si la suisse et la Belgique c'est psa non plus radical, ça reste une culture différente). A titre perso, j'ai besoin d'un suivi psy par exemple, et de pouvoir accéder à certains spécialistes. C'est déjà compliqué en France et je pense pas que j'aurai eu mieux ailleurs. (en tout cas ça m'aurait coûté dix fois plus cher).
Pour finir, je pense que les autres systèmes scolaires ont aussi leurs limites. Je pense que de l'extérieur on fantasme pas mal (dans mon cas en me basant par exemple sur un seul exemple, trouvé dans un bouquin
) et je ne suis pas certaine que je me serai sentie mieux dans un autre système éducatif. En France on a tout de même une grande liberté pédagogique qui te permet de bouger un peu le cadre... Enfin, moi en tout cas j'arrive à adapter des pédagogies différentes dans ma classe par exemple. Pas besoin d'être dans une école montessori pour faire du Montessori et internet permet de suivre des comptes de PE en Belgique, en Suisse et d'emprunter des idées ! Le système éducatif est bien évidemment beaucoup critiqué en France (et très criticable, je suis la première à le faire) mais je ne suis pas sûre qu'il soit si mauvais. Personnellement, je préfère ce fonctionnement à celui des anglais ou des américains par exemple ...
Maintenant, j'ai abandonné l'idée d'aller enseigner ailleurs qu'en France. Très honnêtement pas le courage de reprendre à zéro. Si je devais un jour changer de pays, j'aimerai pouvoir aller en observation par exemple, pendant un mois mais sans la pression de devoir gérer la classe pour prendre des repères (et m'assurer que c'est vraiment si bien que ça chez eux
)
Je profite de ce message pour souhaiter une bonne année à mes collègues, et une bonne reprise. Personnellement le nouveau protocole sanitaire m'a donné envie de faire demi-tour aussi sec et d'aller pleurer sous ma couette... Tu ajoutes à ça la directrice qui te dit qu'en gros "tu fais comme tu veux, elle n'a pas le droit de te donner des ordres, c'est toi qui voit MMMMMAAAAAAAAAAAAAAAIIIIIIIIISSSS elle elle ne va plus manger en salle des maîtres à cause du virus. Alors si toi tu veux y manger, tu fais comme tu veux, c'est toi qui décide maiiiiiiiiis.... ce sera TA responsabilité si tu contamines quelqu'un en mangeant" (vu qu'on est serrés comme des sardines et qu'on doit retirer le masque pour manger). La connaissant elle n'aura aucun scrupules à me dénoncer à l'IEN si il y a des cas positifs dans l'école (mais si c'est elle je l'ai vue elle avait enlevé son masque)... du coup j'ai mangé seule dans ma classe froid (car un malheur arrivant toujours en bonne compagnie, le micro onde avait rendu l'âme pendant les vacances). Quand je pense que depuis des années on me tanne pour que je soit plus sociable, que je me force à manger avec les autres, que j'essaie d'échanger ... et là retour en arrière. Je me connais si j'arrête ce petit moment de manger avec les autres et que je commence à rentrer chez moi, je n'arriverai plus à recommencer.
mais bon, les enfants étaient heureux de me dire ce que le père noël avait vu, ils se sont arrangé pour être juste assez pénibles pour que je n'ai que eux en tête et pas assez pour avoir envie de les trucider. Heureusement qu'ils sont là mes petits relous...