Forum Asperansa

- d'avoir de l'ambition
- de montrer de l'intérêt pour les relations sociales
- être intéressé par la politique

"Vous ne pouvez pas être autiste, vous êtes dans la relation." (un psychanalyste)

woaw c'est incroyable tout ce que je lis. Comme quoi les psy et les gens n'y connaissent vraiment rien à l'autisme...c'est navrant.

Manichéenne a écrit :"Vous ne pouvez pas être autiste, vous êtes dans la relation." (un psychanalyste)

C'est un parfait résumé de ce que je dénonce à l'envie !

Conversation vécue quelques mois avant mon diagnostic. J'étais invitée à un repas où je ne connaissais presque personne, j'étais fatiguée et j'ai passé une mauvaise soirée (mais j'ai très bien mangé). Au moment de partir l'hôte me fait quelques remarques :

- Tu ne me dis rien, tu ne m'as pas parlé de la soirée, même pas dit si tu as aimé le repas...
- C'est pas évident sachant qu'il y avait beaucoup de gens et on ne se connaît pas. Je serais plus à l'aise avec moins de monde.
- Mais pourquoi ?
- Euh... pour des raisons neurologiques
- Ah, mais tu n'es pas Asperger quand même ? (prononcer As-per-jé
- Je ne sais pas
- J'ai un frère qui est comme ça, il s'en fout des autres
- Mais je n'ai pas dit que je m'en foutais des autres
- Alors tu n'es pas Asperger. Parce que quand tu es Asperger, tu t'en fous des autres !

Voilà, le diagnostic était posé, et ces ignares du CRA se sont planté !

C'est aberrant, tout ce que vous avez pu entendre ! On voit vraiment que l'autisme est mal connu en France...

Ce n'est pas vraiment une histoire d'être capable ou pas, et ce n'est pas à moi qu'on l'a dit, mais je pense que ça a sa place ici tellement c'est un des trucs les plus débiles que j'aie jamais entendus: une personne proche de moi qui annonçait mon diagnostic (je ne sais pour quelle raison) à une personne âgée qui m'avait croisée 2 ou 3 fois s'est vu répondre "elle? nooon! c'est pas possible: elle est tellement mignonne!"
Même cette personne qui a fait la fameuse annonce en est restée comme 2 ronds de flan...

Depuis que j'ai ainsi pris conscience des hauteurs pouvant être atteintes par la crétinerie de certains individus, je travaille dur à ressembler à Cthulhu, histoire d'être raccord et de les terroriser d'entrée. Je pense que c'est l'absence de tentacules qui peut surprendre.

LOUNA a écrit :- Alors tu n'es pas Asperger. Parce que quand tu es Asperger, tu t'en fous des autres !

Ah, tiens, moi celle là je la connais bien mais au contraire comme validation (même bien avant le diag): "ça ne peut être que ça, vu comme tu t'en fous des autres"...

misty a écrit : Depuis que j'ai ainsi pris conscience des hauteurs pouvant être atteintes par la crétinerie de certains individus, je travaille dur à ressembler à Cthulhu, histoire d'être raccord et de les terroriser d'entrée. Je pense que c'est l'absence de tentacules qui peut surprendre.

Bonne idée !

Après, je vais me faire l'avocat du diable mais je n'arrive pas à en vouloir non plus pour plusieurs raisons :
- Avant de connaître le SA, j'en avais aussi une vision clichée (dans ma biographie pour le diagnostic j'ai mis les points qui me faisaient le plus douter et parmi eux : je ne me reconnaissais pas du tout dans les SA qu'on voit dans les médias)
- Pour ceux qui ont un profil de compensation type "imitation", c'est plutôt gratifiant, ça veut dire que le rôle est bien joué ! (on ne peut pas reprocher à quelqu'un de nous prendre pour notre masque alors que le masque est tout ce à quoi on lui a laissé accès)
- Dans les médias, on n'insiste que sur l'aspect bête de foire : "regardez, il redessine tout New-York après l'avoir juste survolé en hélicoptère, regardez, il récite 22514 décimales de Pi, regardez, c'est un virtuose du piano à huit ans !"
- Pensons également aux autistes dans les fictions populaires (type Raynman)

En d'autres termes, c'est en partie excusable - même si c'est drôle d'évoquer les bêtises qui ont pu être dites !

Et mea culpa, moi aussi j'en ai pensées des bêtises, avant de découvrir le SA et de découvrir que j'étais concerné : dit au psychiatre "mais j'ai une réussite sociale totale : j'ai un travail, j'ai une femme, j'ai une fille ..."*



*J'ai dû être un patient particulièrement, excusez-moi du terme, chiant !

Meddio a écrit :Après, je vais me faire l'avocat du diable mais je n'arrive pas à en vouloir non plus pour plusieurs raisons :

Globalement d'accord avec toi Meddio C'est pour ça que quand on me sort une énormité dans le genre, généralement j'essaye de rester calme et d'expliquer.

Par contre ce que je ne supporte pas, ce sont les gens qui même après ta calme explication, continue de te certifier que non tu n'es pas autiste. Là par contre c'est vraiment desespérant

Ce qui m'énerve aussi beaucoup c'est quand tu annonces à quelqu'un que tu es autiste, et qu'il te sort "Mais, t'es sûr que tu es autiste ??" Euh ben oui sinon je m'amuserais pas à le dire

Je trouve très honnête ce que tu dis, Meddio : je pense aussi que j'ai eu, non pas des a priori, mais une méconnaissance de l'autisme avant de me sentir concernée. Par exemple, avant de "découvrir" ce qu'était le TSA (en lisant "je suis à l'est" de Josef Schovanek), je ne sais même pas si j'ai côtoyé un ou des autistes ; je ne sais pas comment j'aurais réagi si j'avais su - j'aurais été ouverte et intéressée, c'est sûr, mais j'aurais pu être blessée par des attitudes que je n'aurais pas comprises.
J'ai quand même un souvenir très net : j'ai eu un élève asperger en 6e, nous étudions un conte sur l'origine des constellations, il a eu envie de participer et nous a expliqué plein de choses sur les étoiles, c'était sa passion. Les autres le regardaient d'un oeil dubitatif, mais ils ont vite oublié leur gêne, car j'étais fascinée par ses connaissances, et je l'ai encouragé à nous expliquer.
Au moins deux ans après, j'ai croisé dans la rue son AVS, qui m'a donné de ses nouvelles : il était en IME et se souvenait de moi. Ce gamin, c'était une expérience forte, et j'ai été triste qu'il n'ait pas pu continuer ses études.
Maintenant, je pense à ma famille, à mon père, et je me dis que j'ai peut-être toujours baigné là-dedans, sans m'en rendre compte, car c'était notre fonctionnement que je trouvais normal, je manquais donc forcément de recul pour comprendre.

bézèdach44 a écrit :

Meddio a écrit :Après, je vais me faire l'avocat du diable mais je n'arrive pas à en vouloir non plus pour plusieurs raisons :

Globalement d'accord avec toi Meddio C'est pour ça que quand on me sort une énormité dans le genre, généralement j'essaye de rester calme et d'expliquer.

Par contre ce que je ne supporte pas, ce sont les gens qui même après ta calme explication, continue de te certifier que non tu n'es pas autiste. Là par contre c'est vraiment desespérant

Ce qui m'énerve aussi beaucoup c'est quand tu annonces à quelqu'un que tu es autiste, et qu'il te sort "Mais, t'es sûr que tu es autiste ??" Euh ben oui sinon je m'amuserais pas à le dire

D'accord avec toi : il vaut mieux en profiter pour faire comprendre, ça peut contribuer à faire évoluer les mentalités.
Ta dernière phrase m'a fait sourire.

Meddio a écrit :Et mea culpa, moi aussi j'en ai pensées des bêtises, avant de découvrir le SA et de découvrir que j'étais concerné

Je suis d'accord mais dans une certaine mesure, car je fais une grande différence entre penser des âneries et les dire. La démarche intellectuelle consistant à commenter un diagnostic d'autisme alors qu'on n'y connaît rien m'est assez inaccessible. J'ai cru comprendre que c'était un peu marginal mais je me lance rarement sur un sujet sans avoir un minimum d'informations et de connaissances. Dans ce cas là, j'aurais pu être étonnée, mais je serais plus allée me renseigner au lieu de donner un avis.

Ca me fait penser aussi que certaines personnes réfléchissent plus que d'autres avant de parler, ce qui peut être une explication. J'ai aussi eu des retours grotesques de choses entendues à propos de l'autisme dans le cadre de soirées très alcoolisées/"autres-substancisées". Pour moi c'est hors-propos car j'estime que dans le cadre d'olympiades de la stupidité les cas de dopage avérés invalident les performances. C'est à la portée de n'importe qui de sortir des absurdités au dessus de 2 grammes, donc je disqualifie direct (c'est trop facile: aucun mérite ).

Honnêtement je n'avais pas vraiment connaissance de l'autisme et du TSA .
Mais j ai toujours pensé que c'était neurologique.
Quand je me suis mise en lien avec mon père pour lui informer que ma psy avait peut être décelé ce syndrome, il m'a répondu chacune à son sac à merde, je ne te reconnais pas du tout dans ça.
Lorsque j'en ai parlé à une personne proche elle m'a répondu c est un trouble psy alors qu'elle est ostéopathe et souhaite travailler dans le milieu psychiatrique. Et après à quoi te sert de faire ce bilan ???
Et puis enfin j'ai évoqué ce possible syndrome à mon psychologue de travail qui me fait les regules dans mon travail étant dans le social il m'a dit je ne crois pas une seule seconde que vous l'êtes (je suis encore en attente du diagnostic). Êtes vous sure que votre psy tient la route? Et bien sûr à notre dernière rencontre il a parlé de l'autisme avec des propos très réducteur....
Cependant à présent puisque je travaille auprès d'un public handicap psychique et ou cognitif je décèle actuellement sur un de nos résidents des symptômes du trouble autistiques...?????

misty a écrit :je fais une grande différence entre penser des âneries et les dire. La démarche intellectuelle consistant à commenter un diagnostic d'autisme alors qu'on n'y connaît rien m'est assez inaccessible.

Nous sommes d'accord, je ne me serais jamais permis de répondre ça à quelqu'un qui m'aurait parlé de son autisme - d'une part, car ça aurait été parler hors de connaissance de cause, d'autre part, car tout ce qui regarde cette personne ne me regarde pas (surtout si c'est quelque chose de personnel). Je pense d'ailleurs que si j'avais eu une réaction autre que l’acquiescement (type "ah" ou "d'accord"), elle aurait consisté en la demande d'informations.

Si je me suis permis d'exprimer mes doutes au psychiatre c'est :
1) car il était psychiatre et pouvait m'éclairer sur ce sujet dont il était spécialiste
2) car ça me concernait directement


Pour ma part, je l'ai raconté ailleurs, mais j'ai très mal vécu ce genre de réaction quand j'étais en cours de démarches et que je demandais conseil à une personne que je pensais être connaisseur du sujet (je ne me confie jamais et pour une fois que je le faisais, j'ai très mal vécu d'être, sinon trahi, en tout cas pris pour un drôle).