Il faudra que tu arrives à...

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Meddio
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Re: Il faudra que tu arrives à...

#16 Message par Meddio » mercredi 27 juin 2018 à 21:02

@Présage :

Oui, je comprends. Il s'agit surtout d'un travail sur le souffle plutôt que d'une véritable méditation alors.

D'ailleurs, la méditation telle qu'elle a été conçue dans le bouddhisme n'est pertinente qu'après un certain niveau d'avancement - après s'être en quelque sorte débarrassé de l'insatiable "soif" et avoir détruit la "maison" fictive du soi.

D'ailleurs, j'ai appris il y a peu le sens étymologique de Yoga* : en Pali (dialecte vernaculaire de l'Inde d'avant J.-C. dans lequel sont rédigés les premiers textes canoniques du bouddhisme qu'on regroupe sous le nom de "Canon Pali") c'est "effort". Effort de concentration dans le but d'avoir une juste attention sur soi sans être parasité, sans être soumis par les liens fictifs qui attachent l'humain au monde et aux objet illusoires de ses passions. L'attention juste étant l'un des premiers pas dans la voie de l'extinction - qui est le but recherché selon la croyance bouddhisme (il s'agit en quelque sorte, par l'anéantissement de tout désir, de s'extraire du cycle des réincarnations appelé transmigration).

Donc la méditation est une forme de perte d'un soi illusoire après s'être débarrassé de maints liens (dictés par les désirs auxquels l'humain est soumis) et qui apparaît dans un contexte bien précis.

Je pense qu'avant d'en arriver là, un véritable travail de fond est nécessaire : un travail de détachement, de remise en perspective des choses et de ce qu'elles peuvent avoir d'illusoire, de libération mentale en quelque sorte, un travail d'attention introspectif et de maîtrise sur tout ce dans quoi on peut se laisser entraîner malgré soi.

Je précise que je ne suis pas bouddhiste mais fasciné par les religions (anciennes et actuelles) et que j'y prends au passage tout ce que je juge bon d'y prendre.

* "Yoga : ce terme a la signification technique connue par le système de yoga, mais de façon plus générale, désigne l'effort d'application, d'attention destiné à subjuguer les passions en s'attachant aux objets adéquats.", J.-P. Osier, note 237, p. 161 de l'édition GF du Dhammapada.
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Présage
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Re: Il faudra que tu arrives à...

#17 Message par Présage » jeudi 28 juin 2018 à 0:49

Eh bien je pense que tu as bien saisi le sens !

Non religieuse également, j'apprécie par contre le côté philosophique du bouddhisme. Mais suis également intéressée par les preuves scientifiques des bienfaits de la méditation sur notre corps (réduction du stress, aspect anti-inflammatoire, etc.)

J'ai bien aimé lire le parallèle entre méditation et sport : beaucoup de personnes passent du temps à s'exercer pour une meilleure santé physique, mais peu pense à également entraîner leur esprit pour une meilleure santé morale !

Méditer m'a déjà permis dans la vie de tous les jours de désamorcer des situations où des émotions négatives menaçaient de m'envahir.
Dépistée HPI et pré-diagnostiquée SA en novembre 2017 par une psychologue clinicienne.
Diagnostiquée SA (avec alexithymie) en janvier 2020 par un psychiatre spécialiste de l'autisme.

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LOUNA
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Re: Il faudra que tu arrives à...

#18 Message par LOUNA » lundi 2 juillet 2018 à 18:30

Je pense qu'il faut fuir les "conseils" de ce genre. Je ne demande pas aux gens d'aimer et de faire ce que j'aime et ce que je fais, qu'on ne me demande pas un effort non réciproque pour adhérer à la majorité.

Quand je me force, ce n'est que de la douleur et ça finit en épuisement. En revanche chercher à comprendre comment ça fonctionne, trouver les manières de se sortir d'une situation, oui. Il y a des choses qui s'améliorent avec l'apprentissage et l'expérience, comme connaître un certain nombre d'expressions et ne plus les "prendre au pied de la lettre" (même si dans ma tête, je me représente une lettre avec un pied).

Il y a aussi des choses qui évoluent naturellement et sans effort. Par exemple, le tri et le dégoût alimentaire, c'est du passé pour moi. Cette particularité s'est effacée progressivement depuis l'âge de 20 ans. Je suis presque une neurotypique de l'alimentation (bon, je me prépare quand même toujours la même chose et de la même façon, mais je peux goûter à beaucoup de nourritures différentes). Je repense à l'époque où certains me forçaient à manger, ça n'a pas du tout aider à changer les choses, à part de la souffrance, je n'en ai rien retiré.

Souvent, je me dis qu'être autiste, c'est être très très lent. En tout cas c'est mon expérience de l'autisme. Mettre 20 ans à comprendre ce que les autres ont compris à l'âge de 6 ans, avoir besoin de tout faire à son propre rythme.
TSA. Diagnostic réalisé par l'UMMA de Marseille en juin 2017

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Grisha
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Re: Il faudra que tu arrives à...

#19 Message par Grisha » vendredi 24 août 2018 à 0:14

Un truc que je ne supporte pas ! :evil: Quand on sait ce dont on a besoin pour être heureux, on n’a pas à faire autrement pour se conformer aux convenances sociales ou pour satisfaire les exigences de sa famille — deux choses qui, malheureusement, se confondent la plupart du temps. Je passe mon temps à essayer de faire comprendre à mon entourage que mon bonheur a simplement des conditions différentes et que je me porte très bien comme je suis — routine, activités casanières, contact social uniquement si les circonstances l’exigent, absence d’intérêt/aversion pour la nouveauté. Et si l’on craint de se fermer à d’éventuels progrès, réfléchir à ce que l’on veut vraiment répondra déjà à de nombreuses incertitudes. :)
RedMacbeth > Si tu n’es pas à l’aise en soirée — beaucoup de gens/pression sociale/ambiance suffocante/bruit et odeurs/désordre/drogues, tabac et alcool —, pourquoi y aller ? Demande-toi simplement si quelque chose te fait franchement envie dans tout ça. Bien évidemment, une soirée n’implique pas nécessairement une foule accablante et de la drogue ; mais personnellement, n’importe quel rassemblement de ce genre me fait horreur.
Si on choisit de se contraindre à des expériences incommodantes, mieux vaut savoir pourquoi. Pour son propre bien-être ou pour faire plaisir à ses parents ? Si on a envie de changer, d’essayer autre chose : d’accord. Mais souvent, les parents incitent inconsciemment leur enfant à être heureux comme ils pensent qu’il devrait l’être. :( La culpabilisation est extrêmement douloureuse et on réalise difficilement sa présence. La victime intériorise, se refusant l’acceptation de soi ; elle finit par être persuadée que quelque chose ne va pas chez elle, alors qu’elle a le sentiment d’être heureuse à sa façon. L’entourage, malgré de bonnes intentions, peut donc faire beaucoup de mal à la personne s’il ne fait pas l’effort de la comprendre.
Les Aspies ont souvent une bonne marge de progression dans leurs difficultés et le souhait de s’améliorer est parfaitement sensé. Je ne regrette pas d’être devenue caméléon et mon habileté humoristique m’est indispensable. Mais on doit avant tout penser à soi et on ne doit jamais refuser sa légitimité à une souffrance ! Les stratégies de compensation, malgré leur efficacité, resteront toujours une compensation. Et le but n’est pas de passer son temps à compenser ! :mryellow: (Voir Julie Dachez et son expérience du couple.)
Pas de diagnostic.

25/03/19 : entretien d’anamnèse.
10/05/19 : évaluation de l’efficience intellectuelle.
27/05/19 : restitution du bilan psy → H. P. I. et « ensemble d’éléments indiquant la présence associée d’un possible T. S. A. ».

sylvainm
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Re: Il faudra que tu arrives à...

#20 Message par sylvainm » mardi 28 août 2018 à 22:50

... être moins gentil avec les personnes qui me font du mal (très souvent on me dit que je suis trop gentil et que je pardonne facilement)
30 ans, TSA diagnostiqué Janvier 2019

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