Sortir avec un asperger

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Tugdual
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Re: Sortir avec un asperger

#46 Message par Tugdual » vendredi 11 mai 2018 à 19:03

Maurice13 a écrit :Je ne suis pas un troll.
Alors si tu n'es pas un troll et si tu es sérieux, commence
par reconnaître que tu maltraites la réalité quand tu écris :
Maurice13 a écrit :[...] je vois juste dans cette vidéo une femme qui a exprimé ses difficultés à être en couple avec un aspie.
Alors que cette femme ne sait même pas à qui elle a affaire :
Je me suis penchée sur le sujet que récemment, lorsque je suis sortie avec une personne que je suspecte d’avoir le syndrome d’Asperger.
Et encore :
Lorsque j’ai commencé à sortir avec ce gentleman, je n’étais pas avertie qu’il avait le syndrome d’Asperger, d’ailleurs il n’a jamais été diagnostiqué.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).

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Maurice13
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Re: Sortir avec un asperger

#47 Message par Maurice13 » vendredi 11 mai 2018 à 22:28

Bonjour à tous,

J’ai reçu pas mal de reproches sur mon manque de connaissance du syndrome d’Asperger. On m’a conseillé de lire. Parmi les lectures que m’a gentiment proposé un membre du forum, il y a le célèbre livre de Tony Attwood. Je suppose que 99,99 % des aspies inscrits sur ce forum l’ont déjà lu. Mais pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, voici sa brève biographie :

Tony Attwood a obtenu son doctorat en psychologie à l’Université de Londres et dirige actuellement une clinique à Brisbane, en Australie, où il diagnostique et assure la prise en charge d’enfants et d’adultes atteints du Syndrome d’Asperger. Internationalement reconnu, il fait autorité dans les questions liées à ce trouble et assure des formations partout dans le monde.

Dans la continuité de ce qu’a développé Willow, je me permets de faire un copier-coller du chapitre 13 qui traite des relations amoureuses. Vous verrez que le témoignage de Willow n’est pas aussi stupide que certains veulent faire croire. La forme, un chouia agressif, a pu déplaire. Mais le fond rejoint ce que peuvent constater les psychologues dans leur cabinet.

C’est surtout la section 2 qui nous intéresse (pour rester dans le thème de la vidéo, à savoir les difficultés). Les propos de Willow qui rejoignent le constat des professionnels sont surlignés en rouge. La section 3 traite des solutions qui peuvent être mises en place. Mais il ne faut pas se leurrer, il n'existe pas de solution miracle. En gros, cela ne peut pas marcher quand l’effort se fait à sens unique. Si des efforts sont faites dans les deux camps, ça peut marcher.

Voici le texte (version 2010) :


-----------------------

Chapitre 13 : Relations de longue durée


« Beaucoup de ceux qui se marient ont des tensions et des problèmes dans leur couple. »

Hans Asperger ([1944] 1991)



Modération (Winston) : Suppression de la copie intégrale (plagiat)

Le problème le plus répandu auprès des conjoints non Asperger est de se sentir seul(e)s. Le conjoint Asperger peut être content d’être seul pendant de longues périodes de temps. Bien que le couple vive ensemble, les conversations peuvent être rares, et servir en premier lieu à échanger des informations plutôt qu’à profiter de la présence de l’autre, de ses expériences et des opinions partagées avec lui ou elle. Comme l’a dit un homme Asperger : « Je ne prends pas plaisir aux échanges émotionnels et interpersonnels ».

Dans une relation traditionnelle, on s’attend à des manifestations régulières d’amour et d’affection. Chris, un homme marié avec le Syndrome d’Asperger, explique :

J’ai des difficultés énormes à exprimer verbalement mon affection. Ce n’est pas qu’un problème de gêne ou le fait d’en être conscient. Je comprends que cela puisse être difficile à comprendre, mais dire à ma femme ce que je ressens pour elle exige de ma part un grand effort de volonté.

Sa femme a ajouté ses propres remarques sur les mots et gestes peu fréquents de son mari pour exprimer les sentiments amoureux :

"Chris m’a dit une fois qu’il m’aimait. J’ai découvert depuis lors qu’il n’est pas nécessaire pour une personne avec le SA de répéter ces petits mots intimes qui font fréquemment partie d’une relation ; ils l’ont dit une fois, et cela suffit."

Pour le partenaire Asperger, répéter souvent des choses évidentes ou connues n’est pas logique.

Le partenaire sans le Syndrome d’Asperger souffre d’un manque d’affection pouvant être un facteur contribuant à une mauvaise estime de soi et à la dépression. Il peut être assimilé par métaphore à une rose tentant de s’épanouir dans un désert affectif (Long 2003). Le partenaire avec le Syndrome d’Asperger veut être un ami et un amant, mais ne sait pas très bien comment faire l’un ou l’autre (Jacobs 2006).

Une étude récente faite sur les femmes dont le partenaire a le Syndrome d’Asperger comportait la question « Est-ce que votre partenaire vous aime ? », et 50 % des femmes ont répondu : « Je ne sais pas » (Jacobs 2006). Ce qui manquait dans la relation, c’étaient les mots et les gestes d’affection au quotidien, des preuves d’amour tangibles. Les Asperger ont des difficultés à communiquer les émotions, y compris l’amour (voir chapitre 6). Lorsqu’une femme a dit à son mari Asperger « Tu ne montres jamais que tu tiens à moi », il a répondu « Eh bien, j’ai réparé la clôture, oui ou non ? ». La personne Asperger peut exprimer son amour de manière plus pragmatique ; ou, pour reformuler une citation de Star Trek (où Spock, en train d’examiner un extra-terrestre a dit : « C’est la vie, Jim, mais pas comme nous la connaissons »), dans le Syndrome d’Asperger l’amour est bien là, mais pas comme nous le connaissons.

Une métaphore pour exprimer le besoin et la capacité d’affection pourrait être que les gens traditionnels ont un seau à remplir, tandis que les Asperger ont une tasse qui est rapidement remplie. L’Asperger peut ne pas exprimer suffisamment son affection par rapport aux besoins de sa ou son partenaire. Néanmoins, j’ai connu des relations où le conjoint Asperger exprimait son affection trop fréquemment, bien que cela puisse être un signe de grande anxiété et d’un besoin de réconfort maternel. Comme l’a dit un homme Asperger : « Nous ressentons et manifestons de l’affection, mais pas assez et pas avec la bonne intensité ». La personne Asperger peut être excessivement détachée ou attachée.

Pendant les périodes de détresse, alors qu’on s’attendrait à de l’empathie ainsi qu’à des mots et des gestes d’affection en tant que réconfort émotionnel, le conjoint traditionnel peut être laissé seul pour « s’en sortir ». J’ai remarqué que cela n’était pas un comportement cruel : l’Asperger est probablement très gentil, mais pour lui le réconfort émotionnel le plus efficace est la solitude. Ils décrivent souvent qu’être embrassé était pour eux une compression inconfortable, et ne les faisait pas aller mieux. De fait, le partenaire traditionnel peut soutenir qu’embrasser un partenaire avec le Syndrome d’Asperger était comme « embrasser un bout de bois ». La personne ne se détend pas et ne profite pas de la proximité et du contact aussi étroits.

Être seul est souvent le mécanisme de rééquilibrage émotionnel principal pour les Asperger, et ils peuvent supposer qu’il en est de même pour leur partenaire. Ils peuvent aussi ne pas savoir comment réagir, ou avoir peur de gâcher la situation. J’ai observé un mari Asperger qui était assis à côté de sa femme en train de pleurer. Il était silencieux, et ne lui prodiguait aucun mot ni aucun geste d’affection. Plus tard, lorsque j’en ai discuté avec lui et lui ai demandé s’il avait remarqué que sa femme était en train de pleurer, il a répondu : « Oui, mais je ne voulais pas commettre d’impair ».

Il peut y avoir des problèmes relatifs à la sexualité. La personne Asperger peut ne pas être par nature quelqu’un de romantique qui comprenne l’importance dans une relation de l’atmosphère amoureuse, des préliminaires et du contact physique étroit. Ron, un homme Asperger a dit : « L’intimité signifie pour moi être envahi ou débordé. Je n’ai rien vécu de la proverbiale alchimie sexuelle avec qui que ce soit ». Pendant les moments d’intimité sexuelle, il peut y avoir également des expériences sensorielles perçues comme déplaisantes par la personne Asperger, ce qui affecte le plaisir des deux partenaires.

Modération (Winston) : Suppression de la copie intégrale (plagiat)

Dans chaque relation, il y a inévitablement des zones de dissension et de conflit. Malheureusement, les Asperger peuvent avoir par nature une aptitude limitée à résoudre avec succès les conflits. Ils peuvent disposer d’une gamme limitée d’options et peuvent ne pas être doués dans l’art de la négociation, ne pas accepter des points de vue alternatifs ou ne pas accepter de compromis. Ils peuvent ne pas être capables de reconnaître une responsabilité même partielle. Leur partenaire se plaint que « ce n’est jamais de sa faute », « je suis toujours responsable » et « il me critique tout le temps et ne m’encourage jamais ». Il peut y avoir des problèmes de violences verbales, en particulier en réponse à ce qui est perçu comme une critique, avec une apparente inaptitude à faire preuve de remords, de pardonner et d’oublier. Cela peut être dû à la difficulté à comprendre les pensées, les sentiments et le point de vue des autres, une caractéristique centrale du Syndrome d’Asperger. La personne avec le Syndrome peut également avoir des difficultés de gestion de sa colère qui compliquent davantage la relation.

Une étude récente de la santé mentale et physique des couples dont l’homme avait le Syndrome d’Asperger et la femme ne l’avait pas, a montré que la relation avait des effets médicaux très différents chez chacun des deux conjoints (Aston 2003). La plupart des hommes Asperger ont jugé que leur santé mentale et physique s’était significativement améliorée grâce à la relation. Ils ont souligné qu’ils se sentaient moins stressés et préféreraient de beaucoup être engagés dans la relation plutôt qu’être seuls. Ils avaient atteint une satisfaction intérieure dans le cadre de la relation. À l’inverse, une majorité écrasante de conjoints non Asperger a souligné que leur santé psychique s’était significativement détériorée à cause de la relation. Elles se sentaient émotionnellement épuisées et négligées, beaucoup faisant état de signes d’une dépression clinique. Une majorité des femmes interrogées ont également affirmé que la relation avait contribué à une détérioration de leur santé physique. Ainsi, la majorité des conjoints Asperger considérait que la relation contribuait à améliorer la santé mentale et physique, à l’inverse des partenaires non Asperger. Cela explique l’idée de beaucoup de partenaires Asperger que la relation est réussie, et qu’ils ne puissent pas comprendre pourquoi on critique leurs aptitudes relationnelles. La relation est réussie par rapport à leurs besoins, tandis que leur conjoint se sent plus comme un agent d’entretien, un comptable ou une figure maternelle.

Modération (Winston) : Suppression de la copie intégrale (plagiat)


---------


Bien à vous :wink:
NT

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Re: Sortir avec un asperger

#48 Message par EnHans » vendredi 11 mai 2018 à 23:22

J'ai lu en diagonale. Ça ne tarit pas d'éloges pour le conjoint de l'asperger. Je ne vois pas l'objectif de t'immiscer, brutalement, dans leurs vies de couple ? Laisse les aspis respirer, au moins chez eux. Il manque l'eau gazeuse et le sucre pour faire la limonade.

- "Il est important que ce partenaire se crée un réseau d’amis pour réduire le sentiment d’isolement, et apprenne à revivre le plaisir des occasions sociales, peut-être en l’absence du partenaire Asperger."

Ça pourrait engendrer un stress chez le conjoint : "il ou elle est où, qu'est ce qu'il ou elle fait ??" et finalement fragiliser le couple.
Un enfant diag en 2012

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Re: Sortir avec un asperger

#49 Message par Milinou » samedi 12 mai 2018 à 2:29

Bon Maurice. je souffre de pas mal de problemes de couple NT-Asperger tels que decrits par Atwood. qu'est-ce que ca peut te faire? Tu vas m'aider?
Milinou, maman d'un petit chou trop chou, TSA, diagnostique en juin 2016 a 3 ans et demi, vivant a Valparaiso. Probable Asperger mais retard de langage mais bilingue.

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Re: Sortir avec un asperger

#50 Message par Lilette » samedi 12 mai 2018 à 8:34

& tout ce laïus (que je n'ai pas lu & je n'en ai pas l'intention) pour dire quoi, faire quoi, pourquoi ?
Tu viens faire quoi ici en fait ?
Prêcher la bonne parole contre les autistes ?
C'est quoi ton but sur le forum ?
TSA.

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Re: Sortir avec un asperger

#51 Message par WinstonWolfe » samedi 12 mai 2018 à 8:56

Modération (Winston) : Je crains que le copier-coller dépasse légalement le cadre de la simple citation, vu le volume. On l'effacera dans les heures qui viennent.

D'autre part, comme tu le dis, tout le monde ou presque ici a lu Tony Atwood. On sait que la problématique du couple chez les aspies existe. On en a déjà parlé, on continuera. Donc, ton apport, au juste, c'est quoi ? 99% de copier-coller ?

Le problème de la vidéo, ce n'est pas seulement son ton désagréable, c'est aussi ce qu'a rappelé Tugdual, et auquel tu évites soigneusement de répondre. Tu peux picorer des éléments chez Tony Atwood qui iront dans le sens de la vidéo, il n'en reste pas moins cette vidéo est faite par une personne qui ne connait pas le SA, et qui parle d'une personne qui n'est pas diagnostiquée SA. Les points qui te semblent pertinents dans la vidéo sont dignes de l'effet Barnum, car ils peuvent s'appliquer à la plupart des couples qui ne fonctionnent pas.

Tu as fait un message de présentation famélique, des personnes t'ont posé des questions, tu n'as pas daigné leur répondre. On ne sait toujours pas ce qui te fait venir ici. C'est irrespectueux.

Bref, a-t-on besoin de te lire ?
(Diagnostiqué autiste en 2013, à 40 ans)
Papa d'un petit garçon autiste né en 2018

Je sème des cailloux, ils m'échappent des doigts,
Mais je prends bien garde qu'ils ne mènent à moi.

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Re: Sortir avec un asperger

#52 Message par misty » samedi 12 mai 2018 à 12:39

Je vois que tu es monté en gamme au niveau des sources d'information, donc même si tu ne poses toujours aucune question (pour quelqu'un qui cherche des réponses...) mais te contente d'affirmer, je vais te faire une rapide explication de texte.

Tu as mis certaines parties en rouge d'un texte fort bien connu par les gens d'ici. Me contenter des explications de ce texte, et à fortiori de ce qui est en rouge, je ne peux pas. Pourquoi? Parce que dans une relation il y a toujours 2 personnes, et que là est mis l'accent uniquement sur l'autisme de l'autiste; ce qui pour moi en fait un ensemble de théories à passer à la moulinette de la réalité du couple.
Me demander de croire qu'on peut imputer les difficultés voire l'échec d'une relation de couple seulement au trouble que présente 1 des 2 partenaires, c'est comme les sécheresses/épidémies déclenchées par des bonnes femmes qui préparaient des tisanes de fenouil dans des cabanes en bois. :innocent:
Statistiquement, il y a des chances pour que le non-autiste présente un trouble quelconque aussi, genre dépression, et je peux te filer des rayonnages entiers de littérature sur l'éclate que c'est de vivre en couple avec un dépressif.
Ca a un côté pratique parce que la dépression pourra être imputée à l'autisme du partenaire (comme dans le texte) alors qu'elle est bien antérieure au couple (ah oui mais ça c'est peut-être parce que notre chère astrologue avait anticipé la rencontre avec l'autiste...Image).
Le manque d’aptitudes sociales et de conversation peut faire en sorte qu’il soit perçu comme un « étranger silencieux », dont les aptitudes sociales seront libérées et transformées par une partenaire experte de l’empathie et de la socialisation. On peut assister à un fort sentiment maternel pour les aptitudes sociales limitées de la personne, le conjoint croyant que sa confusion dans les situations sociales et son manque de confiance sont dus à son enfance, et qu’ils peuvent s’améliorer avec le temps. L’amour change tout.
Ce passage n'est pas en rouge, or pour moi il exprime au moins 80% du problème. Le conjoint non-autiste est attiré par des choses bien précises (très bien expliquées), mais pense qu'il va pouvoir agir sur ce qui ne lui plaît pas, "arrondir les angles" et façonner la personne autiste afin de la rendre plus conforme à son souhait. Dès lors, les dés sont pipés: c'est foutu.
Je ne sais pas ce qu'il en est des autres mais en tant que personne autiste je considère l'autre comme un ensemble, et si j'adore le pantalon mais déteste la coupe de cheveux, soit je m'accommode de ce que je souhaiterais autre à cause de l'intérêt que j'ai pour le reste, soit je n'y vais pas. Je ne vais pas faire du harcèlement jusqu'à la porte du salon de coiffure.

Sa femme a ajouté ses propres remarques sur les mots et gestes peu fréquents de son mari pour exprimer les sentiments amoureux :
Peut-être vas-tu trouver ça monstrueux mais je ne comprends pas pourquoi il faudrait exprimer quoi que ce soit, et surtout avec les "outils langagiers" disponibles. Pour moi, "je t'aime" ça ne veut rien dire: utiliser le même terme pour la glace à la framboise, ses enfants, la SF et le partenaire amoureux est complètement absurde. Il n'y a que les suédois que je trouve "justes" sur ce point, même si les allemands trient un peu également.
Au delà de ces considérations linguistiques, il y a le fait qu'être en couple me rend extrêmement vulnérable et qu'à moins de ressentir des choses intenses je ne me lance pas. En contexte social, je parle tellement peu que j'entends tout et j'ai observé qu'il semble assez "normal" pour des non-autistes de se mettre/rester en couple pour pouvoir habiter un endroit plus chouette qu'on ne pourrait pas payer seul, parce qu'on veut des enfants (quelque soit l'individu, bref du "remplissage de poussette" fill in the blanks), parce qu'on ne veut pas rester seul (soit que c'est trop la honte soit qu'on se sent vide)... Tout ça pour moi c'est juste inconcevable.
Je pense qu'associer systématiquement couple et sentiments rend moindre ce besoin d'exprimer lesdits sentiments puisqu'être ou rester en couple devient une preuve d'amour en soi. C'est la personne et pas une autre, c'est en général très clair pour les 2 (puisque le côté valorisant "j'ai apprivoisé un(e) sauvage" fait partie de ce qui pousse les non-autistes vers les autistes), donc je ne vois pas pourquoi il faudrait en remettre 10 couches par jour. :innocent:

C'est pareil pour tout ce qui est romantisme and co. Ce n'est pas du tout mon truc et je n'y peux rien, hélas c'est une chose plus facilement pardonnée aux hommes qu'aux femmes. Tout ce qui est "contexte romantique" me fait fuir parce que je m'y sens extrêmement mal à l'aise, je trouve tout surfait et faux. Ca me fait juste penser à la pub Crunch de quand on était petits, et j'ai toujours l'impression que le décor va se casser la figure. :|
Les bouquins qui racontent des histoires d'amour avec des descriptions interminables d'émotions dévorantes m'ennuient à mourir, et les films romantiques je tiens 20 minutes maxi. Les seuls qui pour moi sont assez justes concernant le sentiment amoureux et le couple c'est La science des rêves et Away we go, et peu de personnes les considèrent comme des films d'amour. Moi si, parce que je suis touchée par l'authenticité qui s'en dégage.

Est-ce que ça fait de moi un monstre? Certains diront oui, certains diront non. Je suis justement passionnée par les monstres et leur symbolique, et je sais que le monstre est avant tout un archétype, une construction sociale. La monstruosité est plus souvent à chercher dans le regard de celui qui observe que chez l'individu observé. C'est un fait. :innocent:
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Re: Sortir avec un asperger

#53 Message par FinementCiselé » samedi 12 mai 2018 à 14:56

Il n'y a que les suédois que je trouve "justes" sur ce point, même si les allemands trient un peu également.
Les anglais dans une moindre mesure ont "like" et "love" qui ne s'appliquent pas de la même façon, ni de la même intensité ni aux mêmes choses.
Et les japonais ! Tu les a oublié les japonais ! :O
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Re: Sortir avec un asperger

#54 Message par misty » dimanche 13 mai 2018 à 13:39

FinementCiselé a écrit :Tu les a oublié les japonais ! :O
Spoiler :  : 
Image
Mais qu'est-ce-qui m'arrive???!!! Oublier les japonais... :cry: Je n'ai pas pu regarder mes dessins animés hier, c'est bien la preuve que ça a gravement entravé mes fonctions cérébrales :geek:
C'est vrai que eux aussi ont plein de nuances qui donnent bien plus de sens à l'expression des sentiments. :D

D'ailleurs plutôt que suédois j'aurais dû dire scandinaves, parce que les Norvégiens non seulement trient selon l'objet de l'affection, mais en plus ils ont "jeg er glad i deg" que je trouve très significatif bien qu'assez intraduisible. Ca se rapproche de "je t'aime", mais ça n'est pas non plus un équivalent strict car il y a l'idée de rendre l'autre heureux par son existence/sa présence auprès de lui. Il y a "jeg elsker deg" qui lui est vraiment solennel et se dit très rarement (il y a une sorte de blague en Norvège, d'ailleurs, comme quoi les maris qui en ont marre que leur femme leur demandent des "jeg elsker deg" sans arrêt répondent que c'est une déclaration qui se fait une fois car elle implique une portée définitive, et qu'il n'y a que si ça change qu'ils les informeront là dessus=> "sur ce, lâche-moi les baskets avec ça" :mrgreen: )
"Elsker" ou "Alskar" (qui ont la même étymologie) c'est vraiment aimer=sentiment, mais ce n'est pas antinomique avec la souffrance, alors que "jeg er glad i deg" implique un sentiment positif et "radiant" (je ne sais pas comment le dire autrement "lumineux?").
On peut dire "jeg elsker deg" à quelqu'un qui nous cause du tort et nous rend malheureux, mais on ne peut pas lui dire "jeg er glad i deg". C'est une nuance qui me parle beaucoup dans l'expression du sentiment, et pas mal de Norvégiens considèrent que les 2 impliquent la même intensité (même s'il semble y avoir des disparités régionales aussi). :)

C'est purement linguistique mais je trouve ça hyper intéressant dans le sens où culturellement il y a des façons d'exprimer ce qu'on ressent qui me parlent plus que d'autres. Sans compter que les japonais comme les scandinaves, à ce que je sais, sont assez peu du genre à étaler leurs sentiments, ce qui rend ces expressions rares (et d'autant plus précieuses). Ca me paraît plus proche de la "culture autiste" que "je t'aime" à tort et à travers; et que les "like/love" que tu évoques aussi et qui sont employés, surtout par les américains, avec une certaine emphase. Je trouve ça très étrange, pour ne pas dire effrayant, en fait. :?
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Re: Sortir avec un asperger

#55 Message par lulamae » dimanche 13 mai 2018 à 14:03

misty a écrit : D'ailleurs plutôt que suédois j'aurais dû dire scandinaves, parce que les Norvégiens non seulement trient selon l'objet de l'affection, mais en plus ils ont "jeg er glad i deg" que je trouve très significatif bien qu'assez intraduisible. Ca se rapproche de "je t'aime", mais ça n'est pas non plus un équivalent strict car il y a l'idée de rendre l'autre heureux par son existence/sa présence auprès de lui.
Je me risque à te citer, @Misty : cela m'évoque le sentiment amoureux "pur" et profond, que l'on ressent, lorsqu'on est simplement heureux/se de connaître la personne, de savoir qu'elle existe, même si on n'est pas forcément en contact ou ensemble.

Edit : évocation d'une situation personnelle.
Modifié en dernier par lulamae le dimanche 13 mai 2018 à 15:03, modifié 1 fois.
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Re: Sortir avec un asperger

#56 Message par camille-madeleine » dimanche 13 mai 2018 à 14:42

misty a écrit : D'ailleurs plutôt que suédois j'aurais dû dire scandinaves, parce que les Norvégiens non seulement trient selon l'objet de l'affection, mais en plus ils ont "jeg er glad i deg" que je trouve très significatif bien qu'assez intraduisible. Ca se rapproche de "je t'aime", mais ça n'est pas non plus un équivalent strict car il y a l'idée de rendre l'autre heureux par son existence/sa présence auprès de lui. Il y a "jeg elsker deg" qui lui est vraiment solennel et se dit très rarement (il y a une sorte de blague en Norvège, d'ailleurs, comme quoi les maris qui en ont marre que leur femme leur demandent des "jeg elsker deg" sans arrêt répondent que c'est une déclaration qui se fait une fois car elle implique une portée définitive, et qu'il n'y a que si ça change qu'ils les informeront là dessus=> "sur ce, lâche-moi les baskets avec ça" :mrgreen: )
"Elsker" ou "Alskar" (qui ont la même étymologie) c'est vraiment aimer=sentiment, mais ce n'est pas antinomique avec la souffrance, alors que "jeg er glad i deg" implique un sentiment positif et "radiant" (je ne sais pas comment le dire autrement "lumineux?").
On peut dire "jeg elsker deg" à quelqu'un qui nous cause du tort et nous rend malheureux, mais on ne peut pas lui dire "jeg er glad i deg". C'est une nuance qui me parle beaucoup dans l'expression du sentiment, et pas mal de Norvégiens considèrent que les 2 impliquent la même intensité (même s'il semble y avoir des disparités régionales aussi). :)

C'est purement linguistique mais je trouve ça hyper intéressant dans le sens où culturellement il y a des façons d'exprimer ce qu'on ressent qui me parlent plus que d'autres. Sans compter que les japonais comme les scandinaves, à ce que je sais, sont assez peu du genre à étaler leurs sentiments, ce qui rend ces expressions rares (et d'autant plus précieuses). Ca me paraît plus proche de la "culture autiste" que "je t'aime" à tort et à travers; et que les "like/love" que tu évoques aussi et qui sont employés, surtout par les américains, avec une certaine emphase. Je trouve ça très étrange, posting.php?mode=quote&f=4&p=402258#pour ne pas dire effrayant, en fait. :?
Pour cette pépite éclairante et percutante (en tout cas pour moi) j'ai bien fait d'ouvrir ce fil et de le survoler. Le sujet mériterait un fil rien que pour lui, dommage que mes connaissances linguistiques ne me permette pas de l'ouvrir :mrgreen:
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Re: Sortir avec un asperger

#57 Message par FinementCiselé » dimanche 13 mai 2018 à 15:04

Vernaculaire.
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Re: Sortir avec un asperger

#58 Message par Siobhan » dimanche 13 mai 2018 à 15:12

misty a écrit :
FinementCiselé a écrit :Tu les a oublié les japonais ! :O
Spoiler :  : 
Image
Mais qu'est-ce-qui m'arrive???!!! Oublier les japonais... :cry: Je n'ai pas pu regarder mes dessins animés hier, c'est bien la preuve que ça a gravement entravé mes fonctions cérébrales :geek:
C'est vrai que eux aussi ont plein de nuances qui donnent bien plus de sens à l'expression des sentiments. :D

D'ailleurs plutôt que suédois j'aurais dû dire scandinaves, parce que les Norvégiens non seulement trient selon l'objet de l'affection, mais en plus ils ont "jeg er glad i deg" que je trouve très significatif bien qu'assez intraduisible. Ca se rapproche de "je t'aime", mais ça n'est pas non plus un équivalent strict car il y a l'idée de rendre l'autre heureux par son existence/sa présence auprès de lui. Il y a "jeg elsker deg" qui lui est vraiment solennel et se dit très rarement (il y a une sorte de blague en Norvège, d'ailleurs, comme quoi les maris qui en ont marre que leur femme leur demandent des "jeg elsker deg" sans arrêt répondent que c'est une déclaration qui se fait une fois car elle implique une portée définitive, et qu'il n'y a que si ça change qu'ils les informeront là dessus=> "sur ce, lâche-moi les baskets avec ça" :mrgreen: )
"Elsker" ou "Alskar" (qui ont la même étymologie) c'est vraiment aimer=sentiment, mais ce n'est pas antinomique avec la souffrance, alors que "jeg er glad i deg" implique un sentiment positif et "radiant" (je ne sais pas comment le dire autrement "lumineux?").
On peut dire "jeg elsker deg" à quelqu'un qui nous cause du tort et nous rend malheureux, mais on ne peut pas lui dire "jeg er glad i deg". C'est une nuance qui me parle beaucoup dans l'expression du sentiment, et pas mal de Norvégiens considèrent que les 2 impliquent la même intensité (même s'il semble y avoir des disparités régionales aussi). :)

C'est purement linguistique mais je trouve ça hyper intéressant dans le sens où culturellement il y a des façons d'exprimer ce qu'on ressent qui me parlent plus que d'autres. Sans compter que les japonais comme les scandinaves, à ce que je sais, sont assez peu du genre à étaler leurs sentiments, ce qui rend ces expressions rares (et d'autant plus précieuses). Ca me paraît plus proche de la "culture autiste" que "je t'aime" à tort et à travers; et que les "like/love" que tu évoques aussi et qui sont employés, surtout par les américains, avec une certaine emphase. Je trouve ça très étrange, pour ne pas dire effrayant, en fait. :?
Merci pour ces remarques, c'est très intéressant !
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hazufel
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Re: Sortir avec un asperger

#59 Message par hazufel » dimanche 13 mai 2018 à 16:41

misty a écrit : C'est purement linguistique mais je trouve ça hyper intéressant dans le sens où culturellement il y a des façons d'exprimer ce qu'on ressent qui me parlent plus que d'autres. Sans compter que les japonais comme les scandinaves, à ce que je sais, sont assez peu du genre à étaler leurs sentiments, ce qui rend ces expressions rares (et d'autant plus précieuses). Ca me paraît plus proche de la "culture autiste" que "je t'aime" à tort et à travers; et que les "like/love" que tu évoques aussi et qui sont employés, surtout par les américains, avec une certaine emphase. Je trouve ça très étrange, pour ne pas dire effrayant, en fait. :?
Merci pour toutes tes explications et particulièrement ce dernier paragraphe très édifiant sur les tendances culturelles.
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MrsJack
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Re: Sortir avec un asperger

#60 Message par MrsJack » lundi 14 mai 2018 à 10:42

Une petite question au passage :

Y a t'il des personnes ici qui se sentent perdues dans leurs relations sociales affectueuses à cause de ce phénomène précis (la citation de Misty par hazufel) ?
Qui ont l'impression d'être prisonniers des "tendances culturelles" ?

Pour vous donner un exemple : je vis avec un NT qui m'a donné l'habitude de sans arrêt me demander "tu m'aimes ?" ou me lancer des "je t'aime" sans que je sache pourquoi (au bout d'un moment j'ai compris que c'était souvent avant de me demander un truc important... :crazy: )
Avec mon ami aspie, comme je l'ai observé avec attention, j'ai vu comment il exprimait son affection pour sa mère, son frère, sa copine et moi. Ce n'est pas du tout la même chose, c'est très doux mais très atypique comme méthode.
Ce sont les deux exemples que je donne parce que ce sont les seuls qui touchent les relations de couples, mais j'ai le même genre de variations avec mes amis, il n'y en a pas deux qui aiment de la même manière.
De mon côté, je m'adapte systématiquement à la personne ; je lui donne l'affection qu'elle demande (par imitation je crois) et jamais je n'exprime l'affection comme moi j'aimerais l'exprimer ou alors c'est très rare, ce qui génère chez moi à la fois de la frustration et aussi un sentiment profond de solitude alors que je suis relativement bien entourée socialement.
Y a t-il des personnes qui le vivent comme ça aussi ?
HPI (28/12/2017) à QI hétérogène.
TSA léger (11/03/2021) diag CRA
Quelques phobies sociales.
INFJ dans la classification Myers-Briggs.
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"Aimez ce que jamais on ne verra deux fois." - Alfred de Vigny

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