L'humour chez les personnes autistes

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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freeshost
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L'humour chez les personnes autistes

#1 Message par freeshost » vendredi 11 mai 2018 à 2:23

Salut, la compagnie spectro-autiste !

Ici, je veux parler de l'humour chez les personnes autistes surtout (mais éventuellement chez les personnes non autistes aussi).

Y a-t-il eu des études sur les appréciations des différentes formes d'humour chez les différentes personnes ?

Voyez-vous ? Je suis confronté à un problème récent mais qui risque de devenir récurrent, que j'essaie de prendre avec zénitude.

Nous avons un groupe de personnes autistes suisses. Nous utilisions beaucoup Whatsapp, nous apprivoisons Slack (logiciel de même type que Discord).

Que ce soit sur Whatsapp ou sur Slack, je suis confronté à une personne autiste - je vais l'appeler M2 - qui aime communiquer, est relativement curieuse, mais très émotionnelle. Ce dernier point me différencie fort d'elle. Moi, j'ai plutôt tendance à rationaliser, à prendre du recul. Elle, elle a tendance à prendre les choses perso', elle est pas mal féministe et antisexiste. Ce n'est pas un reproche que je lui fais, mais juste une constatation de la différence entre nous deux.

Ça pourrait se ramener à la discussion : "De quoi peut-on rire ?" "De tout, mais pas avec n'importe qui..."

Comme plusieurs personnes de ce forum le savent, j'aime rire, j'aime diverses blagues, j'use et j'abuse des sourires ( :lol: , :P , :) , :mrgreen: , :mryellow: , etc.), sur ce forum comme sur Whatsapp et Slack.

Elle moins...

Nous avons (j'ai :lol: ) créé un espace de travail sur Slack. Seules les personnes qui y sont inscrites peuvent y lire les messages. Une fois inscrite, une personne peut, d'elle-même, rejoindre chaque chaîne publique. J'ai bien créé une chaîne pour blaguer, mais je ne peux m'empêcher de semer quelques blagues dans d'autres chaînes (chassez le naturel...). Et elle aussi est inscrite à beaucoup de chaînes - j'encourage la participation. D'ailleurs le manque de participation me fait penser à des personnes citoyennes qui n'usent pas de leur droit démocratique d'émettre des propositions de rencontres, des avis. Je deviens dictateur malgré moi. Mais ceci est une autre histoire...

En bref, quand je fais des blagues, même adressées à d'autres personnes, qui comprennent ces blagues et les apprécient, elle vient mettre sa désapprobation salée sur la table.

Dernier épisode il y a moins d'une heure :

1. Je mets, dans la chaîne éthique_philo, un lien vers l'article suivant : Le biologiste de renom David Goodall, venu en Suisse pour bénéficier de l'assistance médicalisée au suicide, est décédé jeudi à 12h30 à Bâle.

Pour parler du droit de mourir. D'ailleurs, j'avais lu le livre Je vous demande le droit de mourir.

2. Un membre M1 fait la blague suivante, que je comprends comme une blague : "Ils font beaucoup d'aide au suicide dans les prisons américaines ...." Blague accompagnée d'un sourire rieur.

3. Je relance par la blague suivante : "Tu veux un aller simple pour ces prisons ?" avec un sourire tout aussi rieur. Je sais que M1 aime blaguer, ironiser.

4. C'est là qu'intervient M2. En bref, elle me reprend sur mes blagues sur le suicide, que je devrais faire gaffe. Je lui demande de quoi peut-on rire... ai-je encore le droit de faire des blagues dans les chaînes où elle est inscrite. Ben oui... c'est surtout elle qui m'a critiqué pour mes blagues. Après, il est vrai que d'autres personnes m'ont critiqué pour l'usage abusif de sourires ; je donnais l'impression de me moquer d'elle. En fait, je mets surtout des sourires pour montrer que c'est une blague, qu'il y a potentiellement ironie ou (auto-)dérision, humour autour du comique de situation.

5. Après notre échange houleux, M1, à qui j'avais fait la blague, m'a dit qu'il ne se prenait pas la tête, qu'il aimait bien blaguer (comme je m'y attendais). On verra les réactions de M2 et des autres personnes qui liront l'échange.

Ce n'est que le dernier épisode avec elle. Si ça continue ainsi, il y en aura d'autres. Mon but n'est pourtant pas de la chasser de l'espace de travail ou du groupe.

Mais vous voyez le contraste.... moi, habitué à blaguer (jeux de mots, ironie, comique de situation ; un peu moins les blagues sur les stéréotypes) et à prendre du recul et elle ayant plutôt tendance à prendre les choses perso', très émotionnelle. Comment vivre et communiquer ensemble ? Dans l'espace de travail, il n'y a pas qu'elle et moi. Je ne suis pas du genre à focaliser sur une seule personne. J'essaie de développer une vision globale.

Je suis conscient qu'il y a une plus grande prévalence de tentatives de suicide chez les personnes autistes. Mais peut-on aborder le sujet avec humour ? Si je fais de l'humour sur le LGBT (alors même qu'elle est féministe et pas mal engagée avec les LGBT, alors même que je respecte la neurodiversité des personnes LGBTAQI comme des divers autres spectres), elle risque de revenir à la charge. Si je fais de l'humour sur les animaux... elle risque de riposter avec l'antispécisme.

Comment concilier ces différentes de sensibilités, d'émotivités, de ressentis face aux différentes formes d'humour sans pour autant trop s'auto-censurer ? J'aime bien enchaîner le canard et autres satires. :mrgreen:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: L'humour chez les personnes autistes

#2 Message par Siobhan » vendredi 11 mai 2018 à 4:22

freeshost a écrit :Salut, la compagnie spectro-autiste !

Ici, je veux parler de l'humour chez les personnes autistes surtout (mais éventuellement chez les personnes non autistes aussi).

Y a-t-il eu des études sur les appréciations des différentes formes d'humour chez les différentes personnes ?

Voyez-vous ? Je suis confronté à un problème récent mais qui risque de devenir récurrent, que j'essaie de prendre avec zénitude.

Nous avons un groupe de personnes autistes suisses. Nous utilisions beaucoup Whatsapp, nous apprivoisons Slack (logiciel de même type que Discord).

Que ce soit sur Whatsapp ou sur Slack, je suis confronté à une personne autiste - je vais l'appeler M2 - qui aime communiquer, est relativement curieuse, mais très émotionnelle. Ce dernier point me différencie fort d'elle. Moi, j'ai plutôt tendance à rationaliser, à prendre du recul. Elle, elle a tendance à prendre les choses perso', elle est pas mal féministe et antisexiste. Ce n'est pas un reproche que je lui fais, mais juste une constatation de la différence entre nous deux.

Ça pourrait se ramener à la discussion : "De quoi peut-on rire ?" "De tout, mais pas avec n'importe qui..."

Comme plusieurs personnes de ce forum le savent, j'aime rire, j'aime diverses blagues, j'use et j'abuse des sourires ( :lol: , :P , :) , :mrgreen: , :mryellow: , etc.), sur ce forum comme sur Whatsapp et Slack.

Elle moins...

Nous avons (j'ai :lol: ) créé un espace de travail sur Slack. Seules les personnes qui y sont inscrites peuvent y lire les messages. Une fois inscrite, une personne peut, d'elle-même, rejoindre chaque chaîne publique. J'ai bien créé une chaîne pour blaguer, mais je ne peux m'empêcher de semer quelques blagues dans d'autres chaînes (chassez le naturel...). Et elle aussi est inscrite à beaucoup de chaînes - j'encourage la participation. D'ailleurs le manque de participation me fait penser à des personnes citoyennes qui n'usent pas de leur droit démocratique d'émettre des propositions de rencontres, des avis. Je deviens dictateur malgré moi. Mais ceci est une autre histoire...

En bref, quand je fais des blagues, même adressées à d'autres personnes, qui comprennent ces blagues et les apprécient, elle vient mettre sa désapprobation salée sur la table.

Dernier épisode il y a moins d'une heure :

1. Je mets, dans la chaîne éthique_philo, un lien vers l'article suivant : Le biologiste de renom David Goodall, venu en Suisse pour bénéficier de l'assistance médicalisée au suicide, est décédé jeudi à 12h30 à Bâle.

Pour parler du droit de mourir. D'ailleurs, j'avais lu le livre Je vous demande le droit de mourir.

2. Un membre M1 fait la blague suivante, que je comprends comme une blague : "Ils font beaucoup d'aide au suicide dans les prisons américaines ...." Blague accompagnée d'un sourire rieur.

3. Je relance par la blague suivante : "Tu veux un aller simple pour ces prisons ?" avec un sourire tout aussi rieur. Je sais que M1 aime blaguer, ironiser.

4. C'est là qu'intervient M2. En bref, elle me reprend sur mes blagues sur le suicide, que je devrais faire gaffe. Je lui demande de quoi peut-on rire... ai-je encore le droit de faire des blagues dans les chaînes où elle est inscrite. Ben oui... c'est surtout elle qui m'a critiqué pour mes blagues. Après, il est vrai que d'autres personnes m'ont critiqué pour l'usage abusif de sourires ; je donnais l'impression de me moquer d'elle. En fait, je mets surtout des sourires pour montrer que c'est une blague, qu'il y a potentiellement ironie ou (auto-)dérision, humour autour du comique de situation.

5. Après notre échange houleux, M1, à qui j'avais fait la blague, m'a dit qu'il ne se prenait pas la tête, qu'il aimait bien blaguer (comme je m'y attendais). On verra les réactions de M2 et des autres personnes qui liront l'échange.

Ce n'est que le dernier épisode avec elle. Si ça continue ainsi, il y en aura d'autres. Mon but n'est pourtant pas de la chasser de l'espace de travail ou du groupe.

Mais vous voyez le contraste.... moi, habitué à blaguer (jeux de mots, ironie, comique de situation ; un peu moins les blagues sur les stéréotypes) et à prendre du recul et elle ayant plutôt tendance à prendre les choses perso', très émotionnelle. Comment vivre et communiquer ensemble ? Dans l'espace de travail, il n'y a pas qu'elle et moi. Je ne suis pas du genre à focaliser sur une seule personne. J'essaie de développer une vision globale.

Je suis conscient qu'il y a une plus grande prévalence de tentatives de suicide chez les personnes autistes. Mais peut-on aborder le sujet avec humour ? Si je fais de l'humour sur le LGBT (alors même qu'elle est féministe et pas mal engagée avec les LGBT, alors même que je respecte la neurodiversité des personnes LGBTAQI comme des divers autres spectres), elle risque de revenir à la charge. Si je fais de l'humour sur les animaux... elle risque de riposter avec l'antispécisme.

Comment concilier ces différentes de sensibilités, d'émotivités, de ressentis face aux différentes formes d'humour sans pour autant trop s'auto-censurer ? J'aime bien enchaîner le canard et autres satires. :mrgreen:
Je ne vais pas parler du sujet en général, juste du cas que tu cite : lorsque tu réponds à M1 en lui parlant de l'aller simple, associé au timing de ta remarque, cela me fait penser (désolé ...) à une réprimande mélée d'une menace... Et du coup ça ne me donne pas une image de camaraderie mais plutôt de mise en avant d'une hiérarchie entre lui et toi, de ta part (encore désolé, c'est comme ça que je le vois, et c'est peut-être ce qui a fait réagir M2 du coup ?).




Il me semble qu'il y a une forme de "faux humour" qui est assez courant dans le milieu de l'entreprise, qui consiste plus ou moins à "marcher sur la gueule de son interlocuteur avec style et panache en lui demandant de sourire en retour", pratique il me semble assez utilisée dans le but d'appuyer les rapports de hiérarchie je pense, mais qui n'est pour moi aucunement, mais alors aucunement de l'humour.

Pour donner une image, appeler ça (ce type de pratique en entreprise) de l'humour, ça serait un peu comme dire que le Joker du film "the Dark Knight" de Christopher Nolan est un "comique".

Pour moi c'est un peu l'opposé total de l'humour noir, l'humour noir étant pour moi une manière de présenter quelque chose de dégueulasse à l'extérieur mais néanmoins fin et pertinent à l'intérieur. Alors que dans le cadre de cette pratique (je dirais bien que c'est de "l'humour oppressif", le terme n'étant pas de moi), le principe est plutôt de présenter quelque chose comme fin et pertinent à l'extérieur, alors qu'à l'intérieur c'est puant (désolé, mes mots sont un peu forts :s).


Du coup, pour résumer, quelque part je pense que l'"humour oppressif" est souvent consciemment ou inconsciemment une manière de mettre en avant ou de maintenir des hiérarchie, et que du coup je dirais que ce qui serait étonnant est que ça ne blesse personne, plutôt que le contraire.


J'espère que je n'ai pas été trop confus...
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#3 Message par Anahata » vendredi 11 mai 2018 à 10:18

Bonjour !
Je crois que l'humour de freeshot dans cette situation (la réplique de lui dire d'y aller, alors qu'ils vont suicider) ferait plus rire des non autistes. Quand on a une lecture littérale, c'est douloureux ces mots-là. D'ailleurs il te suffit de lire ma parenthèse pour comprendre l'effet.
Comment s'entendre ? Ben si on a compris l'effet devastateur de sa vanne, s'excuser pour l'effet de ses mots sur elle et dire à la personne, que tu n'as pas dit que tu voulais qu'elle se suicide. Et peut-être essayer de lui expliquer ?

Faut être capable de se rendre compte pour s'entendre avec les autres. Je crois que c'est ça la clé pour se prendre moins la tête.

Je suis d'accord avec Mud..All(pardon), y'a un humour pervers en société qui consiste à vouloir faire rire son camarade en lui balançant des insanités sur sa personne. S'il ne rit pas, il est vite targué de ne pas avoir d'humour ou d'autodérision sans que personne ne se préoccupe jamais de la douleur qui a été causée à cette personne. J'y vois des volontés de domination insidieuses dans la volonté de faire rire malgré l'autre.
Serais tu victime freeshot d'un Copié collé de non autiste ?
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#4 Message par freeshost » vendredi 11 mai 2018 à 12:02

Il est vrai qu'il y a aussi des personnes non autistes dans mon réseau. Je me suis pas mal habitué à diverses formes d'humour (sans compter les diverses personnes humoristes ; prochain rendez-vous : festival Morges sous Rire :lol: ).

Du coup, avec les personnes autistes (dont notamment M2, et tous les groupes sociaux auxquels elle appartient), dois-je renoncer :

- à l'ironie,
- à aborder avec humour certains sujets,
- etc.

?

Décidément, pour l'empathie et le soutien, je n'ai pas les neurones de l'emploi. :lol:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: L'humour chez les personnes autistes

#5 Message par Siobhan » vendredi 11 mai 2018 à 12:14

freeshost a écrit : Décidément, pour l'empathie et le soutien, je n'ai pas les neurones de l'emploi. :lol:
Ne dit pas ça :( , je ne trouve vraiment pas que c'est vrai. Au contraire.

Et puis je suppose que c'est normal que tu sois sévère avec toi même dans un domaine (l'empathie et le soutien comme tu le mentionnes), qui semble clairement te tenir à coeur.
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#6 Message par freeshost » vendredi 11 mai 2018 à 12:30

Le truc, c'est que l'humour et le rire me tiennent aussi (voire plus) à cœur. :mrgreen:

Les lamentations, un peu moins... Si l'âme hanta Sion (ville où je vis), j'en fus épargné. :lol:

Il est vrai qu'il y a d'autres personnes du groupe qui sont plus à l'aise pour soutenir les personnes en détresse. Je leur refile la patate chaude.

Mais là, il n'y avait pas de détresse, juste de l'humour en deuxième intrigue (l'humour comme j'aime).

À moins que M2 soit toujours en détresse... et là, ça deviendrait difficile à faire de l'humour là où M2 est.

J'ai l'impression que, à chaque fois que je fais des omelettes (blagues aux œufs), on m'accuse de casser des œufs (cuits, cuits).
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#7 Message par Siobhan » vendredi 11 mai 2018 à 12:58

freeshost a écrit :Le truc, c'est que l'humour et le rire me tiennent aussi (voire plus) à cœur. :mrgreen:

Les lamentations, un peu moins... Si l'âme hanta Sion (ville où je vis), j'en fus épargné. :lol:

Il est vrai qu'il y a d'autres personnes du groupe qui sont plus à l'aise pour soutenir les personnes en détresse. Je leur refile la patate chaude.

Mais là, il n'y avait pas de détresse, juste de l'humour en deuxième intrigue (l'humour comme j'aime).

À moins que M2 soit toujours en détresse... et là, ça deviendrait difficile à faire de l'humour là où M2 est.

J'ai l'impression que, à chaque fois que je fais des omelettes (blagues aux œufs), on m'accuse de casser des œufs (cuits, cuits).
Je ne trouve pas du tout ton humour (d'après ce que j'en ai lu) systématiquement "casse-oeufs", je crois plutôt qu'il s'agit juste de comprendre pourquoi certains types de traits d'humours peuvent blesser, après libre à toi de continuer à les faire ou pas.
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#8 Message par Manichéenne » vendredi 11 mai 2018 à 13:13

freeshost a écrit :Ça pourrait se ramener à la discussion : "De quoi peut-on rire ?" "De tout, mais pas avec n'importe qui..."
Je répond donc par un article qui soulève la plupart des questions qu'implique ton message.

En résumé : on peut rire de tout, pas de n'importe qui, pas en n'importe quelle compagnie indépendamment du sujet, et à condition d'y mettre les formes.
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#9 Message par Anahata » vendredi 11 mai 2018 à 13:23

Abandonner ton humour ? Je ne sais pas. Pour mon cas, le début de ta 'blague' est bonne. Elle pourrait être classée dans humour noir on va dire. C'est après que... voilà.

Après, y'a de quoi se faire des entorses au cerveau... S'adapter aux NT, aux autistes.... Y'a de quoi y laisser la tête
Donc je compatis

Si je peux donner une astuce, éviter de faire des vannes qui semblent se ficher de la tête des gens qui ont déjà la tête sous l'eau.
Parce que les lamentations, et les personnes en détresse, t'es peut être pas capable de t'en occuper, mais c'est pas une raison pour faire l'autruche.
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#10 Message par freeshost » vendredi 11 mai 2018 à 13:47

Vais-je marcher sur des œufs ou me faire cuire un œuf ? :lol:

L'humour, c'est sérieux. :mrgreen:

Il y a les casse-œufs et les casseux d'party. :lol:
Manichéenne a écrit :
freeshost a écrit :Ça pourrait se ramener à la discussion : "De quoi peut-on rire ?" "De tout, mais pas avec n'importe qui..."
Je répond donc par un article qui soulève la plupart des questions qu'implique ton message.

En résumé : on peut rire de tout, pas de n'importe qui, pas en n'importe quelle compagnie indépendamment du sujet, et à condition d'y mettre les formes.
Ah ! Merci pour cet article. Il faudrait qu'on se fasse une séance de sketchs de Pierre Desproges. :mrgreen:

Y mettre les formes, les "signaux d'ironie". Mais ceux-ci risquent d'être moins décelables et identifiables par les personnes (autistes ou non autistes) qui ont des difficultés à percevoir les formes de second degré.

Il y a l'humour sur les racismes.

Il y a aussi l'humour sur la conditions humaines, sur les aléas, sur l'anxiété, sur le syndrome de stress post-traumatique, etc.

Sur la mort, les maladies et les accidents qui peuvent y mener, les homicides, les suicides.

Sur les formes d'attaques et de violence, harcèlement, insultes, coups, intimidation, traque furtive, etc.

Le tout pouvant participer à un comique de situation. :mrgreen:

En tout cas, on peut rire de soi-même.

- Moi sérieux ? Vous voulez rire ?!
Anahata a écrit :Si je peux donner une astuce, éviter de faire des vannes qui semblent se ficher de la tête des gens qui ont déjà la tête sous l'eau.
Parce que les lamentations, et les personnes en détresse, t'es peut être pas capable de t'en occuper, mais c'est pas une raison pour faire l'autruche.
Le truc, c'est que, sur Slack, il y a un point commun avec un forum : toutes les personnes peuvent accéder aux chaînes publiques, y compris les plus susceptibles. Je devrais alors donc faire attention, même si je ne m'adresse pas à M2, même si elle n'est pas encore dans la chaîne (elle peut la rejoindre par la suite et y lire tous les messages). On en revient au point que je mentionnais : sur l'internet, l'ensemble des destinataires n'est pas fixe, car le message est éternellement public (jusqu'à ce qu'il soit supprimé). En face à face, dans une conversation conversation non enregistrée, les messages sont provisoires, la conversation est provisoire, l'ensemble des destinataires est fixé (sauf si l'un des destinataire retransmet le message à de nouveaux destinataires...).
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: L'humour chez les personnes autistes

#11 Message par Nausicaä » vendredi 11 mai 2018 à 16:08

freeshost a écrit : Le truc, c'est que, sur Slack, il y a un point commun avec un forum : toutes les personnes peuvent accéder aux chaînes publiques, y compris les plus susceptibles. Je devrais alors donc faire attention, même si je ne m'adresse pas à M2, même si elle n'est pas encore dans la chaîne (elle peut la rejoindre par la suite et y lire tous les messages). On en revient au point que je mentionnais : sur l'internet, l'ensemble des destinataires n'est pas fixe, car le message est éternellement public (jusqu'à ce qu'il soit supprimé). En face à face, dans une conversation conversation non enregistrée, les messages sont provisoires, la conversation est provisoire, l'ensemble des destinataires est fixé (sauf si l'un des destinataire retransmet le message à de nouveaux destinataires...).
Oui mais là n'est pas la question...Que ce soit "fixe" ou non rien ne t'empêche de t'excuser si tu blesses quelqu'un même si c'est non intentionnel. :wink:
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#12 Message par Anahata » vendredi 11 mai 2018 à 16:16

Si tu cherches une solution pour gérer l'effet de tes mots, et que tu n'en trouves pas, tu peux te retenir de les dire.
C'est frustrant mais ça fonctionne.
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#13 Message par Siobhan » vendredi 11 mai 2018 à 19:46

Manichéenne a écrit :
freeshost a écrit :Ça pourrait se ramener à la discussion : "De quoi peut-on rire ?" "De tout, mais pas avec n'importe qui..."
Je répond donc par un article qui soulève la plupart des questions qu'implique ton message.

En résumé : on peut rire de tout, pas de n'importe qui, pas en n'importe quelle compagnie indépendamment du sujet, et à condition d'y mettre les formes.
J'ai aussi vu passer ce bon article Manichéenne, merci de le mentionner c'est une bonne ressource il me semble.
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#14 Message par misty » vendredi 11 mai 2018 à 20:42

Je ne sais pas si je vais amener de la pertinence, ne connaissant ni Whatsapp ni Slack (c'est plus comme un tchat ou comme un forum? C'est quels types de discussions?) mais je vais tenter quand même parce que je vois les choses un peu différemment de ce qui a été évoqué.
FH a écrit : Elle, elle a tendance à prendre les choses perso', elle est pas mal féministe et antisexiste. Ce n'est pas un reproche que je lui fais, mais juste une constatation de la différence entre nous deux.
Comment concilier ces différentes de sensibilités, d'émotivités, de ressentis face aux différentes formes d'humour sans pour autant trop s'auto-censurer ?
Je ne suis pas sûre que la vraie problématique soit l'humour, dans ce que tu évoques.

1/Je pense me rapprocher de ce qu'on nomme féminisme, et je suis clairement antisexiste (au point de m'étonner qu'un tel terme ait une quelconque raison d'exister :o ). Par contre, j'adore les blagues sexistes et je n'en ai pas honte. En fait c'est un des trucs qui me fait le plus rire tellement je trouve ça absurde. Un de mes oncles adore aussi ce genre de blague, et il me fait juste mourir de rire avec ses vannes de vieux misogyne cliché au possible. Et je sais qu'il m'adore et ne me prend ni pour le trophée andros ni pour une plante verte (lui).
Je fais une différence entre avoir des convictions et les défendre, et se prendre au sérieux h24. A un moment il faut se rappeler aussi qu'on est juste des gros tas d'atomes et que dans 100 ans maxi ce sera grand coup de balai pour tout le monde. Un peu de dérision n'empêche pas de grands combats, pour moi ça n'a absolument rien à voir.

2/L'autisme implique des difficultés à communiquer, et l'humour peut être un moyen de communiquer. Ce n'est pas parce qu'on écrit sur un clavier qu'on ne fait aucun effort pour communiquer, et je pense qu'essayer de dire les choses avec humour et d'exprimer de la gaité c'est une approche de la communication très bienveillante. Je situe le type de bullying dont a parlé MudBloodKnowItAll (si je ne me trompe pas) et clairement il n'y a rien de Freeshost là dedans. On peut être maladroit parfois, pour moi ce n'est pas forcément une question d'empathie mais juste de ratés liés à du stress (communiquer est parfois stressant, même sur support virtuel) ou à un défaut de contextualisation ou autre.
Pour donner un exemple récent (qui va j'espère rassurer notre petit pingouin zen :) ), j'ai fait une "bourde humoristique" mémorable dans une asso où je socialise régulièrement. J'étais très stressée, fatiguée, brassée émotionnellement par plein de choses, et est arrivé un de ces moments que je déteste où il y a "petite discussion à la cool/informelle". Comme d'habitude, je réfléchis à comment partir vite, mais je veux aussi faire des efforts pour "avoir l'air sympa et pas trop renfermée"; et là c'est le drame: il était question de manteaux de fourrure, et je ne sais pas comment je me suis débrouillée mais j'ai réussi à sortir LA vanne atroce+++ sur la fourrure que jamais tu fais à la SPA si tu as un minimum de cases allumées là-haut. Image
Eh ben voilà, c'était fait: on était 4, il y en a 2 qui se sont décomposées et le 3ème était mort de rire (au moins autant à cause de la tête des autres que de la blague, à mon avis).
Je me suis sentie très bête, les 2 m'ont ensuite fait un sourire poli quand même, mais enfin c'est juste une gaffe. C'est pas non plus la mort du petit cheval (tiens, ça aussi c'est le genre de petite expression rigolote à éviter en contexte de protection animale :mryellow: ). Je suis retournée là-bas depuis et ai discuté avec tous, je n'ai pas été regardée comme la fille sans coeur aux blagues apocalyptiques...
Si je ne faisais aucun effort pour socialiser, je ne ferais pas ce genre de gaffe. Si tu ne faisais pas tout ce que tu fais (animer ces espaces de discussion, organiser des rencontres, te bouger pour ces gens...) tu n'en ferais pas non plus :innocent:

3/ Je ne connais pas cette personne dont tu parles mais il y a des gens qui prennent tout pour eux, qui se prennent très au sérieux sur tous les sujets, et ça quoi que tu fasses tu n'y pourras rien. Avec ce genre de personne tu peux faire des blagues ultra-consensuelles, il y aura toujours un détail pour les froisser. Je ne sais pas si c'est ce genre de personne mais si c'est le cas ne te prends pas trop la tête.
J'ai l'impression que, à chaque fois que je fais des omelettes (blagues aux œufs), on m'accuse de casser des œufs (cuits, cuits).
Dans ce cas de figure le souci ne vient pas de toi. C'est bien de savoir se remettre en question (et c'est ce que tu fais, preuve que tu te soucies des autres) mais quelquefois si tu te censures trop par peur de blesser x ou y tu ne dis plus rien. Quand le but c'est de communiquer, c'est un peu con, quand même... :mrgreen:
*Diag TSA*

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Moof
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Re: L'humour chez les personnes autistes

#15 Message par Moof » vendredi 11 mai 2018 à 20:48

Supprimé
Modifié en dernier par Moof le samedi 19 mai 2018 à 1:10, modifié 1 fois.
Moof - Probablement asperger ou autisme de haut niveau

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