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Re: Difficultés au travail, démission ou pas.

Posté : jeudi 17 janvier 2019 à 22:48
par freeshost
misty a écrit : mercredi 16 janvier 2019 à 11:52Je suis désolée si ça parait rude, mais à te lire j'ai un peu l'impression de quelqu'un qui dirait "moi je peux pas retourner travailler à la mine parce que c'est trop fatiguant". :?
Il y a pas mal de personnes peu connaisseuse du spectre autistique qui ont cette impression biaisée. :mrgreen:

Il est où le chien truffier ? :lol:

En fait, si la mine est très difficile à supporter (les risques du métier), il ne devrait point être besoin d'évoquer quelque autisme.

Re: Difficultés au travail, démission ou pas.

Posté : vendredi 18 janvier 2019 à 9:44
par IrwenRed
Spoiler : 
misty a écrit : jeudi 17 janvier 2019 à 12:16 Je me méprends fréquemment car là où je pense les gens en recherche de conseils de la part de personnes qui peuvent avoir recul, expériences et éléments concrets, je me rends compte après y avoir perdu des heures que ce n'était pas du tout ça. Juste du nombrilisme à la sauce "tout le monde est méchant et moi je suis très à plaindre". Bouhouhou.
Je constate beaucoup moins d'entraide sur le forum ces derniers temps, c'est peut-être lié au fait que je sois encore à peu près la seule abrutie à me faire avoir (c'est plutôt bon signe pour les autres: bravo les gens).
Je suis désolée je vais continuer le HS pour répondre à Misty.
Il y a quelques mois j'ai posté un truc sur le travail aussi, j'étais à bout de nerf au bord de l'explosion, beaucoup de personne sont venues commenter dont toi Misty. Ca m'a beaucoup aidée et je ne t'en ai jamais remercié directement. Je suis pas douée avec les discussions et comme ça a mit du temps à se résoudre (ça fait quelques semaines que ça va mieux) je n'ai pas osé reposter un truc pour ne pas avoir l'air de transformer le forum en mon blog perso.
Je parcours souvent les topics et souvent je tombe sur tes réponses qui sont bourrées d'explications. Elles ne sont pas toujours évidentes à lire pour moi parce que c'est long et ça me demande beauocup de concentration mais elles sont extrêmement instructives. Alors merci pour ça aussi.
En effet peut-être que tu as l'impression de parler dans le vide parfois mais je suis certaine que je suis pas la seule à te lire et à me dire "ah bon faut pas dire ça au travail? " après.
Perso sans toi j'aurai dit rapidement au boulot que je suis en pleine démarche de diagnostique pas pour me faire mousser, juste comme je peux dire "je vais chez le medecin ce soir je crois que j'ai une angine". C'est grâce à toi (et à Lilette entre autre) que j'ai compris à quel point juste mes mots pourraient stigmatiser des gens qui disposent d'un diagnostique, ou qui en cherchent un. J'ai compris qu'un diagnostique d'autisme ce serait pas la même chose qu'un diagnostique d'angine. Du coup..ben j'ai rien dit à personne et aujourd'hui je vous remercie aussi pour ça. Ca vaut aussi pour toutes les autres personnes qui liraient ça et qui pensent parler dans le vide. Il y a toujours quelqu'un qui vous lira et qui apprendra. Après ce ne sont malheureuseument pas ceux qui parlent le plus ni le plus fort.
Voilà, sur ce après mon message complètement HS je vous souhaite une bonne journée.

Re: Difficultés au travail, démission ou pas.

Posté : vendredi 18 janvier 2019 à 10:33
par Danse Avec Les TSA
De la même manière j'ai suivi la conversation avec attention, sans y prendre part car j'ai peux d'éléments/arguments à avancer étant donné que je ne suis pas encore dans l'impitoyable monde du travail.
A coup sûr, en cas de difficultés professionnelles dans le futur, je saurai où venir :wink:

Re: Difficultés au travail, démission ou pas.

Posté : vendredi 18 janvier 2019 à 23:14
par misty
IrwenRed a écrit :C'est grâce à toi (et à Lilette entre autre) que j'ai compris à quel point juste mes mots pourraient stigmatiser des gens qui disposent d'un diagnostique, ou qui en cherchent un.
En fait, je pense qu'en faisant ça on se stigmatise en plus nous-même dès le diagnostic obtenu (sans parler d'avant, bien sûr, avec le risque d'avoir l'air stupide en cas d'hypothèse infirmée). Ca me semble une erreur parce qu'on est un peu tout frais et soulagés d'avoir une réponse, mais en réalité on n'a aucune idée de tout ce que les gens projettent sur ce diagnostic-là.
La première "collègue" (qui n'en était pas une "pour de vrai" car stage, donc occasion de savoir sans trop se mouiller) à qui j'ai demandé si je devais parler de mon diagnostic en contexte pro m'a dit: "non, ou alors attention, parce qu'après les gens ne verront plus que ça". Elle sait de quoi elle parle, étant elle-même en situation de handicap (sensoriel donc "invisible"), et surtout elle connaît notre environnement professionnel. Plus j'avance dans ce métier, pourtant autistic-like+++, plus je comprends combien elle avait raison...

Dans ma vie privée où pas mal de gens sont au courant de mon diag (pour la simple et bonne raison qu'ils ont témoigné lors des tests, et/ou qu'il y a eu des bavards qui ont croisé des curieux), je suis un peu devenue l'autiste de service. Sans que ça ne parte nécessairement d'une intention négative ou malveillante, on dirait que c'est plus fort qu'eux.
Très sincèrement, je souhaite garder mon emploi et rester où je suis, mais par contre je préfèrerais mille fois être jetée que d'être considérée comme l'autiste de service pendant 30 ans sur mon lieu de travail. Parce que vraiment, j'ai déjà du mal en contexte privé mais alors pro ça me serait insupportable.

Ca dépend bien sûr de l'environnement d'emploi, mais là j'ai beaucoup observé le mien et je sais ce qui arriverait, car il y a beaucoup de bavards susceptibles de croiser beaucoup de curieux + un intérêt palpable concernant l'autisme (pas forcément sous l'angle le plus réaliste/concret/constructif).

De plus, avant d'y être confronté il est difficile de mesurer la stigmatisation relative aux TSA. Pour cette raison (et ce n'est que mon avis) j'ai beaucoup de mal avec un certain militantisme et le côté "construction sociale". Il y a un décalage important entre se sentir faire partie d'un groupe de supposés autistes sur internet et se coltiner cette étiquette IRL, là où on est tout seuls pour recevoir les préjugés, la condescendance, le mépris, le rejet et tout un tas de projections absurdes. Je trouve que nous avons cette liberté de pouvoir en parler ou pas, et je pense préférable de s'en servir.

J'ai toujours été passionnée par l'oeuvre, le parcours et la personnalité de Nina Simone, c'est quelqu'un qui a subi dès son enfance une stigmatisation si violente et permanente que je suis persuadée que ça a fait d'elle une boule de rage et de chagrin avant de la détruire complètement. Il y a des choses attribuables à son trouble (elle était bipolaire), mais je pense que l'essentiel de sa tristesse et de sa colère monumentales vient de cette stigmatisation qui racle les tripes du berceau à la tombe. Je considère qu'elle n'avait pas la même liberté que nous, étant donné que face à une personne à la peau sombre il n'y a pas 36 solutions: elle est noire (dans les années 40-50-60 dans le sud des USA ségrégationnistes, dans son cas... :| ), .
En tant qu'autiste, les gens pensent souvent que je suis droguée, idiote, cinglée, capricieuse, déphasée, méprisante, extraterrestre... Maintenant, je me dis "qu'ils pensent ce qui leur chante, si ça leur convient ça me conviendra aussi". Je sais que leur perception peut varier (en bien ou en mal), mais par contre si je me présente partout comme autiste je fige cette perception, et je vais devoir me la trimballer ensuite (on ne peut hélas pas flashouiller les gens comme dans Men in Black :? ).

Bref, revendiquer ouvertement et massivement un autisme réel ou supposé à l'heure actuelle, c'est surtout se mettre soi-même en position de potentielle stigmatisation (très) importante. Je trouve pas mal d'y réfléchir à 2 fois (expérience perso + sans doute à cause de la figure de N.S. et de son importance pour moi), et surtout de choisir consciencieusement ses "cibles". On ne peut plus faire marche arrière après, et perso je ne m'identifie en rien à un quelconque "club autistique", pas plus que je ne souhaite devenir mon autisme.
Je veux juste être une personne, et des fois c'est incompatible avec le "coming out massif". Je trouve ça bien de le savoir avant (c'est pour ça que j'ai encore écrit un pavé, je te rassure c'est sans doute encore plus long et fatiguant à écrire qu'à lire :mrgreen: )

Merci pour ton intervention, je suis contente que ça se soit arrangé à ton travail :bravo:
Je suis contente si je peux aider aussi (je suis un peu débile, mais par contre je ne vomis pas dans ces cas-là :mryellow: )

Re: Difficultés au travail, démission ou pas.

Posté : samedi 19 janvier 2019 à 7:22
par olivierfh
misty a écrit : vendredi 18 janvier 2019 à 23:14à qui j'ai demandé si je devais parler de mon diagnostic en contexte pro m'a dit: "non, ou alors attention, parce qu'après les gens ne verront plus que ça".
Je commence à le ressentir, quelques mois après avoir commencé à en parler. Mais je ne veux pas non plus en avoir honte: est-ce que quelqu'un qui entend mal ou a une mauvaise vue devrait le cacher, alors qu'il a peut-être des qualités dans d'autres domaines?

Re: Difficultés au travail, démission ou pas.

Posté : samedi 19 janvier 2019 à 17:27
par Lilette
Irwenred a écrit :C'est grâce à toi (et à Lilette entre autre)
Bah dites donc, si mes râleries servent à quelque chose, c'est fou ça :mrgreen:

Re: Difficultés au travail, démission ou pas.

Posté : dimanche 20 janvier 2019 à 15:02
par misty
olivierfh a écrit : samedi 19 janvier 2019 à 7:22
misty a écrit : vendredi 18 janvier 2019 à 23:14à qui j'ai demandé si je devais parler de mon diagnostic en contexte pro m'a dit: "non, ou alors attention, parce qu'après les gens ne verront plus que ça".
Je commence à le ressentir, quelques mois après avoir commencé à en parler. Mais je ne veux pas non plus en avoir honte: est-ce que quelqu'un qui entend mal ou a une mauvaise vue devrait le cacher, alors qu'il a peut-être des qualités dans d'autres domaines?
C'est propre à l'humain d'avoir des points forts et des points faibles, ce n'est pas réservé aux autistes.
Certes, les accompagnements vers l'emploi consistent essentiellement à expliciter les points forts ("cette personne est d'une grande rigueur, fiabilité, a de grandes capacités de focalisation...") afin de contrebalancer les particularités qui pourraient dérouter ("il peut sembler en pyjama le lundi et être attifé comme au moyen-âge le mardi, ne pas savoir parler de la pluie et du beau temps, ne mettre que des objets verts sur son bureau..."); mais en gros même si je comprends la finalité je trouve ça un peu absurde. C'est valable pour tout le monde d'avoir des + et des -, et préciser que les autistes ont des plus (et lesquels) s'apparente un peu à insister sur une évidence.

Ce n'est pas une question d'avoir honte (bien que perso j'ai clairement honte de certaines choses liées à l'autisme en ce moment), mais juste de préciser des choses qui relèvent du bon sens, au fond... Comme pour tous les types de handicap (être sourd n'empêche pas d'être intelligent, en fauteuil d'être amical et chaleureux, etc etc...).