Je tombe sur ce sujet et merci, car à l'époque où je m'étais inscrite le fait que mes intérêts restreints puissent être des personnes était l'une de mes interrogations !
Au cours de mon adolescence, j'ai eu ce que j'ai qualifié de "coups de foudre" pour des garçons. Je ne les connaissais pas, je ne les avais même jamais vu auparavant, et d'un coup paf, j'étais amoureuse. Ou plutôt, obsédée. Obsédée par le fait de les croiser, de savoir où ils allaient, ce qu'ils aimaient, ce qu'ils faisaient, qui ils côtoyaient... etc. Ça se traduisait par le fait que j'établissais une fiche sur mon coup de foudre du moment, que je complétais au fur et à mesure de mes découvertes (date d'anniversaire, meilleur ami, prénoms des parents... ce genre de choses) et j'y joignais son planning (14h je savais qu'il avait gym par exemple, donc que je devais emprunter tel chemin pour le croiser, qu'à 15h il avait dessin, donc que j'allais peut-être le croiser à tel endroit si je me dépêchais... etc). Mes heures de récréation ne tournaient qu'autour de ça. C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas m'en empêcher, et ce que je ressentais était tellement fort, tellement puissant, que tout le reste était occulté (d'où le fait de me croire amoureuse).
A vrai dire je n'ai pas trouvé d'astuce pour y échapper, à l'époque. Je ne me rendais pas compte que c'était mal interprété, que ça pouvait faire peur, que ça paraissait étrange... etc. De plus, lorsqu'il s'agissait d'un garçon ou d'un homme que je fréquentais de temps en temps, j'étais capable de faire semblant d'être détachée, de me maîtriser, tellement j'avais peur que ce que je ressentais puisse se voir (c'était avant qu'on ne me dise que j'étais autiste et notamment caractérisée par mon inexpressivité en quasi toute circonstance :p).
J'ai tout de même quelques pistes à proposer, pour répondre au sujet initial de ce post ; déjà, le fait qu'il soit important d'être à l'aise avec quelqu'un. D'aussi loin que je m'en souvienne, je ne l'ai jamais été, quelque soit mes tentatives de rapprochement avec le sexe opposé. Jusqu'au jour où j'ai rencontré mon conjoint actuel (nous sommes en couple depuis 11 ans avec 2 enfants). Sans pouvoir me l'expliquer, et dès le 1er jour passé ensemble, je me suis sentie parfaitement à l'aise avec lui sans pour autant que ce soit un coup de foudre, mais plutôt comme si je le connaissais depuis toujours. C'est donc tout naturellement qu'il m'a connu comme je l'étais, avec mes particularités, sans que je ressente le besoin d'essayer de me contrôler, de réfléchir, de donner une certaine image de moi, de me cacher ou d'être différente.
C'est avec le quotidien que nous avons mis le doigt tous les deux sur ces fameuses particularités, parfois nombreuses, et qui venaient entacher notre couple (le fait que je ne parlais jamais avec d'autres personnes, que j'aimais rester à la maison, que je paniquais au moindre imprévu, que j'étais incapable d'aller seule quelque part... et j'en passe). Comme nous n'avions jamais eu besoin de faire semblant, c'est très naturellement que le sujet a été abordé et décortiqué, qu'il s'agisse de mes blocages, de mes difficultés à interpréter ce que disaient les gens, à être empathique à certains moments ou à ne pas pouvoir faire deux choses à la fois. Nous avons même discuté de mon comportement obsessionnel envers d'autres hommes (car oui, même en couple, ça continuait en parallèle !) et il m'a beaucoup aidé à déterminer les limites, à interpréter mon attitude et les conséquences, et de façon générale, à mieux comprendre le monde qui m'entourait, les conventions sociales et tout ce qui va avec. Je ne le remercierais d'ailleurs jamais assez pour ça, de se montrer aussi patient avec moi tous les jours ^^
Avec le temps j'ai fini par remarquer aussi que ces fameux coups de foudre se produisaient sur des hommes (ou des garçons à l'époque du collège/lycée) que je ne connaissais pas du tout, et que du coup je m'en faisais tout un film en cherchant à savoir où ils allaient, quelle rue ils allaient emprunter, pour aller où, pour faire quoi, voir qui, pourquoi... etc. Sauf que quand je me suis mise à faire connaissance et à fréquenter ces fameux coups de foudre, je me suis aperçue que ces personnes n'avaient rien en commun avec le profil que je leur avais établi. Et de là, mon intérêt pour eux a diminué jusqu'à disparaître tout à fait. Certains sont restés de bons amis, d'autres pas. Mais d'une certaine façon, cette astuce de côtoyer régulièrement les personnes pour lesquelles je ressentais ce besoin obsessionnel m'a aidé justement à me contrôler, à réguler un peu mieux ce comportement.
Du coup, si ça peut en aider d'autres...