Psychiatre VS Psychologue

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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#16 Message par Tugdual » vendredi 30 août 2019 à 22:22

Ogam a écrit : vendredi 30 août 2019 à 22:08 Je pense juste qu'il est dommage que des psychologues qui peuvent être compétents pour diagnostiquer l'autisme ne puissent pas le faire parce qu'ils n'ont pas le titre de médecin.
Ce n'est pas une simple histoire de "titre". Il faut bien comprendre que les formations et compétences ne sont pas du tout les mêmes. Et ce n'est pas parce que certains psychiatres ne sont pas "à jour" que le principe d'expertise est à jeter.

Il ne serait en aucun cas une bonne chose pour les patients qu'on commence à faire des diagnostics au rabais sur la base d'intuitions, ce serait la porte ouverte à toutes les dérives.
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#17 Message par Ogam » samedi 31 août 2019 à 12:57

Re: Psychiatre VS Psychologue

par Tugdual » vendredi 30 août 2019 à 22:22

Ogam a écrit : ↑
vendredi 30 août 2019 à 22:08
Je pense juste qu'il est dommage que des psychologues qui peuvent être compétents pour diagnostiquer l'autisme ne puissent pas le faire parce qu'ils n'ont pas le titre de médecin.

Ce n'est pas une simple histoire de "titre". Il faut bien comprendre que les formations et compétences ne sont pas du tout les mêmes. Et ce n'est pas parce que certains psychiatres ne sont pas "à jour" que le principe d'expertise est à jeter.

Il ne serait en aucun cas une bonne chose pour les patients qu'on commence à faire des diagnostics au rabais sur la base d'intuitions, ce serait la porte ouverte à toutes les dérives.
Je crois que l'on ne s'est pas compris Tugdual, je me suis trompé dans mon premier message en parlant de diagnostique au lieu de pré-diagnostique. En revanche, sur l'article de Laurent Mottron http://grouperechercheautismemontreal.c ... rFR_PP.pdf, celui-ci indique que que les diagnostics "au rabais" comme tu le dis si-bien, se basent sur d'autres critères diagnostics que ceux analysés classiquement. Est-ce bien ou est-ce mal, à toi de me le dire. Toujours est-il que Laurent Mottron explique que si l’application consciente de critères diagnostiques augmente la fiabilité du diagnostic pour les cliniciens inexpérimentés, mais elle la diminue pour les experts ! et rajoute enfin que l’exposition à de nombreux cas d’autisme est essentielle pour avoir une bonne capacité à porter un diagnostic, mais aussi que les scientifiques pourraient gagner à étudier les caractéristiques de ces autistes « francs », plus typiques de la condition que ceux qui sont actuellement étudiés dans le monde entier.

Et pour conclure son article, Laurent Mottron explique que Cela pourrait aussi permettre de décider sur des bases plus solides que celles utilisées actuellement si les personnes appartenant à la zone grise de l’autisme (les autistes autres que les autistes « francs ») en font effectivement partie, ou s’il s’agit seulement d’une ressemblance superficielle.

Dans mon message précédant, j'indiquais que la psychologue détachée du CRA semblait m'avoir pré-diagnostiquée autiste (et comme dirait Laurent Mottron, elle est exposée à de très nombreux cas au sein du spectre autistique tous les jours et ce depuis des années). Je suppose qu'avec cette expérience du terrain, cette psychologue a pu acquérir de manière "empirique" une certaine expertise sur l'autisme. Ces personnes ne peuvent-elles pas être à même de réaliser des diagnostics (au même titre que les super-infirmières pour certaines pathologies)?

Maintenant, je ne cherche pas à mettre le feu aux poudres notamment pour ceux qui ont déjà été diagnostiqués par des psychiatres. Mais quand tu ne sais pas ce que tu as, que tu ne sais pas vers quelle direction te tourner et que tu rencontres ces psychologues détachés du CRA avec cette expertise, tu peux avoir tendance à fortement les croire en attendant une expertise officielle (même si on peut les considérer incompétents pour faire des pré-diagnostics puisqu'ils ne sont pas psychiatres et donc médecins).
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#18 Message par Aeryn » samedi 31 août 2019 à 13:42

Ogam, je comprends ton point de vue, mais j'ai l'impression que je me suis mal fait comprendre la première fois. Je me permets donc de réexpliquer ce que j'ai voulu exprimer.

Une psychologue du CRA voit des patients autistes tous les jours, et sait en reconnaître un quand elle en bilante un. Elle a été formée pour reconnaître ça.

Par contre, elle n'a pas été formée à distinguer les TSA de pathologies psychiatriques qui peuvent partager un plus ou moins grand nombre de symptômes en commun avec les TSA. Donc devant ces symptômes, elle va uniquement penser à un TSA parce qu'elle ne connait que ça qui "colle" avec les symptômes qu'elle voit. Le psychiatre (qui connait l'autisme, j'en conviens), va être en mesure de déterminer si les symptômes s'inscrivent dans le cadre d'un TSA, ou d'une pathologie qui partage des symptômes en commun avec ce qu'on peut voir dans les TSA, parce qu'il a été formé à diagnostiquer les autres pathologies.

Enfin, un psychiatre qui n'a pas été formé à l'autisme, diagnostiquera à tords une autre pathologie parce qu'il ne connaît pas les TSA, donc n'incluera pas les TSA dans ses hypothèses diagnostiques de base. Comme la psychologue spécialisée dans les TSA plus haut qui ne pense qu'à ce qu'elle connait, le psychiatre non formé aux TSA recherchera dans ses connaissances de quelle pathologie se rapproche le tableau présenté par son patient (et donc excluera les TSA sils ne font pas partie de ses connaissances).
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#19 Message par Aeryn » samedi 31 août 2019 à 13:44

Par ailleurs, je ne me souviens plus exactement de l'article de Mottron, que j'ai lu il y a longtemps, mais de mémoire ce qu'il écrivait était surtout valable pour les enfants.

Il est beaucoup plus difficile de reconnaître au premier abord un adulte autiste sans déficience intellectuelle qui aura bien compensé ses difficultés (sinon, il aurait a priori été diagnostiqué plus tôt).
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#20 Message par WinstonWolfe » samedi 31 août 2019 à 14:03

Aeryn a écrit : samedi 31 août 2019 à 13:44 sinon, il aurait a priori été diagnostiqué plus tôt
À ce petit détail près qu'un adulte de trente-quarante ans, quand il était enfant, n'avait aucune chance de recevoir le bon diagnostic, celui-ci n'existant pas ou n'étant pas encore connu des médecins. Mais je te rejoins sur le fait qu'un diagnostic adulte est beaucoup plus difficile, étant brouillé par un ensemble de comportements et de stratégies qui peuvent masquer partiellement les symptômes utiles. L'exploration doit alors être plus large, et menée de façon systématique, impliquant un plus grand nombre de spécialités et de connaissances.
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#21 Message par Aeryn » samedi 31 août 2019 à 16:24

WinstonWolfe a écrit : samedi 31 août 2019 à 14:03 À ce petit détail près qu'un adulte de trente-quarante ans, quand il était enfant, n'avait aucune chance de recevoir le bon diagnostic, celui-ci n'existant pas ou n'étant pas encore connu des médecins. Mais je te rejoins sur le fait qu'un diagnostic adulte est beaucoup plus difficile, étant brouillé par un ensemble de comportements et de stratégies qui peuvent masquer partiellement les symptômes utiles. L'exploration doit alors être plus large, et menée de façon systématique, impliquant un plus grand nombre de spécialités et de connaissances.
Ce que voulais dire c'est que si les symptômes d'autisme étaient évidents au vu des connaissances actuelles (au point de permettre un diagnostic "en 5 minutes"), cela aurait été diagnostiqué plus tôt (= quand les TSA ont commencé à être connus en France, je ne veux pas dire quand la personne était enfant).
Pour les personnes autistes qui sont un minimum insérées socialement, un minimum autonomes au quotidien ..., il me semble difficile de pouvoir poser un diagnostic "au premier coup d'oeil" même actuellement.
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#22 Message par gatony » samedi 31 août 2019 à 18:37

Aeryn a écrit : samedi 31 août 2019 à 16:24
WinstonWolfe a écrit : samedi 31 août 2019 à 14:03 À ce petit détail près qu'un adulte de trente-quarante ans, quand il était enfant, n'avait aucune chance de recevoir le bon diagnostic, celui-ci n'existant pas ou n'étant pas encore connu des médecins. Mais je te rejoins sur le fait qu'un diagnostic adulte est beaucoup plus difficile, étant brouillé par un ensemble de comportements et de stratégies qui peuvent masquer partiellement les symptômes utiles. L'exploration doit alors être plus large, et menée de façon systématique, impliquant un plus grand nombre de spécialités et de connaissances.
Ce que voulais dire c'est que si les symptômes d'autisme étaient évidents au vu des connaissances actuelles (au point de permettre un diagnostic "en 5 minutes"), cela aurait été diagnostiqué plus tôt (= quand les TSA ont commencé à être connus en France, je ne veux pas dire quand la personne était enfant).
Pour les personnes autistes qui sont un minimum insérées socialement, un minimum autonomes au quotidien ..., il me semble difficile de pouvoir poser un diagnostic "au premier coup d'oeil" même actuellement.
à nuancer à mon sens. comme le dit WinstonWolfe, plusieurs générations ont vécu leur enfance à une époque où les TSA n'étaient pas connus, du moins pas avec la même ouverture qu'aujourd'hui. on connaissait très certainement les formes les plus typiques d'autisme, mais à mon sens, étaient exclus du spectre la quasi totalité des sujets verbaux notamment.

on peut passer une enfance, une adolescence et une partie de sa vie d'adulte avec des professionnels qui vont ainsi successivement :
  • ne pas penser aux TSA pendant l'enfance et l'adolescence, les formes d'autisme connues étant plus restreintes à l'époque
  • ne pas penser aux TSA à l'âge adulte, car la personne ne consultera pas/plus pour des symptômes qui sont "passés entre les mailles du filet" pendant l'enfance. les acteurs seront moins à même de signaler un éventuel TSA (passé le collège notamment, même si les connaissances ont avancé entre le primaire et le lycée, je ne pense pas que la médecine scolaire/universitaire signalera un doute quant à un probable TSA)
  • rencontrer des professionnels qui excluront la piste du TSA à l'âge adulte, précisément parce qu'ils penseront que cela aurait du être détecté plus tôt si c'était le cas, ou bien parce que leurs connaissances sur le sujet ne sont pas poussées/à jour
il n'est pas à exclure que des adultes non diagnostiqués peuvent malgré tout présenter un "autisme franc" dans ces conditions. la question reviendra lorsque ces symptômes provoqueront des problèmes dans la vie de la personne ... qui consulte alors les professionnels spécialisés en la question.

il n'empêche qu'à l'âge adulte, une difficulté supplémentaire me semble présente y compris dans le cas d'une forme d'autisme visible : les diagnostics différentiels à conduire sont peut-être plus nombreux, les pathologies psychiatriques pouvant se confondre avec le TSA étant plus nombreuses/plus probables.
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#23 Message par lulamae » samedi 31 août 2019 à 20:00

gatony a écrit : à nuancer à mon sens. comme le dit WinstonWolfe, plusieurs générations ont vécu leur enfance à une époque où les TSA n'étaient pas connus, du moins pas avec la même ouverture qu'aujourd'hui. on connaissait très certainement les formes les plus typiques d'autisme, mais à mon sens, étaient exclus du spectre la quasi totalité des sujets verbaux notamment.

on peut passer une enfance, une adolescence et une partie de sa vie d'adulte avec des professionnels qui vont ainsi successivement :
  • ne pas penser aux TSA pendant l'enfance et l'adolescence, les formes d'autisme connues étant plus restreintes à l'époque
  • ne pas penser aux TSA à l'âge adulte, car la personne ne consultera pas/plus pour des symptômes qui sont "passés entre les mailles du filet" pendant l'enfance. les acteurs seront moins à même de signaler un éventuel TSA (passé le collège notamment, même si les connaissances ont avancé entre le primaire et le lycée, je ne pense pas que la médecine scolaire/universitaire signalera un doute quant à un probable TSA)
  • rencontrer des professionnels qui excluront la piste du TSA à l'âge adulte, précisément parce qu'ils penseront que cela aurait du être détecté plus tôt si c'était le cas, ou bien parce que leurs connaissances sur le sujet ne sont pas poussées/à jour
il n'est pas à exclure que des adultes non diagnostiqués peuvent malgré tout présenter un "autisme franc" dans ces conditions. la question reviendra lorsque ces symptômes provoqueront des problèmes dans la vie de la personne ... qui consulte alors les professionnels spécialisés en la question.
C'est très important de le dire effectivement, car les autistes qui finissent par être diagnostiqués adultes (au CRA ou en libéral, à mon avis, du moment qu'il y a un vrai travail pluri-disciplinaire, la présence des tests requis et du temps passé sur les évaluations) ont des traits autistiques francs, mais souvent ceux-ci ont été masqués, étouffés, dans un réflexe de survie, et avec un coût mental élevé ; par ailleurs, d'autres pathologies peuvent compliquer le profil. Mais ce n'est pas en tant que tel un "autisme pas franc", voire un peu imposteur sur les bords.
C'est dommage à la fin de dresser une catégorie contre une autre : les verbaux/non verbaux, ceux qui travaillent/ne travaillent pas, ont une famille/n'en ont pas, ont des (quelques, une poignée d') amis/n'en ont pas, comme si les uns devaient avoir plus de droits que les autres.
Je l'ai déjà dit, mais on ne peut pas déplorer que les médecins ironisent sur "la mode de l'autisme" et faire la même chose.
C'est tout de même paradoxal d'affirmer que "personne ne peut raisonnablement être "fier d'être autiste" (effectivement, si ça a été diagnostiqué c'est que c'est un trouble, donc handicapant !) et en même temps vouloir décerner des médailles à une "élite de l'autisme" (ceux qui ont été diagnostiqués quand les choses étaient encore sérieuses : ça fait donc peu de temps, si on considère que la France a 40 ans de retard et que le déclin des "bons diagnostics" a déjà commencé).
C'est un problème s'il faut se partager le peu qui est donné, mais on peut aussi considérer que c'est un problème politique, et qu'il faut plus sûrement une politique plus ambitieuse en faveur de tous les handicaps. :)
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#24 Message par gatony » samedi 31 août 2019 à 22:52

En même temps, quel est le coût pour la collectivité d'un diagnostic de TSA à l'extrémité du spectre ? Dans l'écrasante majorité des cas, la MDPH ne doit pas accorder plus que la RQTH (si l'on considère qu'à l'extrémité, les conséquences fonctionnelles sont limitées). Et le coût d'une RQTH est à relativiser ... Si cela permet à des personnes en difficulté que l'entreprise tienne davantage compte de leurs difficultés, pourquoi pas. Le problème que cela pose est davantage sur la connaissance de l'autisme qui risque de diluer les difficultés de personnes pleinement dans le spectre dans l'image collective. Or, les décisions (politiques notamment, mais aussi dans une certaine mesure administratives) se prennent pour une large part en fonction de l'image qui est laissée dans l'opinion publique.

Il serait donc préférable si tout cela est valide que les difficultés, si elles relèvent d'une forme d'autisme très diffuse (de traits autistiques plutôt que d'autisme), soient qualifiées sans poser un diagnostic d'autisme à proprement parler. Mais j'imagine (?) que sans qualificatif, les MDPH peuvent peut-être rechigner à accorder les aides nécessaires (RQTH par exemple). Est-ce le cas ? Est-ce que cela pourrait expliquer le recours au diagnostic de TSA de façon plus élargie ?

J'approuve aussi le propos sur le coût psychologique du masque porté par les autistes adultes qui tentent de "lutter pour" passer normalement. Je pense aussi que cela n'est jamais pleinement opérant.
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#25 Message par lulamae » samedi 31 août 2019 à 23:45

gatony a écrit : Il serait donc préférable si tout cela est valide que les difficultés, si elles relèvent d'une forme d'autisme très diffuse (de traits autistiques plutôt que d'autisme), soient qualifiées sans poser un diagnostic d'autisme à proprement parler. Mais j'imagine (?) que sans qualificatif, les MDPH peuvent peut-être rechigner à accorder les aides nécessaires (RQTH par exemple). Est-ce le cas ? Est-ce que cela pourrait expliquer le recours au diagnostic de TSA de façon plus élargie ?
Parler de seuls "traits autistiques" sans diagnostic d'autisme déqualifierait les diagnostics actuels du spectre de l'autisme. Les degrés de "gravité" et l'expression de l'autisme peuvent être différents, mais il s'agit bien d'un trouble neurodéveloppemental, et non de particularités de caractère - ce qui fait que le diagnostic va aboutir ou non (ainsi que le fait que la présence des troubles dans l'enfance).
Envisager des traits autistiques, comme des difficultés à socialiser par exemple, sans autisme, ne ferait pas grand sens.

Des éléments de réponse sur le site handicap.gouv.fr :
a écrit :On parle de troubles du « spectre » de l’autisme (TSA), car le terme d’”autisme” recouvre une réalité très large, très variée et très hétérogène. Chaque personne peut se situer à des degrés différents dans le spectre de l’autisme, selon la fréquence et l’intensité de ses particularités.
Certains vont beaucoup parler alors que d’autres auront des difficultés d’expression, certains auront besoin de temps pour réaliser des apprentissages alors que d’autres vont parfaitement les maîtriser.
https://handicap.gouv.fr/autisme-et-tro ... s-d-alerte

Edition : erreur copié-collé dans la 2nde citation
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#26 Message par WinstonWolfe » dimanche 1 septembre 2019 à 7:13

gatony a écrit : samedi 31 août 2019 à 22:52 Mais j'imagine (?) que sans qualificatif, les MDPH peuvent peut-être rechigner à accorder les aides nécessaires (RQTH par exemple). Est-ce le cas ? Est-ce que cela pourrait expliquer le recours au diagnostic de TSA de façon plus élargie ?
Pas forcément. On n'a pas besoin d'un diagnostic parmi ceux d'une liste bien précise pour une RQTH. Qu'un médecin confirme une difficulté particulière (hypersensibilité auditive, par exemple) peut largement suffire. Le taux d'incapacité ne sera pas le même, et c'est possible que ce soit un peu plus difficile à défendre en commission, mais dans le principe, rien n'empêche. C'est même un conseil à donner à ceux qui ont besoin d'une RQTH et dont le processus de diagnostic traîne en longueur : on peut démarrer la demande RQTH bien avant, sur un trait incontestable.
(Diagnostiqué autiste en 2013, à 40 ans)
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#27 Message par Rawoonie » dimanche 1 septembre 2019 à 7:58

gatony a écrit : samedi 31 août 2019 à 18:37

on peut passer une enfance, une adolescence et une partie de sa vie d'adulte avec des professionnels qui vont ainsi successivement :
  • ne pas penser aux TSA pendant l'enfance et l'adolescence, les formes d'autisme connues étant plus restreintes à l'époque
  • ne pas penser aux TSA à l'âge adulte, car la personne ne consultera pas/plus pour des symptômes qui sont "passés entre les mailles du filet" pendant l'enfance. les acteurs seront moins à même de signaler un éventuel TSA (passé le collège notamment, même si les connaissances ont avancé entre le primaire et le lycée, je ne pense pas que la médecine scolaire/universitaire signalera un doute quant à un probable TSA)
  • rencontrer des professionnels qui excluront la piste du TSA à l'âge adulte, précisément parce qu'ils penseront que cela aurait du être détecté plus tôt si c'était le cas, ou bien parce que leurs connaissances sur le sujet ne sont pas poussées/à jour
il n'est pas à exclure que des adultes non diagnostiqués peuvent malgré tout présenter un "autisme franc" dans ces conditions. la question reviendra lorsque ces symptômes provoqueront des problèmes dans la vie de la personne ... qui consulte alors les professionnels spécialisés en la question.

et "on" peut même passer toute sa vie à faire semblant, avec un succès relatif, et à ne PAS consulter les différents professionnels....simplement parce que, dans les générations précédentes, de terribles erreurs de diagnostiques ont été posées, avec...de terribles conséquences.
Je suis personnellement assez terrifiée par les psychiatres, et même les médecins en général. Je ne parle pas de mes difficultés.
Dans ce pays, les médecins ont beaucoup (trop) de pouvoirs. :evil:

Il m'a fallu...presque 10 ans avant d'entamer une démarche de diag. Et je me suis lancée parce que je suis à peu près sûre de moi. Je n'aurai pas pris le risque sinon.
en cours de diag CRA

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#28 Message par misty » dimanche 1 septembre 2019 à 10:45

gatony a écrit :En même temps, quel est le coût pour la collectivité d'un diagnostic de TSA à l'extrémité du spectre ?
Il me semble important de garder à l'esprit que la notion de spectre (et donc d'extrémité/bord extérieur de spectre) n'est aucunement exclusive à l'autisme. On raisonne désormais en termes de spectre pour quasi tous les troubles psychiques (ex: spectre dépressif, obsessionnel, bipolaire, schizophrénique...), et à ce compte là si on envisage ta théorie il faut tenir compte du fait que la majorité de la population se trouve à l'extrémité d'un spectre de trouble X ou Y.
Sans parler des soucis de santé "classiques" genre problèmes de genoux, d'épaules et surtout de dos. Là tu te retrouves en moins de deux avec 98% de salariés reconnus TH. On fait comment, concrètement, pour que chacun puisse faire valoir ses droits et revendiquer ses besoins spécifiques?

Par ailleurs, le coût pour les personnes autistes est très élevé:
- C'est une manière d'officialiser/valider la minimisation/banalisation déjà très importante des problématiques liées aux TSA. Les discours type "mais ça moi aussi je le fais/ tout le monde est un peu autiste" deviennent de plus en plus rationnels et légitimes (je pense que d'une certaine manière il arrive que ce soit déjà le cas).
- Ca peut avoir un impact très négatif sur certaines prises en charges, puisque des personnes dont le diagnostic indique une nécessité d'accompagnement important peuvent se mettre à tout relativiser voire à nier leurs besoins, à cause de la confusion qui règne sur ce sujet. Sincèrement c'est un peu mon cas: j'ai une prise en charge plutôt costaud suite aux préconisations diagnostiques, et je laisse régulièrement tout tomber en me disant que j'ai reçu un diagnostic en carton qui ne veut rien dire. Pour l'instant, les pros qui s'occupent de moi me re-sollicitent avec une persévérance admirable et efficace quand ça arrive, mais vu le nombre de gens qui attendent des solutions dans le domaine psy je me demande jusqu'à quand ils vont le faire. Et aussi jusqu'à quand je vais "revenir dans le droit chemin" au lieu de me rapprocher chaque fois un peu plus du point de rupture total.
Je doute être la seule dans ce cas de figure (et j'ai eu des retours concrets de cas comme le mien qu'il faut aller "récupérer" régulièrement avant mise en danger trop importante), et dans des configurations autistiques déjà pas simples pour maintenir un suivi il me semble que tout ça n'arrange rien. Voire est très susceptible de faire capoter pas mal de processus de ce genre.
il n'est pas à exclure que des adultes non diagnostiqués peuvent malgré tout présenter un "autisme franc" dans ces conditions. la question reviendra lorsque ces symptômes provoqueront des problèmes dans la vie de la personne ... qui consulte alors les professionnels spécialisés en la question.
Pour faire ça il faut arriver à lever suffisamment le nez de ses intérêts spécifiques + se rendre compte qu'il y a un gros souci et l'évaluer correctement + prendre l'initiative d'aller l'expliquer à des professionnels et arriver à le faire correctement. Dans des cas "d'autisme franc" j'ai de gros doutes sur les chances réelles d'aligner ce tiercé-là, sans compter qu'il faut trouver des raisons valables de le faire.
*Diag TSA*

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#29 Message par gatony » dimanche 1 septembre 2019 à 12:14

misty a écrit : dimanche 1 septembre 2019 à 10:45
gatony a écrit :En même temps, quel est le coût pour la collectivité d'un diagnostic de TSA à l'extrémité du spectre ?
Il me semble important de garder à l'esprit que la notion de spectre (et donc d'extrémité/bord extérieur de spectre) n'est aucunement exclusive à l'autisme. On raisonne désormais en termes de spectre pour quasi tous les troubles psychiques (ex: spectre dépressif, obsessionnel, bipolaire, schizophrénique...), et à ce compte là si on envisage ta théorie il faut tenir compte du fait que la majorité de la population se trouve à l'extrémité d'un spectre de trouble X ou Y.
Sans parler des soucis de santé "classiques" genre problèmes de genoux, d'épaules et surtout de dos. Là tu te retrouves en moins de deux avec 98% de salariés reconnus TH. On fait comment, concrètement, pour que chacun puisse faire valoir ses droits et revendiquer ses besoins spécifiques?
Le problème, dans ce cas, n'est pas lié au diagnostic de l'autisme. Il est lié à la pratique médicale en général, laquelle semble se heurter à des difficultés en matière d'autisme peut-être. Quelle que soit l'affection, le médecin doit évaluer les conséquences fonctionnelles (je l'ai déjà dit dans mon précédent message). Si 98% de la population se retrouve à avoir des conséquences fonctionnelles négatives du fait d'un appréhension trop large des différents troubles, c'est que l'évaluation est mal faite. En matière d'autisme comme pour toute autre pathologie, le médecin doit rester juste dans son appréciation.
Par ailleurs, le coût pour les personnes autistes est très élevé:
- C'est une manière d'officialiser/valider la minimisation/banalisation déjà très importante des problématiques liées aux TSA. Les discours type "mais ça moi aussi je le fais/ tout le monde est un peu autiste" deviennent de plus en plus rationnels et légitimes (je pense que d'une certaine manière il arrive que ce soit déjà le cas).
- Ca peut avoir un impact très négatif sur certaines prises en charges, puisque des personnes dont le diagnostic indique une nécessité d'accompagnement important peuvent se mettre à tout relativiser voire à nier leurs besoins, à cause de la confusion qui règne sur ce sujet. Sincèrement c'est un peu mon cas: j'ai une prise en charge plutôt costaud suite aux préconisations diagnostiques, et je laisse régulièrement tout tomber en me disant que j'ai reçu un diagnostic en carton qui ne veut rien dire. Pour l'instant, les pros qui s'occupent de moi me re-sollicitent avec une persévérance admirable et efficace quand ça arrive, mais vu le nombre de gens qui attendent des solutions dans le domaine psy je me demande jusqu'à quand ils vont le faire. Et aussi jusqu'à quand je vais "revenir dans le droit chemin" au lieu de me rapprocher chaque fois un peu plus du point de rupture total.
Je doute être la seule dans ce cas de figure (et j'ai eu des retours concrets de cas comme le mien qu'il faut aller "récupérer" régulièrement avant mise en danger trop importante), et dans des configurations autistiques déjà pas simples pour maintenir un suivi il me semble que tout ça n'arrange rien. Voire est très susceptible de faire capoter pas mal de processus de ce genre.
Je ne le nie pas dans mon précédent message, mais effectivement, tu dresses les conséquences concrètes d'une telle tendance. Pour reprendre ton propos sur la comparaison aux autres troubles psys, je crois que le fait de douter du diagnostic s'applique de la même façon. Combien de fois j'ai douté de souffrir de dépression, me disant que "je ne connais qu'un coup de déprime comme tout un chacun". Ce qui est peut-être encore plus préjudiciable en matière d'autisme, c'est la confusion que peut créer dans l'opinion publique les discours (pourtant positifs, fondamentalement inclusifs je crois) autour de la neurodiversité. On peut parfois se perdre dans l'idée que le diagnostic a un sens.
gatony a écrit :Le problème que cela pose est davantage sur la connaissance de l'autisme qui risque de diluer les difficultés de personnes pleinement dans le spectre dans l'image collective. Or, les décisions (politiques notamment, mais aussi dans une certaine mesure administratives) se prennent pour une large part en fonction de l'image qui est laissée dans l'opinion publique.
J'évoquais ici uniquement le coût financier. Et je maintiens que si des conséquences fonctionnelles importantes sont observables, le coût d'une RQTH est faible par rapport à ce que cela peut apporter aux personnes concernées. Je dirai même que le coût est sans doute nul, si cela permet à des personnes de se stabiliser dans l'emploi, de cotiser, de payer des impôts ...
Pour faire ça il faut arriver à lever suffisamment le nez de ses intérêts spécifiques + se rendre compte qu'il y a un gros souci et l'évaluer correctement + prendre l'initiative d'aller l'expliquer à des professionnels et arriver à le faire correctement. Dans des cas "d'autisme franc" j'ai de gros doutes sur les chances réelles d'aligner ce tiercé-là, sans compter qu'il faut trouver des raisons valables de le faire.
Je n'ai pas dit que ces personnes là allaient d'elles-mêmes vers le diagnostic. L'analyse m'intéresse, je pense aussi que les caractéristiques même de l'autisme sont un obstacle pour avoir conscience de l'autisme.

A mon sens, dans le cas d'un "autisme franc" non diagnostiqué à l'âge adulte, c'est plus l'environnement qui pourra amener la personne à consulter. Ce peut être :

- Une suggestion de l'entourage, qui peut désormais connaître le sujet vu qu'il est davantage (trop ? mal ?) médiatisé
- Une piste évoquée lors de l'une des nombreuses consultations psychologiques (car, ces personnes sont à mon sens sujettes à être dirigées vers des psychothérapies pour '"creuser", sans que personne ne dise ce qu'il faut creuser)
- Une incitation suite à des difficultés très répétées, notamment dans l'emploi (difficulté à s'insérer ou maintenir un emploi ... qui amène une prise en charge par les services SST/services sociaux)

Dans mon cas, c'est un des psychologues qui m'a reçu en consultation, suivi de mon entourage, qui m'ont amené à consulter. Le médecin a estimé que je présentais une forme relativement franche d'autisme, tout y était que ce soit dans mon comportement actuel que dans mon carnet de santé pour ce qui concerne l'enfance (sans que les TSA ne soient évoqués). J'espère donc que le système de santé, si éclaté soit-il, peut encore permettre aux patients de mettre le doigt sur ce qui pose problème.

Le cas des patients en recherche de diagnostic est encore différent, mais j'imagine qu'on ne s'engage pas dans de telles démarches sans raisons. Que par ailleurs, il doit y avoir des milliers de parcours diagnostiques différents.

Pour revenir au sujet, psy. vs psy., je crois que mon propos confirme davantage une complémentarité qu'une opposition. La difficulté aujourd'hui en France, c'est l'éclatement du système de santé : difficile de faire valoir cette complémentarité quand les obédiences des uns des autres ne dialoguent pas forcément, que les patients ne sont pas toujours accompagnés par un médecin traitant qui joue réellement le rôle de pivot entre toutes ces démarches de soins, que les professionnels n'ont pas toujours le temps de communiquer entre eux compte tenu de la pénurie de professionnels de santé ...

D'ailleurs, à titre d'anecdote, la psychologue qui m'a aidé et orienté est d'obédience psychanalytique affichée, ce dont je ne mesurais rien au moment de nos rencontres (et je n'hésiterais pas aujourd'hui à retourner voir cette professionnelle si je le pouvais tant elle m'a aidé à me repérer quand tout est parti en vrille). Ce qui compte, plus que le "courant" d'appartenance des différents psychologues ou psychiatres, cela reste leur ouverture et leur capacité d'écoute et d'action dans la prise en charge.
diagnostiqué autiste

Line1990
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Psychiatre ou psychologue ?

#30 Message par Line1990 » lundi 9 septembre 2019 à 12:54

Modération (Lepton) : Fusion des sujets

Bonjour à tous,

Je sais bien que sur le.diagnostique officiel c'est le psychiatre qui a le dernier mot, mais je me pose la question, concrètement, qui vous aide le plus à vous comprendre et à avancer, psychiatre ou psychologue ?

Moi, c'est ma psychologue lors du test de qi qui à évoqué l'éventualité de l'autisme, je vais d'ailleurs faire mes tests avec elle. Avec elle j'avance concrètement, le test wais m'a révélé des choses, maintenant j'avance sur la possibilité de l'autisme j'ai l'impression d'être sur la voie de la connaissance de moi même.

Mon psychiatre lui ne me dis rien, pour lui ce ne serait pas de l'autisme mais il ne sait pas non plus m'éclairer davantage, cela fait un an que je le vois et je n'ai pas l'impression d'avancer alors qu'avec la psychologue en trois rdv j'ai eu l'impression d'avoir fait beaucoup plus de chemin qu'en un an avec le psychiatre.

J'aurais voulu avoir, si vous voulez les partager, vos impressions, avancez vous mieux avec vos psychiatre ou vos psychologue.

Merci pour vos réponses et partagés :)
TSA type Asperger
Diagnostiquée au CRA de Tours

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