#50
Message
par user6375 » samedi 12 février 2022 à 18:36
Ça fait un petit (long) moment que j’hésite à témoigner à ce niveau mais après ma dernière séance avec mon psy, j’ai appris certaines choses sur le regarde que d’autres autistes asperger que je côtoie avaient de/sur moi, et ça me pousse à témoigner (le pourquoi pour le moment je le garde pour moi).
Avant tout je tiens à préciser que mon témoignage est celui d’un autiste asperger (je tiens à ce terme) HPI (HQI si vous préférez). Mon témoignage est donc bien sûr personnel et ne concerne pas toute la diversité de l’autisme.
Pour résumé mon parcours, tôt dans mon enfance j’ai pris conscience de mes différences avec mes camarades. Dès l’entré à l’école obligatoire j’ai senti, et on m’a fait sentir, mes différences, tant mon autisme et mon HPI. J’ai la chance d’avoir été entouré de mes parents qui ont essayé de m’aider avec leur moyen et les connaissances sur l’autisme dans les années 80-90.
Mes rapports à mes camarades ne se sont jamais améliorés, à tel point que je n’ai pas gardé de contacts avec mes « amis d’enfances ». De l’autre côté j’ai toujours eu l’impression, enfant, d’être mieux compris, tolérer, par les adultes. J’ai également pu me « sociabilisé » en étant membre d’un club d’astronomie, ce qui d’un côté à renforcer mon côté « intello » mais m’a permis d’avoir des relations sociales, en particulier avec des adultes, et m’a permis de sortir d’une forme d’isolement sociales.
Arrivé à l’adolescence, les tensions avec mes parents, et mon niveau de nervosité, ont augmenté. De plus j’avais envie de m’intégrer aux jeunes de mon âge, d’avoir des relations amoureuses, etc… Tout ça m’a poussé à tenter de me comprendre, de comprendre ce qu’il m’arrivait, ce qui se passait dans mes rapports aux autres, pourquoi je réagissais comme je le faisais, etc... J’ai pu m’appuyer sur mon HPI pour faire un travail de prise de conscience et de remise en question qui m’a été bénéfique sur le long terme.
C’est de ce travail que j’ai envie de vous parler. En effet j’ai très vite pris conscience de mon impulsivité, de ma naïveté dans mes rapports aux autres, de mes comportements hors normes, et de mes erreurs. Le diagnostic que j’ai fait il y a 2ans m’a permis de comprendre d’où venait tout ça et du chemin que j’avais parcouru sans le savoir.
Donc à l’adolescence j’ai pris la décision de m’intégrer pour devenir autonome, me trouver une copine et me faire des amis. Vous me direz que c’est un peu le but de tout NT. Sauf qu’en tant qu’autiste c’est devenu un objectif prioritaire dans ma vie et que pendant longtemps tout à tourner autour de cet objectif, au point de me mettre en danger psychologiquement et physiquement : consommation de drogue, prise de risque/témérité, camouflage/suradaptation, effacement de mes ressentis, oublie de mes besoins, crise de nerfs, désespoir. Et tout ceci me semblait être souhaitable, voir une nécessité pour atteindre l’objectif que je m’étais fixé.
En parallèle j’ai beaucoup travaillé sur une introspection. Le HPI a été clairement un outil que j’ai exploité pour explorer mon inconscient. Et c’est surtout de ça que j’ai envie de vous parler.
Autour de 15-16ans j’ai entamé un dialogue avec moi-même, avec l’aide indirecte de mes parents, et surtout de ma mère, qui m’ont poussé à m’interroger sur ma personnalité et mes comportements.
J’ai commencé par essayer de prendre conscience de mes comportements, de comment je réagissais dans telle situation, par exemple quand je rencontrais quelqu’un que je connaissais pas, de si c’était un garçon ou une fille. De comment je réagissais quand je rencontrais un ami, quand c’était prévu et quand ce n’était pas prévu. De comment je réagissais dans des discussions si le sujet me plaisait, ou pas. De comment je réagissais quand quelque chose était dit, que j’approuvais ou que je n’approuvais pas, voir que je savais être vrai ou être faux. De comment je réagissais quand j’acceptais quelques chose qu’au fond de moi je n’avais pas forcément envie de faire. Mais pour le moment le travail était uniquement de comprendre comment je réagissais, pas de changer (ou pas). Je pense que déjà dans cette démarche de prendre conscience de nos comportements ce n’est pas le cas de tous les autistes.
Petit à petit à force d’accumuler des informations sur mes réactions, j’ai commencé à essayer d’identifier comment je me sentais dans la situation considérée. Est-ce que j’étais à l’aise/mal à l’aise, est-ce que je me sentais bien ou forcé, est-ce que je me sentais rassuré/en danger, etc… A nouveau je pense que parmi les autistes qui ont essayé de prendre conscience de leur comportements, tous n’ont pas été jusqu'à essayer d’identifier comment ils sentent, soit parce qu’ils ne l’ont simplement pas fait, soit parce que c’est un travail difficile de comprendre nos ressenti, d’arriver à mettre des mots sur notre état émotionnel. En plus c’est un travail émotionnellement lourd parce qu’on se confronte à nos propre émotion et qu’il faut une bonne dose d’objectivité pour ne pas se mentir à soi-même.
Bref, une fois que j’ai fait ce travail, et je continue de le faire, de comprendre ce que je ressens dans tel situation, je ne me suis pas arrêter à comprendre mes ressentis mais j’ai essayé de comprendre ce qu’il y avait derrière, de pourquoi je ressentais telle émotion, tel sentiment. J’ai fait cette démarche déjà pour confirmer mes ressenti, ne pas m’arrêter a mon intuition du moment, mais aussi pour essayer d’identifier ce qui provoque réellement ces ressentis. Et là clairement c’est le HPI que j’utilise, et je pense que parmi les autistes qui ont compris leur émotion, je ne sais pas combien ont été jusqu'à creusé dans leur inconscient pour comprendre d’où viennent leurs ressentis.
C’est une chose de se sentir mal à l’aise quand quelqu’un dit une bêtise, s’en est une autre de sentir satisfait quand on apporte la bonne réponse. Mais pourquoi on se sent satisfait, pourquoi je me sens satisfait. Ça peut être un sentiment d’assurance d’avoir raison, de supériorité d’avoir eu le dernier mot, de « justice » d’avoir corrigé quelque chose de faux.
C’est une chose de se sentir en danger devant un inconnu, mais pourquoi ? Est-il menaçant, est-ce que je suis en train de chercher comment m’adapter, est-ce que j’ai des attentes vis-à-vis de cet/cette inconnu(e) ?
Bref, il y a tout un tas de raison dernière nos ressentis qui eux même peuvent être provoqué par tout un tas de raison/signaux/considérations.
Après tout ce travail que j’ai fait, et que je continue à faire, j’ai pu faire des choix, j’ai pu prendre des décisions et comprendre pourquoi je les prenais et ce que j’attendais comme résultat de ces décisions, puis de réfléchir si mes décisions étaient satisfaisante. C’est un travail constant, un aller-retour entre mes choix, mes décisions et une analyse. Et je suis parfaitement conscience que mon HPI m'aide énormément dans ce processus et que tout le monde, autisme ou pas, ne peux/veux pas le faire.
Dans mon cas c’est CE processus intellectuel qui m’a permis d’évoluer, de ne pas rester bloquer sur des considérations particulière sans en avoir conscience, de décider de ce que je voulais faire ou ne pas faire, de comprendre pourquoi je bloquais sur certaines considération, de comprendre que certains comportements étaient acceptable ou nécessaire dans mon cas, que d’autres étaient toxique ou non souhaitable, et de travailler tout ça. Bref au final de m’épanouir.