Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Jenova
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Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#1 Message par Jenova » dimanche 12 janvier 2020 à 18:24

Bonjour à tous,

Il y a quelques jours, j'ai posté un message concernant l'organisation au travail suite à des critiques justifiées de ma supérieure à ce sujet. Durant notre conversation, elle a également déploré le fait que je mettrais mon autisme en avant, que je ne vivrais qu'à travers ça, que je ne me dissocierais pas assez de l'autisme, que je dramatiserais les choses. Me sont reprochés mon manque de "savoir-être" dans l'entreprise, le fait que je ne suis pas assez intégrée, que j'arrive en décalé (j'avais demandé des horaires décalés pour éviter les heures de pointe, j'ai essayé la cantine qq jours, impossible pour moi, vous savez de quoi je parle je pense). Bref pour elle, il y a aussi un manque de volonté, et je me repose sur l'autisme, il faudrait je cite, que je commence à "faire des efforts".

Ces réflexions m'ont vraiment anéantie, j'ai passé la pire semaine de ma vie, car je ne me suis rendue compte de rien. J'essaye de m'intégrer à mon rythme mais c'est très dur, parler avec les collègues de la pluie du beau temps, savoir quand parler, les saluer... J'ai beaucoup de mal. Le fait qu'on me reproche que je ne m'intéresse pas aux autres est particulièrement douloureux, car ce qu'elle ne sait pas, c'est que j'ai dans mon téléphone créé un fichier avec des infos sur les collègues avec qui je parle un peu, pour trouver des sujets de conversation... J'y note ce qu'ils m'ont dit la fois d'avant pour trouver sur quoi rebondir la fois d'après. Elle ne sait pas que je fais plusieurs fois par semaine des surcharges sensorielles pour aller au travail, et que j'arrive au boulot comme si de rien était, que je pleure tous les soirs en rentrant car épuisée. M'entendre dire que je me reposais sur l'autisme a du coup été très très douloureux. Je lui en avais parlé plusieurs fois pour me protéger : on m'a souvent fait des reproches sur mon attitude et j'ai voulu devancer les mauvaises interprétations qu'elle pourrait faire de mon comportement en lui expliquant qu'avec l'autisme, ça avait des influences. J'en ai parlé environ 6 fois depuis 4 mois, à chaque fois pour justifier un comportement.

J'ai peut-être fait une erreur, j'en ai peut-être effectivement trop parlé, je ne sais pas. En tous cas depuis je me pose 1000 questions. Où situer la limite entre les efforts à faire et l'attention à porter à soi-même ? D'un côté si je fais trop d'efforts, en faisant "comme si je n'étais pas autiste", je le fais déjà souvent, je ne tiens pas et c'est pire, j'explose à un moment ou un autre. En même temps je comprends que l'entreprise ne peut pas s'adapter à 100% à moi, surtout que je manque beaucoup d'autonomie etc, pour ma supérieure qui n'était pas au courant pour le handicap au moment de me recruter (je leur ai caché car je voulais être la plus "normale" possible, pour qqun qui se repose sur son autisme...), ça peut être très soulant j'en conviens.

Pour ceux qui bossent en entreprise comment faites-vous ? Comment respectez-vous vos limites tout en faisant des concessions ?

Merci d'avance
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olivierfh
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#2 Message par olivierfh » dimanche 12 janvier 2020 à 19:30

Jenova a écrit : dimanche 12 janvier 2020 à 18:24il faudrait je cite, que je commence à "faire des efforts".
[...]
En même temps je comprends que l'entreprise ne peut pas s'adapter à 100% à moi
L'entreprise a l'obligation légale de s'adapter dans la limite de "l'aménagement raisonnable" défini assez précisément.

Donc ce qu'il faudrait c'est qu'elle commence elle à faire des efforts, portant par exemple sur ce que tu indiquais dans l'autre sujet (car donner des consignes précises est certainement "raisonnable" et même mieux y compris avec les non autistes):
Jenova a écrit : dimanche 12 janvier 2020 à 18:40je dois avouer que le fait que les consignes soient très vagues, qu'il n'y ait quasiment pas de délais précis, que tantôt il faille être très rigoureux et tantôt "bof, pas d'importance" ne m'aide pas vraiment à savoir quelle conduite tenir. J'ai bien essayé d'en parler avec elle, je pense qu'elle ne comprend pas du tout que j'ai besoin de consignes très concrètes, elle ne doit pas être habituée.
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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#3 Message par Jenova » dimanche 12 janvier 2020 à 20:10

olivierfh a écrit : dimanche 12 janvier 2020 à 19:30 L'entreprise a l'obligation légale de s'adapter dans la limite de "l'aménagement raisonnable" défini assez précisément.
Le soucis, c'est que comme dit dans le post, je n'ai pas été recrutée en tant que personne handicapée. Les aménagements que j'ai convenus avec elle (arriver et partir 1h après les autres pour éviter les heures de pointe, ne pas manger à la cantine, éviter les machines à café...) étaient officieux. Et rien que là en les écrivant, je ne sais pas comment me positionner. J'ai l'impression que c'est extrêmement basique pour me permettre de ne pas être en surcharge, et pourtant j'ai l'impression d'abuser complètement et de demander un traitement de faveur. Elle m'a par exemple dit que je manquais de savoir être et que je cassais le rythme de l'open space (parce qu'à arriver 1h après les autres, je mange aussi 1h après eux, aussi pour éviter la cohue), je savais pas qu'il y avait des règles de rythme dans l'entreprise et je me sens extrêmement bête car en me renseignant ça semble évident, sauf que je n'y avais jamais pensé avant.

Elle m'a aussi reprochée d'être sur mon poste de travail et de ne faire QUE mon travail, sans participer aux discussions ou chercher à faire connaissance avec les autres, même constat, après m'être renseignée apparemment c'est primordial de faire des pauses discussions avec les collègues, mais je n'avais pas du tout compris. Quand je vois parfois certains qui discutent de leur vie pendant une heure sur leur temps de boulot, je me dis que c'est du temps perdu ? Pour moi j'étais payée pour faire mon boulot, pas pour parler avec les collègues, et pourtant ça compte pour plus d'un tiers de la "note" dans mon évaluation. Je m'en veux d'être si à côté de la plaque.

Encore une chose qui va paraître totalement évidente j'imagine, mais elle m'a aussi reprochée de souvent vérifier mon portable. Je ne fais rien de pas sérieux dessus, c'est malhonnête et je déteste ça, mais quand je reçois un mail par exemple sur mon portable je vais le lire. J'y vais aussi souvent pour trouver un rdv sur Doctolib pour la psy, plusieurs fois par jour, ou communiquer sur des devoirs avec des camarades de classe. Je n'ai même pas cherché à cacher que je le faisais, car pour moi je ne faisais rien de mal c'était juste des petites vérifications de temps en temps. De plus, je ne prends jamais de pauses contrairement aux autres collègues autour avec certains qui prennent plus de 2h de pause dans la journée. Ces mêmes collègues je les vois sans cesse sur leur téléphone pour faire du shopping, ou aller sur les réseaux sociaux. Je pensais donc que d'une part, puisqu'ils étaient sur leur téléphone et qu'on leur disait rien, j'avais le droit aussi, et d'autre part, que contrairement à eux je ne faisais pas de loisir dessus, donc pourquoi je m'en cacherais ?

J'ai bien sûr compris que ça ne se faisait pas et que c'est à faire sur le temps de pause et j'ai honte de n'y avoir songé avant mais voilà, c'est un mince exemple de toutes les situations de l'entreprise que je ne comprends pas. J'essaye de me calquer sur les autres mais je ne comprends pas trop ce qui est finalement autorisé ou pas, etc.
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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#4 Message par EnHans » dimanche 12 janvier 2020 à 20:30

elle m'a aussi reprochée de souvent vérifier mon portable.
Ça arrive souvent en entreprise, ta vie privée ne s'arrête pas au moment où tu arrives au travail. A partir du moment où ça n'impacte pas ton travail, il n'y a aucun problème. Par exemple, on s'envoie souvent des mails avec ma femme lorsqu'elle est au boulot, on indique juste "personnel" en objet.
Je n'ai même pas cherché à cacher que je le faisais
Je comprends, il faut juste essayer d'être le plus discret.
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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#5 Message par freeshost » dimanche 12 janvier 2020 à 21:25

Il faut qu'elle se rende compte que tu ne peux pas mettre l'autisme de côté, tu ne peux pas l'éteindre. Il n'y a pas un bouton.

Nous sommes autistes vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Si tu fais bien ton travail, il ne devrait pas y avoir matière à te discriminer ou à te renvoyer. Faire la papote avec les pas potes, t'es pas obligé de toujours le faire.

Peut-être lui expliquer tous ces efforts que tu fais (tes listes, tes notes sur ton smartphone, etc.)

Différence invisible, efforts invisibles, fatigue invisible. Donc peut-être l'aider à voir ces invisibilités chez toi.

Bienvenue chez les personnes spectro-allistes, chez les personnes small-talkeuses. :mrgreen:

Mes manières favorites de small-talker et passer du temps avec des personnes spectro-allistes :

- aller boire un verre au bar :mrgreen: ,
- jouer au poker (entre autres jeux de carte),
- marcher dans la rue et photographier les manifestants (pour le climat, pour les droits des femmes, etc.),
- boire un verre chez moi (moins cher que le bar, bouteilles achetées au magasin :lol: ),
- parler des nouvelles (je lis les nouvelles),
- parler des objets de votation, des élections,
- discuter de sujets de fond sur des forums spécialisés,
- etc.
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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#6 Message par Alpha » lundi 13 janvier 2020 à 11:55

Elle vit peut être mal le fait que tu ai caché ton autisme, puis que tu l'ai révélé.

Combien de temps dure ton contrat d'apprentissage ? Veux-tu rester dans cette entreprise ?

Peut être peux-tu solliciter l'aide du médecin du travail pour lui expliquer la situation ? Je ne pense pas qu'en étant apprentie tu puisses bénéficier du télétravail, mais si c'est possible, cela pourrai peut être te faire une pause sensorielle dans la semaine.

Ensuite, pour la routine de l'open space. Personnellement je ne l'ai jamais suivie. Je prétexte toujours un truc à faire (une course, un rdv à la banque, bref, j'essaie de mentir pour m'échapper). Par contre j'essaie de faire un effort de temps en temps pour manger avec eux. Pourrais-tu voir pour organiser un repas, soit à l'extérieur dans un environnement plus calme, soit à la cantine mais en horaire décalée pour éviter la cohue ? Les chefs aiment bien ce genre de proposition, apparemment ça renforcerai la cohésion d'équipe. Ma foi.
Jenova a écrit : dimanche 12 janvier 2020 à 20:10 Elle m'a aussi reprochée d'être sur mon poste de travail et de ne faire QUE mon travail, sans participer aux discussions ou chercher à faire connaissance avec les autres, même constat, après m'être renseignée apparemment c'est primordial de faire des pauses discussions avec les collègues, mais je n'avais pas du tout compris. Quand je vois parfois certains qui discutent de leur vie pendant une heure sur leur temps de boulot, je me dis que c'est du temps perdu ? Pour moi j'étais payée pour faire mon boulot, pas pour parler avec les collègues, et pourtant ça compte pour plus d'un tiers de la "note" dans mon évaluation. Je m'en veux d'être si à côté de la plaque.
J'aurai pu écrire cette remarque :lol: Je suis entièrement d'accord avec toi. Mais là encore, il parait que ça renforce la cohésion d'équipe. Peut être peux-tu essayer de proposer un café à ton équipe quelques fois par semaine ? Ainsi avertie, tu peux t'y préparer un peu.

Dans tous les cas, sache que tu peux tout à fait évoluer dans une entreprise en ne faisant pas ce genre de comédie qui ne te convient pas. Par contre, il est vrai que cela complique l'évolution de carrière (enfin c'est mon constat personnel). "Alpha travaille bien mais n'est pas assez intégrée, doit faire plus d'efforts d'intégration si elle veut évoluer vers tel ou tel poste."
Personnellement, je bosse dans un grand groupe, je me plie à ce genre de règles quelques fois, quand je m'en sens capable. Pour moi il est plus facile de boire un café que d'aller à la cantine. Je suis considérée comme la sauvage de service mais je m'en moque. Tant qu'on ne me reproche pas mon travail, tout va bien.
C'est plus compliqué par contre si tu veux rester dans cette entreprise.

Dans tous les cas, je pense que la médecine du travail peut t'aider. En tout cas, ça ne coute rien d'essayer.

Bon courage
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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#7 Message par olivierfh » lundi 13 janvier 2020 à 12:22

Jenova a écrit : dimanche 12 janvier 2020 à 20:10J'ai l'impression que c'est extrêmement basique pour me permettre de ne pas être en surcharge, et pourtant j'ai l'impression d'abuser complètement et de demander un traitement de faveur. Elle m'a par exemple dit que je manquais de savoir être et que je cassais le rythme de l'open space
Cette remarque et d'autres de sa part montrent qu'elle n'est pas du tout au courant des adaptations basiques pour les autistes, elle n'a pas retenu ce que tu lui as expliqué. Il faut donc faire en sorte que cela lui soit expliqué par des gens plus prestigieux à ses yeux: la médecine du travail ou un organisme du genre Sameth, CapEmploi (maintien/accompagnement dans l'emploi), ou carrément le CRA s'il fait ce genre de sensibilisation, qui peut inclure des niveaux hiérarchiques supérieurs (direction locale: mon expérience). En supposant que tu as le statut de travailleur handicapé (RQTH très facile à obtenir avec le diagnostic) ou que la demande en ce sens à la MDPH est en cours, ce qui n'engage à rien.
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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#8 Message par Vanille64 » lundi 13 janvier 2020 à 20:09

Dans tous les cas, ne pas te décourager, ne pas te remettre en question à chaque instant.
Dans ton texte, j'ai beaucoup lu que tu avais honte, que tu t'en voulais de ceci ou cela etc... ça, non.
T'as pas à avoir honte de tout ça. Tu es différente, c'est tout.
"S'écouter", c'est mieux se connaître. Ensuite, tu es plus solide. Tu peux mieux agir pour compenser les fragilités et utiliser les forces.
Protéger ton moi, ton noyau, ne pas te dévaloriser.

Pleurer un bon coup, oui, mais s'effondrer à l'intérieur, pas possible. Ne pas blesser ton noyau vital.
ça a l'air très con, très stupide comme conseil, c'est facile à dire... mais c'est un vrai combat conscient qu'il faut mener pour ne pas nous laisser aller à déprimer quand nos efforts ne semblent jamais suffire. Protéger ton centre, ton noyau. Devenir solide dedans. Après, tu trouveras mieux l'énergie, les ressources pour l'extérieur.
Quand ta chef te critique, lui dire "je ne savais pas, je ne comprends pas, ah bon faut faire comme ça ? ", "je faisais cela parce que je voyais les choses comme ça". Les critiques glissent sur toi, elles ne te concernent pas, elles s'adressent à une employée neuro-typique "fainéante", pas à une Aspie courageuse. Mais si tu ne montres jamais à ta chef tes limites en disant "je ne vous comprends pas", elle ne s'en rendra pas compte. Là, c'est ta posture face à l'extérieur qu'il faut faire évoluer. Leur laisser voir les imperfections dûes au handicap.

Je crois aussi qu'elle te fait payer le fait de ne pas l'avoir dit lors de ton embauche, et d'avoir demandé ce traitement spécial après coup. Tu t'adaptes si bien que tu passes pour une neuro-typique (bravo), mais c'est à double tranchant, car alors on ne te pardonne plus les limites du handicap devenu invisible.

Concrètement, la médecine du travail me semble une excellente idée.

Pour finir, un très grand bravo pour être capable de bosser en entreprise.
HPI attesté à 9 ans et confirmé au printemps 2018 ; diagnostic Asperger en juin 2019. J'ai l'impression de (re)naître. Il n'est jamais trop tard pour que la vie en vaille la peine :wink:

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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#9 Message par freeshost » lundi 13 janvier 2020 à 23:07

Alpha a écrit : lundi 13 janvier 2020 à 11:55pour la routine de l'open space.
Open space ! O pain space !
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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#10 Message par Alpha » mardi 14 janvier 2020 à 8:53

freeshost a écrit : lundi 13 janvier 2020 à 23:07
Alpha a écrit : lundi 13 janvier 2020 à 11:55pour la routine de l'open space.
Open space ! O pain space !
Exactement ça... :cry:
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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#11 Message par Elinounette » vendredi 17 janvier 2020 à 19:06

Je te conseille de faire la demande d'aide au travail de la MDPH si tu es en France. Tu pourras intégrer la SPASM qui expliquera à ta responsable tes besoins en tant que personne autiste. Passer par un organisme certifié lui fera peut-être prendre conscience que tes besoins ne sont pas des caprices.
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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#12 Message par Antigone » samedi 18 janvier 2020 à 21:51

Où situer la limite entre les efforts à faire et l'attention à porter à soi-même ? D'un côté si je fais trop d'efforts, en faisant "comme si je n'étais pas autiste", je le fais déjà souvent, je ne tiens pas et c'est pire, j'explose à un moment ou un autre. En même temps je comprends que l'entreprise ne peut pas s'adapter à 100% à moi, surtout que je manque beaucoup d'autonomie etc
,
C'est une question que je partage...malheureusement je n'ai pas de réponse. Je n'ai été diagnostiquée que récemment à la suite d'une très grosse dépression et c'est là que le questionnement a commencé.
Avant cela, je m'interdisais de penser à ça. J'étais épuisée après une seule demie-journée de travail ? Ma faute. Je ne dormais sûrement pas assez. Je n'arrivais pas à répondre à toutes les demandes de mes supérieurs ? ma faute. Je n'étais pas assez organisée, trop ceci etc. J'étais la fille qui n'allait jamais voir de médecin parce que tout devait passer tout seul. Et la fille à qui on disait "je comprends pas comment tu fais pour te motiver à faire ceci ou cela. C'est vraiment ch****** " et qui ne comprenait pas parce que bien sûr que je trouvais ça pénible, parfois même douloureux, mais quasiment tout l'était alors il ne fallait pas s'écouter (pour reprendre tes mots). Quand j'ai commencé à enseigner et que je me suis heurtée (presque littéralement) à mes élèves, j'ai pensé que peut-être il y avait un autre problème que MOI...on m'a vite remise à ma place en m'expliquant que j'étais le problème. Moi et rien ni personne d'autre. Il a fallu des antidépresseurs, l'intervention d'un psychiatre, d'une neuropsy et d'une psychomot, d'une orthophoniste (en quelques mois j'avais vu plus de médecin que depuis ma naissance y a plus de trente ans)... pour que j'accepte de voir les choses : oui une part des difficultés venaient bien de moi, de mon fonctionnement MAIS elles n'étaient pas de MA faute.
Maintenant que j'en ai conscience j'essaie d'être plus à l'écoute de moi même. Je fais tout ce que je peux pour être indulgente envers moi (ce qui n'est pas mon fort) et tant que cela n'inclut que moi (par exemple porter des boules quies dans les lieux publics, ou porter des vêtements que j'apprécie même si ils sont vieux, démodés) je respecte ce que mon corps et mon esprit me dictent;
Lorsque cela implique d'autres personnes, que cela demande une adaptation de leur part j'ai du mal à demander de l'aide. J>e me sens coupable d'imposer des choses. D'autant que presque personne n'est au courant de mon autisme. Pourtant, je pense sincèrement que pour toi comme pour moi c'est la clé d'une vie "normale" en fait. Paradoxalement, c'est de ne pas être traitée comme "les autres" qui nous permettront de vivre comme eux...sans douleur, sans fatigue.
Pour le moment, la seule "astuce" que j'ai eu c'est de faire un tableau de ce que je peux accepter même si ça ne me plait pas et ce que je ne peux pas car je sais que ça va me faire du mal. Quand quelque chose apparaît dans la seconde colonne, je dois demander de l'aide car il n'y a pas de raison que je m'impose des souffrances (personne ne le ferait). Quand c'est dans la première bah je prend sur moi :D
Je veux savoir comment je m'y prendrais, moi aussi, pour être heureuse. Vous dites que cest si beau, la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre." Anhouil

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Re: Equilibre entre s'adapter et "trop s'écouter"

#13 Message par Elinounette » dimanche 19 janvier 2020 à 11:21

Je pense que c'est important dans premier temps de lister nos besoins en tant que personne autiste. Des besoins qui ne sont pas forcément tous les mêmes. Ensuite de déterminer ce qui est le plus énergivore. Si ce n'est pas évident, peut-être opérer avec des phases de tests. Je fais des compromis sur ça et pas ça, jusqu'à trouver un équilibre.

De mon côté, j'ai commencé à déterminer tout ça avec l'aide de ma job coach de la SPASM (l'organisme d'aide à l'emploi des personnes avec handicap). Ma job coach est spécialisée dans l'autisme. Je sais maintenant qu'il me faut chercher un mi-temps alimentaire pour qu'il me reste assez d'énergie pour bosser sur mes intérêts restreints (j'ai la chance de pouvoir en faire un métier).
Autiste - diag le 17/01/2019
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