Cette discussion est passionnante, merci.
De mon côté, le diagnostic tardif, je le vis comme une chance et pour moi, il arrive au bon moment.
J'ai pu construire une vie professionnelle avant de l'avoir et ne pas m'enfermer dedans (je ne parle que pour moi, peut être avec maladresse). Je crois qu'intuitivement, j'ai plus ou moins réussi à trouver ce qui me convenait, sans forcément nommer. Par exemple, j'ai pu pendant une partie de mes études m'arranger avec le directeur de cycle pour ne pas assister à tous les cours. J'ai toujours habité dans des zones rurales.
En revanche, au moment où je suis allée au bout de ma démarche diagnostic, je l'ai vécu comme si je n'avais pas le choix, c'était une question de survie. J'avais déjà été confrontée à cette idée de TSA, mais je n'avais pas été au bout.
Pour moi, le fait de prendre de l'âge
, le fait d'être maman également, d'avoir vécu une relation de couple horrible, tout ça m'a beaucoup pompé d'énergie et j'ai ressenti le besoin impérieux pour survivre de me remettre au centre de ma vie, d'écouter mes besoins, mes limites, mes envies.
Le fait que cela soit concomitant à la pandémie a été une vraie chance. Tout le pan relationnel de ma vie a pu être mis complètement entre parenthèse pour me consacrer à mon enfant, à moi, à nous.
Contrairement à beaucoup d'entre vous, je suis accompagnée par un psychologue exceptionnel et un psychiatre très bienveillant. Les deux forment une sorte de forteresse pour me réapproprier ma vie et construire l'adaptation dont j'ai besoin pour ne plus lutter.
Avec leur support, j'ai fini par en parler plus ouvertement, que ce soit à la médecine du travail, à mon employeur, à certaines personnes de mon entourage professionnel. Et j'ai été jusqu'à présent très heureusement surprise. Je n'ai pas encore d'adaptation professionnelle à proprement parler, mais je sens de la bienveillance.
J'ai pris aussi conscience de tous les moments et les endroits qui me pompent de l'énergie. Je savais par exemple que je déteste le shopping mais sans avoir analysé pourquoi.
Concernant l'adaptation, je l'ai très cruellement vécu avec mon ex. On était dans l'emprise et une relation très destructrice, très irrespectueuse voire cruelle. Heureusement j'ai réussi à y mettre un terme.
Me savoir avec un TSA m'appaise globalement dans mon relationnel. Je me mets beaucoup moins la pression et j'ai appris à prendre ce que les autres me donne: que ce soit une aide, de l'attention, de la sympathie. Le fait d'être maman aide probablement beaucoup. Mon enfant m'apprend chaque jour et me stimule énormément.
J'apprends à formuler mes limites, mes difficultés sans laisser de place à la culpabilité. Et je découvre qu'en le faisant de manière posée, c'est souvent très bien reçu.
Il reste néanmoins beaucoup de questionnement, de petites douleurs de ci de là. Je m'interroge effectivement sur ma solitude, le fait de vieillir etc.
Là où j'ai beaucoup de chance, c'est que j'arrive à mener une vie professionnelle qui me permet un confort de vie et de m'offrir beaucoup des adaptations qui m'aident au quotidien: logement très calme, vie proche de mon lieu de travail, courses en drive ou dans des magasins de petites tailles. J'ai plein de petites routines qui m'offrent un quotidien très adapté à mon autisme.