L'autisme est très peu connu, et très méconnu, dans tous les métiers (y compris dans l'enseignement, l'éducation, le social, la psychologie, la psychiatrie). Il y a de nombreuses fausses croyances quant à l'autisme comme notamment celles liées au validisme (et avec l'effet de halo pour bercer les esprits paresseux) : beaucoup de personnes voient la personne autiste soit comme une personne des plus incapables (d'où les idées reçues à la "Tu es capable de ... donc tu ne peux pas être autiste." ; diabolisé, spirale de la connotation négative) soit comme une personne avec des capacités hors du commun ("génie", "superintelligent", etc. ; sacralisé, spirale de la connotation positive). Les biais cognitifs ballottent notre esprit plus facilement dans les domaines où nous n'avons guère de connaissance. Or, il y a peu/pas (pas assez !) de cours de psychologie (cognitive, sociale, etc.) à l'école obligatoire. Il n'y pas assez de sciences humaines en général (incluant aussi sociologie, philosophie, droit, etc.), et trop d'industrie du divertissement.
Chez pas mal de personnes de tous âges, il y a la "différenciophobie", la peur de la différence. On harcèle la personne différente (la personne autiste, par exemple ; en plus, il y a divers adultes qui ferment les yeux sur le harcèlement...). On se contente des apparences pour juger de manière hâtive et avec avarice cognitive (paresse intellectuelle) au lieu de prendre le temps d'observer, d'interpréter, d'analyser, de réfléchir, de discuter avec la personne, d'essayer de la comprendre (de faire évoluer nos représentations au gré de nos apprentissages et de la réalité), de l'accepter telle qu'elle est (et telle qu'elle évolue). Le phénomène de la société super rapide (Quick or fast ? You must choose ! ; société de l'impatience entre le moment de l'effort/l'investissement et le moment de la récompense/la réalisation du but) en est probablement un facteur (en plus d'être un facteur du syndrome d'épuisement ; et de la réaction trop émotionnelle, pas assez rationnelle et réfléchie (prendre le temps)). Les outils qui nous font attacher de l'importance à l'apparence et à la réputation sont aussi probablement des facteurs aggravants. Cette maudite idée selon laquelle il nous suffirait de voir la personne pour la connaître.
Il me semble y avoir, à tous les niveaux, un déséquilibre en faveur des activités concurrentielles et en défaveur des activités coopératives. Dans la plupart des magasins de jeux, il y a nettement plus de jeux concurrentiels que de jeux coopératifs. Le marché est rendu une concurrence impitoyablement globalisée, dont la récompense absolue est la monnaie. Il modifie notre comportement pour que notre récompense dopaminergique s'active avec la récompense promise/annoncée. Heureusement, nous ne sommes pas de purs chiens de Pavlov, mais nous devrions faire attention à ne pas le devenir (juste ballottés par des conditionnements, des stimulus, des sirènes publicitaires, électorales, etc.). Bref, à force de nous préparer à une concurrence féroce sur le marché du travail, nous sommes déjà formés à être des concurrents dès le plus jeune âge. On voit alors la personne différente (autiste, "noire", musulmane, portant un voile, non-cis-hétéro, etc.) comme une personne concurrente (plus facile à éliminer). Parfois, on confond concurrence et inimitié.
Il y a tellement d'injonctions sociales, dont on n'a pas forcément conscience, dont on a parfois oublié l'histoire, qu'on applique aveuglément sans se poser de questions. C'est le conformisme irréfléchi (parfois l'anticonformisme irréfléchi) pour s'intégrer dans un groupe (avec ses normes sociales). Comme, souvent, les personnes autistes sont moins au fait de ces injonctions sociales, elles seront plus remarquées puis ciblées.
Nous parlions du validisme, renforcé par la concurrence sur le marché du travail, sur le marché des relations, etc. Les personnes autistes, en général moins "valides" au niveau de la communication et de la relation, seront plus souvent défavorisées, moins souvent favorisées, choisies. Avec la concurrence exacerbée, c'est toujours plus, toujours plus vite, toujours plus d'argent, toujours plus de qualités ("force", "intelligence", "serviabilité", etc.), le perfectionnisme éternellement insatisfait. Quelque chose de nouveau ne signifie pas forcément quelque chose de plus ou de moins. On n'est pas obligé de quantifier pour apprécier.
Ivanovna a écrit : ↑mardi 4 mai 2021 à 21:46(...) que la société occidentale ne tolère plus la moindre déviation, le dialogue est difficile. Je suis les blogs de personnes qui sont en Asie et elles disent la même chose.
Hmm... les sociétés communistes, tyranniques, totalitaires, ce n'est pas forcément mieux, du point de vue des libertés et des droits humains.
Mais est-il possible que tous les pays soient démocratiques et humanistes (et curieux, voulant apprendre et comprendre, et partager les connaissances acquises ; par obsession du monopole, et peur de la concurrence, certaines personnes peuvent avoir peur de partager leurs connaissances, préfèrent les garder secrètes ou brevetées...) ? C'est une autre discussion.