la confrontation, un mode de vie - TCC ?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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tyrabam
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la confrontation, un mode de vie - TCC ?

#1 Message par tyrabam » vendredi 30 juillet 2021 à 10:31

J'aimerais vous parler ici de la confrontation douce, qui est selon mon expérience une bonne méthode pour améliorer la qualité de vie. C'est quelque chose que j'ai découvert, mis en place, et appris à pratiquer, au quotidien, avant même d'avoir mon diagnostique, pour corriger des comportements dommageables. Je ne sais toujours pas à l'heure actuelle si ces comportements sont innés ou acquis. Sans doute un peu des deux.

Dans mon enfance, j'observais beaucoup, je ne parvenais pas à participer, je cherchais déjà à comprendre les autres sans y parvenir. Assez tôt dans le parcours scolaire, j'ai présenté des intérêts différents de ceux de mes camarades, et ce fait lié à mon manque d'intégration, a engendré du rejet.

J'avais aussi au niveau familiale un contexte tout à fait particulier, un père maltraitant psychologiquement, une mère surprotectrice. Mes parents ont divorcé lorsque j'avais 8 ans, j'ai vécu le droit de visite de mon père comme une torture.

Je me suis donc développée d'une part, en prenant un certain nombre de décision pour ma sauvegarde, d'autre part, en adoptant de façon inconsciente certains comportements d'évitements. Dans les décisions que j'ai prise de façon consciente, il y a eu celle de me contrôler moi-même à la "perfection", j'ai fait du karaté de 12 à 16 ans, j'ai appris à maitriser mes expressions faciales pour paraître insensible, j'ai appris à me taire. Puis il y a ces choses qui se sont mise en place toute seule, la fuite dans les livres, l'évitement des situations de stress, l'évitement des situations avec facteur non maitrisé, l'évitement des autres, l'évitement des émotions.

Évidement, les choses ne sont pas déroulées comme je l'avais prévu, et j'ai découvert à mon corps défendant que plus l'armure est épaisse, plus cela fait mal lorsqu'elle se rompt. Il s'est produit des évènements dans ma famille lorsque j'avais 17 ans qui m'ont considérablement fragilisés, et j'avais dans ma classe à ce moment là une personne bien disposée à mon égard, très humaine, et très socialement compétente. Nous sommes devenues amies, et elle m'a réappris à parler. Cette personne était charismatique, elle possédait un groupe d'amis autour d'elle, je m'y suis retrouvée plus ou moins intégrée, pour la première fois je me confrontais aux autres, on m'expliquait les codes. J'ai eu aussi à l'époque un problème technique, j'allais au lycée en bus, ce qui était déjà problématique, et je comptais aller à la fac par la suite, sauf qu'il fallait y aller en métro, elle était beaucoup plus loin. Et le métro, c'était une horreur, une boite de métal qui va sous terre, où l'on est enfermé collé serré avec un tas de gens ( et un nombre d'emmerdeurs conséquent, j'ai grandit à Roubaix, le métro à Roubaix, c'est le mal). Il y avait un autre mec étrange dans mon lycée, un autre différent, il avait une passion profonde pour les bus et les métro, on parlait de physique quantique ensemble, et on jouait aux échecs. Je lui ai demandé un coup de main, on a passé l'été avant la fac à prendre le métro plusieurs fois par semaine, au début j'étais dans un état de stress abominable, et puis comme ça commençait à ennuyer mon compère, un jour il est descendu au bout de 2 stations, j'ai du me démerder. Au final, à la rentrée je savais me taper mon heure et demi de trajet, musique sur les oreilles et en regardant mes pieds, mais j'y arrivais.

De là j'ai continué à construire/déconstruire des stratégies, à coup de volonté, et en me "forçant" à. Avec succès parfois, avec pertes et fracas bien souvent.

Puis vers 28 ans j'ai fait un burn out (autistique, sauf que je n'avais toujours pas mon diag). Dans les faits ça s'est traduit surtout par une brutale décompensation, en un seul coup tout les problèmes que pensais avoir réussi à gérer m'ont sauté sur le râble on me spécifiant que non, je ne gérais rien, que j'étais la proie de l'angoisse et de la panique. Je me suis retrouvée brutalement incapable de sortir de chez moi. De l'agoraphobie. J'avais peur du Dehors. (Entre autre). La psy qui m'a aidé à cette époque, en dehors de me proposer de la relaxation, ce qui s'est avéré être l'idée du siècle, m'avais suggérée de faire le chien de Pavlov. Elle m'a proposé de m'auto accorder une récompense à chaque sortie réussie. J'ai acheté un paquet de mi-cho-ko, et j'ai essayé. Tout doucement, très lentement, sans me forcer, j'ai fait des progrès. En faisant des recherches sur internet, j'ai découvert les TCC, thérapies comportementales et cognitives, qui sont très utilisées dans la lutte contre les phobies. J'ai été voir un psychologue spécialisé, il m'a expliqué le fonctionnement. D'abord de mes crises d'angoisse, sur le fait que j'avais du connaître un paroxysme dans l'angoisse, et que l'esprit réagissait par réflexe dans la crainte de ce paroxysme, mais qu'il ne se produisait jamais. Typiquement, j'avais peur de tomber dans les pommes, sauf que je ne tombais jamais dans les pommes. Puis il m'a expliqué qu'on pouvait se rééduquer. En s'exposant de façon progressive et régulière au sujet de la phobie, on peut habituer l'esprit à ne plus avoir peur. Un peu comme la désensibilisation chez les allergiques.

En cherchant un peu plus loin, je suis tombée sur la thérapie de pleine conscience. A cet époque, j'avais déjà mélangé le renforcement positif, la relaxation, et la TCC, pour me rééduquer, et j'avais corrigé plusieurs de mes comportements problématiques. Je parvenais à sortir de chez moi, mais j'avais encore besoin de mes écouteurs et de regarder mes pieds. La pleine conscience, c'est faire l'inverse de s'enfermer en soi-même. C'est un peu comme se rendre perméable au monde, mais sans se laisser modifier par lui. Là où j'avais tendance à vouloir m'isoler dans mes sensations à moi, à repousser les sensations extérieures, la pleine conscience me permet de mieux supporter les bruits notamment, ils me heurtent moins parce que je ne les rejette plus. Enfin plus tout le temps. J'ai besoin de mon casque anti bruit tout à fait régulièrement, mais pratiquer la pleine conscience me permet de pouvoir réaliser mes sorties en étant beaucoup plus en prise avec le monde, sans écouteurs et je ne regarde plus mes pieds.

Voilà donc maintenant que j'ai expliqué mon expérience personnelle par rapport à tout ça, je vais essayer de formuler d'une façon plus nette, parce que je pense vraiment que ça peut aider des gens.

-- Il s'agit de rééducation de comportements non appropriés, qui portent préjudices, pas de guérir quoi que ce soit, ni même de changer quoi que ce soit. Les choses continuent d'être heurtantes, c'est la réponse qu'on y apporte qui est rééduquée. Et la réponse étant moins dommageable, on peut dans une certaine mesure, à terme, s'habituer aux heurts et les sentir moins présents.

- La relaxation permet d'accueillir ses émotions, de respirer dans toutes les situations, de ne pas se braquer, de ne pas entrer en résistance. Elle permet de désamorcer l'angoisse en apprenant à se focaliser sur ses sensations physiques bénéfiques. On apprend à ne plus "se forcer".

- Le renforcement positif permet d'inciter à reproduire le comportement que l'on souhaite obtenir, grâce a des "récompenses" ( cela peut prendre plusieurs formes, des encouragements, des bonbons dans mon cas, à adapter) A terme la récompense n'est plus nécessaire de façon systématique.

- La TCC, la confrontation douce, permet d'apprendre à pouvoir se trouver en présence de quelque chose de difficilement supportable en ayant une réponse adaptée, qui ne porte pas préjudice.

- La pleine conscience, permet d'apprendre à ne pas s'enfermer en soi-même et aide à s'ouvrir sur le monde, enfin sur ses stimuli du moins.


PS : il est évident que je parle avec mon propre vécu, je ne suis pas psy, et j'ai pris des raccourcis dans mon histoire afin d'illustrer mon propos de la façon la plus claire et la plus simple possible.
Diagnostiquée autiste asperger par un psychiatre éclairé début 2019

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freeshost
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Re: la confrontation, un mode de vie - TCC ?

#2 Message par freeshost » vendredi 30 juillet 2021 à 14:00

Comme pour beaucoup de choses, il est utile d'adapter à la situation : parfois se taire, parfois parler ; parfois intervenir, parfois non ; parfois être strict, parfois être flexible ; etc. Mais pas facile de jauger, d'évaluer, puis de prendre une décision.

Si les thérapies cognitives comportementales te conviennent, tu peux peut-être les appliquer toi-même petit à petit. Bon, ça implique de se prendre en main, de ne pas attendre la décision ou le message d'autrui.

La pleine conscience et la confrontation me semblent utiles pour garder le contact avec l'environnement et les autres êtres vivants, et la réalité (ne pas se réfugier vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans l'imaginaire). Elles sont à utiliser de manière adéquate (ne pas se forcer ni s'interdire). On peut aussi les rapprocher de l'observation participante (sans forcément faire une expérience sociologique :mrgreen: ).

Contrôler ses différentes manières de respirer est utile pour beaucoup de choses (endurance, sommeil, détente, flûte, chant, natation, élocution et discours oraux, gonfler les ballons de baudruche, etc.). :)
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Re: la confrontation, un mode de vie - TCC ?

#3 Message par emma75 » vendredi 30 juillet 2021 à 20:29

Merci, je trouve ça très intéressant.
Je crois que j'ai fait de la confrontation douce sans le savoir, pour me sortir d'un gros pble de phobie sociale que j'avais quand j'étais jeune.
En tout cas ces différentes techniques mêlées sont très intéressantes, ça donne envie de creuser et d'essayer. ;)
Maman d'un ado TSA de 17 ans.

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