La solitude intellectuelle

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Shadow
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Re: La solitude intellectuelle

#31 Message par Shadow » mardi 28 juin 2022 à 19:58

J'ai oublié de dire que mon cerveau fonctionne 24h/24. Je réfléchis tout le temps. Parfois j'ai juste envie de le débrancher pour avoir une pause.

Think, think, think and think again. And again. :idea:
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DidierL
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Re: La solitude intellectuelle

#32 Message par DidierL » lundi 4 juillet 2022 à 21:14

Bonsoir Shadow,

à ta question "mais qui fait ça ?" et ben je répond MOI ! :D :D

Sans blague, si j'avais pu démonter des êtres vivants je l'aurai fait à l'époque de mes 12 ans, et j'ai fait une thèse en biologie moléculaire pour savoir comment le vivant fonctionne, ça devrait te parler ! ;-)

Et oui même à la fac à haut niveau difficile de trouver des gens cultivé et curieux, même là j'ai eu du mal à trouver des pairs ... Donc la solitude intellectuelle je comprend plus que bien !
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Re: La solitude intellectuelle

#33 Message par Shadow » lundi 4 juillet 2022 à 21:55

DidierL a écrit : lundi 4 juillet 2022 à 21:14 Bonsoir Shadow,

à ta question "mais qui fait ça ?" et ben je répond MOI ! :D :D

Sans blague, si j'avais pu démonter des êtres vivants je l'aurai fait à l'époque de mes 12 ans, et j'ai fait une thèse en biologie moléculaire pour savoir comment le vivant fonctionne, ça devrait te parler ! ;-)

Et oui même à la fac à haut niveau difficile de trouver des gens cultivé et curieux, même là j'ai eu du mal à trouver des pairs ... Donc la solitude intellectuelle je comprend plus que bien !
Je me sens un peu moins seul maintenant ! :wink:
TSA diagnostiqué en 2019

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Re: La solitude intellectuelle

#34 Message par ElllllE » dimanche 24 juillet 2022 à 0:15

Bonsoir Lili,

Ton message m'interpelle parce que je me sens en étroite proximité avec ce que tu écris et ce que tu ressens.

Dans la vie de tous les jours je rencontre les mêmes difficultés, plus le temps avance et moins j'ai envie d'aller vers 'la norme' car elle me pousse de plus en plus vers le retrait, ce qui me semble dommage mais certes naturel.

Les expériences que tu cites, autant sur les forum que sur FB ou autres, j'en ai moi aussi fait les frais et les deux thèmes qui te tiennent à cœur, je ne les retrouve quasi plus nulle part non plus. J'exclus bien entendu de mon explication les quelques amis atypiques proches que j'ai la chance d'avoir rencontré, mais dans plus de 80% des cas il m'est impossible de parler 'vrai' et de répondre honnêtement (zéro langue de bois - merci TSA) sans recevoir une salve de méchanceté et de mauvaise foi (encore plus derrière un écran) en retour. Et là où ça me fait personnellement le plus mal, c'est dans la vie relationnelle, quand tu ne peux pas être vrai avec ton partenaire de vie sans causer des disputes et des remises en question interminables pour parfois, il faut bien l'admettre, des broutilles.

Je n'aime pas me poser en victime et je sais que c'est aussi complexe pour nous que pour ceux qui nous sont différents mais c'est parfois tellement injuste de ne pas trouver une oreille qui entend sans juger (drôle d'image), une épaule pour poser sa tête remplie de tellement de questionnements sans réponses...

Je voulais juste me joindre à ta pensée et te dire que tu n'es pas seule à te sentir seule, finalement.

Si tu souhaites discuter de cela ou autre chose, n'hésite pas.

Belle soirée.

Elle
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Re: La solitude intellectuelle

#35 Message par Framboise » dimanche 24 juillet 2022 à 18:57

Lili2019 a écrit : mardi 5 avril 2022 à 22:31 Je ne parviens pas vraiment à trouver de personnes (en-dehors de mes très proches) ayant des capacités d'introspection et une honnêteté suffisamment développées pour supporter des échanges (bienveillants je précise) qui questionnent profondément leur fonctionnement et les dynamiques de leurs relations. On parle ici de capacité à se remettre en question, à sortir de sa zone de confort psychique en admettant par exemple, des bénéfices dans une situation où elles sont, en apparence, complètement victimes.
freeshost a écrit : mercredi 6 avril 2022 à 23:44 Chez les personnes non autistes en général, beaucoup de processus sont automatiques, ce qui fait qu'elles font beaucoup de choses machinalement, sans réfléchir, sans philosopher (se poser des questions). Chez les personnes autistes en général, divers processus ne sont pas automatiques, ce qui fait que celles-ci n'ont pas le choix que d'analyser, de philosopher.

L'ouverture d'esprit varie... d'un esprit à l'autre. :lol:
Shadow a écrit : mardi 28 juin 2022 à 19:21 Je suis quelqu'un qui se remet constamment en question, notamment au niveau intellectuel. J'aime bien apprendre de mes erreurs, notamment lorsque j'ai tort et quelqu'un d'autre raison. J'essaie de m'améliorer et de devenir une personne meilleure. Peu de gens peuvent en dire pareil. Je suis avant tout humain et souhaite vivre dans un monde plus humain.
Lili2019 a écrit : mardi 5 avril 2022 à 22:31 D'autres personnes vivent-elles une situation similaire ? Est-ce selon vous lié au TSA? Au HP ? A l'histoire personnelle et la personnalité ? Tout en même temps :lol: ?
Je n’avais pas encore lu ce sujet que j’ai trouvé intéressant. C’est que je ne me reconnais pas trop en terme de solitude intellectuelle, mais plus dans les passages cités ci-dessus. Plutôt en ce qui concerne l’ouverture d’esprit et la remise en question.

J’aime bien quand il y a débat sur un sujet, même si je peux être butée dans mon idée, j’aime m’intéresser au cheminement de pensée des personnes avec qui je ne suis de prime abord pas d’accord et écouter leurs arguments. Essayer de comprendre et de voir si je peux remettre en doute mon idée butée. Ca m’apporte plus d’ouverture d’esprit, je trouves ça enrichissant.
Avec des personnes dont je suis proche, comme ma famille même si tout le monde est d’accord sur un sujet qui fait débat, j’aime prendre les arguments opposés pour relativiser, ça permet de faire sortir les arguments s’ils sont très décidés. C’est aussi que parfois ça me choque le manque de respect pour des personnes qui ont d’autres réflexions et d’autres idées. On peut ne pas être d’accord mais respecter le raisonnement et les idées des autres, mais pour certains ça semble souvent difficile à concevoir.

Enfin je verrai plutôt la question de la solitude intellectuelle et cette question de l’ouverture d’esprit comme deux choses distinctes.
diagnostic TSA (2022)

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Re: La solitude intellectuelle

#36 Message par lucius » dimanche 24 juillet 2022 à 19:49

Des fois, j'ai le sentiment que l'on essaie de m'isoler ou me rabaisser sur le plan intellectuel en disant que je n'ai rien compris.
Des proches ont envie de me faire la leçon à chaque fois comme si je devais avoir tort. On a beau être d'accord ou dire la même chose mais c'est plus fort qu'eux, ils me reprennent ou m'expliquent ce que je savais et comprenais déjà (et souvent mieux qu'eux).
Je me rends compte qu'ils ne savent même pas de quoi ils parlent car ils changent de position au bout de quelques jours en prétextant n'avoir jamais dit telle chose.
Spoiler : 
Un exemple: l'un a piqué une gueulante lorsque je lui ai dit que certains pays voulaient voter une loi pour forcer les employeurs à financer leurs télétravailleurs contraints à des dépenses supplémentaires (pas de cantine, hausse du chauffage, électricité en hausse, achat de matériel ou consommable pour le télétravail, même financement du café :lol: ...) lors du 1er confinement à l'étranger. Il me dit (comme si c’était de mon fait :cry: :cry: ) que personne ne sait ce qu'est une entreprise, que l'on ne peut pas tout faire payer aux entreprises... 5 minutes à se plaindre comme si j'étais responsable.
Je lui ai aussi rappelé plus tard qu'en France, beaucoup d'entreprises qui avaient des restaurants d'entreprise n'ont pas voulu donner des tickets-restaurants aux salariés forcés au télétravail. Il me dit que c'est normal, on va pas financer le repas du midi en oubliant que les entreprises financent déjà les restaurants d'entreprise d'où des repas moins chers.

2-3 semaines après, il a oublié et dit n'avoir jamais dit cela. Je me souviens moi de sa petite crise pour la défense de l'entreprise et de l'entrepreneur.
Le plus drôle est que je suis tombé sur un article sur les économies faites par les entreprises grâce au télétravail (nettoyage, électricité...) grâce au télétravail et maintenant prennent des bureaux moins grands (chose qui perturbe le marché de l'immobilier de bureaux).
Spoiler : 
un autre qui est un provocateur (annonçant des positions des sites alternews), je lui rappelle qu'au détour de la conversation que beaucoup de café-bars-restaurants ferment avant une certaine durée. C'est des chiffres sortis de l'INSEE (je m'étais renseigné pour des connaissances qui voulaient ouvrir un bar et un autre un restaurant). En France, un restaurant sur deux ne survit pas au-delà de trois ans. Le type me dit que c'est de la manipulation ces chiffres, que les chiffres de l'INSEE sont de la désinformation et qu'il connait un restaurant ouvert depuis 20 ans.
Cela me fatigue la mauvaise foi des gens.
Ayant une maladie et des soucis en plus, on m'a pré-diagnostiqué Asperger et j'ai eu une confirmation assez incertaine depuis. Résultat, je continue de douter.

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Re: La solitude intellectuelle

#37 Message par lucius » dimanche 24 juillet 2022 à 20:04

Shadow a écrit : mardi 28 juin 2022 à 19:21 La plupart des gens aiment les discussions superficielles, et en reviennent toujours à la politique (mon programme en 3 points: Premièrement le plein emploi, deuxièmement le plein emploi et troisièmement le plein emploi :wink: ). Certains neurotypiques devraient aussi savoir qu'il n'y a pas de croissance économique possible sans croissance de la consommation énergétique. Pas assez d'énergie et politique monétaire expansionniste => stagflation. L'énergie est sujet vital qui demande un minimum de planification. Mais nos politiciens ne pensent qu'à planifier leur réélection et sont obsédés par le statut quo.
Image

Moi j'adore les discussions qui tournent autour de "comment lutter contre le chômage?" mais jamais sur "Comment favoriser la création d'emploi?". Il y a une grosse différence que les gens ne comprennent pas.

Je comprends ce que ressent Lili2019 car j'ai eu tellement de problémes de santé que je n'ai pas eu avoir beaucoup d'amis à force d'être isolé (et on me le reproche maintenant cette solitude). J'ai énormément de connaissances mais je ne sais pas si je peux dire que c'est des amis car je ne sors jamais avec eux et j'aime ma solitude (autrefois forcée devenue choisie). A moins de sujets bien spécifiques (plus techniques ou d'objectifs que de passions), je n'ai aucun centre d’intérêt avec les gens qui m'entourent et on ne parle que de sujets très spécifiques.
Ayant une maladie et des soucis en plus, on m'a pré-diagnostiqué Asperger et j'ai eu une confirmation assez incertaine depuis. Résultat, je continue de douter.

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Re: La solitude intellectuelle

#38 Message par Shadow » dimanche 24 juillet 2022 à 21:21

Mon programme en 3 points : Premièrement le plein emploi, deuxièmement le plein emploi et troisièmement le plein emploi. Pour ceux qui n'ont pas compris la référence, cette citation vient du film la Zizanie avec Louis de Funès et Annie Girardot. :wink:

Une scène marrante du film :

Modifié en dernier par Shadow le dimanche 24 juillet 2022 à 21:57, modifié 1 fois.
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Re: La solitude intellectuelle

#39 Message par lucius » dimanche 24 juillet 2022 à 21:47

Grand film. Mais il est injustement sous-estimé.
Ayant une maladie et des soucis en plus, on m'a pré-diagnostiqué Asperger et j'ai eu une confirmation assez incertaine depuis. Résultat, je continue de douter.

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Re: La solitude intellectuelle

#40 Message par Arshi » jeudi 4 août 2022 à 1:40

Bonjour,
Au sujet de la solitude intellectuelle. Y en a-t-il parmi vous qui ont envisagé la pratique d'un art, avec discipline, pour pouvoir transmettre le fond de ce qui lui tient à coeur sur un sujet, et de voir comme un objectif en soi, le fait de s'améliorer progressivement dans la transmission de ce qu'il ou elle est ?

Cette solution me semble intéressante car elle permet, lorsque parfois on réussi, de résoudre une première étape, parmi celles possibles, vers moins de solitude, même si ce n'est que temporaire. Cette étape qui correspond au fait d'exprimer pleinement notre manière de voir le monde et de le sentir, donc d'envoyer un message vers l'autre. Un message avec lequel on est en phase et auquel on a porté assez d'attention pour qu'il y ai de grandes chances qu'il soit compris tel qu'on a envie qu'il soit compris (même s'il y aura toujours des imperfections).
Cela laisse l'opportunité à quelqu'un ensuite de revenir vers nous.

C'est injuste car les autres (neurotypiques ou neuroatypiques) ne feront que très rarement le même effort envers nous-même, mais pour ma part, je crois que si je souhaites réussir à espérer (ne pas vivre dans la tristesse), à vivre, et à potentiellement partager, il y a une part de cette asymétrie que je dois accepter. C'est un peu l'idée du "Give first" que développent certains, de mettre des bouteilles à la mer.

En ce qui me concerne, je trouve une part de paix dans cette solution.
Je vois la pratique du dessin, de l'écriture, comme un art martial qui me permet de vivre et d'apprendre.

Le matin, je fais en me réveillant, un échauffement, des exercices physiques de haut de corps, des exercices de bas de corps, un croquis d'observation (30min/1h) et des étirements. Je me dis que de cette façon, j'inclue dans ma routine, le fait de m'améliorer chaque jour à dire aux autres, ce que je n'arrive pas à leur dire autrement.

La pratique d'un art pour se raconter, me semble très appropriée pour moi personnellement, mais il me semble qu'elle pourrait l'être aussi pour celles et ceux parmi les personnes autistes qui se sentent de s'y essayer. C'est pourquoi je souhaitais vous partager cette expérience.

Les points qui me semblent bien adaptés à mon fonctionnement dans la pratique artistique:

- Je suis souvent seul à me morfondre. Donc j'ai beaucoup de temps seul. Je me sens seul mais je n'arrive pas à établir de relation durable avec d'autres donc je suis frustré, et je me sens seul. Donc... autant consacrer du temps (même si ce n'est pas tout mon temps), à devenir meilleurs à transmettre ce qui me frustre de ne pas pouvoir partager.
- J'ai un tempérament obsessionnel => hyper adapté à de l'entraînement de longue haleine (si la discipline convient)
- Comme le dessin est mon intérêt restreint principal, je suis capable à travers la pratique du dessin de travailler sur mes rigidités mentales. Exemple : J'ai tellement envie de réussir à réaliser certains dessins, que cela me pousse à trouver des solutions d'adaptation pour les réaliser (alors que dans la vie quotidienne, j'ai des rigidités mentales extrêmes). J'essaie de transposer cette pratique de la souplesse dans les autres aspects de ma vie. C'est imparfait, mais on fait avec ce qu'on a.
- Le point précédent, amène des sensations de réussites dans ma vie, mais c'est différents de la réussite d'un objectif que je me suis fixé pour moi seul, ou d'une performance dans une discipline que j'exécute dans une forme de confort. C'est aussi la sensation de faire des pas, qui me permettent de me partager plus en profondeur avec les autres, et donc de réussir de potentiels échanges.
- Pratiquer un art, formuler un texte, dessiner une histoire, cela prends du temps, beaucoup de temps. Il faut donc sélectionner ce que l'on veut dire. Je trouve que dans mon chemin d'autiste, c'est aussi très aidant de me confronter à cette forme de pragmatisme. Qu'est-ce qui est réellement essentiel pour moi, donc qui vaut la peine que je passe autant de temps pour pouvoir le partager avec d'autres. (c'est l'exemple de Lili par rapport à ses discussions sur le covid, qui m'a fait penser à ça). Pour ma part, j'ai réduis actuellement le champs de ce sur quoi je juge nécessaire de transmettre sérieusement (donc y consacrer ma pratique artistique) à : comment se comporter/agir individuellement et collectivement, pour être le plus juste possible en considérant chaque être humain comme égal à l'autre ? on peut ajouter le cadre de la crise climatique, car cela aide à contextualiser, mais c'est valable pour tout les contextes. (Je n'ai pas peur que l'humanité disparaisse, je n'ai pas peur que la terre disparaisse. Par contre j'ai peur de l'injustice et des souffrances inutiles).
Je dis pas que j'ai la réponse ultime sur ce sujet, que j'ai résumé rapidement car ce n'était pas le cœur de mon propos ici.
J'estime que c'est à chacun-e (si il ou elle en a envie) de trouver la réponse à la question "qu'est-ce que je souhaite réellement partager" et je précise bien que mon exemple était juste mon témoignage et non du prosélytisme.
- Le point précédent, m'aide à essayer d'être plus pragmatique et à concentrer mon énergie sur ce qui compte pour moi. Evidemment ce serait mentir que de dire que cela suffit à neutraliser mon envie obsessionnel d'approfondir tout un tas de sujet, mais cela m'aide à me structurer quand même.
- J'ai une tendance à être intransigeant : la pratique artistique me donne l'occasion de mettre cette caractéristique au service de ma progression, dans la recherche de justesse.

Même dans les discussions avec des personnes autistes c'est souvent frustrant aussi de discuter d'un sujet qui compte pour nous. Comme plusieurs personnes l'ont évoqué plus haut dans ce sujet de discussion, une simple divergence dans les intérêts restreints peut nous écarter d'un interlocuteur au fonctionnement similaire au notre. Cela donne souvent pour résultat (dans mon expérience) que finalement on préfère discuter de la méta autistique, ce qui peut nous faire du bien parfois, mais qui fait qu'au final, on ne discute pas du sujet que l'on a poncé personnellement et que l'on aime partager, donc on reste en quelque sorte, seul. Pratiquer un art pour transmettre, peut potentiellement pallier à cela.

J'ai parfois eut l'occasion de vivre le fait qu'une de mes productions, soit comprises par quelqu'un dans des proportions inespérées. (En me fiant à des discussions profondes suivant la consultation de mon travail par la personne ou les personnes)
Je souhaite à chacun-e de vivre cela.

Je dois ajouter pour être honnête, que je vois des points de difficultés avec la pratique artistique comme outils pour réussir à transmettre ce qui me tient à cœur :
- Cela renforce mon intérêt restreint et/ou mon sujet de transmission de prédilection, donc il faut absolument trouver des solution pour que ces derniers coïncident avec ce qui me permet de subvenir à mes besoins sur le plan matériel, ou bien qu'ils soient bien délimité et ne me foutent pas dedans. Cela peut être une grosse difficulté.
- En ce qui me concerne (ça rejoint le premier point), il faut que je fasse attention à réinjecter régulièrement de la légèreté dans ma vie et dans ma pratique, sinon cette dernière peut renforcer la dépression (si je monofocus sur des thématiques pouvant être tristes et graves). En dessinant quelque chose de plus léger, même si cela ne touche pas directement à mon sujet de prédilection, je me dis : "cela continue à me servir à m'améliorer, notamment pour partager sur mon sujet de prédilection". Donc même si c'est un peu de l'auto-manipulation, ça m'aide quand même à lâcher prise de temps en temps (j'ai encore beaucoup à apprendre).
- il me faut également inclure de jauger correctement mon niveau de performance afin de ne pas viser des objectifs trop haut tout le temps => épuisement, dépression.Ce point peut devenir un point positif, car si je fais bien attention, j'ai la sensation de m'améliorer progressivement dans l'écoute de moi-même => durabilité de la pratique dans le temps
- Il me faut être également attentif, car me consacrer à ma discipline peut me renforcer dans mon envie d'être seul. Comme le point précédent, j'essaie de transformer cette obsession en point positif = mon objectif est de progresser dans mon art pour réussir à transmettre ce qui compte pour moi, cela me pousse à accepter de vivre certains contextes sociaux (groupes social de dessinateurs) dans l'objectif de m'améliorer. J'essaie d'apprendre à montrer mes dessin, à accepter que c'est méga dur pour moi et à inclure ces aspects comme faisant partie de la pratique de mon art (donc d'organiser des étapes pour y parvenir). Même si au départ je n'arrivais pendant plusieurs mois, qu'à montrer mes dessins à une seule personne (la même), maintenant j'arrive à les montrer à un peu plus de monde. A chacun-e de jauger ses objectifs et ses possibilités.

Précision, quand je parle d'art, en ce qui me concerne j'y inclus une dimension esthétique, en revanche je pense que cela n'est pas nécessaire. En soi, il me semble que cela peut devenir un art subtil que de rechercher les bons mots, même sans poésie, pour exprimer ce qui nous est important, peu importe le format (vidéo, audio, écrit), et cela devient finalement une nouvelle sorte de poésie^^ (c'est mon avis).
Deuxième précision : quand je parle d'art et de mon amour pour ma discipline, je n'inclue aucun jugement de valeur vis-à-vis de la pratique des autres. Je ne me sens en aucun cas meilleurs que quelqu'un d'autre à cause de ça. En revanche, j'aime cette pratique.

C'est incomplet, mais je voulais contribuer à ce sujet de cette manière. J'espère que cela fera écho à quelques personnes.
Modifié en dernier par Arshi le jeudi 4 août 2022 à 2:24, modifié 8 fois.
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Re: La solitude intellectuelle

#41 Message par Lilas » jeudi 4 août 2022 à 14:20

Cela me parle.
J'utilise l'écriture pour transmettre ce que je suis, chose que je parviens difficilement à faire en direct et à l'oral.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

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Re: La solitude intellectuelle

#42 Message par FloretteRanou » mardi 16 août 2022 à 14:31

Arshi a écrit : jeudi 4 août 2022 à 1:40 Bonjour,
Au sujet de la solitude intellectuelle. Y en a-t-il parmi vous qui ont envisagé la pratique d'un art, avec discipline, pour pouvoir transmettre le fond de ce qui lui tient à coeur sur un sujet, et de voir comme un objectif en soi, le fait de s'améliorer progressivement dans la transmission de ce qu'il ou elle est ?
Oui, j'écris des textes de chanson en Anglais car le fait d'écrire dans une langue étrangère a un aspect désinhibant intéressant et l'Anglais est plus "musical" que le Français.
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Re: La solitude intellectuelle

#43 Message par FloretteRanou » mardi 16 août 2022 à 14:38

Lili2019 a écrit : mardi 5 avril 2022 à 22:31 Bonsoir,

Je ne suis pas certaine que le titre reflète avec exactitude ce que je vis. Les échanges sur ce forum m'ont permis de réfléchir à la question de l'amitié, à ce qui me posait vraiment problème dans les relations et j'en suis arrivée au constat qui suit :

1.
Je suis en réel manque d'amitié intellectuelle et ce manque est exacerbé par les deux années que nous venons de vivre.

J'ai essayé pendant 2 ans d'échanger avec des personne de façon rationnelle sur ce qui se passait (mon opinion sur le covid n'est pas le sujet) et je n'ai jamais trouvé quiconque capable de soutenir un débat argumenté ou me donner une raison de changer d'avis.

Je réalise depuis cet épisode que cette solitude intellectuelle et ce sentiment de décalage permanents avec la masse sont terriblement exacerbés et étendus à moult domaines de mon existence.

2. Je ne parviens pas vraiment à trouver de personnes (en-dehors de mes très proches) ayant des capacités d'introspection et une honnêteté suffisamment développées pour supporter des échanges (bienveillants je précise) qui questionnent profondément leur fonctionnement et les dynamiques de leurs relations. On parle ici de capacité à se remettre en question, à sortir de sa zone de confort psychique en admettant par exemple, des bénéfices dans une situation où elles sont, en apparence, complètement victimes.

J'ai crû trouver dans les groupes TSA Facebook des personnes avec lesquelles avoir des échanges approfondis de qualité, sans succès.

Beaucoup étaient soit concentrés uniquement sur leur.s intérêt.s spécifiques soit n'avaient pas de pensée plus originale que celle d'un.e NT soit basculaient dans l'émotionnel et la mauvaise foi dès qu'ils.elles se retrouvaient à court d'arguments.
J'aurais pu écrire la même chose.
J'ai une grande soif de discussions intellectuelles profondes.
J'ai réussi à en avoir par Internet avec des étrangers (probablement pas autistes mais plutôt hauts-potentiels) qui s'intéressaient aux mêmes sujets de philosophie et de psychologie que moi.
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Re: La solitude intellectuelle

#44 Message par CygneNoir » jeudi 18 août 2022 à 22:25

Bonjour FloretteRanou , quels sont les sujets de philosophie qui vous intéressent ?

En ce moment je me suis penchée sur la beauté en général. J’écoute des conférences, étudie des poèmes, des critiques sur des tableaux d'arts.
THQI et TSA syndrome d'Asperger
Fille
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Re: La solitude intellectuelle

#45 Message par aspieface » dimanche 28 août 2022 à 14:33

Je n’ai aucune certitude sur les particularismes de la combinaison HPI et TSA (je suis diagnostiquée pour les deux), mais faisant partie d’une association de HPI, je constate qu’ils ressemblent pour beaucoup d’entre eux aux normo-pensants (le sentiment de supériorité en plus) et que je ne m’y sens pas tellement mieux qu’ailleurs. À mon grand regret, le HPI n’est pas nécessairement le garant d’une grande curiosité intellectuelle contrairement à ce que les ouvrages des psys racontent à longueur de pages…
Diagnostiquée TSA en 2022

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