Langage et relationnel

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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masebast
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Langage et relationnel

#1 Message par masebast » samedi 3 décembre 2022 à 10:10

Bonjour,

Version courte
Je voudrais m'adresser aux personnes pour lesquelles, un mot dans une phrase écrite ou prononcé par un autre peut-être un motif suffisant de rupture relationnelle pour soi.
Je ne parle pas du tout d'insultes. Juste d'un mot ou d'une idée qui apparait en l'autre mais qui est impossible par rapport à soi. Comment ca marche pour vous ?
Director's cut :mrgreen:
Et là, je pense qu'il y a deux phénomènes :

- le premier c'est l'impossibilité du mot dans un champ relationnel. C'est très intéressant de se dire qu'il y a un horizon relationnel possible, mais qu'il y a aussi des bordures périphériques qui font sortir du champ la relation dans un impossible. C'est pas comme si c'était possible justement de déplacer son horizon dans celui d'une autre personne. Il y a rigidité. Est-ce que vous etes capables de vous adapter, ou non ?

- le second c'est la rupture elle-même. De quelle sorte est-elle pour vous ? Ambivalente ? Radicale ? Définitive, temporaire ?

Relations homme-homme c'est presque impossible. Le seul homme avec lequel je m'entends bien c'est un ami que je ne vois pas souvent et qui était mon prof à l'univ. On a le même centre d'interet. Je n'ai jamais pu nouer une relation amicale avec un homme sans tomber dans le mot impossible (assez vite). Les hommes qui me parlent des femmes, c'est souvent dégoutant. Souvent la cause de la rupture c'est une question de valeur morale

Relations homme-femme (non amoureuse). J'ai une amie de longue durée (plus de vingt ans). C'est la seule personne avec laquelle je n'ai pas eu ca. Et comme par hasard, elle a été diagnostiqué récemment tsa (la cause de l'amitié ?). Sinon c'est le même schéma que celui des hommes. Au travail c'est une grande souffrance parce que je dois cotoyer des personnes (un monde féminin essentiellement) avec lesquelles il m'est impossible d'être en relation. Meme cause de rupture que pour les hommes : je ne comprends pas ces personnes. Le maquillage, les artifices, les sujets de conversations, les mouvements, les rythmes, rien ne me touche. Il y a une distance infranchissable dans laquelle les relations sont précaires.

Relations homme-femme (amoureuse). Pour contextualiser je raconte une histoire, mais c'est quasi un archétype chez moi. Quasi, j'ai dit ! Même si je n'ai pas eu plus de relations amoureuses que de doigts dans une main.
J'avais 20 ans à l'université et je fais connaissance avec Gloria dans un cours. Elle est très intelligente, sensible, intellectuelle : la voie lactée. On se voit tout le temps. Ca dure plusieurs mois. Impossible de lui parler de ce que je pense d'elle. Un soir, au moment de l'au revoir, je n'arrive toujours pas. Je m'en vais, puis je fais demi-tour. Je ne sais pas ce que je dois dire, je reviens vers elle. Et en face d'elle, je suis physiquement là, mais ma tete n'enchaine pas. Pour m'en sortir, je dis "je pense qu'il vaut mieux que je rentre". Le métro arrive. Et elle me répond "oui c'est mieux je crois". Sa phrase a été un impossible pour moi. Le lendemain, je ne lui ai plus parlé pendant des années. Plus tard, lors d'un échange où je voulais m'excuser de ma façon d'avoir réagi, elle m'a expliqué qu'elle éprouvait alors les mêmes sentiments pour moi.
Si je me rappelle bien la logique de la rupture à l'époque dans ma tête c'était "si elle avait un sentiment pour moi elle ne m'aurait pas conseillé de partir" donc si elle l'a fait c'est qu'elle n'a rien pour moi. Logique implacable... ! Qui ne me rendait absolument pas sensible à ce qu'elle devait éprouver. C'est terrible ça. C'est comme si j'étais un hors-sujet vivant. La seule solution aurait été qu'elle fasse un pas qui brise ce truc. En ne faisant rien, elle confirmait mon raisonnement. La boucle est impitoyable.

Est-ce que vous faites des choses comme ca ?

Dans ce type de rupture, il y a deux choses qui me questionnent.

- D'abord le langage. Il y a des échanges et pourtant un mot suffit à couper toutes explications, discussions. C'est pas du tout une question de sentiments par rapport à elle et à moi-même. Tout est là, intacte. La rupture n'a rien avoir avec les sentiments c'est ça qui est dingue ! C'est comme un disjoncteur qui saute. Le courant arrive toujours mais il ne passe plus par le langage. Je crois que c'est une question de perte de confiance qui me dicte de couper.

- Ensuite le rapport à soi-même. Comment c'est possible d'être en décalage à ce point avec soi-même ? Normalement, je suppose que l'on devrait se dire que le contexte n'était pas approprié. Qu'il faudrait "tenter sa chance" à un autre moment ? Non je ne joue pas. Il n'y a pas d'arrière boutique. Et je passe alors un temps infini à essayer de comprendre pourquoi il y a eu surtension. A démêler les cables, tout ce chaos incompréhensible de signes contradictoires (dans ce que je perçois chez l'autre) qui ne me permettent plus d'envisager la relation autrement qu'à travers une souffrance parce que je ne la comprends pas. C'est comme si l'autre n'était pas ce qu'il prétendait être. Et j'ai remarqué que la seule réponse pour moi est dans le temps et le silence. Le temps m'a toujours permis de voir clair en moi et chez les autres. Mais ce schéma est un vrai probleme relationnel.

Un brise coeurs
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masebast
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Re: Langage et relationnel

#2 Message par masebast » dimanche 4 décembre 2022 à 21:58

Je continue mes passionantes perigrinations avec moi-même.

C'est l'histoire du "mot impossible", le "mot contrariant". Mais ca peut-être une idée dissonante, une pensée qui sonne faux, un geste mal placé, une attitude inadéquate, un regard comme un faux-pas. Et peut-être aussi tout ce que vous voulez, mais qui est la source d'une ambivalence chez l'autre et la cause de la rupture relationnelle (en tout cas pour moi ou pour vous).

Dans une relation vous avez un champ de mots possibles, de gestes possibles, avec peut-être même un horizon qui ouvre à des choses alors insoupçonnées. Vous avez sans doute des champs professionnels, des champs familiaux, des champs de toutes les sortes. Certains peuvent se croiser, d'autres sont biens séparés. Dans ce champ, les possibles structurent les espaces des relations dans les limites du caractère que vous donnez à la relation. Une relation amicale est basée sur "tout-ce-que-vous-allez-mettre-dans-ce-mot" et définit le champ des possibles qui en découlent. Hors de ces limites, la relation est détruite ou risque de l'être si elle ne se modifie pas en autre chose. Mais dans un champ relationnel avec quelqu'un peut surgir quelque chose d'inapproprié, d'impossible.

C'est là que ma question commence.

Ce mot impossible c'est comme un trou dans une maille. Il ne fait que s'étendre. Il apparait comme une contradition entre d'un coté le principe de la maille où tout a sa raison d'être par rapport à l'ensemble, et de l'autre ce même ensemble qui finit par devenir des morceaux, des fils noués sans raison d'être. Un mot impossible peut littéralement défaire les mailles de centaines, peut-être de milliers de mots qui ont précédés. Vous vous retrouvez à devoir d'abord comprendre le trou dans la maille, à peut-être défaire des fils, à devoir les déméler, à réorganiser les mailles pour les réparer, jusqu'à défaire la maille complètement pour la refaire. (Je ne defais rien complètement, je garde confiance en certaines choses)

La question c'est celle à la fois du langage et celle de la relation qui en dépend. Le langage parce que ça repose sur des mots et des signes. Ces mots ou ces signes sont comme des boites sans fonds avec certaines personnes, des coffres en aciers pour d'autres. Ces mots sans fonds, c'est l'horizon de la relation qui porte tous les espoirs, les reves et les cauchemars. C'est le théatre de toutes les tristesses et de toutes les joies.

Une relation c'est comme un ballet à l'Opéra. Les danseurs se déploient sur la musique en symbiose avec les signes, la réalité, le décor pour former une histoire en équilibre. Ils connaissent à la fois la musique et la chorégraphie. Ils anticipent et s'adaptent en même temps aux variations. Eh bhen, je suis le danseur qui peut se perdre dans sa chorégraphie en écoutant la musique qu'il aime tant en lui. Celle qui le traverse dans sa danse. Celui qui ne s'aperçoit pas que tous les autres danseurs, que le public dans le noir, deviennent immobiles autours car le ballet est rompu. Et il y a ce moment fatidique où le danseur exalté se rend compte qu'il est seul, il est pris dans le vertige d'un tel décalage que toute son existence s'éffondre sous ses pieds. Et il s'enfuit, il va se cacher. Là, loin de tout, il va essayer de comprendre pourquoi, comment tout ça s'est passé. Sans compréhension, ca tourne dans son esprit comme une toupie, il est désormais perdu pour longtemps. Ce danseur, c'est celui qui danse dorénavant mécaniquement. Attentif à chaque variation. Il ne tolère aucun écart, il croit controler tout ce qu'il fait par une logique stupide. Le mot impossible est ce mécanisme qui le protège d'un décalage qui pour lui est un écartellement. Il y croit de tout son coeur. Le même qui l'a emporté précédement dans son exaltation.

C'est d'abord une profonde souffrance (ce mot est trop faible), parce que ce mode de fonctionnement c'est comme une guillotine dans la tête. Ca m'a protégé de relations toxiques, mais ca a fait beaucoup de dégats laissant un champ de ruines que seuls les souvenirs parviennent à hanter.
Est-ce que je peux en vouloir à ceux qui sont partis ? J'en sais rien. A chacun la charge de sa liberté. Je crois que je regrette seulement que personne n'ait eu assez de confiance (d'amour ?) pour me tendre la main dans le noir. Quand vous quittez le ballet parce que vous n'êtes plus synchro (vous ne comprennez plus le ballet, etc.) et qu'on ne vient pas vous chercher, vous allez penser que le ballet se passe bien mieux sans vous. Vous n'etes pas nécessaire. Une relation sans nécessité réciproque, pour moi, n'a pas de raison d'être.
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masebast
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Re: Langage et relationnel

#3 Message par masebast » lundi 5 décembre 2022 à 6:43

Compris un truc.

J'avais parlé dans un autre sujet (qui parlait du langage aussi) du petit garçon et "les lions qui vivent en afrique". Le champ relationnel des possibles du lion c'est d'être en afrique. Là bas il peut etre tout ce qu'il veut. Quand quelque chose survient hors de ce champ, par exemple un lion qui est à Bruxelles, le petit garçon panique, parce que son champ des possibles s'effondre dans un impossible qui peut aller jusqu'à mettre en danger ce qu'est un lion en soi. On m'a expliqué que ce garçon, tsa, pouvait devenir très agité à ce moment là. Volubile, anxieux, angoissé. Il cherche partout à comprendre cette contradiction. Dans mon exemple, le garçon a questionné toute l'institution pour comprendre, se renseigner, trouver l'information qui lui permet de comprendre. Il a fallut lui dire qu"'il y a des lions qui ne sont pas à leur place" pour qu'il puisse se calmer. C'est le même principe pour le mot impossible. A partir de cette expérience, il y a sans doute plusieurs façon de réagir.

Ce que mon exemple ici ne montre pas, c'est que le champ des possibles peut s'effondrer à cause d'un evenement extérieur dans une relation. Mais je crois qu'il peut aussi s'effondrer par quelque chose qui se passe en soi. La de nouveau le rapport au langage (comme des boites sans fonds) peut faire entrer dans un champ des possibles des choses inaperçues en soi. Difficile à comprendre dans un temps présent. Parfois, on peut faire des choses contradictoires nous mêmes autour de cette boite sans fonds. Dès qu'une contradiction apparait c'est la panique. Soit le premier terme est faux et le second est vrai, soit l'inverse. Mais dans une relation, si l'on pose les choses comme ça, une personne peut-être fausse (?) et vrai (en même temps ?) Ou (à un autre moment (?)). Et on rentre dans des problèmes insondables que l'on ne peut résoudre. Le truc que j'ai du développer depuis (l'enfance) c'est l'isolement, la suspension de la relation, comme si par là, si rien ne bouge en face, c'est que le décalage est réel. Et donc la relation effectivement impossible (même si en moi, rien ne change et c'est là que la souffrance réside). Donc si je caricature un peu, par rapport au petit garçon et son lion, le questionnement je l'aurai eu en moi, prostré dans un coin. Envahi par la peur. Et si j'avais dû bouger, je rentre dans un mode opératoire mécanique.

Certains mettent la relation en suspens, d'autres entrent en conflit, d'autres encore s'en foutent. Je crois que la réaction de chacun dans cette situation est une machine existentielle construite avec les trucs que l'on a pu trouver pour s'en sortir dans notre vie. Mais je ne suis pas résigné. Comprendre permet de traverser ce qui n'est pas une fatalité, c'est juste un mode d'expression qui doit être adapté.
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Re: Langage et relationnel

#4 Message par Sefiye » mardi 20 décembre 2022 à 13:37

[supprimé pour la modération, mes excuses]
Modifié en dernier par Sefiye le mardi 20 décembre 2022 à 22:52, modifié 1 fois.
pas Aspie moi-même, inscrite dans l'espoir de mieux comprendre un de mes élèves

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Re: Langage et relationnel

#5 Message par Tugdual » mardi 20 décembre 2022 à 14:29

Modération (Tugdual) : 
Rappel : la section "Espace TSA", comme son sous-titre le précise, est dédiée aux témoignages des personnes diagnostiquées (voir les détails ici et la synthèse ).
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).

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Re: Langage et relationnel

#6 Message par masebast » mercredi 21 décembre 2022 à 0:48

Ma seule réponse "modérée" ! C'est un scandale ! :mrgreen:

Mais merci Sefiye

Mes idées là dessus sont très sommaires. C'est surtout le constat d'un manque de plasticité mentale, et une hyper attention aux détails, aux micro-signes, qu'il est difficile de concilier dans certaines situations. Et surtout un deuxième constat, c'est la difficulté de penser "meta" (hors de). C'est un peu comme voir une ville dans le détail (s'y perde littéralement) parce qu'une vue d'ensemble n'est accessible qu'après un effort significtif. Un puzzle où tu regardes la forme des pièces sans t'aider de l'image.

Un exemple de mot impossible:
J'ai commencé une thèse. Mon directeur de thèse que je connaissais bien me dit "c'est au pied du mur que l'on voit le maçon". Pourquoi ? Parce que la rédaction de mon mémoire a été difficile. Pourtant il était excellent. Mais cette phrase là a été littéralement un impossible. Chaque fois que j'écrivais je voyais un mur dégeulasse. Il fallait faire le mur parfait. Et je ne suis jamais revenu vers lui (le directeur). Et je suis resté coincé là dedans... J'ai fini par ne plus essayer d'écrire, et j'ai commencé à faire des schémas, des dessins, etc. Impossible de sortir de ce truc, je cherchais à avoir absolument une nécessité entre chaque mot. Mais ca n'existe pas ! Construire des compositions pour trouver une nécessité. Ca va pas non plus... etc. Une torture.
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Re: Langage et relationnel

#7 Message par freeshost » mercredi 21 décembre 2022 à 1:52

Stie ! Mon message s'est effacé ! Et, comme souvent, on a pas le cœur à le réécrire. De toute façon, il ne sera jamais comme dans sa première version, maladroitement effacée. :lol:

Résumé donc...

1. Langage non verbal plus difficile pour les personnes autistes en général :

- facial, tonal (voix), gestuel, vestimentaire, postural ;
- cécité contextuelle (à interpréter et à s'adapter selon le contexte) ;
- cécité sociale (les codes sociaux, ceux-ci variant d'un groupe à l'autre, en plus) ;
- l'implicite (ironie et autres sous-entendus),
- les tropes, sortes d'associations linguisto-culturelles, chacune ayant sa propre histoire.

2. Relations :

- amoureuses, conjugales, sexuelles : je préfère être clair, ne pas laisser à l'autre femme développer des illusions perdues ; le célibat voyageur linguistique me va très bien ; ne pas croire que je vais changer ;
- potes, amis, intérêt commun : on fait selon nos affinités ; sexe, genre et orientation sexuelle ne jouent aucun rôle, ne sont pas des critères pertinents ;
- ne pas croire que nous avons tous les mêmes besoins et les mêmes désirs, c'est aussi ça, la neurodiversité.

3. Principe de réalité :

- éviter autant que possible le déni de réalité (je ne blâmerai pas les personnes ayant vécu divers traumatismes (SSPT) et autres mauvaises expériences ;
- ne pas entretenir de fausses illusions, de faux espoirs, chez l'autre personne ;
- faire la part des choses, faire régulièrement le point.

Mais si on pense qu'un moindre faux pas (par exemple un faux mot, une fausse note, un maladroit regard, etc.) réduirait à néant tout un projet, ne rentre-t-on pas dans un perfectionnisme malsain, stressant. Si A sait "pardonner" les erreurs (une erreur ne se pardonne pas, elle s'accepte, une erreur n'est pas une faute ou un crime) de B, pourquoi B n'accepterait pas A malgré les erreurs que ce dernier commet ?! Les exigences qu'une personne s'impose, peut-être que l'autre personne ne les lui impose pas.

On peut aussi penser à la double-contrainte, où, quelle que soit ta décision, tu contreviens à une des contraintes. Je prends souvent l'exemple de la question de porter le voile ou non. Si un groupe A impose au groupe de femmes F de porter le voile, est-il judicieux pour le groupe B d'interdire au groupe F de porter le voile ? Si le groupe B l'interdit, les femmes du groupe F se retrouvent dans une double contrainte. Si le groupe B laisse le choix, les femmes du groupe F se sentiront plus libres au sein du groupe B. Prenons alors toi comme le groupe A et l'autre personne comme le groupe B. Si toi ou l'autre personne t'impose une contrainte, cela réduit tes possibilités, ton choix, ou ton droit d'être tel que tu es, et ça pose problème si l'autre personne interdit ce que tu obliges ou oblige ce que tu interdis. Voulez-vous vraiment attacher plus d'importance aux idéologies qu'à votre relation ? Qui c'est le con qui a dit que toutes les relations devaient être les mêmes, homogènes ?! Quand tu danses ou joues du violon ou chantes, tu as tout-à-fait le droit d'être en dissonance avec le groupe, quitte à quitter le groupe. Tu n'as à être esclave d'aucun groupe. Certes, dans un groupe dynamique, tu t'adaptes, mais les autres aussi. [Bon, l'effort d'adaptation est souvent plus fatigant chez les personnes autistes.] En fait, les rares fois où je vais en discothèque, je me laisse entraîner à ma manière, indépendamment de la manière de danser des autres personnes dans la discothèque. :mrgreen: Le danseur devient de plus en plus libre au fur et à mesure qu'il ne dépend pas des autres manières de danser, éventuellement du regard des autres (mais les autres ne le regardent pas forcément, les autres peuvent aussi bouger et s'élancer sans faire attention aux autres, à toi). Aucune personne n'est obligée d'être synchro. Toute personne a le droit d'émettre des notes de prime abord dissonantes.

Bon, alors, il y a :

- la difficulté d'adaptation de la personne autiste ;
- mais aussi les exigences qu'elle se pose elle-même sans qu'autrui ne les lui ait imposées (des formes de perfectionnisme ou de conformisme).
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Re: Langage et relationnel

#8 Message par freeshost » mercredi 21 décembre 2022 à 2:55

J'oubliais... dans mon message perdu, je parlais de l'effet Palo Alto, de l'impossibilité de ne pas communiquer. Recherche. :)

Ton silence comme tes paroles, tes gestes comme tes non-gestes, tes réactions comme tes absences de réactions (l'absence de réaction/feedback est une réaction/un feedback), la durée entre tes signaux, la géolocalisation de tes signaux, ta posture, ta gestuelle, tes vêtements, la manière de ranger ton appartement, tes habitudes de connexion, etc., tout sera sujet à interprétation et analyse.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Re: Langage et relationnel

#9 Message par masebast » mercredi 21 décembre 2022 à 7:35

Bonjour Freeshot,
Mais si on pense qu'un moindre faux pas (par exemple un faux mot, une fausse note, un maladroit regard, etc.) réduirait à néant tout un projet, ne rentre-t-on pas dans un perfectionnisme malsain, stressant.
C'est si compliqué que parfois je me demande si tout ca c'est pas des mélanges de plusieurs choses très différentes. D'où le fait que j'en parle, parce que j'ai besoin d'avancer la dessus. Je comprends ce que tu dis, mais c'est comme si c'était organique et c'est difficile à rapprocher de théories.

L'image de la maille d'un pull de laine est bonne pour moi. Si un accro se répète et qu'il y a comme une confirmation à chaque fois, je ne peux pas aller plus loin. Le trou peut devenir très grand et ne plus rester grand chose. Mais je laisse toujours à l'autre quelque chose. Je ne juge pas (sauf mon ex belle famille :mrgreen: ). Par exemple, avec mon directeur de thèse, jamais ce qu'il a dit n'a entamé mon rapport à lui (vis à vis de moi). D'ailleurs c'est un ami aujourd'hui. C'est juste que c'est comme si les caractéristiques du mur, je devais les reproduire à la lettre dans un texte (l'emboitement nécessaire). C'est hyper naif, je sais. Mais je suis vraiment comme ça apparement. Si je suis le maçon qui ne comprend pas le mur, je suis discrédité. Il y a quelque chose qui fait boucle : si tu es maçon, tu fais un mur. Si tu ne sais pas, tu n'es pas maçon donc c'est nul et non avenu. (c'est des trucs comme ça qui traine dans ma tête) donc le rapport est impossible puisque quelque part sans rapport. Je ne sais pas si je m'explique bien...

Dans les relations scolaires, j'ai eu beaucoup ça. et au final, j'étais toujours seul. A l'univ, même chose. Au boulot, c'est pareil. C'est même caricatural là. Un collègue qui parle d'une élève en la sexualisant dans son discours. Moi c'est pas possible, ca ne me fait pas rire du tout. Ca ne passe pas quand on dit que quelqu'un est mauvais, ou qu'il est nul. J'ai jamais détesté un élève. C'est juste pas la question en fait ! Pourtant ce genre de trucs c'est quotidien.

Disons qu'avec mes enfants c'est juste pas possible le mot impossible. En général s'il y a un projet ou quelque chose de partagé de manière affective forte, ça n'agit pas comme ça (La sphère intime et très courte des personnes que j'aime.) Par contre au second degré des relations (famille au sens large) ca peut devenir déjà compliqué... :mrgreen:

Signé, un habitant d'un phare en Bretagne !
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