Asperger et maturité

[evolution650HBn°2]

Isra tu as eu raison. J'aurais du citer la phrase de Winston au lieu de débarquer mine de rien en mode "cuicui les petits oiseaux" (comprenne qui pourra).

Je saisis ce que tu veux dire, et je pense qu'il y a au moins une part de vrai puisque, comme tu le fais remarquer, évaluer son degré de maturité est déjà faire preuve de maturité.
Cela soulève aussi une question que je me pose souvent, à savoir : est-ce que je suis heureuse comme ça ou bien est-ce que je me mens à moi-même en m'enfermant dans mes passions et en croyant qu'elles suffisent à mon bonheur ?
Je n'ai pas la réponse.

[isra]

Cela soulève aussi une question que je me pose souvent, à savoir : est-ce que je suis heureuse comme ça ou bien est-ce que je me mens à moi-même en m'enfermant dans mes passions et en croyant qu'elles suffisent à mon bonheur ? Je n'ai pas la réponse.

La réponse est peut-être entre-deux...
Difficile d'être spontanément heureuse dans un monde qui ne fonctionne pas selon ta façon de voir le monde...
Mais il est toutefois possible d'éprouver du bonheur en te plongeant dans des passions.

Je ne pense pas que tu te mentes à toi-même, c'est plutôt une bonne alternative
plutôt que de rester passive à pleurer sur ton sort.

A en écouter certains témoignages, les aspies peuvent tout à fait vivre heureux,
je pense que cela vient après la connaissance de son syndrome,
l'acceptation de soi et le fait d'avoir pu développer ses compétences...

[WinstonWolfe]

est-ce que je suis heureuse comme ça ou bien est-ce que je me mens à moi-même en m'enfermant dans mes passions et en croyant qu'elles suffisent à mon bonheur ?

Tu es la mieux placée pour savoir si tes passions te procurent du bien-être, ou du bonheur. Toute la question est plutôt, à mon sens (et vaut pour moi, je ne fais que partager !) si le fait de te restreindre à tes passions et à ton mode de fonctionnement préféré ne te fait pas passer à côté de choses encore meilleures.

[zad]

pour revenir au sujet de départ (et au titre du fil),

je me dis que c'est plutot que selon les compétences on s'est arreté dans notre developpement. pour certaines compétences, 12 ans ; pour d'autre 25 ; et pour d'autres encore plus vieux que l'age légal !

j'aime bien la vision de martine f deflos (traduction à l'arrache en deux secondes) :

ça veux dire qu'un ado de 17 ans, peut avoir 17 ans biologiquement, 9 mois dans l'attachement, 3 ans dans le jeux, 1 an dans la gestion du temps, 25 en math, et 35 en physique. C'est ce qui fait la comprehension et la prise en charge des personnes avec autisme et leur famille si difficile. nous ne pouvons faire confiance aux automatismes dans nos comportement, car l'enfant et plus tard l'adolescent et l'adulte nous suprendra avec un comportement qui nous semble si étrange, car il appartient à un autre age mental, et que de nombreux ages mentaux existe chaque jour dans la même personne

This means that an adolescent of 17 years old calendar age can be 17 years old in biological maturation, 9 months in attachment, 3 years in play age, 1 year in time- management, 25 in mathematics and 35 in physics. This is what makes understanding and helping people with autism and their families so difficult. We cannot rely on automatisms in our behavior, because the child and later adolescent and adult surprises us with the behavior that seems so strange because it belongs to another mental age, and to many mental ages in the same person throughout every day.

http://blog.had.sh/une-definition-rapid ... e-f-delfos

[charles]

Je me pose souvent cette question :
Est-ce qu'être mature signifie abandonner toute utopie, toute envie d'exprimer sa différence pour rentrer dans le rang ?
J'ai l'impression de souffrir de cela et d'être "traité" d'ado attardé (comme l'a fait normal) car je suis utopique et humaniste comme un ado qui découvre à peine le monde.

Mon psy m'a dit un jour : "vous souffrez de trop de lucidité, trop de conscience. Aucune "drogue" ne fonctionne sur vous : boisson, fête, plaisir, foot, pizza, religion, passion .... boulot, tout ce qui permet à chacun d'oublier sa condition de mortel et ce qu'est le monde des adultes".
J'ai l'impression qu'une fois adulte, beaucoup s'assoient sur leurs principes, l'éthique, le respect des autres pour "paraître", pour masquer l'enfant qu'ils restent et suivre le troupeau ... La plupart sont mus par des besoins égoïstes : argent, pouvoir, plaisir ... sans jamais voir plus loin et se reconsidérer dans l'espace et le temps.

[Rose]

C'est justement ça être vraiment adulte, ce que tu es: lucide, conscient, mais malgré tout humain, honnête...

[zad]

faut pas faire autant attention aux regards des autres quand on deviens adulte, sinon on se dessèche

être utopiste & humaniste, c'est la preuve d'une grande sagesse ; et j'ai tjs considéré que devenir Sage, c'est devenir adulte, justement

je suis bien d'accord avec rose

[evolution650HBn°2]

Had, j'apprécie également beaucoup cette citation.

Winston, je sais que cela me procure du bien-être, mais comme tu le dis, est-ce que ces intérêts ne me font pas passer à côté de choses meilleures ? Honnêtement je ne sais pas.
Je sais que ceux qui font des soirées, avec des tas d'amis etc, sont surement plus heureux que moi lorsque je fais mes trucs, mais d'un autre côté je ne pourrais pas faire de telles soirées.
Ce qui m'embête, au final, c'est de me dire que de toute manière je n'ai pas le choix ; quand bien même je voudrais aller en soirée avec des amis, je ne le pourrais pas.
Mais là est tout le paradoxe, souvent je me dis "ça doit être bien de sortir avec des amis", mais lorsque mes collègues me proposent de sortir je me dis "ça doit être bien que personne ne me propose rien"... Allez comprendre..

L'un de mes autres problèmes c'est que j'ai tendance à voir la catastrophe partout, à me dire que les choses ne changeront jamais.
Adolescente, lorsque j'ai volé une figurine dans un magasin pour faire comme les copines, pendant des mois et des mois j'avais une boule au ventre et m'imaginais passant à la télé en train de chaparder, bannie de la famille, emprisonnée, tous les soirs c'était la grosse angoisse.
Là j'ai 25 ans, j'ai l'impression d'avoir raté ma vie à tout jamais, que rien ne pourra changer (et je dis ça sans un fond de dépression, simplement un constat). Alors je sais que "je suis jeune" et que rien n'est jamais vraiment fixe, simplement c'est le ressenti que j'ai.
Toujours plus ou moins cette tendance à tout dramatiser.
Je crois que je me suis -encore- égarée du sujet.

[WinstonWolfe]

Je crois résolument que pour évoluer,
Le chemin prometteur passe par le danger.
Il faut parfois oser, ne pas craindre la peur,
Regarder tout autour et aller voir ailleurs.

Tu as l'air de bien te connaître, et si tu penses que tu n'arriveras pas à prendre du plaisir dans des soirées mondaines, alors soit. Qui suis-je pour en faire la promotion, moi qui les fuis...

Pour certains, c'est le but (et soit dit en passant, je ne crois pas que les gens qui y prennent du plaisir y trouvent le bonheur), mais ce peut être aussi le moyen. Le moyen d'avoir accès à ce qu'un univers intérieur ne peut fournir. Le moyen de voir son monde confronté au monde des autres. Et la tonne d'ennui ou de désagrément que cela procure recèle – parfois – une pépite de bonheur.

Ce que je voulais dire, c'est que le confort d'un monde intérieur se nourrit de ce qu'il y a au dehors, et que, de temps en temps, il faut avoir l'audace d'aller au dehors y piocher de nouveaux éléments. Et savoir se dire, pour affronter la peur, qu'on a déjà vécu des choses bien pires.

M'enfin... c'est ma philosophie...

[evolution650HBn°2]

Winston, je pense que tu as tout à fait raison.
La connaissance de soi passe par l'expérience, et donc multitude d'expériences entraînera indubitablement une meilleure connaissance de soi.

Pour ce qui est des soirées, mondaines ou pas, j'en ai déjà fait l'expérience et sais que je ne me sentais pas à ma place ; la question est : cela a-t-il changé ou pas ? Je n'ai aucun moyen de le savoir.

Savoir se dire que l'on a vécu des choses bien pires, je veux bien me le dire mais honnêtement, je n'ai pas l'impression d'avoir énormément souffert ma vie durant ; d'ailleurs, je me demande parfois si mes soucis sont réels ou s'ils ne sont que le fruit d'une enfance peut-être surprotégée (bien que mon frère a eu la même et est mon exact opposé en ce qui concerne les relations humaines/sociales).
C'est d'ailleurs "amusant" (en fait non) de voir que de la famille, je suis celle qui a le mieux débuté ; bons résultats scolaires, comportement irréprochable ou presque, et celle qui finit le plus mal - mon frère, gros hyperactif dont personne ne savait quoi faire, résultats scolaires peu brillants, s'en sort très bien, tant professionnellement que socialement, tandis que moi je rame sur tous les plans et suis cause d'inquiétude pour mes parents et la famille au sens plus large..

J'ai encore bifurqué, mais sache, winston, que j'approuve totalement tes dires.

[Tugdual]

Mais là est tout le paradoxe, souvent je me dis "ça doit être bien de sortir avec des amis", mais lorsque mes collègues me proposent de sortir je me dis "ça doit être bien que personne ne me propose rien"... Allez comprendre..

Il faut peut-être faire le tri entre :

• la pression sociale : faire la fête c'est bien ;
• tes besoins réels : faire la fête, c'est pas bien ;

pour en arriver à la synthèse, c'est à dire
ton envie réelle : faire la fête, rien à foutre !

Là j'ai 25 ans, j'ai l'impression d'avoir raté ma vie à tout jamais, que rien ne pourra changer (et je dis ça sans un fond de dépression, simplement un constat). Alors je sais que "je suis jeune" et que rien n'est jamais vraiment fixe, simplement c'est le ressenti que j'ai.

Je pense qu'il faut travailler sur deux plans :

• identifier notre façon de fonctionner ;
• identifier nos envies réelles.

À partir de là, il ne reste qu'à poser les objectifs
correspondant à ces envies, et mettre en place
des stratégies qui respectent notre fonctionnement.

Et surtout, ne pas attendre, comme moi, quarante
ans pour arrêter de vouloir faire comme tout le monde
(puisque visiblement, ça ne marche pas vraiment),
et perdre encore plusieurs années pour seulement
commencer à comprendre comment je fonctionne.

À vingt cinq ans, tu as l'avenir devant toi ...

Ce que je voulais dire, c'est que le confort d'un monde intérieur se nourrit de ce qu'il y a au dehors, et que, de temps en temps, il faut avoir l'audace d'aller au dehors y piocher de nouveaux éléments. Et savoir se dire, pour affronter la peur, qu'on a déjà vécu des choses bien pires.

Je suis d'accord avec tout ça.
Mais il faut la jouer stratégiquement, sans
oublier notre mode de fonctionnement ...

[Mr.Spleen]

Je vais sur mes 25 ans (ça me fait bizarre chaque fois que je le réalise), et pourtant je suis extrêmement immature. Je vois le monde autour de moi évoluer, avoir une sexualité, parler avec maturité de leur vie de couple, d'enfants, de potentiel mariage, d'achat de maison... Je suis à cent mille lieues de ça.

J'ai 20 ans et je suis exactement dans la même situation. J'ai une petite sœur à l'opposé de moi.

J'ai l’impression d'avoir été embarqué de force dans un train trop rapide qui depuis tout petit ne me laisse pas le temps d'observer et de mémoriser le paysage. J'avais déjà conscience de la destination et du temps qu'il me restait et j'en ai toujours eu peur.

Là je suis arrivé, mais contrairement aux autres je suis resté assis par terre sur les quais, ça fait ~2 ans.
Et pourtant je suis heureux, ce voyage pénible est enfin fini. Je regarde les oiseaux qui volent sous le soleil, le vent dans les chaussettes...
Parfois un contrôleur me dit de me bouger pour mon bien. Mais si observer les nuages est suffisant à mon bonheur alors pourquoi se forcer à devenir autre chose que soi si c'est l'une des principales sources de dépression ?

Oups je me suis laissé emporter.

[Mickou]

Modération (Tugdual) : Fusion de sujets (début).


Bonjour à tous,

J'ai lu sur un site (je n'es pas retrouvé le site en question) qu'il y avait un décalage de maturité entre un aspie (adulte) et un NT.
De mémoire, il était stipulé qu'il y avait un décalage de 5 à 6ans.
Par maturité, je pense surtout au niveau émotionnel, autonomie,...etc. Je ne parle pas au niveau intelligence.

J'aimerai savoir si quelqu'un en à déjà entendu parlé ?

[Ixy]

Ca concerne surtout les enfants ados je pense.

[Benoit]

Lire ici :
viewtopic.php?f=4&t=4706

Que les autistes aient un retard de développement émotionnel, je case ça dans la catégorie "pas de retard mental, mais...", un observateur extérieur trouve toujours une bonne raison de refuser la différence.


Modération (Tugdual) : Fusion de sujets (fin).