Lieux de discussion "aspie friendly"

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Idée
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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#16 Message par Idée » samedi 21 juin 2014 à 1:31

Niejcas a écrit :Oui. A part ici et deux amies IRL qui se doivent de passer un diag elles aussi (l'une plus que l'autre vu sa situation), je n'ai personne.
Enfin, mon chat.
:3
J'espère que tu trouveras par ici quelques personnes avec qui discuter avec qui tu te sens bien. Et gratouilles à ton chat (je fais de l'allergie mais à distance ça va :wink:)
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isra
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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#17 Message par isra » samedi 21 juin 2014 à 6:40

Lorsque j'ignorais que je suis probablement aspie, j'en côtoyais plusieurs des gens un peu comme moi...
Mais après mes premières années dans l'âge adulte j'ai commencé à fuir les personnes atypiques,
par besoin de m'insérer dans la société, de me mettre dans la norme et de m'adapter (beaucoup flirtaient trop avec l'alcool),
j'ai pensé que ces gens n'avaient rien de positif à m'apporter dans ce sens :oops:
comme si ces personnes risquaient de m'attirer loin de la norme.

Maintenant que je suis sur cette piste, je perçois ces personnes tout différemment et lorsque j'ai l'occasion de les rencontrer, je me sens vraiment bien avec.
Donc j'effectue comme une sorte de réglage au niveau de relations auxquelles je serai susceptible de m'ouvrir.

Par exemple avec mon frère, il y avait une distance, une gêne, un malaise... (il est aussi aspi je crois).
Et comme je prenais un rôle de la soeur parfaite qui maîtrise tout dans sa vie,
ça entretenait aussi cette distance entre-nous car lui est plutôt désorganisé.

Maintenant que je lui ai parlé de mon hypothèse aspie, je ne compense plus en sa présence,
je montre telle que je suis, j'en plaisante et nous avons une super relation, je suis mieux que je ne l'ai jamais été en sa présence.
Il passe beaucoup de temps chez moi ou inversement et cela ne me pèse pas.
C'est comme cette ambiance que tu recherches, sans besoin de compenser et c'est vrai que c'est épanouissant.

Je ne sais pas si j'ai réussi à transmettre ce que je voulais faire passer,
dans le sens où il y a parfois des personnes autour de nous qui nous correspondraient mais ce sont nos compensations
qui nous empêchent d'entretenir une relation où l'on serait à l'aise, relâcher un peu les compensations devant certaines personnes bien ciblées
peut leur faire remarquer qu'elles sont bien en notre présence et leur donner la possibilité aussi d'être elles-mêmes.

Est-ce qu'il y aurait peut-être un ajustement de ce genre à faire qui pourrait te permettre de développer des relations plus sereines pour toi?
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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#18 Message par Tugdual » samedi 21 juin 2014 à 8:42

Du calme et de la bienveillance. Il n'en
faut pas plus pour se sentir bien ...
isra a écrit :[...] comme si ces personnes risquaient de m'attirer loin de la norme.
Je m'aperçois que pendant longtemps,
j'ai aussi couru après "la norme", ayant
remarqué que ceux qui en sortaient étaient
plus ou moins gentiment mis à l'écart. Mon
seul désir était de me fondre dans la nasse.
Et j'ai bel et bien failli m'y noyer ...
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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#19 Message par Niejcas » samedi 21 juin 2014 à 11:55

Tugdual a écrit :
isra a écrit :[...] comme si ces personnes risquaient de m'attirer loin de la norme.
Je m'aperçois que pendant longtemps,
j'ai aussi couru après "la norme", ayant
remarqué que ceux qui en sortaient étaient
plus ou moins gentiment mis à l'écart. Mon
seul désir était de me fondre dans la nasse.
Et j'ai bel et bien failli m'y noyer ...
Pareil.

J'y repensais avec l'impression que cela a commencé pour moi par le biais de l'éducation que mes parents m'ont donné. Ils ne pensaient pas à mal. Ils sont sans doute eux-même concernés par le SA.
Mais au final je pense que ça m'a mis dans la tête qu'il faut se comporter d'une certaine façon et rien d'autre. J'ai passé 30 ans à faire des efforts et ça n'a jamais porté suffisamment ses fruits pour me sentir épanoui.
Mais quand j'y repense, je me dis que je symboliserais tout ça par une phrase de l'enfance : "Tiens-toi droit !"
« How small a thought it takes to fill a whole life »

Entretien pré-diagnostic le 15 Mai 2014.
Diagnostic les 8 et 9 Octobre 2014.
Bilan le 4 décembre 2014.
TSA / HQI confirmé.

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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#20 Message par budakesi » samedi 21 juin 2014 à 17:21

Idée a écrit :Pupuce a écrit:
En fait, je ne cerne pas bien ce qui t'empêche de participer comme tu le voudrais au forum. C'est à cause de certaines interventions qui te mettent mal à l'aise? Tu n'arrives pas à prendre de recul? Excuse-moi si je suis maladroite, dit-le moi.
Pour ça :
Idée a écrit:
(Je vais être brute : les mentalités qui prônent des trucs du genre "rentre dedans" pour supposément devenir de plus en plus fort, ça me fait gerber - ces mentalités m'ont fait du mal [...]
Depuis quelques temps, plusieurs personnes sont débarquées en cherchant à "aider" les gens en prônant ce type de méthodes, à convaincre que c'est quelque chose de bien, de souhaitable (genre plus tu te prends des baffes plus tu te renforcis). Des personnes et des lieux qui fonctionnent comme ça, il y en a plein le net. Si j'ai choisi de discuter ici c'est parce que l'ambiance est différente. Et qu'elle correspond davantage à ce que je cherche et à ce dont j'ai besoin (et qui semble partagé par pas mal de monde par ici). Et je ne comprends pas ce que ce type d'interventions vient faire dans un lieu comme ici. Ce qui a mis la puce à l'oreille de mon psychologue par rapport à d'éventuels traits autistiques c'est, entre autres choses, mes réactions aux confrontations (j'y réagis très mal). J'ai discuté encore récemment avec une travailleuse sociale (dans un contexte qui n'a rien de personnel avec moi) qui me disait que c'est une intervention à éviter avec des personnes qui ont un autisme. Il y a tellement d'autres façons d'avancer (Attwood a fait de superbes vidéos que l'on peut trouver facilement sur youtube pour qui comprend l'anglais, Mottron également donne de très bonnes clés pour aider à avancer, Brigitte Harrisson aussi...)

J'ajouterais aussi ceci :
isra a écrit:
Le point positif, c'est qu'au moins (j'ai l'impression) de manière générale les aspies n'ont pas cette tendance.
C'est aussi ce que j'ai remarqué. Et ce, même chez les aspies qui ont un côté plus "brute", plus rugueux (les interventions de ces personnes ne m'inquiètent pas). Les personnes que j'ai croisées sur ma route qui prônaient cette méthode à tout va, étaient loin d'être d'avoir un fonctionnement aspie ou s'y rapprochant. C'était plutôt de l'ordre d'autres problématiques de personnalités (de type narcissique... et parfois plus...)
Je trouve ces réflexions sur les raisons pour lesquelles un aspie se sent bien ou mal dans un environnement donné extrêmement intéressantes. D'autant que pour un aspie, l'environnement, contrairement aux NT, est plus souvent une source de mal être que de bien être (la "norme" aspie étant de rechercher plutôt la solitude que la compagnie, non pas par désintérêt de la compagnie -la preuve, le sujet de ce post - mais plutôt à cause des souffrances que procure la confrontation entre un aspie et un NT).

Idée, je comprends bien ta difficulté à accepter des "recommandations" de pratiquer le "renforcement positif". Cela s'apparente pour moi à la psychologie positive du style "yes I can", "smile" etc..., qui veut te convaincre que la volonté est mère de tous les succès. Pourquoi devrait-on se mettre volontairement dans des situations qu'on sait parfaitement ne pas supporter ? On a déjà mis assez de temps à les identifier, à comprendre ce qu'on ne supporte pas, alors le plus satisfaisant serait (autant que possible, mais c'est un autre sujet :) de les éviter.

Il y a un autre aspect dans ta réflexion qui m'interpelle, c'est la question du virtuel/réel. J'ai l'impression (mais je peux avoir mal interprété tes propos, je te demande de me pardonner si c'est le cas) que tu saurais te satisfaire d'un petit groupe dans lequel tu te sentes bien au sein de cette communauté virtuelle, sans nécessairement éprouver le besoin d'échanges IRL. Et je citerai Laurent:
laurent a écrit :Pour moi aussi, ce lieu est assez exceptionnel : pour la première fois de ma vie, je peux enfin dire ce que j'ai en tête, sans recevoir en échange des froncements de sourcils (bon, sur un forum, difficile de voir cela, mais je me comprend^^), sans s'attirer des remarques désobligeantes, des sarcasmes et une bêtise parfois très crasse.
Il y a parfois des résiliences qui prennent un peu de temps à se mettre en place, mais ce n'est que le coté humain qui s'exprime là, avec les caractères et personnalités différentes.
C'est également vrai que ces "lieux parenthèses", sont des aires de repos pour psychisme soumis à rude épreuve et tout autant nécessaires que l'air que l'on respire : tout cela est virtuel, certes, mais possède aussi un aspect assez réel, dans les symbioses spirituelles qui se forment sur les sujets.
A défaut d’une rencontre en chair et en os, il y a celle des esprits qui se reconnaissent comme appartenant à une sorte de fraternité et cela est quelque chose d'inestimable, de précieux.
Pour moi, cela ne fonctionne pas du tout comme cela, parfois c'est même effet inverse. Si, comme je le fais à certains moments (sur une très courte période, car cela me demande beaucoup de temps et d'énergie), j'interviens de façon assez fréquente sur le forum, j'ai presque envie de pleurer quand je fais le constat que mes journées se sont limitées à des échanges de mots, avec toute la distance que les mots mettent entre les gens, car les mots ne "présentent pas", ils "représentent". J'ai l'impression d'être réduite à un cerveau. Comme tu dis, Laurent, il s'agit bien d'une symbiose spirituelle, intellectuellement réelle, je parle à des esprits en lesquels je me reconnais, mais cela ne me donne pas une identité, cela ne me donne pas une reconnaissance sociale de mon existence, celle que seul un être en chair et en os peut donner.

Ce qui se passe chez moi, c'est que dès que je perçois un minimum de symbiose spirituelle, familiarité de pensée, de vécu, chez quelqu'un avec qui j'échange virtuellement, j'ai envie d'envisager la possibilité d'une vraie rencontre.

Je bute sur une espèce de paradoxe qui est le suivant: habituellement, on rencontre des tas de gens avec lesquels il ne se passe rien (au sens quasiment physique du terme, pas de "courant", pas de mots signifiants, pas d'émotions), et quand il se passe quelque chose on ne rencontre pas les gens.
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freeshost
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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#21 Message par freeshost » samedi 21 juin 2014 à 17:56

Pour moi, les contextes "aspie friendly", qui me conviennent mais qui ne conviennent pas forcément aux autres personnes Asperger, sont :

Sans communication face à face épuisante :

- être seul et pouvoir m'adonner à tout ce qui me passionne, librement, sans contrainte productiviste, (chez moi, car j'ai tous mes outils chez moi)
- les salles d'études : même s'il y a du monde, le silence (pas l'omerta :mrgreen: ) règne, on peut y lire et souvent avoir un accès à l'internet, pas besoin de parler pour ne rien dire,
- seul à une table d'un bar quand il n'y a pas trop de monde : l'ordinateur portable sur la table, le mot de passe pour la connextion demandé au personnel, et hop : lecture de fichiers pdf et discussions sur les forums !
- toute herbe pas trop humide avec un soleil à 30-45 degrés (angle mathématique, pas température !) et hop, posé sur le dos (éventuellement sur un linge pour ne pas salir les vêtements), me reposant, seul ou bien accompagné :mrgreen: ,
- être dans le train à m'occuper (lire des pdf ou des livres matériels), peu importe s'il y a des passagers avec moi ou non, [parfois, j'écoute le suisse-allemand pour continuer de l'apprendre],
- au lit à paressser,
- les forums de discussion sur l'internet (mais ça fait partie des contextes avec des personnes avec sources de motivation communes : forum Asperger ; forum de mathématique ; forum de violon ; forum de science ; forum de transports publics suisses ; forum Trisquel ; etc.),
- ...

Avec communication face à face peu épuisante :

- être avec des personnes en pratiquant une activité qui nous passionne (exemple : jouer aux échecs avec des personnes qui aiment jouer aux échecs ; déguster des bières avec des personnes qui aiment déguster des bières, discuter avec des personnes d'une chose qui nous semble communément importante [dans mon cas : écologie, éthique, libertés, libre partage, tolérance, diversité des comportements] ; mes autres intérêts sont la mathématique, les langues, la musique, l'informatique libre),
- manger avec des copains et/ou copines au restaurant en regardant un match de football (avec patriotisme pour la Suisse) ou de hockey (avec patriotisme pour la Suisse ou régionalisme pour Fribourg), même si je ne fais ni football ni hockey (simple sentiment d'appartenance),
- être avec des personnes en pratiquant une activité qui n'implique pas beaucoup de communication (course à pied),
- donner des cours d'appui en mathématique et langues à des petits groupes de personnes motivées à apprendre (sans discipline à gérer),
- les concerts avec de la musique que j'aime, même s'il y a du monde (à vrai dire, ça ferait bizarre si j'étais le seul dans une salle de concert :lol: ),
- en touriste solitaire car j'aime découvrir du nouveau, à l'instar de Joseph Schovanec :mrgreen: , (pour diverses raisons, je préfère les transports publics, mais l'avion a le démérite d'être moins cher que l'avion et pourtant beaucoup plus polluant),
- ...

Je mets trois petits points car il est bien possible que des contextes ne me viennent pas en tête sur le moment.
Modifié en dernier par freeshost le samedi 21 juin 2014 à 19:51, modifié 2 fois.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#22 Message par laurent » samedi 21 juin 2014 à 18:58

@budakesi

Oui, je comprends et c'est frappant de constater cette contradiction, qui consiste à la fois à fuir le contact du monde et à regretter dans le même temps de ne pouvoir l'intégrer : à regretter de ne pouvoir avoir une identité (le mot est juste, en effet), au sein d'un groupe, à souvent devoir se contenter d'une apparence virtuelle pour communiquer.

Je comprend cette frustration. :( et cela me fait penser à ces chats harets, qui ont connu le confort et la douceur d'un foyer aimant, puis par quelque cruauté typiquement humaine, ou quelque aléa de la vie, se retrouve à la rue, dans un monde nouveau, sans plus aucun repère et même si l'instinct de survie reprend les commandes, il devient une sorte de paria en déséquilibre constant : il a perdu sa place sur l'échiquier et l'harmonie du monde se rompt à chaque fois que quelqu'un, humain ou animal se retrouve dans une situation similaire (c'est du moins mon point de vue).

En ce qui me concerne, je suis content d'avoir trouvé ce forum, certes, mais mitigé pour le reste : sans aucun jugement envers quiconque, je crois que mon parcours professionnel a détruit quelque chose en moi, car on ne ressort pas indemne d'une confrontation permanente, épuisante, usante, désenergisante, pendant des années et des années, avec une catégorie de population, de gens, pour la plupart, détraqués socialement, psychologiquement (c'est juste un constat) avec des pathologies tellement lourdes pour certains, que tu fini par ressentir cela comme une chape bien réelle, pesant sur tes épaules.
Il y avait des jours ou descendre dans la "fosse aux lions" n'était tout simplement pas possible, non autistes inclus et j'ai vu, en dehors de moi même, des collègues s’effondrer littéralement sur eux même, en eux même, comme une implosion, mais non contrôlée.

Tout cela ne sort pas des murs de l'institution, dont le discours, ou le non discours (ce qui revient au même), porte sur l'aspect, la surface, qui doit toujours donner une impression de solidité à toute épreuve : la fonction est "virile", l'autorité est en lice, force doit rester à la loi et tutti quanti...et le lisier concocté par une noirceur de l'âme, en ses bas fonds, passe sur toi, ton corps et ton esprit, laminés, désossés, sans que jamais tu ne puisses faire état des tourments endurés, de la suffocation qui se love en toi et refuse d'en sortir.
J'ai vu mes mains trembler, passant il y a peu, devant l'ancienne maison d’arrêt, dans laquelle j'ai exercé durant deux ans et demi : des suées soudaines, une envie de vomir et j’accélère le pas, pour fuir ce passé qui revient en souvenirs déguisés en lames de couteaux : je ne cherche pas à me faire plaindre, j'explique l'inexplicable et je me demande si un jour, quelqu'un dira le stress identique à celui vécu par les soldats confrontés au feu, par lequel nous sommes passés et dont certains n'en sont jamais revenu.
Il y a, en effet, après les professions liées à la santé et plus particulièrement ceux avec la racine "psy", un très fort taux de suicides dans les poubelles de la société, qui restent closes sur le sujet, car cela ferait désordre de mettre les chiffres sur la table.
Et puis combien de temps passons nous, chaque jour, le nez dans nos poubelles, à vérifier si tout va bien ?

Pardon pour cette digression, qui me permet de démontrer pourquoi j'ai du mal, en plus de mon état de "non diagnostiqué", à renouer, autrement que virtuellement, du moins pour le moment, avec les personnes, fussent elles très sympathiques : et puis je me dis que je fais parti du convoi des "vieux", ceux qui sont en constant décalage avec la jeunesse d'autres intervenants (je parle pour moi, bien sur) et je me renferme un peu plus intérieurement.
Désolé, j'ai les idées noires en ce moment.

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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#23 Message par budakesi » samedi 21 juin 2014 à 19:45

Laurent, quand je lis la puissance et la justesse de la façon dont tu parviens à donner à voir ce que tu ressens, je ne suis pas aussi pessimiste (encore faudrait-il définir ce mot, j'aime bien la définition de W.Churchill "voir des difficultés dans les opportunités") que toi sur ta capacité à (re ?)nouer avec des personnes. Tu n'as pas à demander pardon pour ta digression, en tous cas pas à moi, tu sais que je suis très sensible aux émergences, qui restent une source d'émerveillement pour moi. J'espère simplement que le fait d'avoir exprimé certaines souffrances liées à ton vécu ne t'aura pas seulement obligé à les revivre, mais aussi, ne serait-ce qu'un peu, t'aura permis de les mettre à distance (c'est dans ce genre de situation que je vois l'effet positif de la distance qu'imposent les mots :) . Quant à l'âge, c'est un faux débat :) .
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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#24 Message par laurent » samedi 21 juin 2014 à 19:59

Merci Budakesi.
Je connaissais plutôt la définition de l'optimiste : quelqu'un de mal informé... :)
Il y a une exorcisation en cours, en quelque sorte, mais l'accumulation a provoqué des bouchons, qu'il faut faire sauter les uns après les autres.
On revit toujours un peu cela en l'invoquant : appeler les ténèbres ne donne pas accès à un "il n'y a pas d'abonné au numéro que vous avez demandé", mais cela permet de mettre une distance, en effet.
Il faut juste renaitre à soi même, après chaque étape franchie.
Tu vois, j'en suis à blaguer, donc le cap de bonne espérance est franchi et j'aperçois ma terra pas trop incognita.
Quant à l'âge, c'est un faux débat :) .
Si tu le dis. :)

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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#25 Message par freeshost » samedi 21 juin 2014 à 20:02

laurent a écrit :Il y a une exorcisation en cours, en quelque sorte, mais l'accumulation a provoqué des bouchons, qu'il faut faire sauter les uns après les autres.
A chaque libération, à chaque bouffée d'air méritée, récompense-toi avec le champagne. :mrgreen:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#26 Message par Tugdual » samedi 21 juin 2014 à 20:56

budakesi a écrit :Ce qui se passe chez moi, c'est que dès que je perçois un minimum de symbiose spirituelle, familiarité de pensée, de vécu, chez quelqu'un avec qui j'échange virtuellement, j'ai envie d'envisager la possibilité d'une vraie rencontre.

Je bute sur une espèce de paradoxe qui est le suivant: habituellement, on rencontre des tas de gens avec lesquels il ne se passe rien (au sens quasiment physique du terme, pas de "courant", pas de mots signifiants, pas d'émotions), et quand il se passe quelque chose on ne rencontre pas les gens.
Ce paradoxe revient souvent dans les témoignages.
L'envie de relations sociales est bien présente, mais
sa mise en pratique est on ne peut plus laborieuse.

Il existe tout de même ça et là des rencontres
d'organisées, le plus souvent par des associations,
ce qui permet d'au moins prendre contact. Ensuite,
il est plus agréable d'être au calme, en petit comité ...

Et puis rien n'empêche de s'organiser une rencontre
entre personnes localement proches, comme l'ont
fait dernièrement nos trois petits suisses du forum ... :wink:
budakesi a écrit :Laurent, quand je lis la puissance et la justesse de la façon dont tu parviens à donner à voir ce que tu ressens, je ne suis pas aussi pessimiste (encore faudrait-il définir ce mot, j'aime bien la définition de W.Churchill "voir des difficultés dans les opportunités") que toi sur ta capacité à (re ?)nouer avec des personnes.
Je plussoie, j'apprécie beaucoup tes interventions ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).

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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#27 Message par freeshost » samedi 21 juin 2014 à 21:18

Tugdual a écrit :Il existe tout de même ça et là des rencontres
d'organisées, le plus souvent par des associations,
ce qui permet d'au moins prendre contact. Ensuite,
il est plus agréable d'être au calme, en petit comité ...

Et puis rien n'empêche de s'organiser une rencontre
entre personnes localement proches, comme l'ont
fait dernièrement nos trois petits suisses du forum ... :wink:
Les Trois Suisses* pourraient faire une virée à Lyon la semaine prochaine.

Au fait, puisque les Asperger sont moins à l'aise avec les grands groupes. Est-ce que des rencontres de nombreux Asperger pourraient poser problème ?

* Nom d'une entreprise française, mais aussi de différents restaurants en Suisse (tout comme "La Croix Blanche").
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#28 Message par isra » dimanche 22 juin 2014 à 11:05

Tugdual a écrit :Et puis rien n'empêche de s'organiser une rencontre entre personnes localement proches,
comme l'ont fait dernièrement nos trois petits suisses du forum ... :wink:
freeshost a écrit :Les Trois Suisses* pourraient faire une virée à Lyon la semaine prochaine.
Oui, j'ai beaucoup apprécié cette rencontre, même si les trois nous sommes très différents,
il y avait ce côté reposant de me dire qu'il n'est pas nécessaire de masquer
mes p'tits côtés que je dois étouffer dans d'autres contextes sociaux,
du coup je me sentais super à l'aise et sociable alors qu'il n'en est pas de même
dans d'autres situations où je me retrouve avec des personnes que je ne connais pas.

Je pense que ce genre de rencontres te feraient du bien Idée,
il faudrait que tu puisses rencontrer d'autres aspies de temps à autres...
Au fait, puisque les Asperger sont moins à l'aise avec les grands groupes. Est-ce que des rencontres de nombreux Asperger pourraient poser problème ?
On testera ça le week-end prochain, à voir si le phénomène se produit aussi dans un groupe d'aspies, à mon avis non et s'il a aussi lieu il est atténué...
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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#29 Message par freeshost » dimanche 22 juin 2014 à 11:23

On essaie déjà avec vingt personnes Asperger dans un lieu commun ? Si ça va, on augment le record. :mrgreen:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: Lieux de discussion "aspie friendly"

#30 Message par budakesi » dimanche 22 juin 2014 à 13:34

@Tugdual
Tugdual a écrit :Ce paradoxe revient souvent dans les témoignages.
L'envie de relations sociales est bien présente, mais
sa mise en pratique est on ne peut plus laborieuse.
Le paradoxe que je tentais d'exprimer est un peu différent:
budakesi a écrit :Je bute sur une espèce de paradoxe qui est le suivant: habituellement, on rencontre des tas de gens avec lesquels il ne se passe rien (au sens quasiment physique du terme, pas de "courant", pas de mots signifiants, pas d'émotions), et quand il se passe quelque chose on ne rencontre pas les gens.
Ce paradoxe n'est pas tant d'avoir envie de "relations sociales" au sens large et de ne pas concrétiser cette envie (personnellement, je n'ai pas vraiment cette envie au sens large), mais de "rencontrer" virtuellement des personnes avec lesquelles on sent une vraie symbiose intellectuelle et émotionnelle et de ne pas les rencontrer IRL.

J'ai toujours beaucoup de mal dans les groupes quel qu'ils soient car "je ne sais pas quoi dire".

Je ne sais pas si tu connais Eric Berne (le père de l'analyse transactionnelle) qui a écrit notamment un livre intitulé: "Que dites-vous après avoir dit bonjour ?". Il explique entre autres choses les différentes formes possibles de comportement social, de la moins impliquante à la plus impliquante, qui correspondent à autant de façons de structurer le temps pour éviter l'ennui, en obtenant le plus de satisfactions possibles dans toutes les situations (la structuration du temps étant à mon avis le problème essentiel de l'être humain). Très brièvement, la première forme est le retrait, la dernière l'intimité (définie comme une relation sincère, exempte de jeux, exempte de toute exploitation, où chacun donne et reçoit sans arrière pensée - mais elle peut aussi être unilatérale -). Entre les deux, on trouve les rituels (programmés par la tradition et l'usage social), les activités (le travail), les passe-temps (cocktails), et les jeux (psychologiques). Quand j'ai lu ce livre, j'ignorais tout de l'autisme, je me suis reconnue à l'aise dans seulement deux comportements: le retrait et l'intimité, sachant que je pratique beaucoup le retrait et n'ai quasiment jamais expérimenté l'intimité à laquelle j'aspire.

Toute cette digression pour dire que comme je ne sais pas naviguer en passant par ces "étapes" (et surtout cela m'ennuie), quand je commence à parler, je mets tout de suite du contenu, je passe quasiment du retrait à l'intimité (au sens de Eric Berne) et c'est rarement réciproque et bienvenu :) .

Donc le fait d'avoir eu l'occasion de connaître et apprécier des personnes virtuellement avant de les rencontrer IRL devrait m'aider à "savoir quoi dire".

En revanche, je ne suis pas sûre d'être davantage à l'aise IRL avec un groupe d'aspies que je ne connais pas qu'avec d'un groupe de non aspies.

@Laurent
laurent a écrit :Je connaissais plutôt la définition de l'optimiste : quelqu'un de mal informé...
Je peux continuer avec W. Churchill: "l'optimisme, c'est voir des opportunités dans les difficultés" :)
laurent a écrit :Il y a une exorcisation en cours, en quelque sorte, mais l'accumulation a provoqué des bouchons, qu'il faut faire sauter les uns après les autres.
On revit toujours un peu cela en l'invoquant : appeler les ténèbres ne donne pas accès à un "il n'y a pas d'abonné au numéro que vous avez demandé", mais cela permet de mettre une distance, en effet.
Il faut juste renaitre à soi même, après chaque étape franchie.
Tu vois, j'en suis à blaguer, donc le cap de bonne espérance est franchi et j'aperçois ma terra pas trop incognita.
Je rejoins Freeshost pour le champagne :wink:

Tout cela veut dire que tu es en mouvement, donc vivant, je m'en réjouis.
"I am, plus my circumstances." José Ortega y Gasset
HPI, diagnostiquée Asperger en janvier 2016

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