Crises, meltdown/shutdown...

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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TheTrucker
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#151 Message par TheTrucker » lundi 13 mai 2019 à 15:23

Siobhan a écrit : vendredi 10 mai 2019 à 13:47 Vider le cache, ça peut être une solution, mais parfois si dans une situation de vie le cache se rempli trop rapidement trop souvent ça n'est pas un super bon signe non plus...

Rester ou partir... La grande question vis-à-vis de ma formation en ce moment.

J'ai des projets pour la suite, mais il faut que je continue à expliquer la situation à mes proches, qui pour l'instant ne comprennent pas je crois (et le conflit que ça génère est un petit peu hardcore).
Oui comme je disais ça aide au quotidien. Mais en cas d'invasion majeure c'est compliqué... quand je suis "trop loin" je n'arrive même pas a juste essayer de me relaxer. Je suis en "état d'alerte" constant et incapable de débranché ça... (surtout si c'est en rapport avec des conflits impliquant mes proches)

Je suis dans cette situation depuis cet été. Formation réussie difficilement mais avec succès, je me suis rétamée après 2 mois et demi de boulot...
Je ne sais pas ce que je dois faire. Je ne sais même pas pourquoi j'ai tout gâché (Je me suis "enfouie" en pleine nuit et j'ai envoyé ma démission... :roll: ).
Je pense réessayer une deuxième fois ailleurs dans de meilleurs conditions de travail pour être certaine car mon psy dit que je ne vois pas que j'étais maltraitée là-bas et que ça a eu une grosse part dans mon échec, ma famille aussi me le dit et ne comprend pas que je suis "bloquée" en ce moment. (Mon employeur de l'été dernier est au tribunal pour traite des êtres humains...)

Si c'est de nouveau la cata ce sera retour à la case départ "quoi faire de ma vie"... et "que faire de mes limites" ... J'ai du mal avec les limites que je me découvre, en fait c'est le pire pour moi dans cette histoire d'autisme vu que je cherchais à les dépasser au départ en allant de psy en psy... Mais comme je n'ai aucune confirmation pour l'instant j'ai peur de baisser les bras alors que je ne le suis pas...
J'ai l'impression que mon cerveau est une toupie depuis plus d'un an...
Détectée HP en décembre 2017 suite au passage du test WAIS IV.
Pré-diagnostic par le psychologue du CRA de ma région en avril 2018 pour un trouble du spectre autistique.
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#152 Message par Dumbo » lundi 13 mai 2019 à 21:04

TheTrucker a écrit : lundi 13 mai 2019 à 15:23
Oui comme je disais ça aide au quotidien. Mais en cas d'invasion majeure c'est compliqué... quand je suis "trop loin" je n'arrive même pas a juste essayer de me relaxer. Je suis en "état d'alerte" constant et incapable de débranché ça... (surtout si c'est en rapport avec des conflits impliquant mes proches)

Si c'est de nouveau la cata ce sera retour à la case départ "quoi faire de ma vie"... et "que faire de mes limites" ... J'ai du mal avec les limites que je me découvre, en fait c'est le pire pour moi dans cette histoire d'autisme vu que je cherchais à les dépasser au départ en allant de psy en psy... Mais comme je n'ai aucune confirmation pour l'instant j'ai peur de baisser les bras alors que je ne le suis pas...
J'ai l'impression que mon cerveau est une toupie depuis plus d'un an...
Moi aussi je suis toujours en alerte constante, donc impossible de se calmer et de se détendre :?

Concernant les questions "quoi faire de ma vie" et "que faire de mes limites", cela s'applique maintenant à mon cas.
Pour ma part, je pense qu'il ne faut pas baisser les bras face aux limites (diagnostiqué autiste ou non) car si on le fait, on sera encore moins accepté tel que l'on est. Maintenant, faire face à ses limites ne doit pas te faire souffrir, sinon cela ne servira pas à grand chose.
Je pense que ne pas baisser les bras face aux limites (les dépasser) est différent pour chaque individu (c'est sujet à un débat cela :wink: ).
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#153 Message par Number7 » mardi 14 mai 2019 à 7:50

Ah, les meltdown/shutdown, c'est si difficile à faire comprendre aux gens :? ... Je dirais que je suis plus prône aux shutdowns, en particulier parce que j'ai tendance à ignorer mes limites pour pouvoir travailler/participer aux activités familiales/profiter de la présence de mes amis que je vois rarement etc. etc.

Pas vraiment de miracle pour que ça passe, en général, je lance un truc qui a rapport avec mes intérêts restreints (aka tout ce qui est films, séries, let's play, vidéos youtube etc.) jusqu'à ce que j'arrive à trouver le sommeil. Dormir est vraiment le truc qui m'aide le mieux, mais ce n'est pas toujours possible de faire la sieste. Du coup, j'essaie généralement de penser à mes intérêts restreints, ça m'aide à me focaliser sur quelque chose et à songer un peu moins à ce que mon corps peut traverser.

Ce n'est pas une solution miracle malheureusement. Quand le shutdown ou le meltdown commencent à monter, j'ai l'impression d'avoir une "vision tunnel", que mes pensées se mêlent et se démêlent et que je suis à la fois hyper sensible à mon corps (aka si quelqu'un m'effleure, c'est l'enfer) et hypo sensible (il m'est arrivé de me blesser, volontairement ou par accident, et de ne rien ressentir). Ca devient de plus en plus difficile de m'exprimer oralement, je mâche mes mots et je bégaie de façon de plus en plus marquée.

J'ai tendance à "préférer" (préférer est un grand mot, disons que c'est le moins pire des maux à mes yeux) un meltdown, parce que j'ai souvent cette impression qu'une fois que la violence s'est exprimée, je peux enfin être soulagée. Epuisée, mais soulagée. En général, j'essaie de me réfugier dans ma voiture pour pouvoir crier un bon coup dès le début de la crise (deux à trois fois si la crise est plus avancée) et ça aide à évacuer.

Le shutdown, c'est cette sensation d'explosion sur le point de se produire mais qui n'arrive jamais. C'est là, ça monte, ça monte, mais ça ne mène à rien. C'est épuisant.

J'ai des crises de panique aussi, mais j'ai assez vite appris à faire la différence. Ma respiration s'emballe lors de mes crises de panique, mais ce n'est jamais le cas lors de mes meltdown ou shutdown. J'ai aussi appris à les maîtriser beaucoup plus vite une fois qu'elles commencent à monter (la dernière a duré cinq minutes top chrono, mais a été aussi épuisante qu'un marathon), alors que je suis incapable de mettre fin à un shutdown ou un meltdown de cette façon.

J'ai appris à évoluer au quotidien dans un état de shutdown, à masquer les symptomes autant que je peux etc. Ce n'est toutefois pas une chose que je recommande parce que ça peut facilement mener au burnout autistique et ça, ce n'est pas une question d'heures pour que ça passe.

Mon dernier burnout a duré cinq jours, dont deux où j'ai été entièrement non-verbale. C'était l'horreur.
Diagnostiquée Autiste et Syndrome d'Asperger en 2018
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Pilea
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#154 Message par Pilea » mardi 14 mai 2019 à 10:06

Bonjour,

Ma question va peut-être paraître un peu naïve, mais est-ce que cela peut durer en mois? Ou tout du moins peut-être rester en latence pendant des semaines ?
Croisé le chemin d’un asperger diagnostiqué.
Neveu TSA

Diana
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#155 Message par Diana » mardi 14 mai 2019 à 19:29

TheTrucker a écrit : jeudi 9 mai 2019 à 22:45 J'ai été assistante sociale pendant 15 ans :)
J'ai fait un burn out sévère il y a 6 ans et j'ai été "déclassée" par le médecin du travail. Au bout de 3 ans ils m'ont dit que je pouvais retravailler à condition que ce ne soit pas un métier nécessitant beaucoup de contacts sociaux.
(Et voilà le lien avec chauffeur poids lourd, en terme de contact sociaux t'es tranquille :lol: )

C'est un métier formidable le social. Mais très dur. Je voulais "changer le monde" "aider les gens" ... grosse désillusion...
Mais c'est une expérience que je ne regrette pas franchement même si c'était très dur.
La seule chose que je te conseillerais est de continuer, de tenter, mais de t'orienter dans des secteurs qui ne sont pas liés à l'Etat et aux aides financières. Plutôt des petites structures d'aides ciblées dans certains domaines qui te permettrait d'avoir aussi un côté plus humain dans ce travail avec une réelle impression d'avoir un impact au quotidien.
Rien que pour les études je ne le regrette pas, en effet le programme est bien!
(à part que, à l'époque, tout ce que j'ai appris de la psychologie était freudien... et j'y ai beaucoup cru... bref...)

Peu importe ton diagnostic. Essaies de ne pas te mettre de limite. Tentes ta chance. Si ça ne va pas, tu auras le temps de te réorienter par la suite, après tout ça. Un boulot dans le social apporte de l'expérience dans le domaine administratif et c'est toujours quelque chose que tu peux faire valoir par la suite. Il est aussi plus facile avec ce secteur de s'expliquer par la suite en invoquant la difficulté du milieu (personne ne trouveras que tu as tord au contraire :lol: )
Je suis dans le travail social depuis une vingtaine d'années et je suis d'accord, les études m'ont déjà appris à communiquer (avant j'etais assez mutique, et j'avais été congédié d'un stage car je n'arrivais pas à regarder les gens dans les yeux ni à parler). Le jour où j'ai appris "l'écoute active" je me suis dit euréka, j'ai appris une technique de communication.
Le travail en lui même est dur mais j'ai réussi à trouver un poste qui me convient : équipe petite, assez autonome, un bureau tranquille, je vais à mon travail à pied et suis à temps partiel.

Mais quelquefois quand je fais des heures d'entretien avec un public qui va mal et peut être agressif, je sature et peux me retrouver après une demie journée au bord des larmes...
Difficile de se préserver et de ne pas s'épuiser...
Le soir il m'arrive souvent de me coucher un peu en rentrant et suis incapable de toute vie sociale ou activité les jours où je travaille.

Pour prévenir les shutdowns, je dors beaucoup (environ 10h/nuit), je fais du yoga une fois par semaine et la sophrologie m'allait bien.
Sur le moment, des exercices de respiration car j'ai tendance à me crisper et à faire de l'apnée quand je suis stressée ou angoissée. Et des anxyolitiques si besoin mais je ne veux pas m'y habituer.

En peu de temps, j'ai pu échanger avec deux personnes asperger et travaillant dans le social (assistante sociale et aide médico psychologique) comme quoi, même si c'est pas facile, c'est possible d'avoir un métier très relationnel mais avec des aménagements.
La psychologie a toujours été un de mes intérèts mais j'avais besoin d'un support concret comme les démarches administratives.
Diagnostiquée TSA le 19 avril 2019 à l'âge de 46 ans.

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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#156 Message par Dumbo » mardi 14 mai 2019 à 20:44

Diana a écrit : mardi 14 mai 2019 à 19:29 Je suis dans le travail social depuis une vingtaine d'années et je suis d'accord, les études m'ont déjà appris à communiquer (avant j'etais assez mutique, et j'avais été congédié d'un stage car je n'arrivais pas à regarder les gens dans les yeux ni à parler). Le jour où j'ai appris "l'écoute active" je me suis dit euréka, j'ai appris une technique de communication.
Le travail en lui même est dur mais j'ai réussi à trouver un poste qui me convient : équipe petite, assez autonome, un bureau tranquille, je vais à mon travail à pied et suis à temps partiel.

Mais quelquefois quand je fais des heures d'entretien avec un public qui va mal et peut être agressif, je sature et peux me retrouver après une demie journée au bord des larmes...
Difficile de se préserver et de ne pas s'épuiser...
Le soir il m'arrive souvent de me coucher un peu en rentrant et suis incapable de toute vie sociale ou activité les jours où je travaille.

Pour prévenir les shutdowns, je dors beaucoup (environ 10h/nuit), je fais du yoga une fois par semaine et la sophrologie m'allait bien.
Sur le moment, des exercices de respiration car j'ai tendance à me crisper et à faire de l'apnée quand je suis stressée ou angoissée. Et des anxyolitiques si besoin mais je ne veux pas m'y habituer.

En peu de temps, j'ai pu échanger avec deux personnes asperger et travaillant dans le social (assistante sociale et aide médico psychologique) comme quoi, même si c'est pas facile, c'est possible d'avoir un métier très relationnel mais avec des aménagements.
La psychologie a toujours été un de mes intérèts mais j'avais besoin d'un support concret comme les démarches administratives.
Je vais finir mon stage dans le social. On m'a reprochée de ne pas m'être assez bien intégrée à l'équipe car je ne sais pas communiquer avec celle-ci. J'essaie mais je ne sais pas comment faire :innocent: J'ai notamment fait 2 crises pendant mes heures de travail, ce qui n'a pas aidé...
Les études dans le social m'ont quand même appris à communiquer avec les bénéficiaires, ce qui m'a permis de réussir mon stage :P
Moi aussi je suis fascinée par la psychologie! Mes parents m'ont offert un livre reprenant une synthèse des cours en premier cycle d'étude. Je l'adore :love:
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#157 Message par hazufel » mercredi 15 mai 2019 à 7:19

Attention au sens autistique de shutdown, la notion est liée à la perception sensorielle saturée. On arrive à une coupure du système pour éviter le court circuit en quelque sorte. Ça ne peut pas durer plus d’un moment, sinon il s’agit d’autre chose (dépression, mutisme « simple », etc) :
shutdown - perceptions sensorielles
(extrait : La sensation de surcharge sensorielle est très désagréable et même douloureuse pour les personnes autistes et si la cause n’est pas stoppée, il y a un risque d’arrêt brutal du fonctionnement du système sensoriel. Le fonctionnement d’un ou plusieurs sens est mis en arrêt, c’est pourquoi parfois certaines personnes autistes semblent sourde ou muette, alors qu’en réalité elles perdent temporairement la capacité à faire fonctionner ce sens qui a été trop sollicité. C’est une adaptation involontaire du cerveau qui essaye de réguler une surcharge d’information en coupant certains systèmes sensorielles pour essayer d’obtenir de l’information correcte de la part des autres systèmes.)
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#158 Message par Diana » mercredi 15 mai 2019 à 17:58

Dumbo a écrit : mardi 14 mai 2019 à 20:44
Je vais finir mon stage dans le social. On m'a reprochée de ne pas m'être assez bien intégrée à l'équipe car je ne sais pas communiquer avec celle-ci. J'essaie mais je ne sais pas comment faire :innocent: J'ai notamment fait 2 crises pendant mes heures de travail, ce qui n'a pas aidé...
Les études dans le social m'ont quand même appris à communiquer avec les bénéficiaires, ce qui m'a permis de réussir mon stage :P
Moi aussi je suis fascinée par la psychologie! Mes parents m'ont offert un livre reprenant une synthèse des cours en premier cycle d'étude. Je l'adore :love:
Bravo déjà pour être arrivée au bout du stage. Pour l'integration à l'équipe, j'ai beaucoup appris par mimétisme avec mes monitrices de stages puis collègues.
Mais je parle du necessaire des communications pour le travail, pour le reste je socialise peu, mange seule dans mon bureau et n'échange qu'avec mes collègues sur un sujet personnel que quand elles me parlent de cinéma, un de mes intérèts... sinon ça me gonfle !
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#159 Message par TheTrucker » jeudi 16 mai 2019 à 0:21

Dumbo a écrit : lundi 13 mai 2019 à 21:04 Maintenant, faire face à ses limites ne doit pas te faire souffrir, sinon cela ne servira pas à grand chose.
Je pense que ne pas baisser les bras face aux limites (les dépasser) est différent pour chaque individu (c'est sujet à un débat cela :wink: ).
Merci Dumbo :)
Ma limite que j'essaye de dépasser depuis toujours c'est la peur... et plus je lis, plus je me dis qu'il va quand même falloir revoir mes "envies" à la baisse. Je suis championne pour continuer à foncer dans le même mur depuis 40 ans on va dire :oops:
Mais je ne descendrais pas ma limite trop bas, je vais encore manger quelques murs avant :lol:
Number7 a écrit : mardi 14 mai 2019 à 7:50 J'ai tendance à "préférer" (préférer est un grand mot, disons que c'est le moins pire des maux à mes yeux) un meltdown, parce que j'ai souvent cette impression qu'une fois que la violence s'est exprimée, je peux enfin être soulagée. Epuisée, mais soulagée.

C'est vrai que cela soulage pour le coup...
Et j'ai l'impression que ce que tu appelles shutdown c'est plutôt tout ce qui arrive avant le meltdown, j'ai tendance à dire que c'est comme si j'avais des tas de trucs en "background" dans la tête et à un moment, toujours inopportun :roll: ça sort...

De ce que j'avais compris dans mes lectures au début, le meltdown c'est ce que j'appelle mes "crises", qui sont très violentes en général même si ces derniers temps j'apprend à gérer un peu mieux mais bon... Y'a pas de miracle. La je ne comprend plus rien à ce qu'il se passe, un peu comme toi, tout est amplifié et j'ai l'impression de ne plus avoir accès à ma cognition ou à la parole. Les murs sont bizarres, les gens sont bizarres, j'ai l'impression de passer en mode survie. C'est assez impressionnant à voir il paraît...

A l'inverse, le shutdown, si j'ai bien compris, ce sont les moments où j'ai l'impression que mon cerveau est "en pause". Ca peut être assez court, quelques secondes, quelques minutes, parfois ça dure une demi heure si c'est assez fort et que je suis sous le coup d'émotions fortes.
Je bloque. Je fixe un truc dans le vague, sans m'en rendre compte, et je ne pense à rien. J'ai du mal à comprendre si on me parle juste après et en général je suis pas mal saturée d'infos.
Parfois c'est très court et j'ai plus l'impression d'être "bloquée" sur une image. Si il y a beaucoup d'agitation par exemple, je vais juste "voir" mais je n'arrive plus à réfléchir à ce que je vois. Je n'aime pas ça car c'est très perturbant mais ça passe assez vite en général.
Souvent quand je suis trop saturée, je "bug" comme ça plusieurs fois par jour, en général je suis en train de penser et je commence, sans m'en rendre compte, à fixer un point dans le vide et répéter le dernier mot auquel j'ai pensé en boucle dans ma tête. Quand je m'en rend compte c'est bizarre aussi... :D
Pilea a écrit : mardi 14 mai 2019 à 10:06 Bonjour,

Ma question va peut-être paraître un peu naïve, mais est-ce que cela peut durer en mois? Ou tout du moins peut-être rester en latence pendant des semaines ?

Je ne pense pas non, c'est très physique et peu contrôlable. C'est court dans le temps. Mais peut-être que d'autres auront d'autres avis.
Diana a écrit : mardi 14 mai 2019 à 19:29 Pour prévenir les shutdowns, je dors beaucoup (environ 10h/nuit), je fais du yoga une fois par semaine et la sophrologie m'allait bien.
Sur le moment, des exercices de respiration car j'ai tendance à me crisper et à faire de l'apnée quand je suis stressée ou angoissée. Et des anxyolitiques si besoin mais je ne veux pas m'y habituer.

Je crois que le social attire pas mal de gens "atypiques" en général :D
Merci pour ces conseils. Je pensais justement me mettre au yoga car j'ai vraiment des (gros) soucis à gérer mon corps on va dire... Et je fais aussi souvent de l'apnée :lol:
Détectée HP en décembre 2017 suite au passage du test WAIS IV.
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#160 Message par Pilea » jeudi 16 mai 2019 à 8:49

Merci Hazufel et The Trucker pour vos éclaircissements!


Et je te te rejoins The Trucker, oui, je pense aussi que le social attire les « profils atypiques ». Personnellement, je suis NT, mais je me sens tellement différente de mes pairs, je me sens en marge en fait, j’ai constamment l’impresinon d’être ailleurs, dans mes pensées et clairement sur une autre planète. Mes amis disent que je suis un petit animal sauvage ou que je suis mystérieuse. Je les comprends, mais je ne fonctionne juste pas comme eux. Je suis hypersensible avec tous le package cool et pas cool. Alors je crois un peu vous comprendre un tout petit peu dans l’amplification émotionnelle et sensorielle. Par contre, j’ai appris à m’en servir dans ma vie pro et avec le public j’arrive à ne pas être envahie. Mais dans ma vie privée j’arrive pas du tout à le contrôler...

Je suis éduc spé, depuis presque 4ans, et même pour moi, la formation a été compliquée à gérer, autant ce sont les stages qui m’ont aidé à m’epanouir, autant je n’arrivais pas en formation à avoir confiance en moi, c’était extrêmement douloureux de parler en groupe, parler devant 60personnes ou plus si c’était avec les autres promos. Parfois j’ai mis en place des stratégies d’evitement, pour ne pas faire ce que l’on me demandait... Prétexter une migraine... Un rdv... 🙄
Et puis l’ecriture de mon mémoire a été douloureuse, parce que forcément j’ai choisi de parler de la situation qui m’avait le plus mis à mal...
Pour le DE, j’ai pas été extrêmement performante aux oraux. Enfin... Tout ça pour dire que de base, ce n’est pas un boulot évident, et ça demande tellement d’énergie. Ma vie pro est assez chaotique... Stagiaire on est protégé des enjeux institutionnels... Pro ce n’est plus le cas... Et quand on commence très jeune, c’est extrêmement violent.

Alors, poser une démission, c’est quelque chose que j’ai expérimenté aussi, ça a remis en question mon diplôme, ma capacité à faire ce travail. Mais au final, je crois que c’est le meilleur des choix à faire, pour se préserver. Si cela s’est passé comme ça, ce n’est pas nécessairement de notre fait, mais parce que l’equipe, le management, le travail ne correspondaient pas à nos valeurs professionnelles. Je crois que c’est important de s’ecouter là-dessus pour éviter de nous flageller... Notre corps et notre tête ont dit stop pour nous et pas pour rien...
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#161 Message par rainbow » jeudi 16 mai 2019 à 10:10

Merci pour tous vos échanges très enrichissants. :D

En vous lisant je prends conscience de la différence entre :
:arrow: shutdown (quand j'ai dû passer une journée ou soirée entière sans pause avec des gens à me concentrer ce qu'ils disent... je me sens comme une zombie après, je suis épuisée, j'ai mal partout, et pourtant impossible de dormir)
:arrow: et ce que j'appellerais des « meltdowns intériorisés »... quand un proche me dit quelque chose qui me blesse ou me fait mal physiquement : je ne peux plus parler, mon cerveau a bugé... je suis sous le choc
(ce qui me fait penser à un meltdown c'est la scène du film « Adam » : quand il comprend que sa copine lui a menti, il part dans une rage incontrôlable... au début je me suis dit que je trouvais ça exagéré... avant de réaliser que ça m'arrive de vivre ça, mais intérieurement, donc personne peut voir la violence qui se déchaîne à l'intérieur de ma tête...)
Enfin diagnostiquée Syndrome d'Asperger à 36 ans ! et TDA(H) à 38 ans !

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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#162 Message par olivierfh » jeudi 16 mai 2019 à 11:13

rainbow a écrit : jeudi 16 mai 2019 à 10:10« meltdowns intériorisés »... quand un proche me dit quelque chose qui me blesse ou me fait mal physiquement : je ne peux plus parler, mon cerveau a bugé... je suis sous le choc
C'est ça le shutdown ("fermer boutique", repli sur soi) me semble-t-il, l'épuisement est autre chose.
TSA de type syndrome d'Asperger (03/2017) + HQI (11/2016).
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.

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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#163 Message par lulamae » jeudi 16 mai 2019 à 13:50

Je lis toutes ces réflexions avec intérêt, et je m'aperçois que je comprends et ai conscience de ça un peu mieux que l'an dernier à la même époque, où tout était très flou dans ma tête.
J'ai toutefois une question : est-ce qu'un meltdown peut survenir aussi à cause d'un trop-plein d'émotions non traitées, non identifiées, ou de sollicitations exagérées, au-delà des forces que j'ai, et cela entraînerait une incapacité en retour à supporter des stimuli sensoriels même normaux ?

En ce moment, j'ai l'impression que du fait de mes soucis, de la tristesse de voir ma fille cadette pleurer, en crises, je ne supporte plus rien, ni qu'on me parle, ni qu'on me touche, mais pire même : j'ai "mal à la peau", le fait même que quelqu'un soit assis à côté de moi, dans le même espace physique (quoique sans me toucher) m'insupporte, j'ai envie de taper les gens.
J'aime profondément mes filles, mais je voudrais être seule sur une île déserte, là, pour me réparer. :innocent:

Je ne sais pas quoi faire, j'ai peur de peiner quelqu'un dans mon entourage, mais aussi de continuer à faire des efforts et ensuite d'aller encore plus mal. J'ai du mal à me contenir (intérieurement surtout, en apparence je sais que je parais plutôt flegmatique), j'ai peur de finir par extérioriser toutes ces émotions n'importe comment, que ça parte complètement en live. :?

Le comble pourtant : je ne me sens pas vraiment déprimée, plutôt à cran, à couteaux tirés, mais par contre, quand je me repose un peu (que j'en ai un peu le loisir) j'ai des projets, j'ai envie de faire des choses, je ne suis pas si négative.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.

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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#164 Message par hazufel » jeudi 16 mai 2019 à 14:11

lulamae a écrit : jeudi 16 mai 2019 à 13:50 J'ai toutefois une question : est-ce qu'un meltdown peut survenir aussi à cause d'un trop-plein d'émotions non traitées, non identifiées, ou de sollicitations exagérées, au-delà des forces que j'ai, et cela entraînerait une incapacité en retour à supporter des stimuli sensoriels même normaux ?
Le meltdown est la crise violente en elle-même, qui survient après une surcharge sensorielle et/ou émotionnelle. Ne pas supporter les stimuli sensoriels est une chose, exploser en est une autre.

Un autre article qui décrit meltdown et shutdown : AFFA - Meltdown - Shutdown et comment essayer d'y pallier. Je l'avais déjà publié plus loin, mais je trouve qu'il explique assez bien.
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Re: Crises, meltdown/shutdown...

#165 Message par lulamae » jeudi 16 mai 2019 à 14:24

hazufel a écrit : Le meltdown est la crise violente en elle-même, qui survient après une surcharge sensorielle et/ou émotionnelle. Ne pas supporter les stimuli sensoriels est une chose, exploser en est une autre.
Je comprends. Je ne sais pas alors, j'essaie juste de retarder l'explosion, en me fermant, en évitant de parler. Je peux demander à mes filles de me laisser un moment pour m'allonger sans bruit, elles comprennent. Et aux vacances quand elles sont chez leur père, je ne prévois rien, je ne vais plus en famille, je reste me reposer dans le silence.
Les quelques fois où j'ai explosé, c'est trop violent, je fais peur aux gens après. Moi je trouve ça normal et justifié, mais de l'extérieur ça n'a pas l'air de ça, apparemment.
Je vais regarder le lien vers l'AFFA, ça m'aidera peut-être à contenir le truc. Merci. :)
Diagnostic d'autisme juillet 2019.

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