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Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 9:12
par hazufel
C’est plutôt un shutdown si l’issue est la coupure sensorielle et le repli. Le meltdown est dans l’action, souvent violente. Contre soi ou les autres.. Le noir est un jeu de caméra mais il y a des personnes qui peuvent avoir des pertes de perceptions très intenses lors de crises.

Je ne sais pas si tu l’as vue sous cette version : https://youtu.be/Lr4_dOorquQ

Pour un de mes fils, les magasins sont très difficiles à gérer. Il faut choisir le bon, quand et s’il y a un intérêt spécial. Même avec ça s’il y a plus de monde que prévu et qu’on est dans un centre depuis plus de 20 minutes, il se met parterre ou dans un coin. Dans ce cas, on le porte, il se cache contre nous, et on sort pour aller l’isoler tranquillement dans la voiture. Dans le même esprit des crises « molles » du fils de Bidouille.

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 9:56
par axurit66
Bonjour

J'ai un peu de mal à me reconnaitre dans cette vidéo. Même lorsque j'étais enfant. On dirait que c'est accéléré.

Chez moi, la survenue d'une crise est très progressive, et peut facilement être prévue à l'avance. Du coup, j'ai tendance à avoir une bonne capacité à prévenir plutôt que guérir.
Dans une situation donnée, je peux pratiquement prédire à quel moment précis je commencerais à partir en sucette. Comme une sorte d'aura.

Lorsque je pars en down, je suis l'exact opposé du violent ou du turbulent. Le repli sur soi va s'accentuer, encore, et encore, et encore ! Jusqu'à devenir un fantôme. Il va y avoir un mutisme quasi total, une très forte migraine, une insomnie, une perte d'appétit, un pouls rapide et impossible à calmer, une augmentation des tics moteurs, etc...
Ensuite, une sensibilité aux brouhaha, aux bruits stridents.
Une incapacité à réfléchir, donc à travailler.
En revanche, un besoin irrépressible d'être hyperactif physiquement.
Paradoxalement, dans ces moments là, je prends beaucoup de plaisir à écouter de la musique très forte avec un casque et fermer les yeux. Peut-être, est-ce un moyen d'encore mieux s'isoler du monde extérieur.

Voilà, ça c'était mon expérience personnelle, mais c'est très loin d'être une norme hein ! Tout le monde est différent. :bravo:

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 12:47
par misty
Saperli a écrit :Est-ce que ces périodes de crise (meltdown) ou de repli (shutdown) ressemblent à l'amplitude émotionnelle dans la bipolarité?
Pour moi pas du tout. Je pense qu'une des raisons pour lesquelles beaucoup de psys trouvent de la bipolarité chez les autistes c'est que c'est ce qu'ils y cherchent. Ca correspond à un schéma connu et bien plus "balisé", du coup je crois qu'il y a un réel biais de ce côté là. Analyser des symptômes avec une carte prédéfinie en tête (que ce soit conscient ou pas) risque fort d'induire la personne en erreur.
Après, ressembler c'est un terme très vague: rien ne ressemble plus à un être humain qu'un autre être humain, et à 150 mètres de distance tu confonds n'importe qui avec n'importe qui. Métaphoriquement, il y a des psys qui s'approchent plus que d'autres pour recueillir des éléments.

A ce que j'ai pu expérimenter et tirer de mes lectures, les "méchants" dans les crises autistiques ce sont avant tout les problèmes sensoriels et les soucis de tri d'information (le fameux cerveau "hyper-connecté", à savoir que les émotions s'ajoutent aux informations à trier), alors que dans la bipolarité c'est plutôt lié aux émotions avec dérèglement des structures limbiques (notamment l'amygdale qui serait une sorte de "gendarme des émotions") souvent aggravé par des addictions. Ce qui peut prêter à confusion aussi c'est qu'en phase dépressive pas mal de bipolaires ont des déficits cognitifs semblables à ceux des autistes, et que l'anxiété qui plombe beaucoup d'autistes doit beaucoup à l'amygdale aussi, même si elle intervient différemment. :crazy:

Bref, c'est très compliqué et je pense qu'il y a encore beaucoup à apprendre sur les 2 symptomatologies, mais il y a quand même certains marqueurs concrets.
hazufel a écrit :Quant à la disparition des crises, j’ai beau écouter de la musique qui rend invincible, faire marcher mes muscles, m’y concentrer pour que mon cerveau évite de ruminer ou de mouliner, un grain de sable peut très vite faire tout partir en vrille. La plus grande aide étant pour moi, la lutte contre la fatigue en ayant une hygiène de vie des plus sobre.
C'est vrai que le rythme de vie est capital aussi, notamment le sommeil. Les dernières avancées scientifiques insistent beaucoup sur ce point, sur le lien entre sommeil et crises, et aussi sur l'importance des routines pour trouver un certain équilibre :)

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 13:06
par lulamae
misty a écrit : A ce que j'ai pu expérimenter et tirer de mes lectures, les "méchants" dans les crises autistiques ce sont avant tout les problèmes sensoriels et les soucis de tri d'information (le fameux cerveau "hyper-connecté", à savoir que les émotions s'ajoutent aux informations à trier), alors que dans la bipolarité c'est plutôt lié aux émotions avec dérèglement des structures limbiques (notamment l'amygdale qui serait une sorte de "gendarme des émotions") souvent aggravé par des addictions. Ce qui peut prêter à confusion aussi c'est qu'en phase dépressive pas mal de bipolaires ont des déficits cognitifs semblables à ceux des autistes, et que l'anxiété qui plombe beaucoup d'autistes doit beaucoup à l'amygdale aussi, même si elle intervient différemment. :crazy:
C'est intéressant et bien expliqué @Misty, merci ! :D

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 14:01
par Artelise
@ Misty :

+ 1 !

merci !

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 14:37
par misty
Je suis contente si ça vous a aidées mais c'est très minime et surtout c'est ce que j'en comprends moi au jour d'aujourd'hui. Il y a de très bonnes infos sur le net (des très très pourries aussi, on est d'accord donc attention) et plein de livres fiables sur ces questions là si vous voulez creuser un peu plus, ce qui est toujours mieux. :)
Et évidemment, rien de tout ça ne remplace l'avis d'un pro :wink:

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 16:18
par Ixy
La bipolarité et l'autisme seraient assez proches, des chercheurs ont trouvé des particularités génétiques en commun mais ce ne sont que des travaux préliminaires. D'ailleurs l agmydale joue un grand rôle dans l'autisme également et pas que par le bais des comorbidites.

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 16:28
par misty
C'est très vrai oui, :bravo: d'ailleurs c'est pour ça que ma psychiatre m'a recommandé de regarder du côté des préconisations pour les bipolaires (on en avait parlé sur un autre sujet) car il y a des façons de juguler les symptômes qui peuvent aider même si les causes et déclencheurs diffèrent.

J'avais vu l'histoire des gènes communs aussi, si tu as de la doc là dessus Ixy ça m'intéresse bien :)

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 16:38
par Ixy

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 16:41
par lulamae
D'ailleurs, le Dépakote (divalproate de sodium) que je prenais pour réguler les humeurs est un anti-épileptique par ailleurs ; or il me semble que l'épilepsie peut être une comorbidité de l'autisme ?
Le problème, c'est qu'il régule surtout les phases maniaques (sensation de "lissage" des émotions, on s'emballe moins, moins exalté(e)), mais ne sert quasi à rien pour les phases dépressives. :o

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 17:34
par Saperli
merci Misty pour ta réponse.
J'ai lu également toute la suite du fil.
Conclusion : impossible de tirer des conclusions sans l'aide d'un pro..

Re: meltdown/shutdown

Posté : vendredi 13 avril 2018 à 19:07
par misty
Merci! :D
C'est super intéressant, et c'est vrai que ça pourrait expliquer que les mêmes aires cérébrales soient touchées mais pas forcément de la même façon. C'est une piste très intéressante, en plus de tout ce qui touche au système immunitaire (que je vois un peu comme un potentiel causeur de troubles au niveau sensoriel, entre autres).
De toute façon, il me semble que mieux on connaîtra l'autisme mieux on connaîtra la bipolarité et vice-versa. :wink:
Saperli a écrit :Conclusion : impossible de tirer des conclusions sans l'aide d'un pro..
Exactement, et je trouve important de donner un maximum de détails au pro en question, car la désinhibition, la prise de risques et l'impression de pensée délirante sont plutôt caractéristiques du trouble bipolaire, alors que donner le contexte et le déroulé exact de survenue d'une crise autistique peut aider à orienter le psy. Je trouve qu'amener une personne de l'entourage peut aider aussi, dans la mesure où le bipolaire se sent rarement malade (sauf en phase très basse) et où l'autiste n'est pas toujours le mieux placé pour évaluer son état, ses émotions et les enjeux des situations rencontrées (notamment sociales).

Re: meltdown/shutdown

Posté : jeudi 19 avril 2018 à 21:13
par RedMacbeth
Wow, ben terminer ma licence ça aide à supprimer les shutdowns !
Forcément, se retrouver avec des gens qu'on connaît et qui nous aiment comme on est, ça aide.

Hazufel : En effet, je l'étais... Je le suis encore un peu, mais j'ai eu l'impression de retrouver un peu de mon enfer personnel ces dernières semaines, ce qui n'est plus le cas. Vive les vacances et mon petit monde sécurisé !
J'ai une psy que je vois une fois par semaine et ça aide un peu. Néanmoins, le temps reste long et les questions de plus en plus présentes et oppressantes.
Tu as tout à fait raison. Je crois que je vais devoir accepter d'avoir ces crises si je veux travailler dans le théâtre. Et là se trouve mon dilemme : crises et passion, ou calme et ennui ?
Peut-être qu'elles se calmeraient si les gens étaient... plus tolérants. S'ils n'étaient pas aussi violents entre eux. Je ne supporte pas la violence, à un point exacerbé sans doute.

Re: meltdown/shutdown

Posté : mardi 1 mai 2018 à 13:18
par perdue
Bonjour,

je suis tombé sur ce sujet en faisant une recherche suite à "une crise" que j'ai eu hier soir. Tout a commencé par une incompréhension avec mon conjoint que je vais essayer d'expliquer: Je lui demande si en se concentrant, il arrive à voir le liquide devant ses yeux. Je le fais souvent, je vois alors comme des mouvements de liquide comme vus dans un microscope. Sauf que ma description de ce que je vois l'inquiète et qu'il me demande d'aller voir un ophtalmo. Ma première réaction est de lui dire que ce n'est rien du tout, que j'ai toujours eu ça, qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Là, il me dit que je pourrais tenir compte du fait que lui ça l'inquiète. Donc je lui dis que j'irai voir un ophtalmo même si ça ne sert à rien. A posteriori, il me semble que je n'aurais pas du verbaliser le "ça sert à rien" car il me semble qu'il ne s'est pas senti pris en compte alors que moi j'avais l'impression de le prendre en compte vu que je vais y aller... S'en est suivi pendant je ne sais combien de temps une énième discussion sur le fait que je réfléchis toujours à ce qu'il faut faire que je ne pense qu'aux actes sans chercher à comprendre ce qu'il ressent. Que je veux que tout soit logique alors que dans la communication ça ne l'est pas forcément,... Sauf que plus on part dans ce genre de discussions, plus je suis perdue. Et alors moins j'arrive à savoir quoi répondre, plus il s'inquiète, plus il a besoin d'être "rassuré" (notion que j'ai du mal à comprendre car il semble que pour lui c'est à moi de le rassurer), moins je comprends comment faire, plus je me sens mal. Et quand je lui demande d'arrêter, il ne peut pas... Et là j'explose: je hurle, je dis des choses horribles, j'ai une migraine affreuse, je finis sous la couette à me balancer en gémissant. Et là il vient inquiet et désolé mais je ne supporte pas qu'il s'approche, je suis incapable de lui répondre alors qu'il répète "je m'inquiète, dis moi quelque chose"... Je ne peux que grogner, me balancer, appuyer très fort sur mes yeux. Je réagit en criant, complètement paniquée, au moindre petit bruit ou mouvement.

ça arrive parfois avec les filles. Souvent dans des situations d'angoisse totale qui finit par débordée. Dernier exemple: une balade au zoo prévue, je n'ai pas le papier qu'il faut pour entrer (pas grave je vais payer plein tarif plutôt qu'expliquer), il fait gris alors que la météo devait être douce et qu'on a prévu un picnic, la plus jeune a envie de faire pipi, il n'y a pas de place pour se garer, le parking et les rues alentour sont en travaux, il y a des déviations, je me retrouve dans une impasse sans possibilité de faire demi-tour, je dois repartir en marche arrière alors qu'il y a des véhicules mal garés, une grosse bordure, chaque bip de mon radar de recul me fait sursauter et/ou pousser un petit cri, les filles se mettent à s'inquiéter que je n'arrive pas à passer la bordure en marche arrière (ce qui est le cas), et là ça cède, je me mets à leur hurler de se taire, qu'elle ne savent jamais se taire et je me mets à pleurer en gémissant, en me tapotant la tête sur le volant... ça passe, je repars (elles n'osent plus parler), la suite de la journée est une horrible souffrance et surtout je me sens horriblement coupable de réagir comme ça devant elles.

Je ne sais pas comment gérer ça. Est ce que vous pouvez me conseiller, m'aider car je me sens tellement mal à chaque fois, il me faut des heures voire jours pour me sentir moins oppressée, je me sens tellement coupable mais je ne peux pas contrôler, ça me déborde totalement comme si ça explosait.

Re: meltdown/shutdown

Posté : mardi 1 mai 2018 à 15:11
par Manichéenne
Alors, déjà :
-continue tes démarches diagnostiques, ça peut t'apporter des réponses.
-une TCC ?
-essaie de prendre en compte tes besoins. D'anticiper. Réaliser comment tu te sens avant d'en arriver à la crise, et prévoir en amont des aides ou des solutions.
Dans le cas de la discussion avec ton compagnon, tu savais que ça dégénérait, il aurait fallu agir avant. "Stop, je vais faire un tour et on en reparle dans x heures".
Au zoo, tu pouvais peut-être arrêter ta voiture (sans te garer, seulement pour te poser une minute), mettre une musique qui te calme, prévoir un jeu à donner aux enfants pour ne plus avoir à les gérer... (lors de mon dernier gros trajet, je commençais à criser aussi avec les enfants qui pleuraient et se chamaillaient, je leur ai passé la tablette pour qu'ils jouent et j'ai pu me reprendre)
-discute de la conduite à tenir avec ton compagnon si ça devait se reproduire. Précise lui si tu préfères être seule, ce qui peut t'aider dans ce cas, définissez un code pour que tu lui dises que tu veux mettre fin à la discussion, ou que tu ne vas pas bien, ou qu'il faut te laisser seule...