Dépersonnalisation & déréalisation

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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misty
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Re: Dépersonnalisation & déréalisation

#61 Message par misty » mercredi 15 août 2018 à 17:05

dcaius a écrit :Mais je dois dire que je suis habitué-e maintenant à ce que des gens me prêtent des intentions par associations d'idées ou de mots-clés ; on parle de neurodiversité -> on doit être à ranger avec Horiot ! On dénonce des maltraitances -> on est complotiste et on met tous les individus dans le même sac en les diabolisant ! On dit que l'autisme n'est pas un fléau et qu'on ne doit pas subir des thérapies forcées pour paraître alliste à tout prix aux dépens de notre santé -> on est Aspie supremacist et on souhaite que les autistes dominent, eugénisme "inversé" !
C'est un peu fatigant de devoir se justifier constamment sur ce genre de choses alors que, bon. J'écris pas pour faire joli, tout est là. Si les gens prenaient la peine de lire ce que je produis les clichés seraient vite cassés. Mais bon, biais de confirmation, j'imagine.
Je ne pense pas. Le souci dans ce style de "militantisme-qui-s'agite-dans-tous-les-sens", c'est qu'il est tellement dans les concepts que c'est presque vide de substance. J'ai beaucoup hésité avant d'intervenir sur ce topic, j'espère que tu ne prendras pas mal ce que je dis mais je le ressens vraiment comme ça. A mon avis c'est un danger. Il me semble difficile de faire avancer les choses avec de l'à-peu-près et des grandes idées fourre-tout. S'il y a autant de récupération dans le domaine de l'autisme, c'est probablement parce que plein de gens et de choses ne sont pas assez précis/clairs. Je t'avais donné un exemple en réagissant à ta vidéo sur Yvon Roy.

Des gens qui remuent, font du bruit et revendiquent, ça ne manque pas: il y a de tout, sur tous types de sujets. Est-ce-que tout est légitime? En grande majorité, oui. Est-ce que tout est pertinent dans la façon de faire? Non, pas du tout. Et je pense que plus ça s'égosille dans tous les sens, plus les gens ciblés se lassent et moins ils sont réceptifs. :?
Pour faire court : je souhaite que chaque personne soit respectée, quel que soient ses spécificités, et que la société soit réellement accessible et inclusive, sans eugénisme, sans négligences ou maltraitances socio-médicales.
Concernant la partie que j'ai souligné, la dernière chose à faire pour que ça arrive c'est de partir dans l'anti-psychiatrie.
Concernant le reste, moi aussi je voudrais vraiment que tous les enfants du monde se donnent la main pour faire une ronde autour de la Terre, qu'il n'y ait plus de guerres, de gens qui meurent de faim, d'animaux abandonnés ni d'hécatombes d'abeilles. Je voudrais aussi que les Orang-Outan ne disparaissent pas (notamment) parce que les humains se goinfrent de Nutella et s'en tapent du reste.
La démagogie, je crois que tout le monde en est capable. Cela dit, à part à l'élection de Miss France ou en politique, les résultats laissent à désirer. C'est bon pour l'image, c'est clair, mais concrètement c'est vide.

Par ailleurs, ce topic est un exemple de la difficulté d'échanger autour de l'autisme. Discuter, évoquer des expériences, des ressentis, c'est bien; et je crois que certains s'inscrivent ici parce qu'ils en ont besoin. Maintenant, il ne faut pas oublier que nous sommes des autistes mais aussi des personnes, et que tout ramener à l'autisme participe à un gros fouillis aussi délétère pour les autistes que pour les gens autour d'eux.
Il y a de plus en plus de choses sur le forum qui me font penser à la scène de Friends où Phoebe et sa mère s'extasient en se "trouvant des points communs": genre adorer la pizza, les Beatles et trouver que les chiots sont mignons.

(désolée la balise spoiler ne marche pas on dirait)

Je pense que le risque est réel de tomber dans le ridicule, à moins de prendre garde à ça. Loin de moi l'idée de dire ce qu'il faut penser, dire, ou revendiquer, simplement ce n'est pas en nourrissant le grand n'importe quoi qu'est devenu l'autisme que les choses vont évoluer. Il y a des situations concrètes, une stigmatisation réelle de la société quand on est porteur d'un diagnostic d'autisme. Plein de personnes pensent qu'on "s'invente des problèmes". Un topic comme celui-ci, outre la subjectivité des termes, fait allusion à un rapprochement entre TSA et expériences très banales vécues par une grande partie de la population, trouble psy ou pas. C'est bien d'échanger, mais à un moment il y a des autistes qui portent des Converse (des non-autistes aussi), des qui ont les cheveux longs (des non-autistes aussi), des qui aiment le chocolat (des non-autistes aussi)...

A moins d'utiliser les termes dans un contexte médical (et là c'est autre chose: ça suppose un regard/retour de pro), ça peut concerner tout le monde; donc autant que ceux qui souhaitent partager des expériences ou pensées là-dessus le fassent sans toujours rattacher tout à l'autisme. Ca n'a l'air de rien, mais pour espérer être pris un peu plus au sérieux ça change vraiment beaucoup de choses. Il y a des autistes ici et ailleurs pour qui c'est important.
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dcaius
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Re: Dépersonnalisation & déréalisation

#62 Message par dcaius » jeudi 16 août 2018 à 22:25

... J'apprécie moyennement de me faire traiter de bisounours parce que j'ai un idéal certes probablement irréalisable de mon vivant. J'apprécie encore moins de me faire traiter de démagogue à cause de ça.
Quant au fait d'aller dans tous les sens ou de pas avoir d'objectifs précis... Je sais pas, j'ai l'impression que ce genre de critiques est vague et basée sur des "ressentis", et pas sur ce qui est réellement produit.
"Tellement dans les concepts que c'est presque vide de substance", ça sous-entend que tout ce qu'on fait c'est théoriser dans tous les sens, ce qui est vraiment décalé avec ce que je vis. Je traduis pas des trucs parce que ça fait joli en article et que je trouve que ça sonne bien, mais parce qu'écrire et lire sur les sujets traités aide à gérer le quotidien, à l'expliquer à autrui... Le fait que des allistes soient souvent dans des réactions de type "ah oui moi aussi, ah ben peut-être que je suis autiste", j'en suis pas responsable en fait, et c'est quelque chose qui n'est pas exclusif à l'autisme... Dès que tu parles d'insomnie sévères y a des gens pour la ramener en mode "ah oui moi aussi j'ai du mal à dormir" alors qu'on parle pas du tout de la même ampleur. Bref. Je me méfie un peu des gens qui préfèrent critiquer les critères diagnostiques plutôt que les réactions ignorantes.
J'ai vu un topic sur un sujet donc j'en ai parlé et j'ai fait une observation empirique sur ce que je voyais autour de moi, mais j'ai pas du tout fait de lien clinique entre DP/DR & autisme. Et si j'essaye d'expliquer l'autisme à quelqu'un je vais certainement pas évoquer ça.
Je suis un peu fatigué-e du gatekeeping de la part de certaines personnes autistes. Oui, on a pas tou-te-s les mêmes traits et y a une certaine diversité sur le spectre. On a quand même un certain nombre d'objectifs communs. Et on a aussi des objectifs communs avec les psychiatrisés en général.
Je sais pas trop ce que tu entends par "anti-psychiatrie", mais visiblement pas trop la même chose que moi. Je pense que l'institution de la psychiatrie en l'état est fondamentalement violente et qu'il faudrait vraiment reprendre les bases. Mais je vais pas dire à chaque personne en difficulté psychique d'éviter tout psychiatre sans aucun discernement. C'est peut-être réformiste de ma part, mais je sais que la psychiatrie ne va disparaître demain, et que l'important au jour le jour c'est de s'organiser pour donner des outils concrets aux psychiatrisé-e-s et créer des alternatives à l'enfermement et la coercition en général.

Honnêtement tu accuses le discours d'être vide mais ta critique est pas très consistante. C'est quoi concrètement qui pose problème ? On vise trop haut ?
J'en ai aussi franchement MARRE que des gens m'accusent de mentir ou de faire des trucs pour l'image, ça me dépasse un peu. Pour moi la visibilité en ligne c'est un coût, pas une fin en soi.
Mon premier but en publiant des ressources en ligne c'est pas d'être acceptable, respectable, intéressant-e pour les personnes allistes qui connaissent rien à l'autisme. C'est fournir des ressources et du soutien à des neurodivergent-e-s/autistes en galère. J'écris pour les gens isolés qui ont pas accès à des bouquins spécialisés en anglais, par exemple. Si ça aide d'autres personnes, cools. Si ça "braque" des gens qui de base n'avaient pas envie de comprendre ou partent du principe que je mens parce que je corresponds pas à leurs clichés ? Je m'en fiche. Je peux pas plaire à tout le monde et j'en ai jamais eu l'intention. Tu trouves que ce que je fais est inutile et "vide", bah, écoute, tant pis. Si t'as une critique constructive je suis toute ouïe. Là tout ce que je vois c'est que tu as le ressenti que je brasse du vent, mais je sais pas sur quelle base.

Donc : qu'est-ce qui te semble manquer dans ce qui est fait ? Qu'est-ce qui pour toi est prioritaire ? Qu'est-ce que tu trouves vraiment nocif et pourquoi ? Qu'est-ce que tu proposes comme alternative ? Est-ce qu'il y a des projets que tu aimerais voir décoller ? Des gens qui ont besoin d'aide et qui n'en trouvent pas ? C'est un peu HS pour le topic mais hésite pas à PM. Sérieusement, des retours constructifs c'est intéressant. On peut passer beaucoup d'énergie à se tirer dans les pattes en mode "ce que tu fais c'est superficiel" mais du coup bon, c'est un peu stérile, autant passer directement à l'étape : qu'est-ce qu'on peut faire de mieux, qu'est-ce qu'il y a à faire ensemble, comment rediriger cette énergie pour construire qqch ?
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Re: Dépersonnalisation & déréalisation

#63 Message par FinementCiselé » vendredi 17 août 2018 à 1:19

Je vais te faire une réponse relativement bête : le discours pro divers(ité) que tu tiens est actuellement contre productif et véhicule un retour en arrière et est responsable de ce dit retour en arrière dans les prises en charge que l'on risque de subir d'ici quelques années.
Et plus encore, en tant qu'autistes à haut niveau de fonctionnement, on risque tout bonnement la ségrégation si nous (les autistes à haut niveau de fonctionnement) continuons à vouloir faire du self advocacy en nous opposant aux familles d'autistes à faible niveau de fonctionnement : NOTRE discours sur la neuro diversité à tellement bien été entendu qu'on va classer toute la catégorie "autiste" dans une méta catégorie "TED et troubles neurodev'". Et de fait, c'est pas moi qui vais "trinquer" pour les prises en charges au rabais qui seront proposés mais bien ces familles et ces gens qui en ont le plus besoin, et ça c'est juste NON.
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Re: Dépersonnalisation & déréalisation

#64 Message par Siobhan » vendredi 17 août 2018 à 8:38

misty a écrit : mercredi 15 août 2018 à 17:05
dcaius a écrit :Mais je dois dire que je suis habitué-e maintenant à ce que des gens me prêtent des intentions par associations d'idées ou de mots-clés ; on parle de neurodiversité -> on doit être à ranger avec Horiot ! On dénonce des maltraitances -> on est complotiste et on met tous les individus dans le même sac en les diabolisant ! On dit que l'autisme n'est pas un fléau et qu'on ne doit pas subir des thérapies forcées pour paraître alliste à tout prix aux dépens de notre santé -> on est Aspie supremacist et on souhaite que les autistes dominent, eugénisme "inversé" !
C'est un peu fatigant de devoir se justifier constamment sur ce genre de choses alors que, bon. J'écris pas pour faire joli, tout est là. Si les gens prenaient la peine de lire ce que je produis les clichés seraient vite cassés. Mais bon, biais de confirmation, j'imagine.
Je ne pense pas. Le souci dans ce style de "militantisme-qui-s'agite-dans-tous-les-sens", c'est qu'il est tellement dans les concepts que c'est presque vide de substance. J'ai beaucoup hésité avant d'intervenir sur ce topic, j'espère que tu ne prendras pas mal ce que je dis mais je le ressens vraiment comme ça. A mon avis c'est un danger. Il me semble difficile de faire avancer les choses avec de l'à-peu-près et des grandes idées fourre-tout. S'il y a autant de récupération dans le domaine de l'autisme, c'est probablement parce que plein de gens et de choses ne sont pas assez précis/clairs. Je t'avais donné un exemple en réagissant à ta vidéo sur Yvon Roy.

Des gens qui remuent, font du bruit et revendiquent, ça ne manque pas: il y a de tout, sur tous types de sujets. Est-ce-que tout est légitime? En grande majorité, oui. Est-ce que tout est pertinent dans la façon de faire? Non, pas du tout. Et je pense que plus ça s'égosille dans tous les sens, plus les gens ciblés se lassent et moins ils sont réceptifs. :?
Pour faire court : je souhaite que chaque personne soit respectée, quel que soient ses spécificités, et que la société soit réellement accessible et inclusive, sans eugénisme, sans négligences ou maltraitances socio-médicales.
Concernant la partie que j'ai souligné, la dernière chose à faire pour que ça arrive c'est de partir dans l'anti-psychiatrie.
Concernant le reste, moi aussi je voudrais vraiment que tous les enfants du monde se donnent la main pour faire une ronde autour de la Terre, qu'il n'y ait plus de guerres, de gens qui meurent de faim, d'animaux abandonnés ni d'hécatombes d'abeilles. Je voudrais aussi que les Orang-Outan ne disparaissent pas (notamment) parce que les humains se goinfrent de Nutella et s'en tapent du reste.
La démagogie, je crois que tout le monde en est capable. Cela dit, à part à l'élection de Miss France ou en politique, les résultats laissent à désirer. C'est bon pour l'image, c'est clair, mais concrètement c'est vide.

Par ailleurs, ce topic est un exemple de la difficulté d'échanger autour de l'autisme. Discuter, évoquer des expériences, des ressentis, c'est bien; et je crois que certains s'inscrivent ici parce qu'ils en ont besoin. Maintenant, il ne faut pas oublier que nous sommes des autistes mais aussi des personnes, et que tout ramener à l'autisme participe à un gros fouillis aussi délétère pour les autistes que pour les gens autour d'eux.
Il y a de plus en plus de choses sur le forum qui me font penser à la scène de Friends où Phoebe et sa mère s'extasient en se "trouvant des points communs": genre adorer la pizza, les Beatles et trouver que les chiots sont mignons.

(désolée la balise spoiler ne marche pas on dirait)

Je pense que le risque est réel de tomber dans le ridicule, à moins de prendre garde à ça. Loin de moi l'idée de dire ce qu'il faut penser, dire, ou revendiquer, simplement ce n'est pas en nourrissant le grand n'importe quoi qu'est devenu l'autisme que les choses vont évoluer. Il y a des situations concrètes, une stigmatisation réelle de la société quand on est porteur d'un diagnostic d'autisme. Plein de personnes pensent qu'on "s'invente des problèmes". Un topic comme celui-ci, outre la subjectivité des termes, fait allusion à un rapprochement entre TSA et expériences très banales vécues par une grande partie de la population, trouble psy ou pas. C'est bien d'échanger, mais à un moment il y a des autistes qui portent des Converse (des non-autistes aussi), des qui ont les cheveux longs (des non-autistes aussi), des qui aiment le chocolat (des non-autistes aussi)...

A moins d'utiliser les termes dans un contexte médical (et là c'est autre chose: ça suppose un regard/retour de pro), ça peut concerner tout le monde; donc autant que ceux qui souhaitent partager des expériences ou pensées là-dessus le fassent sans toujours rattacher tout à l'autisme. Ca n'a l'air de rien, mais pour espérer être pris un peu plus au sérieux ça change vraiment beaucoup de choses. Il y a des autistes ici et ailleurs pour qui c'est important.
dcaius a écrit : jeudi 16 août 2018 à 22:25 ... J'apprécie moyennement de me faire traiter de bisounours parce que j'ai un idéal certes probablement irréalisable de mon vivant. J'apprécie encore moins de me faire traiter de démagogue à cause de ça.
Quant au fait d'aller dans tous les sens ou de pas avoir d'objectifs précis... Je sais pas, j'ai l'impression que ce genre de critiques est vague et basée sur des "ressentis", et pas sur ce qui est réellement produit.
"Tellement dans les concepts que c'est presque vide de substance", ça sous-entend que tout ce qu'on fait c'est théoriser dans tous les sens, ce qui est vraiment décalé avec ce que je vis. Je traduis pas des trucs parce que ça fait joli en article et que je trouve que ça sonne bien, mais parce qu'écrire et lire sur les sujets traités aide à gérer le quotidien, à l'expliquer à autrui... Le fait que des allistes soient souvent dans des réactions de type "ah oui moi aussi, ah ben peut-être que je suis autiste", j'en suis pas responsable en fait, et c'est quelque chose qui n'est pas exclusif à l'autisme... Dès que tu parles d'insomnie sévères y a des gens pour la ramener en mode "ah oui moi aussi j'ai du mal à dormir" alors qu'on parle pas du tout de la même ampleur. Bref. Je me méfie un peu des gens qui préfèrent critiquer les critères diagnostiques plutôt que les réactions ignorantes.
J'ai vu un topic sur un sujet donc j'en ai parlé et j'ai fait une observation empirique sur ce que je voyais autour de moi, mais j'ai pas du tout fait de lien clinique entre DP/DR & autisme. Et si j'essaye d'expliquer l'autisme à quelqu'un je vais certainement pas évoquer ça.
Je suis un peu fatigué-e du gatekeeping de la part de certaines personnes autistes. Oui, on a pas tou-te-s les mêmes traits et y a une certaine diversité sur le spectre. On a quand même un certain nombre d'objectifs communs. Et on a aussi des objectifs communs avec les psychiatrisés en général.
Je sais pas trop ce que tu entends par "anti-psychiatrie", mais visiblement pas trop la même chose que moi. Je pense que l'institution de la psychiatrie en l'état est fondamentalement violente et qu'il faudrait vraiment reprendre les bases. Mais je vais pas dire à chaque personne en difficulté psychique d'éviter tout psychiatre sans aucun discernement. C'est peut-être réformiste de ma part, mais je sais que la psychiatrie ne va disparaître demain, et que l'important au jour le jour c'est de s'organiser pour donner des outils concrets aux psychiatrisé-e-s et créer des alternatives à l'enfermement et la coercition en général.

Honnêtement tu accuses le discours d'être vide mais ta critique est pas très consistante. C'est quoi concrètement qui pose problème ? On vise trop haut ?
J'en ai aussi franchement MARRE que des gens m'accusent de mentir ou de faire des trucs pour l'image, ça me dépasse un peu. Pour moi la visibilité en ligne c'est un coût, pas une fin en soi.
Mon premier but en publiant des ressources en ligne c'est pas d'être acceptable, respectable, intéressant-e pour les personnes allistes qui connaissent rien à l'autisme. C'est fournir des ressources et du soutien à des neurodivergent-e-s/autistes en galère. J'écris pour les gens isolés qui ont pas accès à des bouquins spécialisés en anglais, par exemple. Si ça aide d'autres personnes, cools. Si ça "braque" des gens qui de base n'avaient pas envie de comprendre ou partent du principe que je mens parce que je corresponds pas à leurs clichés ? Je m'en fiche. Je peux pas plaire à tout le monde et j'en ai jamais eu l'intention. Tu trouves que ce que je fais est inutile et "vide", bah, écoute, tant pis. Si t'as une critique constructive je suis toute ouïe. Là tout ce que je vois c'est que tu as le ressenti que je brasse du vent, mais je sais pas sur quelle base.

Donc : qu'est-ce qui te semble manquer dans ce qui est fait ? Qu'est-ce qui pour toi est prioritaire ? Qu'est-ce que tu trouves vraiment nocif et pourquoi ? Qu'est-ce que tu proposes comme alternative ? Est-ce qu'il y a des projets que tu aimerais voir décoller ? Des gens qui ont besoin d'aide et qui n'en trouvent pas ? C'est un peu HS pour le topic mais hésite pas à PM. Sérieusement, des retours constructifs c'est intéressant. On peut passer beaucoup d'énergie à se tirer dans les pattes en mode "ce que tu fais c'est superficiel" mais du coup bon, c'est un peu stérile, autant passer directement à l'étape : qu'est-ce qu'on peut faire de mieux, qu'est-ce qu'il y a à faire ensemble, comment rediriger cette énergie pour construire qqch ?

Si je puis me permettre, je trouve que vos deux interventions contiennent des choses que je trouve intéressantes, mais que vous vous piegez chancune vous-même en écrivant des messages trop long.

En ce qui me concerne, j'ai du mal à savoir que penser des messages uniques à la fois longs, denses, et qui abordent des sujets variés.

Le contenu d'un long message délayé en, je ne sais pas, trois messages le long d'une discussion serait bien moins, je pense, générateur de polémique, par le simple fait que ce contenu aurait une forme plus digeste, je crois. Indépendamment du fond.
homme, diagnostic TSA.

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misty
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Re: Dépersonnalisation & déréalisation

#65 Message par misty » vendredi 17 août 2018 à 13:35

dcaius a écrit :... J'apprécie moyennement de me faire traiter de bisounours parce que j'ai un idéal certes probablement irréalisable de mon vivant. J'apprécie encore moins de me faire traiter de démagogue à cause de ça.
Je ne t'ai traitée de rien du tout, je fais des citations claires de phrases non pour "décortiquer" mais pour expliciter précisément de quoi je parle. Là il s'agit de ta phrase en particulier et nullement de toi en général.
Après, moi aussi j'ai un côté très bisounours, j'assume, mais je suis un bisounours pragmatique. Je ne perds pas de vue une donnée essentielle: à la base les gens s'en foutent. Je peux faire 30 vidéos youtube et autant d'articles au sujet des déchets radioactifs balancés dans des endroits clés pour la biodiversité, pour la plupart des gens c'est "ça m'en touche une sans faire bouger l'autre". Tant que ce n'est pas dans leur jardin que tu enterres des résidus de mines d'uranium, ils vont juste aller s'ouvrir une bière en se disant que c'est moche (et des trucs moches yen a un paquet). :innocent:
C'est un peu pareil pour l'autisme: le jour où ils ont un autiste dans le jardin ils se remuent un peu (ou pas), mais sinon à moins de discours percutant, pertinent et concret, c'est réceptivité zéro.
Mon premier but en publiant des ressources en ligne c'est pas d'être acceptable, respectable, intéressant-e pour les personnes allistes qui connaissent rien à l'autisme. C'est fournir des ressources et du soutien à des neurodivergent-e-s/autistes en galère.
J'ai du mal à concevoir l'un sans l'autre. Le soutien c'est bien joli, mais perso je m'en fous. Je trouve tout ce qu'il me faut dans l'art et la musique, et je n'ai pas besoin du "soutien" de gens qui m'ont vue 2 fois voire jamais et qui "me comprennent". Bien sûr ici, il y a des échanges qui m'aident et j'y trouve quelque chose (sinon je ne viendrais pas/plus), mais je reste dans un besoin de concret. Quelqu'un qui va me dire "bon, je sais que c'est la merde et que c'est pas près d'évoluer, mais je te soutiens, je te comprends"... ça me gave.

Si un jour je devais avoir l'occasion de rencontrer la soeur de S.Bonnaire par exemple, ce que je lui dirais ce n'est pas "je te soutiens" (ce n'est pas vrai, factuellement), ni "je te comprends" (ce n'est pas vrai non plus). Je lui dirais juste que même à mon petit niveau insignifiant je ferais tout ce que je peux pour que ce qui lui est arrivé n'arrive plus jamais, à personne. Parce que ça c'est vrai.
Parler d'aider les autistes sans être dans la sensibilisation des non-autistes à l'autisme me paraît stérile. C'est mon avis, apparemment il diverge du tien mais quelque part ça veut aussi dire qu'on peut être complémentaires, éventuellement.

Je vais avoir du mal à répondre à toutes tes questions là (il y en a beaucoup :mryellow: ), mais rapidement une des choses qui me gênent dans tes écrits c'est le recours constant à des termes "catégorisants". Pour te prouver que ce n'est pas contre toi personnellement, je signale que je déteste les termes aspie, aspergirl, NT, et à peu près tout ce qui peut se trouver dans ce domaine.

Dans les mots que tu utilisent beaucoup, et qui me gênent:

-allistes: être autiste c'est un diagnostic psy/médical, il y a des critères. Ne pas l'être n'est pas un diagnostic, pas de critères. Les allistes, ça recoupe des gens tellement différents (porteurs d'autres troubles psy que l'autisme, Meghan Markle, personnes qui ont un vécu très compliqué, François Pinault, migrants qui dérivent entassés à 170 sur un zodiac de playmobil, Cristiano Ronaldo, malades en unités de soins palliatifs...etc etc...) que c'est à la fois tout le monde et personne. Je ne sais pas de qui tu parles.
A savoir que le terme NT est au départ une blague (c'est dans Neurotribes) et qu'à aucun moment ce genre de "catégorisation" n'était envisagée sérieusement.

-psychiatrisés: ok, mais alors les dentistisés? les kinésithérapeutisés? les ophtalmo-istisés? les dermatologisés? La psychiatrie est une spécialité médicale, n'importe qui peut être amené à y avoir recours. Il n'y a pas que les troubles psys qui sont facteurs de consultation. Là encore, je ne sais pas de qui tu parles, parce que concrètement il y a plein de variables.

-validisme: je suis d'accord que c'est un terme pertinent, mais enfin des fois ce qui est bien c'est d'expliciter les faits, ce qui est dommageable dans les attitudes ou comportements validistes. Si tu dis à quelqu'un "t'es validiste toi" sans lui expliquer ce qui t'amène à lui dire ça, je ne vois pas comment il pourrait évoluer. Pour sensibiliser il faut du concret, parce que pareil que pour le reste: il y a des millions de façons d'être validiste. Et le terme seul peut évoquer vaguement plein de choses mais précisément aucune.

Voilà, c'est en très résumé certains des trucs qui me semblent à revoir. Et oui, je suis dans la critique constructive quoi que tu en penses. Je trouve le point de vue de FC très pertinent aussi, au sujet des dommages collatéraux sur les autistes moins "fonctionnels".

@MudBloodKnowItAll: je suis entièrement d'accord avec toi en théorie, mais c'est épineux en pratique. Je ne me connecte pas forcément souvent, et des fois il y a plein de choses que je voudrais exprimer mais c'est blocage total. Par exemple, j'ai perdu des heures à réfléchir et préparer des messages pour le topic des gorilles (c'est une de mes passions et en prime je suis en train de lire le bouquin dont il est question :| ) mais je n'ai encore rien posté parce que je n'y arrive pas.
Pareil pour toi Dcaius, au sujet des mp: je me souviens très bien que je dois te répondre depuis des mois mais je n'arrive pas à le faire.
Je suis la 1ère à déplorer mon mode "tout ou rien", et ces blocages qui font qu'effectivement quand j'arrive à me lancer c'est pas 3 lignes qui sortent. J'essaie vraiment de faire des efforts à ce sujet, mais pour l'instant c'est pas ça.
Désolée donc pour la densité et la longueur, on y travaille même s'il y a sans doute des choses qui ne me viendront jamais :?
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Re: Dépersonnalisation & déréalisation

#66 Message par Siobhan » vendredi 17 août 2018 à 17:42

misty a écrit : vendredi 17 août 2018 à 13:35 (...)
@MudBloodKnowItAll: je suis entièrement d'accord avec toi en théorie, mais c'est épineux en pratique. Je ne me connecte pas forcément souvent, et des fois il y a plein de choses que je voudrais exprimer mais c'est blocage total. Par exemple, j'ai perdu des heures à réfléchir et préparer des messages pour le topic des gorilles (c'est une de mes passions et en prime je suis en train de lire le bouquin dont il est question :| ) mais je n'ai encore rien posté parce que je n'y arrive pas.
(...)
Je comprends tout à fait.
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Re: Dépersonnalisation & déréalisation

#67 Message par dcaius » vendredi 31 août 2018 à 23:12

@ Misty

Ok, merci pour la précision, c'est vrai que sur le coup je croyais que tu parlais de moi donc je comprenais pas !

C'est sûr que beaucoup de gens se fichent de leurs semblables. Mais c'est pas le cas de tou-te-s, donc j'écris pour les autres !

Si toi individuellement t'as pas besoin de soutien, en fait, c'est super, c'est bon signe pour toi je dirais. C'est pas le cas de tout le monde, donc effectivement, on est sûrement complémentaires. Je te rejoins sur le fait que les platitudes ou la prétention de "comprendre" n'aident pas forcément. Quoiqu'il en soit, souvent, qu'on ait rencontré les gens 2 fois ou jamais irl, l'échange et le soutien peuvent être précieux pour beaucoup d'entre nous.
Je ne pense pas que parler d'aider les autistes sans faire de la pédagogie en tout temps et en priorité envers les personnes qui ne sont pas autistes soit stérile, du tout. Je crois vraiment qu'on s'épuise vite quel que soit le type d'activisme si on passe son temps à se justifier de son humanité sans jamais se retrouver entre personnes concernées pour échanger et se soutenir. En tous cas, c'est ce que je vis et ce que je constate.

En ce qui concerne les termes catégorisants, pour moi c'est un outil et pas une fin en soi ou une étiquette qui définit la personne de manière totale, bien sûr. Et oui, "alliste" ou "neurotypique" c'est extrêmement vaste. Le terme "alliste" me paraît pertinent dans certains cas où on veut désigner des personnes qui ne sont pas autistes (et ce terme aussi a une origine satirique d'ailleurs, mais je crois que j'ai déjà dû en parler ici, bref). Mais il ne s'agit pas de dire que les allistes se ressemblent tou-te-s, de la même manière qu'il serait absurde de dire que toutes les femmes se ressemblent (et pourtant, on voit la pertinence du terme puisque que faisant bon gré mal gré partie de cette catégorie on subit des discriminations). Le fait d'utiliser alliste c'est aussi une manière de renvoyer le côté catégorisant : c'est pertinent de définir la catégorie autiste parce que la société est telle qu'elle est actuellement, donc utiliser alliste c'est une manière de souligner que les personnes autistes sont différentes et pas défectueuses. C'est comme ça que je le perçois, en tous cas, nullement comme qqch de stigmatisant.

La psychiatrie n'a rien à voir avec les soins dentaires ou la kinésithérapie en termes de stigmatisation, parce que c'est ça dont je parle. En fait, la stigmatisation est une entrave aux soins psy ; les gens vont moins facilement voir un psychiatre, même s'il y a un besoin, à cause de l'étiquette "folie" qu'on y accole. Tout le monde peut avoir besoin de consulter un psy un jour ou l'autre en effet, et une personne sur deux en moyenne a un trouble psy au cours de sa vie. Mais par psychiatrisé on entend le poids de la catégorie, donc le plus souvent quelqu'un qui subit la stigmatisation du fait d'être suivi en psychiatrie. Parfois les termes de "usager" ou "patient" sont utilisés, mais la connotation est pas vraiment la même, c'est pour ça que je mets l'accent sur la stigmatisation. La plupart des gens qui se revendiquent psychiatrisé-e-s sont contre une psychiatrie répressive et sécuritaire et réclament la déstigmatisation des troubles psy, il me semble.
Quant à dire que la psychiatrie est une spécialité médicale comme les autres, je me contenterais de dire que la pertinence des classifications psychiatriques n'est pas exactement aussi scientifiquement valide que celle, par exemple, des soins dentaires, pour tout un tas de raisons (fonction de contrôle social, usage de la coercition, conflits d'intérêts, ... c'est un sujet un peu trop vaste pour que je l'approfondisse ici). C'est aussi pour ça qu'on parle de psychiatrisation aussi : parce qu'on psychiatrise des gens et qu'on les prive de droits comme on ne le ferait jamais à quelqu'un qui a une grippe.

Le terme de validisme a quand même une définition assez explicite (page wiki etc) ? Mais pour creuser le sujet je recommanderais "L'expérience handie" de Pierre Dufour. Sinon les vidéos Vivre Avec sur YT explicitent souvent des phénomènes qui relèvent du validisme.
Je trouverais ça absurde de dire à quelqu'un-e "t'es validiste toi" et ne rien ajouter. Soit quelqu'un me gave et aucun dialogue constructif me paraît possible (ça arrive malheureusement), auquel cas il est possible que je lui dise "remets en question ton validisme svp bye", mais le plus souvent je balance des ressources... Soit je fais remarquer à la personne ce qui relève du validisme dans son discours ou ses actes, mais dans tous les cas je vois pas trop l'intérêt d'en faire une étiquette. C'est les actes qui sont validistes, c'est pas une identité, et ça sert à rien d'enfermer les gens dans cette étiquette si on veut les inviter à se remettre en question.
Un exemple de discours validiste serait d'utiliser "schizophrénie" à toutes les sauces... Un acte validiste serait de refuser à une personne en fauteuil l'accès à un logement, un transport, un aménagement... Pour ne donner que ces deux exemples-là, mais vu que l'idéologie dominante est validiste, on nage dedans.

Je resitue pas trop les dommages collatéraux dont tu parles et j'essaye de faire court donc je vais pas remonter les messages pour relire, mais si jamais tu veux revenir dessus, np. S'il s'agit du fait que des autistes qui oralisent et qui s'expriment sur l'autisme mène à la minimisation de leur handicap et du handicap que constitue l'autisme en général, ce que j'ai à dire là-dessus c'est qu'il y a une mauvaise foi incroyable de la part des gens ; on a beau parler de handicap, parler de diversité sur le spectre, etc etc, si les gens choisissent de n'écouter que ce qui leur plaît et d'en faire un usage discriminatoire, on peut pas nous l'imputer.
Je suis une personne autiste de 26 ans.

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Re: Dépersonnalisation & déréalisation

#68 Message par mayasoleil7 » vendredi 23 novembre 2018 à 19:32

je n'ai lu que le début donc je poste ici mon témoignage. j'ai à certaines périodes suite à des chocs rencontrer ce problème, avec l'impression de sortir de mon corps et donc j'ai fait une amnésie sur des traumatismes de l'enfance pour me protéger surement. mais j'ai souvent vécue des périodes aussi lors de mes automutilation la sensation que mon corps ne m'appartenait plus et que seules mes automutilations me faisait ressentir mon corps et me sentir vivante, ou sinon, j'ai aussi tendance à expérimenter le déréalisation ou la dépersonnalisation je ne sais pas quel nom donner à ce terme en période de gros stress, lorsque par exemple quand je suis envahie par les émotions des autres.
je ne sais pas si cela peut s'appliquer au fait que je me coupe de toute sensation lorsque je sature lorsque plusieurs personnes parlent en même temps. je me retrouve dans une sorte de brume dont j'i du mal à me sortir et en réalisant après coup que j'avais perdu la notion de temps et que parfois je ne savais plus comment je me retrouvais à telle endroit en oubliant comment j'en suis arrivée là, comme si je faisais une amnésie complète et que j'étais en mode automatique et que mon esprit était ailleurs
maman bipolaire et pré diagnostiquée autiste, enfants, 1 avec un tsa et cyclothymique, Un autre enfant dysgraphique et un troisième tdah

Dehlynah
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TSA et dissociation ?

#69 Message par Dehlynah » lundi 24 juin 2019 à 11:04

Modération (Tugdual) : Fusion de sujets (début).


C'est un sujet que je suis en train de creuser pour moi et le psychiatre spé TSA que je vois
Je serais intéressée de partager des témoignages et des expériences de personnes avec TSA (j'ai trouvé quelques occurrences dans le post "inertie autistique", j'ai tout lu mais ça s'arrête surtout au contexte de trauma il me semble)

j'ai défini une liste de contextes où la dissociation peut avoir lieu
j'ai été hospitalisée suite à un épisode où la sensation de dissociation était devenue constante, j'étais en pilote automatique, je donnais le change vers l'extérieur, je vivais comme dans un brouillard, avec la sensation d'être complètement vidée - les psys de l'hosto ont conclu à une dépersonnalisation ( or le psychiatre que j'ai vu, m'a dit " ce n'est pas de la dépersonnalisation" mais dans ce que j'ai lu, ça y correspond bien, dissociation et dépersonnalisation sont pour moi intimement liés - bon là je vais lui rendre mon topo complet, ça va lui permettre de faire le tri)

En découvrant les notions d'effondrement autistique, j'ai eu un choc - je pensais que ce que j'avais vécu était une sorte de dépression, puis j'ai nié le terme ( mais en relisant mes journaux de l'époque, mouais si c'"était pas une dépression sévère, je ne vois pas trop...il y avait la dépression ET la dissociation)
car je venais de vivre des deuils assez rapprochés, une rencontre amoureuse ( forcément déstabilisant, surtout avec quelqu'un de pas du tout fiable), des études qui ne me convenaient pas, et je vivais chez mes parents ultra sollicitants et harcelants même ( toujours à me critiquer, me jauger, m'attendre au tournant, encore maintenant à 40 ans passés) il y a eu comme un trop plein...J'ai craqué

J'ai vu un médecin lui expliquant ces états et aussi que j'avais peur de moi-même que j'avais des envies de me faire très mal pour me retrouver - ici j'ai lu aussi le lien possible entre dissociation et AM ( "pour réintégrer son corps") - exactement cela - bref je voulais qu'il m'oriente vers un psychiatre, sous estimant ( comme d'hab) mon état, c'est lui qui m'a parlé d'hospitalisation

je vous mets ici la liste de mes conclusions, sachant que vers 18 ans j'ai analysé de près , en live dirons- nous, en décrivant mon état seconde par seconde, pour résumer ( c'est assez long) je décris le phénomène en hypothéquant que les sollicitations extérieures me vident de ma substance ( sorte de vampirisation), "je me perds dans un dédale de faussetés"

les phénomènes ont commencé vers 13 -14 ans ( collège 4ème, sachant que j'avais vécu un déménagement fin 5ème) et se sont accentués au lycée - je ne peux m'empêcher de penser que la création d'un masque social peut engendrer ce genre de phénomènes, entraînant une distorsion entre son monde intérieur et la face que l'on montre ( pour ma part, toujours enjouée, souriante, un peu fofolle même)

Contextes de l’état dissociatif :
que j’associe à une sorte de transplanage (comme dans Harry Potter) – (pouvant au passage entraîner un « désartibulement » en cas d’erreur et de mauvaise gestion) -il s'agit d'un passage (d'une téléportation sans support) d’un lieu à un autre
Passages
*Passage du rêve à la réalité, quand je me réveille à moitié et que je ne sais plus où je suis, qui je suis, perte de repères - ça peut être le matin, au milieu de la nuit
*De mon intériorité à l’extériorité ( le monde) – je suis dans mes pensées, dans MON monde, je dois rejoindre LE monde et son lot de sollicitations, contraintes matérielles.
Faux self ? Phénomène d'être social que j'ai créé, que je lance en mode automatique, ce qui me permet de m'économiser en quelque sorte, mais me coûte en terme de perceptions (sensations d'être extérieure à moi-même - donc oui une forme de perte de soi - mais un moyen de rester vaille que vaille connectée -très superficiellement - au monde extérieur).
*D’ un état social à un autre (crise existentielle, métaphysique) – passage de l’enfance, de l’adolescence au monde adulte ( le monde du travail, des responsabilités etc.), prise de conscience aigûe de ce changement qui va demander des efforts ( peur des responsabilités, de l’autonomie)
*Situation de choc, événement grave, deuil, accident, agressions, catastrophes (incendie par ex) où le monde extérieur paraît tout d’un coup comme flou ( les gens s’agitent autour de moi, alors que je traverse un événement dramatique ou effrayant - plus tard, je n’arrive pas à exprimer cette réalité, je fais comme si de rien n’était, je suis « détachée » je n’éprouve rien. dissociation post traumatique ici?
* dépression

* neuro-chimie particulière, l’épuisement et le stress ( pas conscientisés en plus) génèrent ces états seconds ? ( une fille rencontrée dans un foyer d'accueil à laquelle j'ai raconté mes expériences, s'y est complètement retrouvée,elle c'était sous drogues - LSD, héro...d'ailleurs quand je montre mes dessins on me demande souvent ce que j'ai fumé - rien...)

*Prise de toxique pouvant (donc) entraîner une aggravation de cet état ?
TSA (diagnostic en 2019 par psychiatre spécialisé) - troubles anxio-dépressifs

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Re: TSA et dissociation?

#70 Message par Kalevipoeg » lundi 24 juin 2019 à 18:28

Il m'arrive encore aujourd'hui de temps à autre de faire de la déréalisation ou dépersonnalisation. Cela se produit en cas de surcharge émotionnelle et/ou sensorielle (type supermarchés bondés). Mais cela ne me fait plus paniquer comme autrefois car je sais que cela est passager et que rien de grave ne va se produire. C'est juste mon cerveau qui n'arrive plus à gérer toutes ces informations (sensorielles, émotionnelles, pensées etc.)

Cela arrivait en revanche presque tous les jours lorsque je prenais des médicaments psychotropes à forte dose. Dès que j'ai arrêté mon traitement (en quelques semaines), la déréalisation est devenue beaucoup plus rare et aujourd'hui, ça va mieux.
Born again in Summer 2017, when God told me I was an aspie.

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Re: TSA et dissociation?

#71 Message par Dehlynah » lundi 24 juin 2019 à 19:06

oui en effet, c'est devenu plus familier,donc moins flippant
je n'ai pas dit que je panique moins parce que j'ai appris "à faire avec", j'ai appliqué des stratégies assez efficaces pour me recapturer ( j'appelle ça comme cela) je crois aussi que c'est, pour résumé, en période de grand stress - et une surexposition sociale - sensorielle, émotionnelle, cognitive crée cela -une sorte de bug en somme?
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Re: TSA et dissociation?

#72 Message par Mlle-Qui » lundi 24 juin 2019 à 21:02

Eh bien je suis toute retournée par ce post....

Je met enfin un mot sur une sensation que je connais depuis bien longtemps déjà mais que je n'ai jamais sû expliquer, ni même comprendre !
Cette sensation étrange ou j'ai l'impression que mon esprit n'est plus là et pourtant c'est bien moi qui vit l'instant présent, dans ce corps...

Je n'en ai jamais parlé à personne et ça me fait drôle de savoir que d'autres personnes connaissent cet étrange phénomène :shock:


Comme toi Dehlynah j'ai appris "à faire avec"... très souvent je me pince la jambe pour revenir à la réalité.
Ceci dit ça m'arrive moins qu'avant, j'étais surtout concernée à l'adolescence et début de vie d'adulte. Et le fait que tu associe la dissociation au masque social me met sur le cul ! Je pense qu'avec le temps j'ai peut être appris à gérer mes émotions, mes sensations et ce qui m'entoure. Mais le mot est bien choisi, c'est comme un bug dans ma tête :innocent:

Kalevipoeg ça m'arrive pareil, dans un lieux public ou je reçois trop d'information, mais c'est maintenant que j'en parle que je fais le lien entre le lieu et le moment.

Cela touche uniquement les personnes autistes ?
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Diagnostic TSA en mars 2022
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Re: TSA et dissociation?

#73 Message par Gianna » mardi 25 juin 2019 à 23:30

Ton témoignage m'a beaucoup parlé parce que j'ai trouvé le mot "dissociation" dans mon bilan diagnostique et c'est un des trucs qui m'a le plus pertubée, parce que je pensais à tord que c'était seulement pour les schizophrènes ou pour les rescapés d’événements traumatiques.

Pour ma part quand ça m'arrive je n'ai pas la sensation de sortir de mon corps, mais j'ai l'impression qu'il y a comme un rideau de brume entre moi et la réalité ou bien comme si tout était recouvert d'un voile de cendres. Et tout me semble faux et irréel, ce qui arrive, ce que le gens disent, ce que je dois faire. Tout semble absurde et parfois j'ai l'impression de flotter très loin dans une autre dimension et je suis comme éloignée de moi même au niveau émotionnel.

J'ai surtout eu ce genre de choses vers 15-16 ans avec beaucoup d'intensité et dans mon jargon j'appelais ça "la transe", en fait dans ces moment là j'étais souvent paralysée, prostrée et inactive, comme droguée mais sans avoir pris aucune substance et j'avais de drôles de troubles visuels : tout ce que je voyais restait comme imprimé en négatif sur ma rétine, comme lorsqu'on a regardé une lumière puissante en face et que suite à l'éblouissement on continue de voir sa forme comme un parasite résiduel.

ça m'arrivait surtout suite à des moment d'anxiété relationnelle mais aussi dans les sorties au supermarché. Après 18 ans ça s'est tassé et j'ai attribué ça à la crise d'adolescence. Mais ce genre de phénomène est revenu plus tard, pas de manière si brutale au niveau sensoriel mais de forme plus diffuse et plus insidieuse, il y a 4 ans, suite à des maltraitances psychologiques que j'ai subies. Cette sensation revient de manière récurrente, surtout j'ai l'impression que le monde est un théâtre absurde, une sorte de carnaval permanent ou tout n'est que fausseté.

Après depuis la restitution de mon diagnostique j'ai l'impression de refaire une crise d'adolescence, à 40 ans, mais ça c'est sans doute un autre problème :mrgreen:
Modifié en dernier par Gianna le mercredi 26 juin 2019 à 10:14, modifié 1 fois.
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Re: TSA et dissociation?

#74 Message par Lilette » mercredi 26 juin 2019 à 1:46

Gianna a écrit : mardi 25 juin 2019 à 23:30 les schizos
Un peu de respect non?
Dit comme ça ça sonne insulte, comme "mongol, débile, l'autiste"... :roll:
Utiliser le terme schizophrène en entier ne rend pas malade pour autant.
TSA.

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Re: TSA et dissociation?

#75 Message par Gianna » mercredi 26 juin 2019 à 10:17

Lilette a écrit : mercredi 26 juin 2019 à 1:46
Gianna a écrit : mardi 25 juin 2019 à 23:30 les schizos
Un peu de respect non?
Dit comme ça ça sonne insulte, comme "mongol, débile, l'autiste"... :roll:
Utiliser le terme schizophrène en entier ne rend pas malade pour autant.
Pardon, je n'ai voulu offenser personne, c'était une expression malheureuse, je le reconnais. J'ai corrigé mon texte initial.
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