Je ne suis pas diagnostiquée mais en découvrant ce post, j'ai pris le temps de réfléchir.
Dans mon enfance, je ne me souviens pas avoir joué avec d'autres. Je sais que quand on allait au parc ma petite soeur se trouvait des "copains" en 5 minutes alors que moi je ne savais pas comment faire. Ma mère me disait: "commence par demander "comment tu t'appelles?"" mais j'en étais incapable. Je n'ai pas de souvenirs avant des jeux de billes ou de cartes dans la cours en CM2. Je me souviens que j'étais souvent à part, bien que cela ne me gène pas. Je me souviens qu'au début de l'élémentaire, je jouais seule dans la cours à "Bioman" et que je parlais et écoutais une montre imaginaire et que j'étais vu comme bizarre. Quand j'allais en centre aéré (ce qui n'a pas duré longtemps car je détestais ça), j'étais solitaire ou je traînais avec les animateurs. Je suis allée en colonie à la fin du CM2 et j'étais très isolée: les autres se moquaient de moi, de mes vêtements, de mon allure,... Je distribuais des bonbons et j'avais alors l'impression que les autres s’intéressaient à moi... Je pense que j'étais vu comme "faillote", hautaine, différente. Mais je ne m'en rendais pas vraiment compte et je n'ai pas le souvenir d'en avoir souffert car j'étais bien quand j'étais seule.
Au collège, ça ne s'est pas arrangé. J'étais scolarisé dans un environnement défavorisé, j'avais un langage très élaborée, j'étais très studieuse, je lisais pendant les interclasses, ne suivais pas la mode (bien que je me sois mise tardivement à demander les chaussures ou les marques à la mode à mes parents pour essayer d'être intégrée mais que ça n'a absolument pas fonctionné...) J'ai subi du harcèlement que je ne comprenais pas... Je pensais avoir une amie mais quand je ne la laissais pas copier sur moi pendant les interrogations, elle me harcelait alors avec les autres. Le midi, je mangeais seule à la cantine, me faisait piquer ma part de viande, vider des salières dans mon assiette ou mettre du vinaigre ou des crachats dans mon verre... Heureusement, je n'y suis allée que 2 ans... Je préférais aller au CDI ou, le temps du midi, à l'atelier "maquette" où un surveillant faisait une maquette du collège avec des allumettes et où il y avait très peu de monde. Les cours de sports étaient une horreur: je déambulais sur le terrain ou m'asseyais au milieu pour jouer avec des brins d'herbe.
Au lycée, ça a été mieux, je pense que j'avais appris à faire plus "ce qu'on attendait de moi". Déjà j'ai fait en sorte d'avoir des notes moyennes pour ne pas être repérée, j'avais appris aussi à m’intéresser aux groupes à la mode pour pouvoir participer à certaines conversations. J'ai intégré un groupe d'amis pas très intégrés lui même. Je les suivais et ils semblaient apprécier ce qui chez moi semblaient gêner les autres. Par contre, mes relations avec les autres étaient toujours catastrophiques...
De cette époque, j'ai gardé une amie qui est la seule que j'ai vraiment aujourd'hui. Si j'ai besoin, je sais qu'elle est là et inversement, mais finalement, je pense qu'elle sait très peu de choses de moi. Je ne pense pas partager avec elle comme d'autres semblent partager avec leurs amis. Je lui parle des événements de ma vie mais pas de ce que je pense ou ressent ou mes doutes.
A la fac, hormis cette amie que je voyais de temps en temps mais qui ne suivait pas la même filière que moi, j'étais très seule. J'ai eu un logement étudiant mais que j'ai rendu après moins de 6 mois car c'était trop difficile pour moi. Surtout au niveau de l'angoisse.
Quand j'étais avec le père des filles, je fréquentais ses amis, par obligation, mais je me sentais toujours mal à l'aise. Certains après 8 ans, pouvaient se tromper avec mon prénom... Avec lui, je pense que nous ne communiquions pas vraiment. Il me mentait beaucoup, me cachait des choses et j'ai mis beaucoup de temps à comprendre. J'étais très malheureuse mais personne n'en était conscient.
Aujourd'hui, je connais des gens, mais je ne peux pas dire que ce sont mes amis. Ce sont essentiellement ceux de mon conjoint et je sais qu'ils peuvent me trouver bizarre, distante, pas intéressée,... mais j'ai l'impression d'être plus ou moins intégrée, mais probablement juste par la force des choses.
Et il y a mon conjoint. Je crois que c'est le seul qui ait vraiment cherché à "me connaitre", cherché à savoir qui je suis et pas qui je parais être. C'est d'ailleurs en discutant vraiment ensemble que j'ai commencé à me rendre compte que tout le monde ne fonctionne pas comme je le fais et ne connait pas toutes ces difficultés.