Ametrine a écrit :une personne Asperger peut-elle renvoyer une bonne image sociale?
Il me semble que ça va dépendre du (des) groupe(s) dans le(s)quel(s) elle veut renvoyer une bonne image sociale. Renvoyer une bonne image sociale au sein d'un groupe, c'est entrer en accord (en réalité ou en apparence) avec les normes sociales de ce groupe.
Il s'agit alors de chercher à identifier les normes sociales de chaque groupe qui nous intéresse, puis de différencier alors :
- celles qui nous conviennent (qui sont en accord avec "mes" propres normes prescriptives, croyances, idéologies, ce qui ("selon moi") doit/devrait être),
- celles qui ne nous conviennent pas trop, mais sur lesquelles nous pouvons faire des concessions (l'art du compromis, du marchandage, d'une certaine forme de réciprocité),
- celles qui ne nous conviennent pas du tout ("inacceptables", "inconcevables", "ça jamais !"), [a priori]
- celles qui nous indiffèrent, qui ne nous font ni chaud ni froid [a priori].
Il s'agit de développer des stratégies, sachant qu'on ne peut pas être comme tout le monde, qu'on ne peut pas plaire à tout le monde, que personne n'est comme tout le monde.
Moi, je me plais à moi-même, et ça me va très bien, sans forcément me noyer dans un narcissisme des eaux profondes.
Bon, à vrai dire, je me soucie modérément de mon ego, de mon apparence. Au-delà des apparences. Je cherche juste à me faire discret, et, en même temps, sans trop m'en soucier. Marchant dans les rues d'une nouvelle ville, appuyant beaucoup sur le bouton de l'appareil de photo.
Pour ma part, si je m'inscrivais dans le Parti Vert Suisse, je renverrais plutôt une bonne image sociale (pas parfaite), alors que je renverrais une moins bonne image sociale au sein d'autres partis politiques.
On peut aussi différencier les groupes (dont les familles, les groupes idéologiques, etc. ; "homogénéistes") qui sont plutôt normatifs (et réticents à diverses différences) de ceux plutôt ouverts (qui valorisent la différence, la diversité, un certain humanisme).
Moonygirl a écrit :Renvoyer une bonne image de soi oui, mais dans la durée ... pas vraiment. Les gens décèlent la différence, même inconsciemment, je trouve.
Certes, mais il me semble que les personnes plutôt ouvertes auront une plus grande probabilité d'être ouvertes à cette différence (le spectre autistique), même si elles en prennent connaissance "bien tard", même avec la petite période de gêne "mais pourquoi ne m'en as-tu parlé plus tôt ?".
En psychologie sociale - je m'éloigne juste un brin du spectre autistique* - il y a divers ouvrages intéressants. Il y a une thèse
ici, qui nous en apprend pas mal.
Cette discussion du forum parle de psychologie ; j'y appose quelques messages avec liens psycho-sociaux.
[Si la population spectro-autiste était plus connue - cela se fait gentiment, dirait-on - elle pourrait faire, progressivement, sa place alors dans les normes descriptives. Les personnes seraient alors moins étonnées. Un des moyens de lui donner sa place dans les normes descriptives est de l'enseigner à l'école obligatoire (en plus de faire des livres, des séries, des films, etc. avec des personnes spectro-autistes).]
* Juste un brin, puisqu'on parle régulièrement de la place des personnes spectro-autistes dans l'ensemble qu'est la société, de leur recherche (notamment quand elles ne se soupçonnent pas encore autistes) de conformité à des normes sociales de certains groupes. [Et que les femmes spectro-autistes y arrivent mieux, en général, que les hommes spectro-autistes. [Bon, il y a encore toutes les nuances dans le non-binaire (LGBTAQI,etc..], dans tout ce qui n'est pas cis-hétéro.]
Il me semble que l'important est qu'il se sente bien avec lui-même, avant tout. Et que tu te sentes bien avec toi-même.
Il paraît que, quand on porte un masque depuis longtemps, dans un même contexte social, il est difficile d'enlever celui-ci dans ce contexte social. Ça paraîtrait dissonant ("dissonance cognitive", par exemple avec l'inhabituel, ce qui ne respecte pas les normes descriptives). "T'as changé !" "Tu fumes plus ?" "Tu bois plus ?" "Tu ne ... plus ... ?!" Tu t'étais adaptée pour que les personnes autour de toi se fassent une représentation de toi qui correspondent à certaines normes descriptives. Puis, tout à coup, tu fais tomber le masque. Tu ne corresponds plus à certaines normes. Les personnes autour de toi doivent adapter/modifier leurs représentations de toi.
Suivant comment, tu peux essayer d'enlever le masque (ou un partie du masque) et voir comment les personnes réagissent. Souvent, elles s'y font (surtout si elles t'ont appréciée toutes ces années durant, si ça ne dérange pas leur quotidien (et si ça ne réduit pas le chiffre d'affaire
)).
Mornes normes !