Est-ce qu'il y a des personnes ici qui ont déjà songé au suicide qui ont déjà explicité dans le détail leurs idées auprès d'un professionnel de santé ?
Si oui, ça attise quelle réaction généralement ? On doit direct se faire transférer vers les urgences psy si on le confie à quelqu'un ou pas ?
Même si c'est plus d'actualité à un instant t ?
plusieurs cas de figure vécus - je crois que ça dépend vraiment de la sensibilité du professionnel, ce qu'on exprime et comment on l'exprime
donc ça peut donner comme dit ci-dessus, soit de l'indifférence, voire de la moquerie, ou de l'alarmisme, mais j'imagine que c'est très dur d'évaluer un vrai risque suicidaire, quand la personne est en danger immédiat :
1. Jeune adulte, je suis allée voir un généraliste pour lui demander de m'orienter vers un psychiatre - mon état psychique était déjà très dégradé, j'en avais conscience (j'avais arrêté mes études en milieu d'année, impossible de me concentrer, d'y trouver un sens...)je lui ai clairement exprimé que je voulais me faire du mal (en lui donnant des détails) pour sentir de nouveau mon corps (dépersonnalisation en continu), le verdict a été immédiat et m'a soulagée : hospitalisation en urgence. ( je ne pensais pas me trouver dans un état aussi grave que ça, son évaluation a été celle-là en tout cas, personne ne peut dire ce qui ce serait passé sans hospit. qui n'a pas été une partie de plaisir non plus...)
2. avec un psy il y 3 ans environ, à bout de nerfs, submergée sur tous les plans, le risque était réel, je lui ai dit que je traversais les rues sans faire attention, avec l'intention plus ou moins claire d'avoir un accident
là il me dit : "je vous fais confiance, vous êtes un Phoenix" blabla
est- ce que c'était une forme de soutien, de me persuader que j'allais m'en sortir ?il m'avait déjà dit que c'était un miracle que je me sois pas suicidée avec tout ce que j'avais enduré.
J'ai tenu le coup, si j'avais été hospitalisée ça aurait sans doute coupé la dynamique de séparation dans laquelle j'étais - il m'a aidée à enclencher des actions bénéfiques (contact avec une AS, avec un psychiatre)
il me demandait régulièrement où j'en étais avec mes idées noires
3. il y a 2 ans, situation perso beaucoup mieux (séparée, enfin, mais bon c'est comme quand on réchappe d'un incendie ou d'une maladie grave, les séquelles, le traumatisme font que ce n'est pas parce qu'on est sorti du truc qu'on va forcément super bien - je connais tellement de gens qui m'ont culpabilisée de ça - "maintenant que t'es séparée, tout va bien, allez fonce" ps j'avais été maltraitée psychiquement, physiquement), mais à bout quand même (en grosse difficulté avec mes enfants), je craque au CMP, j'ai dit que j'étais à bout, en larmes, on me parle d'hospitalisation - je dis que j'y ai pensé mais que non ça va aller, je préfère profiter de mes moments seules pour me ressourcer que de me retrouver en HP, mais la possibilité est là - à suivre.
4. Avec mon psychiatre actuellement, j'aborde les périodes d'idées noires, souvent je lui parle quand c'est passé. J'ai lu sur ce fil qu'avoir des idées suicidaires, ça ne veut pas forcément dire qu'on va mal - euh ben si - pour moi c'est clairement un signal d'alerte :
épuisement, submersion, profond mal être (j'ai eu deux semaines à risque en novembre dernier, je crois que je gère maintenant les périodes de crises où ça arrive, comme un kit de survie - médocs, IR, personnes à appeler au cas où, une amie que je connais depuis très longtemps était dispo à cette période et a été ultra présente, dès que je sentais l'idée m'envahir de façon irréversible, je l'appelais - se raccrocher à l'extérieur quand on se désintègre, c'est un truc que j'ai appris - je me suis accrochée à mon violoncelle aussi comme à une planche de survie, "une planche de vivre" pour reprendre le titre d'un recueil de poèmes traduits par R. Char et Tina Jolas)
je crois que quand on a déjà ouvert ces vannes-là, qu'on a déjà envisagé sérieusement cette option, ça ne peut que revenir de façon un peu réflexe...Après il y a la régularité, l'envahissement - pour moi comme déjà dit avec un traitement anti- dépresseur adapté, ça s'est bien calmé, au point de me dire un jour devant le flot des voitures :" tiens je ne pense plus à me suicider toutes les 2 minutes, c'est cool !!" quel soulagement...Parce que dans ces cas la vie est un poids mais la pulsion suicidaire d'une certaine façon aussi.
N.B autour de moi un nombre assez notable de personnes est passé à l'acte, soit TS soit de façon aboutie (je ne veux pas employer le mot " réussie"), alors ça aussi ça ouvre les vannes du possible tout en montrant l'horreur que c'est pour les proches, ceux qui restent.
Et évidemment ça me fait prendre très au sérieux toute allusion aux idées suicidaires (mon fils il y a peu...Du coup j'ai tiré les signaux d'alarmes autour de moi, que ce soit de la provoc ou du chantage, je m'en fous, je rigole pas avec ça).