Flot de pensées incessant

[lepton]

J'ai en ce moment de gros problèmes de concentration au travail, à cause de mon flot de pensées qui m'amène ailleurs, loin des tâches pour lesquelles on me paie. Je commence à travailler sur une tâche, puis je me déconnecte du monde environnant, et je pars très, très, très loin dans mes pensées. Je refais surface, puis je repars. Du coup je n'avance pas, j'accumule du retard.
Ce n'est pas nouveau, j'ai toujours été comme ça, mais je gère (ou pas) selon les périodes, ma fatigue, ma motivation...

Donc, je me pose quelques questions.

- Tous les TSA (non HPI) ont-ils un flot de pensées incessant? D'ailleurs, est-ce vraiment systématique chez les HPI?

- Ces pensées vous gênent elles parfois dans votre vie, au delà de la fatigue qu'elle engendre?

- Avez-vous trouvé un moyen d'arrêter (ou d'atténuer) vos pensées pour reposer votre cerveau?

Dans mon cas, le principal moyen dont je dispose, c'est écouter certaines compositions de musique classique. Je me laisse porter par la musique, le rythme, le contrepoint; je voyage au coeur des lignes mélodiques qui se croisent, se répondent, s'emmêlent, de démêlent... c'est très visuel (et très inexplicable), il n'y a plus que la musique, et je ne suis plus pollué par mes pensées. C'est très reposant, mais je ne le fais qu'à la maison.

Voilà, si vous avez des expériences à partager...

[piedsboueux]

- Avez-vous trouvé un moyen d'arrêter (ou d'atténuer) vos pensées pour reposer votre cerveau?

- La méditation (attention vigilante à tout ce qui se présente: perceptions globales et "flasch" (les souvenirs vécu au présents qui ne durent que l'instant de leur passage de l'inconscient au conscient): si distraction vient (pensée ou développer un souvenir-flash), se passionner plus encore pour son sujet de replacement: la respiration (et particulièrement la sensation de l'air qui entre et sort des narines)

- ATTENTION DANGER! ne pas transformer la méditation en pratique de refoulement: ce qui "vient" ne doit pas être refusé, mais reconnu, sans en discuter (sans y penser plus).
Il ne faut surtout pas refuser de penser (cela donne encore plus de vigueur à la pensée), mais seulement s'intéresser plus fort que pour la pensée, à sa respiration, à ses perceptions sensorielles.

- La méditation m'a fait rencontrer une difficulté: j'étais malheureux et j'ai du admettre pourquoi: une carence de contact physique et de sensualité que je n'ai jamais trouvé dans la sexualité. Je m'en suis soulagé en grande partie en acceptant, puis en osant le demander, un contact physique qui m'avait tant manqué durant l'enfance: j'ai donc pratiqué, toujours, cette technique d'attention vigilante, mais en me faisant serrer fort, me faire contenir dans les bras (la force de contenance était essentielle, pour me sentir petit, enfant, et fasciné par quelqu'un bien plus fort que moi).
En recevant ce soin, je continuait la pratique de la méditation (je crois que sans cette pratique de méditation, le mental avec ses pensées aurait été saboteur, en y mettant des questionnements, des justificatifs et autres source de conflit avec cette expérience)

J'ai énormément pleuré de soulagement avec aussi de nombreuses révélations. Cette pratique d'étreinte est devenue des séances de chialer à fond, et après cela j'ai eu beaucoup moins de persistances sensorielles et auditives, (les perceptions sensorielles sont devenues moins traumatisantes) et je dispose mieux de la capacité d'arrêter de penser quand ça me fatigue... Le succès de cette expérience était dans la confiance absolue que j'ai accordé à cet ami qui me consolait ainsi.

[freeshost]

Écouter la musique.

[piedsboueux]

j'ai oublié de préciser que j'ai associé dans un second temps les séances de chialer dans les bras à écouter les musiques les plus émouvantes possibles... que je craignais jusqu’alors à cause que ces dernières me restaient dans la tête (par ce que jusque là je refusais de ressentir ce qu'elles appelaient). Avec cet accompagnement je pleurais tout ce qu'il y avait à pleurer dessus.

[Nanar02]

C'est un mélange de Sophrologie et de méthode Temple Grandin ?

[lepton]

Oh, c'est assez violent, piedsboueux .
Je commence à m'intéresser à la pleine conscience pour mes problèmes d'anxiété. J'avais cru comprendre qu'elle permettait justement de vivre l'instant présent et d'accepter les pensées anxiogènes, sans les traiter comme une donnée utile. Je n'avais pas pensé qu'il pouvait y avoir ce genre d'effet secondaire.
Si j'ai bien compris, c'est le bruit ambiant des tes pensées qui avait permis à la conscience de tes carences de rester enterrée profondément? Puis cette carence de contacts est remontée à la première accalmie?
Vas-tu mieux aujourd'hui?

[Djinpa]

- Avez-vous trouvé un moyen d'arrêter (ou d'atténuer) vos pensées pour reposer votre cerveau?

- La méditation (attention vigilante à tout ce qui se présente: perceptions globales et "flasch" (les souvenirs vécu au présents qui ne durent que l'instant de leur passage de l'inconscient au conscient): si distraction vient (pensée ou développer un souvenir-flash), se passionner plus encore pour son sujet de replacement: la respiration (et particulièrement la sensation de l'air qui entre et sort des narines)

- ATTENTION DANGER! ne pas transformer la méditation en pratique de refoulement: ce qui "vient" ne doit pas être refusé, mais reconnu, sans en discuter (sans y penser plus).
Il ne faut surtout pas refuser de penser (cela donne encore plus de vigueur à la pensée), mais seulement s'intéresser plus fort que pour la pensée, à sa respiration, à ses perceptions sensorielles.

- La méditation m'a fait rencontrer une difficulté: j'étais malheureux et j'ai du admettre pourquoi: une carence de contact physique et de sensualité que je n'ai jamais trouvé dans la sexualité. Je m'en suis soulagé en grande partie en acceptant, puis en osant le demander, un contact physique qui m'avait tant manqué durant l'enfance: j'ai donc pratiqué, toujours, cette technique d'attention vigilante, mais en me faisant serrer fort, me faire contenir dans les bras (la force de contenance était essentielle, pour me sentir petit, enfant, et fasciné par quelqu'un bien plus fort que moi).
En recevant ce soin, je continuait la pratique de la méditation (je crois que sans cette pratique de méditation, le mental avec ses pensées aurait été saboteur, en y mettant des questionnements, des justificatifs et autres source de conflit avec cette expérience)

J'ai énormément pleuré de soulagement avec aussi de nombreuses révélations. Cette pratique d'étreinte est devenue des séances de chialer à fond, et après cela j'ai eu beaucoup moins de persistances sensorielles et auditives, (les perceptions sensorielles sont devenues moins traumatisantes) et je dispose mieux de la capacité d'arrêter de penser quand ça me fatigue... Le succès de cette expérience était dans la confiance absolue que j'ai accordé à cet ami qui me consolait ainsi.

.... çà donne envie et çà fait peur en même temps!
çà fait quarante ans que j'utilise sporadiquement cette attention au souffle pour diminuer le débit des pensées, et j'ai enseigné à mon fils qui avait des gros problèmes d'endormissement jusque vers 8 ans,un scénario de sophrologie, il a pu enfin devenir autonome pour s'endormir- et moi j ai été libérée de l'heure de rituel dodo quotidienne
l'intensité de mon besoin de chialer accompagnée est telle que j'ai les larmes aux yeux rien que de l'écrire.
Mais contrairement à toi, piedsboueux, je n'ai encore trouvé personne qui accepte de m'offrir cela, et j'ai remis cette priorité à plus tard, ces mois-ci c'est la survie, et programme archiplein!

[piedsboueux]

je n'ai encore trouvé personne qui accepte de m'offrir cela, et j'ai remis cette priorité à plus tard, ces mois-ci c'est la survie, et programme archiplein!

c'est ainsi que passe la vie: cette expérience majeure n'est en effet pas la priorité, elle est remis à plus tard (car personne n'est assez parfait pour la commencer, il n'y a que dieu, donc, remis à plus tard, après la mort). Ainsi le temps passe, la vieillesse arrive, l'occasion se présente plus facilement quand la libido est tombée (elle a perdu de son ambiguïtée sexuelle), mais du coup il n'y a plus cette sensualité en attente encore assez vive et vivante pour la vivre intensément.

Donc c'est une urgence, à faire tant qu'on est en forme. Avant de s'user, de trop vieillir.

Pour votre enfant ça marche dans le bon sens car il est en phase de latence... Mais Attention au retour en boomerang si cette souffrance est "écartée" par un scénario de "pensée positive", quand la carence de sensualité infantile (qu'il a aussi très probablement par identification à vous en tant que parent) rencontrera les désirs sexuels, "sans autorisation", entre 19 et 21 ans! il y aura alors une énorme ambiguïté entre son coté resté enfant et son coté tentant d'être adulte, qui sera saboteuse de relations (la coupure coeur/sexe).

le travail méditatif consiste surtout à ressentir la réalité de ses perceptions (c'est l'étape nécessaire pour éventuellement ensuite en ressentir réellement leur caractère illusoire!!!, il n'est pas question de se persuader qu'une chose réellement ressentie est illusoire, surtout si c'est un ressenti plutôt inconscient: c'est du mensonge et ça fait très mal à la longue de s'en détourner, c'est littéralement passer à coté de SOI)

[lepton]

le travail méditatif consiste surtout à ressentir la réalité de ses perceptions ... c'est du mensonge et ça fait très mal à la longue de s'en détourner, c'est littéralement passer à coté de SOI)

À la quarantaine passée, je m'aperçois justement que je suis passé à côté de plein de choses, pas dans ma vie (enfin oui, peut-être mais ce n'est pas la question), mais par rapport à la perception que j'ai de moi même. A force de paraître de que les autres attendent, j'ai oublié d'exister. Le diagnostic a participé à cette prise de conscience, je suis en plein travail pour réassembler les morceaux. Dit comme ainsi ça a l'air niais, mais j'ai du mal à l'exprimer adroitement.
Du coup, comme toi Djinpa, la méditation me fait maintenant peur, ce n'est peut-être pas le moment. Cela fait trois semaines que je veux faire de la sophrologie, mais je n'ose pas appeler pour prendre des cours.

Piedsboueux, Djinpa, vos messages sont extrêmement touchants.

[piedsboueux]

ATTENTION: la sophrologie n'est pas de la méditation.
À tel point que le maitre qui nous l'enseignait, prenait en exemple la sophrologie pour expliquer ce qu'il ne fallait pas faire (tel visualiser des énergies, imaginer de l'énergie positive, se relier au monde divin... tout ça c'est de la construction mentale donc de la distraction et une construction d'illusion positives mais fausses, qui cachent ce qu'on doit s'avouer d'abord pour avancer plus)
Cela dit il ya plusieurs écoles de sophrologie...

Méditation, Seulement tenir la posture en étant vigilant sur divers points révélateur de relâchement de vigilance et de veiller à rester conscient de sa respiration en cas de moindre distraction.
Maintenir dans la vie cet état de vigilance sur l'instant, même, et surtout en pensant: même si la pensée est utilisée, la conscience est sur le SOI, elle observe un moi-je qui n'est plus le centre de fixation de la conscience, mais seulement une construction "de vie" .

[Manichéenne]

- Tous les TSA (non HPI) ont-ils un flot de pensées incessant? D'ailleurs, est-ce vraiment systématique chez les HPI?

- Ces pensées vous gênent elles parfois dans votre vie, au delà de la fatigue qu'elle engendre?

- Avez-vous trouvé un moyen d'arrêter (ou d'atténuer) vos pensées pour reposer votre cerveau?

-Non, je ne crois pas. Non.
-Oui, beaucoup.
-Oui, prendre un traitement contre le déficit d'attention.

[lepton]

Merci beaucoup Manichéenne.
Je ne savais pas qu'il y avait des traitements pour ça. Je n'avais même pas fait le lien avec le déficit de l'attention, j'ai l'air bête...

[Manichéenne]

Il y a quelques années, j'ai demandé "à quoi tu penses ?" et on m'a répondu "à rien". J'ai cru qu'il me mentait et qu'il ne voulait pas le dire, ce n'était pas possible de ne penser à rien. Puis j'ai découvert qu'il était sérieux.
La première fois que j'ai eu un traitement contre le TDA, j'ai pu découvrir ce que ça fait. C'est extrêmement apaisant.

[lepton]

Oui, ça a été pour moi un grand bienfait de la démarche de diagnostic.
Ma femme est non-autiste, j'ai commencé à parler avec elle du fait que je ne peux pas penser à rien, de mes mécanismes cognitifs, de ma perception de l'environnement, et me confronter à elle.
Ce sont des choses tellement intimes, et comme on n'a que notre cerveau pour évaluer notre propre fonctionnement, on pense que tout est "normal". Je ne m'étais pas vraiment posé ces questions avant.

[olivierfh]

J'ai cru qu'il me mentait et qu'il ne voulait pas le dire, ce n'était pas possible de ne penser à rien. Puis j'ai découvert qu'il était sérieux.

Il paraît aussi que parfois les gens s'ennuient, quelle notion étrange.