Recherches sur l'autisme et les femmes
Posté : vendredi 21 avril 2017 à 12:39
J'ouvre ce nouveau sujet pour y regrouper les recherches sur ce thème.
Voir aussi le site de l'AFFA.
Les différences entre les sexes pourraient être minimes chez les personnes avec autisme
par Levi Gadye - 12 avril 2017 - Spectrum News
L’autisme se présente de la même façon chez les filles et les garçons, c’est ce que suggèrent les résultats d’une grande étude de dossiers médicaux.
Les filles diagnostiquées d’autisme ont des scores légèrement supérieurs à ceux des garçons pour quelques mesures de la fonction sociale et des capacités de langage. Mais les garçons et les filles ne montrent aucune différence dans la sévérité de l’autisme, les capacités cognitives ou l’âge au moment du diagnostic, suggère l’étude.
Ce travail est le dernier en date à tester les différences entre les sexes dans l’autisme, qui est diagnostiqué chez quatre garçons pour une fille. De nombreux médecins disent que les difficultés sociales sont plus subtiles chez les filles que chez les garçons avec autisme.
Ces nouveaux résultats, publiés le 13 février dans la revue Autism, vont à l’encontre de l’hypothèse communément admise que des différences distinctes existent entre les sexes dans l’autisme, dit la chercheuse principale, Joanna Mussey, professeur assistante clinicienne de psychiatrie à l’université de Caroline du Nord, Chapel Hill.
Les chercheurs pourraient toutefois ne pas avoir capturé quelques différences. Par exemple, les résultats se sont basés sur des tests ne mesurant pas les comportements répétitifs — une des caractéristiques principales de l’autisme, que l’on estime particulièrement prononcée chez les garçons.
Les experts reconnaissent de plus en plus que les différences entre les sexes dans l’autisme peuvent être subtiles et disent que les études comme celle-ci démontrent la nécessité d’approches fines pour la mesure de ces différences.
« Je ne pense pas qu’il y ait probablement une différence chez les filles, mais pour les garçons, la recherche ne le démontre pas très aisément, » dit Catherine Lord, directrice du Center for Autism and the Developing Brain du New York-Presbyterian Hospital, à New York, qui n’a pas participé à l’étude.
Des intelligences équivalentes
Mussey et son équipe ont analysé les dossiers médicaux de 566 garçons, 113 filles et femmes, diagnostiqués d’autisme dans des cliniques de Caroline du Nord entre 2001 et 2013. Les âges des participants au moment du diagnostic s’étendent entre 21 mois et 56 ans.
Les dossiers comprenaient les scores au Autism Diagnostic Observation Schedule-Generic (ADOS-G) et au Childhood Autism Rating Scale (CARS). Les tests mesurent la sévérité des caractéristiques de l’autisme en se basant sur des observations cliniques et, dans le cas de CARS, sur des comptes-rendus parentaux. Les documents comprenaient aussi les résultats de tests d’intelligence.
Les résultats CARS suggèrent que les filles présentent des traits autistiques un peu plus sévères que les garçons. Par contraste, les résultats ADOS-G du langage et des compétences sociales montrent des difficultés moins grandes chez les filles. Il n’est pas assuré que ces petites différences, opposées, aient une signification clinique, dit Mussey.
Les filles et les garçons avec autisme n’obtiennent pas de résultats différentes aux tests d’intelligence verbaux et non-verbaux. Ce résultat contredit les découvertes suggérant que les filles avec autisme sont plus susceptibles que les garçons d’avoir des déficiences intellectuelles.
Les nouvelles données « montrent que cette différence n’est pas aussi grande que nous le pensions, » dit Donna Serling, une chercheuse post-doctorat au laboratoire Matthew State, université de Californie, San Francisco.
Des relations complexes
Les dossiers médicaux des enfants contiennent les scores de versions aujourd’hui périmées des tests ADOS et CARS, n’intégrant pas les intérêts restreints ou les comportements répétitifs dans le score général. Des études ont indiqué que les garçons avec autisme sont plus susceptibles que les filles d’avoir des intérêts restreints — comme une obsession pour les trains ou leurs horaires — ou de montrer des mouvements répétitifs, comme le battement de mains.
« L’étude a été légèrement limitée dans son observation des comportements, » dit Christine Wu Nordahl, professeur assistant de psychiatrie à l’université de Californie, Davis MIND Institute, qui n’a pas participé à l’étude. « Fondamentalement, vous êtes limité par les données. »
Des études futures sur les différences entre les sexes dans l’autisme devraient observer les comportements sociaux complexes, comme la capacité à maintenir une amitié dans le temps, dit Marisela Huerta, professeur associée de psychologie au Weill Cornell Medical College de New York.
Les chercheurs devraient aussi se concentrer sur des périodes de développement, comme l’adolescence, pendant lesquelles ces comportements sociaux complexes sont importants, dit Rene Jamison, professeur clinicien associé au Pediatric Center for Child Health and Development du Medical Center de l’université du Kansas.
« Nous voyons que les filles connaissent de plus graves difficultés au moment de l’adolescence, » dit Jamison. « Notre champ doit s’orienter vers des mesures sociales plus fiables qui pourraient capter ces caractéristiques ou ces différences plus spécifiques [et dépendant de l’âge]. »
Massey envisage de renouveler son étude en utilisant de nouveaux dossiers médicaux.
Références
Mussey J.L. et al. Autism Epub ahead of print (2017)
Frazier T.W. et al. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry 53, 329-340 (2014)
Voir aussi le site de l'AFFA.
Les différences entre les sexes pourraient être minimes chez les personnes avec autisme
par Levi Gadye - 12 avril 2017 - Spectrum News
L’autisme se présente de la même façon chez les filles et les garçons, c’est ce que suggèrent les résultats d’une grande étude de dossiers médicaux.
Les filles diagnostiquées d’autisme ont des scores légèrement supérieurs à ceux des garçons pour quelques mesures de la fonction sociale et des capacités de langage. Mais les garçons et les filles ne montrent aucune différence dans la sévérité de l’autisme, les capacités cognitives ou l’âge au moment du diagnostic, suggère l’étude.
Ce travail est le dernier en date à tester les différences entre les sexes dans l’autisme, qui est diagnostiqué chez quatre garçons pour une fille. De nombreux médecins disent que les difficultés sociales sont plus subtiles chez les filles que chez les garçons avec autisme.
Ces nouveaux résultats, publiés le 13 février dans la revue Autism, vont à l’encontre de l’hypothèse communément admise que des différences distinctes existent entre les sexes dans l’autisme, dit la chercheuse principale, Joanna Mussey, professeur assistante clinicienne de psychiatrie à l’université de Caroline du Nord, Chapel Hill.
Les chercheurs pourraient toutefois ne pas avoir capturé quelques différences. Par exemple, les résultats se sont basés sur des tests ne mesurant pas les comportements répétitifs — une des caractéristiques principales de l’autisme, que l’on estime particulièrement prononcée chez les garçons.
Les experts reconnaissent de plus en plus que les différences entre les sexes dans l’autisme peuvent être subtiles et disent que les études comme celle-ci démontrent la nécessité d’approches fines pour la mesure de ces différences.
« Je ne pense pas qu’il y ait probablement une différence chez les filles, mais pour les garçons, la recherche ne le démontre pas très aisément, » dit Catherine Lord, directrice du Center for Autism and the Developing Brain du New York-Presbyterian Hospital, à New York, qui n’a pas participé à l’étude.
Des intelligences équivalentes
Mussey et son équipe ont analysé les dossiers médicaux de 566 garçons, 113 filles et femmes, diagnostiqués d’autisme dans des cliniques de Caroline du Nord entre 2001 et 2013. Les âges des participants au moment du diagnostic s’étendent entre 21 mois et 56 ans.
Les dossiers comprenaient les scores au Autism Diagnostic Observation Schedule-Generic (ADOS-G) et au Childhood Autism Rating Scale (CARS). Les tests mesurent la sévérité des caractéristiques de l’autisme en se basant sur des observations cliniques et, dans le cas de CARS, sur des comptes-rendus parentaux. Les documents comprenaient aussi les résultats de tests d’intelligence.
Les résultats CARS suggèrent que les filles présentent des traits autistiques un peu plus sévères que les garçons. Par contraste, les résultats ADOS-G du langage et des compétences sociales montrent des difficultés moins grandes chez les filles. Il n’est pas assuré que ces petites différences, opposées, aient une signification clinique, dit Mussey.
Les filles et les garçons avec autisme n’obtiennent pas de résultats différentes aux tests d’intelligence verbaux et non-verbaux. Ce résultat contredit les découvertes suggérant que les filles avec autisme sont plus susceptibles que les garçons d’avoir des déficiences intellectuelles.
Les nouvelles données « montrent que cette différence n’est pas aussi grande que nous le pensions, » dit Donna Serling, une chercheuse post-doctorat au laboratoire Matthew State, université de Californie, San Francisco.
Des relations complexes
Les dossiers médicaux des enfants contiennent les scores de versions aujourd’hui périmées des tests ADOS et CARS, n’intégrant pas les intérêts restreints ou les comportements répétitifs dans le score général. Des études ont indiqué que les garçons avec autisme sont plus susceptibles que les filles d’avoir des intérêts restreints — comme une obsession pour les trains ou leurs horaires — ou de montrer des mouvements répétitifs, comme le battement de mains.
« L’étude a été légèrement limitée dans son observation des comportements, » dit Christine Wu Nordahl, professeur assistant de psychiatrie à l’université de Californie, Davis MIND Institute, qui n’a pas participé à l’étude. « Fondamentalement, vous êtes limité par les données. »
Des études futures sur les différences entre les sexes dans l’autisme devraient observer les comportements sociaux complexes, comme la capacité à maintenir une amitié dans le temps, dit Marisela Huerta, professeur associée de psychologie au Weill Cornell Medical College de New York.
Les chercheurs devraient aussi se concentrer sur des périodes de développement, comme l’adolescence, pendant lesquelles ces comportements sociaux complexes sont importants, dit Rene Jamison, professeur clinicien associé au Pediatric Center for Child Health and Development du Medical Center de l’université du Kansas.
« Nous voyons que les filles connaissent de plus graves difficultés au moment de l’adolescence, » dit Jamison. « Notre champ doit s’orienter vers des mesures sociales plus fiables qui pourraient capter ces caractéristiques ou ces différences plus spécifiques [et dépendant de l’âge]. »
Massey envisage de renouveler son étude en utilisant de nouveaux dossiers médicaux.
Références
Mussey J.L. et al. Autism Epub ahead of print (2017)
Frazier T.W. et al. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry 53, 329-340 (2014)