Bernard Golse sur l'autisme

[Mars]

Ma fille a été en couveuse dans un hôpital à 20 km durant ses 2 premières semaines. Ca pourrait corroborer votre théorie. Je connais d'autres enfants autistes qui ont vécu de telles séparations mais ils sont quand même minoritaires.
Alors, un facteur de plus peut-être mais un facteur seulement.

[bernard]

Tu avais quel âge?

4 ans et 1/2.

[maho]

Oui Manu j'avais bien compris ton sens de separation, c'est pour cela que j'ai decris ma naissance et celle de mon fils, je vois que Mars aussi. C'est evidemment un facteur important a mes yeux, non seulement pour les codes sociaux qu'ils n'ont pas bu avec le lait maternel ( ) mais aussi cause d'angoisses et peurs.
Mon fils a subit a la suite nombreuses operations, les premiers dans le meme hopital universitaire, dans le meme section nourrisson. Les operations ont eu lieu trés tot le matin, donc on venait le chercher dans le noir, on le transporté dans un endroit qu'il ne connaissait pas et on le transformait ( pour lui, ca devait ressembler a un defiguration)
Il dort le plus souvent avec une lumiere, encore aujourd'hui.
Il faut bien dire que dans les années 50 (quand je suis née) et meme dans les années 80 (naissance de Loic) on n'acceptait toujours pas la mere ou les parents dans les hopitaux.
Quand j'ai accouché de ma fille, 3 ans plus tard, j'ai demandé le meme gyneco en lui disant que c'etait moi qui decidé sur le deroulement. Si elle avait les memes malformations, je gerait (j'avais de l'experience )
Ca s'est trellement bien passé (le gyneco etait parti dejeuner, et j'ai poussé un bon coup ) que 2h aprés l'accouchement la fille de salle m'a trouvé toujours attaché avec ma fille bien accroché a moi!
Ca n'empeche pas qu'elle a quand meme quelques traits

[annemarie]

Merci, Bernard pour la réponse. Trop tardif pour l'autisme, je pense, quoique qu'une répétition de séparations doit jouer aussi, mais Bon Dieu!!! 4 ans, ils étaient vraiment ravagés.

Dans la liste environnementale, j'ai été mise dans un placard à la maternité quand je pleurais pour que ma mère se repose et une autre séparation grave à 1 ans 1/2 (mère mourante), mon père qui avait pas mal de traits a été soigné au mercure jusqu'à 20 ans, celle de mes deux filles qui a le plus de traits est née sous ocytocine, a perdu sa jumelle vers 2 mois de gestation, et a failli perdre sa soeur à 2 ans (accident).

Et là, on parle de faits évidents, quand on sait que les bébés n'ont pas le même sens que les adultes du temps qui passe ( 1 heure, c'est déjà une éternité), beaucoup de faits banaux à nos yeux peuvent être vécus comme une séparation par l'enfant.

Cette volonté de se débrouiller seule pour accoucher, Maho, ça me rappelle des souvenirs je faisais des fausses contractions pour que la sage-femme me foute la paix et n'active pas le travail, mais elle a percé la poche des eaux et quand l'interne est arrivé, bien sûr, ocytocine dont je ne voulais pas, d'autorité.

[annemarie]

C'est evidemment un facteur important a mes yeux, non seulement pour les codes sociaux qu'ils n'ont pas bu avec le lait maternel ( )

Petite précision, mais importante, je pense, j'avais oublié.

Ce n'est pas la séparation directement qui a cet effet, mais la séparation qui entraîne un problème pour l'attachement et du coup, un problème dans la communication et le décryptage.

C'est ça qui fait que ce genre de trauma peut avoir les mêmes effets qu'un déficit génétique par exemple.

Le bébé ne reconnait pas sa mère, comme c'est lui qui fait une bonne partie du boulot dans le processus d'attachement, la mère est un peu paumée, je dirais même que c'est probablement ça qui crée la dépression maternelle et pas la dépression qui cause l'autisme.

Ma mère me disait, par exemple, que je n'avais jamais eu l'air d'un bébé d'un ton désolé, je pense que c'est cet effet qu'elle ressentait.

Heureusement, (j'en ai vu), des mères arrivent à surmonter ce problème et à stimuler assez le bébé pour que les choses reprennent leur cours, encore faut-il le savoir ou le sentir et ne pas être soi-même trop fragile à ce moment précis ce qui n'est pas évident, l'accouchement étant un bouleversement notamment sur le plan hormonal.

[bernard]

... non seulement pour les codes sociaux qu'ils n'ont pas bu avec le lait maternel ( ) mais aussi cause d'angoisses et peurs.

J'ai bu tout le lait maternel possible. J'en prenais même plus que la quantité habituelle. Au bout d'un moment, il a fallu compléter car j'avais grand'faim. Et je suis aspie.
Ma sœur qui a suivi 4 ans plus tard, ne prenait pas de lait maternel, il a fallu que ma mère utilise un tire-lait. Et ma sœur est NT pure et dure.
Par contre pour angoisse et peurs, je confirme. C'est ce qui a poussé ma mère a consulté un psy.

[Jonquille57]

L'angoisse chez un jeune enfant peut venir de tout autre chose qu'une séparation avec la mère : j'ai toujours entendu les pédiatres dire que mon fils était angoissé, nerveux ( même tout petit ) , et pourtant, nous ne nous sommes jamais séparés... Évidemment, ils ont vite faire le rapprochement avec moi : je donnais mon angoisse à mon fils ( ), et quand j'entendais cela, cela m'énervait prodigieusement, car je pensais ( déjà ! ) que les médecins ne comprenaient rien... En fait, il était angoissé dès qu'il n'était plus avec moi ( il ne faisait que pleurer dès qu'il ne me voyait plus, ceci pendant ses premières années de vie. )

J'ai allaité Mysterio pendant 4 mois ( le premier mois, j'ai du utiliser un tire-lait car il n'avait pas la force de téter mon sein ). Expérience pas facile pour moi... ( je parle du tire-lait )

Tous les professionnels de la santé me " reprochaient " que nous avions une relation trop fusionnelle, et ce reproche m' a poursuivi pendant très très longtemps.

[annemarie]

"bu avec le lait de la mère"
C'est une expression pour dire dès la naissance avec ou sans allaitement, ce qui se transmet de mère à enfant.

mon fils était angoissé, nerveux ( même tout petit )

Oui, ma fille aussi, était comme ça, et très exigeante, je ne pouvais rien faire d'autre en l'allaitant, si je lisais, elle virait le livre.

[annemarie]

Et elle redoutait toutes les séparations. Je me suis longtemps demandé pourquoi, puis je me suis dit que peut-être la perte de la jumelle était en mémoire dans le corps, mais c'était peut-être l'ocytocine, maintenant que je connais le rapport.

[Jonquille57]

Je n'ai pas eu d'ocytocine pour mon accouchement...

[annemarie]

Oui, je ne dis que des peut-être

Elle aurait peut-être été comme ça sans ocytocine.
Surtout que c'est pas tant l'ocytocine qui est en cause que la force des contractions qu'elle provoque.
Quelque chose de mal vécu par un bébé prédisposé, ça en laisse des hypothèses, y compris auxquelles on ne peut pas penser, parce qu'on n'est plus dans l'état d'un nouveau-né et que chaque nouveau-né est différent l'un de l'autre dans sa sensibilité, sa précocité, etc, etc.

Après, ça devient du calcul de probabilités, comme pour les caractères génétiques, ça, ça me fiche le tournis.

[nicolew]

Il y a beaucoup de nouveaux nés qui restent à l'hôpital. Et les enfants séparés de la mère ou du père sont très nombreux.
Il faudrait faire une étude statistique pour savoir s'il existe une corrélation entre l'autisme et la séparation d'avec les parents. Il y a peut-être déjà des données dans la littérature. (éviter les papiers de certains psychanalistes français, bien entendu)

[manu]

Alors, un facteur de plus peut-être mais un facteur seulement.

Oui, mais peut-être un facteur représentatif de ce qui se passe, ou plutôt de ce qui ne passe pas dans les cas ou ce facteur n'a pas eut lieux, dans les cas où il n'y a pas eut de séparation.

Il faudrait faire une étude statistique pour savoir s'il existe une corrélation entre l'autisme et la séparation d'avec les parents.

Il y a une prépondérance, un facteur de risque accrue : plus qu'autisme en cas de séparation, et plus de séparation recensé dans la population autiste que dans la population générale (on doit pouvoir retrouvé pas mal de source sur ce forum, mais les quelques réponses qui précèdes sont déjà un peut représentative je pense).
Par contre c'est statistique, ce qui en fait effectivement un facteur et pas un cause.

[bernard]

Il y a beaucoup de nouveaux nés qui restent à l'hôpital. Et les enfants séparés de la mère ou du père sont très nombreux.
Il faudrait faire une étude statistique pour savoir s'il existe une corrélation entre l'autisme et la séparation d'avec les parents.

Parmi les parents qui emploient mon épouse pour garder leur enfant, une des mères est bretonne. Le couple a une fille, P. , dont j'ai déjà parlé, et qui est aspie. Après discussion avec les parents, il s'avère que le père aussi. La maman est maintenant rassurée, quant à la différence qui anime son époux et sa fille.
Depuis avril, ils ont eu une seconde petite fille. Je me demandais si la cadette allait aussi avoir un TED. Mais elle est née avec une malformation de la mâchoire et une fente labio-pallatine. Les médecins ont décidé de la garder 6 mois à l'hôpital.
Si elle rentre et qu'elle a un TED, je ne saurai jamais si l'éloignement en est la cause, ou si la partie génétique a pris le dessus.

Cette maman bretonne est passée ce matin pour encourager Lulu dans son championnat et nous a donné des crêpes, un pot de caramel fondant au beurre salé, des biscuits et du cidre de son papa (tout cela ramené de Bretagne hier au soir). Sont sympas ces bretons !

[annemarie]

Je crois qu'en le sachant, en sachant qu'il y a risque, il y a moyen de limiter les dégâts. En allant chercher l'enfant s'il ne vient pas tout seul dans la communication, entre autre.