Interruption contre-productive ?

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freeshost
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Interruption contre-productive ?

#1 Message par freeshost » samedi 24 février 2018 à 0:19

Salut, la compagnie,

On avait déjà discuté un tant soit peu de cette thématique : est-ce que la productivité est (plus) grandement réduite chez les personnes autiste quand on interrompt leurs activités (leur concentration) que chez les personnes non autistes ?

Moi, par exemple, quand je suis tout seul chez moi, et que je lis un nouvel article (avec de nouvelles connaissances ou de nouveaux savoir-faire), je dois me concentrer (en me disant que je veux devenir opérationnel par la suite). Si la sonnette résonne, je dois répondre... et, après cette parenthèse, il me faut un certain temps pour me remettre dans le bain, à mon rythme cognitif*. C'est comme devoir m'arrêter à une gare de manière inattendue... il y a le temps pour décélérer, pour patienter, pour accélérer...

* En plus, mes propres distractions peuvent jouer le rôle de sonnettes... mais là, c'est une affaire personnelle de concentration, de guidage de ma pensée.

Est-ce aussi le cas chez vous ? Au-delà du fait d'être dérangé de manière imprévue, est-ce que cela réduit votre productivité ? Ou, à peine la parenthèse fermée, êtes-vous de nouveau au rythme effréné de vos neurones effervescentes ? :mrgreen:

Y a-t-il eu des études à ce sujet ?

Si ça tend vers une contre-productivité, y a-t-il des mesures mises en place pour sensibiliser le personnel professionnel, la population, à favoriser les activités non interrompues (ou interrompues le moins possible) ? À décrire le libellé dès le début pour ne plus le modifier (ou le moins possible) par la suite ?
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Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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olivierfh
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Re: Interruption contre-productive ?

#2 Message par olivierfh » samedi 24 février 2018 à 6:28

freeshost a écrit :il y a le temps pour décélérer, pour patienter, pour accélérer...
Oui pour moi aussi, et comme avec la sonnette il y a aussi la sonnerie de téléphone, heureusement qu'on m'appelle peu.
Je crois qu'il y a plein de pensées dont on ne se rend même pas compte qui aidaient à organiser ce qu'on faisait, et après l'interruption on ne peut plus les retrouver toutes, il faut le temps de se réorganiser les idées avant de revenir à la pleine vitesse.
TSA de type syndrome d'Asperger (03/2017) + HQI (11/2016).
4 enfants adultes avec quelques traits me ressemblant, dont 1 avec diagnostic TSA et 1 au début du parcours de diagnostic.

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Lilas
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Re: Interruption contre-productive ?

#3 Message par Lilas » samedi 24 février 2018 à 10:24

Personnellement, si je suis interrompue dans une tâche (que ce soit par une intervention extérieure ou simplement par mes pensées qui s' évadent), je peux l'oublier complètement ensuite et ne pas y revenir si je ne l'ai pas concrètement sous les yeux.

Je le vois bien au travail quand je travaille en binôme avec mon chef de projet et que nous sommes interrompus : lui peut reprendre tout de suite le fil des choses là où nous l'avions laissé, alors que cela me demande personnellement beaucoup plus d'efforts pour rassembler les informations nécessaires à la poursuite de la tache.

D'ailleurs, j'ai l'impression que ça l'amuse et qu'il fait parfois exprès de discuter avec mon collègue de bureau pour me déconcentrer et devoir ensuite me remettre sur les rails.

Effectivement, c'est une énorme perte de productivité, mais c'est parce que ce n'est pas ce qu'ils recherchent. Pour eux (et pour la majorité des gens), le lien est plus important que le résultat.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

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Re: Interruption contre-productive ?

#4 Message par Zengali » samedi 24 février 2018 à 11:49

Lilas a écrit : Effectivement, c'est une énorme perte de productivité, mais c'est parce que ce n'est pas ce qu'ils recherchent. Pour eux (et pour la majorité des gens), le lien est plus important que le résultat.
Et ça c'est LE gros souci quand tu bosses avec des neurotypiques très typiques. Parfois je me demande comment marche le monde avec une majorité de gens qui fonctionnent comme ça... et puis je regarde les actus et je comprends :mrgreen:

Mon job c'est 63% de boulot 25% de relationnel de boulot qui ne fait pas avancer les choses et le reste de relationnel hors boulot, pause café, les collègues qui parlent de leur vie. Si seulement je pouvais ne faire que les 63% de boulot!
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lepton
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Re: Interruption contre-productive ?

#5 Message par lepton » samedi 24 février 2018 à 15:26

Au travail, si j'effectue une tâche complexe que je maîtrise et qu'un collègue vient me raconter son week-end hyper passionnant dont je me tape complètement, je ne suis pas déconcentré. Je fais un peu de social, et j'arrive généralement à reprendre ma tâche là où je l'avais laissée.

Par contre, ça devient problématique si je suis en train d'acquérir des connaissances ou de nouvelles compétences. Je le vis comme une agression, et je peux devenir carrément irritable, voire désagréable. Je perds complètement mes moyens.
Et au lieu de revenir à ce que j'avais à faire, j'ai tendance à me raccrocher à des centres d'intérêt qui me servent de refuge...

En gros au travail, je ne peux me concentrer que sur des tâches répétitives que je maîtrise, car je suis dérangé sans arrêt... :?

Quoiqu'à certaines périodes, comme en ce moment, je pars vraiment très facilement dans certains intérêts envahissant à la moindre interruption...
Diagnostiqué. CRA, 2016.

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Flower
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Re: Interruption contre-productive ?

#6 Message par Flower » lundi 26 février 2018 à 10:57

Ca dépend de la tâche et du genre d'interruption... Si je suis par exemple en train de lire quelque chose et quelqu'un passe me dire bonjour, ce n'est pas un problème. Pareil si je suis en train de rédiger et il y a un mail qui arrive, en fait je marque le mail en lu mais l'ignore quasiment. En revanche si je suis en train de rédiger et qu'on vient me demander des renseignements qui prennent un peu de temps, ou que je dois m'arrêter pour aller à une réunion, cela peut devenir très compliqué de revenir à ma rédaction. A la fois parce que l'interruption me fatigue et parce qu'il faut que je reprenne ma pensée. Quand je maîtrise bien le sujet et que je sais déjà très bien ce que je veux dire, ça peut aller quand même, mais si en plus le sujet est un peu difficile, ça risque de prendre beaucoup de temps pour que je m'y remette vraiment...

De manière paradoxale, quand j'ai quelque chose d'un peu difficile à rédiger, je vais m'interrompre moi-même à intervalles réguliers pour lire quelque chose qui n'a rien à voir avec mon sujet et même avec mon travail. Mais ça, ça m'aide à faire avancer ma réflexion, parce que je continue à réfléchir en arrière-plan tout en prenant un peu de distance. D'ailleurs je faisais quelque chose de comparable pendant les examens, quand je bloquais un peu, je demandais à aller aux toilettes. :mrgreen:
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.

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Herlock Martin
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Re: Interruption contre-productive ?

#7 Message par Herlock Martin » mardi 27 février 2018 à 20:20

quelle que soit la tache, quelle que soit l'interruption, difficile de revenir à une efficience maximum...
Évidemment il y a un rapport entre la demande en concentration et la durée et la distance de l'interruption :
si la tache demande beaucoup de concentration et que l'interruption me fait considérer des choses aux antipodes de la tache, je peux ne jamais y revenir totalement...

J'espère que ce que j'expose est compréhensible :)
Prédiag TSA en 14...
Scores élevés sur WAIS en 14 et 16
Prédiag TSA bis en 16
TSA diagnostiqué en 17
3 ADOS, 1 ADI, 1 SQC, 1 M-CHAT, 2 WAIS, pour un atypique même dans l'autisme :mryellow:

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freeshost
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Re: Interruption contre-productive ?

#8 Message par freeshost » mercredi 28 février 2018 à 0:36

Bon, pour moi, en fait, ça dépend de divers facteurs :

1. L'activité que je faisais.
2. Qui m'interrompt.
3. Si c'est urgent.
4. Le sujet pour lequel on m'interrompt.
5. Le temps d'interruption.

- qui m'interrompt,
- à quel sujet,
- pendant combien de temps,
- quelle activité est interrompue.

1. L'activité que je faisais : Si je la connais bien (par exemple, mathématique à mon niveau, pas forcément universitaire :lol: ), je n'ai en général pas de problème à y retourner assez vite. Les trois autres facteurs influent alors peu.

2. Qui m'interrompt. Si c'est la famille, je vais envisager de répondre. La plupart du temps, cela dit, j'attends et la personne m'envoie un message. :mrgreen: Si c'est un numéro inconnu, je laisse béton.

3. Si c'est urgent. Bon, maintenant, je suis capable de demander : "On peut voir ça plus tard ?" (parfois, je précise l'heure) ; "Je peux te rappeler à ... heures ?" (si c'est par téléphone ; autre option : je ne réponds pas, je regarde juste un œil sur qui m'appelle) ; "Une minute, pas plus !" (après, si je discute une minute, le facteur 4 peuvent intervenir) ; "Je suis occupé. Est-ce vraiment urgent ?" (je laisse une ouverture pour le OUI ; si oui, on passe au facteur 4) ; "Je suis occupé. Rappelle-moi / Je te rappelle à ... heures." (je ne laisse pas d'ouverture pour le OUI). Si c'est pour du démarchage ou du sondage téléphonique, je dis clairement "Ich bin gar nicht interessiert." ("Je ne suis pas du tout intéressé." La plupart du temps, ce sont des instituts en Suisse allemande pour moi...). En plus, c'est l'autre personne qui raccroche avant moi. :lol:

4. À quel sujet. S'il y a un sujet, c'est que la personne a trouvé les bons "mots de passe", l'algorithme psycho-social pour que je réponde. Selon le sujet, je vais évaluer si le peu de temps que je peux discuter au téléphone va suffire à faire avancer les choses (la problématique). Si c'est juste une information qu'on me transmet, je prends note.

5. La durée d'interruption. Bon, déjà, si je suis avec un élève, je ne réponds pas. Si j'étais entreprise, je ne répondrais non plus. Avec la famille, j'essaie d'écourter le sujet, d'aller à ce qui permet de faire avancer.

De là, plusieurs situations vont impacter ma concentration sur mon activité :

A. Si je n'ai pas répondu au téléphone, si la personne n'a pas insisté à la porte, je reprends mon activité facilement.

B. Si j'ai répondu brièvement, je n'ai en général pas de problème à reprendre. Mais l'interaction peut parfois demander de nouvelles tâches urgentes (noter des informations ou des directives pour ne pas les oublier par la suite), qui vont parfois me faire aboutir à une situation C.

C. Si j'ai été interrompu longuement (environ cinq minutes, estimerais-je, mais je n'ai pas expérimenté scientifiquement, ni même mesuré :lol: ), il me va falloir au moins quinze minutes pour reprendre mon rythme de croisière. En général, je sais quand même continuer mon activité. J'ai la chance de ne pas être trop émotionnel, emporté par mes émotions. :mrgreen:

Bon, maintenant que je vis seul et que mon téléphone est presque toujours sous silencieux, je suis moins souvent interrompu. :wink: :mrgreen:
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Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)

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Re: Interruption contre-productive ?

#9 Message par Zebra3 » samedi 17 mars 2018 à 21:09

N'est-ce pas plutôt un trait TDA/H ?
Ou simplement un trait qu'on trouve aussi bien dans les TSA que dans le TDA/H ?
Statut : Proche d'éventuel(s) aspie(s) et/ou TDA/H. Personnellement, probable tendance TDA, doué, zébré :mryellow: éventuellement tendance aspie. Je vais peut-être faire un bilan neuropsy...

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