Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

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Jean
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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#76 Message par Jean » jeudi 26 avril 2012 à 19:44

Are Specialisterne all they’re cracked up to be?
Réponse à l'article de Chen dans le numéro 69 [d'Asperger United]
Est-ce que Specialisterne est aussi bien qu’on le dit?

Chen mentionne un exposé sur Specialisterne Scotland lors de la conférence Autscape. J'aurais bien aimé posé quelques questions à Alastair Cooper (le conférencier) si j'y avais été moi-même.

Quand j'ai perdu mon emploi en mai 2009, plus d'une personne m'a envoyé des reportages au sujet de cette nouvelle étonnante entreprise du logiciel danoise mise en lumière qui travaille seulement avec les gens qui sont sur le spectre autistique, comme Specialisterne tende à être décrite. A cette époque, Specialisterne n'avait pas encore ouvert un bureau au Royaume-Uni, et comme je ne parle pas le danois, ni n’ait aucun désir de l'apprendre, émigrer à Copenhague n'était pas une option. J'ai réussi à envoyer un courriel à Thorkil Sonne (fondateur de la société) en partie dans l'espoir que je pourrais être avisé si et quand Specialisterne ouvrait un bureau britannique. Certes, j'avais mes réserves si le travail serait approprié pour moi, étant donné la façon dont il était décrit dans divers articles de journaux que j'avais vu le faisant paraître un peu terne et répétitif. Personnellement, je considère l'ordinateur comme un moyen vers une fin, et non pas la chose la plus intéressante en soi.

Toutefois, dans ce cas j'ai trouvé un autre emploi dans le marché libre en Juin 2010.

Malheureusement cela ne dura pas, et je me suis retrouvé à pointer de nouveau en Décembre. là, Specialisterne avait ouvert son premier bureau au Royaume-Uni, à Glasgow ; je pense que c’était en Novembre 2010, même si je n'ai pas été informé à l'époque. J’avais mis en favori le site de Specialisterne Ecosse, mais ce n’est qu’en Août 2011 qu’il a annoncé de nouveaux recrutements. J'ai essayé leur formulaire de demande en ligne, qui à mes yeux avait une disposition assez bizarre. En ce qui concerne les intitulés d'emploi, le choix qui m’était présenté était entre «testeur de logiciels", "analyste d'affaires", " « concepteur de site web " ou "volontaire/stagiaire /", mais je ne pouvais trouver aucune description d'emploi réel sur le site. En outre, il n'y avait qu'un espace pour inclure un diplôme universitaire et un emploi précédent. Plutôt pas d’accord avec une entreprise dont le slogan est «la passion pour les détails"!

Après plus de recherche, j'ai constaté que quand je tourne la souris sur «Application pour ..." j’ai trouvé «Les candidats ayant un TSA devrait choisir la section stagiaire / bénévole". Par coïncidence il m'est arrivé de rencontrer (au sens virtuel) une employée de Specialisterne Ecosse sur un forum d'Asperger, et elle m'a expliqué que Specialisterne Ecosse ne paye pas de frais de déplacement aux stagiaires, ni les salaires entiers, d'où l'utilisation du mot «volontaire». Celà étant, je n'ai pas vu d’intérêt à faire avancer ma demande, car je vivais à Londres et n'avait pas les moyens de me déplacer à Glasgow pour un poste non rémunéré. Il est très étrange que Specialisterne ne clarifie pas celà sur son site web.

Louisa
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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#77 Message par maho » jeudi 26 avril 2012 à 19:53

Tu es vraiment formidable Jean :mryellow:
Si tu n'existait pas, il aurait fallu t'inventer :lol:
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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#78 Message par Jean » jeudi 26 avril 2012 à 20:02

Mais c'est toi qui m'a donné le tuyau :bravo: . J'ai bientôt fini de traduire le reste (la réponse de Specialisterne).

Cela rappelle - à ceux qui pourraient l'oublier - que nous ne vivons pas au pays des Bisounours. :naugty: Je continue à traduire également certains messages concernant "Square One" : les réponses de la société sur le site de "Business Week" et sur "Jabberwocky", ainsi que celles d'un spécialiste de l'insertion et d'un aspie employé de Specialisterne.

Puisque le 1er mai approche (avec un pont), je vais commencer la traduction des conseils aux employeurs de la National Autistic Society. Merci de m'avoir remis le nez dessus.
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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#79 Message par maho » jeudi 26 avril 2012 à 20:05

Je le recois a la maison, il suffit de remplir ton nom et adresse.
Ils envoient gratuitement. :bravo:
Puisque le 1er mai approche (avec un pont), je vais commencer la traduction des
C'est pas le fete de travail Jean :mrgreen:
Suzanne, la vieille qui blatere, maman de Loic 29 ans

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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#80 Message par Jean » jeudi 26 avril 2012 à 22:06

Suite et fin de l’article d'"Asperger United"

“Asperger United » a offert un droit de réponse à Specialisterne Ecosse. La réponse du directeur général à Louisa est ci-dessous.

J'ai contacté Specialisterne en utilisant le formulaire «général» de réponse sur leur site web. Cela a été traité comme une demande pour leurs services de test et transmis à leur cadre e-Business, que leur directeur général décrit comme en arrêt de travail pour "ces dernières semaines". Cela explique pourquoi il ne répondait pas au téléphone, mais ne parvient pas à expliquer pourquoi Specialisterne ne répondait au téléphone et par courriel depuis si longtemps.

Malheureusement, la réponse ne traite pas explicitement des points que Louisa considère - ce qui aurait été plus utile - et l'apologie est enfouie au milieu de la lettre. J'espère sincèrement qu'ils apprennent à partir de celà.

En persistant, j'ai finalement reçu la réponse suivante:

  • Je suis le nouveau directeur général de Specialisterne Ecosse, après l’avoir rejoint en Octobre 2011.

    Notre stratégie consiste à aider et soutenir les personnes sur le spectre autistique au travail. Nous nous concentrons sur le secteur des Technologies de l’Information [TI], en particulier les essais de logiciels pour les clients d'entreprise au Royaume-Uni. Le Test du logiciel est une partie essentielle du processus de développement logiciel pour veiller à ce que les sites Web, les systèmes et applications soient adaptées à leur usage et répondent aux besoins de l'entreprise. Nous avons également fait quelques développement de sites web pour les autorités locales et des organismes du secteur tertiaire.

    Une majorité de nos employés ont un diagnostic de TSA, mon équipe de direction comprend deux professionnels de l'assistance à l’autisme avec plusieurs années de formation, d'évaluation et d'expérience de travail avec des personnes sur le spectre autistique. Nous nous sommes lancés en Août 2009 et avons près de 150 demandes, dont douze ont abouti à la sélection de notre formation complète en TI et programme d'évaluation. S'il vous plaît, acceptez mes excuses si le site de candidature en ligne n'a pas été parfait, nous sommes constamment en train d’améliorer nos sites Web et nos systèmes, et prendrons vos commentaires à bord.

    Les titres d'emploi de concepteur de sites Web, testeur de logiciels sont des titres d'emploi assez standard dans le monde de l'informatique mais je vais chercher à élargir ces explications sur le site. Nous allons faire comprendre à l'avenir que les postes sont basés à Glasgow, mais on peut éventuellement trouver des clients partout dans le Royaume-Uni et de sorte que certains employés peuvent être appelés à voyager.

    Certains des stagiaires peuvent s'attendre à se joindre à nous à titre d'employés permanents et d'autres peuvent se voir proposer un contrat associé. Quelques-uns peuvent décider que l'essai de logiciels et le développement web n'est pas pour eux et nous essayons toujours d'aider ces personnes à d'autres choix. Le deuxième groupe est actuellement en cours de leurs examens d'essai de logiciels de base, et la prochaine occasion de participer à ce programme est susceptible d'être annoncé à l'été 2012. Notre nouveau site web sera publié en temps utile pour fournir des détails sur les possibilités de Specialisterne Ecosse en 2012.

    Stephen Allott - directeur général de Specialisterne Ecosse
père d'une fille autiste "Asperger" de 40 ans

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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#81 Message par Jean » vendredi 15 juin 2012 à 20:04

Le site de Passwerk a une version française. http://www.passwerk.be/fr

Vidéo de présentation de 6 mn 06 (version sous-titrée en français)
Image
Texte de la vidéo

Page de téléchargement de documents

En particulier Brochure d'entreprise (français) - 24 pages

Témoignages groupés de clients

Extrait de la brochure :
Interview de l'un de nos ingénieurs de test

Dirk, qu’est-ce qui diffère entre ton travail actuel chez Passwerk et ton précédent emploi?
La grande différence, c’est que maintenant on se concentre sur mes aptitudes analytiques. Avant je devais constamment sortir de l’armoire les aptitudes classiques: être communicatif et à l’aise dans les relations. Je me souviens de mon tout premier entretien d’embauche. L’interviewer m’a demandé en anglais ce qui, selon moi, allait être la plus grande difficulté dans ma carrière. « La communication », ai-je répliqué du tac au tac. « We got a hell of a candidate here », m’a répondu l’intervieweur. Il ne s’est pas rendu compte immédiatement que déjà à l’époque je n’étais pas à l’aise dans les interactions sociales et que c’est pour cela que j’avais donné cette réponse. Chez les scouts, je n’ai jamais été chef de groupe, mais le taiseux qui ne comprenait rien du tout à tous ces jeux de bois. Je me souviens encore que je me cachais dans les bois, jusqu’à ce que je crois le jeu terminé. Je ne comprenais jamais bien quelles étaient les règles du jeu et je trouvais déjà une combine pour rester éloigné de ce remue-ménage.

Pourquoi as-tu postulé chez Passwerk ? Qu’est-ce qui t’a attiré chez Passwerk?

L’environnement de travail allait être adapté à ma manière de travailler et pas l’inverse. C’était l’ « œuf de Colombe » quand j’ai lu cela à propos de Passwerk. Précédemment, on ne percevait pas toujours que des caractères « aiguisés » pouvaient s’occuper par exemple du back-up du service clientèle. Une aptitude de base, comme être à l’aise dans les relations, va de soi pour la plupart des gens, tandis que c’est justement ma plus grande faiblesse.

Est-ce que le travail est plus aisé que chez ton employeur précédent?
Il y a encore parfois des moments charnières où je perds les pédales, surtout quand j’ai besoin de plus d’explications pour pouvoir bien tester une application particulière. Trouver le bon moment pour demander des éclaircissements à des collègues qui sont fort occupés n’est pas évident pour une personne atteinte du syndrome d’Asperger. Une fois que je suis de nouveau sur les rails avec les renseignements nécessaires, le travail se déroule à nouveau aisément. Je peux donc m’orienter sur l’analyse des textes ou des cas de test existants sans que je sois interrompu par le téléphone ou des obligations inattendues. Ce qui est caractéristique pour un autiste Asperger, c’est que nous travaillons mieux dans un environnement avec peu d’interactions. Que je ne doive pas répondre au téléphone, représente pour moi un monde de différence.

Ressens-tu moins de stress que chez ton employeur précédent?
En dehors de la période de rodage de chaque mission, je suis moins sujet au stress. Je sais mieux ce qu’on attend de moi et ne dois pas exécuter plusieurs tâches à la fois. Le multitasking est une douche froide pour quelqu’un avec le syndrome d’Asperger, parce que nous ne disposons pas d’un filtre automatique qui mène, laisse entrer ou bloque immédiatement toutes les impulsions et tous les sons entrants aux bons endroits. Nous devons filtrer cela activement, ce qui demande de l’énergie supplémentaire. Poser les priorités avec le multitasking est une tâche en elle-même. Nous nous concentrons par conséquent de préférence sur une chose. Aussi, le fait que mes collègues directs sont a priori au courant de mon handicap spécifique, relâche quelque peu la pression.

Es-tu content d’être entré en service chez Passwerk?
Oui, c’est un choix fait en connaissance de cause. J’aurais pu faire durant le reste de ma carrière professionnelle comme si je n’avais pas de problème avec ce handicap social. Cela m’a plus ou moins réussi pendant presque vingt ans et en somme je dispose d’aptitudes sociales satisfaisantes pour faire avec, mais cela me demandait beaucoup d’énergie. Pour anticiper un burn-out, Passwerk est une solution bienvenue. Passwerk part toujours de mes atouts psychotechniques. Ainsi, l’analyse d’un texte ne me demande pas particulièrement beaucoup d’effort. Je le fais volontiers. Passwerk est aussi une formule Win-Win. J’y gagne ainsi un métier qui est taillé sur mesure et l’employeur ou le commanditaire sait que nos capacités analytiques et notre sens du détail pour les tests de nouvelles applications de software sont des atouts importants.

Qu’as-tu appris chez Passwerk, tant en ce qui concerne tes aptitudes que ta personnalité?
Si vous reconnaissez tant vos atouts analytiques que votre handicap social, vous expérimenterez chez Passwerk une manière de travailler qui n’était pas possible avant. Certains travailleurs de Passwerk craignent peut-être un ergotage exagéré, mais les collègues expérimentent vite combien ou comment vous avez besoin de peu de feedback supplémentaire. Il faudrait pouvoir extrapoler cette expérience à tous les candidats et tous les recruteurs : la bonne personnalité à la bonne place permet aux deux parties d’enregistrer de bons résultats. Une offre d’emploi devrait donc encore être davantage personnalisée. Un candidat ne devrait pas toujours devoir disposer de toutes les aptitudes de base possibles. En mettant l’accent sur les compétences essentielles et les aptitudes de base essentielles qu’exige le job, toutes les offres d’emploi ne se ressembleraient pas.

Avec quelle tâche es-tu occupé chez le client actuel? Quels résultats sont attendus?
Pour le client actuel, il faut concevoir une nouvelle application de mesure, de calcul et de facturation. Ensemble, avec les collègues, nous écrivons des cas de test pour une application qui est développée par des concepteurs externes de software. Pour cela, les exigences du client doivent être bien analysées. Chaque exigence du client doit être implémentée dans l’application et donc testée. L’analyse de FDS (Functional Design Specifications) est une de mes tâches favorites. Quand les cas de test sont prêts, la première version d’application doit être testée. Nous aidons aussi à l’exécution des cas de test. Ici, les conseils importants viennent des collègues qui sont familiarisés à la précédente version de l’application. Simuler un environnement de test réaliste ne va pas de soi, parce qu’il y de nombreuses données saisies qui doivent être fabriquées, comme des clients fictifs et des données de mesure fictives. Heureusement, les concepteurs sont prêts à nous mettre au courant des nouvelles applications.

Trouves-tu que tu dois être abordé différemment par les neurotypiques s’ils savent que tu présentes un trouble du spectre de l’autisme?
Oui, ils doivent d’abord se tenir sur la réserve, ce qui est compréhensible. Les neurotypiques doivent d’abord pouvoir tâtonner afin de voir comment se positionner différemment pour mieux communiquer avec nous. Les personnes Apserger ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde durant les conversations parce qu’une conversation orale, par définition, consiste en un torrent de stimuli, et nous manquons parfois l’essentiel du message. S’ils ne sont pas au courant de mon TSA, ça devient plus difficile, car ils peuvent être trop rapide avec une explication particulière. On te regarde différemment, mais si tu prends la peine de faire un effort, ils remarquent rapidement que cela va.

Quelles expériences, connaissances et compétences acquises durant ton passé professionnel t’ont été utiles comme ingénieur test?
J’ai travaillé pendant presque vingt ans dans le secteur privé comme employé administratif, la plupart du temps au département des ventes, mais je savais déjà dès le début que je n’étais pas un bon communicateur à l’oral. Ce que j’ai essayé de camoufler autant que possible, mais les gens sentaient quand même qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Ils ne pouvaient simplement pas mettre précisément le doigt dessus. C’est pourquoi, c’est bien qu’ils sachent où se situe mon handicap. Les atouts importants de mon expérience professionnelle reposent sur ma familiarisation de la structure d’entreprise classique. C’est presque partout la même chose : vente, marketing, comptabilité. Ainsi, je sais aussi comment ces départements communiquent habituellement entre eux, ce qui peut augmenter la pertinence d’une application à tester. J’ai aussi appris à recueillir des renseignements. Chacun fait cela tout au long de la journée, mais pour moi cela représente un effort supplémentaire.

Est-ce que cela aide que les collègues aient aussi un TSA?

Il est étonnant de constater comment les différents TSA peuvent se manifester. Ainsi, j’ai des difficultés avec les conversations ou la transmission orale de connaissances. D’autres ont plus difficile pour se distancer d’un certain schéma temporel, tandis que pour moi une réunion peut tourner au désastre. Ce que nous avons chacun bien en commun est notre penchant spontané à tout appeler par son nom. J’ai bien appris à me comporter de manière diplomatique, mais de temps en temps il m’arrive d’exprimer un message de manière un peu trop directe. Nous partageons aussi la prédisposition à être tellement absorbé dans une activité déterminée, que nous en oublions l’environnement. Parfois nous oublions de prendre une pause ou de manger, si bien que nous en attrapons mal à la tête. Aussi, je remarque que les collègues avec un TSA sont plus souvent des gens du soir, parce que tout devient plus calme le soir, donc moins stimulant.

Quels trucs donnerais-tu aux neurotypiques pour optimaliser la communication et assurer une collaboration optimale avec toi?

Appeler un chat un chat. Nous sommes sensibles aux inconsistances. Idéalement, je préférerais que chacun me parle comme le fait un lecteur débutant : lentement, fort et en articulant bien, mais je me rends compte que ce n’est pas réaliste. Les e-mails sont aussi les bienvenus, parce qu’il est impossible que je manque le message. Un message écrit est plus difficilement perturbé par d’autres stimuli. La communication écrite est donc pour moi plus facile que la communication orale, plus encore, je suis un excellent communicateur à l’écrit.

Que pense ton entourage (famille, amis) du fait que tu travailles maintenant chez Passwerk?

Mes amis pensent que j’en retirerai plus de satisfaction. Pour ma femme, c’est un soulagement, parce qu’avant je me heurtais à certains de mes collègues et ma conjointe sentait le stress que je ramenais à la maison. Des collègues étaient parfois persuadés que j’étais de mauvaise volonté. Pour donner un exemple qui ne vient pas de la sphère professionnelle : quand j’avais 17 ans, j’ai été dans un café. Pour moi c’était un nouveau monde. Ce n’est donc pas arrivé dans mon environnement de travail, mais avec des collègues on va aussi parfois boire un verre, donc cela aurait aussi se passer à ce moment. Quand j’étais assis au bar, une des connaissances m’a surpris en me montrant sa pinte à moitié vide et m’a demandé : « Une pinte ? ». Je trouvais cela un peu étrange que cet homme me tende sa pinte à moitié vide, mais par politesse je lui ai quand même pris le verre des mains et je l’ai vidé. Un malentendu monstrueux évidemment, un malentendu qui n’a pas été bien pris. Au fil des ans, j’ai appris à lire entre les lignes.

Est-ce que tu conseillerais à d’autres personnes atteintes de TSA de venir travailler chez Passwerk?
Je sais que certains ont des réserves à faire le coming out en tant qu’autiste. C’est partiellement justifié, parce qu’il subsiste des malentendus à propos du syndrome d’Asperger et on en craint la stigmatisation ou la perte de statut social. Nous ne nous comportons généralement pas comme Rainman, Birdy ou Ben X, mais parfois cela peut bien en prendre la direction. En tant qu’expert de la question, je crois vraiment que le personnage de majordome, joué par Anthony Hopkins dans « Les Vestiges du jour», donne un portrait réaliste du syndrome d’Asperger, même si ce film ne parle pas tout à fait de l’affection. L’auteur du livre éponyme dit bien que l’inertie du majordome à l’égard d’Emma Thompson est inspirée principalement d’une conscience du devoir exagérée, mais selon moi le majordome ne perçoit pas les signaux non verbaux de sa collègue ou il les perçoit trop tard. Il ne peut pas s’imaginer une manière de donner une place à cette relation potentielle dans un autre cadre que celui de sa vie actuelle, à savoir celle de majordome. En effet, l’auteur s’est basé sur les mémoires d’une personne réelle qui avant la Seconde Guerre mondiale ne pouvait pas être consciente de son TSA. Pour conclure, j’oserais conseiller de laisser l’ego de côté et de reconnaître que le TSA gêne effectivement le potentiel de communication directe. Passwerk trouve ici une solution, il est donc essentiel de ne pas nier ce handicap social. Une comparaison peut rendre celui-ci plus clair : si tu ne vois pas la photocopieuse, alors c’est étrange, à moins que tu dises que tu es aveugle. Si trop de stimuli peuvent te surprendre ou te perturber et qu’ainsi parfois tu passes à côté de ce qu’on attendait de toi, alors c’est étrange, à moins que tu révèles que tu es atteint du syndrome d’Asperger.
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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#82 Message par Jean » mercredi 15 août 2012 à 21:32

Une coopérative belge emploie des personnes autistes de haut niveau, dotées de compétences uniques

La coopérative Passwerk, lancée en 2008 à Anvers, s’est inspirée de l’expérience de Specialisterne, une entreprise danoise. Elle associe le monde des affaires à l’engagement social au travers de la formation, de l’emploi et du coaching d’adultes autistes pour effectuer des tests de logiciels (tels que les tests fonctionnels et plus particulièrement les tests de régression).

Les employés, recrutés attentivement, bénéficient d’un développement professionnel engagé. Passwerk a pour objectif de maximiser les capacités, les forces et à les compétences de ses employés en leur offrant un lieu de travail bien adapté. Passwerk aide ses employés à développer des compétences non seulement professionnelles, mais aussi sociales, nécessaires pour s’adapter dans un environnement de travail en général. En effet, la mission principale de Passwerk est de fournir à ses employés le soutien et les outils nécessaires en vue de favoriser leur pleine participation et leur pleine intégration dans la société contemporaine. L’entreprise des Technologies de l’Information Passwerk offre des services de test à une clientèle très différenciée. La coopérative se présente explicitement comme une entreprise d’ingénieurs testeurs compétents, atteints de TSA, effectuant le travail chez le client.

Les employés de Passwerk testent les portillons d’accès du métro bruxellois


En 2011, 4 membres du personnel de Passwerk ont mené à bien le projet du département des transports publics de la région bruxelloise – STIB – de tester les logiciels des portillons d’accès du métro bruxellois et les puces électroniques des titres de transport. Kris Lauwers, directeur adjoint de la STIB, s’est dit impressionné par la rapidité et l’efficacité de leur travail et a qualifié cette initiative de « pertinente au niveau sociétal et économique ». La STIB envisage de renforcer sa collaboration avec Passwerk à l’avenir.

Gouvernance

Passwerk bénéficie de l’appui de nombreuses entreprises, à divers degrés. Actuellement, l’entreprise compte trois groupes d’actionnaires: des grandes entreprises dans le domaine des Technologies de l’Information (actionnaires A) ; des organisations oeuvrant pour l’emploi pour les personnes atteintes de TSA (actionnaires B) et autres actionnaires (actionnaires D). Un Comité consultatif a été mis en place en avril 2009 dans le but de maintenir le contact avec les clients et les dirigeants de grandes entreprises dans le domaine et afin de réponde aux changements et nouveaux besoins du marché. Certains membres proviennent de grandes banques et de grandes entreprises (Une liste complète des membres du Comité consultatif est disponibles sur le site web de Passwerk).


Les valeurs principales de coopérative


Le souci des autres

La diversité est reconnue et exploitée à bon escient par l’entreprise ; l’individualité est utilisée dans l’intérêt de la coopérative et de ses clients. Chaque employé est jugé en fonction de ses propres capacités et l’employeur tente de s’y adapter. Les styles de communication et les formations sont adaptés pour permettre à chaque employé d’atteindre son potentiel. L’environnement social plus large est également respecté.


Le souci des affaires et de la performance

Si les employésse sentent bien, ils sont plus efficaces. Grâce à des formations et à des programmes de développement personnalisés, les employés sont en mesure d’obtenir d’excellents résultats professionnels.


Le souci du développement

Non seulement l’accent est placé sur la formation professionnelle des employés mais aussi sur leur développement social et personnel. Ici aussi, la méthodologie utilisée pour y parvenir est individualisée.


Que gagne le client à utiliser ce service ?

Les personnes atteintes de TSA sont généralement concentrées,précises et minutieuses dans leur travail. Certaines sources indiquent qu’un grand nombre d’entre elles ont de grandes capacités. Les employés de Passwerk sont finement recrutés sur la base d’interviews, de tests de compétences et d’évaluations. Passwerk ne recrute pas de personnes atteintes de TSA dans le but de gagner la sympathie du client ni de recevoir un geste de charité mais bien parce que l’entreprise est profondément convaincue des capacités de ces personnes, en particulier dans le domaine des Technologies de l’Information. L’environnement de travail des employés de Passwerk est spécifiquement conçu pour leur permettre d’exprimer au mieux leurs qualités et leur engagement. Dès lors, les clients de Passwerk bénéficient de services de test précis, hautement professionnel et assortis d’une valeur ajoutée de par l’engagement social de l’entreprise. Lorsqu’en raison de ses limites associées à l’autisme, un employé n’a pas la possibilité d’effectuer une certaine tâche, dans ce cas, d’autres employés prennent le relais. Passwerk emploie aussi des « coachs professionnels » chargés d’intervenir dans ce type de situation et d’épauler les personnes atteintes de TSA dans leur travail. Chaque coach est responsable de 7 employés. Ils complètent, si nécessaire, le travail des employés. Les coachs professionnels sont les premières personnes de contact à la fois pour les employés et les clients. Les entreprises du domaine des Technologies de l’Information ont des difficultés à situer Passwerk dans les sphères de leur responsabilité sociale et de leurs activités économiques, considérant ces deux aspects comme étant diamétralement opposés. Dès lors, Passwerk travaille sur ce qu’on appelle le « marché de la convergence ». Cela signifie que l’entreprise combine à la fois la dimension économique et sociale et qu’elle en fait sa valeur ajoutée. Passwerk a repris et remanié le concept des Organisations Socialement Responsables (OSR). Passwerk est une entreprise compétente et durable qui espère inciter d’autres associations à lui emboîter le pas et à employer des personnes en situation de handicap.


En savoir plus sur les services offerts

Passwerk offre des services de tests fonctionnels (notamment des tests d’installation et de régression) et non fonctionnels (tels que les tests de performance et de facilité d’utilisation). Tous les ingénieurs de test reçoivent une formation de base donnant droit au certificat ISTQB. Ensuite, chaque employé peut suivre une formation professionnelle, adaptée à son rythme d’apprentissage.

Pour en savoir plus et pour les données de contact, aller sur: http://www.passwerk.be

Le nom « Passwerk » a été choisi parce qu’il contenait l’abréviation « ASS » signifiant TSA en néerlandais. Le logo a été conçu par Bart Van Roy, lui-même atteint de TSA. Le « A » ressemble à une porte avec quelqu’un qui regarde au travers, représentant l’opportunité offerte aux employés de Passwerk. L’horizon symbolise les perspectives d’avenir et les possibilités offertes aux employés.

Images:

1) Des employés de Passwerk travaillant dans une station de métro à Bruxelles. Crédit photo: STIB / MIVB, Belgique.

2 et 3) Des employés de Passwerk dans leur bureau

Source
Publié dans LINK, revue d'Autisme EuropeImage
version anglaise
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#83 Message par Lolette » mercredi 22 août 2012 à 10:08

http://largeur.com/?p=3171

En Suisse Allemande aussi il y a une entreprise qui emploie des autistes. Mais rien de tel en Romandie....

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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#84 Message par Jean » mercredi 22 août 2012 à 18:55

et oui :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?f=6&t=1638

ni en France, ni en Wallonie, ni au Québec ...

Un dossier documentaire sur ces différentes entreprises - et d'autres possibilités d'emploi :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?p=71744#p71744
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#85 Message par Lolette » jeudi 23 août 2012 à 8:56

Désolée, je n 'avais pas vu que tu avais déjà posté l'article!

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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#86 Message par Jean » jeudi 23 août 2012 à 17:51

Il n'y a pas de quoi : si j'ai fait ce signalement, c'est parce qu'il était dans un autre sujet.

Renouveler une information sur un sujet important n'est jamais un problème !
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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#87 Message par Jean » mardi 11 septembre 2012 à 19:09

Des autistes comme consultants
LE MONDE ECONOMIE | 10.09.2012
Par Olivier Truc, Stockholm, correspondance


L'idée, comme souvent, est née d'un besoin personnel et urgent : Thorkil Sonne avait un fils autiste et ne voulait pas qu'il soit privé d'avenir professionnel. Or, même au Danemark, où prévaut l'Etat-providence, ce handicap invisible était un obstacle insurmontable. En 2004, il crée donc la compagnie Specialisterne ("les Spécialistes", http://specialisterne.com).

Avec ce nom aux allures de série américaine, il s'attaque à une niche particulière sur le marché de l'emploi : placer des autistes auprès d'entreprises et transformer l'opération en affaire rentable. Le slogan : "La passion pour le détail". Car c'est là que les autistes, et plus particulièrement ceux qui sont atteints du syndrome d'Asperger, apportent à l'entreprise qui les emploie une valeur ajoutée monnayable.

Les Spécialistes transforment les caractéristiques de l'autisme - la passion pour les chiffres, l'addiction aux tâches répétitives notamment - en atout. "La plupart de nos consultants sont très bons pour identifier des petits détails, des erreurs sur des longues listes de données, identifier des choses qui sortent de l'ordinaire, là où d'autres auraient tendance à s'ennuyer", explique Bryan Dufour, un Français qui a rejoint la compagnie pour développer le concept à l'international.

Les Spécialistes se présentent comme une entreprise de consulting en services informatiques, allant du traitement ou du transfert de données à l'organisation de base de données, en passant par les tests de logiciels.

AIDES GOUVERNEMENTALES


Le handicap de la trentaine de consultants est pris en compte lors d'entretiens entre les responsables de leur encadrement et le client. "Les personnes ayant le syndrome d'Asperger sont sensibles à la lumière. Selon les cas, on en rajoutera pour leur éviter une dépression, explique Henrik Thomsen, PDG de la compagnie. Pour d'autres, il faudra éviter que leur siège soit dos à quelqu'un, on les installera plutôt dos au mur. Idem s'il y a trop de monde, on installera un mur mobile de séparation."

Tous travaillent à temps partiel, une journée complète les exposerait à trop de stress. Ils sont d'abord pris à l'essai, puis formés. Ce temps d'observation est utile pour ensuite adapter au mieux le poste de travail à la personnalité du consultant autiste. Ce qui signifie que les coûts d'encadrement sont élevés. Payé en fonction du temps travaillé par les Spécialistes, leur salaire est complété jusqu'à 100 % dans le cadre des aides gouvernementales. "C'est à cette condition que cela peut marcher", admet M. Thomsen.

Les bénéfices sont réinvestis dans la société, qui a développé un modèle de gestion des personnes autistes. Specialisterne a pris des contacts dans 70 pays, et des sociétés soeurs se sont ouvertes en Ecosse, en Suisse et en Islande. D'autres devraient suivre.

Olivier Truc, Stockholm, correspondance
père d'une fille autiste "Asperger" de 40 ans

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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#88 Message par Jean » dimanche 16 septembre 2012 à 19:33

Europe 1 - La Gueule de l'emploi - par David Abiker - 2 mn 44
père d'une fille autiste "Asperger" de 40 ans

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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#89 Message par Jean » mercredi 17 octobre 2012 à 22:48

Harnessing the Power of Autism Spectrum Disorder
Exploiter l’énergie des troubles du spectre autistique
Jonathan Wareham and Thorkil Sonne

Jonathan Wareham est professeur agrégé des systèmes d'information et directeur de recherche à l'ESADE Business School, Université Ramon Llull de Barcelone, en Espagne.
Thorkil Sonne est le fondateur de Specialisterne. Il est né en 1960 dans une petite ville dans la partie occidentale du Danemark et vit maintenant près de Copenhague.


Récit d’un cas d’innovation: Specialisterne

Cet article a été rédigé par Jonathan Wareham et Thorkil Sonne. Dans l'article, les références à «je» et «nous» désignent les expériences et les perspectives de Thorkil Sonne comme fondateur de l'entreprise, ou Specialisterne en tant qu'organisation collective.

En Novembre 1999, j'ai eu un entretien avec la psychologue de mon fils qui allait changer ma vie, et j'espère la vie de beaucoup d'autres, de façon permanente. La psychologue m'a informé que mon troisième fils était diagnostiqué avec autisme infantile, l'une des nombreuses variantes des troubles du spectre autistique (TSA). Après avoir surmonté le choc initial, ma première réaction a été de faire ce que beaucoup dans ma position font: consulter des livres et des ressources Internet pour en apprendre davantage sur l'autisme dans le but de maximiser la qualité de vie de mon fils et de ma famille. Malheureusement, je n'ai pas été satisfait de ce que j'ai trouvé.

On estime que les TSA affectent jusqu'à 1 % de la population mondiale. De ce 1 %, 6 % seulement ont une activité rémunérée. Donc, en plus des effets de premier ordre des TSA, des problèmes de second ordre - communs dans tous les groupes de personnes très marginalisées, comme la solitude, la dépression et l'abus de drogues -, sont également fréquents chez les personnes atteintes de TSA. En fait, une statistique bouleversante estime que 40 % des personnes atteintes d'autisme n'ont pas d’amis.1

La littérature sur l'autisme met l'accent sur toutes les choses que les gens atteints de TSA ne peuvent pas faire. Ils sont pauvres dans l'interaction sociale; ont des difficultés à comprendre le langage corporel, l’expression du visage, le sarcasme, ou autre communication implicite; ne peuvent pas composer avec des environnements chaotiques ou turbulents et ont du mal à travailler en équipe ; ils sont disciplinés et inflexibles dans leurs comportements et leur mode d'être. Pour moi, ce n'était que l'antithèse de tout ce qui était exigé dans un marché du travail qui a célébré le travail d'équipe, la flexibilité, la mobilité et la capacité de s'adapter aux conditions du marché en perpétuel changement. En outre, bien que nous vivions au Danemark, où un système de protection sociale relativement avancé devrait prévoir de tels cas, j'ai vite appris que les handicaps «invisibles» reçoivent moins de ressources, et que ce qui est alloué l’est presque exclusivement pour les enfants. Après l'âge de 18 ans, la réponse prédominante du système social est de payer ceux atteints de TSA pour qu’ils restent à l’écart de la rue et se tiennent tranquille.


Naturellement, j'étais très déprimé, mais aussi hanté par le désir de définir un monde qui serait plus accueillant pour mon fils: celui qui embrasserait le monde des TSA et parlerait son langage ; un monde, je m’en suis vite rendu compte, que peu de gens ont actuellement compris .

Aujourd'hui, je suis très fier de dire que nous avons fait des progrès importants pour atteindre cet objectif. J'ai fondé Specialisterne ("Les spécialistes" en danois) dans le but d'identifier des niches dans l'économie qui peuvent tirer parti des compétences incomparables conférées à un grand nombre de personnes atteintes de TSA à des conditions de marché pleinement concurrentielles. Specialisterne emploie plus de 50 consultants dans des domaines tels que les tests de logiciels et de validation des données, plus de 75 % d'entre eux sont diagnostiqués avec une certaine forme de TSA. Nous sommes la première organisation qui célèbre délibérément les forces de l'autisme (l’extrême attention aux détails, une excellente mémoire et la capacité de se concentrer et de travailler de façon très systématique) et qui exploite ces caractéristiques pour effectuer des tâches spécifiques pour des clients de premier plan dans l'industrie high-tech. Alors que le parcours de la construction de Specialisterne a été ardue pour beaucoup de raisons évidentes – et de moins évidentes -, je suis constamment encouragé par de nombreuses personnes et familles vivant avec les TSA, ainsi que des décideurs politiques aux niveaux local, régional et national qui voient notre entreprise en tant qu’un modèle d'inclusion durable pour de nombreux autres groupes de personnes marginalisées.

HISTOIRE DE Specialisterne

En 1996, je travaillais en tant que responsable informatique pour un grand opérateur de télécommunications lorsque mon troisième fils est né. Dans un premier temps, rien ne semblait inhabituel avec lui. Cependant, quand le garçon a eu deux ans, certains de ses soignants ont remarqué des problèmes dans sa parole et un retard de développement de compétences sociales. Nous avons commencé à consulter les éducateurs, les conseillers et psychologues pour trouver des explications sur ce qui se passait avec lui. Quand ils nous ont informé qu'il avait des troubles du spectre autistique, un handicap à vie sans remède ni de traitement, nous avons rapidement réalisé que tous nos plans devaient changer. Il était particulièrement navrant de voir notre enfant ayant constamment des difficultés dans les interactions sociales.


Parmi ces difficultés, il y a eu quelques surprises étonnantes qui suggéraient qu'il avait des capacités inhabituelles. Un jour, par exemple, quand il avait sept ans, il commence à dessiner un schéma très complexe. Dans un premier temps, nous ne pouvions pas comprendre de quoi il s'agissait, mais après un moment il a pris une forme familière. Peu à peu, s’est formée une carte de l'Europe, mais elle était fournie avec des chiffres troublants qui ne voulaient rien dire pour nous. Plus tard, et complètement par hasard, en regardant dans le livre de cartes routières européennes, nous sommes tombés sur l'inspiration pour le dessin de notre fils: la page d'index pour le livre de cartes. Les chiffres indiquaient les pages du livre sur lequel des cartes plus détaillées d'une région apparaissaient. Notre enfant remarquable avait reproduit l'ensemble du schéma de numérotation de mémoire, sans une seule erreur (voir Figure 1).

Image
Figure 1. Une illustration des capacités des personnes ayant des troubles du spectre autistique

La figure montre un exemple de la capacité de certaines personnes atteintes de TSA. Le croquis sur le côté gauche de la figure a été dessinée par le jeune fils de Thorkil Sonne à l'âge de sept ans. Le côté droit est la page d'index du livre de cartes routières européennes. Le fils de Thorkil a fait le croquis de mémoire. Plus tard seulement, Thorkil a trouvé le livre sur l'étagère et a reconnu que le dessin était dérivé de celui-ci. Les chiffres sont des références aux autres pages du livre. Thorkil n’a trouvé aucune erreur en comparant l'esquisse à la page d'index réelle. Cette esquisse a renforcé Thorkil dans la conviction que les gens atteints de TSA ont des compétences qui méritent d'être rendues visibles et accessibles à la société.

Source: Thorkil Sonne


Il m’est vite venu à l'esprit que de nombreuses fonctionnalités que notre fils avait pourraient être utiles dans d'autres contextes. Reproduire le schéma avec autant de précision requérait une forte mémoire, une capacité à se concentrer sur les détails et une motivation à suivre une norme exacte. Ces aptitudes et ces inclinations existaient déjà chez notre fils à un degré remarquable pour un jeune enfant. En outre, elles correspondaient bien aux compétences que nous recherchons dans les milieux professionnels chez certains salariés, en particulier les testeurs de logiciels et de système.


J'ai donc décidé de lancer une nouvelle entreprise axée sur les tests logiciels, dont la majorité des employés seraient des gens atteints de TSA, hypothéquant notre maison pour financer le démarrage. De nombreux intégrateurs de systèmes informatiques et d’autres sociétés de services réalisaient des tests dans le cadre d'une gamme d'offres à d'autres entreprises, et presque toutes les entreprises ont fait des tests dans le cadre de leurs activités de développement de système ou d'installation.

Tests de logiciels : routine rigoureuse et rigueur exigeante
  • "Je ne voulais pas faire appel au sens de la charité de mon client. Je voulais offrir un service meilleur dans sa catégorie, et j'avais l'intention de payer nos salariés comme dans l'industrie concurrentielle "
Les Tests de logiciels sont un processus souvent fait au rabais quand on parle de l'écriture de logiciels. Mais, en fait, c’est une phase critique dans le développement de logiciels qui constitue souvent jusqu'à 30 % de la consommation des ressources dans le processus de développement global. En termes généraux, les tests de logiciels visent à assurer la qualité globale du logiciel écrit. Cependant, ce qui constitue la qualité variera en fonction de l'application logicielle particulière. Par exemple, les questions de sécurité sont beaucoup plus importantes pour les logiciels bancaires que pour les logiciels de jeux, donc l'accent sur le régime global de test du logiciel variera en fonction des besoins de l'application et de l'organisation des utilisateurs. Habituellement, plus tôt un défaut peut être trouvé dans le processus de développement global, moins cher il coûte à corriger. En fait, beaucoup postulent une relation logarithmique entre le moment du processus dans lequel l'erreur est détectée et le coût total de correction. Par conséquent, les tests de logiciels ne doit pas seulement tester le code terminé, mais être plutôt un processus qui devrait être fortement intégré tout au long du processus de développement, à commencer par la définition des besoins des utilisateurs et la conception des produits.

Dans les programmes de tests mûrs, les analystes et les développeurs commencent à créer des plans de test, en même temps qu'ils conçoivent le logiciel lui-même, à des moments où les intentions de conception, et les résultats ainsi attendus, sont les plus proches de l'esprit. Dans les organismes de tests immatures, en revanche, les tests se passent comme une réflexion après coup, une fois que le logiciel est en cours d'exécution dans les premières versions. Parce que les tests sont souvent effectivement réalisés uniquement après que le logiciel dans une certaine forme est en cours de développement, la phase de test dans la mise en œuvre du logiciel est souvent comprimée. Il n'est pas rare pour les projets de logiciels de rater une date limite de livraison avant que le projet n’arrive à la phase de test. Dans de telles situations, les testeurs se retrouvent sous la pression de se dépêcher afin que le logiciel puisse être livré plus tôt. Cette pression est la source de beaucoup de problèmes avec la discipline de tests de logiciels, et est à l'origine de nombreux problèmes avec la mise en œuvre de logiciel.

Je savais par expérience que les tests étaient un candidat parfait pour la spécialisation. Les analystes et programmeurs sont généralement de pauvres testeurs. Les personnes intéressées par la programmation de logiciels prennent plaisir dans la nature idiosyncrasique de résolution des problèmes, en s’emparant des situations particulières, en les structurant dans des processus standards et de en les codant avec précision. Ces personnes, en particulier les meilleurs programmeurs, préfèrent travailler sur des problèmes nouveaux, incomparablement difficiles. Les tests ne sont rien de tout cela. Les tests consistent à vérifier et revérifier les mêmes résultats de routine à chaque fois qu'une nouvelle version du logiciel s'affiche, pour vous assurer que l’application n'a pas «régressé» en prenant de nouveaux "bugs" accidentes avec lese nouvelles fonctionnalités prévues. Une routine rigoureuse et une exigeante rigueur sont les premières vertus d'un testeur de logiciel. Les développeurs sotn axés sur la créativité et la résolution de problèmes, puis, souvent trouvent insupportable de tester. Cela consiste à documenter les plans de test, puis à les revoir à plusieurs reprises. En outre, de nombreux programmeurs souffrent d'une trop grande confiance dans leur capacité à programmer sans erreur, ce qui rend difficile pour eux de voir des erreurs dans leur propre travail, en grande partie de la même manière qu'un écrivain peut avoir de la difficulté à se relire ou ses propres manuscrits. Tous ces faits m'ont suggéré que les tests étaient un domaine mûr pour la sous-traitance. J'ai donc commencé à visiter des entreprises, en proposant à leurs équipes de développement qu'ils devraient sous-traiter les aspects de la vérification que les développeurs faisaient mal.

Mon ancien employeur a fourni le premier contrat de Specialisterne. J'ai réussi à les convaincre de s'engager dans le premier projet, de faire une avance d’argent, et ils m’ont fait confiance - bien que c’était évidemment difficile à vendre. L'idée de la sous-traitance des tests à des spécialistes était nouvelle pour le client. En outre, le fait que les testeurs auraient des TSA était encore plus bizarre, évoquant des pensées de philanthropie et de qualité inférieure. Cependant, je ne voulais pas faire appel au sens de la charité de mon client. Je voulais offrir un service meilleur dans sa catégorie, et j'avais l'intention de payer à nos employés des salaires du secteur concurrentiel. Heureusement, mon ancien employeur a accepté ces termes, et notre nouvelle société a pris vie. En 2008, Specialisterne a cru, avec des dizaines d'employés et de nombreuses grandes entreprises comme clients, y compris des géants internationaux comme SCC, Microsoft et Oracle.

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Re: Specialisterne et Passwerk : entreprises pour autistes

#90 Message par Jean » dimanche 21 octobre 2012 à 15:46

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LES TROUBLES DU SPECTRE DE L'AUTISME

L'autisme est un trouble complexe, un spectre de maladies neuro-développementales souvent désigné comme une «triade des déficiences," 2, qui résume la difficulté dans trois domaines principaux:

L'interaction sociale - difficulté dans les relations sociales, par exemple, sembler distant et indifférent aux autres personnes.

La communication sociale - difficultés de communication verbale et non-verbale, par exemple, ne pas bien comprendre la signification de gestes ordinaires, les expressions faciales, le ton de la voix, ou les sarcasmes.

L’imagination sociale - difficulté dans le développement du jeu interpersonnel et de l'imagination, par exemple en ayant une gamme limitée de capacité créative, associée à une tendance à des comportements routiniers ou répétitifs.

En plus de la triade, la focalisation extrêmement étroite, les comportements répétitifs, et la résistance au changement dans la routine sont souvent caractéristiques 3. La fréquence de l'autisme dans la population générale est souvent citée à 1 %, bien que certaines estimations ont été beaucoup plus élevées 4 . En fait, de nombreux chercheurs TSA croient que les TSA sont trop larges et trop vagues pour être un concept significatif 5. L’autisme n'est qu'une composante du caractère cognitif et émotionnel d'une personne. Les talents des personnes atteintes d'autisme varient aussi largement qu’ils le font dans le reste de la population. Ceci étant dit, cependant, il ya une tendance bien établie pour de nombreuses personnes atteintes de TSA d'avoir des talents inhabituels pour une concentration intense, la sincérité, le sens très aigu de l'observation et du détail, et la propension pour les tâches répétitives.

L’autisme classique implique aussi généralement des difficultés d'apprentissage, un QI inférieur à la moyenne, et des retards de langage. Le syndrome d'Asperger (AS), un sous-groupe conceptualisé comme une partie du spectre autistique, partage les caractéristiques de l'autisme, mais sans les difficultés d'apprentissage correspondants. Les personnes atteintes de SA ont un QI normal ou même supérieur à la moyenne et ne rencontrent pas de retard dans le développement du langage 6. Les estimations de la proportion de personnes atteintes de TSA qui ont un trouble d'apprentissage varient considérablement, et il n'est pas possible de donner un chiffre exact. Mais il est probable que plus de 75 % des personnes atteintes de TSA ont un QI dans la gamme moyenne à élevée, et une proportion d'entre eux seront très capables intellectuellement. Certaines personnes très capables atteintes de TSA ne viennent jamais à l'attention des fournisseurs de services «spécialisés». Ces personnes ont souvent inventé des stratégies pour surmonter leurs difficultés de communication et d'interaction sociale, et certains ont trouvé un emploi qui convient à l'accomplissement de leurs talents particuliers. D'autres personnes atteintes de TSA peuvent avoir les mêmes capacités intellectuelles mais ont besoin un peu plus de l'appui des services et de l'assistance dans l'élaboration de stratégies d'interaction et de vie, parce que leur handicap dans l'interaction sociale entrave leurs chances d'emploi ou par ailleurs la réalisation de indépendance.7

Dans l'ensemble, les statistiques concernant l'intégration des personnes atteintes d'autisme dans la population générale restent largement décevantes. La plupart des études disponibles reposent sur des données issues des régions riches d'Amérique du Nord et en Europe. Cette recherche suggère que seulement un cinquième des enseignants travaillant avec des enfants autistes ont reçu une formation pour y faire face. Cela pourrait compter davantage que c'est le cas, s'il n'y avait pas le fait que 25 % des enfants atteints d'autisme sont exclus de l'école. Seulement 6 % des adultes atteints d'autisme sont en emploi à temps plein. Les personnes atteintes d'autisme éprouvent souvent une instabilité dans leur vie personnelle ; un peu moins de la moitié des familles ayant un membre autiste éprouve de la détresse mentale. 60 % des personnes atteintes d'autisme ont aussi quelque forme liée à la maladie mentale. Et peut-être la plus déchirante de toutes les statistiques: 40 % des enfants atteints d'autisme n'ont pas d’amis 8 . On peut encore extrapoler que dans les régions les moins riches, le niveau inférieur de l'infrastructure des services sociaux rendrait ces statistiques encore plus troublant.

La recherche sur les TSA se centre sur deux domaines principaux. La première est l'identification des causes génétiques sous-jacentes des symptômes. La seconde est le développement de méthodes médicales et pragmatiques pour faire face aux effets sociaux négatifs de l'autisme. Ce dernier domaine comprend une formation plus efficace et d'éducation pour les enseignants, les soignants, et d'autres, ainsi que les efforts visant à faciliter l'intégration des personnes autistes en milieu de travail. Les obstacles à l'inclusion de personnes autistes en milieu de travail comprennent: le manque de connaissance des TSA, le manque de préparation au marché du travail de futurs employés TSA, le manque d'acceptation dans le milieu de travail de l'embauche de personnes ayant une maladie mal comprise;l es tabous sociaux qui entourent l'autisme, le manque de soutien pour les personnes atteintes de TSA à trouver du travail et le manque de soutien au travail quand ils obtiennent un emploi.
  • «J'ai une capacité à voir quand quelque chose dévie, cela saute aux yeux. Il s'agit d'une capacité que beaucoup de gens ne semblent pas avoir, mais pour moi, c'est naturel. Je me considère comme assez normal, mais j'ai un œil vif pour des erreurs. J'ai fini 90 % de l'enseignement de mon professeur et j'ai pu gérer la partie théorique, mais je n'étais pas bon pour l'enseignement des enfants et pour prendre contact avec eux. J'aime travailler ici. Je n'ai pas à essayer d'être autre chose que moi-même. Parfois, je peux devenir obsédé par mon travail et c'est très bien. Dans une autre entreprise je devrais peut être m'attendre à faire la conversation et à être flexible. Ici, je peux me concentrer sur mon travail sans être considéré comme antisocial. "

    Torben Sørensen, employé Specialisterne, URBAN DK 10 Octobre 2005
Un expert de l’autisme, le Pr Simon Baron-Cohen a résumé de façon éloquente le défi d'assimiler les gens atteints de TSA dans le milieu de travail et la société en général: "L'autisme est à la fois un handicap et une différence. Nous devons trouver des moyens d'atténuer le handicap tout en respectant et en valorisant la différence. " 9Certains dans la communauté de recherche sur l'autisme estiment que la recherche d'un « remède » pour l'autisme est erronée. Selon ce point de vue, l'autisme n'est pas un état pathologique, mais plutôt une autre manière d'être, un modèle d'identité qui doit être respecté, toléré, même embrassé et célébré.
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