Ocytocine, la molécule du "bonheur"

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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Jean
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Re: Ocytocine, la molécule du "bonheur"

#166 Message par Jean » jeudi 2 février 2012 à 23:28

"Le Monde" 28 janvier 2012
Le rôle de l’ocytocine
Ces vingt dernières années, plusieurs études ont montré que des souris chez qui l’action du gène de l’ocytocine était supprimée perdaient tout comportement maternel et social. Et selon une étude américaine publiée le 14 novembre 2011 dans PNAS, nos comportements prosociaux pourraient dépendre en partie d’une variation minime du gène du récepteur de l’ocytocine. Dans cette étude, des observateurs devaient évaluer le degré de sociabilité, de confiance et de compassion exprimé par les gestes de sujets filmés lors d’une conversation avec un partenaire. Résultats: les porteurs d’une version « forte » de ce gène ont été distingués comme ayant des attitudes prosociales plus marquées que les porteurs d’une version plus « faible » de ce gène.
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#167 Message par Jean » dimanche 26 février 2012 à 22:25

"La Lettre des Neurosciences" - n°41 Automne-Hiver 2011 - dossier Quoi de neuf sur l'Autisme ? – pp.18-19
IMPLICATION DE L’OCYTOCINE, HORMONE DE L’ATTACHEMENT, DANS L’AUTISME
Elissar Andari (Emory University, Yerkes National Primate Center, Center for Translational Social Neuroscience, Atlanta Georgia, USA)

Extrait (texte intégral) :
La question subséquente qui se pose est : comment l’ocytocine améliore-t-elle les capacités sociales de ces patients atteints d’autisme ? Au travers de quels mécanismes ? Étant donné le rôle de l’ocytocine dans la réduction du stress et l’anxiété, et dans l’inhibition de l'activité des neurones de l’amygdale, il est très probable que l’ocytocine renforce les liens sociaux en diminuant la peur. Des études en imagerie cérébrale confirment le lien entre cette hormone et les régions cérébrales impliquées dans la peur et l’anxiété chez l’homme telles que l’amygdale et l’hippocampe. Il est probable qu’en diminuant la peur d'être déçu ou d’exclusion sociale, l’ocytocine renforce la confiance en soi et augmente par conséquent l’attention du sujet aux stimuli sociaux importants pour la saisie des informations implicites et non-verbales. Il se peut que l’ocytocine stimule l’engagement social qui est, en soi, récompensant. Il est bien connu que le système ocytocinergique est en lien avec le système dopaminergique qui est lui-même relié à la motivation sociale et à la récompense. Ainsi, par le biais d’interactions entre ces deux systèmes, la motivation sociale pourrait être renforcée, menant les sujets à augmenter leur attention vis-à-vis des stimuli sociaux et de reconnaissance sociale. La réduction du stress, l’augmentation de la saillance des stimuli sociaux et le renforcement de la motivation à établir des liens sociaux peuvent donc être les mécanismes potentiels à travers lesquels l’ocytocine agit sur le comportement de l’Homme. Des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux cerner les mécanismes d’actions de cette hormone. Il est également crucial d’étudier les interactions entre différentes hormones impliquées dans la régulation des émotions telles que l’ocytocine, la dopamine, la sérotonine et d'autres encore...
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#168 Message par Jean » vendredi 18 mai 2012 à 23:07

Extrait d’un article sur la conférence IMFAR 2012

La troisième étude soulignée était l'impact de l'ocytocine sur la fonction cérébrale cognitive sociale chez les jeunes atteints de TSA . Le membre qui a présenté cette étude l’a appelée comme «très excitante et très préliminaire". Deux caractéristiques de cette étude ressortent immédiatement: (1) il s'agit d'une étude randomisée, en double-aveugle, croisée, et (2) elle comprend l’IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle).

Voici le résumé:

Nous présentons les données préliminaires de la première étude jamais à double aveugle contre placebo, contrôlée de l'évolution de l'activité du cerveau chez les enfants atteints d'un TSA (âges 7-18) après une dose unique de l'ocytocine. Les premiers résultats indiquent que l'ocytocine, administrée par spray nasal avant le balayage, augmentation de l'activité dans les régions du cerveau connues pour traiter l'information sociale. L'ocytocine est une substance naturelle qui est produite dans le cerveau et joue un rôle dans la régulation des capacités sociales.

Ces résultats fournissent des premières étapes critiques à l'égard point des traitements plus efficaces pour les déficits sociaux de base dans l'autisme, qui peuvent impliquer une combinaison de validées interventions cliniques avec une administration de l'ocytocine. Une telle approche de traitement modifiera fondamentalement pour le mieux notre compréhension de l'autisme et son traitement.
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#169 Message par Jean » vendredi 18 mai 2012 à 23:11

Source : http://thinkingautismguide.blogspot.fr/ ... rence.html

Dr. Ilanit Gordon, Yale Child Study Center

L'accent du travail du Dr Gordon est l'ocytocine et l'autisme. Cette étude est la première à être approuvée sur des sujets à un si jeune âge (7 - 18). C’est une collaboration internationale.
L’étude à grande échelle vise l'impact de l'ocytocine sur le comportement social et la fonction cérébrale chez les enfants et les adolescents atteints de TSA.

L'ocytocine est une substance d'origine naturelle dans le cerveau et le corps humain. La forme synthétique, pitocin, permet d'accélérer les naissances.

Dernièrement il y a eu une grosse couverture médiatique pour son rôle dans la fonction sociale, d’où beaucoup d'attention de la communauté de l'autisme comme mécanisme dans l'étiologie des TSA, et comme traitement possible pour traiter la dysfonction sociale dans l'autisme. Actuellement, il y a un énorme fossé entre ce qui est réellement connu sur les TSA et l'ocytocine, et l'intérêt pour cette relation.

Il s'agit de la première étude contrôlée en double aveugle contre placebo sur l'autisme et l'ocytocine qui utilise l’IRMf (imagerie de résonance magnétique – IRM- fonctionnelle).

Les personnes de 7 - 18 ans ont reçu un vaporisateur nasal ; l'image ci-dessous compare les jours de pulvérisation avec placebo par rapport ceux de avec administration d'ocytocine - les chercheurs sont en train de voir des changements très importants dans les images IRMf.
Image
Ces images montrent des enfants qui passent par des tâches multiples, mettant vraiment en évidence le potentiel de l'ocytocine au-delà de la tâche unique.

En espérant que cela est une première étape dans le développement des interventions avec administration d'ocytocine, en espérant que cela conduira à un traitement de la dysfonction sociale dans les TSA.

Après une question de l'auditoire sur des implications ou des corrélations de mère "réfrigérateur" à partir de l'étude, Gordon a précisé que toutes les études comprennent des hommes et des femmes, l'ocytocine n'est pas un hormone «femelle», les pères montrent la même quantité de l'engagement social quand ils sont parents par rapport aux mères. C'est une hormone humaine, qui a à voir avec de nombreux processus, et pas seulement sociaux - nos cœurs, les voies gastro-intestinales, etc Les chercheurs sont intéressés à en apprendre plus à ce sujet et à élaborer des meilleurs traitements.

Aucun des chercheurs n’a l’impression qu’ils sont en train de voir ou de rechercher l’ocytocine comme responsable et effet de l'autisme pour le moment. L'objectif est de concevoir des options de traitement.

Tager-Flusberg a également ajouté qu'il n'y avait pas de différence dans les niveaux d'ocytocine entre les mères d'enfants TSA ou non-autistes, ni chez les pères. Donc, même si l'ocytocine joue un rôle dans les TSA, ce n'est pas à cause des parents.

BSRC ne voit pas de différence dans la façon dont les mères de bébés à risque élevé interagissent avec leurs bébés par rapport à des [mères de groupes de] contrôles typiques. La biologie peut impliquer des niveaux de risque plus élevé de l'ocytocine. Mais ceux-ci ne sont manifestement pas transmis à travers les interactions des parents avec les bébés.

Scherer: le message sous-jacent à l'autisme au cours des dernières années: l'hétérogénéité. Des centaines de formes d'un trouble qui a la même apparence dans les attributs cliniques généraux. Bien qu'il existe des gènes spécifiques impliqués dans le développement du cerveau, il n'y a toujours pas de réponse ou de cause simple. C’est très hétérogène. Quand nous en apprenons davantage sur un aspect spécifique - comme le rôle de l'ocytocine - cela nous donne plus de réponses, mais pas une réponse définitive.

Les familles qui souhaitent participer à l'étude doivent communiquer avec le Dr Gordon
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#170 Message par Rose » samedi 19 mai 2012 à 9:43

L'étude concerne t 'elle seulement les enfants ou bien les adultes peuvent être concernés aussi?
"Ne le secouez pas, cet homme est plein de larmes." Charles Dickens.

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#171 Message par Jean » dimanche 20 mai 2012 à 16:34

Cette étude-là concerne les enfants, mais il y en a d'autres en cours.

Voir par exemple celle sur l'administration d'ocytocyne aux pères.
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#172 Message par manu » dimanche 20 mai 2012 à 19:45

Jean a écrit :BSRC ne voit pas de différence dans la façon dont les mères de bébés à risque élevé interagissent avec leurs bébés par rapport à des [mères de groupes de] contrôles typiques. La biologie peut impliquer des niveaux de risque plus élevé de l'ocytocine. Mais ceux-ci ne sont manifestement pas transmis à travers les interactions des parents avec les bébés.
A trop vouloir démontrer on arrive à la limite du non-sens. C'est quoi un niveau de risque d'ocytocine?

Ici on voit que l'autisme existe y compris avec un niveau d'interaction normal, ce dont personnellement je n'ai jamais douté, mais il reste que la sécrétion d'ocytocine est lié aux éventement relationnel comme le démontre des dizaines d'étude de ce fil.

Décréter globalement que le taux d’ocytocine serrait sans rapport avec les interactions avec le bébé c'est carrément n'importe quoi puisque c'est une hormone de contact, et qui favorise le contact a la fuite.

Donc "risque d'ocytocine" c'est censé vouloir dire risque que l'enfant en soit un "petit porteur" et "pas transmis a travers les interactions" signifie que ça peut arriver avec un traitement tout a fait correct de la part des parents.
Jean a écrit :C'est une hormone humaine, qui a à voir avec de nombreux processus, et pas seulement sociaux
Mais sociaux aussi.
La défaillance peut venir de mille choses, mais si on met un bébé dans hors de tout contact ça peut aussi foutre en l'aire ce mécanisme.

C'est pas sérieux d'accuser les parents, mais c'est pas sérieux non plus d'aller jusqu’à prétendre qu’un défaut de contact ne crée pas un défaut de production d'ocytocine, l'étude ne démontre pas ça.
Reconnu humain à la naissance.
Aucun diagnostique plus pertinent depuis!


"L'homme qui sait ne parle pas, L'homme qui parle ne sait pas." (Lao Tseu) ... J'arrête pas d'le dire!

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#173 Message par Jean » mercredi 18 juillet 2012 à 20:15

Une mise en garde sur l'ocytocine
One Molecule for Love, Morality, and Prosperity?
Why the hype about oxytocin is dumb and dangerous.

Une molécule pour l'amour, la morale, et la prospérité? Pourquoi le battage médiatique sur l'ocytocine est stupide et dangereux.
http://www.slate.com/articles/health_an ... ingle.html
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#174 Message par Jean » dimanche 26 août 2012 à 12:14

une vidéo du CNRS : 2 mn 55 (2011) sur les recherches concernant l'ocytocine et l'autisme
http://videotheque.cnrs.fr/doc=2896
Marcel Hibert, chercheur au Laboratoire d'Innovation Thérapeutique, évoque une nouvelle avancée dans le traitement de l'autisme. Depuis une dizaine d'années, on a découvert qu'une hormone, l'ocytocine, et son récepteur, jouent un rôle clé dans les relations entre un nouveau-né et son groupe social. Cette découverte pourrait déboucher sur la mise au point d'un médicament contre l'autisme…
Merci temp-995
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#175 Message par Jean » vendredi 19 octobre 2012 à 21:34

L'ocytocine, hormone de l'espoir pour certaines formes d'autisme
Une hormone favorisant la lactation et l'accouchement, l'ocytocine, pourrait être une clef thérapeutique dans certaines formes d'autisme, a indiqué jeudi Angela Sirigu, une chercheuse du CNRS qui mène des recherches à ce sujet.

AFP- Une hormone favorisant la lactation et l'accouchement, l'ocytocine, pourrait être une clef thérapeutique dans certaines formes d'autisme, a indiqué jeudi Angela Sirigu, une chercheuse du CNRS qui mène des recherches à ce sujet.

"Elle pourrait un jour devenir une thérapeutique dans le syndrome d'Asperger", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Paris après avoir reçu le prix du "chercheur de l'année" décerné par la fondation FondaMental et le Groupe Dassault.

Le syndrome d'Asperger est une forme d'autisme dans lequel les personnes ont des capacités normales ou supérieures à la moyenne, mais de grandes difficultés de communication et d'interaction avec les autres. Le principal problème des patients atteints de cette forme d'autisme est qu'il n'arrivent pas à interpréter les réactions des autres personnes.

En 2010, l'équipe de Mme Sirigu, du Centre de neuroscience cognitive à Lyon, avait publié la première étude démontrant un effet très positif de l'ocytocine, administrée par voie nasale, sur le comportement social de 13 patients souffrant d'autisme de haut niveau ou de syndrome d'Asperger.

Elle leur avait notamment permis de mieux s'adapter au contexte social en identifiant les individus au comportement le plus coopératif, contrairement aux patients ayant reçu des placebos.

L'ocytocine est une hormone qui favorise la lactation et l'accouchement et joue un rôle dans le lien social et les comportements émotionnels. Elle est déjà utilisée en obstétrique pour faciliter l'accouchement, mais n'est disponible en France que sous forme injectable, alors qu'elle existe sous forme de spray nasal dans d'autres pays comme la Suisse.

Mme Sirigu a reconnu que pour l'instant l'ocytocine n'avait qu'une action très limitée dans le temps (de l'ordre de 90 minutes) et que des recherches approfondies étaient encore nécessaires avant d'envisager un éventuel traitement.

Parmi les pistes à explorer, Mme Sirigu a mentionné l'action de l'ocytocine sur le cerveau de sujets sains ou encore une étude chez les primates, qui ont le comportement social le plus proche de l'homme.

"Nous sommes au tout début des recherches", a commenté le Dr Marion Leboyer (Inserm, hôpital Chevenier à Créteil), qui a collaboré à l'étude.

Directrice de la fondation FondaMental, Mme Leboyer a déploré que la France ne consacre que 2% de son budget (contre 7% au Royaume Uni et 11% aux USA) à la recherche biomédicale sur les maladies mentales, alors que celles-ci sont la première cause d'invalidité et le deuxième motif d'arrêt de travail.

La Fondation a également décidé de récompenser le Dr Stéphane Jamain (Inserm, hôpital Henri-Mondor à Créteil) pour un projet innovant sur le rôle de deux familles de gènes dans les troubles bi-polaires.
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#176 Message par Jean » vendredi 19 octobre 2012 à 21:37

Le groupe Dassault est dans le coup. Ne vous étonnez pas que le Figaro publie un article ! :?

Autisme, la piste prometteuse de l'ocytocine
Par figaro le 18/10/2012

Le Dr Angela Sirigu a été récompensé par le jury international du prix Marcel-Dassault.

Un traitement hormonal pourra-t-il un jour permettre d'améliorer les capacités d'interactions sociales des autistes? C'est en tout cas l'espoir soulevé par les travaux du Dr Angela Sirigu, la lauréate 2012 du prix Marcel Dassault pour la recherche sur les maladies mentales remis jeudi.

L'autisme est un trouble neuro-développemental qui peut être abordé sous de nombreux angles: génétique, apprentissage, environnement, mais Angela Sirigu, docteur en médecine et en psychologie, a choisi, d'œuvrer dans le champ de la neuropsychologie et des neurosciences cognitives. Il faut savoir qu'il y a plusieurs formes d'autisme différentes. Depuis quelques années, cette maladie, longtemps considérée - à tort - comme liée à une interaction pathologique avec une mère défaillante, est due en réalité à des anomalies du développement cérébral, avec une composante génétique forte.

Le travail qui lui vaut aujourd'hui d'être élue «chercheur de l'année» par un jury international a été publié en 2010 dans les Actes de l'Académie des sciences américaine (PNAS). Avec le Dr Elissar Alessandri et ses collègues du CNRS et de l'Inserm, Angela Sirigu a ouvert une nouvelle piste de recherche qui pourrait ajouter une arme au traitement de l'autisme.

Utilisée lors de l'accouchement


Cette arme a un avantage: elle existe déjà. Elle est même commercialisée, puisqu'il s'agit de l'ocytocine, une hormone parfois administrée au moment de l'accouchement pour faciliter les contractions utérines. En revanche, elle n'existe en France qu'en perfusion intraveineuse et les chercheurs ont dû s'approvisionner à l'étranger pour réaliser leur étude avec une forme de spray intranasal.

L'équipe du Dr Sirigu a donc observé les performances de 13 adultes autistes atteints du syndrome d'Asperger (une forme d'autisme de haut niveau dans laquelle les fonctions intellectuelles et le langage sont préservés) dans des relations sociales expérimentales après la prise d'ocytocine, une hormone qui est impliquée dans l'attachement maternel et les premières socialisations. «Mon hypothèse, détaille le Dr Sirigu, est que ces patients disposent de compétences sociales latentes qui ne s'expriment pas car la peur et le stress généré par l'interaction sociale font obstacle. L'ocytocine pourrait faire tomber ces barrières et renforcer le sens du contact social.»

C'est ce qui s'est produit lors des expériences menées. La première se fondait sur une observation déjà ancienne: dans le syndrome d'Asperger, les autistes ont tendance à fuir le regard de leur interlocuteur. «Lorsque l'on regarde un visage, on se concentre sur les yeux de son interlocuteur, explique la chercheuse, mais les autistes se concentrent sur la bouche et ne regardent pas les yeux.» Grâce à un capteur fixé à un ordinateur sur lequel on fait défiler des images de visage, on peut suivre le regard du patient. «Le plus étonnant, raconte le Dr Sirigu, c'est que l'ocytocine a été capable de réorienter le regard vers la région des yeux.»

Une heure et demie d'action

Il restait un test supplémentaire à réaliser. «Regarder les autres ne signifie pas que l'on sait comment se comporter avec eux ou quelles sont leurs intentions», glisse Angela Sirigu. Chose faite avec un petit jeu de ballon avec trois partenaires ayant des rôles secrets différents (bon, neutre, méchant). Sans ocytocine, les patients ne parviennent pas à identifier celui qui est leur ami. Par contre, grâce à l'ocytocine, la chose devient possible.

Est-ce le traitement miracle? Il est bien trop tôt pour le dire. D'abord parce qu'il ne s'agit que de 13 patients, ensuite parce que les signes de la maladie sont très hétérogènes et qu'il est toujours hasardeux d'extrapoler à tous des résultats obtenus avec un profil de patient particulier. Mais le plus gros obstacle vient de la nature même de l'hormone. En effet, l'ocytocine n'agit qu'une heure et demie et pas au-delà.

L'Institut de recherche pour l'autisme qui vient de s'ouvrir à Lyon avec à sa tête le Dr Sirigu va désormais s'attacher à explorer l'action de l'ocytocine sur le cerveau, mais aussi traquer les modifications neuronales dans le temps.

Le prix Marcel-Dassault pour la recherche en psychiatrie

Une personne sur cinq souffre ou a souffert d'une maladie mentale en France. Malgré une telle fréquence, les moyens financiers attribués à la recherche restent très insuffisants. La fondation FondaMentale et le groupe Dassault (propriétaire du Figaro) ont uni leurs forces pour trois ans, afin d'accélérer la recherche en psychiatrie. Lancé cette année, le prix Marcel-Dassault pour la recherche sur les maladies mentales distingue le chercheur de l'année (15.000 euros) et, d'autre part, finance un projet de recherche innovant en psychiatrie (135.000 euros). «Le groupe Dassault mène depuis de nombreuses années une politique de mécénat et développe une démarche citoyenne, a déclaré la Pr Marion Leboyer, présidente de FondaMental. L'engagement du groupe s'inscrit dans la continuité d'autres initiatives menées à titre personnel par le président, telle que la Fondation Serge Dassault pour adultes en situation de handicap mental.»
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#177 Message par Jean » lundi 5 novembre 2012 à 22:27

Un traitement à long terme de souris (campagnols) avec de l'ocytocine pendant une période correspondant à l'adolescence se traduit par une réduction des comportements sociaux.

Prudence donc.
Study finds possible risks in autism treatment
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#178 Message par Benoit » mardi 27 novembre 2012 à 18:07

Je viens de voir que le message de Michelle Dawson sur l'altruisme était dans les profondeurs (page 3) de ce sujet.

J'avoue que ça m'interpelle quelque part, à la fois "l'objectif recherché" et surtout la capacité d'un quelconque spray nasal à modifier le mode de pensée sous jacent.

Ca m'arrive moins souvent qu'auparavant (de jouer), mais effectivement je crois avoir le genre de "comportement altruiste" qui est décrit dans la page. Sauf que je ne crois pas que j'appelerai ça ainsi, c'est plutôt que dans les jeux où il est question de "gagner" j'ai effectivement tendance à vouloir équilibrer les choses, et surtout ne jamais éjecter un joueur avant la fin (même si ça m'empêche de gagner), le plaisir du (prolongement du) jeu étant bien supérieur à celui (hypothétique) de la victoire. Ou de la participation de chacun, peut être le fait d'être souvent exclus joue dans le processus ?

Il me semble qu'il ne s'agit que là de l'éternelle question du chemin et de la destination, si chère à une certaine religion orientale...

En tout cas ça fait peur sur l'effet du bidule.

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#179 Message par Jean » samedi 15 décembre 2012 à 12:55

Dans les actualités de CERVEAU&PSYCHO- N° 54 - NOVEMBRE - DECEMBRE 2012

Le changement, c’est l’ocytocine

L’hormone ocytocine peut faire changer d’opinion politique des électeurs américains, a montré le neuroscientifique Paul Zak.

En administrant cette molécule à des électeurs démocrates, il a constaté une augmentation de 30 pour cent des sentiments de sympathie pour des personnalités républicaines, tels Mitt Romney, John McCain ou Rudi Giuliani. L’effet est asymétrique, puisque les républicains y semblent insensibles et campent fermement sur leurs positions.

L’ocytocine est une hormone produite par l’hypothalamus qui régule les relations de confiance entre individus. Avec elle, dirait un autre slogan de campagne, tout est possible.
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#180 Message par bidouille » samedi 15 décembre 2012 à 20:52

elle est bien bonne lol
Maman bizarroïde d'un grand ado de 16 ans (EIP TDA) et d'un ado de 14 ans Asperger TDAH.

Tous différents , tous humains!

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