Carapa a écrit :Cela me semble extrêmement peu probable, pour de simples raisons statistiques: les autistes représentent une minorité, et il n'a jamais été prouvé - à ma connaissance - qu'ils soient plus enclins au harcèlement que les autres.
Je crois bien que si, un peu quand même...
Le souci c'est que dans les relations affectives les personnes ont du mal à être franches, pour les neurotypiques c'est un fait et ils sont assez conscients du "jeu" que ça implique, alors que les autistes auront toujours du mal. Il y a l'exemple du fameux "tu sais je t'aime vraiment beaucoup, tu es quelqu'un que j'apprécie énormément mais
blablablablabla..." => en gros ça peut vouloir dire plus ou moins "je ne veux plus te voir" mais le souci c'est que ça dit le contraire.
Or, pour une personne autiste, il faudrait arriver à dire "je ne veux plus te voir" mais socialement c'est très mal vu donc les gens ne le disent pas et brodent. L'inverse est valable aussi, il y a plein de formulations très nuancées qui sont censées exprimer un très fort intérêt voir un sentiment amoureux, mais c'est tellement alambiqué que c'est inaccessible à la personne autiste (à qui il faudrait dire "bon, je crois que je suis vraiment très amoureux de toi" pour être sûr qu'elle capte).
Le harcèlement affectif, je crois que chez les autistes c'est souvent juste un manque de clarté et qu'ils n'ont pas conscience de harceler (surtout si la personne reste souriante et n'est jamais ferme dans ses refus).
A tout ça s'ajoutent les ressources 100% débilos qu'on trouve partout, et que les autistes qui n'osent pas parler de leurs difficultés à ce sujet gobent bêtement et au 1er degré. Les trucs type "une fille en jupe est toujours dans la séduction" (perso je ne supporte pas du tout d'avoir les bas des pantalons mouillés dont je suis vraiment toujours en jupe quand il pleut, ça ne signifie pas que je veux séduire tous les hommes que je croise les jours de pluie...
), ou alors le truc de se toucher les cheveux... Enfin un beau paquet d'âneries sorties d'usines à machos mal dégrossis mais comme c'est tout ce qui existe ben les jeunes hommes autistes se servent dedans
. Tu as même des trucs genre "si elle dit non, ça peut signifier qu'elle a envie quand même" ou autres discours affligeants, perso ça me fait très peur et j'imagine les dégâts dans la population autistique.
A côté de ça, c'est vrai que de par leur nature/éducation/difficultés à s'affirmer et à comprendre les enjeux les filles autistes peuvent manquer de ressources pour se protéger aussi. Cependant, je nuancerais beaucoup le constat de départ car le profil de harceleur on le retrouve vraiment dans quasi tous les types de troubles psychiques. Pour différentes raisons (un individu à tendance psychotique pourra par exemple déchiffrer un refus mais aussi s'enfermer dans sa réalité alternative où ce refus n'existera pas), mais le résultat sera peu ou prou le même. Sans oublier qu'en dehors des "cas relevant d'une pathologie x ou y" il y a également des individus très narcissiques de par leur personnalité, sans que ça aille jusqu'au trouble mental, qui auront ce profil là aussi parce qu'ils sont dans une logique de rapport de force et ne pourront pas gérer un refus/rejet.
Questionnement intéressant donc, mais vraiment compliqué je trouve. Ce qui est certain c'est qu'il faudrait vraiment des supports d'apprentissage adaptés, et des vraies formations pour les gens qui enseignent les habiletés sociales. Ca me paraît un des enjeux les plus urgents actuellement, je ne comprends pas que personne n'en parle ou si peu.
edit (oubli):
Siobhan a écrit :Ce qui pourrait je pense, par réaction, provoquer des sortes de "guerre des clans sexués" dans le domaine de la psychiatrie et par extension dans le domaines de l'autisme.
Pour moi c'est juste la continuité de ce qui se passe dans la société en général: face à des psychiatres hommes (j'en ai vu très peu cela dit) j'ai ressenti vite un inconfort de leur part dès qu'il s'agissait de profil lié à une intelligence soi-disant supérieure, et l'autisme est très connoté "génie" quand même. Ca m'a frappée, ainsi que le fait qu'ils soient visiblement déroutés par des femmes qui ne semblent pas dans un rapport de séduction du tout, ou très détachées de leur image. Je crois que dans la plupart des troubles psys qu'ils voient souvent chez les femmes, c'est le contraire (beaucoup besoin de se rassurer ou autres enjeux liés au fait de plaire) et un psychiatre m'a déjà avoué que c'était très très bizarre pour eux.