La difficulté à demander un diagnostic si l'on est pas en souffrance

Pour les personnes qui souhaitent échanger, partager, trouver du soutien, dans l'attente du diagnostic.
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Autiste ou surdoué ?
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La difficulté à demander un diagnostic si l'on est pas en souffrance

#1 Message par Autiste ou surdoué ? » samedi 14 septembre 2019 à 12:23

Bonjour,
Je me pose une question depuis longtemps, et je ne sais pas si elle pourra être bien reçue ici ou si elle trouvera écho en quelques uns...

Je ne fonctionne pas, raisonne pas, n'ai pas les mêmes envies ni les mêmes besoins que les autres... c'est certain et c'est la raison pour laquelle je suis ici et en attente de diagnostic.

Bon, mais ceci dit, je suis "vieux", j'ai relativement bien réussi ma vie du point de vue autonomie. Sans doute parce que la solitude, le fait de ne pas fonctionner de façon sociale, ne fait de ne pas avoir besoin d’appartenir à un groupe ne me pèse pas : je suis bien tout seul la grosse majorité du temps. Par exemple, je n'ai pas d'amis. Zéro. Quelques connaissances, oui. C'est à dire des gens que je suis capable de reconnaitre, savoir qui ils sont quand je les rencontre. Parce qu'en plus j'ai du mal à reconnaitre les gens, tellement que je me demande si ce n'est pas pour cela que j'ai préféré m'isoler. J'évite les interactions sociales, que ce soit au niveau des visages que du contenu de ces interactions.
Mais en admettant que je sois comme ça depuis ma naissance, j'ai fait avec, cette situation est pour moi, normale, elle ne me fait pas souffrir. J'ai assez de centre d'intérêts pour être bien seul, dans mon univers.
Ce que je dis là n'est peut-être pas extraordinaire ici, mais cela me conduit à la question que je ne crois pas avoir vu abordée ici : Les psychologues et encore plus les psychiatres existent pour soigner, guérir, soulager. Ils donnent traitements, conseils, ouvrent des possibilités d'aides, d'allocations, d'aménagements, de reconnaissance... ce dont je n'ai pas besoin. Au moins "plus besoin" car je touche une retraite tout en continuant, par plaisir, le travail que j'exerçais (ce qui fait parfois un peu d'argent en plus).
J'ai l'impression qu'on ne peut pas aller voir un psy en lui disant "je ne soufre de rien, je veux juste que vous puissiez m'expliquer si ma façon d'être est anormale et peut correspondre à un ou des troubles qui ont un nom et peuvent donner des explications...". C'est ce qui m'arrive et ils sont déconcertés. Je pense qu'ils se sentent impuissants.
Un lieu où l'on fasse des diagnostics, pas où l'on tente de réparer.
Je passe mes journées à apprendre des langues, à faire des plans de micro-aménagements divers, je m'intéresse à tout ce que l'on peut faire avec les plantes sauvages, j'écoute de la musique et j'essaie d'en jouer, et puis plein de sujets m’intéressent et les occasions de rechercher des choses sur internet, ou de réfléchir, d'essayer des choses tout seul sont nombreuses. J'écris. Il y a ce forum... Aller "dans le monde" dans le but de rencontrer des gens pour parler de rien, ou de rien d’intéressant, ou de toujours les mêmes choses ? ça ne m’intéresse pas, désolé. Cela me crée plutôt de l'anxiété et du stress. Mais ais-je besoin d'être soigné pour cela ? Je n'ai surtout pas envie d'être autrement. Je voudrais juste qu'on puisse me dire si ma façon d'être et de penser correspond à quelque chose que l'on puisse nommer et qui puisse être expliqué à mon entourage. Cela leur éviterai des souffrances (ma femme souffre beaucoup de ma non-communication), et mes enfants (qui me ressemblent beaucoup par certains points), pourraient avoir un début d'explication...
Être nommé, validé, reconnu, oui, mais pourquoi soigné ? Pour que je devienne capable de discuter de foot en buvant des pastis aux terrasses des cafés ? Non, merci ! (Je vous demande de m'excuser pour la caricature).
Et même sur le reste, j'ai l'impression que tout est apprentissage à paraitre, à "se croire". Même si je suis horriblement gêné devant les autres, je n'ai pas envie de me fabriquer une attitude de macho vivant sur ses certitudes et ayant des avis péremptoires sur toutes les questions (sans vraiment connaitre, mais c'est pas grave, le paraitre est plus important que le savoir). "Toutes" les questions, c'est à dire certains sujets... Non, je préfère rester moi-même et isolé, avec mes sujets d'intérêt.
Dites cela à un psy, il vous demandera "mais alors pourquoi venez-vous me voir ?". Tout tourne autour de "quelles plaintes avez-vous à déposer ?" "de quoi souffrez-vous?".
à : "pourquoi venez-vous me voir ?", si l'on réponds "pour savoir qui je suis (par rapport aux autres)", "pour avoir un diagnostic", ils sont désemparés. J'ai vu plusieurs "neuro-psychologues" qui m'ont dit soit "ne pas être capables de faire un diagnostic différentiel" (à cause de ma mesure de QI haute, à cause mon age...), soit "ne pas avoir les outils nécessaires pour faire un bilan neuro psychologique, vue ma demande". Après cela, débrouillez-vous.

Je voudrais me rendre compte si le CRA peut avoir une autre approche, une approche diagnostic et non "réparatrice" ou compensatrice...
Modifié en dernier par Autiste ou surdoué ? le samedi 14 septembre 2019 à 12:35, modifié 1 fois.
Diagnostiqué par le CRA en 2020 non autiste mais de gros problèmes dans le ressenti des émotions (alexithymie) et dans la communication sociale.

HQI aussi, ce qui peut aller de pair.

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Re: La difficulté à demander un diagnostic si l'on est pas en souffrance

#2 Message par Lilas » samedi 14 septembre 2019 à 12:34

Tu dis que ta femme et tes enfants en souffrent... donc il y a bien souffrance, même si tu ne l'éprouves pas toi-même.
Cela me semble un argument suffisant à avancer pour justifier une demande de diagnostic.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

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Autiste ou surdoué ?
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Re: La difficulté à demander un diagnostic si l'on est pas en souffrance

#3 Message par Autiste ou surdoué ? » samedi 14 septembre 2019 à 12:46

Oui, bien sûr, d'ailleurs la demande est faite.
Le titre est peut être mal choisi. Ce qui me désempare, c'est le non recevoir des psychologues si l'on n'a pas une souffrance à leur offrir.
Mais après tout ils sont formés pour ce genre d'aide, pas pour faire des diagnostics.
Du coup je me dit que je pourrais peut-être prendre conseil d'un psychiatre, puisqu'ils peuvent poser des diagnostics... Je pensais que ma demande n'aurait pas été justifiée puisque je n'étais pas en souffrance ou en "désordres" mentaux. D'ailleurs peut on prendre rendez-vous avec un psychiatre sans que ce soit sur l'indication d'un autre médecin?
Diagnostiqué par le CRA en 2020 non autiste mais de gros problèmes dans le ressenti des émotions (alexithymie) et dans la communication sociale.

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mrl
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Re: La difficulté à demander un diagnostic si l'on est pas en souffrance

#4 Message par mrl » samedi 14 septembre 2019 à 13:22

J'ai lu il y a peu qu'on pouvait aller voir un psychiatre sans être adressé par un médecin.

Sinon, ta question initiale est très intéressante.
Je trouve personnellement qu'il est difficile de prendre rendez-vous chez un psychiatre sans un bagage de souffrance. Je suis personnellement assez soulagée d'aller au rendez-vous avec le bilan des neuro-psychologues en main,
Je trouve aussi que c'est paraitre peu légitime dans ses interrogations, sans doute aussi parce qu'à l'occasion j'ai pu lire, sur le forum, que les autistes qui ne souffrent pas font de l'ombre à ceux qui souffrent, en ce sens qu'ils véhiculent une image fausse de l'autisme et qu'on leur octroie des aides qui devraient être réservées à ceux qui souffrent vraiment (j'écris cela sans vouloir créer de polémique, c'est un constat que j'ai fait).

Je crois que, souffrance ou non, il est important de demander un diagnostic. Comme le dit Lila, ça peut être bien pour tes proches.
TSA (diag en novembre 2019)

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lepton
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Re: La difficulté à demander un diagnostic si l'on est pas en souffrance

#5 Message par lepton » samedi 14 septembre 2019 à 14:54

Autiste ou surdoué ? a écrit : samedi 14 septembre 2019 à 12:46D'ailleurs peut on prendre rendez-vous avec un psychiatre sans que ce soit sur l'indication d'un autre médecin?
Oui, mais tu es moins bien remboursé (puisque tu as plus de 25 ans...).
Diagnostiqué. CRA, 2016.

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Re: La difficulté à demander un diagnostic si l'on est pas en souffrance

#6 Message par margotton91 » samedi 14 septembre 2019 à 16:04

Bonjour,

Le TSA à tendance asperger ne se soigne pas, il n'existe pas de traitement médicamenteux. Ce qui se soigne, ce sont les comorbidités qu'il engendre (dépression, angoisse, troubles digestifs, ...).
Un(e) psychologue, compétent(e) dans la prise en charge des adultes avec ce trouble, pourra vous proposer un accompagnement, une écoute. Il ne vous dira jamais si vous êtes "normal" ou pas... D'ailleurs, qu'est-ce que la "normalité" ? Un(e) psychologue compétent(e) et digne de ce nom ne juge pas. Si vous n'avez croisé que des psy(chologues)/neuropsychologues/psy(chiatres) qui ont été désemparés par votre demande, c'est que vous n'avez pas trouvé la/les bonnes personnes.
Si vous souhaitez vous faire diagnostiquer dans un CRA, il sera indispensable d'avoir consulter un psychiatre auparavant pour qu'il vous remette un courrier afin de faire votre demande. Seul un psychiatre peut établir ce courrier, sans lequel rien n'est possible.
Il est tout à fait possible de demander un diagnostic pour pouvoir se situer et nommer le trouble dont on est atteint... Toutefois, les enfants sont prioritaires sur les adultes et les délais sont excessivement longs, surtout en Bretagne, région dans laquelle vous vivez.




Autiste ou surdoué ? a écrit : samedi 14 septembre 2019 à 12:23 Bonjour,
Je me pose une question depuis longtemps, et je ne sais pas si elle pourra être bien reçue ici ou si elle trouvera écho en quelques uns...

Je ne fonctionne pas, raisonne pas, n'ai pas les mêmes envies ni les mêmes besoins que les autres... c'est certain et c'est la raison pour laquelle je suis ici et en attente de diagnostic.

Bon, mais ceci dit, je suis "vieux", j'ai relativement bien réussi ma vie du point de vue autonomie. Sans doute parce que la solitude, le fait de ne pas fonctionner de façon sociale, ne fait de ne pas avoir besoin d’appartenir à un groupe ne me pèse pas : je suis bien tout seul la grosse majorité du temps. Par exemple, je n'ai pas d'amis. Zéro. Quelques connaissances, oui. C'est à dire des gens que je suis capable de reconnaitre, savoir qui ils sont quand je les rencontre. Parce qu'en plus j'ai du mal à reconnaitre les gens, tellement que je me demande si ce n'est pas pour cela que j'ai préféré m'isoler. J'évite les interactions sociales, que ce soit au niveau des visages que du contenu de ces interactions.
Mais en admettant que je sois comme ça depuis ma naissance, j'ai fait avec, cette situation est pour moi, normale, elle ne me fait pas souffrir. J'ai assez de centre d'intérêts pour être bien seul, dans mon univers.
Ce que je dis là n'est peut-être pas extraordinaire ici, mais cela me conduit à la question que je ne crois pas avoir vu abordée ici : Les psychologues et encore plus les psychiatres existent pour soigner, guérir, soulager. Ils donnent traitements, conseils, ouvrent des possibilités d'aides, d'allocations, d'aménagements, de reconnaissance... ce dont je n'ai pas besoin. Au moins "plus besoin" car je touche une retraite tout en continuant, par plaisir, le travail que j'exerçais (ce qui fait parfois un peu d'argent en plus).
J'ai l'impression qu'on ne peut pas aller voir un psy en lui disant "je ne soufre de rien, je veux juste que vous puissiez m'expliquer si ma façon d'être est anormale et peut correspondre à un ou des troubles qui ont un nom et peuvent donner des explications...". C'est ce qui m'arrive et ils sont déconcertés. Je pense qu'ils se sentent impuissants.
Un lieu où l'on fasse des diagnostics, pas où l'on tente de réparer.
Je passe mes journées à apprendre des langues, à faire des plans de micro-aménagements divers, je m'intéresse à tout ce que l'on peut faire avec les plantes sauvages, j'écoute de la musique et j'essaie d'en jouer, et puis plein de sujets m’intéressent et les occasions de rechercher des choses sur internet, ou de réfléchir, d'essayer des choses tout seul sont nombreuses. J'écris. Il y a ce forum... Aller "dans le monde" dans le but de rencontrer des gens pour parler de rien, ou de rien d’intéressant, ou de toujours les mêmes choses ? ça ne m’intéresse pas, désolé. Cela me crée plutôt de l'anxiété et du stress. Mais ais-je besoin d'être soigné pour cela ? Je n'ai surtout pas envie d'être autrement. Je voudrais juste qu'on puisse me dire si ma façon d'être et de penser correspond à quelque chose que l'on puisse nommer et qui puisse être expliqué à mon entourage. Cela leur éviterai des souffrances (ma femme souffre beaucoup de ma non-communication), et mes enfants (qui me ressemblent beaucoup par certains points), pourraient avoir un début d'explication...
Être nommé, validé, reconnu, oui, mais pourquoi soigné ? Pour que je devienne capable de discuter de foot en buvant des pastis aux terrasses des cafés ? Non, merci ! (Je vous demande de m'excuser pour la caricature).
Et même sur le reste, j'ai l'impression que tout est apprentissage à paraitre, à "se croire". Même si je suis horriblement gêné devant les autres, je n'ai pas envie de me fabriquer une attitude de macho vivant sur ses certitudes et ayant des avis péremptoires sur toutes les questions (sans vraiment connaitre, mais c'est pas grave, le paraitre est plus important que le savoir). "Toutes" les questions, c'est à dire certains sujets... Non, je préfère rester moi-même et isolé, avec mes sujets d'intérêt.
Dites cela à un psy, il vous demandera "mais alors pourquoi venez-vous me voir ?". Tout tourne autour de "quelles plaintes avez-vous à déposer ?" "de quoi souffrez-vous?".
à : "pourquoi venez-vous me voir ?", si l'on réponds "pour savoir qui je suis (par rapport aux autres)", "pour avoir un diagnostic", ils sont désemparés. J'ai vu plusieurs "neuro-psychologues" qui m'ont dit soit "ne pas être capables de faire un diagnostic différentiel" (à cause de ma mesure de QI haute, à cause mon age...), soit "ne pas avoir les outils nécessaires pour faire un bilan neuro psychologique, vue ma demande". Après cela, débrouillez-vous.

Je voudrais me rendre compte si le CRA peut avoir une autre approche, une approche diagnostic et non "réparatrice" ou compensatrice...
Pré-diagnostic TSA asperger, de niveau faible à modéré, par psychologue clinicien en 03/2019
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mrl
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Re: La difficulté à demander un diagnostic si l'on est pas en souffrance

#7 Message par mrl » samedi 14 septembre 2019 à 17:21

lepton a écrit : samedi 14 septembre 2019 à 14:54
Autiste ou surdoué ? a écrit : samedi 14 septembre 2019 à 12:46D'ailleurs peut on prendre rendez-vous avec un psychiatre sans que ce soit sur l'indication d'un autre médecin?
Oui, mais tu es moins bien remboursé (puisque tu as plus de 25 ans...).
Ah, merci, je n'avais pas vu cette information-là.
C'est ballot, ma généraliste, à qui j'ai dit avoir rendez-vous chez le psychiatre en octobre, ne m'a pas proposé de me faire un courrier.
TSA (diag en novembre 2019)

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