Dr Laurent Mottron
Posté : jeudi 17 décembre 2009 à 23:53
Discours de Laurent Mottron
Montréal, le 15 mai 2009
Lancement de la Chaire de recherche Marcel et Rolande Gosselin en neurosciences cognitives fondamentales et appliquées du spectre autistique de l'Université de Montréal
Madame la ministre,
Monsieur le doyen de la Faculté de médecine,
Messieurs de la Fondation Marcel et Rolande Gosselin
Distingués invités,
Nous sommes ici pour inaugurer la première chaire en Autisme de l’université de Montréal. Il y en aura d’autres j’espère. La création cette première chaire prend une portée toute gorbatchévienne du fait de la nature unique de l’autisme parmi les minorités humaines, comme des positions originales prises par notre groupe à cet endroit. J’y vois en effet le levier d’une subversion de l’intérieur des connaissances académiques sur l’autisme.
Quelle sorte de relation y a-t-il entre autisme et humanité typique? Les humains réalisent leurs œuvres et construisent la culture à l’intérieur des limites imposées par leur perception du monde et de la mémoire de ce qu’ils en gardent, du pouvoir de leur intelligence et de leur imagination, selon enfin les priorités que leurs émotions leur imposent.
Ces contraintes a priori du traitement de l’information sont contenues en puissance dans un programme génétique et réalisées en acte dans l’organe de leur pensée, le cerveau. L’autisme résulte d’une variation de ce programme, qui modifie le support de la pensée, et donc, les conditions a priori permettant à l’homme de manipuler l’information, de sa naissance à sa mort.
L’autisme est un variant humain. Notre conviction est que l’autisme comme tel n’est pas d’avantage porteur de souffrance que de progrès. Cela dépend de la manière dont il est accueilli. Or la manière dont la science le conçoit, qui reflète ou précède la manière dont la société le reçoit, s’est métamorphosée ces cent dernières années. La science eugénique considérait l’autisme comme une erreur de la nature à éradiquer. La science que nous défendons soutient l’admission de plein droit de l’autisme dans le spectre des sortes d’humanité.
Au début de ma carrière, je cherchais le mécanisme dont le dérèglement produit le phénotype autistique par effet de cascade. Dans ces vingt dernières années, mon groupe et moi n’avons pas trouvé les déficits que nous cherchions initialement. Nous avons en revanche mis à jour de multiples supériorités des autistes à traiter certaines informations. Ces fonctionnements supérieurs, presque uniques parmi les variations biologiques de l’humain, nous les avons inventoriés, démontré empiriquement, et imposé au monde scientifique.
Or ces supériorités sont le pied dans la porte pour mettre en doute que l’autisme soit une maladie comme les autres et peut être une maladie tout court. Je suis donc passé de l’autisme comme erreur de l’humain à l’autisme comme variation de l’humain, mais à l’intérieur de l’humain. Et me suis donné comme but que le monde accueille l’autisme, pour que l’autisme contribue à ce monde.
L’idée qui nous a guidé jusqu’ici est que le cerveau autistique accède spontanément, par sa vertu propre, à un certain format d’information de manière privilégiée. Celui-ci déclenche des émotions positives, une curiosité et une intelligence qui lui permettent de rejoindre, mais par ses chemins propres, la culture dominante. Les autistes qui sont devenus verbaux ou savants sans aucun secours nous en convainc a posteriori.
Notre compréhension de leur réussite est que les hasards de la vie les ont mis en présence de matériel qu’ils pouvaient traiter et manipuler, autorisant ainsi le développement de leur intelligence. La chaire en neurosciences cognitive de l’autisme arrive donc à point nommé pour mettre en place dès le début de la vie d’un enfant autiste puis à l’école et jusque dans son travail un formatage de l’information construit à partir de notre connaissance de leurs forces cognitives.
Le mandat de la chaire sera de déterminer et de mettre en place les conditions d’éducation et de travail optimales à partir de ce que nous ont enseigné les neurosciences cognitives des adultes autistes. Nous nous inscrivons donc en rupture avec la majorité des techniques éducatives actuelles, où la règle est plutôt de remonter pièces par pièce des étapes de comportements et de compétences normatives, qui n’ont pas de valeur adaptative pour l’enfant autiste.
Notre modèle pour ce faire reste celui de l’enfant sourd non appareillable, qui accède à la culture grâce à l’exposition à la langue des signes, soit un langage formaté pour que son cerveau puisse le détecter, l’enregistrer et le manipuler. Le langage de signes que les sourds apprennent d’eux mêmes n’est en effet pas celui de « l’alphabet des sourds » de l’abbé de l’Épée, construit de manière normocentrique à partir du nôtre. C’est celui qui s’est spontanément et clandestinement mis en place dans les cours de récréations des institutions religieuses, les mêmes qui attachaient les mains des sourds derrière leur dos pour, pensaient-ils, les forcer à parler.
Pour l’autisme, c’est aussi l’observation de ce que le génie adaptatif du cerveau humain met en place de lui-même pour s’adapter à des modifications des conditions initiales neurobiologiques, qui nous montre la voie. Le cerveau autistique, sans l’aide de quiconque, et souvent malgré l’opposition de son entourage, apprend parfois à manipuler des codes, et y démontre une autre intelligence, qui ne doit rien à l’éducation.
Et comme pour l’enfant sourd, l’enfant autiste vivra un appauvrissement dramatique, sans doute irréversible, de son intelligence si l’on s’obstine à vouloir normaliser sa prise d’information en début de vie, alors même qu’il ne la peut traiter.
Notre programme de recherche sera donc double, appliqué et fondamental. L’originalité de la chaire, dans son aspect appliqué, est de se centrer sur la création et la mise en place de projets pilotes d’intervention fondé sur la connaissance scientifique du traitement de l’information autistique.
Nous créerons un milieu pilote où des enfants autistes sont exposés à des types d’information qu’ils traitent préférentiellement. Il s’agit de faire la jonction entre l’intérêt spontané de l’enfant autiste à des aspects perceptifs de leur environnement, et les forces cognitives autistiques observées chez l’adulte. Cette jonction, certains la réalise naturellement, tel l’enfant autiste qui commence par fixer les fils électriques pour ensuite cataloguer les formes de pylônes d’Hydro Québec, et développer enfin un intérêt pour la physique de l’électricité.
Nous chercherons à comprendre, stabiliser et reproduire la manière dont la spécificité autistique peut amener la culture. Ce faisant, nous tenterons de maintenir le fil de l’intérêt de l’enfant au long de cette métamorphose, selon ce principe que la motivation de l’enfant à manipuler du matériel provient des propriétés phénoménales de celui-ci et non d’un conditionnement extérieur. Notre but ultime est le maniement du langage, mais à partir d’un mode d’entrée qui peut être différent de celui du langage oral.
Des progrès technologiques permettent maintenant à quelqu’un qui possède le code écrit de le transcoder en langage oral, mais encore faut-il accéder au code écrit. Même si nous continuons à nous occuper de ce qui fait obstacle au langage oral, particulièrement au niveau moteur, nous allons mettre toute notre force à déterminer ce qui nourrit l’intelligence tout en le contournant.
De très nombreuses capacités abstraites inhérentes à l’intelligence (catégorisation, raisonnement analogique, détection de régularités symboliques) sont en effet intactes ou supérieures, dès lors qu’on contourne le langage oral dans les instructions ou dans l’obtention de la réponse à une tâche. Ces projets pilotes se feront dans l’enceinte du CETEDUM et du réseau d’établissements liés à celui-ci.
Au niveau fondamental, nous allons continuer à caractériser par la neuropsychologie et l’imagerie les forces des autistes, et spécialement des autistes savants. De la même manière que la clinique a inspiré notre démarche jusqu’ici, en nous indiquant ce qui valait ou ne valait pas la peine d’être investigué, les aléas de l’éducation quotidienne des enfants autistes que nous observerons dans ces projets pilotes continueront de nous imposer des thèmes de recherche pour le volet fondamental de notre travail.
C’est par exemple à partir de la clinique la plus quotidienne que Michelle Dawson, Isabelle Soulières, Morton Gernsbacher et moi avons pu faire la démonstration que l’intelligence fluide des autistes peut être intacte ou supérieure, même en présence d’une apparence de retard mental. Le retour de ce résultat sur la recherche fondamentale a permis à notre groupe, soit à Isabelle Soulière, avec l’aide de T. Zeffiro de Boston et du groupe d’imagerie autisme du CETEDUM, de montrer que le raisonnement est associé chez les autistes à une activation supérieure et atypique du cortex visuel. Ce résultat majeur constitue un corrélat neurologique à l’observation que le langage oral n’est pas chez eux le premier véhicule de l’intelligence.
Enfin, grâce au lien que nous avons entretenu depuis dix ans avec le groupe de génétique autisme de Guy Rouleau, je souhaite aussi que notre connaissance des marqueurs cognitifs de l’autisme aboutisse à une délinéation de phénotypes fins, qui servent à la génétique de l’autisme. A ce jour, il n’y a en effet guère de lien entre phénotype et gènes impliquées, et la cognition a, j’en suis sûr, son mot à dire pour changer cet état de fait. Mais je souhaite surtout que la combinaison de nos deux approches élargisse la notion de variation génétique bien au delà de la notion de maladie.
Je conclurai en vous disant que la création de cette chaire, tant dans ses aspects appliqués que fondamentaux est exemplaire de ce mouvement de réattribution de l’humanité aux minorités, jusque dans leur statut scientifique.
J’ai enfin une longue liste de remerciements à adresser à tous ceux qui ont contribués à leur manière à la création de cette chaire, et les offrirait dans un ordre qu’il ne faut pas trop interpréter, c’était un casse-tête. Je remercie les donateurs pour leur générosité mais surtout pour leur audace. Je remercie la direction de l’hôpital Rivière des Prairies, Michel Lapointe en tête mais aussi ma complice Lynn Grégoire, qui ont porté ces projets avec une intelligence et une volonté qui me font voir maintenant l’administration à son meilleur comme un des beaux arts (je n’étais pas tout à fait parti de là).
Je remercie Guy Rouleau pour son soutien de dix ans, sa confiance et sa fraternité. Jean Rouleau et le décanat de la faculté de médecine ont aussi épaulé le projet. Ils sont à l’origine d’avoir suggéré aux donateurs qu’il se faisait des choses en autisme à l’UdM. Je remercie mon épouse Sylvie Belleville, qui m’a fait faire le saut en science et a contribué de façon décisive aux premiers résultats et modèles dont les développements actuels du groupe sont l’aboutissement. Son jugement exceptionnel a appuyé toutes mes prises de décisions personnelles et scientifiques.
Je remercie également mes étudiants, assistants de recherche, collègues cliniciens de Rivière des Prairies et Sainte Justine, et chercheurs qui me confirment qu’un des plus grands bonheurs de la recherche est de choisir avec qui on travaille. Je remercie enfin Michelle Dawson, chercheure autiste, cerveau et personne hors du commun, qui a influencé d’une manière considérable l’orientation de nos travaux ou leur interprétation. C’est sans doute grâce à elle que notre laboratoire est devenu le préféré des autistes, ce qui me comble.
Merci.
Discours repris d'un post sur le sujet Une intervention du Docteur Mottron au congrès Autisme France sur le site Autisme Infantile
Autres liens :
Pour en savoir plus :
http://www.ledevoir.com/societe/sante/2 ... -apprendre
http://www.conceptconsulted.com/
Une autre façon d'apprendre
Pauline Gravel , Louise-Maude Rioux Soucy 10 octobre 2009 Santé
Au Québec, les enfants autistes reçoivent des soins spécifiques pour surmonter leurs difficultés d'apprentissage. Ceux-ci touchent principalement le comportement, la communication et l'interaction, des approches qui font parfois de vrais miracles, mais qui laissent encore trop d'enfants dans l'ombre. En effet, ces approches laissent en plan des besoins encore plus criants qui touchent à la perception, au traitement de l'information et aux émotions, croient Brigitte Harrisson et Lise St-Charles, qui ont fondé Concept ConsulTED.
Brigitte Harrisson parle en connaissance de cause. Cette autiste de haut niveau a mis au point l'approche Saccade, qui s'attaque en priorité aux déficits sensoriels des autistes. Pour entrer en relation avec le monde, l'humain utilise le toucher, la vue et l'ouïe, et fait appel à ses facultés motrices, cognitives et langagières pour les interpréter. « C'est comme une équipe de hockey, illustre Mme Harrisson. Chez vous, les neurotypiques, les passes se font sans que vous vous en rendiez compte. Nous, on a une équipe d'élite encore plus performante, mais qui ne fait pas de passes. On voit, on entend et on touche, mais on ne perçoit pas. »
Résultat: plusieurs enfants ne répondent pas aux approches intensives et restent prisonniers de leur bulle, déplore Lise St-Charles. « Les gens travaillent très fort en ce moment pour développer les habiletés sociales, c'est la grosse mode. Mais c'est une erreur fondamentale de se contenter de cela. Ils travaillent dans le haut de la pyramide alors que les autistes sont coincés dans le bas de celle-ci, dans le monde des perceptions. »
C'est un peu comme mettre la charrue devant les boeufs, poursuit cette spécialiste de l'autisme. « Ça fait des enfants qui peuvent dire "je veux du jus", mais qui sont incapables de dire "j'ai soif". Ils sont capables de dire qu'il est temps de manger quand Passe-Partout est terminé, mais ils ne savent pas qu'ils ont faim. Ils ne savent pas que le glouglou intérieur signifie qu'ils ont faim. Alors, si Passe-Partout passe le samedi matin à 8h et qu'il finit à 8h30, ils vont faire une crise si on ne leur donne pas à manger. »
Saccade est un programme d'adaptation qui vise à déverrouiller les facultés perceptives des autistes, souvent plus performantes que la moyenne, pour les aider à donner un sens à ce qui les entoure. Un projet-pilote démarrera sous peu dans une école montréalaise auprès d'un groupe d'enfants de quatre à sept ans. « L'idée, c'est de rendre l'enfant disponible aux apprentissages pour le retourner ensuite dans son quartier, une fois qu'il aura eu accès à son potentiel et saura comment l'utiliser. »
Cette approche fonctionne autant chez les tout-petits que chez les adultes. Mais attention, les résultats varient d'un individu à l'autre, et Saccade ne promet pas de miracles, insiste Mme Harrisson. « On ne guérit pas de l'autisme. On permet seulement aux autistes d'avoir accès à leur plein potentiel d'apprentissage, comme n'importe qui d'autre. » Elle cite l'exemple de cette petite fille de six ans qui, malgré des années de services intensifs, ne parlait pas, ne discriminait aucune information et n'avait aucune conscience de son environnement. Diagnostic: autisme avec déficit intellectuel profond.
« Soyons réalistes, cette enfant ne fait pas de phrases un an plus tard, raconte Mme Harrisson. Mais elle a commencé à dire des mots, à répondre au téléphone et à le passer à quelqu'un près d'elle. Elle a commencé à planifier. Elle peut ouvrir la lumière pour monter dans sa chambre. Et elle n'a aucun problème de déficience intellectuelle. »
Révéler des capacités intellectuelles cachées
L'équipe du Dr Laurent Mottron, spécialiste de l'autisme à l'hôpital Rivière-des-Prairies, a obtenu en mai dernier un important financement de la fondation Marcel et Rolande Gosselin pour développer des approches éducatives qui solliciteront elles aussi les capacités perceptives particulières des autistes par des projets-pilotes en collaboration avec le ministère de l'Éducation.
Actuellement, les méthodes thérapeutiques ou éducatives employées auprès des autistes n'utilisent qu'un système de punitions et de récompenses, qu'on appelle « l'intervention comportementale intensive ». « Cette approche s'appuie sur l'idée que le matériel auquel on expose les enfants n'est pas intéressant pour l'autiste, et donc qu'il faut le rendre intéressant en l'associant à une émotion positive, comme un bonbon », explique le Dr Mottron, qui remet en doute l'efficacité d'une telle approche.
Pour favoriser l'apprentissage du langage, l'équipe du Dr Mottron prévoit exposer les autistes à du matériel doté d'une certaine régularité, comme le langage écrit, que la perception des autistes capte très rapidement, souligne le professeur au département de psychiatrie de l'Université de Montréal. « On les amènera à manipuler du code écrit afin de mettre à contribution leur mémoire implicite, cette forme de mémoire qui s'acquiert à notre insu. Ainsi, par le simple fait qu'ils seront exposés à des formes régulières (des lettres, en l'occurrence), les autistes pourront mémoriser ces formes-là, et ce, même si le but de l'opération ne visera au départ qu'à reproduire des formes à l'aide de lettres, par exemple. »
Un autiste de deux ans qu'on oblige à faire quelque chose fera une colère terrible, fait remarquer le Dr Mottron. « Par contre, devant une caisse de jouets, il se mettra à faire des appariements, des séries par formes ou par couleurs. Si vous favorisez ces activités-là avec du matériel écrit, comme des lettres aimantées, vous le faites entrer dans un code, celui des lettres, dont il finira par détecter la régularité. Et à partir de là, on espère qu'il fera comme les autistes hyperlexiques qui passent quelques années à lire sans rien comprendre, apparemment, mais qui finissent par craquer le code. Et à l'âge de six ou sept ans, les autistes hyperlexiques réussissent à parler à partir de leur code écrit. »
Pour la conception de ces nouvelles approches éducatives, la neuropsychologue Isabelle Soulières, qui est membre de l'équipe du Dr Mottron, s'inspirera de certains éléments des matrices progressives de Raven, ce test qui mesure le raisonnement non verbal et auquel plusieurs autistes apparemment déficients obtiennent des scores particulièrement élevés. « Je cherche quels sont les éléments dans les matrices de Raven qui représentent les conditions optimales pour que les autistes révèlent et mettent en action leurs capacités intellectuelles cachées », indique-t-elle, avant de préciser que, dans les matrices de Raven, « il y a pour une part le fait que toute l'information dont on a besoin pour résoudre le problème est là, sur la feuille ».
« On n'a pas besoin d'aller chercher de l'information ailleurs. Il y a aussi le fait que l'information est structurée et organisée. Le test consiste justement à découvrir cette structure, cette organisation, pour pouvoir trouver l'élément manquant des séries. Toute information présentée de cette manière-là devrait aider les personnes autistes », fait valoir Mme Soulières.
Le succès que certains autistes apparemment déficients ont remporté aux épreuves complexes du test de Raven fait dire aux chercheurs qu'il n'est pas nécessairement bon de simplifier l'information, « de ne donner qu'une petite information à la fois ». « Je crois qu'il faut donner accès à plusieurs types de matériel et à plusieurs niveaux d'informations. Certaines personnes autistes ont appris à lire en regardant les encyclopédies de leurs parents. Cela ne nous serait pas venu à l'idée de donner une encyclopédie pour adultes à un enfant de quatre ans, alors que c'est justement ça qui peut déclencher l'apprentissage de la lecture chez un autiste », croit Isabelle Soulières.
Un autre article sur Brigitte Harrisson :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?p=8541#p8541
Montréal, le 15 mai 2009
Lancement de la Chaire de recherche Marcel et Rolande Gosselin en neurosciences cognitives fondamentales et appliquées du spectre autistique de l'Université de Montréal
Madame la ministre,
Monsieur le doyen de la Faculté de médecine,
Messieurs de la Fondation Marcel et Rolande Gosselin
Distingués invités,
Nous sommes ici pour inaugurer la première chaire en Autisme de l’université de Montréal. Il y en aura d’autres j’espère. La création cette première chaire prend une portée toute gorbatchévienne du fait de la nature unique de l’autisme parmi les minorités humaines, comme des positions originales prises par notre groupe à cet endroit. J’y vois en effet le levier d’une subversion de l’intérieur des connaissances académiques sur l’autisme.
Quelle sorte de relation y a-t-il entre autisme et humanité typique? Les humains réalisent leurs œuvres et construisent la culture à l’intérieur des limites imposées par leur perception du monde et de la mémoire de ce qu’ils en gardent, du pouvoir de leur intelligence et de leur imagination, selon enfin les priorités que leurs émotions leur imposent.
Ces contraintes a priori du traitement de l’information sont contenues en puissance dans un programme génétique et réalisées en acte dans l’organe de leur pensée, le cerveau. L’autisme résulte d’une variation de ce programme, qui modifie le support de la pensée, et donc, les conditions a priori permettant à l’homme de manipuler l’information, de sa naissance à sa mort.
L’autisme est un variant humain. Notre conviction est que l’autisme comme tel n’est pas d’avantage porteur de souffrance que de progrès. Cela dépend de la manière dont il est accueilli. Or la manière dont la science le conçoit, qui reflète ou précède la manière dont la société le reçoit, s’est métamorphosée ces cent dernières années. La science eugénique considérait l’autisme comme une erreur de la nature à éradiquer. La science que nous défendons soutient l’admission de plein droit de l’autisme dans le spectre des sortes d’humanité.
Au début de ma carrière, je cherchais le mécanisme dont le dérèglement produit le phénotype autistique par effet de cascade. Dans ces vingt dernières années, mon groupe et moi n’avons pas trouvé les déficits que nous cherchions initialement. Nous avons en revanche mis à jour de multiples supériorités des autistes à traiter certaines informations. Ces fonctionnements supérieurs, presque uniques parmi les variations biologiques de l’humain, nous les avons inventoriés, démontré empiriquement, et imposé au monde scientifique.
Or ces supériorités sont le pied dans la porte pour mettre en doute que l’autisme soit une maladie comme les autres et peut être une maladie tout court. Je suis donc passé de l’autisme comme erreur de l’humain à l’autisme comme variation de l’humain, mais à l’intérieur de l’humain. Et me suis donné comme but que le monde accueille l’autisme, pour que l’autisme contribue à ce monde.
L’idée qui nous a guidé jusqu’ici est que le cerveau autistique accède spontanément, par sa vertu propre, à un certain format d’information de manière privilégiée. Celui-ci déclenche des émotions positives, une curiosité et une intelligence qui lui permettent de rejoindre, mais par ses chemins propres, la culture dominante. Les autistes qui sont devenus verbaux ou savants sans aucun secours nous en convainc a posteriori.
Notre compréhension de leur réussite est que les hasards de la vie les ont mis en présence de matériel qu’ils pouvaient traiter et manipuler, autorisant ainsi le développement de leur intelligence. La chaire en neurosciences cognitive de l’autisme arrive donc à point nommé pour mettre en place dès le début de la vie d’un enfant autiste puis à l’école et jusque dans son travail un formatage de l’information construit à partir de notre connaissance de leurs forces cognitives.
Le mandat de la chaire sera de déterminer et de mettre en place les conditions d’éducation et de travail optimales à partir de ce que nous ont enseigné les neurosciences cognitives des adultes autistes. Nous nous inscrivons donc en rupture avec la majorité des techniques éducatives actuelles, où la règle est plutôt de remonter pièces par pièce des étapes de comportements et de compétences normatives, qui n’ont pas de valeur adaptative pour l’enfant autiste.
Notre modèle pour ce faire reste celui de l’enfant sourd non appareillable, qui accède à la culture grâce à l’exposition à la langue des signes, soit un langage formaté pour que son cerveau puisse le détecter, l’enregistrer et le manipuler. Le langage de signes que les sourds apprennent d’eux mêmes n’est en effet pas celui de « l’alphabet des sourds » de l’abbé de l’Épée, construit de manière normocentrique à partir du nôtre. C’est celui qui s’est spontanément et clandestinement mis en place dans les cours de récréations des institutions religieuses, les mêmes qui attachaient les mains des sourds derrière leur dos pour, pensaient-ils, les forcer à parler.
Pour l’autisme, c’est aussi l’observation de ce que le génie adaptatif du cerveau humain met en place de lui-même pour s’adapter à des modifications des conditions initiales neurobiologiques, qui nous montre la voie. Le cerveau autistique, sans l’aide de quiconque, et souvent malgré l’opposition de son entourage, apprend parfois à manipuler des codes, et y démontre une autre intelligence, qui ne doit rien à l’éducation.
Et comme pour l’enfant sourd, l’enfant autiste vivra un appauvrissement dramatique, sans doute irréversible, de son intelligence si l’on s’obstine à vouloir normaliser sa prise d’information en début de vie, alors même qu’il ne la peut traiter.
Notre programme de recherche sera donc double, appliqué et fondamental. L’originalité de la chaire, dans son aspect appliqué, est de se centrer sur la création et la mise en place de projets pilotes d’intervention fondé sur la connaissance scientifique du traitement de l’information autistique.
Nous créerons un milieu pilote où des enfants autistes sont exposés à des types d’information qu’ils traitent préférentiellement. Il s’agit de faire la jonction entre l’intérêt spontané de l’enfant autiste à des aspects perceptifs de leur environnement, et les forces cognitives autistiques observées chez l’adulte. Cette jonction, certains la réalise naturellement, tel l’enfant autiste qui commence par fixer les fils électriques pour ensuite cataloguer les formes de pylônes d’Hydro Québec, et développer enfin un intérêt pour la physique de l’électricité.
Nous chercherons à comprendre, stabiliser et reproduire la manière dont la spécificité autistique peut amener la culture. Ce faisant, nous tenterons de maintenir le fil de l’intérêt de l’enfant au long de cette métamorphose, selon ce principe que la motivation de l’enfant à manipuler du matériel provient des propriétés phénoménales de celui-ci et non d’un conditionnement extérieur. Notre but ultime est le maniement du langage, mais à partir d’un mode d’entrée qui peut être différent de celui du langage oral.
Des progrès technologiques permettent maintenant à quelqu’un qui possède le code écrit de le transcoder en langage oral, mais encore faut-il accéder au code écrit. Même si nous continuons à nous occuper de ce qui fait obstacle au langage oral, particulièrement au niveau moteur, nous allons mettre toute notre force à déterminer ce qui nourrit l’intelligence tout en le contournant.
De très nombreuses capacités abstraites inhérentes à l’intelligence (catégorisation, raisonnement analogique, détection de régularités symboliques) sont en effet intactes ou supérieures, dès lors qu’on contourne le langage oral dans les instructions ou dans l’obtention de la réponse à une tâche. Ces projets pilotes se feront dans l’enceinte du CETEDUM et du réseau d’établissements liés à celui-ci.
Au niveau fondamental, nous allons continuer à caractériser par la neuropsychologie et l’imagerie les forces des autistes, et spécialement des autistes savants. De la même manière que la clinique a inspiré notre démarche jusqu’ici, en nous indiquant ce qui valait ou ne valait pas la peine d’être investigué, les aléas de l’éducation quotidienne des enfants autistes que nous observerons dans ces projets pilotes continueront de nous imposer des thèmes de recherche pour le volet fondamental de notre travail.
C’est par exemple à partir de la clinique la plus quotidienne que Michelle Dawson, Isabelle Soulières, Morton Gernsbacher et moi avons pu faire la démonstration que l’intelligence fluide des autistes peut être intacte ou supérieure, même en présence d’une apparence de retard mental. Le retour de ce résultat sur la recherche fondamentale a permis à notre groupe, soit à Isabelle Soulière, avec l’aide de T. Zeffiro de Boston et du groupe d’imagerie autisme du CETEDUM, de montrer que le raisonnement est associé chez les autistes à une activation supérieure et atypique du cortex visuel. Ce résultat majeur constitue un corrélat neurologique à l’observation que le langage oral n’est pas chez eux le premier véhicule de l’intelligence.
Enfin, grâce au lien que nous avons entretenu depuis dix ans avec le groupe de génétique autisme de Guy Rouleau, je souhaite aussi que notre connaissance des marqueurs cognitifs de l’autisme aboutisse à une délinéation de phénotypes fins, qui servent à la génétique de l’autisme. A ce jour, il n’y a en effet guère de lien entre phénotype et gènes impliquées, et la cognition a, j’en suis sûr, son mot à dire pour changer cet état de fait. Mais je souhaite surtout que la combinaison de nos deux approches élargisse la notion de variation génétique bien au delà de la notion de maladie.
Je conclurai en vous disant que la création de cette chaire, tant dans ses aspects appliqués que fondamentaux est exemplaire de ce mouvement de réattribution de l’humanité aux minorités, jusque dans leur statut scientifique.
J’ai enfin une longue liste de remerciements à adresser à tous ceux qui ont contribués à leur manière à la création de cette chaire, et les offrirait dans un ordre qu’il ne faut pas trop interpréter, c’était un casse-tête. Je remercie les donateurs pour leur générosité mais surtout pour leur audace. Je remercie la direction de l’hôpital Rivière des Prairies, Michel Lapointe en tête mais aussi ma complice Lynn Grégoire, qui ont porté ces projets avec une intelligence et une volonté qui me font voir maintenant l’administration à son meilleur comme un des beaux arts (je n’étais pas tout à fait parti de là).
Je remercie Guy Rouleau pour son soutien de dix ans, sa confiance et sa fraternité. Jean Rouleau et le décanat de la faculté de médecine ont aussi épaulé le projet. Ils sont à l’origine d’avoir suggéré aux donateurs qu’il se faisait des choses en autisme à l’UdM. Je remercie mon épouse Sylvie Belleville, qui m’a fait faire le saut en science et a contribué de façon décisive aux premiers résultats et modèles dont les développements actuels du groupe sont l’aboutissement. Son jugement exceptionnel a appuyé toutes mes prises de décisions personnelles et scientifiques.
Je remercie également mes étudiants, assistants de recherche, collègues cliniciens de Rivière des Prairies et Sainte Justine, et chercheurs qui me confirment qu’un des plus grands bonheurs de la recherche est de choisir avec qui on travaille. Je remercie enfin Michelle Dawson, chercheure autiste, cerveau et personne hors du commun, qui a influencé d’une manière considérable l’orientation de nos travaux ou leur interprétation. C’est sans doute grâce à elle que notre laboratoire est devenu le préféré des autistes, ce qui me comble.
Merci.
Discours repris d'un post sur le sujet Une intervention du Docteur Mottron au congrès Autisme France sur le site Autisme Infantile
Autres liens :
Pour en savoir plus :
http://www.ledevoir.com/societe/sante/2 ... -apprendre
http://www.conceptconsulted.com/
Une autre façon d'apprendre
Pauline Gravel , Louise-Maude Rioux Soucy 10 octobre 2009 Santé
Au Québec, les enfants autistes reçoivent des soins spécifiques pour surmonter leurs difficultés d'apprentissage. Ceux-ci touchent principalement le comportement, la communication et l'interaction, des approches qui font parfois de vrais miracles, mais qui laissent encore trop d'enfants dans l'ombre. En effet, ces approches laissent en plan des besoins encore plus criants qui touchent à la perception, au traitement de l'information et aux émotions, croient Brigitte Harrisson et Lise St-Charles, qui ont fondé Concept ConsulTED.
Brigitte Harrisson parle en connaissance de cause. Cette autiste de haut niveau a mis au point l'approche Saccade, qui s'attaque en priorité aux déficits sensoriels des autistes. Pour entrer en relation avec le monde, l'humain utilise le toucher, la vue et l'ouïe, et fait appel à ses facultés motrices, cognitives et langagières pour les interpréter. « C'est comme une équipe de hockey, illustre Mme Harrisson. Chez vous, les neurotypiques, les passes se font sans que vous vous en rendiez compte. Nous, on a une équipe d'élite encore plus performante, mais qui ne fait pas de passes. On voit, on entend et on touche, mais on ne perçoit pas. »
Résultat: plusieurs enfants ne répondent pas aux approches intensives et restent prisonniers de leur bulle, déplore Lise St-Charles. « Les gens travaillent très fort en ce moment pour développer les habiletés sociales, c'est la grosse mode. Mais c'est une erreur fondamentale de se contenter de cela. Ils travaillent dans le haut de la pyramide alors que les autistes sont coincés dans le bas de celle-ci, dans le monde des perceptions. »
C'est un peu comme mettre la charrue devant les boeufs, poursuit cette spécialiste de l'autisme. « Ça fait des enfants qui peuvent dire "je veux du jus", mais qui sont incapables de dire "j'ai soif". Ils sont capables de dire qu'il est temps de manger quand Passe-Partout est terminé, mais ils ne savent pas qu'ils ont faim. Ils ne savent pas que le glouglou intérieur signifie qu'ils ont faim. Alors, si Passe-Partout passe le samedi matin à 8h et qu'il finit à 8h30, ils vont faire une crise si on ne leur donne pas à manger. »
Saccade est un programme d'adaptation qui vise à déverrouiller les facultés perceptives des autistes, souvent plus performantes que la moyenne, pour les aider à donner un sens à ce qui les entoure. Un projet-pilote démarrera sous peu dans une école montréalaise auprès d'un groupe d'enfants de quatre à sept ans. « L'idée, c'est de rendre l'enfant disponible aux apprentissages pour le retourner ensuite dans son quartier, une fois qu'il aura eu accès à son potentiel et saura comment l'utiliser. »
Cette approche fonctionne autant chez les tout-petits que chez les adultes. Mais attention, les résultats varient d'un individu à l'autre, et Saccade ne promet pas de miracles, insiste Mme Harrisson. « On ne guérit pas de l'autisme. On permet seulement aux autistes d'avoir accès à leur plein potentiel d'apprentissage, comme n'importe qui d'autre. » Elle cite l'exemple de cette petite fille de six ans qui, malgré des années de services intensifs, ne parlait pas, ne discriminait aucune information et n'avait aucune conscience de son environnement. Diagnostic: autisme avec déficit intellectuel profond.
« Soyons réalistes, cette enfant ne fait pas de phrases un an plus tard, raconte Mme Harrisson. Mais elle a commencé à dire des mots, à répondre au téléphone et à le passer à quelqu'un près d'elle. Elle a commencé à planifier. Elle peut ouvrir la lumière pour monter dans sa chambre. Et elle n'a aucun problème de déficience intellectuelle. »
Révéler des capacités intellectuelles cachées
L'équipe du Dr Laurent Mottron, spécialiste de l'autisme à l'hôpital Rivière-des-Prairies, a obtenu en mai dernier un important financement de la fondation Marcel et Rolande Gosselin pour développer des approches éducatives qui solliciteront elles aussi les capacités perceptives particulières des autistes par des projets-pilotes en collaboration avec le ministère de l'Éducation.
Actuellement, les méthodes thérapeutiques ou éducatives employées auprès des autistes n'utilisent qu'un système de punitions et de récompenses, qu'on appelle « l'intervention comportementale intensive ». « Cette approche s'appuie sur l'idée que le matériel auquel on expose les enfants n'est pas intéressant pour l'autiste, et donc qu'il faut le rendre intéressant en l'associant à une émotion positive, comme un bonbon », explique le Dr Mottron, qui remet en doute l'efficacité d'une telle approche.
Pour favoriser l'apprentissage du langage, l'équipe du Dr Mottron prévoit exposer les autistes à du matériel doté d'une certaine régularité, comme le langage écrit, que la perception des autistes capte très rapidement, souligne le professeur au département de psychiatrie de l'Université de Montréal. « On les amènera à manipuler du code écrit afin de mettre à contribution leur mémoire implicite, cette forme de mémoire qui s'acquiert à notre insu. Ainsi, par le simple fait qu'ils seront exposés à des formes régulières (des lettres, en l'occurrence), les autistes pourront mémoriser ces formes-là, et ce, même si le but de l'opération ne visera au départ qu'à reproduire des formes à l'aide de lettres, par exemple. »
Un autiste de deux ans qu'on oblige à faire quelque chose fera une colère terrible, fait remarquer le Dr Mottron. « Par contre, devant une caisse de jouets, il se mettra à faire des appariements, des séries par formes ou par couleurs. Si vous favorisez ces activités-là avec du matériel écrit, comme des lettres aimantées, vous le faites entrer dans un code, celui des lettres, dont il finira par détecter la régularité. Et à partir de là, on espère qu'il fera comme les autistes hyperlexiques qui passent quelques années à lire sans rien comprendre, apparemment, mais qui finissent par craquer le code. Et à l'âge de six ou sept ans, les autistes hyperlexiques réussissent à parler à partir de leur code écrit. »
Pour la conception de ces nouvelles approches éducatives, la neuropsychologue Isabelle Soulières, qui est membre de l'équipe du Dr Mottron, s'inspirera de certains éléments des matrices progressives de Raven, ce test qui mesure le raisonnement non verbal et auquel plusieurs autistes apparemment déficients obtiennent des scores particulièrement élevés. « Je cherche quels sont les éléments dans les matrices de Raven qui représentent les conditions optimales pour que les autistes révèlent et mettent en action leurs capacités intellectuelles cachées », indique-t-elle, avant de préciser que, dans les matrices de Raven, « il y a pour une part le fait que toute l'information dont on a besoin pour résoudre le problème est là, sur la feuille ».
« On n'a pas besoin d'aller chercher de l'information ailleurs. Il y a aussi le fait que l'information est structurée et organisée. Le test consiste justement à découvrir cette structure, cette organisation, pour pouvoir trouver l'élément manquant des séries. Toute information présentée de cette manière-là devrait aider les personnes autistes », fait valoir Mme Soulières.
Le succès que certains autistes apparemment déficients ont remporté aux épreuves complexes du test de Raven fait dire aux chercheurs qu'il n'est pas nécessairement bon de simplifier l'information, « de ne donner qu'une petite information à la fois ». « Je crois qu'il faut donner accès à plusieurs types de matériel et à plusieurs niveaux d'informations. Certaines personnes autistes ont appris à lire en regardant les encyclopédies de leurs parents. Cela ne nous serait pas venu à l'idée de donner une encyclopédie pour adultes à un enfant de quatre ans, alors que c'est justement ça qui peut déclencher l'apprentissage de la lecture chez un autiste », croit Isabelle Soulières.
Un autre article sur Brigitte Harrisson :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?p=8541#p8541