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Causes environnementales de l'autisme

Posté : lundi 4 janvier 2010 à 19:38
par Jean
Suite à une question posée par Jonquille57, je me propose de recenser sous ce titre les informations qui paraissent à ce sujet.

Le terme "environnement" peut être mis à toutes les sauces.

Quand vous l'entendez dans la bouche de Bernard Golse, cela veut dire qu'un terrain génétiquement favorable a pu "s'exprimer" du fait de l'environnement psychologique de l'enfant (et notamment de la dépression passée inaperçue de la mère).

Si l'origine est une association américaine de parents, cela peut viser les vaccins ou toute pollution moderne. Cela expliquerait une augmentation de l'autisme dans la population, ce qui fait l'objet d'autres discussions sur la "prévalence".

Pour commencer, 4 résumés publiés dans le dernier numéro (4ème trimestre 2009) de la revue Sésame (association Sésame-Autisme) :

Un risque pour le cerveau foetal.
Un taux de 25 ppm (parts par million) de monoxyde de carbone dans l'air ambiant, considéré comme bénin aux Etats-Unis, serait déjà trop élevé. Selon des chercheurs de l'université de Californie, il pourrait provoquer des lésions du cervelet foetal liées à un stress oxydatif. Celui-ci est impliqué dans de multiples affections dont l'autisme.

Evidence for oxidative stress in the developing cerebellum of the rat after chronic mild carbon monoxide exposure (0,0025% in air).
Lopez IA, ...
Mental Retardation Research Center, neuroscience Research Building, Room 260C, 635
Charles E Young Drive South, David Geffen School of Medicine at UCLA,Los Angeles, CA 90095-7332, USA ivan@hnsur~.medsch.ucla.edu
BMC Neurosci. 2009 May 27;10:53. Quotidien du Médecin 29 1 06 109.


Les facteurs de risque environnementaux et l'autisme : Sont-ils à l'origine de mutations génétiques primitives qui contribueraient à l'apparition de ce désordre ?

On a découvert récemment que nombre de facteurs de risques génétiques sont des mutations primitives ("de novo"). Un âge parental avancé lors de la conception est associé à un risque accru d'autisme et de mutations primitives. Les auteurs ont recherché d'autres facteurs environnementaux associés à ce risque accru d'autisme qui pourraient aussi être mutagènes et contribuer à l'apparition de l'autisme en provoquant des mutations primitives. Ils en ont trouvé neuf dont l'exposition avant la conception pourrait jouer un rôle. Cinq sont des mutagènes reconnus : mercure, cadmium, nickel, trichloréthylène et chlorure de vinyl. Quatre autres, outre la résidence dans des zones urbanisées en altitude ou très pluvieuses, sont associées avec une réduction de l'ensoleillement et un risque accru de déficit en vitamine D (cette dernière jouant un rôle important dans la réparation de l'ADN et la protection contre le stress oxydatif). Cette hypothèse présente des implications pour la compréhension du rôle étiologique possible des mutations primitives dans l'autisme et pour une prévention de ce désordre telle que la lutte contre la déficience en vitamine D et l'exposition aux facteurs reconnus d'altération des gènes.

Environmental risk factors for autism : Do they hel cause de novo genetic mutations t at contribute to the disordre ? i: Kinney DK, . . .
Genetics Laboratory, Mc Lean Hospital, 115 Mill St., Belmont, MA 02478, USA; Department of Psychiatry, Harvard Medical School, 25 Shattuck St., Boston, MA 02115, USA. Med Hypotheses. 2009 Aug 20.


Autisme et prématurité.
Les auteurs ont fait des recherches pour savoir si la prématurité favorisait l'apparition de l'autisme. Ils en concluent que les prématurés présentent un risque d'être autistes double par rapport à la norme (10%).

Positive screening on the Modified Checklist for Autism in Toddlers (M-CHAT) in extremely low gestational newborns. Kuban KC, …
Division of Pediatric Neurology, Department Pediatrics, Boston Medical Center, Boston of
University, Boston, MA 02118, USA.Aug;19(4):449-51. Karl.kub Mar an@bmc.org
J Pediatr. 2009Apr;154(4):4 78-80.


L'activation du système immunitaire maternel altère le développement cérébral chez l'embryon
Une constatation pathologique banale au cours de l'autisme est le déficit localisé des cellules de Purkinje. Les auteurs ont provoqué l'activation du système immunitaire chez la souris gestante et observé un retard de des cellules granuleuses dans les lobules cérébelleux VI et VII, strictement semblables à ceux observés au cours de l'autisme. Ces données suggèrent la survenue des anomalies cérébelleuses pendant le développement embryonnaire et pourrait constituer un déficit précoce dans l'autisme (et la schizophrénie).

Activation of the materna1 immune system alters cerebellar development in the offspring - Shi L, . . . – Biology Division, California Institute Mar 21. Technology, 391 S. Holliston Avenue, M/C 216-
Pasadena, CA 91125, USA. **** Brain Behav Immun. 2009 Jan; 23(1):116-23

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : vendredi 15 janvier 2010 à 19:29
par Jean
Dans le sujet sur le colloque international à l'institut Pasteur :
Le Pr. Robert Hendren présente les recherches de l'Institut MIND (Sacramento, Califomia). (...)

Des agressions liées à l'environnement sont déjà connues, il s'agit, par exemple, de contaminations pendant la grossesse : infectieuses comme la rubéole, médicamenteuses comme le « valproate » ou la « thalidomide ».Le MIND poursuit les recherches en ce sens : on peut citer des études de lien entre pollutions industrielles ou agricoles et autisme. Des recherches cherchent à préciser les effets des toxines environnementales : dérèglement de l'oxydation des cellules, manque de méthylation, anomalies métaboliques, déficiences nutritionnelles et du système immunitaire. D'autres études sont menées sur l'effet de médications sur l'ARN (acide ribonucléique : copie d'une région de l'un des brins de l'ADN), c'est ce qui s'appelle la pharmacogénomique.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : mercredi 10 février 2010 à 23:03
par Jean
L’âge des mères associé au taux d'autisme
Mom's Age Associated with Rate of Autism
9 Février 2010

Un groupe de chercheurs sur l'autisme à l'Université Davis de Californie a réalisé une étude massive basée sur des documents analysant «l'ensemble des naissances en Californie dans les années 1990 pour lesquelles l'information était disponible sur l’âge des deux parents, un total d'environ 4,9 millions de naissances et 12159 cas d'autisme. "

Les résultats suggèrent que les mères qui accouchent après 40 ans sont significativement plus susceptibles d'avoir un enfant atteint d'autisme. Par ailleurs, selon un article dans le LA Times «Pour les hommes de plus de 40 ans, il y avait un risque d'autisme accru de 59%, si la mère a moins de 30 ans, mais pratiquement aucun risque accru si la mère a plus de 30 ans."

Ces constatations peuvent semblent être un « pistolet fûmant » - une explication simple de la hausse des diagnostics du spectre autistique. Mais en fait, ils expliqueraient une fréquence de seulement 5% environ de la hausse des diagnostics au cours des dix dernières années :
  • Le nombre de femmes de plus de 40 ans en Californie ayant accouché a augmenté de 300% dans les années 1990, alors que le diagnostic d'autisme a augmenté de 600%. À première vue, il pourrait sembler que l'augmentation des grossesses chez les plus âgées pourraient être responsables de l'augmentation de l'autisme, qui est affecte jusqu'à 1% des enfants . Mais les auteurs, de l'UC Davis, ont calculé que les mères plus âgées représentent moins de 5% de l'augmentation des diagnostics d'autisme.
Voici un rapide coup d'œil du résumé de l’article :
  • Sur la base du premier examen de l'hétérogénéité des effets de l'âge des parents, il apparaît que le risque pour les femmes d’un accouchement qui conduit à l'autisme augmente tout au long de leurs années de procréation tout en considérant que l'âge du père confère un risque accru pour l'autisme, quand les mères ont moins de 30 ans, mais a peu d'effet lorsque les mères ont passé l’âge des 30 ans. Nous avons également calculé que la tendance récente à la procréation retardée contribue pour environ une augmentation de 4,6% dans les diagnostics d'autisme en Californie au cours de la décennie.
Bien que les faits découverts sont intrigants, ils ne semblent pas ajouter beaucoup à notre compréhension des racines de l'autisme. En fait, explique un chercheur expérimenté, nous avons un long chemin à parcourir dans la compréhension des racines de l'autisme. En fait , ajoute le Dr Hertz-Picciotto:
  • ... les femmes âgées peuvent être suivies de plus près pendant leur grossesse, ce qui signifierait plus d’échographies – que quelques chercheurs ont suggéré comment pouvant jouer un rôle dans l'autisme. Les femmes âgées sont plus susceptibles de souffrir de diabète gestationnel et de développer des maladies auto-immunes, qui tous deux ont été liés à un risque accru d'autisme.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : mercredi 10 février 2010 à 23:19
par bernard
Jean a écrit :Les résultats suggèrent que les mères qui accouchent après 40 ans sont significativement plus susceptibles d'avoir un enfant atteint d'autisme. Par ailleurs, selon un article dans le LA Times «Pour les hommes de plus de 40 ans, il y avait un risque d'autisme accru de 59%, si la mère a moins de 30 ans, mais pratiquement aucun risque accru si la mère a plus de 30 ans."
Donc les mères de plus de 40 ans ont plus de risque d'avoir un enfant autiste, mais les mères de plus de 30 ans n'ont aucun risque accru.
C'est ce qu'on appelle parler pour ne rien dire. Mais cela fait un article de plus, même s'il n'a aucun apport scientifique.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : jeudi 11 février 2010 à 20:18
par Jean
Cette étude a été reproduite un peu partout cette semaine. Mais ont voit bien qu'elle n'apporte pas grand chose. C'est pour celà que j'ai choisi le commentaire fait sur le site http://autism.about.com/ qui relativise ce "scoop" médiatique.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : jeudi 11 février 2010 à 20:46
par Jean
autre commentaire sur le site de l'AFG :
Selon une dépêche une étude évoquée ci-desous par l’AFP, plus la femme est âgée et plus le risque de mutation ou de réarrangement de gènes est augmenté. Ceci conforte la composante génétique très forte dans la survenue de l’autisme. C’est par ailleurs un fait bien établi dans le cas de la trisomie 21.

(AFP) - 8 février 2010.

WASHINGTON - Plus une femme est âgée quand elle enfante, plus le risque d’avoir un enfant atteint d’autisme est grand, quel que soit l’âge du père dans une majorité des cas, selon une étude étendue publiée lundi aux Etats-Unis.

Cette recherche effectuée en Californie montre que le risque d’avoir un enfant autiste augmente de 18% à chaque fois que l’âge de la mère augmente de 5 ans : pour les femmes de 40 ans, la probabilité de donner naissance à un enfant souffrant d’autisme est ainsi 50% plus élevée que pour celles âgées de 25 à 29 ans.

Le fait que le père soit plus vieux n’est pas lié à un risque plus élevé de donner naissance à un enfant autiste, sauf si la mère a moins de 30 ans, selon cette même étude.

"Cette recherche remet en question la théorie épidémiologique de l’autisme selon laquelle l’âge du père est déterminant dans le risque d’avoir un enfant autiste", explique Janie Shelton, chercheuse en santé publique de l’Université de Californie (Ouest), principal auteur de ces travaux.

"L’étude montre que plus la mère est âgée, plus la probabilité d’avoir un enfant autiste est élevée, mais elle indique aussi que l’âge du père n’y contribue que s’il est plus âgé et si la mère a moins de 30 ans", poursuit-elle.

Par exemple, dans le groupe des femmes de moins de 25 ans ayant un enfant avec un homme de plus de 40 ans, le risque que leur enfant soit autiste est deux fois plus grand que chez celles appartenant à la même tranche d’âge et ayant un enfant avec un homme de 25 à 29 ans.

Cette recherche publiée en ligne dans la revue médicale Autism Research de février, est basée sur un large échantillon de population et est l’une des plus étendues à ce jour à quantifier séparément le risque d’autisme lié à l’âge chez la mère et le père.

Pour cette étude, les auteurs ont analysé toutes les naissances en Californie du 1er janvier 1990 au 31 décembre 1999 à partir des actes d’état civil électroniques, comportant l’âge des deux parents.

Au total, l’échantillon recense environ 4,9 millions de naissances, parmi lesquelles 12.159 cas d’autisme ont été diagnostiqués.

L’autisme est un trouble neurologique qui affecte le développement d’un enfant dans ses capacités à communiquer oralement ou de façon non verbale et restreint ses interactions sociales et ses centres d’intérêt. Les symptômes apparaissent avant l’âge de trois ans et leur origine reste inexpliquée.

Les estimations actuelles situent l’incidence de l’autisme entre un sur cent enfants dans les pays industrialisés mais à un sur 110 aux Etats-Unis, selon les auteurs de cette recherche.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : vendredi 12 février 2010 à 6:43
par maho
Plus une femme est âgée quand elle enfante, plus le risque d’avoir un enfant atteint d’autisme est grand, quel que soit l’âge du père dans une majorité des cas, selon une étude étendue publiée lundi aux Etats-Unis.
C'est quand meme un peu ridicule de depenser tant d'argent et energie pour ce genre de chose.
Plus une femme est agée, plus le risque d'avoir un enfant atteint d'un handicap...je veux bien, c'est trés connue, mais de citer "autisme" est semer la panique!!!
je me rapelle il y a 20/30 ans c'etait Triso 21 qui a semé le meme genre de panique, ce qui a donner une generation de "parents" de mon age, pour la premiere fois dans l'histoire, qui ont choisi de ne pas avoir d'enfants. Dans nos amis assez proche (il faut bien dire qu'on a pas des tonnes d'amis!!!) nous avons 3 couples qui ont choisi de ne pas avoir d'enfants.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : vendredi 12 février 2010 à 20:01
par Jean
Une probabilité qui passe de 4/5 pour 1000 à 7 pour 1000 : relativisons en effet.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : mercredi 17 février 2010 à 23:09
par Jean
L'étude qui vient d'être publiée sur l'ocytocine amène à se poser des questions sur les évènements qui se passent pendant la grossesse et à la naissance, évènements qui pourraient avoir des effets sur le développement du cerveau du foetus et du bébé.

La présentation faite aux "regards croisés" à Brest début février par Nouchine Hadjikani en a parlé. J'attends avec impatience ses présentations pour parler par exemple de la progression de l'autisme chez les mormons :roll:

Et voilà deux articles sur l'ocytocine et l'accouchement :
http://www.larecherche.fr/content/reche ... le?id=7728
Guy Moriette : « Les neurones foetaux protégés pendant l'accouchement »

En agissant sur les neurones du foetus avant l'accouchement, une hormone maternelle, l'ocytocine, protège le cerveau du « bientôt-né » des manques d'oxygène pendant le travail [1].

Un mécanisme physiologique protège le foetus des traumatismes liés à l'accouchement. De quoi s'agit-il ?

Guy Moriette : Quelques heures avant l'accouchement, l'organisme maternel libère de l'ocytocine, une hormone qui agit sur l'utérus et déclenche les contractions. L'équipe de Roman Tyzio, de l'institut de neurobiologie de la Méditerranée, vient de montrer chez le rat que cette hormone maternelle agissait aussi sur les neurones du foetus. Ces derniers présentent des récepteurs à ocytocine. Stimulés par l'hormone, les neurones foetaux sont inhibés pendant cinq à six heures, ce qui leur permet de résister au manque d'oxygène pouvant survenir pendant l'accouchement.

Que vous inspire cette découverte ?

Il est fascinant de constater que des mécanismes physiologiques préparent le foetus à l'accouchement. Tout le problème de ces recherches - qui, je le rappelle, ont été conduites chez le rat - est de savoir si leur résultat est extrapolable à l'homme et si cela peut avoir une application médicale. Pour l'instant, on ne le sait pas. Cela soulève néanmoins des interrogations.

Dans certains accouchements, la mère ne libère pas d'ocytocine...

Oui, c'est le cas des césariennes effectuées avant que le travail ait commencé. S'il n'y a pas de travail, il n'y a pas de libération d'ocytocine. Si la protection démontrée chez le rat se révèle valable chez l'homme, on peut donc se demander si le cerveau du nouveau-né bénéficie de cette protection. Cependant, la probabilité d'exposition du foetus à des événements hypoxiques est faible lors de ce type de césarienne.

Dans un autre registre, un médicament utilisé contre les accouchements prématurés bloque l'effet de l'hormone maternelle.

Un des médicaments les plus efficaces pour empêcher l'accouchement prématuré, l'atosiban, est un inhibiteur de l'ocytocine. Supprime-t-il un mécanisme de protection bien utile pour un foetus déjà fragile ? Cette hypothèse est très difficile à vérifier. Il est toutefois rassurant de savoir que seul un faible pourcentage d'atosiban passe de la mère au foetus (10 %) et que la demi-vie du médicament dans le sang maternel est très brève.

Propos recueillis pas Sophie Coisne

Un foetus sous protection maximale
http://www.printempsdeschercheurs.fr/sp ... rubrique17
Quelques heures avant la naissance, le corps maternel « prévient » le foetus de l’imminence de l’accouchement et protège ses neurones d’éventuels dommages. Une découverte aux conséquences importantes sur les pratiques médicales périnatales.

Que se passe-t-il dans le corps de la mère lorsque, au terme de la grossesse, l’accouchement est proche  ? Jusqu’à présent, on savait qu’une glande située à la base du cerveau maternel, l’hypothalamus, libérait dans le sang une hormone, l’ocytocine, cruciale pour le bon déroulement de la naissance. L’ocytocine agit sur l’utérus (en stimulant les contractions), sur les seins (au niveau des canaux responsables de la lactation), et favoriserait même le sentiment maternel. Or des biologistes viennent de découvrir que cette hormone maternelle informe également le fœtus de l’imminence de l’accouchement… Et le prépare à cet événement. En effet, sous l’action de l’ocytocine, les neurones fœtaux sont anesthésiés et prêts à affronter le manque d’oxygène qui peut survenir. Cette découverte importante, réalisée par des chercheurs de l’unité Inserm 901 à l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée (Inmed), sous la direction de Yehezkel Ben-Ari, est l’aboutissement inattendu de deux décennies de recherches dans le domaine des neuromédiateurs. Ces molécules chimiques assurent la transmission des messages d’un neurone à l’autre. Il y a vingt ans, le laboratoire de Yehezkel Ben-Ari découvre le rôle complexe de l’un d’entre eux, le GABA, sur l’excitabilité des neurones. Le chercheur observe alors que la présence de cette molécule provoque un flux d’ions* chlore vers l’intérieur des neurones adultes, entraînant leur inhibition. Au contraire, dans les neurones fœtaux, la présence du GABA produit une excitation accrue des cellules* nerveuses. Pourquoi  ? Parce que la concentration de chlore y est bien supérieure à celle des neurones adultes. Or cette inversion de la concentration de chlore se produit aux alentours de la période de l’accouchement. « Récemment, nous avons voulu préciser nos connaissances sur la nature et la chronologie de ce phénomène, explique le chercheur. Pour cela, nous avons prélevé des fœtus de souris enceintes, à des âges étalés entre une semaine avant et une semaine après l’accouchement, afin d’évaluer les concentrations de chlore à l’intérieur de leurs cellules cérébrales. » Ces mesures vont apporter une confirmation, mais aussi une belle surprise : « Nous avons constaté que la concentration en chlore dans les neurones diminuait graduellement au fil des jours, ce qui était attendu. Mais, surtout, nous avons observé, la veille de l’accouchement, une chute très brutale de ce taux, qui atteint des niveaux extrêmement bas. De ce fait, les neurones sont complètement inhibés, comme sous l’action d’un anesthésiant puissant. Au moment même où le corps de la mère, vraisemblablement sous l’effet de messages chimiques en provenance du fœtus, entame les contractions, il prévient et protège le cerveau du fœtus. Le timing est parfait », raconte, admiratif, le chercheur. Les neurones inhibés sont par conséquent protégés face à l’événement que constitue l’accouchement. Leur résistance au manque d’oxygène, qui survient parfois, est en particulier grandement augmentée.
Les biologistes se demandent alors, logiquement, quelle substance produit cet effet neuroprotecteur sur le fœtus. Soupçonnant un rôle de l’ocytocine, ils soumettent les cellules nerveuses des fœtus de souris à une substance capable de bloquer son action biologique. Il s’agit de l’atosiban, médicament donné aux femmes en-ceintes pour annuler les effets de l’ocytocine, afin de retarder le travail et d’éviter les nais-sances prématurées. Résultat : l’inhibition des neurones, et donc la protection correspondante, n’a plus eu lieu, ce qui confirme l’intuition des chercheurs sur le rôle de l’ocytocine.

Sachant que ces mécanismes biologiques de l’accouchement présents chez les souris sont aussi présents chez les femmes, de tels résultats soulèvent des questions sensibles quant aux pratiques médicales autour de l’accouchement. L’utilisation de molécules bloquant les récepteurs à l’ocytocine comporte-t-elle des risques accrus pour le cerveau de l’enfant à naître, du fait de la suppression de la protection apportée par l’ocytocine au cerveau en cas de complications lors de l’accouchement  ? Le faible passage de ces médicaments de la mère au fœtus et leur courte durée d’action sont des éléments en partie rassurants, mais il n’est pas possible pour l’instant de répondre avec certitude à cette question. Ces découvertes devraient inciter les praticiens à bien peser le choix du médicament à utiliser pour empêcher l’accouchement prématuré. « Cette prévention devrait prendre en compte les problèmes de neuro-protection des fœtus, estime le chercheur. Il serait par exemple souhaitable de développer d’autres molécules que celles qui sont employées actuellement, des molécules qui bloqueraient l’action de l’ocytocine au niveau utérin, mais pas dans le système nerveux central des fœtus. »

Les secrets du cerveau embryonnaire

Comment se forme le cerveau dans l’embryon ? Dès la cinquième semaine de grossesse, le tube neural, situé sur la partie dorsale, produit déjà des neurones, au rythme de plusieurs milliers par seconde. Ceux-ci entament alors une migration vers des zones spécifiques du cerveau, déplacement réalisé sous l’influence de signaux moléculaires émis par les tissus traversés, qui indiquent la bonne direction. D’autres substances, dites inhibitrices, empêchent au contraire un neurone de s’approcher d’une zone où il n’a rien à faire. Une fois parvenus à destination, les neurones établissent d’innombrables connexions avec d’autres fibres nerveuses. Certaines de ces connexions vont dégénérer et disparaître, alors que d’autres persistent et se renforcent. Au terme de ce processus extraordinaire de précision, qui se prolonge chez l’homme bien après la naissance, le cerveau arrive à maturité. On estime qu’il compte alors environ cent milliards de neurones.



Texte : Pedro Lima

L’équipe : Yehezkel Ben-Ari - Maturation, oscillations et épileptogenèse - Unité Inserm 901 - Inmed
http://www.printempsdeschercheurs.fr/IM ... ximale.pdf

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : jeudi 18 février 2010 à 13:35
par jakesbian
passionnante, cette étude; nous informera t'elle un jour, sur "le point de départ" de l'autisme?

même si on n'y peut pas grand chose... comprendre, çà aide.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : jeudi 18 février 2010 à 14:06
par Mars
Intéressante et pas nouvelle puisqu'elle date de fin 2006.
Je crois que la question de remplacer les inhibiteurs d'ocytocine actuels par un autre médicament pour empêcher les naissances prématurées n'est pas dénuée d'intérêt.
Je suis très heureuse d'avoir une fille aspie mais je n'aurais peut-être pas eu le même ressenti si elle avait été autiste lourdement atteinte. Or j'ai été traitée avec un inhibiteur de l'ocytocine pendant plus de 3 mois avant sa naissance suivi par 2 semaines de perfusion de valium (naissance prématurée quand même).

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : jeudi 18 février 2010 à 14:09
par Mars
Cette étude, comme d'autres, ne nous renseigne par sur "le point de départ" comme tu dis Jakesbian mais sur un des facteurs possibles qui se grefferait sur un "terrain génétique" favorable.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : jeudi 18 février 2010 à 16:57
par jakesbian
je pense bien...

... sinon on interdirait toutes les césariennes préprogrammées;

nicolas est né à terme, sans déclenchement; à part le fait qu'il était petit, tout était tout ce qu'il y a de plus normal; mais commencer à comprendre pourquoi "l'un" et "pas l'autre", tout de même, rassurerait pas mal de parents... juste "un peu" comprendre.

pour l'instant, plein de théories qui se contredisent sont savamment mises en avant.

la recherche non commanditée par un labo, il n'y a que çà de vrai.

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : lundi 22 février 2010 à 21:28
par Jean
Troubles du spectre autistique chez les enfants grands prématurés
In The Journal of Pediatrics, février 2010
Traduction GM
http://autisme-info.blogspot.com/2010/0 ... z-les.html
"Autisme Information Science" reprend du service après une accalmie en 2009. Toujours intéressant d'aller y faire un tour.
Image

Re: Causes environnementales de l'autisme

Posté : vendredi 26 février 2010 à 21:28
par Jean
Étude: l'association entre les traitements de la fécondité et l'autisme
Les données sur l’Autisme fournissent une indication pour une recherche future

Study: Association Between Fertility Treatments, Autism - Autism Data Provides Clue For Further Research

http://www.thebostonchannel.com/health/ ... etail.html

Les médecins de 15 centres de traitement de l'autisme à l'échelle nationale, dont le la clinique Massachusetts General Hospital for Children's LADDERS , ont réuni des données qui montrent une association étonnamment élevés entre la maladie et les enfants conçus avec l'aide de la science.

Plus de 1400 familles d'enfants autistes ont rempli des questionnaires médicaux qui leur demandaient, entre autres, si leur enfant a été conçu avec les techniques de reproduction assistée, ou TRA [ART] . La fécondation in vitro est le type le plus commun.

Douze pour cent des personnes interrogées ont dit oui - un nombre que le Dr Patricia Davis dit être 10 fois supérieur à la moyenne nationale la plus récente publiée par les Centers for Disease Control and Prevention.

(...) Davis a dit que son travail a commencé comme un essai pour confirmer ce qu'elle et ses collègues avaient remarqué de façon anecdotique. «Beaucoup de mamans qui nous voyons nous ont dit qu'elles avaient eu leurs enfants en utilisant des techniques de reproduction assistée", a déclaré Davis. "Il était assez difficile de déterminer s’il s’agissait de quelque chose à quoi nous prêtions attention ou s’il y avait une vraie relation."

Les résultats, dit-elle , « ont confirmé ce que nous avions soupçonné ».

De plus, les données recueillies montrent que les enfants autistes conçu avec TRA avaient tendance à être dans des cas plus graves. "Ce qui est intéressant parce que l'augmentation des quantités que nous avons vue au cours des dernières décennies a été la forme la moins sévère d'autisme», a déclaré Davis.

Cependant, Davis met en garde: «Je ne veux pas laisser à personne l'impression que nous pensons que la FIV occasionne l'autisme. Ce n'est pas le cas. Cela mène seulement à beaucoup plus de questions « .

"Pour moi, c'est trop tôt », dit Alice Domar, Ph.D., une spécialiste de la fertilité et directeur exécutif pour le Centre Domar for Mind / Body Health.

Comme Davis, elle dit qu’il y a beaucoup d'autres explications possibles. L'âge des deux parents peut augmenter le risque d’autisme. Domar a déclaré que les naissances multiples, si répandues chez les familles qui demandent de l'aide pour une grossesse, peuvent aussi accroître les risques.

«Nous assistons à une « poche » ici, mais cela ne signifie pas que le traitement d'infertilité cause ou contribue à l'autisme», a déclaré Domar.

«Si vous prenez quelqu'un qui ne peut pas avoir des ovules ou du sperme parfaits pour commencer avec, vous allez avoir un risque plus élevé d'un tas de problèmes différents. Les gens veulent vraiment savoir, est-ce qu’il y a quelque chose qui fait courir un risque à leurs enfants ? je ne pense pas qu’il faut se tracasser , à présent.

Il y a 32 ans que le premier bébé éprouvette est né. Les recherches se poursuivent pour montrer que, globalement, ces enfants sont en bonne santé.