De l'utilité de la psychanalyse ...

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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Mars
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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#16 Message par Mars » mercredi 22 février 2012 à 20:30

Pareil, je ne sais pas où mettre cette tribune à paraître dans Le Monde du jeudi 23/02. Donc, je la mets également ici :
Un geste pour la planète : l'impression de cette information est-elle vraiment nécessaire ?
Autisme : c'est la psychiatrie qu'on attaque
LEMONDE | 22.02.12 | 14h29

Un rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) qui doit être rendu public le 6 mars dénonce, dans sa conclusion, la non-pertinence de l'approche psychanalytique et de la psychothérapie institutionnelle dans le traitement de l'autisme, certes, et on risque de ne pas en rester là. C'est l'humanité même de la psychiatrie qui est condamnée. La pratique du "packing", longtemps utilisée dans le traitement des psychoses de l'adulte, repose sur l'enveloppement humide qui permet au patient souffrant d'un morcellement du corps propre de retrouver de l'intérieur son enveloppe corporelle.

Est-ce bien cette pratique qui suscite les cris de haine de la part des associations de parents d'enfants autistes ? Les témoignages de ceux qui en auraient été les bénéficiaires ne seront même pas entendus. Le pédopsychiatre Pierre Delion, dont on ne dira jamais assez la gentillesse et l'esprit d'ouverture, est la victime d'une véritable persécution ; cette campagne de haine n'a cessé de gonfler jusqu'à sa convocation devant le Conseil de l'ordre. Cette douloureuse affaire ne fait qu'augmenter le niveau d'angoisse où nous jette déjà une crise sociale et morale alimentée de toutes parts : si le scientisme gagne à l'aide d'arguments et de pressions non scientifiques, alors le désert croît. Si la psychiatrie n'est plus dans l'homme, on assistera à des pratiques de contention et de répression que l'on signale déjà ici ou là.

La désolation caractéristique du vécu de la psychose est aussi une expérience qui nous guette tous : en allemand, la désolation (Verwüstung) se souvient du désert (Wüste) qu'elle traverse. Aujourd'hui, si on ne pense pas en même temps la psychiatrie et la culture, on accroît la désertification. Ce qui est inédit dans cette affaire, c'est que, pour la première fois, on voit qu'un procès fait à la psychanalyse, discipline qui ne s'est jamais dérobée à la critique, débouche non pas sur une controverse scientifique argumentée mais sur une interdiction disciplinaire réclamée par des lobbies.

Encore une fois, on peut contester la prétention de la psychanalyse à la scientificité, comme l'ont fait au siècle dernier les arguments de Karl Popper, ceux de Georges Politzer ou, plus près de nous, ceux de Gilles Deleuze. Il faut insister là-dessus : la psychanalyse, discipline libérale, ne s'autorisant que d'elle-même, selon les termes de Lacan, indépendante du discours universitaire mais mobilisant toutes les ressources de la science et de la culture, n'a jamais prétendu se dérober au débat scientifique. Cette pression de l'opinion intéressée et pleine de ressentiment est une insulte à la liberté de penser et une menace pour les autres disciplines de la science et de la culture.

A côté des vociférations d'aujourd'hui, la première vague de l'antipsychiatrie des années 1970, qui charriait beaucoup de préjugés et d'analyses sommaires, n'avait pourtant pas la même tonalité de haine et de bêtise. Or, cette haine risque de parvenir à ses fins.

Certes, elle est nourrie de la souffrance de parents d'enfants autistes qui ont le sentiment d'avoir été culpabilisés par des discours peu nuancés. Menée à son paroxysme, la haine vise à soustraire l'enfant souffrant à une pratique qui vise pourtant à le soulager. L'autiste n'est pas un malade, dit la nouvelle antipsychiatrie. La maladie mentale n'existe pas, disait la première antipsychiatrie. De telles affirmations massives résonnent comme un déni de la souffrance et plus encore de l'humanité qui est ou devrait être au coeur de la clinique, si toutefois le mot même de clinique a encore un sens pour les censeurs.

Mais les arguments ont entraîné, cette fois-ci, un recours à l'appareil judiciaire et à un traitement disciplinaire là où un débat argumenté et scientifique fait défaut. Il convient donc d'informer : il existe des lieux de soin, des praticiens, qui résistent à cette dérive. Ils y résistent d'autant mieux qu'ils savent dénouer l'intrigue du scientisme et du judiciaire bâtie autour de l'autisme, mais dépassant de loin la seule question de l'autisme. Il est urgent d'avoir recours à une défense et illustration d'une psychiatrie née pendant et après la guerre qui visait à supprimer l'enfermement asilaire : soigner l'hôpital avant de soigner les malades, selon la formule du psychiatre allemand Hermann Simon, reprise par François Tosquelles.

Quand l'hôpital va mieux, certains troubles disparaissent. La psychothérapie institutionnelle qu'on dénonce aujourd'hui a une histoire à faire valoir. Je me contenterai d'en rappeler quelques principes simples. L'institution doit faire du sur-mesure : ce n'est pas au patient de s'adapter au milieu. Pour cela, le concept analytique de "transfert" est précieux. Le transfert d'un patient, schizophrène ou non, sur l'institution, que Jean Oury appelle "transfert dissocié", consiste à organiser la "rencontre" entre le patient et d'autres personnes évoluant dans les mêmes lieux : soignants, personnels de service, autres patients. Le mot même de "rencontre" est la clé de cette pratique. Pour qu'il y ait rencontre, il faut qu'il y ait liberté de circuler. Mais davantage encore, il faut que les lieux et les personnes soient assez distincts : distinguer les sujets, distinguer les lieux pour qu'ils deviennent des sites de parole, distinguer les moments contre un temps homogène et vide, distinguer des groupes et des sous-groupes dans un réseau d'activités. En un mot, résister à la tyrannie de l'homogène, face lisse du "monde administré", selon la formule de Theodor W. Adorno.

Une telle pratique de soin de l'esprit humain s'est nourrie de l'apport de la psychanalyse, sans exclusive. Mais surtout, hors du débat scientifique dont pourtant on nous prive, il faut dire l'ancrage de ce traitement. "L'homme est en situation dans la psychiatrie comme la psychiatrie est en situation dans l'homme." Ces mots du philosophe Henri Maldiney ont été illustrés dans des lieux aussi divers que la clinique de Ludwig Binswanger à Zurich, l'hôpital de Saint-Alban (Lozère) pendant la guerre ou, aujourd'hui encore, à la clinique de La Borde (Loir-et-Cher).

Va-t-on assécher l'élément humain dans lequel ces institutions baignent ? L'obsession sécuritaire présentant le patient schizophrène comme un danger, jointe au recours à la justice, va-t-elle avoir raison de ces pratiques toujours en recherche ? Nous ne pouvons nous y résoudre. Le désert croît et pourtant rien n'est joué.
Jean-François Rey est l'auteur de "La Mesure de l'homme : l'idée d'humanité dans la philosophie d'Emmanuel Levinas" (Michalon, 2001) et d'"Autour de l'enfant : questions aux professionnels" (L'Harmattan, 222 p., 22 €).
Jean-François Rey, philosophe
Article paru dans l'édition du 23.02.12
Cette tribune est parue à côté de celle signée par Y. Ben Ari, N. Hadjikani et E. Lemonnier (voir "les causes environnementales de l'autisme")
Atypique sans être aspie. Maman de 2 jeunes filles dont une aspie.

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omega
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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#17 Message par omega » jeudi 23 février 2012 à 11:07

Pourquoi, quand je lis "philosophe", je pense "imposteur"? :lol:
l'article a écrit :C'est l'humanité même de la psychiatrie qui est condamnée. La pratique du "packing", longtemps utilisée dans le traitement des psychoses de l'adulte, repose sur l'enveloppement humide qui permet au patient souffrant d'un morcellement du corps propre de retrouver de l'intérieur son enveloppe corporelle.
Oh que c'est mimi comme théorie... :roll:
Je me demande si ces "philosophes" savent encore ce qu'il y a concrètement derrière les mots...
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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#18 Message par Liane » jeudi 23 février 2012 à 13:03

omega a écrit :Je me demande si ces "philosophes" savent encore ce qu'il y a concrètement derrière les mots...
Bien d'accord avec toi.

Il n'a aucune connaissance du terrain! Je ne vois pas où est la légimité d'un (des) philosophes ici.
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omega
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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#19 Message par omega » jeudi 23 février 2012 à 13:36

Les philosophes sont les copains de longue date des psychanalystes, et comme Freud était aussi psychiatre... :roll: d'où sans doute, la "légitimité" du philosophe sur un sujet abordé par la psychiatrie. :mryellow:
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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#20 Message par Liane » jeudi 23 février 2012 à 13:45

Oui bien sûr je sais tout çà... sauf qu'on est au 3ème millénaire maintenant. On pourrait peut être évoluer. :roll:
ça me révolte. :(
Mais enfin ça a l'intérêt de maintenir le sujet en place publique, j'espère qu'il va y avoir des réactions...
Liane, maman de trois enfants géniaux dont un ado avec "un petit plus"

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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#21 Message par omega » jeudi 23 février 2012 à 14:08

Ah, ben moi, je suis plutôt de ceux qui pensent que l'"Histoire" est un éternel recommencement. :lol: (les technologies changent, mais pas les hommes)
Liane a écrit :Mais enfin ça a l'intérêt de maintenir le sujet en place publique, j'espère qu'il va y avoir des réactions...
J'en pense la même chose que toi. :)
C'est ce qu'il y a de positif dans l'affaire.
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Murielle
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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#22 Message par Murielle » lundi 27 février 2012 à 19:00

Et moi donc.!
J'espère de tout coeur que ces débats pourront faire aboutir des choses positives.... :bravo:
Murielle,
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.

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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#23 Message par Jean » jeudi 15 mars 2012 à 23:11

Autisme : la pédopsychiatrie défend son approche
Le Monde - 14.03.12

La Haute autorité de la santé (HAS) connaît l’art du langage diplomatique. Dans ses recommandations de bonnes pratiques sur la prise en charge des enfants et adolescents souffrant d’autisme et autres troubles envahissants du développement (TED), publiées jeudi 8 mars, (lire notre article "Autisme : l’approche psychanalytique mise hors jeu") sa maîtrise a atteint des sommets. Il lui fallait en effet parvenir à ne pas trop désavouer les psychanalystes, très influents dans la psychiatrie française, sans pour autant fâcher les associations de familles qui leur sont frontalement opposées.

Dans les grandes lignes, le pari a été tenu. En recommandant la "mise en place précoce, par des professionnels formés, d’un projet personnalisé d’interventions adapté et réévalué régulièrement" pour les enfants souffrant de TED, la HAS a insisté sur la nécessité de généraliser une approche éducative et comportementale qui manque cruellement de moyens en France (consulter les recommandations de la HAS). En classant la psychothérapie institutionnelle dans les "interventions globales non consensuelles", elle n’en a pas moins plongé dans l’inquiétude le monde de la pédo-psychiatrie publique, impliquée au premier chef dans la prise en charge de l’autisme.

La psychothérapie institutionnelle, en effet, constitue la trame même de la prise en charge de l’autisme en France. Menée pour l’essentiel dans des structures sanitaires ou médico-sociales du service public, en lien de plus en plus étroit avec l’éducation nationale, elle privilégie autant que possible une approche globale et pluridisciplinaire. Précisément ce que préconise la HAS. D’où la perplexité des psychiatres quand celle-ci estime que "plus de trente ans après leur introduction, ces méthodes n’ont fait la preuve ni de leur efficacité ni de leur absence d’efficacité".

"C’EST TOUTE LA PÉDO-PSYCHIATRIE QUI EST MISE EN CAUSE"

Les prises de position de la HAS ont été régulièrement utilisées, par le passé, "pour écarter les propositions émanant des associations scientifiques les plus représentatives de notre discipline, en particulier lorsque celles-ci réclament le maintien d’approches multidimensionnelles dans le domaine de l’autisme", estime dans La Lettre de psychiatrie française, le professeur Roger Misès, ancien chef de service de pédopsychiatrie à la fondation Vallée, à Gentilly (Val-de-Marne). Un sentiment que partage Jacques Hochmann, professeur émérite et auteur d’une Histoire de l’autisme (Ed. Odile Jacob, 2009), pour qui "c’est toute la pédo-psychiatrie qui est mise en cause" par ces recommandations.

Le Syndicat national des psychiatres privés (SNPP) reproche à la HAS de "prétendre que l’approche neuro-comportementale est la seule valide". Au nom de quoi "s’autorise-t-elle à affirmer que l’autisme n’est pas aussi un trouble psychique, spécifique de l’humain ?", questionne-t-il. Roger Teboul, président de l’Association des psychiatres de secteur infanto-juvénile (API), souligne un autre danger : "La suppression des budgets de la pédopsychiatrie publique en ce qui concerne le traitement des enfants autistes, autrement dit le passage au privé d’un certain nombre de pathologies."

"MANQUE TOUT LE VOLET THÉRAPEUTIQUE"

Lundi 12 mars, ce fut au tour de la Fédération française de psychiatrie (FFP-CNPP) de donner de la voix. "On peut considérer ces recommandations comme une boîte à outils, très riche et diversifiée, qui sert dans la vie de l’enfant autiste appréhendée sous l’angle du handicap. Mais il manque tout le volet thérapeutique. Or, cette pathologie nécessite souvent le recours à la pédopsychiatrie", a déclaré sa présidente Nicole Garret-Gloenec. Interrogée sur ce point, la HAS se défend. "Après analyse des données de la littérature francophone, il s’est avéré que les représentations de la psychothérapie institutionnelle n’étaient pas les mêmes selon les experts. D’où le choix de ce terme : "non consensuel"", précise Joëlle André-Vert, chef de projet au service des recommandations de bonne pratique de la HAS, qui observe que "tout le contenu de ce que font les établissements sanitaires et médico-sociaux se retrouve ailleurs dans le rapport".

Reste la question de l’évaluation des approches psychothérapiques. Une tâche longue et délicate, à laquelle s’est attelé, depuis 2008, le Réseau de recherches fondées sur les pratiques psychothérapeutiques, créé sous l’égide conjointe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de la FFP. Ce réseau s’est concentré sur trois axes : l’autisme et les TED, les comportements "borderline", et la maladie d’Alzheimer. Lors de la conférence de presse de la FFP, le docteur Jean-Michel Thurin, psychiatre-psychanalyste, a présenté les résultats préliminaires sur l’autisme. Portant sur 41 cas d’enfants âgés de 3 à 15 ans, ces résultats "montrent une amélioration d’environ 50 % sur l’ensemble des scores initiaux".

Catherine Vincent

Selon un psychiatre, la méthode ABA est "périmée"

Le Français Laurent Mottron, psychiatre chercheur résidant au Québec, est directeur scientifique du Centre d’excellence en troubles envahissants du développement de l’université de Montréal (Cetedum). "Le rapport de la HAS et ses recommandations sont un travail remarquable, estime-t-il. Je soutiens l’approche éducative - les autistes doivent aller à l’école régulière - et les thérapies cognitivo-comportementales pour les autistes verbaux. La psychanalyse n’a rien à dire ni à faire avec l’autisme."

Il est cependant critique sur la place accordée aux interventions comportementales ABA (Applied behavioral analysis) pour les enfants d’âge préscolaire. "Les études ABA ont peu de résultats, sont mal construites, éthiquement problématiques, et se fondent sur une science périmée. Cette technique, obligatoire au Québec depuis 2003, monopolise les ressources, avec des résultats non démontrés, et laisse les adultes autistes sans support."
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans

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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#24 Message par Jean » jeudi 15 mars 2012 à 23:24

Autisme : une mise en garde contre la méthode ABA
Le Monde.fr | 15.03.12

Le Français Laurent Mottron, psychiatre et chercheur en neurosciences cognitives résidant au Québec, est directeur scientifique du Centre d'excellence en troubles envahissants du développement de l'Université de Montréal (Cetedum). Les recherches de son équipe, qui a publié plusieurs dizaines d'articles dans les meilleures revues scientifiques, permettent d'affirmer que les autistes pensent, retiennent, s'émeuvent, et surtout perçoivent différemment des non-autistes. Ce groupe défend l'idée que la science, en considérant l'autisme comme une maladie à guérir, passe à côté de sa contribution intellectuelle et sociale.

A propos des recommandations récemment publiées par la Haute autorité de la santé (HAS) en matière de prise en charge de l'autisme, notamment celles qui concernent l'approche comportementaliste ABA (Applied behavioral analysis, ou Analyse appliquée du comportement ), le docteur Mottron nous a adressé la réaction suivante :

Le rapport argumentaire de la HAS et ses recommandations sont dans leur quasi totalité un travail remarquable. Je soutiens sans réserve l'approche éducative, – tous les autistes doivent aller à l'école régulière par défaut, avec accompagnent si nécessaire – comme je soutiens les thérapies cognitivo-comportementales pour les autistes verbaux. Ces dernières n'ont rien à voir avec les interventions comportementales précoces ou ABA, qui s'adressent aux enfants d'âge préscolaire, et que je désapprouve – mais les français mélangent tout dans le domaine, il n'y connaissent rien faute d'y avoir été exposé à cause de la psychanalyse, et ne font aucune nuance entre des techniques qui n'ont à peu près rien à voir entre elles.

Quand je vois "techniques éducatives et comportementales", dans la même phrase, je mesure à quel point en France actuellement on pense que les ennemis de mes ennemis sont forcement mes amis. J'ai même ma photo chez les lacaniens, avec cette logique! Alors que pour moi la psychanalyse n'a rien à dire ni à faire avec l'autisme. La psychanalyse est une croyance, une pratique qui doit rester limitée à un rapport entre adultes consentants. On doit la sortir du soin, des enfants en particulier (et pas seulement de l'autisme). Je suis parti au Canada pour fuir cela il y a vingt ans.

La seule chose que je critique dans le rapport de la HAS, comme scientifique et clinicien de l'autisme et j'ai le droit de le faire, parce que cette technique à été rendue obligatoire au Québec en 2003, avec pour effet de monopoliser tous les budgets, avec des résultats non démontrés, et la conséquence de laisser les adultes autistes sans ressource, c'est la place qu'il fait à l'ABA. Le rapport évalue mal les données sur lesquelles il se base pour lui donner la cote B. Les résultats de l'ABA sont gonflés, cette technique pose de gros problèmes éthique, elle se fonde sur une science périmée. L'HAS a pris sur ce point une position plus généreuse que le rapport Warren (2011) de l'académie de pédiatrie américaine, qui lui donne une cote moins bonne de C, selon une échelle comparable. Mais qu'on ne me fasse pas dire que je soutiens la psychanalyse parce que je critique l'ABA.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans

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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#25 Message par malala » jeudi 15 mars 2012 à 23:46

Eh ben, c'est clair, net et précis !
J'admire le travail de recherche de M.Mottron sur l'autisme.
Quel dommage qu'il ait du s'exiler au Canada pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions ( :evil: )

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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#26 Message par emmanuel_data » lundi 19 mars 2012 à 8:33

Juste pour rire un peu ;)
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Murielle
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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#27 Message par Murielle » lundi 19 mars 2012 à 11:17

:lol: :lol: :lol: :bravo:
Murielle,
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Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.

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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#28 Message par nicolew » lundi 19 mars 2012 à 13:31

ça fait du bien de rire un peu
:D :D :D :D :D

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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#29 Message par manu » lundi 19 mars 2012 à 14:41

Est-ce que c'est la photo d'un dignitaire syrien qui torture systématiquement les enfant pour mettre le pression sur les parents?
malala a écrit :Eh ben, c'est clair, net et précis !
J'admire le travail de recherche de M.Mottron sur l'autisme.
+1
Vivement une conférence de laurent mottron en France, avec michelle dawson (qui travaille avec lui) en plus ça serait parfait.
Reconnu humain à la naissance.
Aucun diagnostique plus pertinent depuis!


"L'homme qui sait ne parle pas, L'homme qui parle ne sait pas." (Lao Tseu) ... J'arrête pas d'le dire!

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Re: "Le Monde" : la psychanalyse au pied du mur

#30 Message par emmanuel_data » lundi 19 mars 2012 à 15:51

Non, il s'agit de l'ancien ministre Irakien de l'information, Mohamed Said Al Sayyaf, surnommé pendant la guerre et à juste raison "Ali le Comique"

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mohammed_Said_al-Sahhaf

http://www.youtube.com/watch?v=s27Oq5ot0ZI

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